The Diplodocus Effect [pv Lisa Dumont]

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Des sirènes de voitures. Les gens hurlaient, couraient dans tous les sens. Las Vegas était devenue complètement folle. Le sang des cadavres maculait chaque coin de rue, tandis que le feu dévorait les bâtiments les uns après les autres. Dans la dédale qu'il avait lui même causé, Sylar avançait d'un pas malicieux. Vêtu d'un ensemble noir, surplombée de sa casquette de baseball qui cachait son visage, il remontait chaque rue et envoyait un piquet de glace transpercer le corps de chaque humain qu'il croisait. Personne n'était épargné, et il ne ressentait absolument plus aucun remord, plus aucun frein à ôter la vie d'innocentes personnes.
Un peu plus tôt dans l'après midi, il avait utilisé le pouvoir de Ted Sprague pour déclencher une nouvelle explosion au sommet du MonteCito Casino. Depuis des heures maintenant il arpentait les rues à la recherche des survivants, pour les massacrer. Un prédateur, un boucher, voilà ce qu'il était désormais.

La rencontre qu'il fit en entrant des les ruines d'un hôtel le stoppa net dans sa frénésie meurtrière: Claire Bennet, le corps plein de sang, les larmes lui coulant le long des joues. Il s'approcha d'elle et l'envoya à travers un mur avec sa télékinésie. Elle était au sol, pleurait de douleur, était perdue. L'explosion avait tout ravagé autour d'eux, et une série de cadavres servaient de décor à cette scène. Alors que ses yeux étaient rivés vers la jeune cheerleader au sol, le regard de Sylar se leva vers le cadavre d'un homme coincé entre deux énormes gravas: Alexis Kane. Il était déchiqueté, mais même dans la mort il avait emporté un rictus vainqueur, malgré un visage tâché de son sang.

Je t'en supplie, ne m'ouvre pas le crâne, me refais pas ça, pitié.

Sylar abaissa à nouveau les yeux vers une Claire suppliante. Il étira un large sourire, avant de répondre d'une voix sortie tout droit des enfers.

Pourquoi me donnerais-je ce mal ? J'ai déjà ton pouvoir ...

Que ... Quoi ? ... Comment ?

Sylar éclata d'un rire sadique alors qu'il leva sa main droite, laquelle tenait désormais fermement la tête de Peter Petrelli, le sang coulait de son cou qui semblait avoir été arraché, et le haut du crâne était vacant.

" HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAAAA !!! HIIIIHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAAAAA !!!! aaaaAAAAHAAAAAHAHAHAHAHAHAHAHAHAAA !!! "

" NOOOOOOOON !!!! " hurla Sylar en se réveillant.

Il était assis dans son lit, la respiration haletante, le stress à son paroxysme, son cœur battait la chamade, ses cheveux et son torse nu étaient trempés de sueur.
Il mit quelques instants avant de réaliser que tout ceci n'était qu'un cauchemar. Il n'avait pas replongé, il n'avait pas tué toutes ces personnes. Une fois qu'il eut repris son souffle, il se leva et prit une douche. Il avait loué une chambre dans un hôtel, il était toujours à Vegas.

La visite de son Lui futur avait complètement chamboulé son esprit. Il voulait toujours changer, mais était maintenant très incertain d'y parvenir. Le Sylar du Futur était un être sombre, un meurtrier. Mais le Sylar du présent avait prit une autre route, il venait de fausser compagnie à Peter. Il ne rencontrerait donc pas Claire, et ne replongerait pas face à son pouvoir. Peut être avait-il réussi à changer son futur ? A changer LE futur ?

Trêve de spéculations hasardeuses, il fallait retrouver la fille d'Alex et Kerry. C'était elle la clef d'un futur meilleur. Il fallait qu'elle retourne dans son époque, et qu'elle profite de la vulnérabilité du serial killer pour le tuer avant qu'il ne recouvre sa puissance. Mais surtout, elle ne devait plus changer le cours des choses à cette époque ci. Sa simple présence avait créé un effet papillon des plus dévastateurs. Sylar devait la retrouver.

Réfléchir, réfléchir ... Mais c'était déjà évident ! Dans le futur d'où vient Lisa, Sylar a tué Peter. Si elle est revenu pour changer le futur, elle va tenter de le retrouver afin d'empêcher ça. Elle était sûrement déjà à Vegas. Mais comment la retrouver ? Si Sylar l'attendait, il risquait de se faire tuer sans avoir le temps d'expliquer à la jeune femme qu'il voulait changer. Il fallait donc la trouver en premier, et prendre le dessus.

* Bon, il est temps de faire l'inventaire de mes aptitudes. Je peux bouger les choses avec mon esprit, ça me servira à rien. Je peux faire pousser des arbres, idem. Je peux sortir de mon corps ... je peux voler avec mon esprit ... Et je peux entendre les pensées des gens. Je dois fouiller cette ville comme un fantôme. *

Sylar s'assit sur son lit, et ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, son esprit passa à travers la fenêtre et se mit à survoler Las Vegas. Restant juste au dessus des toits, il entendait des dizaines et des dizaines de pensées différentes:

* Chérie, mes nouilles au beurre ! *

* Je vais me suicider ... Ensuite je te tuerais ... Et pas nécessairement dans cet ordre *

* Inception ou Toy Story 3 ? Pfff j'arrive pas à me décider *

" Leonard, je suis très content d'être à Vegas loin de mon canapé et de mon ordinateur. BAZINGA ! "

Sylar vola pendant des heures, mais rien.

