Claire's Training [feat. Claire Bennet]

Spoiler:

Claire restait silencieuse encore un peu déprimée ou choquée par tout ce qui venait d’arriver. Elle avait laissé Zach s’en aller sans vraiment savoir si au fond il pourrait seulement comprendre qu’elle n’était absolument pas fautive de ce qui lui arrivait mais surtout qu’il était loin d’être malade ou quoi que ce soit d’autre depuis qu’il avait son don. Elle baissa légèrement la tête un peu honteuse d’avoir été une si pitoyable amie alors qu’elle n’avait absolument rien à reprocher à Zach qui lui, avait toujours été là pour elle lorsqu’elle en avait eu besoin. Mais très vite Lila décida de passer à autre chose, ne laissant pas le temps pour la blondinette de réellement avaler ce qui venait de se dérouler, ne lui laissant pas le temps de s’apitoyer sur son sort et quelque part, Lila avait entièrement raison de réagir de manière aussi abrupte.
Trente minute, pas une de plus ? Elle regarda la boite de teinture pour cheveux et regarda l’anglaise un peu surprise. Elle était sérieuse ? Il fallait vraiment qu’elle change de couleur de cheveux ? Elle n’avait pas franchement confiance en cette idée et pourtant une partie d’elle trouvait cette histoire de changement : excitante.

Ne perdant pas une minute de plus, elle se dirigea dans la salle de bain, retirant son t-shirt avant de se regarder dans la glace qui se trouvait au-dessus de l’évier. Malgré qui ne lui restait pas des masses de temps, elle ne pouvait s’empêcher de quelque part dire au revoir à l’ancienne claire. Ouvrant le paquet, elle en sorti la coloration et en badigeonna l’entièreté de ses cheveux. Ces trente minutes lui paraissaient être une éternité. Patientant le moment qu’il fallait pour que la teinture prenne, elle rinça ses cheveux par la suite avant d’observer le temps qui ne lui restait…Pas le temps de se sécher les cheveux. Prenant une dizaine de seconde à se regarder dans la glace, à observer son nouveau reflet, la jeune adolescente avait bien du mal à se reconnaitre : Une nouvelle Claire. C’était le début d’un nouveau chapitre dans sa vie.

Retrouvant Lila dans le salon, celle-ci avait déjà préparé les affaires et semblait prête depuis un bon moment à cette éventualité. Quittant le bâtiment, Claire suivait son nouveau mentor jusqu’à un restaurant français dont le nom et l’intérieur laissait largement entrevoir quel genre de gastronomie ce restaurant offrait. Claire était bien loin de ses habituels hot dog, hamburger fritte et autre pizza. L’américaine pure souche avait entendu parler de la cuisine française et de leur manie de manger des escargots et des cuisses de grenouille. Certes elle savait qu’il s’agissait certainement d’un cliché mais elle savait aussi qu’il s’agissait de véritable plat français.

- Profite bien de ce repas Barb… ah ouais, c’est vrai, je vais devoir te trouver un autre surnom maintenant. Peu importe. Profite-bien de ce repas, car c’est le dernier que tu ne seras pas obligée de te préparer toi-même avant un bon bout de temps.

Ignorant cette remarque, Claire lisait d’un œil suspicieux le menu du restaurant. La jeune fille ne put s’empêcher de se dire que sa grand-mère aurait très certainement adoré ce genre de restaurant mais c’était loin d’être dans le régime alimentaire de Claire qui était beaucoup plus simple. Malgré tout, elle était curieuse à la lecture du menu et quelque plat semblait se distingué des autres et lui donner envie. Eveillant son estomac qui se mit à gargouiller.

- J’espérais que la teinture rende tes cheveux plus foncés, mais ça passera. Le principal est que tu ne sois pas blonde, car ça risquerait vraiment de ne pas plaire à la personne que nous allons voir. Je sais que tu as l’habitude de faire la grande gueule, mais je te déconseille vivement de lui faire affront. Il pourrait te le faire payer très cher, et même ton invulnérabilité n’y pourra rien. Alors tiens-toi à carreau, et fais tout ce qu’il te dit de faire, même si ça te parait révoltant. Il n’a que très peu de respect pour les femmes, et encore moins pour les occidentales, donc tu vas devoir faire tes preuves. Ne crois pas que tout t’est acquis parce que tu ne peux pas mourir, tu as encore un longue route à faire avant de troquer ton costume de victime pour celui de prédatrice. Bon, ne traine pas et finis ton assiette, nous sommes attendues.

