I have a dream ... [PV Peter, Chris, Alex D.]

Lorsque le taxi s’immobilisa devant l’immeuble dans lequel se trouvait l’appartement de Peter, Lisa poussa un long soupir de soulagement. Enfin le voyage arrivait à son terme. Le retour depuis Las Vegas lui avait semblé avoir duré une éternité, contrairement à l’allé. Ceci dit, l’ambiance n’était pas non plus vraiment comparable. Les découvertes qu’avait fait Chris sur son passé avaient modifié l’atmosphère, tout autant que la rencontre entre la jeune rousse et le serial killer.

Sortant son sac du coffre du véhicule, elle laissa au jeune britannique le soin de régler le chauffeur. Une fois ce dernier revenu à ses côtés, ils s’engagèrent tous les deux dans le hall de l’immeuble. C’était déjà la fin de l’après midi et la luminosité dans les rues new yorkaise était plus que timide. L’attente devant les portes de l’ascenseur eut des airs de torture tant les pieds de Lisa la faisaient souffrir.

« Vite ! Vite ! Vite ! »

Sans s’en rendre compte, ces paroles lui échappèrent. Devant le regard de Chris, elle vira un peu au rouge.

« Désolé … ce voyage m’a épuisé et j’ai mal aux pieds. »

Les dernières minutes, celles passées dans l’ascenseur, semblèrent durer une éternité. Puis, finalement, la libération arriva enfin.

Lisa appuya sur la sonnette de l’appartement de Peter, insistant jusqu’à ce que quelqu’un vienne ouvrir. Une nouvelle fois, sous le regard de Chris, elle se sentit obligée de se justifier.

« Peter n’est pas un rapide quand il s’agit d’ouvrir. J’ai toujours fait ça. Un truc entre nous. Comme ça, il sait que c’est moi à la porte, et je crois que ça le motive à venir plus rapidement … enfin … ça sera comme ça dans quelques années … j’espère. »

La porte s’ouvrant, Lisa entra et déposa son sac dans l’entrée.

« Salut Pet’. On a fait aussi vite que possible, mais j’ai l’impression que ça duré des jours ce voyage de retour. Comment ça s’est passé de votre côté ? »

Et si tout cela n'était qu'un cauchemar ? Un long, douloureux et cruel cauchemar qui allait bientôt se terminer ? Quelle était la part de vérité dans tout ce qui lui était arrivé ? Il se pouvait même que Mila ne lui ait pas montré ce qui s'était réellement produit, après tout. Ces pensées diverses venaient sans cesse se contredire tout au long du voyage de retour jusque New-York, emplissant la tête de Chris jusqu'à ce que ce dernier en éprouve une affreuse migraine. Mais il devait se rendre à l'évidence : ses parents étaient morts, il ne les retrouverait jamais. De plus, il n'avait jamais eu d'oncle Jim. Tout cela n'était que pure invention, produit du pouvoir diabolique de cet homme noir. Cette macabre mise en scène, qui avait été orchestrée par Angela Petrelli, était tout ce qu'il y avait de plus réel. Même s'il voulait refuser de l'admettre, il sentait au plus profond de son être que ce n'était pas un mensonge. Le regard sombre, taciturne et détaché du monde, Chris avait suivi Mila jusqu'à l'appartement de Peter tel un robot. Il n'y avait plus qu'une chose qui importait désormais : trouver Asami. Il sentait qu'il perdait pied, et elle seule pouvait le remettre sur le droit chemin, ce n'était que lorsque sa main était dans la sienne qu'il reprenait ses forces. Alors que Peter et Alex, arrivés avant eux, préparaient le repas, l'Anglais buvait silencieusement la boisson servie par Mila. Il regardait le soleil se coucher entre les gratte-ciel. Quand le repas fut servi et qu'ils se mirent à table, il ne parla pas davantage. Cet instant lui rappela son dernier diner en famille, avec ses deux parents. Il était encore joyeux et plaisantin, à cette époque. Cela lui semblait s'être déroulé il y a une éternité. Tant d'événements s'étaient produits dans sa vie, depuis ce jour fatidique...
Une fois le repas déterminé, Peter débarrassa la table et leur apporta le nécessaire pour dormir. Chris s'installa dans le fauteuil d'une manière on ne peut plus naturelle. C'était devenu une habitude pour lui. Depuis qu'il vivait chez Asami, c'est dans un fauteuil qu'il passait ses nuits. Allait-il encore être hanté par ses cauchemars, où la vérité avait-elle mis un terme définitif à cette hantise ? Il allait bientôt avoir la réponse. Fort heureusement, il n'eut aucune difficulté à s'endormir, en raison de cette journée qui l'avait exténué.




