What have you done ? [PV Waren, Lila]

Kerry et Waren se dirigeaient vers un immeuble de Manhattan, une ruelle pas très loin de là où Peter habitait. L’immeuble en question était globalement agréable à l’œil, pas comme certains immeubles qui, il fallait le dire, étaient hideux. Etant donné que Kerry ne pouvait pas déterminer la localisation de Claire ni même de Cruz, elle avait proposé au télépathe d’aller attendre l’Anglaise directement chez elle car Kerry savait qu’elle allait revenir chez elle dans peu de temps. Ils devaient se rendre chez elle pour tenter de savoir où se trouvait Claire car elle avait le pressentiment que Cruz n’était plus avec Claire. Elle espérait qu’elle se trompe car si Claire n’était pas avec Lila, alors il était probable qu’elle soit avec Kane. Une terrifiante supposition.

Les deux jeunes gens arrivaient en bas de l’immeuble de Lila, à la porte d’entrée il y a un boitier avec un digicode qui bloquait l’entrée à ceux qui ne connaissaient pas le code. Mais ce système de sécurité n’allait pas empêcher Kerry de pouvoir entrer dans l’immeuble. Elle se tourna vers Waren.

« Attention, ça va être assez désagréable. »

Elle lui prit le bras et ferma les yeux. Ils disparurent dans un voile noir pour apparaître dans un appartement, plus précisément dans le salon faiblement éclairé par la lumière du jour. Voilà où habitait Lila, c’est pas mal pensa Kerry. La jeune femme regarda autour d’elle et vit une table avec des feuilles de papiers dessus. Poussée par la curiosité, elle s’approcha et se mit à fouiller. Mais par manque de chance, ce qu’il y avait d’écrit sur ces feuilles n’avait rien d’intéressant. Elle et Waren allaient devoir attendre. Pendant que les minutes défilaient, Kerry ne pu s’empêcher de penser à Alex et à Mila. Ca ne lui plaisait pas qu’ils soient parti risquer leur vie, tout ça parce qu’Angela leur avait demandé. Et si tout cela se terminait mal ? Elle ne pourrait pas supporter de perdre l’homme de sa vie ni leur fille même si techniquement elle n’était pas encore née. Elle s’en voudrait pour le restant de sa vie de les avoir laissé partir, d’avoir accepter d’aider Angela, une fois de plus.

Kerry secoua la tête pour chasser ses idées noir de son esprit. Après tout, tout cela peut se terminer d’une bonne manière.

Puis, un bruit d’une clé qu’on entre dans une serrure retentit dans la pièce. Cruz arrivait. Kerry et Waren se placèrent derrière un pan de mur de façon à être cachés de la jeune Anglaise. Cette dernière poussa la porte de son appartement et alluma la lumière. Kerry entendit l’Anglaise se défaire de ses chaussure et déposer des affaires. Puis elle s’approcha de la cuisine, qu’elle alluma en entrant dans la pièce. Kerry et Waren se trouvaient juste derrière elle.

« Salut Lila… »

Kerry vit Lila sursauter, ce qui fit sourire la journaliste.

« Alors comme ça on revient de balade. »

Kerry avait remarqué l’accoutrement de motard de l’Anglaise.

« Je suppose que tu n’étais pas seule… »

Kerry tourna la tête vers Waren.

« J’oubliais…Voici Waren, oui, j’ai bien dit Waren. Disons qu’il cohabite avec la proprio de ce corps. C’est un télépathe. »

Kerry reporta son attention sur Lila.

« Tu te doute de la raison pour laquelle nous sommes là. On aimerai bien récupérer Claire qui devrait être avec toi sois dit en passant. »

Kerry remarqua le maquillage de Lila qui avait coulé, comme si la jeune femme avait pleuré.

