Let's free the caged bird [Alex, Claire, Lila]

Appartement de Peter

De la même manière qu'il était parti, quelques instants plus tôt, Peter réapparut au milieu de sa chambre. C'était comme un rêve, comme si cet événement n'avait rien changé et que cet appartement calme et sobre n'avait jamais vu son propriétaire le quitter. Pourtant beaucoup de choses avaient changé lors de cet intervalle de temps qui avait paru interminable. Cette discussion avec Alexis s'était avérée plus pénible et éprouvante que Peter ne se l'était imaginé. Mais malgré tout, il ne revenait pas bredouille. Il avait même plus ou moins réussi sa mission de sauvetage, puisque Claire reposait désormais entre ses mains. Restait encore à lui rendre sa taille initiale, et surtout à trouver la personne compétente pour une tâche aussi folle.
Peter rapprocha la cage miniature de son visage pour l'observer. Son occupante semblait avoir arrêté de gesticulée, probablement consciente que son oncle ne pouvait pas l'entendre. Au moins, elle avait l'air apaisée. Rester entre les griffes de ce psychopathe de Kane avait dû être une épreuve particulièrement difficile pour cette pauvre adolescente sans défense, dont l'innocence mais surtout le pouvoir étaient exploités sans vergogne par les pires individus qui puissent exister, et qui croisaient sa route, à son plus grand malheur. Elle méritait une vie normale, une vie comme toutes les jeunes filles de son âge, dont les seuls problèmes étaient les déceptions amoureuses, les régimes alimentaires et les examens de fin d'année. Il était du devoir de Peter de veiller à ce qu'elle jouisse de cette simplicité, d'un quotidien parfois ennuyeux mais rassurant. C'est ce qu'elle avait toujours voulu, donc tant qu'elle ne changerait pas d'avis, il respecterait cette volonté et se battrait pour cette dernière.
Il déposa la cage avec précaution sur sa table de chevet et se débarrassa de son imperméable. Reprenant ensuite Claire avec lui sans trop la bousculer, il sortit de sa chambre et regarda si quelqu'un se trouvait dans l'appartement. Visiblement, sa Chris avait quitté les lieux. Ce garçon était vraiment étrange, et il se demanda sérieusement s'il allait pouvoir les aider concernant les Sons. Il y avait de quoi en douter, c'était certain. Mila, quant à elle, avait apprivoisé le téléphone de Peter et s'était barricadée pour avoir la paix. Il n'y a pas une infinité de possibilités : il n'y avait pas grand monde qu'elle pouvait appeler, hormis Angela. Le cadet Petrelli décida de ne pas la déranger. Une pièce restait encore à inspecter : la chambre d'amis, qu'Alex occupait depuis la nuit passée. Il frappa à la porte et attendit quelques secondes avant d'appeler son ami :

- Alex ? Si t'es là, dépêche-toi, fénéant ! Tu ne devineras jamais ce que j'ai trouvé par hasard en me promenant à l'autre bout du monde...

Il essayait de plaisanter, mais n'était en réalité pas très rassuré. Il savait que mettre le Français et Claire dans la même pièce n'était pas une idée judicieuse, mais il n'avait pas le choix : peut-être qu'Alex connaissait la façon de rendre à la cheerleader sa taille normale. Après tout, il avait une copine qui bossait dans les médias et avait de nombreuses relations, puis il avait lui-même brièvement travaillé pour la Compagnie qui possédait un nombre non négligeable de personnes spéciales. Il croisa les doigts pour que la solution ne leur prenne pas trop de temps, car les Sons of Liberty n'allait pas les attendre patiemment pour passer à l'acte.

[nb: Le premier tour se fera sans Lila]

Lorsqu’Alex se réveilla ce matin là, il resta un moment allonger sur le dos, immobile et les bras croisés derrière la tête, à fixer le plafond de la pièce. Le rêve qu’il avait fait la nuit précédente était des plus étranges, lui laissant une sensation bizarre. A dire vrai, il n’arrivait pas à déterminer s’il s’agissait réellement du fruit de son imagination, ou bien si, comme il l’avait appris au cours de cette aventure onirique, tout ce qu’il avait vécu dans le royaume de Morphée était la réalité.

Lorsqu’il décida finalement de se lever, il était tout aussi incapable de dire combien de temps il était resté ainsi, méditatif, dans la chambre d’amis de l’appartement de Peter.

L’appartement était des plus calmes. Tout était immobile et silencieux. L’ambiance était quasi similaire au fameux rêve du jeune homme : un univers plombé et irrémédiablement immobile jusqu’à ce que la tourmente ne sévisse … restait à attendre la fameuse tourmente pour modifier radicalement la sérénité des lieux.