* Cours, rattrape le, allez, il court vite le salop, allez, allez, tu vas le rattraper, tu vas lui passer les menottes et tu te fouteras de sa gueule *

" Foreman, qu'est-ce qui vous faire dire qu'un diagnostique différentiel dans les toilettes d'un casino est moins pertinent que dans un bureau ? "

* Angela veut que j'empêche cet enflure de Sylar de tuer son fils, tu parles d'une mince affaire. *

* POKEBALL !! GO !!!! *

" Stop "

Sylar s'arrêta, et fit demi tour. Il repassa par la dernière rue qu'il avait survolé, et il la repéra tout de suite. Elle était la fusion parfaite entre Alex et Kerry, jeune rouquine au regard franc et à l'allure assurée. A ses côtés, Alex Dumont, quelle surprise. Et un autre jeune homme dont Sylar ignorait l'identité. Tenter de les aborder de face était complètement idiot, Alex ne ferait jamais confiance à Sylar.
Dans sa forme spectrale, le serial killer en quête de rédemption atterrit aux côtés du trio. Il les regarda arpenter les rues. Il fallait user de la télépathie ...

Mila pu alors entendre une voix dans sa tête:

¤ Je sais qui vous êtes. Je sais d'où vous venez. J'ai des réponses qui pourraient vous intéresser. Il y a un restaurant qui s'appelle The Pretty Dolls deux rues plus loin, à droite. Je vous y attend. Venez seule ou je ne me montrerais pas. ¤

La voix se tut. Sylar ne savait pas comment pensait Mila, mais connaissant Alex et sa fâcheuse tendance à se jeter bras ouverts dans la gueule du loup, il ne doutait pas un seul instant que Lisa viendrait.

Le restaurant était étrange, comme perdu tout seul entre deux parcs. Il faisait très petit vu de l'extérieur, mais à l'intérieur c'était grand et somptueux.

Un petit haut parleur au dessus de la porte émit une mélodie. Quelqu'un venait d'entrer. Un serveur en costard vint à la rencontre de Mila, et sans aucune forme de politesse il lui annonça directement:

- Bonsoir mademoiselle Dumont, monsieur Gray vous attend table 8. C'est l'homme derrière le journal là bas.

Le serveur montra avec sa main une table pour deux où était installé un homme qui semblait caché derrière un grand journal. Sur la table, une bouteille de bon vin français et deux verres vides. Les couverts en argent étaient dressés autour d'assiettes en porcelaine. Les serviette et la nappe était en soie blanche comme la neige.

Sylar entendit Lisa arriver à sa hauteur, mais évidemment elle ne s'assit pas. Elle resterait debout tant qu'elle ne saurait pas qui se cache derrière ce journal. Le rideau tomba. Le tueur écarta le journal et laissa se découvrir un Gabriel Gray aux airs sympathiques avec une paire de lunettes et des cheveux bien coiffés avec du gel. Il était vêtu d'un très beau costard en lin.

" Bonsoir Lisa. " dit-il, un sourire amical aux lèvres.

" Assieds toi, je t'en prie. "

L’une des premières choses qui avait frappé Lisa en sortant de l’aéroport, ce fut la chaleur : étouffante et écrasante. Un véritable supplice lorsque l’on quitta la fraîche atmosphère climatisée du bâtiment. Replaçant ses lunettes de soleil à strass sur son nez, la jeune rousse ne tarda pas à précipiter Chris et Alex vers un taxi afin d’y retrouver les bienfaits d’une clim’.

« Pfouuuuu ! On crève ici. Une chance que je nous ai trouvés des t-shirt avant de prendre l’avion. »

Trouver Peter était l’objectif. A priori, il devait se trouver au Montecino. Ce fut donc à cette destination que les conduisit le chauffeur. Durant tout le trajet, Lisa resta collée à la vitre du véhicule, s’extasiant comme une enfant devant chacun des spectacles qu’offraient les façades des casinos. Jamais auparavant elle n’avait vu une telle opulence de couleurs, de paillettes, de néons et autres enseignes. Régulièrement, elle invitait les deux jeunes hommes à regarder certaines œuvres.

Après un trajet qui n’en finit pas de regorger d’images magnifiques et à vous couper le souffle, le taxi arriva enfin devant le Montecino, y déposant ses passagers. Peter ne devait plus être très loin. Les trois jeunes gens touchaient à leur but. Chris pourrait demander de l’aide au jeune Petrelli pour sauver Asami, Alex retrouverait son ami et Lisa …

* Angela veut que j'empêche cette enflure de Sylar de tuer son fils, tu parles d'une mince affaire. *

Comment aborder le sujet ? La jeune fille l’ignorait totalement. Fallait-il être direct et avouer ouvertement ce qui attendait Peter, au risque de le voir se jeter tête baisser dans une situation à l’issue fatale ? Ou bien, plus subtilement, fallait-il faire en sorte qu’il ne croise pas le tueur ? Cette dernière solution était stupide. Lisa ne pourrait coller aux basques de Peter éternellement. Tôt ou tard, elle devrait baisser sa vigilance, et laisser Peter risquer de croiser de nouveau la route du psychopathe.