« Qu’en as-tu fais ? »

L'air de rien, le road trip qui avait réuni les deux jeunes femmes pendant trois journées entières avait complètement épuisé l'Anglaise, surtout que le voyage en question s'était clôturé par le moment le plus pénible que Lila n'ait jamais vécu, non seulement parce qu'elle avait dû déployer des efforts physiques gargantuesques afin de réduire la cage et la cheerleader que celle-ci contenait, mais également à cause de la douleur affective qui, pour la première fois, avait frappé l'aristocrate de plein fouet.
Encore sous le coup de l'émotion, elle avait retrouvé sa fidèle Ducati et s'était lancée dans les ruelles quasi désertes qui quadrillaient la Grosse Pomme. La nuit touchait à sa fin, et déjà les fonctionnaires les plus audacieux, les facteurs et quelques jeunes bourrés rentrant de discothèque peuplaient la ville. Lila explosait toutes les limites de vitesse, l'esprit ailleurs, encore tourmentée par toutes les questions qui s'étaient si subitement imposées à son esprit. Le visage torturé de Claire la hantait, de même que... ce sentiment bizarre, qu'elle avait du mal à identifier. Etait-ce du remords ? De la mélancolie ? Peut-être un peu des deux. Elle l'ignorait, étant donné qu'elle n'avait jamais éprouvé de telles émotions. Tout cela était nouveau pour elle, comme si elle sortait enfin de son cocon brut et rude, découvrant la lumière pour la première fois. Il se trouvait que c'était assez douloureux, de prime abord.

Encore dégoulinante de sueur et striée de mascara sous ses yeux de braise, elle arriva finalement à son appartement principal, espérant que la vieille concierge distraite n'allait pas la voir et venir lui taper une conversation interminable. C'était la dernière chose dont elle avait besoin en ce moment. Débout devant la porte d'entrée, elle s'arrêta quelques secondes et ferma les yeux, poussant un long et profond soupir. Elle saisit ensuite son digicode et inséra la clé dans sa serrure. Cette vieille bique du rez-de-chaussée avait au départ été contre l'installation de ce dispositif bien trop moderne pour elle, mais l'insistance de l'Anglais avait fini par avoir eu raison de son entêtement. Lila était une personne éternellement méfiante et constamment sur ses gardes. Elle ne protégeait pas de bien de valeur, ni d'informations top secrètes, mais sa profession voulait qu'elle gardât un anonymat presque total. Ceci exigeait une haute dose de discrétion et de sécurité. Trop fatiguée pour emprunter les escaliers, elle utilisa l'ascenseur, chose qu'elle faisait très rarement. Mais elle était au bout du rouleau et n'avait plus que deux objectifs : prendre une bonne douche, et s'écrouler dans son lit. Elle espérait pouvoir dormir, cette-fois... Mais le destin en voulut autrement.

Arrivée devant la porte de son loft, elle tourna la clé dans la serrure et entra. Le fait de fermer la porte derrière elle fut comme une véritable délivrance. Enfin seule ! Finie la présence tourmentante de Claire Bennet, finis les efforts afin de conserver son masque impitoyable, qui se faisait de plus en plus lourd et douloureux. Elle redevenait elle-même, ou plutôt la nouvelle "elle", ne craignant plus le regard d'autrui. Elle allait pouvoir faire le point à son aise, dans son petit nid douillet. Calmement, elle alluma la lumière, se défit de ses bottes et et jeta ses affaires dans le fauteuil du salon. Elle se dirigea ensuite vers la cuisine, prise par l'envie soudaine de se servir un bon verre de jus d'orange frais. C'est alors qu'une voix dans son dos la fit sursauter. Elle referma la porte du réfrigirateur et fit volte-face pour se trouver face à Kerry et une autre femme. A sa grande surprise, elle constata que la journaliste était enceinte, et pas qu'un peu. Elle portait à merveille ce ventre rebondi qui renfermait la vie. Une nouvelle petite peste rouquine dotée de pouvoirs inquiétants. Quel miracle, la génétique !

« Alors comme ça on revient de balade. »

Lila se doutait que Kerry était au courant. Il y avait même de fortes chances que ce soit Angela qui les ait prévenus, étant donnée la faible supercherie qu'elle avait employée pour tromper l'Haïtien et détourner l'attention de la matronne Petrelli.