Une brume légère et un parfum si familier... Le noir complet, ou alors était-ce blanc ? On n'y voyait rien, le seul repère était ce parfum de rose humide...Un rêve étrange qui unissait pour la seconde fois deux personnes. Nulle ne pouvait expliquer ce phénomène mais dans un monde où des gens peuvent voler, y avait-il réellement besoin d'une explication pour définir l'amour et la force qui pouvaient relier deux personnes ?
Au milieu de cette brume se dessinaient d'étranges visions... Floues...

"Aidez-moi..."

Une voix étrange, les lieux se dessinent avec plus de netteté, une chambre d'hôpital... Tout ce qu'il y a de plus banal... Un jeune homme... Asiatique.

"Il n'est pas méchant..."
"Il... Prend... Il vole..."

La voix est indescriptible, le timbre familier est là mais sa douceur habituelle semble avoir laissé place à une panique perceptible... Son souffle saccadé se fait entendre, comme si... Elle fuyait... S'essoufflant dans cette lutte acharnée qui semblait être perdue d'avance.

"Aidez-moi..."

La sincérité y est présente, enfermée dans des souvenirs... Elle croit si fort à la possibilité de revenir de cette étrange prison...

"Chris... Pardon..."

La chambre d'hôpital s'efface et c'est une lumière aveuglante qui gagne les lieux, si aveuglante qu'il est impossible de garder les yeux ouvert dans cette scène... Et les mots se perdent en échos, en répétitions...

"Je ne veux pas..."

La lumière se dissipe...

"Ca se dissipe..."
"Je m'efface..."

Les mots s'envolent dans ce lieu, continuant de se répéter encore et encore, d'autre mots se rajoutant à ce concerto.

"J'ai besoin de vous..."
"Vite..."

Le son d'un violon apparait, se mêlant à cet étrange chanson...La lumière se dissipe et laisse apparaître tellement de personnes qui se bousculent, qui se cherchent, qui semblent pressées... Le bruit d'un avion peut-être ? Et tout s'éteint... Encore...

"Il m'efface..."

La propriétaire de cette voix ne se montrera pas, ne laissant que cette cacophonie prendre de plus en plus d'empleur dans l'esprit de Chris... Sans le savoir...

"Je suis... Asami..."

La voix semble presque s'effacer au loin, prise d'assaut par les précédentes complaintes de la niponne... Et dans le noir se dessine une maison, à l'écart, son style laisse que peu de doute sur les lieux... Et la lumière réapparaît, si aveuglante, clignotant à présent dans un rythme étrange, lent... Presque doux...

"Alex...Peter..."
"Caïn..."
"Chris... Je ne veux pas... Oublier..."
"J'ai besoin d'aide..."

Le clignotement s'intensifie en lumière mais aussi en rythme...

"Pas oublier..."
"Qui je suis..."

Il y a tant de mots qui vibrent en ces lieux qu'il semble presque impossible d'en discerner les nouveaux... La cacophonie est affolante, étrange, chaotique...

"Perdue..."
"La vérité..."
"En vie..."

Et tout s'estompe une nouvelle fois... Pour offrir le calme et le silence du début... Une légère brise se fait sentir et la vision des choses changes comme un écran à 360°, le visage de Chris, l'horizon lointaine... Une vue sur le bas... La hauteur offre presque des vertiges. Et cette voix... Encore.

« La vie est dure parfois...Mais la vérité... C'est que... Les plus beaux moments... Sont trop vite oubliés... »

Spoiler:

D'un bond, Chris se redressa, essoufflé. La lune filtrait entre les stores, dessinant sur son visage des rayures feutrées. Quelques gouttelettes perlaient sur son front alors qu'il tentait de retrouver un rythme respiratoir régulier. Une fois de plus, ce n'était pas qu'un simple rêve. Mais il ne s'agissait pas non plus de l'un de ces cauchemars horribles qui le harcelaient depuis des mois. Non, un rêve comme ça, il en avait déjà fait un. C'était à l'appartement d'Asami, lorsque celle-ci avait réussi à communiquer avec lui pour lui dire de retrouver Peter et Alex. Elle était en lui. Et elle était...