Soudain, la jeune rousse fut arrachée à l’étude de ses stratagèmes. Une voix venait de s’introduire dans sa tête, lui révélant un message on ne peut plus clair.

¤ Je sais qui vous êtes. Je sais d'où vous venez. J'ai des réponses qui pourraient vous intéresser. Il y a un restaurant qui s'appelle The Pretty Dolls deux rues plus loin, à droite. Je vous y attend. Venez seule ou je ne me montrerais pas. ¤

Qui était l’auteur de cette intrusion psychique ? Lisa n’en avait aucune idée. Si elle voulait connaitre la réponse, elle devrait se rendre au lieu du rendez-vous. D’ailleurs, il semblait bien qu’elle y obtiendrait d’autres réponses, selon les dires de cette personne. Mais des réponses à quelles questions ? Encore une fois, la jeune fille n’en savait rien. Le seul moyen d’obtenir des certitudes s’avérait une nouvelle fois de se rendre dans ce restaurant.

Seule.

Oui, c’était la condition sinequanone. Il fallait donc parvenir à se libérer de l’anglais et du paternel. A priori, rien de bien compliqué. Chris ne semblait pas être un garçon qui pose énormément de problème, quant à Alex, s’il y avait bien une personne experte pour parvenir à échapper à monsieur Dumont, c’était bien sa fille. Faire le mur était un art dans lequel Lisa excellait.

« Euh … les gars, j’ai un truc à faire pas très loin. J’en aurai pas pour longtemps. Ce que je vous propose, vous allez au Montecino, vous trouvez Peter et vous lui exposez la situation. Normalement, je devrai être revenu avant que vous ayez terminé.

- Tu plaisantes là ? On était sensé rester ensemble par sécurité. En plus, je me suis engagé à veiller sur toi dans l’avion, je n’aimerai pas que tu commences déjà à me faire mentir.

- T’inquiète pas Alex, ça craint rien. Et puis, qui te dit que je commence seulement à te faire mentir, lui rétorqua-t-elle avec un clin d’œil. Un conseil : commence à t’habituer à ce genre de chose.

- T’es pas sérieuse Mila. Imagine que tu tombes sur un taré … pire, sur Sylar. Je le sens pas ce coup là. »

Décidément, c’était tout le temps la même histoire avec lui se mit à penser Lisa.

« Bon … je répète. J’ai un truc à faire seule ! Continuez sans moi, je vous rejoindrai plus tard ! »

Lisa ponctua sa phrase en envoyant une impulsion psychique dans l’esprit des deux jeunes hommes. Immédiatement, ce qui ressemblait à une requête à l’orale, s’imprima dans leur esprit comme étant un ordre. Une demi seconde, ils restèrent immobiles tous les deux, fixant Lisa. Puis, lui tournant le dos, ils s’engagèrent en direction du Montecino.

« Et voilà. Bon, the Pretty Dolls, deux rues, à droite. Ok Mister Surprise, ça a intérêt à être intéressant … et surtout, à ne pas être un peep show ou autre délire pervers dans ce genre avec un nom pareil. »

Suivant les indications du mystérieux télépathe, Lisa finit par trouver l’établissement où devait avoir lieu le rendez-vous. C’était un petit restaurant entre deux parcs. A priori, ça ne payait pas de mine, pourtant, Lisa n’hésita pas et pénétra à l’intérieur.

En poussant la porte, une mélodie retentit au dessus d’elle. Le son était artificiel à souhait. Lisa en trouva l’explication lorsqu’elle leva la tête pour réaliser qu’il avait été émis par un haut parleur, et non un carillon, comme on aurait pu s’y attendre. Immédiatement, un homme en costume alla à la rencontre le jeune rousse, l’air hautain.

« Bonsoir mademoiselle Dumont, monsieur Gray vous attend table 8. C'est l'homme derrière le journal là bas. »

Mademoiselle Dumont … Monsieur Gray … ça sonnait comme « attention ma fille, tu te fourres dans un guêpier ! ». Pourtant, voulant tirer cette histoire au clair, Lisa poursuivit sur cette piste. Elle regarda dans la direction indiquée par le serveur. Au fond de la salle principale du restaurant, elle vit un homme dissimulé derrière un journal qu’il était en train de lire. A sa table, une chaise vide, deux couverts étaient disposés sur une nappe immaculée sur laquelle ressortait d’une manière fort aguichante une bouteille de vin.

Calmement, la jeune fille s’approcha. Tentant de conserver un visage serein, son cœur n’en battait pas moins la chamade. L’anxiété semblait monter crescendo au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de l’homme, dont elle ne parvenait toujours pas à percer l’identité à cause du journal. Arrivée à sa hauteur, elle s’arrêta. Lorsque le canard s’abaissa, Lisa n’eut aucun mal à reconnaitre l’homme en face d’elle. Il avait beau avoir un accoutrement étrange, une paire de lunette disproportionnée, et une coupe de cheveux gominée, son air souriant ne trompa pas Lisa. Elle se tenait face au futur tueur de ses parents.