« Je suppose que tu n’étais pas seule… »

La voix de la rousse était encore calme et posée, comme si son état de femme enceinte lui offrait une apparence sereine. Cependant, une pointe d'inquiétude assombrissait son regard.

- Maintenant, je le suis, se contenta de réponde Lila d'une voix la plus neutre possible.

Kerry se tourna vers sa comparse et la présenta à l'Anglaise. Il s'agissait en réalité d'un homme, un dénommé Waren. Note dans la tête de Cruz : *danger, personne capable de te squatter la cervelle et prendre possession de ton corps*. Avec méfiance, elle entreprit de glisser sa main sous le bar de la cuisine, lequel abritait un pistolet soigneusement attaché, hors de vue. Mais elle s'arrêta en repensant à la dernière fois où elle avait menacé Kerry d'une arme à feu : c'était au Niveau 5 de la Compagnie, et la journaliste avait vite fait de lancer une petite impulsion mentale de manière à ce que Lila pointe son flingue sur sa propre tempe. Elle interrompit donc une entreprise aussi stupide et écouta ce que son invitée surprise avait à lui dire, bien qu'elle s'en doutait quelque peu. Grillée.

« Tu te doute de la raison pour laquelle nous sommes là. On aimerai bien récupérer Claire qui devrait être avec toi sois dit en passant. »

La rouquine la fixait et Lila se rappela de l'état pitoyable de son visage. Les larmes ne l'avaient vraiment pas épargnée. Elle préféra cependant ne pas chercher à s'essuyer ou à se dissimuler, car cela attirerait davantage l'attention dessus.

« Qu’en as-tu fais ? »

En temps normal, Cruz se serait mise à sourire et à lancer un regard insolent saupoudré d'une remarque provocatrice. Mais elle n'en avait plus la force désormais, et se contenta de répondre d'une voix plate, sans saveur :

- Je croyais que tu savais tout sur tout, Tomas. A vrai dire, je m'attendais à votre visite, mais je ne pensais pas que vous viendriez aussi vite.

Elle se tourna et ouvrit une armoire pour en sortir trois verres, puis refit face au réfrigirateur.

- Je vous sers un verre ? Eau, jus de fruits ?

Une fois qu'elle eût servi les désireux de boire, elle repassa dans le salon et présenta d'un signe le fauteuil à Kerry, avant d'enlever ses affaires, qu'elle y avait négligemment balancées.

- Assieds-toi donc, ce n'est pas bon de rester trop longtemps debout dans ton état. Non mais franchement, envoyer une femme enceinte... Je savais qu'Angela n'était qu'une vieille crapule, mais il faut avouer que là, elle fait fort !

Elle s'assit à son tour face aux deux jeunes femmes et du jeune homme dissimulé dans l'une d'entre elles. Les premiers rayons du soleil immergeaient dans l'appartement, le teintant de lueurs orangées. C'était un endroit agréable dans lequel Lila aimait se recuiellir. Les voisins étaient calmes et l'endroit propre, lumineux, bien rangé. Un vrai petit nid de luxe.

- Je suppose que c'est le Frenchie, le père. Toutes mes félicitations à vous deux, les tourtereaux. C'est sincère...

Elle ne mentait pas. Kerry et Alex n'étaient pas des personnes qu'elle méprisait, et leur coopération passée lui avait été fort agréable, malgré les apparences.

- C'est marrant, chacune de vous abrite une autre personne en elle. En réalité, j'ai quatre invités face à moi. Que de monde n'est-ce pas ?

Il n'y avait aucune hostilité ni aucune tension dans sa voix. Cette dernière était juste un peu fatiguée. Quelques instants plus tôt, elle s'apprêtait à se doucher puis à s'endormir comme un bébé, afin de récupérer de son éprouvant voyage et de se préparer à faire le point les jours suivant, et voilà qu'elle tapait déjà la causette avait deux des nouveaux sbires d'Angela Petrelli. Quelle emmerdeuse, celle-là. Tout ce que Lila espérait, c'était qu'elle n'aurait pas droit à une scéance de torture, même mentale. Son état moral était encore trop instable pour supporter ce genre de pressions. Mais elle se doutait bien qu'elle ne parviendrait pas à dévier éternellement la conversation.

