Nombre de messages : 1125 Age : 37 Pouvoirs : Manipulation de la taille des objets/personnes Côté Coeur : Heartless Date d'inscription : 25/10/2008
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Sujet: Le Black Horse [Pv. Caïn] Mar 19 Oct - 21:48
[Passe la bête pub avant s'il y en a une ><]
Le Black Horse, petit bout de Texas importé dans la métropole, où cactus en plastique et cow-boys retraités se côtoient sur un fond entraînant de country. L'ambiance y est toujours chaleureuse et festive, hommes et femmes boivent, rient à gorge déployée et applaudissent en tapant du pied lorsqu'un audacieux décide de chevaucher le taureau mécanique pour un rodéo endiablé. Comme tous les vendredis soir, l'endroit est bondé, mais les regards se rivent soudainement vers l'entrée lorsqu'une femme aux courbes élégantes franchit la double porte d'entrée style saloon. Ses bottes et son petit bustier beige dévoilant ses formes généreuses se mêlent parfaitement à l'ambiance des lieux, mais sa beauté étonne les hommes présents dans l'établissement, inhabitués à voir entrer une aussi belle femme seule. Cette fois-ci, pas d'arme à la ceinture, seulement un Jean moulant, les bottes et le bustier ainsi que le pendentif en forme d'espadon, chargé de regrets concernant sa vie avant d'avoir fait le choix fatal : celui de revenir à New-York. Désorientée, la femme n'en laisse cependant rien paraître. Elle se dirige vers le bar d'une démarche féline sur un air de Johnny Cash, ignorant l'un ou l'autre sifflottement à son passage, et commande avec un magnifique accent anglais :
- Un Scotch, s'il vous plaît. Le plus cher que vous avez.
Alors qu'elle rejette dans son dos sa queue de cheval rapidement attachée, le barman lui lance un sourire orné de dents jaunes et hoche la tête.
- Ca arrive tout de suite, ma jolie !
Elle lui lance un regard froid et inexpressif, qui pourrait vous trancher la carotide d'un éclair.
- Tu m'appelles encore une fois "ma jolie", et tu te retrouveras avec deux orbites béants à la place des yeux, et je peux t'assurer que tu regretteras jusqu'à la fin de tes jours que "ta jolie" soit la dernière chose que tu aies vu avant de finir ta vie dans les ténèbres.
A la fois surpris et effrayé par des menaces aussi inconvenantes pour une femme aussi distinguée, le serveur déglutit avec difficulté puis s'éloigne afin de chercher son meilleur Scotch et le lui servir. Sans même s'en rendre compte, Lila pousse un soupir désespéré. Comment en est-elle arrivée là ? Jamais elle n'aurait imaginé perdre tous ses repères, ne plus savoir dans quelle direction se trouve la bonne voie à emprunter. Elle n'a pas l'intention de boire à en avoir le tournis, car elle déteste perdre le contrôle de ses faits et gestes. Mais pourtant, la situation semble lui échapper. Claire... Cette jeune femme si particulière, qui avait radicalement changé sa vision du monde. Faut-il lui venir en aide ? Kerry avait quitté son appartement, en proie aux contractions et sur le point d'accoucher, de telle sorte que leur conversation n'avait pu se terminer de manière satisfaisante. Elle avait hésité à la rencontacter, mais il était encore trop tôt. Si elle est là, dans ce bar, en ce moment, c'est uniquement pour se changer les idées, faire le vide le temps d'une soirée afin d'y voir un peu plus clair une fois l'esprit reposé. En effet, depuis son retour à New-York, elle n'a pas arrêté de voyager, rencontrer des contacts, répondre à des questions, et s'en poser davantage. De toute évidence, elle a besoin d'un peu de repos et de détente. Le barman revient et lui sert un verre de Scotch d'une main tremblante.
- Laissez-moi la bouteille.
L'homme sursaute lorsque l'aristocrate lui lance ces mots d'une voix morose.
- Très bien, se contente-t-il de dire, probablement trop apeuré à l'idée de perdre les deux boules de billard mal lustrées qui lui servent d'yeux.
La stupidité humaine n'avait décidément pas de limites. D'un coup ça fait le fier, et deux minutes plus tard ça s'enfuit en jappant, la queue entre les jambes. Pitoyable. Tout n'est vraiment qu'une question d'allure, de façade. Cruz a toujours su garder le masque d'autorité qui la rendait si impitoyable au regard des autres, cette sévérité due à l'élégance de ses origines sociales et de son éducation, mêlées à un tempérament bien trempé. La seule exception est toute récente, et c'est Bennet qui en fut la cause. Jamais elle n'aurait pensé voir ce masque brisé d'une seule bourrasque émotionnelle. Est-elle aussi pathétique que ces simples êtres humains ? N'est-elle pas si différente qu'eux, au final ? Il faut absolument qu'elle balaye ces pensées de sa tête, au moins le temps d'une soirée. Emergeant de cette introspection, elle remarque un homme seul, assis au bar, un peu plus loin. D'un sifflement, elle appelle le serveur qui accourt avec une goutte de sueur perlant sur son front orné de cheveux gris broussailleux.
- Servez un verre à ce jeune homme, dites-lui que c'est de ma part.
Ce garçon n'a à vrai dire pas l'air si jeune que ça. Il en a l'apparence, mais quelque chose en lui donne l'impression qu'il a vécu beaucoup de choses, une sensation de maturité, de grandeur, de très charismatique pour quelqu'un qui pourrait physiquement être un gosse. Il est assez intriguant, est c'est probablement la seule personne dans ce bar avec qui Lila serait à même de discuter en cette soirée d'oubli de soi. Lorsque le barman sert enfin l'inconnu, l'Anglaise lui lance un regard et lève son verre avant d'en boire le contenu d'une traite, et de le remplir à nouveau.
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Caïn Ezechiel ~~All Causes Shall Give Away : I Am In Blood~~
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Mar 2 Nov - 0:11
[En espérant que ça t'aille ; désolé pour les délais, mais je ne serais malheureusement pas super rapide... (note: je n'ai pas pu avoir internet tous les jours chez mes grands-parents, donc j'ai mis, en gros, cinq jours)]
"Une bouteille, voilà une distraction bien supérieure à la femme. La bouteille vide, c'est fini. Elle ne vous demande ni visite ni souvenir, la bouteille. Elle ne vous demande ni reconnaissance ni amour ni même de politesse."[Edmond et Jules de Goncourt] ------------------------------------------------------------------ ~~English Drunkeness~~
Alexis. Alexis Kane. Quel homme... Intéressant ! Lors de leur deuxième rencontre, il lui avait glissé un mot sur ces futurs mouvements. Caïn avait instantanément compris que le Ténébreux comptait sortir de l'ombre pour enfin se dévoiler au grand jour et appliquer sa marque sur ce monde amoral et perdu. Mais de là à penser qu'il le ferait si tôt... Alors qu'il marchait tranquillement dans la rue dans son trench-coat qu'il ne quittait désormais plus, il fut attiré par un évènement retransmis sur une chaîne d'informations. Il s'arrêta devant la boutique de téléviseurs, fixant l'écran avec une attention qui fit frémir les passants. Devant lui se déroulait un spectacle fascinant, comme on en voit que dans la vie réelle. Un petit groupe de personnes venaient de tuer le Maire de New York qui faisait un discours sur l'île où se trouvait la Statue de La Liberté. Happé par des ténèbres que l'immortel ne pouvait que reconnaitre, l'adipeux politique fut amené au sommet du crâne de la Liberté éclairant le Monde -véritable nom de celle qu'on nommait communément Statue de La Liberté- tandis qu'une voiture lévitait jusqu'au sommet. L'être qui devait avoir des pouvoirs de télékinésie ou de magnétisme sortit de la voiture et amena une caméra qu'il braqua sur l'instigateur de toute cette fascinante introduction. Un visage qui à son grand étonnement n'était pas celui d'Alexis Kane, mais bel et bien un autre qu'il n'avait plus vu depuis longtemps. Celui d'un enragé pathétique qui beuglait dans des décombres et qu'il avait un jour soigné par le plus pénible des ennuis. Rick Baneson. Il ne connaissait pas ses pouvoirs. Et il n'avait été en sa présence qu'une poignée infime de minutes, bien moins que ce qu'il faut pour connaitre véritablement quelqu'un. Aussi était-il étonné qu'un pareil falot soit au devant de la scène et qu'il soit surtout aussi bien entouré. Sans doute l'avait-il mal jugé. L'homme esquissa le début d'un sourire en coin, attendant la suite. Ce geignard serait-il capable de l'émoustiller ne serait-ce qu'un peu ? Le début de la pièce commença enfin. La première scène était un long discours qui rappelait inévitablement celui de Sylar. Mais la démarche était ici bien différente. Alors que le Serial Killer instaurait sa suprématie et celle des Spéciaux et appelait au chaos le plus total, lui faisait appel au besoin de liberté de chaque être doté de pouvoir, à la haine qui bouillonnait en chacun d'entre eux pour nourrir une seule ambition: une Révolution. Une révolution violente et excessive, réveillant les masses et ébranlant l'ordre du monde tel que nous le connaissons. Une ère de liberté pour les spéciaux. Ridicule. Comme si les spéciaux étaient capable de plus de discernement que les êtres normaux. Ce ne serait que d'autres masses grouillantes s'agglutinant autour d'un idéal flou et pathétique. Leur nom aussi ridicule que ce qu'il défendait le prouvait bien... Où donc le Prince des Ténèbres voulait mener cela ? Le maire fut violemment empalé sur l'un des piques de la couronne de la Dame de Cuivre puis soudain, Rick fut touché par une balle perdu et s'écroula. Scène à la conclusion si prévisible. Cette pièce semblait si insignifiante... Alors que Caïn allait se détourner de la télévision, un retournement de situation survint. Se retournant, l'immortel put constater à loisir pourquoi Alexis était si confiant: il possédait le sang d'un être qui pouvait se régénérer... Et il n'était pas si nombreux... Il ne voyait qu'une seule solution: Claire Bennet. La fameuse Cheerleader, celle que Sylar poursuivait avec tant d'acharnement. C'était donc cela... Enfin, cela devenait intéressant. La collaboration entre un tel gueulard et le Ténébreux et leur association en une grossière organisation révolutionnaire pro-spéciaux allaient engendrer un véritable remue-ménage digne des plus grands vaudevilles. Il lui tardait d'arriver sur la scène lui aussi.