L’espace d’un instant, Lisa crut qu’elle allait céder à la panique et s’enfuir à toute jambe. Choix ridicule, elle le réalisa bien rapidement lorsqu’elle repensa aux multiples capacités de l’homme. Le pousser au suicide fut sa seconde idée. Pourtant, l’air sympathique du diable la fit douter. Certaine qu’il ne s’agissait ni plus ni moins d’un masque pour mieux la piéger, elle préféra se laisser une chance d’en savoir un peu plus sur ce qu’il avait à lui dire.

« Bonsoir Lisa. Assois-toi, je t'en prie. »

Sans le lâcher du regard, Lisa tira la chaise pour y prendre place. Furtivement, elle regarda le contenu de la table. Un simple réflexe, afin de chercher de quoi se défendre en cas de nécessité … même si en tout état de cause, elle savait que ce serait peine perdue. Des couteaux, des fourchettes … Une bouteille de vin ! Ce serait surement plus redoutable. Pourtant, lorsqu’elle réalisa le cru dont il était question, elle se résigna. Son père lui aurait dit que gâcher une telle bouteille eut été un sacrilège.

Fuck les origines françaises ! Elle devrait se contenter des couverts dans ce cas.

Le visage crispé à la fois par la peur et par la haine, Lisa n’avait absolument rien de convivial. Pourtant, sa voix ne trembla pas. Ferme et déterminée, elle claqua tel un coup de fouet.

« Pourquoi ? »

Ce simple mot, cette question, Lisa n’avait trouvé que ça. Pourtant, longtemps elle avait pensé à ce moment, ce jour où elle serait face à lui. Plusieurs fois, elle s’était répétée méticuleusement ce qu’elle lui dirait et ferait. Et à présent que le grand moment était venu, elle n’avait été capable que de dire un seul et unique mot.

Mais quel mot ! Une question qui en dissimulait tant d’autres ? Quel sens Sylar lui donnerait ? Lisa n’y avait même pas réfléchi. Toutes ses attentes, toutes interrogations s’étaient concentrées dans ce seul et unique mot.

Pourquoi la mort de ses parents ? Pourquoi un tel harcèlement envers sa famille ? Pourquoi avait-il annihilé sa vie alors qu’elle était si jeune ? Pourquoi l’avoir forcé à devenir adulte si tôt ? Pourquoi l’avoir fait venir dans ce restaurant ? Pourquoi cette mascarade ? Pourquoi ne l’avait-il pas déjà tuée ? Pourquoi ne l’avait-elle pas déjà tué ?!

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« Pourquoi ? »

Sylar inclina légèrement la tête sur le côté, l'air de ne pas comprendre. Mais quand on avait les capacités qu'il avait, inutile de se perdre dans des questions futiles. Autant chercher les réponses à la source. Et lorsqu'il s'inséra dans les pensées de la jeune femme, ce ne furent pas des réponses qu'il trouva, mais d'autres questions, une multitude d'interrogations:

¤ Pourquoi la mort de mes parents ?
Pourquoi un tel harcèlement envers ma famille ?
Pourquoi as-tu gâché ma vie en m'enlevant la possibilité d'avoir une enfance et une jeunesse heureuse ?
Pourquoi tu m'as fait venir dans ce restaurant ?
Pourquoi cette mascarade ?
Pourquoi je ne suis pas déjà morte ?
Pourquoi je ne t'ai pas encore tué ?! ¤

Sylar ne prit aucun plaisir à découvrir un esprit aussi tourmenté, une vie gâchée et sans joie, sans moment de bonheur intense. Il n'était pas responsable de ça, mais il allait le devenir s'il ne changeait pas. Le Sylar du Futur avait tué Alex et Kerry, et laissé Lisa orpheline. Sylar avait déjà causé tant de mal, et dans le futur d'où elle venait, il en avait causé bien plus encore.
D'une voix calme, presque douce, il dit:

" Gardes ton calme Lisa. "

Il écarta la chaise avec sa télékinésie, invitant une nouvelle fois Lisa à s'asseoir.

" Je ne suis pas l'homme qui est responsable de tout ce qui t'es arrivé. Pas encore en tout cas, et j'espère ne jamais le devenir. Je suis le Sylar de cette époque, une époque où il n'y a ni guerre, ni petite Lisa orpheline. Une époque où tu es encore dans le ventre de ta maman, à l'aube d'une vie qui je te le souhaite sera heureuse et paisible. Car aussi difficile à croire que cela va te paraître, je ne souhaite pas devenir le Sylar que tu as appris à haïr. Tu es venu m'empêcher de tuer Peter, n'est-ce pas ? "

Alors qu'il avait été assommé par tout le malheur de Lisa, tel un fardeau qu'elle était condamnée à porter pour toujours, il lui semblait désormais que c'était elle qui était sonnée. Sylar, le serial killer le plus meurtrier de l'histoire, voulait changer ? S'il était de cette époque, comment savait il tant de choses sur le futur ? Avait-il été là bas ? Avait il un pouvoir de précognition ?
A nouveau, toutes les questions que se posait Lisa étaient perceptibles par la télépathie de son interlocuteur.