Le soleil était bien haut dans le ciel de New York maintenant. Kerry et Waren avaient quitté Angela depuis une heure, peut être une heure et demi et étaient bien décidé à en finir rapidement. Direction l'appartement de Cruz. Le trajet s'était effectué dans un silence des plus complet, Waren sentait bien que la jeune femme était intriguée par la situation du télépathe, mais elle n'en disait rien et il préférait ne pas sonder ses pensées. Au cas où.

Arrivée devant l'immeuble, la jeune femme rousse usa de son pouvoir pour contourner le faible (et inutile) système de sécurité. La sensation était particulièrement bizarre, et fort désagréable pour Waren qui, une fois à l'intérieur en avisa amèrement sa collègue du moment.

La prochaine fois, j'aimerai que tu me dises ce que tu comptes faire AVANT. La téléportation n'est pas très agréable et je n'aime pas spécialement ça, j'aurai très bien pu ouvrir la porte en piochant le code chez les habitants...

Toujours en silence, ils reprirent leur expédition dans un monde hostile ... l'appartement de Lila Cruz. La jeune femme n'était pas encore là, et l'appartement était assez sombre, tous volets fermés. Waren jeta un coup d'oeil à sa montre. 15h. Il avait devant lui 3h environ avant de devoir rentrer, pour que le mari ne se doute de rien. Lorsque la jeune femme entra, elle ne laissa paraitre aucune surprise en entendant Kerry l'apostropher dès qu'elle eu fermer la porte. Waren, lui (ou elle, au choix), écouta en silence la petite discussion et s'assit, sans attendre l'invitation, dans un fauteuil. Il ne releva aucune des piques de la folle-dingue en face de lui et attendit que la discussion en vienne au sujet qui les intéressaient. Comme il fallait s'y attendre, l'anglaise botta en touche, c'est à ce moment que le télépathe décida de prendre la main.

Un scotch pour moi. Même deux, puisque nous sommes deux à l'intérieur comme tu le dis si bien ...

*Non mais, ça va pas Waren ? *

*Chut, c'est une boutade. Un seul suffira, et tu n'es pas enceinte que je sache.*

*Ce n'est pas une raison, je ne bois pas, si mon mari sent l'alcool, il va se douter de quelque chose.*

*Roh c'est bon, un pauvre verre, c'est rien.*

*Waren, s'il te plait ! *

*Bon bon, c'est d'accord ...*

"Un jus d'orange plutôt, madame n'est pas d'accord pour que j'attaque son corps à l'éthanol"

Les regards se tournèrent vers lui, intrigués, un court laps de temps. Waren reprit plus sérieusement

On n'a pas toute la journée Cruz, alors ne tournons pas autour du pot cent-sept ans. Où est la blondinette ? Elle est censée être ici avec toi, hors tu es seule, visiblement fatiguée et même si elle doit sans doute être particulièrement horrible comme toute cheeleader qui se respecte, je ne pense pas que ça soit elle qui t'es mise dans cette état de nerf.

[HRP : post beaucoup moins bon, mais j'ai pas de musique sur ce pc, donc j'peux pas m'inspirer =/ ]

Une fois les présentations d’usages faites et l’objet de la visite énoncé, Lila leur proposa un verre. Kerry refusa poliment tandis que Waren voulait non pas un mais deux verres de Scotch en ajoutant qu’il n’était pas seul dans ce corps. Kerry le regarda et lui fit comprendre qu’ils n’étaient pas là pour plaisanter. Lila les invitait à s’assoir et elle souligna qu’il n’était pas prudent qu’une femme aussi enceinte reste debout. La jeune rousse s’installa en face de l’Anglaise. Celle-ci la félicita ainsi qu’Alex pour l’heureux événement qui allait très bientôt arriver. Kerry su que c’était sincère, plus par le regard de la jeune femme que par son pouvoir. Kerry ne pu s’empêcher d’afficher un léger sourire aux coins de ses lèvres.