Mais pour l'heure, il avait autre chose à faire... Son temps était fort occupé puisqu'il recherchait toujours l'infâme ordure qui avait osé assassiner Asami. Cette raclure finirait en une bouilli si ignoble qu'on ne serait dire si elle était composée à base d'un être humain... Ce n'est pas une colère brûlante et bouillonnante qui est la plus à craindre, mais bel et bien celle froide et glaciale. Elle ne souffre d'aucun repos, d'aucune pause et poursuit l'objectif de sa vengeance, de sa proie inlassablement, bête impavide ivre de carnage et vomissant des injures à la teneur de l'abject pourceau envers laquelle elles sont dirigées. Elle ne s'arrête jamais. Ne dort jamais. Elle ne le peut pas. Rien ne peut la calmer. Et même si le faciès ne la représente pas, elle est bien là, attendant son heure, glanant des indices précieux. Car, en effet, la plus grande qualité de cette colère polaire était d'être patiente. Tapi dans les plus obscurs et profonds coins de l'âme humaine, elle attendait son heure comme la bête flegmatique qu'elle était, ne se pressant pas, car elle savait qu'à la toute fin, elle tuerait sa proie... Et Caïn, chez qui les transports de la passion ne prenaient pas souvent la forme d'un violent emportement fiévreux possédait cette colère froide et hivernale. C'était avec elle qu'il vivait et c'était elle qui l'aiderait à trouver celui qu'il recherchait... Mais pour l'heure, il allait dans un de ces bouges miteux qu'on appelait communément bar. Ces endroits pullulaient de rebuts de l'humanité, de poivrots et autres insipides personnages tous plus dotés d'imbécilité crasse que les autres. Un repaire de gibiers en somme. Malgré ses actives recherches, il devait continuer à mener ses expériences sur le corps humain et il lui fallait des cobayes incessamment. Le temps manquait. Il lui fallait tester le plus de tortures possibles pour sa cible... New York était si grande que même lui qui y habitait depuis fort longtemps n'avait pas eu le temps de visiter tous ses bars, aussi innombrables soient-ils. Il y en avait autant qu'il y avait d'humains dans la ville grandiloquente et condescendante qui ne dort jamais. Après plusieurs minutes à errer dans les rues sans savoir où il allait -il souhaitait faire confiance au hasard- une musique au rythme entrainant attira son attention. Levant la tête, Caïn remarqua le nom de l'établissement. Le Black Horse. Pris d'un doute, il tendit l'oreille pour être savoir si les soupçons qu'il avait étaient fondés. Et à son plus grand malheur, ils le furent. C'était un bar country, pour les mordus du Far West et du Texas. Enfin, si le hasard l'avait mené là, ce n'était pas pour rien ; il entra.
Aussitôt, il fut accueilli par une ambiance festive et affectueuse... Qui ne lui convenait pas. Ce genre d'atmosphère ne l'avait jamais attiré et c'est avec regret qu'il s'avança dans le bar, attirant les regards par son étrange allure qui sortait plutôt d'un Film Noir que d'un Western de Sergio Leone. Il envoya son couvre-chef valdinguer sur le porte-manteau sans se retourner et s'assit comme si de rien n'était au comptoir. L'atmosphère du lieu semblait s'être figé en sa présence, les rires s'étant tus et toute l'assistance le fixant avec un mélange d'incrédulité et de mépris non dissimulé. Les Texans n'aimaient sans doute pas ceux qui sortaient du moule... Tant pis, il n'allait pas sortir pour quelques arriérés sectaires. Le barman s'approcha avec un sourire affable et jaunâtre et lui demanda ce qu'il voulait. Après une analyse minutieuse des alcools se trouvant plus loin, Caïn laissa sa voix grave résonner et le serveur put entendre sa commande: "un whisky sec. Dans un verre propre. Si tant est qu'il y en ai." La dernière remarque le rendit tout rouge et il prit machinalement un verre pour le nettoyer avant de lui tendre, penaud. L'immortel le fixa sans ciller et lui montra son verre qu'il venait de lui donner vide. Après une minute de honte imbécile il consentit enfin à remplir son office, gorgeant le récipient du liquide alcoolisé demandé. L'homme aux mille noms prit le verre et l'avala d'une traite comme si c'était du petit lait, tout en fixant le barman d'un œil glacial. Cette petite démonstration de froideur suffit à ce que les gens présents se désintéressent de lui et retournent à leur activité première. Aussitôt, l'ambiance festive revint et on eut dit que jamais Caïn n'était entré dans ce lieu. C'est précisément quelques minutes plus tard que choisit un autre natif de la verte Albion pour entrer dans ce bar. Alors que la plupart des personnes s'étaient retournés et regarder estomaqué la beauté qui venait d'entrer, Caïn ne fit aucun mouvement, se contentant de regarder dans le reflet d'un miroir celle qui venait d'entrer... Pourquoi une femme de cette qualité venait atterrir dans ce bouge minable ? Cette interrogation soudaine le tira de l'ennui où il était plongé et un mince sourire apparut sur son faciès diaphane. Son regard bleu acier suivit des yeux la démarche féline de la femme jusqu'au bar où elle prit place à quelques mètres de lui. Son apparence allant de pair avec ses goûts et semble-t-il son caractère, elle exigea le scotch le plus coûteux qu'on pouvait trouver dans le taudis aux effluves texanes et demanda même à ce qu'on lui laisse la bouteille après avoir rembarré d'une façon magistrale le barman. Cette attitude et ce caractère bien trempé lui plaisait, car ils étaient peu communs de nos jours. Les gens, abrutis et simplets, pauvres trisomiques hurlant dans un abattoir gigantesque appelé New York ne montraient plus aucun signe de révolte, ils se cantonnaient à leur quotidien morne, monotone et répétitif, complètement soumis à la société de consommation. Par ailleurs, ils finissaient par devenir eux-mêmes des produits de cette même société, si bien que l'idée même d'une quelconque liberté ne devait pas effleurer leur esprit primaire. Mais elle, elle était différente... Et sa curiosité était terriblement titillé à présent. Alors qu'il allait l'aborder, c'est elle qui lança l'offensive en lui offrant un verre.
Cette femme était décidément pleine de surprises et elle devait sans doute en receler bien d'autres... Après qu'elle ait levée son verre et l'ai bu d'une traite, Caïn l'imita puis se leva, la rejoignant de sa démarche souple. Ayant l'ouïe fine, l'immortel avait entendu la dernière phrase de l'Anglaise et lorsqu'il fut assis à côté d'elle, il lui offrit un sourire en coin moqueur tout en répliquant:
« Vous savez je ne suis pas si jeune que cela. Nous devons avoir, quoi, seulement un an de différence ? Quelques mois ? J'ai vingt-quatre ans pour être précis. »
Caïn commanda un autre scotch et choisit cette fois-ci de le siroter avec un plaisir non dissimulé. Après en avoir bu une gorgée qui réchauffa agréablement sa gorge, il reposa délicatement son verre et s'adressa de nouveau à la jeune femme, continuant à entamer la conversation. C'était une chose ennuyeuse à faire, mais s'il voulait arriver à ce qui était intéressant, il n'avait malheureusement pas le choix... Ces conventions le dégoûtaient toujours autant après quatre cent et un ans passé à les respecter scrupuleusement...
« Dans tous les cas, je suis enchanté de rencontrer une compatriote dans ce petit coin de New York, je me nomme Daniel et vous ? »
Devant les sempiternelles usages d'une rencontre qu'il devait effectuer, même quelqu'un d'infiniment patient comme Caïn finissait par mourir d'ennui et lui qui n'était pas quelqu'un d'habituellement très loquace commençait à être quasiment désespéré par la tournure si lente des choses. Lorsqu'on est forcé de faire ce genre de choses pendant plus de quatre décennies, on finit sensiblement par détester ces codes stupides et, de même, vouloir les fuir. Cherchant quelque chose du coin de l'œil sur lequel entamer une véritable conversation, l'immortel eut une idée. Il demanda au barman d'allumer la télévision et de mettre une chaîne d'informations au grand dam de la plupart des personnes présentes. Comme l'homme aux mille noms s'en doutait, ils tombèrent sur la retransmission du discours des Sons of Liberty. Tout le monde dans le bar se tut et fixa la petite télévision, à la fois subjugué et terrifié par ce qu'ils voyaient. Comme autrefois lors de la suprématie de Sylar, les gens redécouvraient l'horreur et le chaos le plus total. Encore une fois les êtres spéciaux allaient semer la graine de la discorde et le monde ne connaitrait pas de répit. Le jeu venait de commencer. Faisant mine de trahir la plus grande stupéfaction durant le visionnement du discours, à la fin de celui-ci Caïn se retourna vers celle qui lui avait offert un verre.
« Ces êtres à pouvoirs... Vous en avez déjà rencontré un ? A moins que... »
Ses lèvres s'exprimèrent en un murmure à peine inaudible dans le brouhaha qu'avait engendré les informations:
« Vous en soyez une vous-même ? Ne vous inquiétez... Vous n'êtes pas seule dans ce cas. »
Son faciès blanchâtre ne pouvait trahir son état d'esprit actuellement, car, si c'était le cas, il aurait affiché un sourire énigmatique et sybillin... Le sourire qu'il arborait lorsque une situation devenait intéressante...
Lila Cruz
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Sam 13 Nov - 0:38
[Je suis fan de ton style d'écriture Caïnou ! Terrible !!]
Comparés à l'élégance du mystérieux inconnu, les fidèles du bar au ventre bedonnant, élargissant un sourire jauni par le tabac avant d'éructer bruyamment étaient semblables à des animaux. Parfaits représentants de la médiocrité humaine, leurs gestes patauds, leur look faussement soigné et leurs attitudes dénués de tout ce qui pourrait faire d'eux des gentlemen n'avaient de cesse de rappeler à quel point l'homme était le plus pitoyable des êtres vivents. Mais l'aura de ce jeune homme intriguant inspirait un sentiment tout à fait contraire. D'une classe aussi glaciale qu'attrayante, il semblait flotter au dessus de toute cette puanteur, cette stupidité caractéristique de ce genre de bars soi-disant branchés. Aucun doute, il était Anglais. Son accent ne fit que confirmer cette déduction à l'aristocrate, lorsque l'inconnu s'avança vers elle pour se présenter. A vrai dire, il commença par la rectifier sur son âge. Sans oser se l'avouer, elle l'avait qualifié de "jeune homme" dans le seul but de savoir si ses soupçons à propos de sa maturité étaient fondés, ou s'il s'agissait simplement du fruit de son imagination embuée. Il prétendit avoir vingt-quatre printemps à son actif, autrement dit exactement le même âge que Lila. Pour toute réponse à l'expression taquine qui arborait le visage de l'inconnu, elle se resservit un verre de scotch dont elle ne but qu'une seule gorgée, cette fois. Elle n'était pas très douée pour les présentations informelles, en dehors du cadre professionnel. D'habitude, elle regardait les gens avec un certain dédain et balançait une réplique cinglante pour poser les règles du jeu dès le départ et montrer qui était l'esprit dominant. Mais face à cet homme, elle ne pouvait que garder une neutralité inébranlable, lui renvoyant son charme froid et imposant. Deux calices en cristal au milieu d'un amas de déchêts. L'homme commanda un second scotch, s'en délectant à petites doses avec une incroyable délicatesse. L'Anglaise poussa la bouteille qui trônait devant elle vers lui, de quelques centimètres seulement, d'un geste symbolique.
- La prochaine fois, n'hésitez pas à vous servir. Il n'y a que les Scotch les plus chers qui offrent des saveurs dignent des papilles les plus exigeantes. Ce serait un tort de vous en priver.
