Était-ce le destin? [Zachary White]

L'homme mystérieux semblait immobile, le regard perdu dans le vide, comme plongé dans un long moment d'absence. Peut-être était-ce une technique pour dissuader les autres de venir l'aborder, étant donné qu'il était recherché - n'aurait-il pas été plus simple pour lui de tout simplement démissionner, d'ailleurs? La seule réaction qu'il eut fut un moment de sursaut lorsque je lui avais parlé, un peu comme si je l'avais tiré hors d'une rêverie éveillée. Drôle de type. Il n'y avait plus rien à tirer de ce côté-là, j'imagine... Toutefois, contre toute attente, il répondit à ma question.

"Peut-être bien, mais j'aime bien cette endroit... c'est calme et puis j'aime bien... les gens qui y travail, il sont très accueillant...?"

Il est vrai que cet endroit était assez tranquille, ce qui était de plus en plus rare, depuis que le monde entier était au courant de l'existence des spéciaux. Cadeau de Sylar; comme s'il n'avait pas déjà causé suffisamment d'ennuis... Tout le monde se méfiait de son prochain désormais. Une moitié de la population avait peur de ces pouvoirs et des catastrophes qu'ils pouvaient causer tandis que l'autre craignait de faire l'objet d'un nouveau style de chasse aux sorcières, ou alors ils passaient leurs temps à causer des crimes, dans le but d'éviter ce scénario, pour prouver leur force ou tout simplement par envie. Et oui, même parmi nous il y avait des psychopathes, des meurtriers; était-ce si surprenant, considérant qu'un grand pouvoir montait souvent à la tête des hommes, les ennivrant comme un vin un peu trop bon. Heureusement qu'il y avait de bonnes personnes pour balancer tout cela et j'avais l'impression que malgré son état de fuite, Zachary pouvait être l'un de ces derniers, ne serait-ce qu'au prix de gagner un peu sa confiance en lui montrant que personne n'était pareil.

Ainsi pensif, mon regard le quitta quelques instants, le temps de déposer ma tasse de café précédemment payée sur le comptoir sans renverser de ce liquide brûlant. Toutefois, lorsque je me retournais suite à un lourd bruit de fracas, il avait disparu, chaise et table renversées, la porte encore ouverte. Il prenait donc la fuite! Ainsi donc, mon instinct de policier avait eu raison, il n'était pas louche sans raison! Passant la porte, c'est l'esprit en alerte que je tentai de trouver un indice dans les pensées dans les environs pour repérer cet étrange Zach. Bingo, ses pensées étaient plutôt fortes et donc faciles d'accès. Il était apparemment bien déterminé à me suivre en catimini, apparemment interessé par ce que je savais à propos de mon ami Mohinder. Mais comment savait-il que je le connaissais? Une seule façon de le savoir, et puis... Prendre un risque, foncer tête baissée en mettant temporairement de côté les conséquences - sans pour autant commettre de folies ou d'actes mettant la vie des autres en danger évidemment -, cela me connaissait...

"Hey! Je sais que vous êtes là, derrière cette poubelle et que vous voulez en apprendre plus sur le Dr. Suresh, alors sortez de votre cachette! J'ai l'impression que vous non plus, vous n'êtes pas quelqu'un d'ordinaire, Zach... Ou devrais-je dire Mr. White?"

Une minute de silence passa. Il risquait de trouver cela risqué de rester alors qu'il était recherché et qu'on l'avait reconnu, je jugeai donc bon d'ajouter :

"Écoutez, je ne vous veux aucun mal et, en autant que vos intentions soient semblables, je ne vois pas ce que nous coûterait une petite discussion... À moins que vous ayiez trop peur. Je vous ai reconnu depuis quelques minutes, vous savez. Vous avez de la chance, n'importe qui d'autre vous aurait probablement déjà passé les menottes!"

[C'est pas excellent, je sais, mais je suis un peu débordé en ce moment alors je fais ce que je peux ^^' Et dans le pire des cas on peut en discuter par mp si on a absolument besoin de se faire interagir l'un l'autre!]

Il avait "vu" notre entretien? Que voulait-il dire par là? Réfléchis, Parkman, réfléchis. Il valait peut-être mieux gagner un peu de temps afin de finir par comprendre. Essayons de l'amadouer dans ce but, même s'il avait l'air méfiant à présent.

"C'est vrai, je ne vous connais pas vraiment. Tout ce que je sais, c'est grâce à votre dossier. Cela ne veut pas dire que tout ce qui y est inscrit est vrai."

Peut-être mordrait-il à l'hameçon, peut-être serait-il intrigué et voudrait en savoir plus à propos du dossier mentionné. En fait, il n'avait pas vraiment l'air de m'écouter, pour l'instant. Et soudainement, sans prévenir, il sortit un pistolet de sous sa chemise, avant de continuer à parler. Ma main se porta immédiatement à mon propre arme de service en un réflexe, mais je ne la sortis pas. Et merde, pourquoi fallait-il que ce genre de situation tombe sur moi...? Un coup d'oeil dans sa tête me confirma toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un simple bluff pour être capable de s'enfuir. Encore cette loi stupide qui permettait au habitants de la majorité des États de se promener avec un flingue, au cas où ce serait « nécessaire » et qui causait une situation, sinon dangereuse, au moins désagréable. Certes, je portais un gilet anti-balles en tout temps pour assurer ma sécurité, mais je préférerais régler cela sans qu'aucun d'entre nous deux ait recours à la violence. De plus, il ne s'en rendait peut-être pas compte, mais un coup de feu se ferait forcément entendre par quelqu'un. À une telle heure matinale, il n'y avait pas beaucoup de bruits pour couvrir celui d'un pistolet. J'éloignai donc ma main de mon arme avant de reprendre la parole, avec l'espoir de le mettre ainsi en confiance.