« Merci. »

Cet instant de courtoisie avait été rare dans l’histoire commune des deux jeunes femmes. Leur collaboration pour arrêter Sylar avait mal commencée, c’était le moins qu’on puisse dire. Mais Kerry avait du reconnaitre l’utilité de la jeune femme lors de cette mission. Ensuite, elles s’étaient entre-aidée pour lutter contre Arthur Petrelli, mettant de côté leur mésentente.

« Comme l’a redit Waren, nous voulons savoir où se trouve Claire. Tu étais avec elle et je sais que vous avez toutes les deux croisées Alexis Kane. C’est à cause de lui que j’ai du mal à localiser Claire. »

Kerry ne savait pas comment Kane pouvait bloquer ainsi son pouvoir. C’était comme si les ténèbres emprisonnaient la vérité, comme un oiseau en cage, impossible de s’envoler et d’aller là où bon lui semble, parcourant le monde.

« Qu’est-ce qu’il lui a fait ? »

Kerry observait Lila. L’Anglaise ne semblait pas à l’aise avec cette question. Ressentait-elle de la culpabilité d’avoir laisser la jeune blonde aux mains du ténébreux ?

« Je ne sais pas pourquoi tu as fait ce que tu as fait. Tu devais avoir tes raisons mais je vois bien avec ton maquillage qui a coulé qui trahi des larmes, que tu regrette d’une certaine façon ce que tu as fait. Je ne sais pas ce qui se trame, ni pourquoi il a besoin d’elle mais si on ne la retrouve pas ça va vite dégénérer. »

Kerry se remémora des paroles d’Angela. Etait-ce vraiment possible, l’apocalypse ? Angela y croyait elle.

« On doit la retrouver pour… »

Une douleur violente la prit soudainement au ventre. Une contraction. Elle s’était habituée à force mais celle-ci était particulièrement forte et longue. Elle posa sa main sur son ventre et afficha une grimace. Puis lorsque la douleur cessa, elle souffla.

« Je disais qu’on doit la retrouver, alors dis nous ce que tu sais. »

Malgré les plaisanteries quelque peu ironiques du dénommé Waren (Lila avait encore du mal à s'y faire, étant toujours persuadée de se trouver face à une femme), une certaine courtoisie se dégageait de cette conversation, encore dénuée d'animosité. L'Anglaise s'était attendue à voir débarquer de grosses brutes prête à lui extirper la vérité à coup de burin et d'arrachage d'ongles, et voilà qu'elle voyait débarquer une femme enceinte, et une autre possédée par un télépathe. Angela aurait décidément toujours d'étranges méthodes. Kerry sembla touchée par les félicitations de Lila, esquissant un léger sourire. Elle avait l'air heureuse, malgré les circonstances actuelles, cela se voyait dans son regard. Une sorte de paix intérieure que Cruz avait du mal à cerner, ou même à définir. Probablement un autre sentiment qui lui était encore étranger. Elle but une gorgée, prête à s'engager dans un combat verbal où le bluff n'était pas permis. Cela s'annonçait difficile, étant donné que Lila était une véritable pro du mensonge. Rien d'étonnant en somme, vu qu'elle s'était toujours mentie à elle-même. Il était dès lors aisé de tromper la confiance des autres... jusqu'à ce jour-même, tournant définitif dans la vie de la jeune femme. Elle se racla la gorge avant de répondre à la rouquine, qui savait déjà que Claire avait été avec elle, et qu'elles avaient croisé Alexis.

- Je crois que je n'ai rien de plus à t'apprendre, Kerry. Vous êtes déjà au courant de tout, plus ou moins. Kane est un type qui parle beaucoup, mais qui au final en dit peu. On a l'impression de le connaître alors qu'en réalité on ne sait rien de lui. Son éloquence n'est qu'un subterfuge destiné à nous faire oublier ses véritables intentions. Cet homme manie les mots mieux que je ne manie mes 9 millimètres, et je n'ai pas pu extirper la moindre information quant à ses objectifs. J'étais juste... un pion dans son jeu. J'ignore même si ses intentions sont bonnes ou mauvaises.