" Il n'y a pas encore tout à fait deux jours de ça, j'ai reçu une visite de mon ... confrère, du futur. Il est venu et m'a tout dit, la guerre, la mort de Peter, celle de tes parents, et ta venue dans notre époque. Il m'a dit que je devais te retrouver ... et te tuer. "

Il marqua un temps, ôta ses lunettes et plongea son regard sincère dans les yeux de Lisa.

" Ce que je ne ferais pas. Je ne veux pas devenir lui. J'ai faussé compagnie à Peter pour éviter de le mettre en danger. Et je ne compte pas m'approcher de Claire. Son pouvoir est la clef de ma réussite: tant que j'en reste loin, j'ai ma chance. "

Il avait la voix pleine d'espoir, et était plein de bonne volonté. Non, ce n'était pas le Sylar démoniaque et sadique auquel on était habitué. Il avait dors et déjà changé, ne serais-ce que par sa détermination à devenir meilleur.

" Ce qui m'amène à t'expliquer le pourquoi de ta présence face à moi: il faut que tu t'en ailles. Tu causes plus de problèmes que tu n'en résout par ta simple présence ici, à cette époque. Je sais que ça parait suspect, mais je te supplie de me croire. Il faut que tu repartes d'où tu viens, et que tu nous laisses affronter l'avenir seuls. Jouer avec le temps est un jeu extrêmement dangereux. Quand tu reviendras à ton époque, beaucoup de choses auront dors et déjà changé. Et sous aucun prétexte il faudra que tu reviennes pour en changer d'autres. Est-ce que tu comprends ce que j'essaye de te dire ? "

Tentative vaine, Sylar était déjà convaincu que Mila ne repartirait pas avant d'être sûre et certaine que Peter, Claire, et même ses parents étaient hors de danger.

Etonnamment, la première phrase de Sylar ne fut pas celle à laquelle s’attendait Lisa. D’une voix sereine, il lui demandait de conserver son calme. Une fraction de secondes, la jeune rousse se demanda si elle n’avait pas fait erreur en identifiant son interlocuteur. Pourtant, le doute n’était pas possible. Ne connaissant que trop bien ce visage, elle était certaine de faire face au tueur sociopathe.

Phénomène encore plus étrange et perturbant, le tueur répondit à la question de Lisa avec une précision stupéfiante, ou plutôt, à toutes les questions de Lisa. Ce simple mot derrière lequel se cachait tant d’interrogations, le meurtrier avait su en définir toutes les facettes, et ainsi, leur apporter à chacune une réponse. Bien évidemment, la jeune fille n’eut aucun mal à faire le lien entre cette situation et le fait qu’elle faisait face à un télépathe. Ainsi, elle savait où elle mettait les pieds. Elle ne pourrait absolument rien cacher à cet homme, ni ses informations, ni ses sentiments, ni même ses projets.

D’après ce qu’il était en train de lui révéler, Sylar n’avait pas l’intention de devenir le tueur sanguinaire que Lisa connaissait. Il souhaitait changer, et ne jamais sombrer dans ce travers. Etait-ce un piège, ou une confession tout ce qu’il y avait de plus sincère ? Lisa n’étant pas télépathe, elle n’avait aucune chance de le savoir. Il lui souhaitait une vie heureuse et épanouie … Lisa aussi aurait aimé avoir une vie aussi idyllique. Pourtant, elle en était loin.

Comment Sylar en savait-il si long sur la jeune fille alors qu’il ne la connaissait pas ? Sans doute une nouvelle fois grâce à sa télépathie. Pourtant l’explication était tout autre, et lorsqu’elle fut révélée à Lisa, elle eut l’effet d’un couperet que l’on venait d’abattre sur son coup. Le Sylar du futur, l’abomination que la rouquine haïssait tant, celui là même qui avait massacré sa famille, était venu rendre une visite à son homologue du présent. Il lui avait alors révélé l’avenir, un jeu dangereux, la jeune Dumont ne le savait que trop bien. Mais plus important, il lui avait appris l’existence de la fille de Kerry et Alex, ainsi que son voyage dans le temps. Ses ordres étaient simples : le Sylar contemporain devait mettre un terme à la vie de la jeune fille.

Lorsqu’il retira ses lunettes, Lisa put alors reconnaitre parfaitement l’homme qui hantait ses nuits depuis des années : le serial killer ne semblait pas avoir changé. Comme elle, il semblait avoir traversé les époques pour se retrouver aujourd’hui, devant elle. Ce geste, Mila l’interpréta comme la venue de sa fin. Ôtant son masque, Gabriel Gray venait de redevenir Sylar, et à présent, il s’apprêtait à la tuer. Par pur réflexe, la jeune fille commençait déjà à s’introduire dans l’esprit du tueur, prête à lui intimer l’ordre de ne plus bouger. Pourtant, la sincérité qui se refléta dans les yeux de l’homme en face d’elle l’en dissuada aussi rapidement. Les yeux étaient une fenêtre sur l’âme lui répétait souvent son père. Finalement, il avait peut-être raison.

Sylar n’avait visiblement pas l’intention de tuer Lisa, ni même de tuer qui que ce soit, à commencer par Peter et Claire. C’était la raison qui l’avait poussé à s’éloigner du premier, et à ne pas chercher à retrouver la deuxième. Lisa sembla se détendre quelque peu, sentant les muscles de son corps se décontracter simultanément.