L'homme se présenta alors. Une formulation tellement artificielle qu'on l'aurait crue récitée par un jeune en formation à l'école d'hôtellerie. Ce détail sauta aux yeux de Lila, qui s'était vue octroyer des cours de bonnes manières par sa défunte mère, à un tel point qu'elle était presque capable de cerner une personnalité rien qu'en observant quelqu'un qui se présentait. Et cet homme n'était visiblement pas un adepte des formalités usuelles, politesses et autres barratins de courtoisie. Il avait craché cette phrase comme s'il avait hâte de s'en être débarrassé et de passer aux choses sérieuses. Que pouvait bien chercher un tel homme dans un endroit qui lui convenait si peu ? L'accent de l'Anglaise l'avait aussi trahie, ce qui sembla lui plaire. Il se présenta sous le prénom distingué de Daniel. A sa requête, elle se contenta de répondre non sans une certaine fierté :
- Lila Cruz, duchesse d'Abbingdon. Enchantée.
Loin d'elle l'idée de lui serrer la main comme le feraient les gens ordinaires. Un geste hypocrite et dénué d'intérêt, étant donné que l'essentiel des pensées se transmettaient par le regard. Avec un léger sourire et un infime scintillement d'intérêt dans les yeux, elle but une nouvelle gorgée de son breuvage de luxe et le considéra silencieusement. Finalement, elle n'avait pas totalement perdu la face. Cette force qu'elle croyait avoir perdue n'en avait pas fini de l'étonner, tant ses ressources semblaient inépuisables. Il lui fallait peut-être juste le temps de laisser les blessures guérir, et de penser à autre chose. Son choix concernant Claire Bennet pouvait attendre, d'autant plus qu'elle n'avait aucune information concernant les agissements d'Alexis Kane, la contraignant à attendre un signe du "destin", comme certaines auraient la naïveté de dire. Lila était quelqu'un qui vivait au jour le jour, jouissant de son indépendance comme bon lui semblait sans se laisser obnubiler par l'avenir. Suite à un petit détournement du regard, le dénommé Daniel changea soudainement d'attitude, devenant plus vif et impliqué lorsqu'il demanda au barman d'allumer le poste de télévision. Ayant compris à quels genre d'individus il avait affaire, le serveur s'exécuta sans broncher et mit la chaîne des informations, malgré les plaintes agaçantes des ignares dont le cerveau baignait dans une marre putride de bière. Lila se demanda pour elle-même s'il leur arrivait de se tenir au courant de l'actualité, où s'ils se croyaient toujours dans leur ranch perdu au fin fond du Texas dans lequel rien n'importait hormis s'en griller une au soleil avec une cannette à la main. Intriguée par la requête surprenante de la part du jeune anglais, Lila reporta son regard sur l'écran de télévision lorsque tout le monde dans le bar cessa de parler. Elle suivit avec curiosité le journal parlé lorsque tout à coup, elle se pencha en avant, ouvrant de grands yeux sous l'effet de l'étonnement. Un léger brouhaha de fond s'éleva dans l'établissement face au discours d'un groupe appelé Sons of Liberty. Ce nom était inconnu de l'aristocrate, et elle aurait presque pris le speech à la rigolade si elle n'avait pas reconnu un visage, un une silhouette, une prestence terriblement familiers. Aucun doute là-dessus, l'homme qui se tenait à côté de celui qui couvrait d'une voix puissante l'assemblée réunie autour de la Statue de la Liberté n'était autre que le maître des Ténèbres, celui qui jonglait avec les mots et tirait les ficelles mieux que quiconque, sire Alexis Kane.
- Kane...
Ce nom se répercutait-il dans ses pensées ou l'avait-elle murmuré inconsciemment ? Elle l'ignorait, mais ce qu'elle avait sous les yeux ne lui présageait rien de bon. Et ce cher Daniel qui semblait se donner un malin plaisir à observer la scène : les téléspectateurs médusés, Lila elle-même n'ayant pu dissimuler sa surprise, le silence pesant dans l'entièreté de l'établissement, et les paroles lourdes de sens de ces Sons of Liberty qui résonnaient dans toutes les oreilles. Ces images dépassaient le domaine de l'imaginable. Le Maire empalé sur l'une des pointes de la Statue, ces ombres virevoltant telles des rapaces de l'Enfer avant de fondre sur leur proie, ces balles déviées par un autre pouvoir inexplicable et, cerise sur le gâteau, la régénération de l'un des complices. Malgré le tremblement de la caméra dont le zoom avait été poussé dans ses derniers retranchements, il n'y avait nul doute sur le fait qu'un homme aux côtés de Kane -celui qui venait de terminer le discours- avait été atteint par un projectile, s'était écroulé et s'était relevé sans peine après que ses camarades l'aient examiné. L'esprit aiguisé de l'Anglaise ne prit pas moins de quelques secondes à saisir le lien avec la Cheerleader. Lila avait elle-même frôlé la mort lors de l'accident de moto, et Claire lui avait sauvé la vie en lui faisant don de son sang. C'était donc à cela qu'elle leur servait, à revendiquer leur immortalité au monde entier. Personne ne pouvait les atteindre, ils étaient immortels. Comme Sylar... Replongeant encore plus loin dans ses pensées, Lila se rappela du regard terrifié d'Angela lorsqu'elle évoquait vaguement la raison de son retour à New-York, avec cette mystérieuse gamine du nom de Mila. Des puissances dantesquent allaient probablement bientôt se rencontré, et nul ne savait ce qu'il allait en résulter. Personne, excepté Angela Petrelli. Cette même personne qui avait envoyé Kerry et une comparse dans le but d'interroger l'aristocrate. Et si, pour une fois, elle avait fait le mauvais choix ? Était-elle finalement plus concernée qu'elle ne le pensait de prime abord par cette étrange histoire ? Ce fut la voix suave et teintée d'amusement de Daniel qui la sortit de ses pensées. L'attention du garçon s'était focalisée sur elle. Il lui demanda s'il connaissait des personnes à pouvoir... ou si elle en était une elle-même. Après une brève gorgée de Scotch afin d'endurcir sa voix, elle lui lança un regard tranchant.
- Je sais pertinemment que vous connaissez déjà la réponse, Daniel. Puis-je savoir en quoi tout cela vous intéresse-t-il ?
Elle n'avait pas peur de dévoiler sa vraie nature, contrairement à d'autres êtres spéciaux. Certains avaient eu l'audace (ou la stupidité) de la rejeter, la mépriser ou lui montrer de la haine et du dégoût pour ce qu'elle était. Ces personnes là virent leur vie subitement écourtée. Mais le regard de cet homme ne montrait aucune trace de méfiance ou d'aversion. Tout à coup, la vérité sonna comme une évidence dans l'esprit de l'Anglaise.
- Bien sûr... vous en êtes un, vous aussi. J'en ai vues des personnes comme vous et moi... des centaines, peut-être même plus. Je connais ce regard teinté de curiosité. Je vous remercie d'avoir interrompu cette brève pause dans mon existence agitée, vous venez à l'instant de me rappeler que le destin nous rattrappait inéluctablement et ne nous laissait jamais de répit.
Elle soupira et termina son verre, sans le remplir cette fois. Elle désirait avoir l'esprit lucide pour cette conversation qui prenait une tournure plus qu'intéressante.
- Enfin, je suppose que je vais devoir faire avec. Alors, dites-moi "Daniel", qu'est-ce qui vous amène réellement dans le coin ?
Dernière édition par Lila Cruz le Dim 21 Nov - 18:17, édité 2 fois
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Dim 28 Nov - 21:36
[En espérant que tu trouves ce post aussi bon que le premier . Désolé de l'attente. Et en espérant qu'il y ai assez pour ta réponse aussi.. owo... ; Note: je kiffe aussi ton style et je kiffe Lila. x)]
"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire."[Guillaume Apollinaire] "L'alcool décape la petite couche de bonheur peinturluré pour découvrir la patine d'un matériau doux, uni, pâle comme la tristesse."[Michèle Mailhot] --------------------------------------------------
Le premier mouvement que fit la jolie femme qui se trouvait à ses côtés annonça quelque chose de capital pour la suite: elle n'était pas complètement asociale. Non pas que lui-même ne l'était pas, ou qu'il détestait ce genre de personnes, mais pour pouvoir converser, il fallait être au moins deux. Même les schizophrènes étaient deux après tout. Aussi, la voir effectuer ce type de mouvements que n'importe qui pouvait apprécier était une aubaine non négligeable. Au moins, si ce genre de problèmes avait envahi une infime seconde son esprit, cela n'était à présent plus le cas. Bien, la barrière de la langue pouvait donc être franchi sans aucun problèmes. Dans le cas contraire, cela aurait pris plus de temps. Du temps précieux. Ce geste symbolique montrait qu'elle acceptait la conversation et qu'il pourrait la mener là où il l'entendait... La discussion s'annonçait intéressante. Il accepta volontiers la bouteille d'eau-de-vie de grain d'un signe discret de la tête et écouta avec attention ces paroles sur l'alcool. L'alcool était un élément puissant et étrange, si ancré dans notre quotidien que parfois on oubliait les ravages qu'il causait. Eau-de-vie, digestif, tafia, gnôle, boisson, liqueur. Tant de noms donnés pour finalement la même chose, le même effet recherché, la même envie. Celle de l'ivresse. La toute-puissante, celle qui vous emporte, vous broie, vous détruit, vous fait goûter à des voluptés insoupçonnées; nos sens sont ravis, sublimées dans un état différent pour tous, bien que nous gardions une certaine lucidité. Certains pleurent. D'autres sont violents. Dans notre gosier pourtant, nous ressentons tous cette délicieuse chaleur qui glisse le long de notre gorge et notre cœur et notre corps qui se réchauffe, nos membres se retrouvant tels des geignards hyperactifs qui ne savent plus quoi faire pour s'occuper. Et nous sommes emportés, impuissants, face à un démon qui échappe à notre compréhension. Ce démon de la soif attise parfois les vices déjà présents chez l'individu et lui font commettre des erreurs, les expressions de ses fantasmes les plus crasseux et les plus sales ressortant alors pour l'assaillir. Combien de personnes, sous l'effet de cet élixir aliénant n'ont-ils pas violer, violenter, tuer, blesser, injurier leurs ami(e)s les plus proches ? Et quelles raisons donnèrent-ils aux juges et à leurs proches ? "J'avais bu." Deux mots dit d'un air coupable et enfantin, qui sonnent pathétiquement à l'oreille. C'était ce genre de breuvage qui avait tué des millions de colonisés lors des invasions européennes. Ironique n'est-ce pas, que seul l'homme civilisé noie son existence dans l'alcool et qu'il soit le seul être à boire souvent plus que de modération, pour satisfaire ses instincts primaires et bestiaux ?