Visiblement, même Kerry n'avait pas accès à cette partie de la vérité, comme si elle lui était voilée, qu'elle se trouvait impuissante face à cette carapace de mystère et de confusion. Elle demanda à Lila ce qu'il lui avait fait. L'Anglaise eut un frisson. La question la plus appropriée était plutôt : "Qu'est-ce qu'ELLE lui a fait ?". Pourquoi diable avait-elle agi tel un robot, elle qui s'était toujours battue en n'écoutant que ses propres désirs. Enfin... peut-être n'étaient-ce pas les siens finalement, mais ceux de sa mère, ces valeurs injustement inculquées à une fillette, la privant de sa liberté de penser et d'agir afin de trouver sa propre voie. Cette question résonnait inlassablement dans l'esprit de Lila : "Qu'est-ce que tu lui as fait ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? Qu'est-ce que..." Kerry rompit ce cycle infernal en poursuivant son interrogatoire, décidée à enfoncer le clou tant qu'elle en avait l'occasion, voyant qu'une brèche se présentait.

« Je ne sais pas pourquoi tu as fait ce que tu as fait. Tu devais avoir tes raisons mais je vois bien avec ton maquillage qui a coulé qui trahi des larmes, que tu regrette d’une certaine façon ce que tu as fait. Je ne sais pas ce qui se trame, ni pourquoi il a besoin d’elle mais si on ne la retrouve pas ça va vite dégénérer. »

Lila aurait voulu rétorquer que ce n'étaient pas des larmes, mais juste la sueur, car elle n'avait cessé de courir ces trois derniers jours. Mais elle savait qu'une telle tentative se solderait par un échec, et le signal-vérité de Kerry se mettrait à faire "biiip, biiip", avec le voyant "mensonge" allumé. Quelle plaie. Première fois qu'elle se laissait aller à pleurer, et voilà que deux, non trois personnes étaient au courant. D'après les dires de la rouquine, la situation n'irait pas en s'arrangeant. De toute façon, cela faisait des mois que le monde ne cessait de dégénérer. Etait-ce finalement si grave que cela ? En quoi Claire pouvait-elle être si importante ? Elle avait certes un pouvoir fascinant, mais comment Kane pouvait-il l'exploiter, d'autant plus qu'elle était réduite à la taille d'un moucheron.
Tout à coup, Kerry s'arrêta de parler et se tint le ventre en gémissant. Lila eut un sursaut et fut prise au dépourvu. Elle n'avait pas très envie que Tomas se mette à perdre les eaux dans son appartement, ce n'était pas le genre de situations qu'elle savait gérer. Heureusement, la contraction sembla passer et la rousse se détendit.

« Je disais qu’on doit la retrouver, alors dis nous ce que tu sais. »

Lila but une gorgée de jus d'orange, qui eut du mal à passer. Etait-ce à cause de la fatigue, de la présence de ces deux visiteurs imprévus ou de l'amertume de ce sentiment de remords ?

- Je ne peux pas vous aider, Kerry. Je ne sais pas où se trouve Kane, ni ce qu'il compte faire. Ce que je sais ne vous sera d'aucune utilité dans votre investigation. Il est inutile d'insister, cela ne vous mènera nulle part. Je suis désolée...