- Vivante !

Il se leva en trombe et chercha l'interrupteur. Y avait-il quelqu'un dans la pièce ? Il n'y avait même pas prêté attention. Il lui semblait qu'Alex était allé dormir dans la chambre d'amis, donc Mila se trouvait sur le lit montable. Mais trop emporté par l'excitation, il n'y prêta quasiment aucune attention. Une fois la lumière allumée, il se dirigea vers le téléphone. A côté de celui-ci se trouvait un petit carnet qu'il s'empressa de feuilleter, avant que son doigt ne s'abatte sur l'une des pages. Il composa le numéro d'une main tremblante, et attendit quelques sonneries, faisant les cent pas, avant que quelqu'un finisse par répondre.

- Angela Petrelli ? Ici Chris Miles. Je suis actuellement dans l'appartement de votre fils. Je me doute bien que je vous réveille, mais j'ai un service urgent à vous demander. Et étant donné tout ce que vous m'avez fait subir, c'est la moindre des choses que vous m'écoutiez et que vous m'aidiez. Vous allez engager un détective privé pour retrouver Asami Barairo. Je suis persuadé qu'elle est en vie, et peut-être le savez-vous également. Elle doit se trouver au Japon, ou dans un hôpital, un truc du genre. Bref, débrouillez-vous, mais sachez que cette affaire a une très grande importance à mes yeux. Je vous propose donc de vous racheter en partie de vos erreurs du passé. Je ne vous pardonnerai jamais, mais au moins vous m'aurez prouvé qu'il n'y a pas que du mal en vous. Asami est tout ce que j'ai, donc si vous me la retirez... je n'aurai plus rien à perdre.

Et il attendit la réponse, le coeur battant.

Cela faisant plusieurs heures à présent que la nuit était tombée. La pénombre nocturne submergeait dans sa quasi-totalité la suite du luxueux hôtel privé. Seul l’éclairage urbain venu de l’extérieur ainsi qu’une lampe sur un guéridon d’acajou étaient autorisés à perturber cette atmosphère statique. A côté de la lampe, assise dans un confortable fauteuil, attendant dans ce clair obscure, se trouvait Angela Petrelli, un verre de scotch à la main. Les yeux rivés sur une horloge, elle attendait, faisant tourner machinalement le liquide alcoolisé dans son récipient de délicats mouvements du poignet. Ces derniers temps n’avaient pas été de tout repos pour la mère de Nathan et Peter. Son pouvoir n’étant redevenu exploitable que depuis peu, il lui avait fallu naviguer quelques temps en eaux troubles. Démunie de sa clairvoyance, elle avait dû redoubler de vigilance. Qui plus est, les évènements récents n’étaient pas des plus rassurants. Lentement, mais surement, les choses se mettaient en place afin d’assurer au monde un avenir aussi sombre que la pièce dans laquelle elle était assise.

Mais ce moment, cet instant très précis, Angela l’avait déjà vécu de manière onirique. Aucune surprise sur les prochaines minutes. Elle savait parfaitement comment elles allaient se dérouler. Puis, comme elle s’y attendait, le téléphone sonna. Pourtant, Angela laissa la sonnerie retentir à plusieurs reprises avant de se saisir du combiné. Elle avait beau savoir qui se trouvait à l’autre bout de la ligne, elle n’était pas entièrement convaincue de vouloir réellement recevoir cet appel. Pourtant, sa morale, même si certains mettaient en doute son existence, l’obligeait à décrocher.

Ainsi, elle se saisit du combiné de sa main libre et le porta à son oreille. Il s’agissait de Chris Miles, le jeune britannique qui avait fait une entrée des plus tapageuses dans le monde d’Angela. Il exigeait qu’elle fasse tout pour retrouver Asami Barairo, argumentant qu’elle lui devait bien cela après ce qu’elle avait fait de la vie du jeune homme. Ainsi donc, la mémoire lui était revenue, avec toute la tourmente qui jusqu’alors avait été épargnée à l’anglais.

Silencieuse, Angela laissa le jeune homme s’exprimer. Puis, une fois que la parole lui fut accordée, elle fournit alors certainement l’une des réponses les plus courtes qu’elle avait dû formuler de toute sa vie.

« C’est d’accord. »

La réponse donnée, Angela raccrocha et termina son verre cul sec avant d’éteindre la lampe située juste à côté d’elle.