« T’es pas très familière avec les teintures pour cheveux, trente minute pour la mettre, la laisser prendre et la rincer…T’attends pas à des miracles… »

Dit-elle en premier lieux des suites de sa remarque

« Je suis plutôt bien placée pour savoir que rien ne m’est acquis, je ne serai pas venu te voir sinon. »

Un peu froide, Claire baissa les yeux sur son dessert. De délicieuse crêpe avec du nappage au chocolat et une glace à la vanille. Cela pouvait paraitre simpliste comme dessert surtout vu la carte mais Claire n’en avait jamais mangé. La seule chose de similaire qu’elle connaissait était les éternelles pancakes. Engloutissant son dessert rapidement, elle s’en était régaler mais encore une fois l’anglaise semblait bien décidé à ne pas lui laisser le temps de savourer quoi que ce soit. L’emmenant directement dans le hall de l’hotel où se trouvait le restaurant, elles prirent l’ascenseur qui les emmena sur le toit. Sur place les attendait un homme mais surtout un hélicoptère. L’aventure commençait déjà pour Claire, elle n’avait jamais pris d’hélicoptère et d’ailleurs, l’avion non plus. Ce soir serait son baptême de l’air. Elle était un peu anxieuse mais elle était surtout impatiente, ne se doutant pas encore que ce qu’elle vivait là n’était que la partie agréable de cette aventure et surtout que cette agréable partie était de très courtes durées par rapport à ce qui l’attendait réellement.
Alfred ? Ce mec s’appelait vraiment Alfred ? Sur le moment le côté insolent de sa partie adolescente ne pouvait s’empêcher de rigoler intérieurement de ce cliché. Gardant ça pour elle, elle suivit simplement l’homme et l’anglaise à l’intérieur de l’hélicoptère. Découvrant l’intérieur luxueux des lieux et quelque part Claire en était sûr, c’était encore mieux qu’un voyage en avion. Déjà très impressionnées parce qu’elle vivait, elle n’était pas prête de s’arrêter là. Malgré tout, la jeune fille après s’être attachée ne put s’empêcher de bien se tenir lorsque l’appareil se mit en route. Impressionnée par le décollage, Claire restait silencieuse, légèrement crispée sur son siège, attendant que l’hélicoptère soit à une bonne hauteur et surtout, attendant de voir Lila de façon un peu plus rassurante. Elle se détendit petit à petit pouvant alors enfin réellement profiter d décors et du voyage. C’était quelque chose d’exceptionnel et d’étrange que d’observer le "monde" d’en haut. C’était comme regarder une maquette avec tout un tas de petit appareillage pour y mettre l’électricité et y installer des petits voitures. Très vite, les paysages new yorkais laissaient place à d’autre contrée, d’autre ville, village, d’autre espace entièrement naturelle. Pour Claire qui avait toujours vécu en ville, cela lui faisait un tout autre effet que de voir des natures luxuriantes. Restant éveiller, profitant du voyage et des paysages qu’elle découvrait de minute en minute, jusqu’à la première escale…Le décollage cette fois-ci lui semblait un peu moins impressionnant.

Etait-ce la lassitude qui commençait à alourdir ses paupières ? La blonde avait surtout passé ces derniers jours sans vraiment pouvoir trouver le sommeil quelque part et maintenant qu’elle était au calme, à des kilomètres au-dessus du sol, loin de tout, son esprit semblait se vider lentement et ses yeux commençaient à doucement lui picoter. Lentement, Claire s’en alla au pays des songes et Lila du la réveiller à la seconde escale pour qu’elle se dégourdisse un peu les jambes mais la fatigue reprenait bien vite du terrain, somnolant, le visage contre la paroi à ses côtés. C’est à l’approche des côtés japonaise que l’ancienne blonde semblait avoir rechargées toutes son énergie, prête pour la suite du programme…Et quel programme ! L’hélicoptère faisait du surplace alors que Lila plaça un sac de voyage dans les bras de Claire ainsi qu’un sac à dos qui n’était rien d’autre qu’un parachute. Peu rassurée sur l’instant, les yeux de la demoiselle se posèrent sur son mentor, quoi…Elle allait vraiment lui demander de sauter comme ça ? Au beau milieu de la jungle ? D’ailleurs ! Où étaient-elles ? Lila ne lui avait toujours rien dit à ce sujet !