Elle se présenta comme étant Lila Cruz, la maîtresse du duché d'Abbingdon. Ainsi, elle se trouvait être aussi de sang noble. Dame Hasard était-elle donc tant satisfaite de ses représentations qu'elle ne cessait de lui octroyer des coups du destin que feu Michel de Nostradame -dit Nostradamus- lui-même n'aurait pu prédire et écrire dans ses fameux almanachs ? Alors que la plupart des gens se débattaient pour atteindre leurs objectifs, lui n'avait besoin que de laisser sa chance et son expérience opéraient simplement. Il n'avait rien à faire. C'était comme si toutes les actions d'autrui n'aboutissaient que pour lui permettre de mener à bien ses propres projets. Il n'existait aucune coïncidences. Absolument aucune. Elles n'existaient pas. Tout n'était qu'orchestrée par la grande roue du Destin et par ce torrent boueux que l'on appelle Destinée. Parfois, nous trébuchions et nous tombions dedans, emportés par son courant si fort et si irrésistible que personne ne pouvaient y résister. Alors, tout ce que nous pouvions faire était de sortir la tête de la fange, espérant pouvoir ne serait-ce qu'un fugace instant respirer. La question était de savoir où était sa place dans ce cas. La réponse était simple. Comme une pluie battante qui rafraichit les idées. Il se trouvait sur la berge, la face fendu d'un sourire, lorgnant la plèbe essayant de vainement se débattre. Jubilant. Peut être que si celui-ci avait été plus près, il aurait tenté de le noyer qui sait ? Après tout, il n'était plus le Caïn conciliant qu'Asami avait connu. L'homme aux mille noms au lieu de régresser et de redevenir celui qu'il était, avait évolué en une forme bâtarde, ignoble, indéfini. Un nouvel être qui suintait la mort, la haine et le ressentiment. Auparavant, il n'aurait pas craché sa phrase comme un bélître. Auparavant, elle serait sortie de sa bouche, suave et entêtante, tel un parfum de femme qui nous aguiche et dont on sent encore la sublime odeur sur les draps. Même la jeune femme qui lui faisait face l'avait remarqué. Elle avait vu un infime instant à travers son jeu. Une erreur qui pourrait lui coûter extrêmement chère. Mais elle continua et Caïn, du coin de l'œil guettait sa réaction lorsqu'il mit le programme télévisé, tout en sachant bien ce qu'il y verrait. Et elle ne déçut aucune de ses espérances les plus insensées.
Son faciès exprimant la plus grande surprise et son âme exprimant la plus grande satisfaction, les réactions de ceux qui étaient dans le bar plurent, véritable grêle de grognements étonnés, de colère teintée de peur et de bouches ouvertes d'ahurissement. Et Lila Cruz, duchesse d'Abbingdon, n'échappa pas à cela. Personne ne pouvait y échapper. Après tout, même lui avait été quelque peu surpris par la démarche d'Alexis Kane et par le discours des Sons. Arrivant à cerner ne serait-ce qu'un peu le Ténébreux, il n'aurait jamais cru que celui-ci se montrerait sur le devant de la scène, son royaume d'ombres ne s'y prêtant guère. C'était pour cela qu'Alexis était quelqu'un d'extrêmement intéressant. C'était pour cela que malgré sa répulsion pour eux, l'humanité arrivait encore à le fasciner. A le faire douter. Tant qu'ils montreraient des situations intéressantes comme celles-ci, il consentirait à jouer son rôle. Le rôle qu'il jouait depuis des décennies. Tantôt dans l'ombre, tantôt dans la lumière. Du coin de son œil bleu, il observait la scène avec une tranquille assurance, se délectant des visages et des expressions faciales. Expressions qu'il connaissait sur le bout des doigts pour arborer continuellement un masque où il devait constamment les reproduire. Peu de personnes n'avaient eu la chance de le voir faire un véritable sourire, seule Asami ayant peut être été la seule à pouvoir assister à cela du temps de son vivant. Ce qu'elle murmura ensuite et ce qu'il fut le seul à entendre lui montra qu'il avait eu raison de se rendre dans ce bouge. Kane... Ainsi, elle le connaissait. L'avait rencontrée. Elle devait donc comprendre fort bien l'étendue du désastre qui s'annonçait si le maître de l'obscurité prenait part au projet des Sons Of Liberty. Il joua son rôle et finit par lui demander si elle connaissait des êtres à pouvoirs, tout en connaissant pertinemment la réponse. Oui, il l'avait remarqué tout de suite. Une simple intuition chez autrui était pour lui un adage auquel il ne fallait pas déroger. Elle était stupéfaite par le discours, mais pas complètement abasourdi, ne croyant pas absolument ce qu'elle venait d'entendre. Comprenant, à la différence des rustres qui beuglaient dans l'établissement pour alcooliques, totalement ignorants. C'était une des leurs, sans aucun doute.
Après avoir bue une une gorgée pour se donner quelque consistance et pour avoir un peu plus de contenance, Lila Cruz lui répondit d'un ton brusque. Signe qu'elle avait l'habitude d'avoir le dessus sur les autres dans une conversation. Apparemment, dans l'éducation qu'elle avait reçue en tant que Duchesse, personne ne semblait lui avoir appris la plus humble humilité et il s'imaginait sans peine la voyant ridiculiser verbalement des personnes pour son simple plaisir personnel. Après tout, c'était normal, personne n'était parfait. Même pas lui. Suite à son arrogance, l'immortel put contempler son courage et son sang froid. Contrairement à la plupart des spéciaux qui auraient paniqués suite à cette question, elle, elle y avait répondu sans l'ombre d'une hésitation, pleinement consciente de ce qu'elle impliquerait. Souriant sans ciller pendant que les jolies lèvres purpurines de celle qui était assise à ses côtés parlaient, Caïn pensait combien il avait eu de la chance de se rendre en ces lieux. Décidément, il ne faisait rien au hasard. Vint enfin son tour de s'exprimer.
« Voilà pourquoi je n'ai pas répondu, je savais que vous saviez vous aussi la réponse. » Lança-t-il d'un ton légèrement sardonique.
Il prit son verre et le finit en une gorgée, puis le remplit à nouveau de l'élixir alcoolisé, optant pour le scotch couteux que Lila lui avait précédemment si gentiment proposée.
« Bien entendu que j'en suis un. Lorsqu'on demande quelque chose à quelqu'un, c'est généralement parce que cela nous concerne également, non ? Quant au Destin, "Nous ne choisissons point. Notre destin choisit. Et la sagesse est de nous montrer dignes de son choix, quel qu'il soit." C'est une citation de Romain Rolland, un écrivain français mort une année avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Tout cela pour vous dire une rengaine bien connue: ne tournez pas le dos à vos problèmes et... »
Il leva son verre, dans lequel l'alcool tournoya.
« N'allez pas vous noyer dans l'alcool. Ce serait dommage qu'une jolie femme telle que vous se réveille à côté d'un butor Texan le lendemain, vous ne croyez pas ? »
Pour l'instant, il avait éludé une partie de ses questions, mais, après tout, il lui devait bien une réponse.
« S'il vous plaît, ne dites pas mon prénom avec si peu de considération... Pourquoi je suis là ? Je pourrais vous retourner la question. Je pense que je suis là pour la même raison que vous, enfaite. C'est parce que je m'ennuyais. Et j'étais sûr, qu'en laissant le hasard me guidait, je tomberais sur quelque chose qui éveillerait mon intérêt -j'avais raison. »
Il lui sourit encore une fois, puis sirota son verre. Prenant la bouteille, il la tendit vers le récipient translucide de la Duchesse, signe que faisait l'homme pour savoir s'il devait la resservir. La réponse vint en un mouvement de tête horizontale allant de gauche à droite. Le verre fumé teinta lorsqu'il le reposa délicatement sur le bar, puis, la mine curieuse, Caïn demanda:
« Vous parliez, lors du discours de ces fanatiques, d'un certain Kane... Qui est-ce ? »
La conversation pouvait réellement commencer.
Lila Cruz
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Jeu 2 Déc - 3:51
Cet homme était un génie de metteur en scène, comme si le bar tout entier était le fruit de sa seule imagination d'artiste. Il semblait orchestrer chaque détail de manière à ce cette mécanique bien huilée fonctionnât comme il le souhaitait. Rien ne l'étonnait, rien ne lui arrachait un seul semblant d'émotion. Tout était fabriqué, tel un vulgaire décor planté là dans le seul but de donner forme à cette rencontre improbable. Ayant grandi en milieu aristocratique, la jeune femme n'avait guère de difficultés à déceler ce genre d'hommes, tirant les ficelles avec une précision remarquable, manipulant les faits à sa guise, comme si rien ne lui était laissé au hasard. A vrai dire, en temps normal, Lila faisait partie de ces personnes. Elle aimait tout contrôler, tout régler à sa façon, manipuler les gens et influencer le destin. Mais le fait était que sa présence ce soir-là était, exceptionnellement, dûe à la seule raison d'un moment de détente, d'une pause où elle mettait de côté ses principes et comportements entêtés. Il s'avérait que cet homme la remplaçait admirablement bien, tenant les rênes de la conversation d'une main gracieuse. Dans un sens, cela plaisait à la demoiselle, car il ne l'avait pas tout à fait cernée. Certes, elle avait laissé transparaître sa surprise à la vue de Kane, encore affectée par la disparition de ce seul être envers lequel elle avait daigné éprouver des sentiments naissants, et le ténébreux était celui qui la tenait captive. A vrai dire, il était à la source de sa présence dans ce bar miteux, en ce soir-même. Pourquoi ne serait-elle pas le grain de sable dans cette mécanique bien huilée, cet imprévu qu'elle a l'art de constituer aux yeux des autres, avec une classe sans égal ? L'Anglais en face d'elle répondit par l'affirmative à sa question -qui ressemblait davantage à une déduction- citant un auteur français pour illustrer sa croyance en le Destin. Par la même occasion, il lui conseilla de ne pas tourner le dos à ses problèmes et d'éviter de se noyer dans l'alcool. La belle Britannique laissa échapper un petit rire sarcastique. Il semblait en effet qu'il ne l'ait pas totalement cernée.
- Détrompez-vous, je suis loin d'être ce genre de femmes. Le seul homme à s'être jamais réveillé à mes côtés n'est plus de ce monde.
Dans cette phrase émergeait un brin d'amertume. Lila était une femme qui vivait en harmonie avec son passé, apprenant sans cesse à en tirer des leçons. Ainsi, la mort de son père ne l'affectait pas de ce sentiment que le commun des mortels appellerait tristesse. Cette nuit-là, elle avait dormi dans sa chambre d'hôpital, la main du vieil homme délirant dans la sienne. Au matin, son état s'était détérioré, il ne savait même plus ce qu'il disait. Regardant sa fille avec ses yeux vitreux bordés de larmes, il marmonnait : « Vous... Vous travaillez ici ? ... Z'êtes bien belle... Radieuse... ». La jeune femme mima alors un sourire reconnaissant et tourna les talons avant de quitter la chambre, définitivement. Elle ne revint que quelques mois plus tard, revenant de son entraînement au Japon pour assister aux obsèques de feu Richard William Cruz. Ce n'était guère une fuite de la réalité, non. Au fil des années, elle avait fini par considérer sa famille comme un fardeau, un poids qui pesait sur sa vie et son épanouissement personnel. L'hospitalisation de son père fut comme une délivrance, tombant pile à sa majorité. Elle n'y avait pas réfléchi à deux fois, ambitieuse et mûe par la volonté de devenir plus forte, plus riche, plus complète. Tout cela lui paraissait bien loin à présent, elle avait fait un sacré bout de chemin pour en arriver dans ce bar. C'était d'ailleurs le sentiment d'éprouver pour la première fois de sa vie des regrets qui l'avait menée dans cet établissement. Jamais le passé ne l'avait affectée de cette manière, d'où l'importance de faire le point. Elle sirota quelques gouttes de scotch du bout des lèvres et haussa les épaules, souriant en hochant la tête.