Finalement, le tueur expliqua ce qui l’avait poussé à faire venir Lisa dans ce restaurant, face à lui. Il voulait qu’elle reparte, qu’elle retourne dans son époque. Selon lui, sa présence ici était la source de plus de problèmes que de solutions. Une boule d’angoisse se forma alors dans la gorge de la jeune fille. Retourner chez elle … Réalisait-il ce qu’il était en train de lui demander ? Avait-il réellement compris la situation dans laquelle elle se trouvait ? Percevait-il réellement toute la complexité du continuum temporel ? Vraisemblablement, non. Difficilement, Lisa tenta de prendre la parole. Dans un premier temps, les mots restèrent coincés, comme privés du son qui leur donnerait vie. Puis, tentant de se ressaisir, elle retenta le coup.

« J’avoue être surprise par … ce discours de votre part. Mais je comprends votre volonté de vouloir changer. Je comprends également tout à fait l’impact que ma présence a ici. Malheureusement, je ne peux pas retourner d’où je viens. Non, pas que je ne le veuille pas … quoi que … mais tout simplement parce que je ne le peux pas. En faisant ce voyage, j’ai modifié mon passé, et de ce fait, un nouvel avenir a été modelé … un avenir dans lequel il y a déjà une Lisa Dumont : cette petite fille qui va bientôt naitre et qui, je l’espère, grandira en paix avec sa famille. Si jamais je tentais de retourner dans le futur pour reprendre ma place, je me retrouverai à la même époque que cette Lisa chanceuse. Et alors … que ferions-nous ? On jouerait cette place rêvée à coup de feuille-pierre-ciseaux ? Nous ne pourrions pas cohabitée à deux dans la même époque … Sylar, en agissant comme je l’ai fait, j’ai choisi de sacrifier ma place dans le cours du temps pour tenter d’améliorer les choses. Je n’ai PLUS de place à présent ! Nulle part ! Alors ne me demandez pas l’impossible … »

Elle aurait imaginé qu’annoncer une chose aussi funeste aurait été plus difficile, d’autant plus, en face du meurtrier de ses parents. Pourtant, une fois qu’elle avait commencé, tout était devenu plus simple, comme si se confier à son démon était plus aisé que de le faire auprès de sa meilleure amie … meilleure amie que Lisa n’avait jamais eu d’ailleurs. Pourtant, c’était un choc émotionnel non négligeable. Accepter sa propre condamnation était particulièrement déstabilisant, surtout alors que l’on n’avait pas encore fêté son vingtième anniversaire. Pour tenter de se redonner du courage, Lisa saisit la bouteille, s’en versa un verre et le but d’une traite. Après quelques secondes de silence, elle reprit la parole, regardant l’homme en face d’elle droit dans yeux. L’alcool commençant à faire son effet, elle se sentait plus désinhibée.

« T’as envie de changer … c’est bien beau. Mais je sais pas pourquoi, j’suis pas certaine que ça soit aussi simple. Mes parents disaient chassez le naturel, il revient au galop … t’en penses quoi ? Sérieux, le monde est à deux doigts de basculer dans le plus gros bordel qu’ait connu l’humanité, et toi, t’as des remords, et tu décides de devenir Saint Gabriel ! »

Soudain, Lisa éclata de rire, sans retenu, se servant un second verre qu’elle but aussi rapidement que le précédent.

« Saint Gabriel ! Elle est excellente tu trouves pas ! Tu t’imagines avec des ailes et toute la panoplie, chassant à coups d’épée les quatre compères qui vont apporter l’Apocalypse ! Oh My God ! La mère Angela serait aux anges ! Aux anges !!!!! Elle est bonne aussi celle là ! »

Prenant une voix plus grave, Lisa se mit à imiter Angela.

« Mila, n’oublie pas ! Tu dois les séparer, sinon, BOUM ! »

La jeune rousse accompagna ses propos d’un grand geste en écartant les bras, comme pour mimer une explosion gigantesque. Essoufflée par tant d’euphorie, Lisa continua à rire encore quelques secondes, avant de retrouver son calme. Soudainement très sérieuse, elle reprit la bouteille afin de se servir un troisième verre. Avant de le porter à ses lèvres, elle foudroya Sylar du regard.

« Sylar, tu es affligé de la malédiction de l’abomination. Lorsque l’on se ceint de la couronne de la Fourberie, même après l’avoir retirée, on porte à vie sa marque sur le front. Désolée d’être aussi directe … je ne suis surement pas la plus objective des personnes, je te l’accorde … mais j’ai du mal à croire à ce soudain retournement de veste de ta part. »

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« Sylar, tu es affligé de la malédiction de l’abomination. Lorsque l’on se ceint de la couronne de la Fourberie, même après l’avoir retirée, on porte à vie sa marque sur le front. Désolée d’être aussi directe … je ne suis surement pas la plus objective des personnes, je te l’accorde … mais j’ai du mal à croire à ce soudain retournement de veste de ta part. »

La phrase avait eu l'effet d'une bombe atomique sur le mental de Sylar.
Lui qui était plein de bonne volonté, plein de confiance, qui affichait son honnêteté et son désire de changer, voilà qu'on lui balançait une vérité en pleine figure: il était aller trop loin pour faire marche arrière. Il resta silencieux un moment, histoire de digérer la soudaine méchanceté, quoique justifiée, de son interlocutrice. Brouillée par l'alcool, le raisonnement de cette dernière était il réellement erroné ? Elle avait beau se moquer de lui avec ses "Saint Gabriel", se lancer dans une imitation de cette vieille peau au derrière décharnée (et manipulatrice avec ça !) qu'était Angela Petrelli, était-elle dans le faux ?