Dans l’appartement, il n’y avait nul trace de Peter, ni même de Chris. Tous deux semblaient s’être volatilisés. De même, le français ne trouva pas Mila, bien qu’il sentait qu’elle n’était pas très loin. Le lit de camp et les affaires de couchage étaient rangés, aussi devait-elle être réveillée depuis un petit moment à présent. Ne cherchant pas d’avantage, Alex préféra passer à autre chose et se servit une tasse de café. Une fois la boisson bue, il décida de se remettre les idées en place en passant à la salle de bain.

Sous la douche, il repensa à son étrange rêve. Dans celui-ci, il avait retrouvé Mila qui lui avait soutenu être sa fille, venue du futur. Intérieurement, Alex rit et se moqua de lui-même. Les rêves pouvaient vraiment être alambiqués et dénués de toute logique. Il devait absolument se souvenir de cette histoire pour en faire part à Kerry. Alors qu’il finissait de se préparer, le jeune homme réalisa que Peter était de retour. Il avait beau ne pas l’avoir vu, ni même entendu, il savait que le jeune new yorkais était dans l’appartement, son sixième sens ne le trompant pas. Puis, il entendit le cadet des Petrelli parler. Visiblement, il s’adressait au français. Il s’agissait d’une histoire de promenade à l’autre bout du monde. Alex ne put entendre la totalité des propos de son ami, les murs de l’appartement isolant visiblement plus qu’il n’y paraissait.

Lorsqu’Alex sortit de la salle de bain, il vit Peter face à la porte de la chambre d’amis. Visiblement, le jeune homme était persuadé que le français dormait encore. Le jeune Dumont sourit.

« Si tu as trouvé des vrais croissants, alors tu peux rester, lui dit-il en plaisantant, sinon, repars sur le champ. Alors, qu’est-ce que c’est que cette trouvaille ? », acheva Alex, souriant.

Les jours passés ici lui semblait devenir interminable. Elle avait eu tellement de temps pour réfléchir tellement de temps pour se poser tant et tant de question qu’aujourd’hui elle aspirait aux calmes le plus serein, elle aspirait encore plus à cette vie d’adolescente normal qu’elle souhaitait tant obtenir. Qu’adviendrait-il d’elle à présent ? Comment ses parents, sa famille, ses amis pourrait la retrouver alors qu’elle n’était pas plus haute qu’un…Pas plus haute que quoi d’ailleurs ? Soupirant, elle était couché sur le sol glacial de ce qui était aujourd’hui sa prison. Elle ne savait plus quoi faire, elle c’était déchainé sur les barreaux de sa cage tant de fois qu’elle était fatiguée. Résignée à pourrir ici, elle n’avait même plus la force de pleurer…Plus la force d’être en colère contre la personne qu’elle pensait être une amie…

Cette même personne qui n’avait pas hésité à la livrer ainsi…A lui faire ça…

Elle se tenait les genoux contre la poitrine, en position fœtal, elle fermait les yeux dans l’espoir au fond d’elle de ne plus avoir à les ouvrir. Le temps lui semblait interminable et la solitude devenait insoutenable. Mais pire encore, elle savait que la mort ne viendrait jamais la soulager du tel fardeau de sa condition actuelle…Et pour cause…Elle était incapable de mourir.
La faim la tenaillait, la soif aussi, elle était à bout de souffle et à bout de nerf, en léthargie dans sa prison miniature elle n’avait fait que brièvement levé la tête lorsqu’elle senti un mouvement inhabituelle.

Pourquoi se sentait-il obligé de bouger partout avec elle ? Cela lui donnait envie de vomir tout ses mouvements.

C’est là qu’elle reconnu l’image de l’espoir…Son oncle…Peter…Était face à elle, monstrueusement géant et impressionnant. La conversation entre les deux hommes, elle ne put réellement l’entendre, cela ne sonnait que comme un énorme brouhaha grave qui raisonnait tellement dans sa tête qu’elle c’était sentie obligée de boucher ses oreilles en attendant le calme du silence habituelle qui l’accompagnait jusqu’à aujourd’hui.
L’échange était donc fait ? Était-ce donc aussi simple ? Peut-être c’était elle tout simplement mise à rêvé et pourtant, elle regroupait ses maigres forces pour s’agiter et hurler…

« Sors moi de là je t’en prie…J’en peux plus… »