Les hauteurs ne pas l’effrayé ?
Elle regarda exactement de quel genre de hauteur c’était et si, ça l’effrayait quand même un peu. Certes elle avait sauté du haut d’un château d’eau ou encore de ruine rouillé mais ça ne voulait pas dire qu’au moment de le faire elle n’avait pas peur ! Ecoutant les instructions que la jeune femme lui donnait, et ce fut sans lui laisser le temps de poser ne serait-ce qu’une seule question que Lila sauta dans le vide. Jetant un regard vers le pilote de l’hélicopter, Claire se permit de lui dire simplement :

« Au revoir… »

Fermant les yeux, elle se laissa basculer dans le vide. La sensation de chute, une partie de la cheerleaders adorait ça, son corps tout entier en aurait presque redemandé si sa conscience ne lui disait pas que quelque part, malgré ses dons, c’était dangereux. Une pointe de curiosité était même née dans l’esprit de la jeune fille en voyant le sol se rapprocher ainsi…A cette hauteur, mourrait-elle malgré ses dons ? Très vite ramener sur "terre" par un signe de Lila, suivant les instructions qu’elle lui avait donné, elle déploya le parachute. Pendant une courte durée son souffle se coupa lorsque de chute libre elle passa au "planage". Descendant lentement les derniers mètres qui séparaient ses pieds et la terre ferme. Essayant malgré tout de diriger le parachute, ce qui n’était guère une chose facile lorsqu’on sortait des grandes villes et qu’on avait jamais ô grand jamais fait ce genre d’expérience.

Et si Lila fit un atterrissage parfait, la pauvre petite Claire fonçait droit sur un arbre dont les épines n’éveillaient aucunement la sympathie de la jeune fille. Ces jambes vers l’avant, elle essaya en vint de se protéger de l’arbre, n’arrangeant rien à son affaire. Le parachute s’emmêla dans les branche alors qu’elle chutait légèrement avant de se retrouver, tel un animal piégé, pendu dans le vide par cet arbre. Bien évidemment, la scène ne manqua pas d’attirer Lila Cruz qui c’était déjà défait de son parachute pour venir voir de plus près le bourbier dans lequel Claire se trouvait. Regardant, la tête en bas, l’anglaise, l’américaine lui lança :

« C’est pas drôle ! Tu crois que c’est facile de diriger ce…Ce truc ! »

Gigotant dans tous les sens pour se défaire des cordes, l’adolescent avait fini par y arriver, son sac chutant avant elle sur le sol, si tôt suivit de la brunette qui, heureusement pour elle, ne fit que se démettre l’épaule. Un craquement plus tard et l’affaire était réglé. Debout, elle s’épousseta avant de regarder Lila avec l’air de dire « tu vois que je peux le faire ! ». Attrapant son sac à dos.

« Et maintenant ? On est où ? On fait quoi ? »

Maintenant qu’elle avait ses pieds sur le sol et non plus pendu dans le vide à cause d’un arbre, elle pouvait amplement profiter de la vue mais ça, ce fut sans compter sur un bon nombre d’épine de l’arbre qui c’était accroché à ses vêtements et ses cheveux. Les retirant une à une, l’adolescente se rendait petit à petit compte que toute cette histoire ne serait pas une partie de plaisir.

Ce foutu conifère lui en faisait voir de toute les couleurs. Claire se sentait terriblement honteuse, gênée, elle qui ne souhaitait pas avoir l’air d’une idiote et qui voulait prouver qu’elle pouvait être capable d’être quelqu’un d’autre qu’une simple demoiselle en détresse avait l’impression au final de prouver tout à fait l’inverse et de rester avec cet éternelle image de victime. Sa frustration se lisait dans ses gestes erratique, essayant en vint de se défaire de sa prison d’épine et de file. Lila l’avait rejoint sans se presser, observant la pauvre adolescente coincée et remuant allégrement le couteau dans la plaie en l’affublant d’un nouveau surnom :

« - Je n’ai jamais dit que ce serait facile, Sonic. Et ce n’est que le début… Allez, dépêche-toi, on n’a pas toute la journée devant nous ! »

Elle grimaçait, comme si elle avait envie de passer sa journée dans ce putain de sapin bizarre. Les épines lui griffaient la peau qui se soignait presque immédiatement. Au fil des contorsions, la jeune fille avait fini par dégringoler de l’arbre, son épaule amortissant sa chute. Elle dévisageait presque Lila pour ce surnom ridicule alors qu’elle se dépoussiérait et ôtait les épines de sa nouvelle chevelure chocolat. Celle-ci reprenait la marche et sans attendre l’adolescente marchait sur ses pas, un peu en retrait, retirant les épines une à une.

