♥ ♦ Full gagnant ? ♣ ♠ [PV Peter, Chris]

Devant le tapis roulant, Alex attendait son bagage. Les mains dans les poches, il laissait son esprit vaquer, ne réfléchissant pas vraiment. Ce petit moment d’égarement lui fit le plus grand bien. Cesser l’espace d’un instant de penser à tous ses problèmes était un pur bonheur. Pourtant, il fut sorti de sa pause détente par des gloussements à côté de lui. Tournant le visage vers la source du bruit, il vit trois jeunes femmes, à priori de son âge, le regarder tout en ricanant entre elles. Relevant un sourcil, le français se demanda s’il était vraiment la cible de ces railleries. Pourtant, lorsque l’une des américaines lui fit un clin d’œil aguicheur, et sans aucune équivoque, ce furent des yeux ronds de stupeur que le jeune homme afficha. Visiblement, il n’était pas du tout la cible de moqueries, et ses derniers doutes se dissipèrent lorsque l’une des trois midinettes lui envoya un baisé avant de partir en direction de la sortie. Ecarlate, Alex saisit son bagage précipitamment, regarda autour de lui pour s’assurer que personne n’avait remarqué le manège des trois pin-up et ne perdit pas d’avantage de temps afin de rejoindre Chris et Mila.

En chemin, il croisa une glace. S’arrêtant net en voyant son reflet, il vit son t-shirt, comprenant ce qui lui avait valu une telle marque d’affection de la part des trois jeunes filles.

« Mila … », marmonna-t-il en serrant les dents.

Chris et la jeune rousse l’attendait déjà dehors. Alors qu'il les rejoignait, Mila l’observa d’un air inquisiteur.

« T’es tout rouge … qu’est-ce qu’il t’arrive ?

- La chaleur !, répondit-il précipitamment. Oui, c’est surement ça. La transition entre l’intérieur avec la clim’ et l’extérieur … c’est difficile à supporter. »

Mila l’observa alors quelques secondes supplémentaires, avant de remettre en place ses fabuleuses lunettes de soleil à strass. Ceci fait, elle poussa par les épaules les deux jeunes hommes en direction d’un taxi.

Une fois à l’intérieur, Alex crut revivre. Ils étaient de nouveau dans une atmosphère purement artificielle et surtout, climatisée. Car même si le phare qu’avait piqué le français n’avait rien à voir avec le choc thermique, il n’en restait pas moins qu’en franchissant les portes de sortie de l’aéroport, Alex avait eu l’impression qu’on lui avait largué une tonne de béton sur les épaules.

« Pfouuuuu ! On crève ici. Une chance que je nous ai trouvés des t-shirt avant de prendre l’avion. »

Pour toute réponse, Alex leva un sourcil, repensant à ce que ce t-shirt salvateur venait de lui valoir. Durant tout le trajet pour le Montecino, Mila était comme une gamine, se penchant d’une vitre à une autre du véhicule afin de ne rien perdre du spectacle qu’offraient les enseignes des multiples établissements de Vegas. Par moment, elle forçait même les garçons à regarder avec elle. Elle était dans un tel état d’excitation, et tellement agitée, que la température dans l’habitacle ne tarda pas à être aussi intenable qu’à l’extérieur, et ce, malgré l’air conditionné.

Au grand soulagement d’Alex, ils arrivèrent enfin devant le Montecino. Dehors, il faisait toujours aussi chaud, mais au moins Mila ne les collait plus afin d’admirer les joyaux de Vegas.

Une chose frappa Alex dans un premier lieu : Peter. Même s’il ne le voyait pas, il sentait déjà sa présence. Ils ne s’étaient donc pas trompés en se rendant au Montecino. Alors qu’ils s’apprêtaient à aller le rejoindre, Mila se stoppa.

« Euh … les gars, j’ai un truc à faire pas très loin. J’en aurai pas pour longtemps. Ce que je vous propose, vous allez au Montecino, vous trouvez Peter et vous lui exposez la situation. Normalement, je devrai être revenu avant que vous ayez terminé.

- Tu plaisantes là ? On était sensé rester ensemble par sécurité. En plus, je me suis engagé à veiller sur toi dans l’avion, je n’aimerai pas que tu commences déjà à me faire mentir.

- T’inquiète pas Alex, ça craint rien. Et puis, qui te dit que je commence seulement à te faire mentir, lui rétorqua-t-elle avec un clin d’œil. Un conseil : commence à t’habituer à ce genre de chose.