Les larmes glissaient à nouveau sur son visage alors qu’elle agitait les bras, essayait en vint de sauter sur place manquant à chaque instant de tomber sur le sol de sa cage. Fatiguée…C’était tout ce qu’elle était à présent…Trop fatiguée…
Il lui fallut plusieurs minutes pour comprendre que si elle, elle n’avait pas pu les comprendre durant leur discussion, cette conclusion était la même de l’autre côté…Sa voix n’était pas assez forte pour les gigantissimes oreilles de son oncle Peter. Lassé des déceptions qui s’enchainait, elle avait cesser de bouger une nouvelle fois…S’installant à nouveau sur le sol de la cage, elle s’y coucha tout simplement et ferma les yeux…

Espérer sortir d’ici lui semblait aujourd’hui impossible, l’impression de rêver la tenaillait. Elle ne savait plus qui croire, elle ne savait même pas si elle pouvait se faire confiance à présent. Depuis combien de temps était-elle là pour perdre la raison ainsi ? La seule chose que l’on pouvait espérer c’est que la situation de l’adolescente n’était pas irréversible. Balloté comme un vulgaire animal en cage, elle ne pouvait faire qu’attendre…Attendre…Encore et toujours. Couchée, recroquevillé sur elle-même pour maintenir un maximum de chaleur ( elle avait cette impression d’avoir froid ), elle ne faisait qu’observer le voyage de son oncle…Reconnaissant l’appartement format géant de Peter, elle restait même muette lorsqu’elle reconnu Alex. Que pouvait-elle bien dire à vrai dire ? Elle ne pouvait les comprendre et eux ne pouvaient la comprendre.

La fatigue était elle qu’elle préférait rester là à ne rien faire. Tout ce qu’elle voulait c’était devenir une adolescente, une gosse tout à fait normal qui raconterait au téléphone les derniers potins du jour…Parlerait du dernier épisode de Gossip Girl…Elle se damnerait pour un délicieux bain chaud, du chocolat fondant dans sa bouche, pour sentir l’odeur des cupcakes cuisant dans le four, pour entendre rire la boite à rire habituelle des séries B. Était ce trop demandé ?

Spoiler:

Peter ne rit qu'à moitié à la blague d'Alex. En effet, il avait apporté à manger, mais pas pour son ami français, celui qui a le coeur sur la main et un sens de l'amitié unique. Non, c'était plutôt une source sustentatoire aux yeux de la chose terrifiante qui sommeillait au plus profond de lui-même, et que Pete' avait eu le malheur de voir à l'oeuvre une seule fois dans sa vie. Il savait qu'amener Claire dans son appartement alors qu'Alex s'y trouvait n'était pas l'idée la plus brillante qui soit, mais il ne savait pas vers qui se tourner. C'était comme si un sixième sens lui disait de faire confiance à son ami. Il savait qu'il était sur la bonne voie. D'un geste délicat, il souleva la minuscule cage à hauteur du visage d'Alex.

- Écoute vieux, je sais que les croissants français te manquent, mais là c'est une surprise d'un tout autre ordre, tu peux me croire !

L'expression de son ami ne laissait nulle place au doute. Il avait saisi, non sans une certaine inquiétude. Peter donna suite à sa pensée :

- Je suis désolé d'être parti sans vous, sans prévenir. Mais c'était peut-être ma seule occasion de la sauver... et j'ai réussi Alex, j'ai réussi ! Claire est là, dans ma main. Bon, reste à trouver comment lui rendre une taille plus raisonnable, mais c'est là que j'aurais espéré que tu interviendrais. Est-ce que tu as une idée de la manière dont on pourrait procéder ?

D'un geste quasiment automatique, il jeta un oeil à sa montre. Les paroles d'Alexis, bien qu'il eût éviter de se laisser envahir par ces dernières, le travaillaient en permanence. Il doutait encore de la véracité de ses propos, bien qu'en y repensant, le pouvoir de Kerry ne s'était pas activé. Cela voulait donc dire qu'en théorie, il ne mentait pas. Il se dirigea vers le salon, déposa Claire sur la table basse et s'assit dans le fauteuil face à elle.

- Nous n'avons pas de temps à perdre, Alex. Le vrai responsable de ce massacre sur la Statue de la Liberté, le cerveau de toute cette machination est bien Rick Baneson. C'est lui le meneur des Sons of Liberty, et non Kane. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas tué, ceci dit... Je voudrais arrêter d'agir de manière irréfléchie. Mais là, on va devoir penser vite, et efficacement. Le futur est en train de se mettre en place, et si nous ne le changeons pas au plus vite, je crains le désastre. D'après Kane, Baneson se trouve actuellement à Miami. Je pensais y aller avec mon frère.

Il eut un léger sourire embarrassé.

- Ne le prends pas mal, mais il a toujours été là pour me dire quoi faire lorsque j'étais perdu. Et puis son influence en tant que politicien intimidera sans doute l'ennemi. J'appellerai ma mère, mais si elle ne peut pas venir, je crains que tu doives rester avec Claire.