« - Où nous sommes n’a que très peu d’importance. Et ce qu’on fait ? On marche jusqu’au Mont Miyano’Ura que tu vois là-bas. La personne à qui je vais te présenter y habite, bien à l’abri des regards, là où les touristes ne s’aventurent jamais. On n’y sera peut-être pas d’ici la tombée de la nuit. Si tel est le cas, on établira un campement provisoire en chemin. »

Elle releva les yeux sur le dit Mont, retenant un soupire de découragement sur le moment. Cela semblait si lointain, et elle commençait à doucement mettre en doute sa capacité à pouvoir y arriver même si elle ne craignait pas la mort à proprement parler, la fatigue, morale et physique, elle la craignait quand même. Continuant de marcher, ses yeux se posèrent au bout de quelque seconde sur Lila qui c’était enfin retourné, un sourire en coin sur ses lèvres qui ne disait rien qui vaille. Lui annonçant de la plus espiègle des façons que les épines qu’elle était toujours occupée à retirer une à une possédait des propriétés irritante. Rien que de le savoir et d’y pensait semblait déjà mettre en cours le processus d’irritation et l’effet de brûlure intérieur. Elle se frotta l’avant-bras, secouant la tête dans l’espoir de focaliser son esprit sur autre chose, elle entama de finir de retirer ce qui lui restait d’épine.
Sur leur route, Claire découvrait ce qu’était la véritable nature, des animaux sauvages, elle n’en avait jamais vu d’aussi beau et d’aussi près. Les zoos, ce n’était absolument pas la même chose même si ils avaient eu l’art de l’émerveiller quand elle était gosse. Oui…C’était exactement l’impression qu’elle avait, redevenir une enfant qui découvrait quelque chose de vraiment nouveau. Elle avait envie d’approcher, de toucher, mais elle s’efforçait de suivre les pas de son mentor, malgré la curiosité de certain animal. Quelque part, l’adolescente était un peu effrayé par cette proximité avec la nature, si les petits écureuils n’avaient rien d’affolant, elle savait que d’autres animaux étaient capable de leur faire beaucoup plus de mal.

Traversant la clairière, c’est presque machinalement que la jeune fille se grattait l’avant-bras, le ventre, la sensation de brûlure semblait la gagner entièrement alors qu’elle ne cessait de se dire que cette sensation n’était qu’un simple placebo, parce qu’elle se focalisait là-dessus mais elle avait beau chercher à fixer son esprit sur autre chose, elle ne tenait pas plus de deux minutes sans se gratter ou se frotter une partie du corps. Combien de temps se calvaire allait-il durer ? Claire l’ignorait et elle ne ferait pas plaisir à Lila en lui posant la question. C’était en silence que l’adolescente subissait son supplice.

Plus elle marchait et moins la jeune fille profitait réellement de la végétation ambiante et de la faune, elle ne pensait qu’à ses foutus démangeaison et à la fatigue qui commençait doucement à meurtrir ses muscles alors que leur route semblait se raidir petit à petit pour devenir plus sauvage et abrupte qu’il ne l’était à la base. Elles se stoppèrent de temps en temps, à la vue d’un renard, seul moment où Claire retrouvait son âme d’enfant qui redécouvrait la vie autour d’elle. Silencieuse et obéissante, elle évitait les mouvements brusques, attendait patiemment que l’animal se désintéresse d’elle avant de reprendre la marche quelque pas derrière Lila. Quelque part, Claire n’était pas sans ignorer qu’elle devait très certainement ralentir Lila dans leur marche, elle n’avait pas le même rythme, n’avait pas la même condition physique non plus et surtout son corps étaient couvert de plaque rouge à force de se gratter et de se frotter. En cet instant, la brunette ne rêvait que d’une bonne douche, se disant que l’eau froide pourrait calmer tout ça, elle essayait de compter le nombre d’animaux différent qu’elles pouvaient croiser sur le route, essayant en vint d’oublier la sensation affreuse des irritations contre sa peau. Un combat perdu d’avance…