Le repas rappela de nombreux souvenirs à Lisa, même si elle garda cette remarque pour elle seule. L’espace de quelques instants, elle fut presque sereine. Une fois le diner terminé, chacun alla se préparer pour la nuit.

Lisa se coucha dans le lit de camp que Peter avait sorti pour l’occasion. Durant quelques minutes, elle se remémora sa dernière journée, tous ces détails lui firent penser à un moment que jamais plus elle ne trouverait le sommeil. Mais finalement, avant même qu’elle ne s’en rende compte, elle s’était endormie.

A présent, elle se trouvait debout, devant une maison à la palissade blanche par une belle journée ensoleillée. Inspirant à fond, elle put sentir l’odeur de la pelouse fraichement tondue mêlée à celle d’un arbre fruitier. Ce parfum à lui seul pouvait sans doute résumer toute l’enfance de la jeune fille. Cette maison devant laquelle elle se tenait, elle ne la connaissait que trop bien. C’était celle de son enfance. S’approchant du portail, elle l’ouvrit délicatement d’une main, faisant retentir le léger grincement de ce dernier, avant de s’engager sur la petite allée menant jusqu’à la terrasse couverte. Une fois devant la porte d’entrée, elle tourna la poignée afin d’ouvrir. Puis, le cœur s’emballant, elle pénétra dans la maison. En quelques minutes, elle fit le tour du propriétaire. L’habitation était déserte. Le mobilier et toutes les affaires de la famille Dumont étaient bien en place, mais ses occupants étaient introuvables. Lisa soupira alors de déception. Ce rêve, ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait, et certainement pas la dernière fois. C’était un vain espoir de retrouver un passé à jamais révolu.

Pourtant, lorsqu’un grincement caractéristique provenant de dehors se fit entendre, Lisa sursauta, et une nouvelle fois, son cœur s’emballa d’excitation. Quelqu’un venait de pousser le portail à l’entrée du jardin. Se précipitant, Lisa se dirigea alors à l’entrée. Dans le jardin, la jeune fille vit alors son père refermant le portail. Tout du moins, elle vit Alex à ses vingt cinq ans. Pourtant, à présent qu’elle y repensait, il n’avait pas l’impression que ce dernier avait réellement changé avec le temps. Elle ne s’était jamais réellement posée la question. Pourtant, à présent qu’elle connaissait le visage de ce dernier au moment de la naissance de sa fille, le comparait avec celui qu’il avait au moment de sa mort n’était pas bien difficile. C’était tout juste s’il avait vieilli. A croire qu’un part du pouvoir de son père interdisait à ce dernier de subir les affres de la mortalité … en vain.

« Bonjour et bienvenue.

- Merci Mila … mais où sommes-nous ? »

Mila ? C’était ainsi qu’il l’avait appelé. Ça n’avait aucun sens. Elle s’appelait Lisa. Pourquoi son père l’appellerait-il ainsi ? Pourquoi utilisait-il ce pseudonyme derrière lequel elle s’était cachée ? A moins que le père qui se trouvait devant elle n’était en rien une création de son rêve, mais bien le véritable esprit d’Alex plongé dans le rêve de la jeune fille. C’était impossible. Comment cela pouvait-il être possible ?

« Nous sommes chez … chez nous.

- Chez nous ? », demanda Alex avec un sourire et un léger rire de surprise.

« Et bien oui.

- Aux dernières nouvelles, je vis chez Kerry en plein New York, et … à la rigueur, j’ai aussi un petit appartement à Paris. Mais je n’ai pas souvenir d’avoir été le propriétaire de cette maison.

- J’avoue … j’aurai plutôt dû répondre que nous sommes chez notre futur chez nous.

- Mais de quoi tu parles Mila ? J’ai peur de ne pas comprendre ce nous … Oh, j’y suis. Je suis en train de rêver. Et comme très souvent, ça n’a ni queue ni tête. Je suis en train de me faire un trip à la Alice au Pays des Merveilles.

- Ouais, j’avoue, c’est bizarre … pour moi aussi.

- Non, ça l’est pour moi. Mais toi, tu fais partie de ce rêve … tu n’es qu’une création de mon esprit. C’est moi qui t’ai fait. Donc, ça ne doit pas être bizarre pour toi.

- Euh … et bien … puisque tu en parles … je suis effectivement une de tes créations … et bien plus que tu ne le crois. Mais, c’est bien moi Lis- … Mila. J’ignore comment, mais nous sommes tous les deux dans un rêve commun.