Secouant la tête, il se mit à rire franchement.

- Désolé, je m'emballe un peu. Mais comme je t'ai dit, le temps nous est compté. Alors, une idée pour cette pauvre petite Cheerleader ?

Un sourire retenu sembla se dessiner sur les lèvres de Peter. L’excitation était lisible dans le regard du jeune new yorkais, même si une légère part de doute sembla pointer le bout de son nez pour finalement être rapidement chassée. Selon ses propos, Peter avait rapporté à l’appartement quelque chose d’inestimable. Intrigué, mais surtout poussé par sa curiosité naturelle, Alex s’approcha de l’américain afin de voir ce qu’il détenait entre de ses mains de si précieux. L’état dans lequel était Peter ne fut pourtant pas des plus rassurants pour Alex. Intrigué, certes, mais le français n’en demeurait pas moins sur ses gardes. Quel genre d’idée son ami était-il encore allé chercher ?

Dans l’une de ses mains, il tenait un objet cylindrique. Au premier coup d’œil, Alex n’aurait su dire de quoi il s’agissait. A première vue, tout portait à croire qu'il s'agissait d'un genre d'étui. Peut-être renfermait-il de précieux documents, avec des informations sur les Sons of Liberty. Peter apprit finalement à son ami ce que contenait l’étrange objet : la cheer leader.

La première réaction d’Alex fut de faire un pas en arrière. La mention du simple nom de la jeune fille avait suffit à faire se dresser tous les poils du corps du français. Puis, la première question qui vint à son esprit fut de se demander comment une adolescente pouvait bien pouvoir tenir dans une paume de main. Pour Peter, la situation ne semblait absolument pas étrange, parlant toujours de son ton excité. Il souhaitait que son ami rende à sa nièce une taille plus classique, le format Polly Pocket ne semblant pas très tendance.

Semblant vivre l’instant présent à cent à l’heure, Peter regarda l’heure sur sa montre, déposa Claire sur la table du salon avant de s’installer dans un fauteuil. Le pauvre garçon semblait réfléchir à mille choses en même temps. Son état survolté s’expliqua par le fait que le jeune homme disposait de nouvelles informations au sujet des Sons of Liberty. Leur leader se trouvait à Miami, Peter pensait pouvoir l’intercepter là bas afin de mettre un terme aux agissements de ce groupe extrémiste. Il semblait tenir ces informations d’Alexis Kane.

Ainsi donc, Alexis Kane retournait plus ou moins sa veste, lâchant son partenaire du moment, Baneson, dans un but mystérieux. Préserver ses arrières était peut-être une explication.

Peter voulait donc se rendre à Miami pour s’occuper du compte de Baneson, et pour cela, il voulait être accompagné de son frère, Nathan. Le jeune américain semblait presque embarrassé de ne pas embarquer son ami français dans cette nouvelle poursuite. Intérieurement, Alex était presque content de ne pas devoir une nouvelle fois courir après un autre psychopathe dopé aux supers pouvoirs. Mais son soulagement fut de courte durée lorsque Peter l’informa qu’il devrait rester à New York avec Claire.

Difficilement, Alex avala sa salive, prenant le temps de bien réaliser ce que venait de lui demander Peter.

« Oula … tout doux Pet’. On va se calmer un peu. Ok, le temps presse, mais là, je crois que tu as besoin de prendre cinq ou dix minutes pour souffler et faire le point dans ton esprit … parce que ça me semble être un beau Bronx là dedans. »

Alex s’approcha du cylindre. Il commença à approcher sa main, mais la rétracta au dernier moment. La situation était suffisamment complexe pour encore plus aggraver les choses.

Alex vint alors se placer devant Peter, mettant ainsi une certaine distance qu’il jugea sécuritaire entre lui et la fameuse cage.

« Pour ce qui est de faire grandir ta nièce … j’ai comme l’impression que tu te trompes de personne, dit Alex en souriant. C’est pas vraiment dans mes cordes. Enfin … en y réfléchissant, il va falloir que ça le devienne … si faire grandir un enfant peut être comparé à ce que tu me demandes. Mais pour ce qui est de rendre une taille normale à Claire, j’ai bien peur de ne pas pouvoir te venir en aide. Mais par contre … »

Alex devint soudainement silencieux, plongeant dans ses propres réflexions. Il connaissait quelqu’un capable d’agir sur la taille des choses et des personnes. Même si c’était l’une des dernières personnes qu’Alex souhaitait revoir, il ne voyait pas à qui d’autre il pouvait demander un tel exploit.

Voyant Peter attendre la suite de la phrase, le français reprit la parole, confus de l’attente imposée à son ami.