Elle ressentit un grand soulagement lorsque Lila décida de stopper la route à un endroit qui semblait lui convenir pour établir un campement. S’afférant directement à la construction d’un abri, Claire essayait tant bien que mal d’observer ce qu’elle faisait et d’enregistrer le moindre de ses mouvements mais son esprit était toujours parasiter par les irritations et avec tous les efforts du monde on ne s’inventait pas survivaliste. Elle avait beau imiter Lila du mieux qu’elle pouvait, ses tressages ne ressemblait à rien et ne l’aurait pas du tout abrité, elle avait simplement acquiescé, les sourcils froncer au parole de Lila. Le regard de la brune était sombre, elle cherchait à tout prix à faire ses preuves et moins elle y arriver, plus elle s’énervait intérieurement, plus la frustration la gagnait et encore moins elle allait y arriver. Elle se mordait la langue pour ne pas s’interrompre pour se gratter, elle inspirait et expirait profondément pour chasser les larmes de frustrations qui gagnaient ses yeux claires.
La tête bien baissée, elle ne voulait pas baisser les bras, il était hors de question d’avoir fait tout ce chemin pour quedal ! Mais rien y faisait, son travail à elle était très loin de rivaliser avec celui de Lila, si bien que celle-ci lui demanda sans ménagement d’aller chercher du bois. Elle se leva, et s’exécuta en silence.

Elle faisait donc pitié à ce point…

Elle s’efforçait de ne pas trop s’éloigner du campement, cherchant du bois le plus sec possible, Claire regardait souvent derrière, cherchant au loin la source de lumière que procurait le feu de camps déjà allumé, elle se réparait aussi à l’odeur de la fumée. Chargeant ses bras du plus de bois possible, elle prenait malgré tout son temps, l’isolement lui permettait de relâcher un peu la pression, de respirer un coup, de simplement se remettre en question. Le bois dans ses bras, elle entreprit de venir sur ses pas, retrouvant doucement le chemin même si pendant un instant elle craignait s’être perdu, elle avait fini par retrouver le campement, fière d’elle.
Une fierté rapidement aplatit par les remarques cinglantes de Lila concernant la quantité de bois qu’elle avait ramené.

« Je peux peut-être me soigner mais jusqu’à preuve du contraire j’ai qu’une paire de bras ! »

Dit-elle un peu vexée.
Posant les brindilles sans ménagement aux pieds de Lila, elle resta un moment debout, même après que celle-ci l’invite à s’asseoir. C’est en face d’elle qu’elle s’installa, observant les brindilles rougir, son regard se posa au bout de quelque minute sur Lila. Beaucoup de question s’engouffrait dans sa tête, se frottant encore par-ci par-là, les bras ou les cuisses. Pourquoi Lila avait accepté ? Elle tenait à savoir aussi ce qui l’avait poussé à la remettre entre les mains d’Alexis en sachant pertinemment ce qui ce qui attendait l’adolescente avec un fou furieux comme lui. Regardant le feu, son estomac ne semblait toujours pas réclamer famine, le silence était pesant, Claire ne supportait pas ça, elle ne supportait pas le bruit de la nature, trop habituée au tumulte de la ville. Cela avait quelque chose d’angoissant.
Elle entrouvrit la bouche une seconde à peine, fermant tout de suite celle-ci. Etablir le dialogue avec Lila lui semblait être devenue du domaine de l’impossible. Elle lui en voulait encore terriblement, même si elle était venu la chercher, même si elle était au beau milieu de la "jungle" avec elle en ce moment même, malgré ça elle ne trouvait pas en elle la force de pouvoir lui pardonner quoi que ce soit et puis de toute façon, ce n’était pas comme si Lila semblait regretter ce qui c’était passé. Un contrat est un contrat…Claire n’avait été qu’une marchandise dès le départ aux yeux de l’anglaise, c’était du moins ce que pensais Claire, elle en était même intimement convaincue. Tout ce qu’elles avaient pu vivre au final n’était que du vent, c’était factice pour Lila.

L’adolescente aurait quelque part aimé pouvoir faire souffrir Lila autant qu’elle avait pu souffrir de cette trahison et de tout le cauchemar qui s’en était suivit mais là encore il semblait pourtant que rien ne touchait la jeune femme. Après un moment à s’être réchauffer devant le feu, Claire se leva silencieusement de sa place, le cœur battant la chamade, cette situation la rendait terriblement nerveuse et elle ne souhaitait pas se rappeler tout ça, tous ces souvenirs. Se dirigeant vers l’abri qu’avait construit Lila pour elle, elle préféra ne même pas regarder une dernière fois Miss Cruz.