"Du calme. Je vous l'ai dit, je ne vous veux pas de mal. Baissez votre arme, avant de faire quelque chose que vous pourriez regretter. Vous n'avez pas l'air de vouloir attirer l'attention alors ce serait mieux pour nous deux que tu ne tires pas."

Il me fallait une info, n'importe quoi, pour qu'il se décide enfin entre me faire confiance ou non. Néanmoins, la tête de cet homme était un véritable bordel, comme s'il pensait à beaucoup trop de choses en même temps. Un lien avec son don, peut-être. Un mal de crâne plus tard, je finis par comprendre qu'il voulait vraiment seulement un coup de main. Ma main fouilla dans ma poche et en sortit un bocal d'aspirines - lentement, pour le rassurer et le convaincre que je n'essayais pas de prendre mon propre pistolet - en avalai deux et poussai un soupir alors que la douleur s'atténua un peu. Cela ne la faisait jamais complètement disparaitre, évidemment, puisque la cause restait encrée en moi, dans mes propres pensées, mais cela aidait un peu. Voilà un bon moment que je n'avais pas eu à les utiliser, d'ailleurs, puisque je maitrisais plutôt bien ce pouvoir désormais, ou du moins c'est ce que je pensais, car comment savoir avec une capacité surnaturelle? C'est après tout cela que je repris calmement la parole.

"Vous voulez la vérité? J'ignore où le Dr. Suresh se trouve en ce moment. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la ville a littéralement explosé... Depuis, je n'ai plus eu de nouvelles de lui. Il pourrait très bien être mort et faire partie de tous ces corps non-identifiés, pour ce que j'en sais..."

Je ne cherchais pas à me moquer de lui, je lui exposais les faits, c'est tout. Je lui tendis la main, l'air sincèrement désolé. J'espérais vraiment qu'il allait me croire.

"Vous m'avez posé beaucoup de questions, mais vous ne m'avez pas laissé l'occasion d'y répondre. Lâchez votre arme."

Et, tel qu'il l'avait annoncé quelques minutes plus tôt, Zachary lâcha son pistolet par ma volonté et non la sienne, arme qui atterit dans ma main, que je retirai vivement avant qu'il tente d'en reprendre la propriété.

"Je vous le rendrai plus tard. Je n'aime pas prendre le risque de me faire tirer une balle dans le dos, voilà tout.

Je prends une grande inspiration avant de me lancer, histoire de ne pas devoir m'arrêter en plein milieu de ma propre phrase. Tous les morceaux du puzzle s'assemblaient enfin, j'avais une hypothèse qui pourrait expliquer ses nombreux propos étranges et porteurs de peu de sens.

"Nous avons peut-être plus de points communs que vous pouvez le croire. Vous avez probablement entendu parler de la nouvelle suivant celle de l'explosion. Celle qui concerne les êtres... spéciaux. Même en supposant que vous n'avez accès ni à une télévision, ni aux journaux, vous devez en avoir entendu parler; tout le monde en parle. Vous avez un pouvoir, c'est indéniable, je ne suis pas sûr duquel toutefois. Peut-être que vous voyez dans le futur ou quelque chose du genre. Je suis télépathe."

C'était dit sans préambule, et peut-être de façon trop brusque, mais je n'étais pas un homme doué pour les discours et les paroles. Il comprendrait sûrement que c'était à l'aide de mon pouvoir que je lui avais imposé l'ordre de lâcher son arme à feu. C'était la partie de mon pouvoir que je détestais le plus utiliser, cependant, cette fois-ci, il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Je me grattai l'oreille, hésitant dans quelle direction orienter le reste de cette discussion.

"Je ne peux pas vous dire où se trouve le Dr. Suresh. Mais je peux vous dire une chose : vous n'êtes pas le seul à devoir traverser cela. Les réponses que vous cherchez sont peut-être détenues par quelqu'un d'autre, ou alors vous les trouverez au fond de vous-même..."

Peut-être trouverait-il vraiment quelqu'un capable de l'aider. Je le lui souhaitais de tout mon coeur; il avait l'air d'un brave gars, un peu perdu certes, mais c'était probablement parce que la situation le dépassait. Après tout, ce n'est pas tous les spéciaux qui devait finir en hors-la-loi ou en meurtrier. C'était à lui de décider, maintenant, s'il voulait vraiment de l'aide ou non. Je n'étais pas forcément la personne la mieux placée pour cette tâche; peut-être que Zach s'en rendrait compte lui aussi. En tout cas, pour l'instant, je crois que nous n'avions plus rien à nous dire. Je lui tendis donc son arme. Il pouvait partir s'il en avait envie, aussi facilement que cela.. Tant que je ne déclarais rien à propos de cet entretien, personne ne saurait qu'il avait existé, personne ne saurait que Zachary White se cachait quelque part dans les rues de New York. Je ne savais pas si c'était mieux ainsi, mais j'avais envie de lui faire confiance; espérons que mon instinct n'était pas en train de me jouer un mauvais tour.

"Bonne chance, surtout." lui dis-je en guise d'au revoir, peut-être même d'adieu. Après tout, quelles raisons le pousseraient à retourner voir un policier ou même à continuer la conversation en ce moment précis, maintenant fois que chacun avait répondu aux questions de l'autre?