Ce qu'elle savait se limitait à une seule chose, qui donnait des frissons à Lila rien que d'y penser. Elle se mit à se parler à elle-même, intérieurement :

*Claire est dans une cage de moins de 15 centimètres de haut, enveloppée d'un voile d'ombre made by Kane... Je suis la seule à pouvoir la sauver, quand bien même il resterait une infime chance qu'elle s'en sorte*

[HJ : A la demande de Quentin, je passe son tour. Désolée pour le manque d'inspi ]

A la réponse de Lila, Kerry savait que l’Anglaise disait la vérité. Ainsi elle ignorait tout des plans de Kane et de ce qu’il comptait faire de Claire. Kerry était déçue de cette réponse, elle qui voulait que cette mission se termine au plus vite, qu’elle reprenne sa vie avec Alex et leur enfant à venir. Elle observait un moment Lila. Elle la rendait perplexe. Pourquoi avait-elle trainer avec Kane, pourquoi ne pas avoir tout bonnement laissé Claire à Angela ? Elle regarda un instant Waren qui avait les yeux rivés sur Lila, comme captivé par quelque chose. Puis elle vit dans le regard du télépathe, ou plutôt de son hôte, la surprise.

« Waren ? »

Il se tourna vers elle. Là, elle sentit qu’on accédait à son esprit, puis elle entendit une voix.

* Claire….cage….rétrécie.*

Une fois Waren hors de son esprit, elle se tourna vers Lila qui avait l’air absent. Claire est dans une cage miniaturisée ? Lila avait-elle vraiment fait ça ? Un châtiment cruel, même de la part de Lila.

« Tu as vraiment ça ? Tu l’as rétrécie… »

Kerry se garda bien de culpabiliser encore une fois l’Anglaise. Sa conscience le faisait à sa place.

« Tu devais l’amener à Angela, pourquoi le plan a t’il changé ? Tu lui était pourtant fidèle. Il t’a proposé quelque chose ? Tu ignores si il a de bonnes intentions ou non mais tu crois que si il en avait de bonnes il tiendrait en otage Claire ? D’après Angela, à cause de ça, l’avenir ne va pas être joyeux et ça ne me réjouit pas trop de savoir que mon enfant va connaître un futur apocalyptique à cause de personnes qui devraient être enfermées. »

Kerry évita de trop pensé à ce qui attendait le monde si rien n’était fait, si la menace n’était pas éliminée. Soudain une autre contraction arriva, aussi forte que la précédente. Kerry grimaça une nouvelle fois et posa ses mains sur son ventre. Cette fois les contractions étaient rapprochées, ce qui inquiéta la future maman, surtout que la naissance n’était pas prévue avant deux semaines.

« Non c’est trop tôt. Il faut….que j’aille…à l’hôpital… »

« Tu as vraiment fait ça ? Tu l’as rétrécie… »

Elle-même avait des difficultés à y croire. L'avait-elle vraiment fait ? Pourquoi s'être laissée guider par des motivations devenues insensées ? Comme si d'un coup, elle était devenue... trop faible pour lutter. Faible, quelle idée impensable dans l'esprit d'une femme qui avait toujours maîtrisé la situation, dominé la plupart de ses pairs, s'était toujours sentie au-dessus du commun des mortels. La question de Kerry eut pourtant pour effet de confirmer cette pensée, la traversant comme une lame en plein coeur. Elle éprouva une sorte de pincement irrépressible, et sa gorge se serra. Dans un réflexe visant à préserver sa dignité, elle se leva, son verre de jus d'orange dans la main, et se tourna vers la fenêtre. Une fois dos à ses invités, elle laissa s'échapper une larme. D'autres semblaient vouloir jaillir, mais elle réussit à les retenir. Comment allait-elle gérer la situation, désormais ? Elle ne savait même pas comment réagir face à d'autres personnes lorsqu'elle montrait ses faiblesses. Que font les gens qui pleurent ? Ils se jettent dans les bras de leurs amis, s'encourent dans une autre pièce, se retiennent ? Lila tenta de garder une voix stable. Elle dut prendre son verre à deux mains pour ne pas trembler. Elle s'apprêtait à dire qu'elle savait, qu'elle regrettait son geste, qu'elle tenait à Claire plus qu'à quiconque et que cela lui avait déchiré le coeur de devoir l'abandonner. Que chaque minute, chaque seconde qui s'écoulait depuis leur séparation, elle ne cessait d'être rongée par les regrets et la tristesse, mais qu'elle ne savait pas comment réagir face à cela. Le dire devant Kerry aurait déjà été compliqué, mais avec en plus ces deux inconnus dans un seul corps, c'était devenu carrément une épreuve de force. Il était temps d'arrêter d'agir de travers, et d'accepter la vérité qui tentait de s'imposer. Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, Kerry recommença à parler, ce qui fut comme un soulagement pour l'Anglaise. L'interrogatoire continuait de plus belle.