- Le Destin est un concept que nous nous sommes inventer pour renier la responsabilité de nos actes. C'est nous qui écrivons le monde chaque jour, Daniel. Nous sommes maîtres de notre existence, et parfois même de celle des autres. Mais ne pensez pas que je suis ici pour noyer mes problèmes dans l'alcool. D'ailleurs, qui vous dit que j'ai des problèmes ?
Elle ponctua sa phrase d'un petit clin d'oeil provocateur.
- Quoi qu'il en soit, Monsieur Je-vois-clair(e)-en-toi, je ne suis ici que pour prendre une brève distance sur ma vie, faire le point. Ce n'est qu'en analysant la partie que l'on trouve les bons pions à bouger. Ou, pour tremper dans une métaphore plus artistique, c'est en prenant du recul par rapport à son tableau qu'on décèle les zones à retoucher. Bref, vous l'aurez compris, je ne suis pas ici pour passer le temps. J'ai encore pas mal de choses à régler, mais il serait idiot de se précipiter.
Elle entreprit de porter son verre à ses lèvres, puis se souvint des paroles de son interlocuteur. Elle n'était pas du genre à sombrer dans l'alcool au point de perdre tout contrôle d'elle-même, et dans un sens les mots l'avaient affectée. De toute manière, elle ne comptait pas sortir ivre de ce bar, elle s'en était fait la promesse dès son arrivée. Son désir de lucidité l'emportait sur le besoin de faire un break. Elle n'avait nul besoin de ce breuvage aliénant pour se changer les idées. D'un air nonchalant, elle plongea ses yeux marrons dans ceux du jeune homme. Celui-ci semblait de toute évidence présenter un intérêt tout particulier à ce discours des dénommés Sons of Liberty, dont le discours sur la liberté avait très ironiquement été saupoudré d'une versée de sang violente et ressemblant plus à un acte dictatorial qu'autre chose. Des « fanatiques », comme le disait cet homme. Cela n'était pas totalement faux, à en entendre leurs propos. Après lui avoir proposé un autre verre, l'Anglais l'interrogea sur ce Kane, et Lila en vint à s'interroger sur ce qui pouvait intéresser un tel homme en la personnalité du Ténébreux. Peut-être qu'en creusant le sujet davantage, elle en apprendrait davantage sur ses intentions.
- Alexis Kane est une personne difficile à cerner. Il est éloquent et à la fois distant, il ne dévoilera ses sombres desseins que s'il en a décidé ainsi et pas autrement. A vrai dire, je n'ai aucune idée sur ce qu'il a l'intention de faire, mais à en croire certaines personnes, cela n'augurerait rien de bon pour notre bonne vieille humanité.
Elle s'accouda en se penchant vers l'homme, sans pour autant baisser le ton. Son regard se voulait plus grave, pénétrant, comme s'il désirait captiver l'attention d'un manière inébranlable. Sa beauté avait de quoi faire chavirer des coeurs, mais elle savait que la personne qui se tenait en face d'elle n'avait rien d'ordinaire et ne portait d'intérêt qu'à ses propos.
- J'ai travaillé pour lui, je l'avoue. Mais ce n'est pas pour autant que j'en sais quelque chose à propos de ces Sons of Liberty. J'avais pour seule mission de lui livrer quelque chose...
Le sentiment d'avoir trahi la Cheerleader revint alors au galop, dévalant la scène de son subconscient en balayant tout le reste sur son passage, de façon à ce qu'elle se reprit quasi instantanément, comme s'il s'agissait d'un réflexe :
- Quelqu'un, en fait. Une gamine dotée du don de régénération cellulaire. Je pense qu'ils l'exploitent dans le but de se régénérer. Être immortel, quoi de plus attirant pour des mégalos dans leur genre, vous ne trouvez pas ?
Voyant l'expression de son interlocuteur se figer en un faciès indescriptible, Lila eut un petit élan de joie : il ne le montrait pas, mais elle avait réussi à le piquer au vif, elle en avait la plus profonde certitude. Restait à continuer sur la bonne voie, même si sa chasse aux informations ressemblait plutôt à une partie de colin-maillard.
- Ca ne lui ressemble pas de se montrer au grand jour devant le monde entier. Je pense que, dans un sens, on peut dire que l'heure est grave. Cet homme peut manipuler n'importe qui comme bon lui semble, y compris les foules. Estimons-nous heureux qu'il n'ait pas lui-même prononcé le discours, bien que le bas peuple n'aurait pas saisi grand chose à son charabia philosophique. Mais sachez qu'il est aussi charismatique que dangereux, j'en ai fait moi-même l'expérience. Il pourrait faire ployer le plus solide d'entre nous sans la moindre difficulté.
Elle se redressa et replaça une mèche derrière son oreille en souriant froidement.
- Au fait, j'y pense... J'espère pour vous que vous n'êtes pas l'un de ses espions, dans quel cas je serais confuse de devoir abréger cette charmante petite discussion de manière plutôt brutale.
Caïn Ezechiel ~~All Causes Shall Give Away : I Am In Blood~~
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Jeu 6 Jan - 0:54
[Je t'annonce que je ne répondrais pas de sitôt, en tout cas pas dans la semaine de mon retour de mon voyage en HIDA. Encore une fois désolé du temps mis, ridiculement long. Prends ton temps pour répondre, en espérant que la mienne soit satisfaisante.]
"Je crois qu'il n'y a pas un seul sujet qui soit en dehors des limites pour un metteur en scène." [William Friedkin] "La vraie différence entre la mise en scène et l'écriture, c'est que le metteur en scène imagine sur l'imagination d'autrui." [Louis-Charles Sirjacq] ---------------------------------------------------------
Radiohead~~Lucky
Fascinante. Cette femme était réellement fascinante. Enfin, il rencontrait un membre de ce sexe qui ne l'irritait pas ou qui ne lui faisait pas pitié. Asami n'était bien entendu pas le genre de femme a entrée dans ses deux catégories, mais elle était morte et continuer à parler d'elle en tant qu'autre chose qu'un bout de chair aimée, cependant froid et inerte (et surtout introuvable) aurait été pure bêtise. Lila Cruz. Un nom qu'il n'oubliera pas de sitôt. Ils venaient de faire à peine connaissance et déjà, il avait le plus profond et tordu respect pour elle. Une vision admirativement étrange que seul son esprit était en mesure de décoder sans mourir de la plus ignoble des folies. Elle n'était ni manichéenne, ni arrêtée sur quelque chose de précis. Était-elle mauvaise ? Bonne ? Quelle importance avaient ces valeurs désuètes ? Elles ne s'appliquaient pas à elle. Et sûrement pas à lui. Ils n'étaient que deux êtres dans un bar qui conversaient, peu importe quels étaient leurs camps après tout. Une sorte de connivence les liaient intiment, l'accord secret de leurs mystérieuses connaissances. Elle était une interlocutrice brillante, inventive, qui savait réagir. Il y avait si peu de personnes comme elle, que la duchesse se trouvait être d'autant plus intéressante. Néanmoins, lorsqu'elle répondit à sa taquinerie -qu'elle avait semble-t-il pris au sérieux- l'homme put lire une lointaine et profonde amertume dans ses mots. La phrase n'avait pas été dite avec peu d'intérêt, mais révélait un souvenir qui la troublait encore. Quel était donc ce souvenir, ce ressentiment qui l'a hantée au point de baisser sa garde ne serait-ce qu'une brève seconde devant lui, devant un parfait inconnu ? Comment une femme qui semblait être si forte, si fière et qui avait eu l'éducation qui allait avec son titre pouvait elle montrer ses sentiments si facilement ? Était-ce le souvenir d'un ancien amant qui refaisait surface ? Ou alors sa mémoire lui infligeait-elle quelques épisodes particulièrement douloureux de son passé ? Avait-elle perdue un amant comme le laissait croire sa phrase ? Un membre de sa famille ? Ou était-ce encore plus dramatique que cela ? Personne, pas même lui, n'aurait pu dire quelle était cette peine qui l'affectait... Mais n'était-ce pas plus mal ? Après tout, s'il connaissait tout d'elle déjà, toute leur conversation n'aurait été qu'un fatigant et diabolique jeu de dupes qui n'aurai suffi à son amusement que quelques pauvres minutes de son temps...
Cependant, de ce sentiment si insondable, elle ne laissa rien paraître et après avoir bue une gorgée d'alcool, ses épaules se haussèrent et sa voix, aussi amicale que son sourire, répliqua à sa citation sur le Destin. Intéressante si elle en est, son point de vue ne faisait que corroborer ce qu'il pensait déjà: elle n'était pas femme à se laisser à se laisser marcher sur les pieds. Ou plutôt, elle avait sa propre opinion et elle s'y tenait avec une rigueur étonnante, sachant qu'à cet âge là, les jeunes adultes étaient plutôt volatiles par rapport à leurs idéaux. Caïn appréciait enfin d'avoir une discussion où il ne menait pas la danse, où il n'était pas le chef d'orchestre, cantonné à jouer cette partition frustrante qu'il connaissait sur le bout des doigts. Lui qui voulait tant être un simple spectateur, lorsqu'il rencontrait autrui, les choses l'amenaient à endosser souvent le rôle d'un comédien. Et quelle comédie ! Singer des états d'âmes dont ils n'avaient rien à faire, faire semblant, toujours, sans arrêt et cela pour finalement rien en retour... Et partir, un faux sourire sur les lèvres, l'âme ayant subi la monotonie de toute une vie. Mais pas elle. Elle, elle ne lui faisait pas cet effet là. Lila Cruz n'était pas un être humain ennuyeux et cela, il allait s'en rendre compte au fil de ses réponses. Ce qui l'intéressait présentement était sa conception différente du Destin. La Duchesse disait que celui-ci n'était que pure chimère inventé par l'homme pour nier leur responsabilité et que chaque personne était responsable de ses actes et dirigeait son existence. Caïn sourit intérieurement face à cette naïve approche de l'homme. L'Humain, un être capable de se prendre en main, capable de parvenir à diriger sa vie ? Depuis quand ? L'homme était un animal affamé qui tuait pour tous les prétextes possibles et imaginables, il était donc dépendant du sang. Et de ressources qu'il n'avait pas. L'homme était un être individualiste, mais sociable. Ce paradoxe entrainant un rejet de la solitude et une valorisation dans notre société d'une famille. L'homme était donc dépendant du paraître et des autres. L'homme était autrefois un nomade, mais il s'est sédentarisé, parce que cela lui permettait de mieux vivre. Et parce qu'ainsi, il pouvait consolider le groupe de personnes qui gravitait autour de lui, jusqu'à former des villages, des villes, des cités, des pays, des mégalopoles. L'homme était interdépendant et avait besoin de confort. L'homme avait besoin donc d'obtenir des choses. Le troc laissa place à un système monétaire. Système qui accentua l'avarice et la cupidité, système qui déclencha des crises mondiales, qui tua des milliers de personnes de pays "civilisés" dans les famines. L'homme, conduire son destin ? C'était faux. Irrémédiablement. L'être humain n'avait aucune excuses et sa longue suite d'échecs l'attestait. De ce fait, comment penser que l'homme était capable de diriger son propre destin, n'était soumis à aucune fatalité, que les évènements s'enchainaient dans un rythme aliénant et dans un monde absurde ? Non pas qu'il pensait que tout était déjà décidé à l'avance, mais pour lui certaines rencontres n'étaient en rien des faits du hasard. Le futur était toujours fluctuant, incertain et pouvait être compris à de nombreux niveaux. L'Immortel ne pouvait que rire devant les efforts de l'homme pour recoller les morceaux de sa société. Ou pour essayer de justifier hypocritement ce qui s'y passe. Cependant, il ne pouvait en vouloir à la charmante jeune femme d'avoir une conception si tronquée de ce qu'était la Réalité. Après tout, elle n'avait qu'une vingtaine d'années...