« Oh .. . désolé. Oui, j’ai bien une idée. Mais elle ne me plait pas du tout. Mais alors vraiment pas du tout. Une garce dénommée Lila Cruz. Cette pimbêche devrait pouvoir aider Claire. Elle peut modifier la taille des choses. Par contre, c’est sans doute la pire femme que j’ai eu la malchance de rencontrer … exception faite de … »

*ta mère*

« Non … oublie ça. Oui, Cruz devrait faire l’affaire. Elle a travaillé pour ta mère du temps de la Compagny. Il y a peut-être moyen de la contacter par son intermédiaire. »

Alex jeta un nouveau regard à la cage d’ébène. Une fois ouverte et son contenu rendu à sa taille normale, Alex serait en présence de Claire en l’absence de Peter.

« Mais … euh … pour ce qui est de la suite … Je ne suis pas certain que ce soit très prudent. Rester avec Claire … c’est un peu risqué, tu ne crois pas ? A moins que tu veuilles proposer à New York une piqûre de rappel ? Non, je crois qu’il vaut mieux qu’elle reste … loin. Je sais qu’Il est encore là. Il attend son heure. Et puis, il y a l’avertissement d’Angela … cette histoire de … »

*Il ne sait pas. Inutile de l’encombrer avec d’avantage de problème.*

« Pas grave. Je tâcherai de faire avec. Miami est plus important », acheva Alex en tentant d’offrir à Peter son sourire le plus convainquant.

Lassitude…Fatigue…C’était tout ce qu’elle ressentait en cet instant présent. Incapable de dire quoi que se soit, incapable de comprendre quoi que se soit à ce bourdonnement assourdissant qu’elle pouvait entendre raisonner dans ses oreilles. Les mains plaqués contre, elle aurait tellement souhaité que Peter puisse l’entendre malgré tout…Ne cessant de penser, d’hurler dans sa tête « Taisez-vous ». Elle ne leur en voulait pas de discuter, ne pensait même pas à cette possibilité de se retrouver en présence d’Alex. Sa présence ne la gênait pas, que pouvait-elle bien dire ou bien faire dans son état ? Elle était loin d’être en position pour réclamer quoi que se soit à vrai dire. Claire fixait un point face à elle, ses mains contre ses oreilles.

Avoir peur ne lui servait à rien dans cette cage, cette colère qu’elle contenait ne lui servait plus à rien non plus. Entre ses barreaux, elle n’était rien de plus qu’une petite chose que tout le monde pouvait décemment oublier…Poser sur une table…Était-ce si difficile de vivre la vie d’une personne normale lorsqu’on possédait la faculté de pouvoir guérir à la moindre blessure ? Il fallait croire que oui, coucher au milieu de sa cage, les pensées de Claire était dispersé, n’avait pas réellement de sens…Elle pensait à tout à rien, à des futilités, à ce qui lui était chère et mon dieu, elle avait si mal à la tête à présent.

Qui pourrait bien l’aider ? Claire ne connaissait qu’une personne qui pouvait lui rendre sa taille normale, cette même personne qui l’avait amené à devenir une version « de poche » de Claire Bennet…Lila…
Repenser à cette personne entraîna chez l’adolescente une étrange sensation, pareil à la haine, pareil à la peine. Elle lui avait offert toute sa confiance, elle avait même fini par l’écouter, par apprendre un peu de cette demoiselle, de ces judicieux conseil…A admirer son fort caractère, tout ça pour quoi ? Finir dans cette cage comme un vulgaire hamster. Il ne manquait que la roue et les graines pour éviter qu’elle ne grossisse ou ne meurt de faim.

Elle sentait poindre en elle des larmes, elle se sentait déjà si petite, si insignifiante…Idiote aussi…Et à présent, elle était l’image parfaite de ce qu’elle ressentait déjà auparavant. Soupirant, elle finit par relevé la tête, observer autour d’elle…Reconnaitre l’Alexzilla et Peterzilla…Se relevant avec faiblesse, elle se dirigeait doucement vers la paroi de la cage…Posant ses mains dessus, elle observait Peter avec la terrible envie de lui parler, de s’excuser. Elle lui amenait tellement de soucis, tellement de problème.