« Tu devais l’amener à Angela, pourquoi le plan a t’il changé ? Tu lui était pourtant fidèle. Il t’a proposé quelque chose ? Tu ignores si il a de bonnes intentions ou non mais tu crois que si il en avait de bonnes il tiendrait en otage Claire ? D’après Angela, à cause de ça, l’avenir ne va pas être joyeux et ça ne me réjouit pas trop de savoir que mon enfant va connaître un futur apocalyptique à cause de personnes qui devraient être enfermées. »

Lila continua de fixer la ruelle qui s'étendait devant elle, de l'autre côté de la baie vitrée de son appartement. Sa réponse fut cette fois-ci plus aisée, en contraste avec la confession qu'elle s'apprêtait à faire avant la nouvelle intervention de la rouquine.

- Tu n'as donc pas compris, Kerry. Jamais Angela ne m'a demandé de lui apporter Claire. Dès le départ, j'avais convenu avec Kane de la lui livrer. C'est lui qui m'a contactée, ayant sans doute eu vent de mon professionnalisme. Mes motivations importent peu... ou du moins, plus maintenant. Ce qui est fait est fait, c'est tout. Je ne vois que deux possibilités quant aux intentions de Kane : soit il désire exploiter les capacités de Claire, soit il l'a prise en otage afin de vous attirer dans ses filets. Ce ne sont bien entendu que des hypothèses, je n'en sais pas plus que toi.

Elle se retourna alors, sa larme ayant enfin seché. Son regard passa de Kerry à l'inconnu(e).

- Vous pensez vraiment que l'avenir sera joyeux, quel qu'il soit ? Regardez donc le présent : des criminels en liberté, la moitié de New-York rasée, un système politique qui tombe en miettes. Si vous parcourez les rues, vous comprendrez que c'est devenu chacun pour soi, la loi de la jungle. Pire encore, des camps commencent à se former entre les hommes qui méprisent les personnes comme nous, ceux qui renient leurs pouvoirs, ceux qui se battent pour être acceptées en tant que personnes normales malgré leur différence, et ceux qui ont pour unique but d'éradiquer la partie non-évoluée de l'espèce humaine. Merci Darwin. Les hommes sont nés pour s'entre-déchirer, pour détruire et s'auto-détruire. Aucun ne fait exception à la règle, et je pense que ton passé en dit suffisamment long sur le sujet, Kerry.
Kerry ?

La rouquine grimaçait et avait reposé ses mains sur son ventre. Oh non...

« Non c’est trop tôt. Il faut….que j’aille…à l’hôpital… »

Lila faillit laisser tomber son verre. Elle le déposa sur la table et s'approcha de Kerry. Que fallait-il faire dans ce genre de situations ?

- Je... Je vais appeler le Frenchie. Donne-moi son numéro. Je vais aussi appeler un taxi pour t'emmener à l'hôpital. Bon sang, mais qu'est-ce qui a pris à Angela de t'envoyer en mission dans un état pareil ?

Afin de ne pas perdre de temps, elle téléphona déjà à la compagnie de taxis et en exigea un de toute urgence. Elle se tourna ensuite vers ses invitées, attendant les instructions. Elle ne pouvait pas arriver maintenant...

Je suppose que vous avez sauté mon tour pour passer au sujet suivant. Vous voulez que je fasse une réponse quand même pour clore ?

» It Was a Bad Idea [PV Lila]
» Let's free the caged bird [Alex, Claire, Lila]
» Out Of The Way - Lila, Zach
» When Lila lost control [Pv. Peter]
» Welcome to Level 5 [PV Sylar, Alex, Lila, (Angela ?)]