« Je ne cherchais aucunement à faire votre psychanalyse. Ce ne serait de toute façon que des déductions et des hypothèses, bien loin de représenter votre réel psyché. Je m'excuse si cela vous a offensé. »
Ce qu'elle lui révéla par la suite fut si inattendu que cela réussit à briser le masque de l'aimable ami de comptoir qu'il s'était forgé face à elle. Et comme il le pensait, le Destin avait encore opéré en sa faveur. Elle n'avait pas simplement rencontré Alexis Kane. Tout comme lui, elle avait tenté de percer sa nature profonde et en avait retiré une analyse surfaite, mais véridique. Elle avait en effet réussi à le comprendre ne serait-ce qu'un peu -chose plus difficile qu'il n'y paraissait- montrant qu'elle était loin d'être bête. Si Caïn avait raison -et ses raisonnements étaient rarement dans le faux- Lila Cruz n'était pas une de ces personnes croyant encore en la souveraineté de la Démocratie, des citoyens, de notre société. Elle semblait être le genre de personnes a avoir dû supporter la véritable face du Monde, jusqu'à en être rebutée. Était-ce donc pour cela qu'elle se révélait provocante dans ses propos, était-ce pour cela qu'elle avait l'air de maîtriser d'habitude les conversations, de s'imposer ? C'était sans aucun doute sa manière d'appréhender ce monde absurde sans sombrer dans la plus grande folie ou la plus terrible dépression. Chacun avait ses méthodes. L'humour. L'alcool. La drogue. Le meurtre. La Folie. La Mort. Seuls les êtres ayant compris tout cela et l'acceptant pleinement, sans recourir à aucune de ces méthodes étaient ceux qu'on pouvait réellement appeler des sages. A l'instar d'Alexis Kane et de lui-même qui comprenaient la vérité. La Duchesse possédait également cette intelligence, cette compréhension, mais elle la refoulait, croyant peut être encore ne serait-ce qu'un peu à ce monde. Il est vrai que répudier, rejeter tout ce qu'on vous inculquait depuis votre naissance n'était pas une chose aisée. L'immortel était sans doute le seul à voir ce monde corrompu, cette fange ignoble et à ne pas détourner les yeux d'horreur devant cet asile de fous dépravés et de trisomiques se complaisant dans leur vie monotone et sans intérêt ou se noyant dans les plus crasseux des vices. La jeune femme, bien qu'ayant sans doute moins de vingt cinq ans, semblait en avoir vu assez pour toute une vie. Son existence n'avait dû être qu'une suite de désillusions toujours plus violente, jusqu'à la rendre blasée.
Elle lui expliqua ensuite sa réelle implication avec Alexis Kane et les liens qui les unissaient, bien qu'encore flous, étaient loin d'être inintéressants. Sa révélation n'était en effet pas rien: elle avait travaillé pour le Ténébreux, lui livrant Claire Bennet sur un plateau d'argent et condamnant par la même occasion le Monde. S'était-elle rendue compte de ce qu'elle faisait à ce moment là ? Qu'avait-elle ressentit ? Était-ce pour cela qu'elle était ici ? Le remord, terrible ennemi des meurtriers commençait-t-il à faire son obscur office ? Même Caïn face à cette nouvelle pour le moins terrible se figea un fugace instant - infime seconde qui ravit d'ailleurs la jeune femme face à lui- et imagina ce que pouvait maintenant faire Alexis Kane avec l'immortalité dans son camp... Un champ quasiment infini de possibilités s'offraient à lui. Il comprenait mieux à présent pourquoi il se montrait alors que ce n'était pas vraiment son apanage d'être une star des médias. Ses précédentes hypothèses s'avéraient juste. Les pièces de puzzle étaient placés doucement, mais sûrement, une par une, commençant à dévoiler l'apocalyptique motif que le Destin avait crée. Ainsi, la responsable de toute l'affaire était celle qui se trouvait devant lui, Lila Cruz et qui ne semblait pas comprendre la situation dans laquelle elle avait plongée le Monde. La situation, si elle n'était pas diablement attrayante pour l'immortel était tout de même dramatique. Et alors que le Monde courait à sa chute par sa faute, la jeune femme se retrouvait à faire ami-ami avec un parfait inconnu dans un bar Texan miteux et infâme... L'ironie du sort n'était-elle pas évidente ? La voix de celui qui s'était donné beaucoup de noms se fit entendre enfin.
« Et vous me tueriez ici, devant une foule de témoins et ce pour une raison si stupide qu'elle en devient risible ? Si je ne m'abuse, n'est-ce pas vous qui avez donné à Alexis Kane l'immortalité ? Et vous me parlez ensuite d'éradication de ses sbires, alors que vous êtes vous-même responsable ? N'est-ce pas totalement absurde ? »
C'est d'un ton froid et implacable qu'il avait lancé cette réplique et tout le long son sourire s'était étiré en un masque goguenard qui barrait son visage. Il continua.
« Inutile de vous mentir. J'en sais évidemment bien plus que je semblais l'admettre -enfin, vous aviez des soupçons ; j'ai rencontré par deux fois Alexis Kane en chair et en os. D'une certaine manière, je peux le comprendre, lui et son fameux "charabia philosophique". Sommes-nous du même camp pour autant ? Non, absolument pas. Ce serait bien trop facile, Lila Cruz. Je me place toujours du côté qui me donnera le plus de divertissement et ce n'est pas à ses côtés que je l'affronterai dans ce grand jeu de dupes qu'il prévoit de faire. Quant à votre remarque sur son charisme... Sachez que vous l'êtes aussi, Lila Cruz et que, si vous vous en donniez un tant soi peu la peine, il vous serait plus aisé que vous ne croyez de ne pas ployer devant lui justement. Je n'ai jamais compris l'attrait qu'on porte à la flagellation moral et la sous-estimation, excusez-moi donc de ne pas partager votre avis sur ce point. »
Sa voix s'était faite à nouveau calme et chaleureuse et il but d'un trait l'alcool dans son verre avant de se resservir et d'avancer la bouteille vers le récipient translucide de la Duchesse et ancienne membre de l'O.W.I.
« Encore un verre, peut être ? »
Lila Cruz
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Sam 8 Jan - 22:02
[Bon, je publie déjà ma réponse, mais étant en exams jusqu'au 20, prends ton temps pour répondre, ça presse pas (encore) ^^]
Tuer. Ôter la vie à quelqu'un, des décennies d'existence réduites à néant, des efforts, des réseaux sociaux et des souvenirs perdus à jamais. La temporalité a quelque chose d'attrayant et de troublant à la fois. Elle a le pouvoir de faire disparaître n'importe quoi ou n'importe qui, du simple insecte à l'espèce entière en passant par des astres ou encore des systèmes, voire des galaxies. L'être humain n'échappe pas à cette règle terrifiante, frappé par la tragédie de son existence fragile et éphémère, malgré sa volonté de domination et de toute-puissance absolue. Mais il se pourrait bien que les choses changent dans les années à venir, depuis que l'immortalité a fait son apparition. Certes, l'homme est capable de s'adapter incroyablement vite à son environnement, mais il est tout de même surprenant que certains d'entre eux arrivent désormais à défier le plus terrible adversaire : le temps. Chacun vit avec la conscience qu'un jour, son existence s'arrêtera. C'est la condition même de l'être vivant, le contrat qu'il a signé en naissant et en acceptant de vivre. Cette ambivalence innée est à la base de tous les comportements et phénomènes observables dans la nature : amour contre haine, pulsions de vie contre pulsions de mort, bien contre mal, jour contre nuit,... Il n'existe point de chaud sans froid, de paix sans guerre ou d'homme sans femme. Certains parlent de perpétuel opposition entre deux pôles, deux entités adverses. D'autres évoquent plutôt la métaphore d'un équilibre naturel maintenu par des forces supérieures, telles que l'avaient déjà conté les Grecs au travers de l'histoire de Gaia, mère de la Terre stable, solide, et Chaos, maître du désordre et de la confusion. Et qui enfantèrent-ils ensemble ? Le Titan Chronos, nous ramenant à nouveau vers cette notion désarçonnante de temps. Lila connaissait aussi bien la vie que la mort. Elle avait déjà vécu en harmonie avec les deux, pouvait construire aussi bien que détruire, et ôter la mort sans arrêter de vivre. Elle fut presque offusquée par la réponse hautaine de ce Daniel. Bien entendu, elle n'allait pas l'exterminer sur place s'il s'avérait qu'il obéissait aux ordres de Kane, même si cette possibilité semblait peu probable. Elle savait comment traquer une proie à l'abri des regards, sans laisser de trace et avec un timing quasi impeccable. Si elle le voulait, nul n'échapperait à ses griffes acérées. Mais Kane, lui, était pourtant parti. L'avait-elle vraiment laissé la manipuler par principe, avec la seule idée de mener à bien sa mission comme elle l'avait toujours fait ? Ou bien avait-elle pris conscience malgré elle que devant ses yeux se trouvait une personne bien plus puissante qu'elle ? Elle s'interrogeait suffisamment depuis la veille que pour entendre ce ramassis de questions visant uniquement à la ronger de culpabilité. Le ton de plus en plus glacial de l'Anglais mêlé à ce sourire béat qui s'étirait de tout son long ne plut guère à Cruz, qui lui lança un regard noir.