- Tu veux dire que tu es la vraie Mila. Celle qui est en ce moment même dans le lit de camp.

- Oui.

- Mais comment peut-on être à deux dans le même rêve ? C’est impossible ça.

- Ouais tout comme mobiliser les énergies vitales des créatures vivantes.

- Mouais … tu marques un point.

- J’imagine que ça doit être moi. Parfois, mon pouvoir fait des trucs étranges … je contrôle pas toujours tout.

- L’adolescence ?

- J’ai dix neuf ans ! Il y a belles lurettes que j’ai terminé mon adolescence !

- Ok ok … j’ai rien dit. Bon … et on fait quoi alors ? Parce que bon … même si je suis censé être chez moi … il n’en reste pas moins que je me sens un peu mal à l’aise là. Je sais pas si je suis dans mon rêve, dans ton rêve ou dans un autre rêve. On doit s’entendre à voir quelqu’un d’autre débarquer ou … ?

- Ou. Je crois que j’avais inconsciemment besoin de me retrouver en tête à tête avec toi. Je dois être honnête avec toi.

- Oula ! Tout doux jeune fille. Tu es mineure et je suis papa depuis peu et ma relation avec Kerry, c’est du sérieux.

- Nan mais t’es dégueux ! J’ai jamais voulu – Je …

- Ah ? Désolé … J’ai dû me faire un film. Ça doit être à cause du t-shirt que tu m’as offert … et de ce huis clos. Limite, je me sens séquestré en fait.

- Mais sérieux, t’as vraiment cru que ?

- Je … j’en sais rien. Pour être honnête, je te comprends pas en fait. Depuis le départ, je suis étrangement épris d’affection pour toi. N’y vois rien de déplacé. J’ai juste envie de veiller sur toi. Et puis, je sais pas, tu dégages quelque chose qui me perturbe. J’arrive pas à définir ce que c’est.

- Alors tu ne t’es jamais douté de rien ?, demanda Lisa avec un léger sourire. Elle, elle a su tout de suite. Je savais qu’elle serait la plus difficile à berner. Mais je n’aurai jamais cru que ce serait si simple avec toi.

- Comment ?

- Je ne te rappelle vraiment personne ?

- Et bien …

- Faites un effort monsieur Dumont, taquina la jeune rousse.

- Si … peut-être ... mais non, c’est ridicule.

- Nous sommes dans un rêve ! Ici, rien ne peut être ridicule. Alors dis-moi ! Dis-moi qui je te rappelle.

- Tu as les cheveux de … de Kerry. Sa bouche aussi.

- Moui … y a de l’idée.

- Une cousine ?

- Y a aussi des idées foireuses …

- Un peu d’indulgence jeune fille, taquina à son tour Alex.

- Bon, les cheveux et la bouche … et ensuite, les yeux.

- Ma mère.

- Et ?

- Et … je suis perdu là Mila. Un indice ?

- Ok … je m’appelle comment ?

- Mila Stound. Je connais aucun Stound.

- Bon … secoue le Boggle maintenant.

- Pardon ?

- Mais si ! Tu sais, ce jeu crétin avec une boite et des dés avec des lettres sur leurs faces. On secoue la boite et –

- Oui merci Mila, je sais quand même ce qu’est un Boggle.

- Alors secoue la boite. »

Alex réfléchit alors quelques instants, suivant les indices de Mila et secouant le Boggle afin de constituer de nouveaux mots.

« Attends ! Tu … tu veux dire que tu es …

- Alléluia ! Nous y voilà.

- Lisa Dumont ! Tu es …

- Mais oui ! J’ai les cheveux de Kerry et ce sont tes yeux dont j’ai hérité papa ! Et ce qui te perturbe chez moi, c’est que tu ressens ta femme, mais également une part de toi en moi, d’où ce désir de me préserver.

- Je crois que je rêve, dit machinalement Alex.

- Euh … oui, je confirme Pa’. Là, tu es dans un rêve. D’ailleurs, à présent, on devrait chacun retourner dans le sien. On a besoin d’une bonne nuit de sommeil.

- Attends, tu peux pas partir comme ça !

- Nan, mais, rassure-toi, je serai encore là demain matin. Maintenant, il faut dormir.

- Je … euh … si tu le dis. Alors, à … à demain.

- Yep ! A demain. »