Non, assurément, non. Sylar avait fait tant de mal à tant de gens, devenir Saint Gabriel du jour au lendemain ne pouvait pas être aussi facile que d'arrêter de fumer, même si dans les deux cas la volonté est essentielle. Mais pour un serial killer, ça ne suffit pas. S'il voulait gagner sa place dans le camp des gentils, il faudrait la mériter. Il avait choisit de fuir Peter pour le protéger, le laissant ainsi seul face à Kane et toute la clique qui devait l'accompagner. Il avait choisi de fuir Claire pour éviter de replonger. Il avait été lâche. Il était peut être temps de changer de stratégie.

Mais tout d'abord, il devait clarifier deux ou trois choses avec Lisa. Brisant le silence qu'il avait lui même instauré, il prit une profonde inspiration et se lança dans un monologue qui aurait pu être inspiré, vu sa taille, par Alexis Kane lui même.

" Tout d'abord ta conception de l'espace temps n'est qu'une des nombreuses théories qu'on peut imaginer de nos jours, incluant la tienne, mais aussi celle qui dit que lorsque quelqu'un modifie une chose dans le passé, un futur alternatif est créé ! Il existe donc une possibilité mince que ton futur apocalyptique t'attende toujours avec une place bien dorée au soleil, tandis qu'en parallèle un autre futur bien plus gai se soit mis en place. D'une. De deux si tu restes de toute façon tu n'as plus rien à espérer parce que jamais Ô grand jamais il ne te sera possible de rester avec ta famille pour tenter de vivre une nouvelle vie, deux Lisa Dumont dans la même famille, impossible. Donc a ta place je commencerais à prier pour que ma théorie sur le futur existe parce que sinon ta vie est belle et bien foutue, tu n'as rien à foutre ici et tu n'aurais nul part où retourner. Troisièmement, parlant des personnes qui refoulent leur personnalité, je crois que tu dois ignorer ou alors volontairement omettre le fait que tes propres parents ont causé tous les deux, de façon violente et cruelle, la mort de plusieurs personnes. Ta mère était comme moi, je l'ai façonné involontairement à mon image, elle a tué pour voler des pouvoirs, elle a fait coulé le sang et répandu la tristesse. Ton père souffre d'un léger complexe de malade mental qui fait qu'en lui réside un second individu responsable lui de la mort de centaines, que dis-je, de milliers d'humains innocents. Et pourtant, eux mériteraint d'avoir une famille, une enfant, de n'être jamais emmerdé par la morale ? Foutaises, Lisa ! Ton père est peut être victime de ce qui lui est arrivé, mais ta mère a en elle les même instincts de tueur que moi. Que disais-tu déjà sur le naturel ? Ah oui, il revient au galop ! "

Il marqua une pause, avant tout pour reprendre sa respiration devenu haletante. Son cœur avait accéléré en même temps que le rythme de ses paroles, et il était maintenant très anxieux. Il laissa à Lisa le temps de digérer les paroles, souvent blessantes, qu'elle venait d'entendre. Il reprit quelques secondes après

" Mais je te concède une chose: m'éloigner de la zone à risque à l'aube d'une guerre sans précédent n'est pas une stratégie très intelligente. Je vais aller retrouver Peter et lui filer un coup de main, et crois moi que les 4 anges de l'apocalypse auront intérêt à être loin à ce moment là parce que sinon ils vont passer un moment tellement désagréable qu'ils vont demander à être muter dans un autre univers, parce que c'est pas à coup d'épée qu'ils vont se faire démembrés. "

Sa main droite se leva en un poing qui ressemblait à de la lave en fusion, il la desserra pour laisser découvrir une boule de feu. Son autre main elle se chargea d'électricité, tandis que ses yeux prirent une teinte rougeâtre. Tant de pouvoirs qu'il ne possédait, en réalité, pas. Il était temps de faire face à la vérité.

Le décor du restaurant s'effaça comme du crayon gommé sur une feuille de papier. Le toit disparu, laissant entrer la lumière du soleil couchant. Les mains et les yeux de Sylar redevinrent normaux. Les autres personnes présentes disparurent, et en quelques secondes il ne restait que Lisa et Sylar assis sur un banc. Le petit restaurant perdu entre deux parcs n'avait été qu'une illusion instaurée dans l'esprit de la petite Dumont par la télépathie du serial killer. Il n'y avait en réalité qu'un seul parc, et ils s'y trouvaient à présent.

" Inutile d'essayer de jouer avec toi. Tu as déjà perdu la partie. Tu es venu m'empêcher de tuer Peter, bravo, bien joué, tu m'envoie droit vers lui. Et je ne te promets rien quant à son sors ou celui de Claire. En fait tu devrais même me remercier de te laisser en vie pour commencer. "

Il se leva du banc, et fit face à Lisa.