Voyant que la porte à la conversation lui était désormais fermée, Daniel se mit à parler de la relation qu'il entretenait lui-même avec Alexis Kane. Tout comme elle, il l'avait croisé à deux reprises. De toute évidence, cet homme ne se considérait pas comme appartenant au même camp que le ténébreux, et ce malgré qu'il arrivait à saisir le sens de ses propos, exploit qui n'était pas donné à tout le monde. Tout ce qui lui importait était le divertissement. Dans un sens, Lila pouvait le comprendre. Elle aussi avait toujours été en quête d'action, d'adrénaline, de tout ce qui pouvait pimenter son existence ou pouvait l'aider à se sentir vivante. Dans un sens, Claire Bennet n'y était-elle pas arrivée en faisant naître en elle pour la première fois, aussi longtemps que pouvait remonter sa mémoire, des sentiments ? Il semblait qu'inconsciemment, elle avait appris une autre manière de se sentir vivante, raison pour laquelle il lui avait été si difficile de livrer la cheerleader à Kane. Daniel finit son discours par ce qui ressemblait de très près à de la flatterie envers Cruz. La duchesse ne prit pas ses propos à la légère, mais ayant déjà affronté Kane par le passé, elle n'ignorait pas à qui elle avait affaire. D'autant plus que, cette fois, il était plutôt bien accompagné. Sa horde de fils sanguinaires et dénués de toute forme de pitié n'était pas à prendre à négliger. Lila était téméraire, mais pas stupide au point de se jeter naïvement dans la gueule du loup. Lorsque l'Anglais se servit à nouveau du luxueux breuvage et lui proposa un autre verre, elle refusa sèchement.
- Non.
Le geste accompagnant la parole, elle poussa le verre sur le côté. Elle avait assez bu pour ce soir et ne voulait plus perdre une seule miette de la conversation. De plus, l'alcool pourrait davantage dénouer la langue de cet inconnu, avec un peu de chance...
- Il y a quelque chose que vous ignorez, ou que vous semblez oublier, Daniel. Je suis une missionnaire, j'exécute les ordres en contrepartie d'une rémunération. Point final. Mon rôle s'arrête là. Je n'étais qu'un pion dans le jeu de Kane à mon insu, et si cela n'avait pas été moi, il aurait engagé quelqu'un d'autre. J'ai été mal informée sur la véritable nature de ce complot, d'où ma surprise en voyant ces... images du journal télévisé. Mais de toute façon, même si je l'avais voulu, je n'aurais rien pu faire. Cet homme est puissant, et vous le savez aussi bien que moi. De plus, il n'est pas seul. Alors oui, j'aurais pu tenter de l'arrêter au péril de ma vie, mais à quoi bon ? N'était-ce pas vous qui me parliez du Destin à l'instant ? Il y a des montagnes qui demandent plus d'une paire de mains pour être déplacées, vous comprenez. Je n'ai pas eu le choix, car je savais que le seul moyen d'arrêter ce groupe est d'en constituer un également, avec une force de frappe supérieure à la leur.
Elle y avait déjà songé à plusieurs reprises. Il lui suffisait d'un coup de fil expéditif à Angela Petrelli pour rassembler ce qui restait des archives de la Compagnie afin de former une armée, et de prouver au monde que les êtres dotés de pouvoir n'étaient pas que des monstres affamés se nourrissant de la terreur d'autrui. Mais comment convaincre la population d'une telle chose alors que Sylar courait toujours les rues et que le maire venait d'être embroché sauvagement sur l'une des piques de la couronne de la Statue de la Liberté ? Lila n'était pas du genre à se battre pour la bonne cause ou à se rallier systématiquement au côté des gentils, mais elle détestait que l'on nuise à son image. Elle tuait froidement mais discrètement, restait avant tout une aristocrate avec ses principes et sa dignité. Mais au milieu de cette personnalité solidement construite, Claire s'était immiscée, mettant toute la structure en branle.
- Je ne sais pas encore ce que je vais faire, ni comment je vais le faire, mais une chose est sûre, Daniel. Je ne suis pas la responsable de cette boucherie tyrannique, de ce spectacle ridicule !
Elle s'arrêta, fixant avec une certaine stupéfaction son propre poing, qui venait de s'abattre bruyamment sur le comptoir, provoquant un silence d'outre-tombe l'espace de quelques secondes dans tout le bar. Elle fusilla l'assemblée du regard, et chacun reprit ses occupations. Reposant ses yeux sur l'inconnu, elle lui lança d'un ton glacial en serrant les dents :
- Je vous interdis de me juger alors que vous n'avez même pas l'audace de me dire qui vous êtes réellement.
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Mar 1 Mar - 8:05
[Désolé pour le supra méga temps d'attente. Topic fini donc, à moins que tu veux faire une dernière réponse plus ou moins courte. En tout cas, ce fut un plaisir de RP avec toi et avec Lila. J'ai hâte de te voir RP avec Peter la prochaine fois. ; en espérant que tu apprécies cette conclusion.]
"Vivre coûte beaucoup, mourir également. Faire front exige de la dignité."[Jacinto-Luis Guerena] "Il faut savoir, coûte que coûte, / Garder toute sa dignité / Et, malgré ce qu'il nous en coûte, /S'en aller sans se retourner /Face au destin qui nous désarme."[Charles Aznavour] ------------------------------------------------------
L'individu, l'humain, a toujours parlé des choses de l'univers en les classant, les codifiant, les nommant. Il ne peut arriver à s'y retrouver sans tous ses longues séries de classifications diverses et variés, sans tous ses artifices sans lesquelles il serait perdu. Pour l'homme, une chose existe seulement lorsqu'on la nomme. De même, tout n'est qu'équilibres, que factions, qu'oppositions. Depuis toujours, c'est dans un manichéisme grotesque que l'humain s'enferme. Pour lui, il ne peut y avoir que Chaos opposé à l'Harmonie, que Bien contre Mal, que Juste contre Mauvais. La pluie et le soleil, la vie et la mort, la joie et la peine. Ces principes sont depuis longtemps passé dans la mémoire populaire et sont fortement ancrés dans les esprits de chacun de par le monde, n'admettant aucun écarts à ce dogme ridicule. Pourtant, entre le blanc et le noir, il y a bien le gris. Pourtant, entre le soleil et la pluie, il y a bien les nuages, l'arc-en-ciel... Si la Justice humaine ne peut exister, c'est bien à cause de cette dualité irraisonnée, ce culte de l'opposition entre deux entités antagonistes. En effet, comment retranscrire toute la palette et la diversité de couleurs de l'âme humaine avec seulement deux verdicts: "coupable" et "innocent". Et comment juger ce que l'on ne comprend pas et ce que l'on ne comprendra jamais: la folie ? Comment des hommes qui jugent de ce qui est "sain", de ce qui est "moral", de ce qui est "raisonné" peuvent-ils faire preuve d'assez d'objectivité pour juger autrui ? Croire en la Justice immanente du genre humain est pure fadaise, tant que celui-ci considérera toujours qu'il n'y a que deux principes qui s'opposent dans l'univers. Oui, l'humain oublie bien vite qu'il n'y a pas que deux couleurs qui s'opposent, mais qu'il y en a des millions, éternelles variations d'un même pigment revu à l'infini. Et chacune de ces variations apportent son nouveau lot de nuances, de même que la vie n'est qu'un reflet aux mille couleurs, montrant l'étendue et la diversité de la psyché humaine. Piégé dans ce dualisme grossier et simpliste, l'homme ne peut alors comprendre les rares êtres qui n'accordent pas leur foi à cette doctrine et qui suivent leur propre route, des êtres empreint de brouillards, brandissant leur étendard de la couleur grise des mauvais présages.
Et Caïn faisait partie de cette trop rare fratrie, toujours imprévisible, ne se trouvant jamais dans aucun camp. Nul ne pouvait savoir où il allait, ni même qui il était. Qui allait-il aider ? Serait-il ne serait-ce que d'un côté ? Jouant, orchestrant, démontrant, tour à tour froid meurtrier, étrange philosophe, badin visiteur plein de bonhomie, comédien-voyageur aux multiples facettes et aux multiples talents. Il était tout cela à la fois. Ni bon, ni mauvais, ni cruel, ni compatissant, mais tout à la fois. L'immortel était un maelström, un agglomérat de toutes ses choses et donc, par extension, il était d'un gris noirâtre, mauvais, étrange, burlesque. C'était cette grisaille qui empêchait aux êtres qu'il croisait de le comprendre, enfermés qu'ils étaient dans leur croyance en une dualité immémoriale et éternelle. Le regard noir que lui envoya Lila Cruz fut un instant de délice, comme une caresse sur la joue de la part d'un être adorée. Oui, elle pouvait le détester. Elle avait le droit après tout. Comment ne pas réagir à ce qu'il disait ? Certains pourraient cacher leurs sentiments derrière un masque de Poker, mais ne seraient-ils pas eux aussi touchés par ces reproches s'ils venaient d'un homme à peine rencontré ? L'immortel se délectait toujours et avec autant de plaisir des réactions d'autrui face à ces paroles. Aussi ignoble dans sa démarche qu'il pouvait paraître, ce qu'il avait énoncé n'était pas pour autant que mensonges et calomnies. C'était une vision objective des erreurs qu'avait commis la femme de l'aristocratie Anglaise face à lui et c'était seulement sa manière de le dire, si glaciale et peu amène qui l'avait choquée.
Alors que la plupart des gens seraient partis, énervé par cette curieuse attitude qu'il avait arboré, la jeune duchesse semblait de plus en plus intéressé par la conversation, réagissant avec une étonnante habitude à ce qu'il disait. L'homme aux mille noms esquissa un sourire intérieur. Il avait eu raison sur toute la ligne. Cette femme était diablement intéressante ! Ses réactions, ses pensées, ses principes, sa vie, ses buts, tout était digne du plus grand intérêt chez elle ! Enfin, il rencontrait un véritable être humain, un être de chair et de sang, capable d'avoir une opinion, une vie, une véritable réflexion. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu la chance de débattre de cette façon avec une personne à l'esprit si agile. Le voyageur séculaire attendait la réponse aux accusations qu'il avait préféré plus tôt avec enthousiasme et intérêt et fut donc déçu du petit geste qu'elle esquissa. Repoussant son invitation de se resservir, elle repoussa la bouteille, signe qu'elle voulait que son esprit clair perdure. C'était le signe qu'elle désirait que tous ses sens soient opérationnelles dans le but d'accomplir ce que beaucoup avaient essayé, mais que peu avaient réussi: lui soutirer la moindre information. Fascinante était cet acharnement humain à vouloir tout comprendre et tout savoir sur les autres individus et cela souvent au détriment de la personne même, acculé par tant de curiosité égoïste. Caïn n'avait pas connu d'entretien stimulant de la sorte depuis sa première rencontre avec Alexis Kane et le duel mystico-philosophique qui les avait opposé alors. L'Ankou n'allait bien entendu aucunement lui faciliter la tâche, surtout si elle avait la sublime candeur de croire que l'alcool allait dénouer sa langue de marbre. Lui-même n'arrivait plus à se souvenir des moments où pareil élixir avait eu prise sur lui. Ces plaisirs avaient bien changés avec le temps et sans doute nulle femme ou nul alcool au monde ne pouvait à présent atteindre son corps...