Son front se posa contre la cage, elle se retourna pour leur tourner le dos, laissant doucement son corps glissé contre les barreaux avant que ses fesses ne touchent une nouvelle fois le sol. Assise, elle enroula ses genoux de ces bras, posant sa tête par-dessus…Son avis n’avait que très peu d’importance. Elle aurait tant souhaiter que tout cela ne soit qu’un rêve à vrai dire, tant voulu qu’elle se réveille comme l’on se réveille d’un cauchemar…De rire de sa stupidité…

Rire…Tout simplement…

Alex eut un peu de mal à suivre Peter dans ses élucubrations et tenta de le calmer. Il avait raison : ils devaient faire le point quelques instants afin de trouverun plan d'approche efficace de la situation. Prudemment, le Français s'approcha de la cage de Claire et tendit la main vers cette dernière, mais il la retira au dernier moment. Peter espérait que ce n'était pas là une manifestation inconsciente de l'entité qui sommeillait dans son ami et qu'il avait scellée il y a plusieurs mois. Alex revint alors en face du cadet Petrelli. Bien entendu, il ne pouvait rien faire pour rendre à Claire sa taille normal, mais après un petit temps de réflexion, il sembla trouver la personne appropriée pour ce petit boulot. Rien qu'à l'expression qui se dessina sur son visage, Peter comprit qu'Alex ne portait pas cette personne dans son coeur. Il énonça le nom de Lila Cruz, un nom qui sonnait de manière étrangement familière aux oreilles du frère de Nathan. L'avait-il déjà croisée ? Avait-elle été l'une de ses patiente lorsqu'il travaillait en tant qu'infirmier ? Peut-être la reconnaitrait-il en la voyant. Même si, selon les dires d'Alex, elle était une vraie garce, cela valait la peine d'essayer et de l'appeler à l'aide. De plus, elle avait travaillé pour la Compagnie, donc Angela devait très probablement avoir son numéro.
Continuant de contempler avec inquiétude la cage miniature, Alex exprima sa crainte par rapport à la Cheerleader et ce qu'elle pouvait provoquer chez lui. Il ressentait encore la présence de l'entité, et il en avait toujours aussi peur. Peter pouvait le comprendre, car il avait lui-même causé massacre et souffrances, il savait ce que c'était que d'avoir peur de soi-même, de ce dont on était capable. De plus, le Français semblait inquiet de ce qu'Angela lui avait dit lors de leur dernière rencontre. Avec quelles paroles perfides l'avait-elle encore une fois accablé ? Il tenta de faire un trait sur ce dernier point et d'accepter la requête de Peter, mais ce dernier voyait bien que c'était à contre-coeur. L'Américain s'approcha de son ami et posa une main sur son épaule.

- Écoute, je sais que cette chose en toi te fait flipper, mais j'ai confiance en toi. Je sais que tu en es capable. Et je vais faire en sorte que tu n'y ailles pas seul, et que quelqu'un soit toujours là au cas où il arriverait un accident. Ta force est bien plus forte que la Sienne. Je vais appeler ma mère pour voir si elle ne peut pas nous filer le numéro de cette Lila Cruz.

Sans perdre une seconde, Peter saisit son téléphone et composa le numéro de sa mère. Après quelques sonneries, la matronne Petrelli décrocha.

- Salut Maman... Oui je sais, désolé de te déranger, mais j'aurais un service à te demander... Heu, oui. Attends.

Le téléphone coincé entre la joue et l'épaule, il fouilla rapidement dans un tiroir et en sortit un crayon et un bloc-notes. Il écrivit quelque chose et reprit le combiné en main.

- Merci Maman. Oui, on se voit plus tard. Ne t'en fais pas, je serai prudent, et je demanderai à Nathan de venir avec moi. Alex ? Tu es sûre ? Heu... bon OK, si tu en es vraiment certaine... A plus tard.

Il raccrocha et se retourna vers Alex, affichant une mine exaspérée.

- Quelle plaie d'avoir une mère qui connait l'avenir... Bref, elle m'a donné le numéro de Lila. Je pense qu'au vu de vos rapports semblant quelque peu houleux, je ferais mieux de l'appeler moi-même.

Joignant le geste à la parole, Peter appela l'Anglaise dans la seconde. Quelques sonneries retentirent avant que quelqu'un décroche. La première chose que l'on pouvait entendre était un fond de musique country, parsemé de rires tonitruants.

- Allo ? lança une voix posée mais suintant l'autorité.
- Lila Cruz ?
- En personne. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Ici Peter Petrelli à l'appareil. Le fils d'Angela...
- Je sais qui tu es, merci. Je n'en ai pas l'air comme ça, mais je me rappelle parfaitement des gens qui me sauvent la vie.

Soudain, Peter se rappela d'elle. C'était cette demoiselle qu'il avait retrouvée à la Compagnie lorsqu'elle avait été complètement ravagée par Pinehearst. Il l'avait trouvée dans un piteux état, entre la vie et la mort, plusieurs membres fracturés. Sans lui, elle ne serait probablement plus de ce monde à l'heure qu'il est. Il se souvint de leur conversation mouvementée dans la chambre d'hôpital. Il n'y avait pas vu une garce, mais plutôt une femme complètement égarée. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais Pete' avait tendance à se fier à son empathie hors pair.