- T’es pas sérieuse Mila. Imagine que tu tombes sur un taré … pire, sur Sylar. Je le sens pas ce coup là. »

Une étrange sensation s’était en effet emparée du français. Cela s’était produit exactement au même moment où il avait senti la présence du cadet des Petrelli.

« Bon … je répète. J’ai un truc à faire seule ! Continuez sans moi, je vous rejoindrai plus tard ! »

Alex allait pour une nouvelle fois tenter de la convaincre de les suivre. Mais alors qu’il allait ouvrir la bouche, il se résigna, préférant laisser Mila agir comme elle l’entendait. Après tout, pour parler à Peter, elle n’était pas indispensable. Une fraction de seconde, il resta immobile à la fixer, puis, il tourna les talons et reprit le chemin en direction du casino.

Une fois les portes d’entrée franchies, les bienfaits de l’air climatisé reprirent leurs droits, au grand soulagement d’Alex. Ce fut à ce moment là que le français réalisa réellement qu’il était à deux doigts de revoir Peter. La dernière fois qu’il l’avait vu, c’était lorsqu’il les avait téléportés Kerry et lui de Paris vers New York, autant dire que cela faisait un baille à présent. Cédant au plaisir de pouvoir le revoir, il attrapa son téléphone cellulaire et composa le numéro de Peter. La sonnerie retentit trois fois, puis la voix familière de son ami se fit entendre.

« Pet’, c’est Alex. J’ai besoin de te parler. Je t’attends dans le hall du Montecino. »

Lorsqu’il raccrocha, il fit un sourire complice à Chris, à la fois pour le rassurer, mais également par pure manifestation de son enthousiasme.

« Il arrive. »

Comme Chris aurait aimé avoir un appareil photo en cet instant même ! Il savait qu'Asami en possédait un, mais il se refusait à toucher toute chose lui appartenant dans son loft, comme s'il savait pertinemment qu'elle allait revenir et qu'elle remarquerait qu'on a chipoté à ses affaires. Il se contenta de tout photographier mentalement, comme il l'avait si bien dit le jour de l'éclipse, sur le toit d'un bâtiment universitaire. Dès leur arrivée, le folklore scintillant de Vegas les avait enveloppés de leur voile orné de bling-blings. Rien que les petits établissements et les Duty Free avaient des airs de spectacles et de shows. Il y avait même un emplacement avec des machines à sous, et les voyageurs étaient généralement des touristes, chargés de bagages ou les poches vides pour ceux qui repartaient. Quelques autres étaient là pour affaires, et l'on pouvait dire que, dans un sens, Alex, Mila et Chris en faisaient partie. Le soleil était au zenith et l'atmosphère était tout simplement étouffante, mais l'Anglais ne s'en souciait guère. Il attendit ses bagages, ou en d'autres termes tout ce qu'il possédait et qu'il avait pris avec lui, et rejoignit Mila qui patientait plus loin. Ils passèrent le portail de sortie et se retrouvèrent à l'air libre, s'immergeant de plein fouet dans la foule et les musiques assourdissantes.

- C'est trop cool ici ! lâcha-t-il spontanément.

Il en aurait presque oublié leur objectif initial. Le Français, qui arriva en dernier, supportait visiblement mal la chaleur, car le teint de celui-ci se rapprochait dangereusement de celui de la tomate. Chris aurait voulu se promener et admirer les environs, mais il n'en eut pas le temps. Mila poussa les deux hommes dans un taxi, où la fraîcheur de la clim' leur flanqua un bon coup de fouet revitalisant. Le trajet fut un véritable défilé de fontaines, de bâtiments farfelus et de sosies qui ne manquaient jamais d'étonner l'Anglais. Et comme si cela ne suffisait pas, Mila ne cessait de les interpeler pour leur montrer d'autres choses de son côté, de manière à ce qu'il ne savait plus où donner de la tête. Pour finir, ils arrivèrent enfin au Montecito, un bâtiment large et peu profond, tout en hauteur et légèrement arqué dans le sens de la largeur. De magnifiques fontaines dansaient devant l'entrée où se tenaient plusieurs portiers immobiles commes des statues. L'un d'eux se dirigea vers eux, comme si soudaienement il prenait vie, pour venir leur ouvrir la porte. Si les sources d'Angela Petrelli étaient fiables, alors son fils se trouvait probablement dans ce casino en ce moment même. L'expression d'Alex ne tarda pas à en dire long à ce propos. Il avait l'air plutôt confiant.
Tout à coup, Mila s'arrêta net comme si elle venait d'avoir une révélation, et voulut prendre congé des deux hommes, prétendant avoir quelque chose à faire pas loin. C'était la première fois qu'elle venait à Vegas, et elle avait "un truc à faire", dans cette jungle urbaine ? Cela ne présageait rien de bon. Malgré les réticences d'Alex, elle insista et finit par le convaincre. Ou du moins, il se résolut à s'écraser devant les arguments cinglants de la rouquine. Il envisageait déjà un piège de la part de Sylar ; ce pauvre homme devait avoir énormément de pression sur ses épaules en ce moment-même. Involontairement, Chris lança avec nonchalance :