La suite de ses paroles conforta le respect qu'avait Caïn pour la jeune femme, bien qu'il percevait encore dans ses mots une négation de son rôle dans le plan des Sons Of Liberty. Malgré le fait accompli et ce qu'il avait dit, elle reniait encore sa participation ingrate en soulignant le caractère spécifique de son emploi et sa qualité de pion dans le jeu d'Alexis Kane. Oui, elle avait raison. Elle avait été un jouet dans le jeu des puissances supérieures, mais l'immortel s'interrogeait tout de même sur la sagesse et sur la sagacité qu'elle avait à propos d'elle-même... Ce manque criant d'objectivité était toujours un défaut qu'il exécrait chez les autres, lui qui n'avait jamais prétendu caresser son égo dans le sens du poil. Ainsi, n'avait-elle jamais réfléchir à son fameux rôle de coursier ? Aurait-elle pu transporter une nouvelle arme chimique sans s'interroger sur son action ? Une bombe nucléaire ? Une femme pour la traite des blanches ? Non, elle n'avait pas eu à réfléchir. L'homme ne réfléchit après tout pas à ce qu'il fait, il exécute. Sans penser, sans réfléchir aux conséquences, il fait ce qu'on lui dit froidement. Pourquoi vouloir s'interroger sur les conséquences de nos actions, puisqu'après tout, elles ne nous concernent pas puisqu'elles ne nous atteignent pas directement. La Duchesse venait d'exprimer sans s'en rendre compte les arguments typiques de l'égoïste égocentrique, mais l'homme aux mille noms ne put réellement lui en tenir rigueur. Au fond, ce n'était pas sa faute, mais celle de son éducation laxiste sur des points qui n'auraient pas dû l'être et rigoureuse sur des détails insignifiants. Cependant, bientôt, l'occasion lui serait donné d'apprendre. Les crises favorisaient toujours la compréhension, avant de sombrer dans l'oubli et de se répéter quelques décennies plus tard.
De cette période mouvementée, elle apprendrait une leçon qu'elle garderait à jamais en elle... Bien que la jeune femme semblait déjà en avoir appris une, ses dires ne corroborant pas totalement la personne qui se présentait face à lui. Son discours tirait à sa fin et elle marqua l'une de ses dernières phrases tonitruantes d'un violent coup de poing sur la table qui fit sursauter tout le bouge. Seul le dénommé Daniel resta de marbre, ayant pressenti le mouvement alors même qu'elle l'ignorait par le crescendo que prenait sa voix ainsi que la veine qui commençait à violemment palpiter sur sa tempe. Sa dernière pique lui arracha un sourire sarcastique et ses lèvres s'entrouvrirent encore une fois pour lui répondre avec toute l'objectivité froide et implacable dont il était capable:
« Comment ? Vous m'interdisez de vous juger ? Mais, ma chère, je ne vous juge pas. J'expose des faits incontestables avec objectivité. Certes, je ne l'ai pas fais pas avec toute l'amabilité et la compassion que vous auriez espéré obtenir, mais je ne suis, après tout, qu'un simple inconnu rencontré dans un bar miteux. Pour qui me prenez-vous, une brave âme miséricordieuse peut être ? De plus, j'ose dire même si cela fait seulement quelques minutes que nous nous connaissons que vous ne me semblez pas assez candide pour croire que transporter une jeune femme visiblement kidnappée et qui détient, ô, sublime fatalité, le don de régénération cellulaire pour l'offrir à des inconnus a quelque chose de bon. Je suis désolé de vous dire que je ne comprends pas votre absence de réflexion sur votre "travail" -si je puis l'appeler ainsi. Néanmoins, je reconnais que vous étiez manipulé par lui et que vous ne vouliez pas cela. Il n'empêche que votre désir de lever un autre groupe est honorable, puisqu'il vous servira à rattraper votre magnifique erreur. »
Sa longue tirade fini, il termina la bouteille d'un trait et se leva de sa chaise, concluant ainsi:
« Quant à votre accusation, sachez qu'il y a parfois bien plus d'audace à ne pas être sur le devant de la scène et à être le souffleur qu'à être glorifié en tant qu'acteur. Aussi, j'ajouterai également que votre curiosité mal placée ne vous donne aucunement le droit d'exiger quelque chose de ma personne. Et puis vous savez qui je suis... Je suis Daniel, voyons. »
Il resta là une minute à la contempler, son regard ne cillant pas, puis un sourire amical se dessina enfin sur son visage.
« Excusez-moi. Il est vrai que vous mériteriez de savoir qui je suis. Après tout, vous m'avez fortement diverti ce soir et vous êtes une personne extrêmement intéressante... il s'approcha d'elle, se pencha, puis lui murmura à l'oreille pour qu'elle seule entende -chose tout à fait inutile, mais qui apportait un certain charme à la scène. Je suis celui qui regardera l'Apocalypse en souriant. »
Il se redressa, avança jusqu'à l'entrée, reprit son couvre-chef et s'en coiffa, puis, après un dernier sourire énigmatique après cette parole sibylline, il disparut dans la nuit.
Lila Cruz
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Sujet: Re: Le Black Horse [Pv. Caïn] Mar 1 Mar - 14:06
[Ce fut également un immense plaisir que de RP avec toi Caïnou !]
L'homme voulut de toute évidence avoir le dernier mot. Lila doutait cependant fortement que ce dernier n'eût accompli que des actes irréprochables et conforme à sa simple image donnée de "souffleur" tapi dans l'ombre, sans n'avoir jamais retiré une quelconque forme de fierté ou de gloire du moindre acte. Même si cela agaçait fortement Lady Cruz, celle-ci ne put désavouer qu'elle aussi avait pris plaisir à taper la causette à cet inconnu. Cela avait eu le mérite d'à la fois la distraire et lui éclaircir les idées. Oui, elle allait rattrapper son erreur, même si cette dernière ne lui avait pas paru évidente de prime abord. Ses précédents petits boulots n'avaient jamais eu de conséquences à une échelle aussi considérable, il ne s'agissait que de simples règlements de compte entre deux sombres mafiosos mal lunés, d'une femme qui demande à éliminer son ex-mari plein aux as et refusant de payer la pension alimentaire, ou encore d' "avertissements" à un pauvre bougre n'ayant pas remboursé une somme dûe à un prêteur sur gage indépendant. Rien de bien palpitant, en somme. Le kidnapping de Claire Bennet s'inscrivait dans cette lignée, du moins c'est ainsi qu'il avait paru aux yeux de la missionnaire. Qui aurait pu penser que les conséquences auraient être aussi lourdes de conséquences, d'autant plus qu'Angela Petrelli l'avait laissée filer sans le moindre avertissement. Peut-être avait-elle voulu que tout cela se passe ainsi. Peut-être qu'en leur donnant Claire, elle avait espéré pouvoir localiser les Sons of Liberty plus aisément. Cette vieille pie en était bien capable. Mais de toute évidence, la vérité ne s'était dévoilée aux yeux de Lila que très tardivement, cette dernière ayant d'abord été frappée par les sentiments que la cheerleader avait fait naître en elle. Après une réflexion plus que pénible, elle avait cependant décidé que ces sentiments n'interfèreraient pas sur sa mission. Mais cette fois-ci, un argument bien plus frappant l'avait décidée à changer son fusil d'épaule. Le surnommé Daniel lui avait montré de quoi Alexis et ses Sons of Liberty étaient réellement capables, et les événements prirent une toute autre tournure. Après avoir terminé son verre, le jeune homme se leva et continua à savourer son anonymat. Il aimait être personne, mais était bien plus impliqué qu'il n'y semblait à toute cette affaire. Les mots qu'il lui murmura à l'oreille, teintés d'ironie et ponctués par une boutade amicale faisant office de sortie théâtrale, finirent tout de même par extirper un sourire à Lila, amusée par ce petit jeu sadique. L'apocalypse n'était pas encore arrivée, mais elle savait qu'il se trouverait aux premières loges pour assister à la suite des événements. Il s'évanouit dans l'obscurité de la nuit, mais semblait ne pas avoir disparu pour autant. Comme s'il était... nulle part et partout à la fois. Il y avait de fortes chances pour que leurs chemins se croisent à nouveau. Quelques minutes plus tard, Lila quitta elle aussi les lieux pour aller retrouver sa monture mécanique prête à rugir dans les rues tortueuses de la ville.
* * *
Pour la première fois depuis longtemps, l'Anglaise avait passé une excellente nuit, dormant d'un sommeil de plomb que rien n'a réussi à perturber. Elle se réveilla en fin de matinée, presque de bonne humeur si seulement elle savait ce que cela signifiait. Se dirigeant vers la cuisine d'une démarche féline, elle se prépara rapidement des tartines grillées au bacon, des oeufs et du jus d'orange. Il n'y a rien à faire, même à New-York, les coutumes sont les coutumes. Une fois ce copieux petit déjeuner englouti, elle se rendit dans la salle de bains où elle retira sa nuisette avant d'enter dans la douche et laisser la chaleur de l'eau se répandre sur chaque centimètre de sa peau. Rien de tel pour se sentir bien vivant et commencer la journée de manière motivante. Après avoir fini sa toilette, elle s'habilla, alluma sa radio sur une fréquence qui diffusait de la country (encore cette musique rustique... décidément, ça la suivait) et alla chercher son courrier, qui s'était probablement entassé dans la boîte aux lettres ces derniers jours. En revenant dans son salon, elle fut tirée de sa lecture transversale par la sonnerie de son téléphone portable. Sans se presser, elle s'empara de l'appareil et décrocha. D'une voix posée mais fidèle à son caractère bien trempé, elle lança :
- Allo ? - Lila Cruz ?
Cette voix lui était vaguement familière. Celle d'un jeune homme qui sait ce qu'il veut. L'Anglaise répondit sur un ton indifférent :
- En personne. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? - Ici Peter Petrelli à l'appareil. Le fils d'Angela... - Je sais qui tu es, merci. Je n'en ai pas l'air comme ça, mais je me rappelle parfaitement des gens qui me sauvent la vie.
Alors c'était lui... ce gamin qui avait volé à son secours tel un super héros alors qu'elle pensait que son heure était venue. Leur dernière rencontre ne s'était pas très bien terminée, le mioche Petrelli l'ayant laissée baigner dans son propre sang telle une demeurée. Vilain garnement, vilain ! Et en plus, il en redemandait.
- J'aurais un service à vous demander, à mon tour. Ma nièce aurait besoin de vos services. - Claire... - Vous la connaissez ? demanda Peter, surpris.
L'heure avait déjà sonné. Il semblait que le Destin ne s'était pas fait attendre. Au moins, cela lui enlèverait l'embarras des recherches.
- Je m'attendais à ce coup de fil, mais je ne pensais pas qu'il arriverait si tôt. T'es plutôt du genre rapide, petit. Je suis impressionnée. - Bon, OK... Mais vous pourriez venir à mon appartement ? Je vous enverrai l'adresse par message, nous sommes actuellement à Manhattan. - Ca tombe bien, j'suis à quelques minutes à peine de là. Très bien, j'arrive. Prépare le champagne, les confettis et les ballons, je sens que les retrouvailles seront démentielles.
Lila se doutait que ses retrouvailles avec Claire n'allaient pas être des plus joyeuses, mais cela lui était égal. Elle pouvait lui en vouloir, la haïr, se sentir trahie, au moins elle était en vie et à nouveau avec sa famille. Peut-être serait-ce là une bonne occasion pour l'aristocrate de rompre une bonne fois pour toutes avec ses sentiments qu'elle croyait enfouis à jamais... Sans perdre une seconde, elle enfila sa veste, y planqua son 9mm miniaturisé et quitta son appartement.