« Je vais me coucher… »

La nuit avait été courte, son sommeil interrompu par les interminables démangeaisons inconfortable qui lui piquait la quasi-totalité de son corps. Elle s’était tournée et retournée dans sa tente, encore et encore, incapable de pouvoir fermer l’œil plus d’une heure. Du moins, c’était ce qui lui semblait. Ignorant ce qu’il y avait de pire dans cette première nuit : le fait de ne pas pouvoir dormir, où le fait de ne plus avoir aucun notion du temps. Sans téléphone, sans montre, il lui était difficile de savoir quel heure de la nuit il était et cela ne faisait qu’accentuer son sentiment de frustration. Jusqu’à ce que le sommeil semblait enfin la prendre dans ses bras. Profondément endormie, elle avait même pu commencer à rêver d’hamburger, de lit douillet, et d’une bonne douche bien chaude. Mais avant même qu’elle ne puisse réellement se reposer, une voix forte vint cruellement interrompre ce qui lui semblait être un véritable début de sommeil réparateur. Elle avait laissé échapper un "putain" de ses lèvres alors qu’elle émergeait avec difficulté pour retrouver le réalité…Et les démangeaison.

- Bon sang, t’es rouge comme une pivoine ! Tiens, prends ceci, ça devrait calmer tes irritations. Mets-en où ça te gratte le plus.

Elle aurait presque failli lui dire « C’est seulement maintenant que tu me file un truc ? » mais au final l’ancienne blonde s’était ravisé, attrapant l’onguent sans poser plus de question, laisser un faible merci fatigué sortie de sa bouche. Elle l’appliqua, là où les plaques lui semblaient être plus horribles que les autres. Si elle devait le faire sur les zones où cela la démangeait le plus, elle n’en aurait pas assez car dans sa tête, tout son corps entier la démangeait. Devenant une terrible obsession. Malgré tout, elle dut admettre que cette étrange mixture lui faisait rapidement de l’effet, apaisant sa peau et son esprit.
Se relevant, sans un mot, elle avait commencé à rassembler ses affaires avec Lila, reprenant rapidement la route. Peu loquace en ce début de journée, Claire essayait surtout de rester concentrée sur sa tâche, sur ce qu’elle était venu faire ici. Si elle avait suivi Lila, ce n’était pas pour taper la discussion avec celle-ci, loin de là. Observant le paysage luxuriant qui s’offrait à elle, elle marchait en suivant les traces de l’anglaise, ne reposant son attention sur elle que lorsqu’elle reprit à nouveau la parole.

- Ce que je vais te faire ici est une faveur. La première fois que je suis venue ici, j’ai dû l’apprendre par moi-même, mais comme tu me fais un peu pitié avec ton état de zombie à l’agonie et tes taches rouges, je vais t’épargner cette peine supplémentaire. Alors regarde bien, et apprends.

Etait-ce la fatigue qui faisait qu’elle n’avait même pas prit la peine de répondre au remarque acerbe de l’anglaise ? Certainement, mais elle écoutait malgré tout ce qu’elle disait et surtout, elle observait avec attention ce qu’elle s’apprêtait à lui apprendre. Il n’était pas bien difficile de rapidement comprendre ce que celle-ci s’apprêtait à fabriquer mais malgré tout, l’ex cheerleader restait attentive, écoutant et observant avec attention les gestes de l’experte. Elle se serait presque cru dans un épisode de Man Vs Wild, le seul hic c’est qu’elle n’avait ni canapé, ni popcorn. Lui rappelant alors qu’elle était vraiment au beau milieu de nulle part. La lance prête, c’est d’un seul et unique coup qu’elle avait réussi à planter un poisson au bout de celle-ci sous les yeux écarquiller de Claire qui avait toujours penser que ce genre de chose ça ne fonctionnait que dans les films.
Et après avoir tué plusieurs autres poissons, elle lui avait tendit la lance, lui annonçant tout naturellement que si elle voulait manger, Claire devrait pêcher à son tour. Elle l’avait regarder, et si la fatigue avait réussi à la maintenir sous silence tout ce temps, à présent c’était la faim qui parlait :

« T’es sérieuse ? Tu vas manger tout ce poisson toute seule ? »

Question purement rhétorique car déjà l’anglaise lui avait mis la lance entre les mains et c’était éloigner avec son butin pour pouvoir le faire cuir. A présent au bord de la rivière, elle s’était dit qu’au final ça ne serait pas si difficile. Si Lila avait pu le faire à plusieurs reprise, elle aussi non ? Mais très rapidement, elle se rendit compte que pêché au harpon de fortune était tout un art et une technique qu’elle ne possédait pas. Elle ne faisait que brasser l’air et l’eau, faisant fuir les poissons plus qu’autre chose. Si bien qu’au bout d’un moment elle se retrouvait presque trempée de la tête au pied, la pauvre adolescente avait glissé et plonger fesses les premières dans la flotte. Et ce n’était pas les autres remarques de Lila qui venait l’aider, bien au contraire, si bien que quelque minute après lui avoir demandé de se grouiller, elle s’était simplement poser sur la rive, la lance entre les mains, et la frustration de ne pas y arriver plus haute que jamais. Son estomac criait famine mais elle ne bougeait plus, n’en avait plus vraiment la force et ressentait qu’une seule et unique envie : pleurer jusqu’à ce qu’elle soit rentrée chez elle.