- J'aurais un service à vous demander, à mon tour. Ma nièce aurait besoin de vos services.
- Claire...
- Vous la connaissez ? demanda Peter, surpris.
- Je m'attendais à ce coup de fil, mais je ne pensais pas qu'il arriverait si tôt. T'es plutôt du genre rapide, petit. Je suis impressionnée.
- Bon, OK... Mais vous pourriez venir à mon appartement ? Je vous enverrai l'adresse par message, nous sommes actuellement à Manhattan.
- Ca tombe bien, j'suis à quelques minutes à peine de là. Très bien, j'arrive. Prépare le champagne, les confettis et les ballons, je sens que les retrouvailles seront démentielles.

Puis elle raccrocha. Cette femme était décidément une personne difficile à cerner. Peter se tourna vers Alex et prit une profonde inspiration.

- Bon, elle peut venir. Elle arrivera dans quelques minutes, il ne nous reste plus qu'à attendre. Je te sers un verre en attendant ?

Il se dirigea vers la cuisine, mais s'arrêta à mi-chemin. Il devait le lui dire, cela servait à rien d'attendre et de paraître naturel. Non sans peine, il affronta le regard de son ami et se jeta à l'eau.

- Alex... Tout à l'heure au téléphone, ma mère m'a demandé quelque chose.

Il se racla la gorge, vraiment embarassé.

- Je sais que ça ne va pas te plaire et que tu n'as certainement pas besoin de ça, mais... elle voudrait que Lila Cruz vous accompagne, toi et Claire. Ca paraît complètement insensé, mais il semblerait qu'elle soit capable de veiller sur toi au cas où... tu vois... il y aurait un dérapage. Elle avait l'air plutôt sûre d'elle, et j'ai tendance à lui faire confiance quand elle utilise ce ton assuré.

Il reprit son chemin vers la cuisine et sortit les verres. Haussant la voix, il dit depuis la cuisine :

- De toute façon, Cruz a une dette envers moi. Une vieille histoire... Ne t'en fais pas, tout ira bien.

Un bref silence, le bruit de la porte du réfrigirateur qui s'ouvre.

- Eau, jus d'orange, lait ou champagne ?

[Zuzu, si tu veux passer ton tour après Alex, je peux enchainer direct avec Lila. C'est selon ton inspiration ^^ Dis-moi quoi]

Autant qu’il le put, Peter tenta de rassurer son ami. Selon lui, l’équation Claire plus Dumont ne devait plus poser de problème. Sceptique à ce sujet, Alex préféra se taire, n’émettant aucun commentaire.

Peter décida alors d’appeler sa mère afin d’obtenir les coordonnées de Lila Cruz. Visiblement, Angela attendait ce coup de fil. Elle fournit à son fils toutes les informations dont il avait besoin avant même que celui-ci ne les lui demande. De plus, elle semblait savoir que Peter était en présence du français, ce qui eut l’effet de déplaire à Alex. La mère de Peter avait toujours un coup d’avance, devançant sans cesse les autres, dans son propre intérêt.

Au vu des rapports entre le français et la britannique, Peter préféra diplomatiquement se charger de contacter la jeune femme. Après un bref, échange, cette dernière semblait toute disposée à venir à l’appartement, et dans un temps bien plus court que ne l’aurait espéré Alex. Lila serait bientôt là, avec son caractère exaspérant, ainsi qu’avec la solution pour Claire. Décidément, cette femme n’avait de cesse de compliquer l’existence du jeune français.

En attendant la venue de Miss Gun&Boobs, Peter proposa à son ami une boisson. L’esprit ailleurs, Alex n’entendit même pas la question. Il ne prêtait attention qu’à une seule chose à présent : le cylindre renfermant la cheer leader. Si seulement ce si petit objet pouvait n’avoir jamais atterri ici, alors, Alex n’aurait aucun souci à se faire.

Soudain, le jeune homme eut honte de lui-même. Claire attendait de l’aide. Elle comptait sur ses proches, sur les gens capables de lui venir en aide. Alex faisait parti de ces personnes. Du moins, c’était ce qu’il avait pensé jusqu’à aujourd’hui. Mais à présent, avec une telle pensée, c’était comme s’il lui avait tourné le dos.

Peter fit alors sortir son ami de sa réflexion. Angela avait parlé du français. Immédiatement, les viscères du jeune homme semblèrent se rétracter sur elles-mêmes. Qu’est-ce que cette vipère avait encore bien pu dire ? Que manigançait-elle encore ? Visiblement, ce dont Peter avait connaissance l’embarrassait, comme pouvait en témoigner son raclement de gorge.