" Saint Gabriel, Gabriel Gray, pourquoi est-ce que j'essaye toujours de changer qui je suis réellement ? Je sais qui je suis, et tu le sais aussi ..."

Il leva le regard et croisa celui, au loin, de son double futuriste. Ils échangèrent un petite sourire en coin. Il comprenait maintenant. Il avait été "piégé" par ce dernier qui savait exactement ce qu'il fallait dire et faire pour que la "prophétie" Sylar se réalise. Le futur Sylar avait envoyé son homologue du passé droit là où il le voulait, afin qu'il comprenne ce qui devait être compris, et qu'il fasse ce qui devait être fait. Sylar avait été, une fois de plus, manipulé. Mais cette fois, il ne s'en défendrait pas, et au contraire il profiterait de la situation. Son regard s'assombrit et se dirigea vers Lisa. Cette dernière pu sentir ses membres se raidir, comme si elle était immobilisée. Le tueur rapprocha son visage de celui de Lisa, de plus en plus près, pour finir par l'embrasser brièvement. Quelle horreur, se faire traiter de la sorte par le meurtrier de ses parents.

" ... je suis Sylar. "

Il se mit à ricaner avant de relâcher Lisa, et de tourner les talons. C'était sans nul doute sans compter sur la détermination de cette dernière, et la puissance qu'elle pouvait dégager ...

Après la réplique acerbe de la jeune femme, Sylar resta un long moment silencieux. Les propos de Lisa ne le laissaient clairement pas indifférents. Pourtant le tueur ne comptait pas rester là. Blessé en plein cœur, il entendait bien répliquer avec la même virulence.

A la fois terrifiée par les propos de son interlocuteur, mais également paralysée par la fureur, Lisa fut totalement incapable de répliquer, comme prise dans le douloureux étau de la réalité. Ainsi donc, rien ne lui serait épargné. Elle pensait pourtant avoir assez souffert dans son passé pour être à présente exempte de ce genre de tourment. Pourtant, il fallait bien qu’elle se fasse une raison, la Vie ne semblait pas l’entendre de cette oreille.

Alors que la jeune femme encaissait tout juste le coup rude porté par le tueur, ce dernier reprit la parole, accompagnant ses propos de gestes. Il était prêt à prêter main forte à Peter afin d’empêcher un avenir peu reluisant, se mettant alors à manifester une multitude de pouvoirs.

Puis soudain, plus rien. Le restaurant disparut, ainsi que ses occupants, ne laissant à la place qu’un parc. Les pouvoirs de Sylar semblèrent s’éteindre, ne laissant plus aucune trace de leur manifestation. Lisa, à présent assise sur un banc, regarda autour d’elle, surprise par un tel changement de décors. Elle se trouvait toujours dans Las Vegas, ce n’était donc pas une forme de téléportation. En réalité, elle avait la certitude de ne pas avoir bougé d’un pouce. Non, c’était l’environnement qui s’était modifié.

A présent, Sylar se montrait plus menaçant. Selon lui, Lisa venait de le remettre sur le chemin de Peter et Claire. Elle devait l’empêcher par tous les moyens. Alors que le tueur s’approchait d’elle avec un regard sombre, elle concentra ses forces psychiques avec la ferme intention d’écraser son adversaire sous des assauts psychiques, dusse-t-elle continuer jusqu’à ce que ce dernier soit intimement persuadé qu’il était une fillette de cinq ans. Alors que le psychopathe l’immobilisait par télépathie, il continuait de s’approcher d’elle. Sentant la situation devenir de plus en plus périlleuse, Lisa plongea tête la première dans l’esprit de son attaquant.

Tentant de se frayer un chemin à travers la psyché du tueur, elle réalisa qu’il serait surement plus difficile d’imposer sa volonté à son adversaire qu’elle ne l’avait prévu.

Mais alors qu’elle le tenait, elle se rendit compte qu’il était plus proche d’elle qu’elle ne le pensait. Trop concentrée sur la mobilisation de son pouvoir, elle n’avait pas été assez vigilante. Surprise, elle ne parvint pas à achever son travail. Puis, l’horreur se produisit.

Avec un sadisme qu’elle ne lui aurait jamais soupçonné, Sylar embrassa le visage de la jeune femme. Immobilisée, elle était totalement incapable de se dégager, et dût bien malgré elle, subir cet affront. Plus qu’un affront, Lisa perçut ce geste comme un véritable viol venant de la part d’un être aussi abjecte que Sylar. Conscient de ce qu’il faisait endurer à sa victime, Sylar sembla en tirer un plaisir des plus malsains.

Comme il le dit si bien à Lisa, il était Sylar. L’un des rares êtres à pouvoir agir de manière aussi révulsante aux yeux de la jeune rousse.

Relâchant son emprise télékinésique, le sociopathe s’éloigna alors de Lisa. Affectée au plus profond d’elle-même, la jeune femme, anéantie par le geste de son adversaire, se retrouva totalement incapable de répliquer. Impuissante, elle s’effondra sur ses genoux, ne parvenant plus à retenir ses larmes. Vidée de toute ardeur, elle ne regarda même pas le serial killer partir.

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