Pourtant, aucune larmes ne glissèrent sur ses joues, seule une expression d’intense colère semblait présente alors qu’elle se grattait machinalement la cuisse en observant les poissons autour d’elle qui la narguait. Et puis…Au bout de longue minute ainsi à "bouder", elle avait repris sa lance, l’avait balancer une nouvelle fois vers un poisson, sans grand espoir de réussite mais…Après des vingtaines de tentative si pas plus, elle se retrouvait avec un poisson frétillant au bout de sa lance !

« J’ai réussi… »

Dit-elle incrédule, la lance entre ses mains et se retournant pour faire face à Lila :

« J’AI REUSSI !!! »

Exultant sa joie et sa fierté, elle en était même venu à improviser une petite danse de la victoire. Grossière erreur que de faire ça sur le bord glissant d’une rivière, chutant en arrière et se retrouvant à nouveau dans l’eau. Elle paniqua à l’idée de perdre sa prise, relevant la lance hors de l’eau, le petit animal s’y trouvait toujours au bout. Un long silence, elle semblait presque retenir son souffle tellement elle avait eu peur à l’idée de perdre l’unique repas qu’elle aurait certainement de sa journée ( oui, elle imaginait le pire ). Soudainement, la fatigue et la nervosité, mêlé au soulagement de l’instant, la fit littéralement éclater de rire.
Sortant de l’eau, elle se rapprocha cette fois de Lila, s’éloignant le plus possible du bord de la rivière, son butin toujours au bout de sa lance, et le rire toujours présent.

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Le plaisir fut de courte durée pour l’ancienne chearleader. Aussi vite était-il pêché qu’elle devait à présent se débrouiller pour le cuir et le manger rapidement. Si bien qu’au final elle avala surtout sur poisson presque cru, à peine cuit, mais elle ne s’en plaignait pas. Son estomac criait bien trop fort famine pour qu’elle ose se plaindre de l’état de son petit déjeuner improviser elle ne sait où en Asie. Souriant à la remarque cynique de l’anglaise sur le français, elle engouffra ce qui lui servait de petit déjeuner, évitant soigneusement de s’étrangler avec une arête. Le repas aussitôt avalé, elle rassembla ses affaires, mentalement elle se plaignait malgré tout de ne pas pouvoir prendre le temps de digérer tout simplement, de se poser. Elle ressentait une grande fatigue et commençait doucement à douter de ses capacités, c’est pourtant en silence qu’elle posa ses affaires sur son dos, fin prête à reprendre la route. Et plus elles avançaient, plus elle commençait à avoir du mal, se demandant encore si ce chemin serait long. Elle était pourtant sportive, être chearleader demandait une certaine condition physique mais elle n’avait jamais fait d’escalade, en fait…Rien de ce qu’elle avait pu expérimenter en matière de sport ne ressemblait à ce qu’elle faisait actuellement. S’écorchant les coudes, les genoux, même si les blessures disparaissaient aussi rapidement qu’elles avaient creusé sa chaire, la douleur, elle, était bien réel.

Ses muscles endoloris lui suppliaient de faire une pause, ainsi que son souffle et le vilain point de côté qui la faisait grimacer de temps en temps. Elle n’en voyait plus le bout, prenant parfois un peu de retard par rapport à Lila, s’activant la seconde qui suivait pour pouvoir la rattraper mais il était clair que l’anglaise était déjà bien habitué à ce genre de milieu. Ses mains étaient tâché de sang, trace de blessure déjà effacé de sa peau. Il en était de même pour ses genoux. Essayant de faire attention, il était presque plus facile de se dire « c’est pas grave, de toute façon, je guéris » mais elle savait que sa venue ici n’était pas le but, elle devait au contraire, penser autrement. Les minutes lui donnait l’impression d’être des heures et les mètres d’être des kilomètres, continuant de gravir la roche, évitant soigneusement de tomber ou de glisser, elle restait étonnamment silencieuse, bien trop fatiguée pour pouvoir ouvrir sa bouche. S’accrochant pour pouvoir avancer, pour pouvoir suivre Lila, elle ne put cependant pas s’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement lorsqu’elles étaient, semble-t-il, arrivé à destination.