- Dans les films, c'est toujours quand les héros se séparent qu'ils se font buter. A moins bien sûr que Mila soit une traîtresse et qu'elle nous tende un piège.

Cela n'avait pas pour but de remuer le couteau dans la plaie, mais la plaisanterie n'était peut-être pas nécessairement la bienvenue en cet instant. Il afficha un sourire niais et les deux compères s'engouffrèrent dans le casino. Une fois de plus, une atmosphère fraiche dûe à la climatisation les accueillit. Un vigile regarda les deux hurluberlus avec méfiance. Heureusement, le Montecito faisait également office d'hôtel et leurs imposants bagages passèrent tant bien que mal. N'apercevant pas Petrelli dans les environs, Alex extirpa son portable de sa poche et composa le numéro. Son interlocuteur décrocha et il lui donna rendez-vous dans le hall du casino. Il trépignait d'impatience, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.

« Il arrive. »

Chris sentait le rythme de ses battements de coeur accélérer. Dans un sens, c'était un grand pas vers son objectif qu'il s'apprêtait à franchir. Il se rapprochait un peu plus d'Asami. Il pensait déjà à la façon dont il allait annoncer la nouvelle à cet illustre inconnu, qui était l'un des meilleurs amis de la Japonaise, tout comme Alex d'ailleurs.

- J'aimerais bien le lui annoncer moi-même si ça ne te dérange pas. Je veux dire... pour Asami bien sûr.

Alex scrutait les environs, quand tout à coup un sourire illumina son visage, resté depuis quelques heures continuellement crispé. Chris suivit son regard, à la recherche de Peter Petrelli.

Lorsque la porte du bureau de Liam Caldwell se referma derrière lui et que Sylar s'éclipsa sans raison apparente, soudainement très nerveux, Peter poussa un long soupir. Il resta là, paumé, ne sachant comment gérer la suite des événements. Il était clair qu'il s'était précipité et avait élaboré l'ébauche d'un stupide plan, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez. Dès que sa mère l'avait prévenu à propos de Claire, il n'avait pas pu tenir en place, et maintenant il manquait cruellement de pistes. Encore une fois, il s'était montré bien trop impulsif, avait agi de manière irréfléchie, et cela se retournait à nouveau contre lui. Qu'allait-il faire, à présent ? De plus, la révélation qu'il venait d'avoir et dont même Sylar ignorait l'existence, ne cessait de lui triturer l'esprit. Caldwell lui avait offert une chambre pour le nombre de nuits qu'il souhaitait, et cela faisait déjà deux jours que leur première rencontre avait eu lieux. Deux jours que Sylar n'avait pas montré le bout de son nez, plongé dans ses affaires obscures. Deux jour où plus rien ne se passait, où Peter était dans une impasse. Il errait dans le casino et dans les rues de Vegas sans savoir où chercher. Aucun pouvoir ne lui venait en aide, et Liam n'avait visiblement pas encore trouvé d'informations sur Alexis Kane et sa captive. Pete' passait son temps à sonder l'esprit des gens sans succès, et le désespoir le gagnait peu à peu. Le troisième jour, il n'eut plus la force de chercher et passa la matinée dans sa chambre, un verre de Gin à la main, fixant par la baie vitrée la ville aux mille et une lumières qui s'étendait devant son regard. Il décida ensuite d'aller voir si Sylar était dans sa chambre, avec très peu d'espoir. Il traversa le couloir d'un pas lourd. Levant les yeux au ciel, il pensa :

* Et maintenant, je suis censé faire quoi, hein ? Si le destin existe, il ne pourrait pas m'envoyer un signe, ou un truc du genre ? *

Tout à coup, son téléphone se mit à sonner :