Le souffle coupé par la beauté des lieux ou par la fatigue, il n’en restait pas moins que pour quelque seconde, la jeune fille s’était laisser aller à une contemplation de ce petit bout de sérénité, de paix, comme si observer cet endroit lui procurait une sensation de repos. Rapidement sortie de ses pensées, elle suivait Lila qui s’approchait de ce qui semblait être une statue fort réaliste. Ce n’est que lorsque Lila posa un genou à terre et se courba qu’elle comprit que ce qu’elle avait confondue avec une statue n’était rien d’autre qu’une personne de chair et d’os. Et elle l’attrapa, l’obligeant à mimer son geste, s’agenouillant et se courbant maladroitement à son tour, elle restait immobile, essayant d’observer du coin des yeux les mouvements de Lila pour savoir quand elle pourrait se relever, pour savoir ce qu’elle devait faire ou ne pas faire. Son cœur commençait doucement à battre la chamade, perdue, déboussolée et nerveuse face à ce qui se déroulait devant elle.
L’anglaise prononça quelques mots à l’étrange sonorité pour les oreilles occidentales de la jeune fille, du japonais, c’était la première fois que Claire pouvait en entendre. Relevant par réflexe la tête vers Lila, elle détourna ses yeux comme l’anglaise lorsque des feuilles s’étaient mis à danser à l’aide du vent. Caire était encore à l’observation de ces feuilles virevoltante quand elle fut surprise par le mouvement brusque de Lila et la coup que Claire aurait presque pu se prendre, elle se trouvait si près du combat lorsque l’anglaise avait majestueusement esquivé le coup de l’homme immobile.

Reculant par réflexe, elle s’était relevé, et avait simplement observé. Son cœur battant la chamade à chaque fois que Lila prenait le dessus sur le combat, la jeune fille essayait de suivre chaque geste, chaque mouvement, pour ne pas en perdre une miette mais il était difficile de vraiment voir ce qui se passait dans ce combat. Elle ne voyait que coup esquiver, ne comprenait pas réellement la subtilité de chaque enchainement, l’équilibre du combat, tout cela lui passait par-dessus la tête…Pour elle, c’était comme observer un combat d’art martiaux dans un film asiatique.
Elle avait pourtant eu un mouvement vers l’avant lorsque la lance s’arrêta net devant les yeux de Lila, elle avait voulu réagir, l’aider, mais c’était directement arrêter dans son élan en observant la scène, ne comprenant pas l’échange verbal entre les deux protagonistes. Et à l’aide de ses dons, elle renversa la tendance, la lance tourné à présent vers le vieil homme, Claire restait toujours en retrait, ignorant complètement ce qu’elle devait faire.

Ils échangèrent encore quelque parole avant de se tourner vers Claire, fixant dans un premier temps Lila, elle s’en détourna à l’approche de l’homme. Celui-ci laissant échapper une phrase qu’elle ne comprenait pas. Il comprit rapidement à l’air un peu idiot de la jeune fille qu’elle ne comprenait pas la langue locale, se sentant terriblement idiote et gênée en cet instant, il s’adressa à elle dans un anglais parfait. Acquiesçant à la première question, elle se présenta ensuite :

« Claire…Bennet… »

Sa voix fébrile trahissait sa nervosité et une nouvelle timidité, il ne lui restait plus qu’à répondre à la dernière de ses questions. Pourquoi était-elle ici ? Et maintenant qu’il le lui avait posé, la réponse qui semblait pourtant si net hier encore lui semblait à présent floue et illisible. Pourquoi était-elle ici ? Elle avait la sensation que peu importait la réponse qu’elle donnerait, elle serait mauvaise, elle ne conviendrait pas au vieil homme qui lui faisait face. Mais rapidement, les souvenirs de ses derniers mois lui revenaient en tête, l’enfermement dans cette cage minuscule, les ténèbres infinies qui l’entourait, la sensation de la faim, l’envie de mourir sans pour autant pouvoir y arriver. Cette frustration, la sensation d’avoir été trahit, poignardée dans le dos.
Sans le vouloir, face à ses propres souvenirs, Claire avait jeté un bref regard sur Lila, ne pouvant s’empêcher, encore maintenant, de lui en vouloir pour ce qu’elle lui avait fait subir.

Reposant ses yeux bleus sur l’homme qui attendait sa réponse :

« Je veux changer… »

C’était l’unique chose qui lui était venu en tête, et si la phrase sortie du contexte semblait un peu fade, elle n’en restait pas moins sincère. Les yeux de la demoiselle brillait d’une lueur étrange, sa ténacité peut-être, ou tout autre chose…