Angela voulait que Lila reste avec Claire et Alex. S’il avait pu, Alex se serait mis immédiatement en coma artificiel, histoire d’abréger immédiatement son calvaire. Qu’avait-il donc bien pu faire pour que cette bonne femme lui en veuille tant ? Pourtant, il semblait bien inutile de tenter de faire comprendre à Peter que c’était la pire des tortures pour son ami que de se retrouver dans une telle situation. A l’en croire, lorsqu’Angela était aussi sûre d’elle, c’était qu’il y avait d’excellentes raisons de se fier à ses intuitions.

Une nouvelle fois, Peter demanda ce que souhaitait son ami.

« … je prendrai de l’euthanasie … mais j’imagine que tu n’en as pas … »

En même temps qu’il disait ceci, Alex s’assit sur le canapé.

« Quoi ?! Cette pétasse de Lila va venir ici ?! »

Pour le coup, Alex en avait complètement oublié la présence de Lisa. Cette dernière venait de sortir de la pièce dans laquelle elle était depuis tout à l’heure. Visiblement, elle était sortie pile au moment où Peter venait d’expliquer que Cruz arriverait d’ici peu.

« Ton langage jeune fille !, lui lança Alex immédiatement.

- Elle n’en reste pas moins une véritable … catin ! On n’a pas besoin d’elle !

- Malheureusement, si … et crois-moi … reconnaitre cette vérité me fait mal. Peter a retrouvé Claire.

- Cool !

- En format poche. Elle est … là. Sur la table. »

Lisa regardant alors le récipient que lui désignait son père du regard.

« Pas cool …

- En effet. Lila est donc la seule à notre connaissance à pouvoir rendre à Claire sa taille normale.

- Mais attends, si elle arrive dans quelques minutes, tu peux pas rester ici. Imagine que-

- On sait !, coupa sèchement Alex. Mais … Angela souhaite … que je reste.

- Angela a dit ça ? C’est pas logique tout ça.

- Bon, écoute, c’est déjà assez compliqué comme ça. Inutile d’en rajouter, tu ne crois pas ?

- Moi, ce que j’en dis … c’est que ça pue votre histoire. Vous réunissez dans la même pièce la pire garce de la ville, une cheer leader dans le rôle du happy meal unlimited pour entité nourrie au yaourt depuis des mois, et … l’entité en question. Ça craint un max votre plan.

- Merci de ton soutien …

- De rien. Pet’, champagne pour moi. Sait-on jamais. C’est surement la dernière occaz’ pour nous tous d’en boire.

- … »

Le vrombissement qui couvrait le bruit des klaxons et taisait les conversations les plus agitées s'interrompit, une fois le contact coupé. Lila leva les yeux afin de contempler le bâtiment qui s'élevait devant elle. Il s'agissait d'un immeuble on ne peut plus modeste et ordinaire. Pourtant, il allait s'y produire des événements qui allaient changer le cours de l'histoire du monde tout entier, et ce n'était peut-être pas la première fois, connaissant la famille Petrelli et son don pour se mêler de toutes les affaires possibles et imaginables. Petite famille de nouveaux riches prétentieux et aux ambitions tellement obscures qu'ils ont eux-même des difficultés à déceler leur véritable objectif dans ce melting-pot de pseudo B.A. de pacotille. Une fois de plus, cet imbécile de Peter s'était mis dans le crâne qu'il allait sauver le monde. Il était peut-être temps pour lui de grandir et d'admettre que les héros n'existaient pas. De toute façon, il finirait bien par se prendre un mur, et le retour sur Terre lui serait délicieusement violent. Et Claire... cette adolescente qui, finalement, appartenait à cette famille bien plus qu'elle ne le laissait entendre. C'était qui son père biologique, déjà ? Ah oui, Nathan Petrelli, ce politicien véreux et frère du petit Peter, avec son sourire en accolade aussi artificiel qu'irritant. Bon sang, cette famille n'avait vraiment rien pour elle. Lila se demanda depuis combien de générations les Petrelli étaient aussi insupportables.
D'un geste gracieux et inhabituellement féminin pour la femme d'action qu'elle était, elle reserra le noeud de sa queue de cheval et appuya sur la sonnette située à côté de la petite étiquette où "P. Petrelli" était vulgairement inscrit au stylo à bille. Après un bref instant d'attente, un bourdonnement se fit entendre et l'Anglaise poussa la porte pour pénétrer dans les couloirs du bâtiment.
Quelques poignées de secondes plus tard, la voilà devant la porte du loft de Peter. Ce dernier vint lui ouvrir et lui présenta une main qu'elle ne serra pas.

- Waouh, vous avez fait vite !

- C'est ce que les filles te disent généralement au plumard, mon poussin ?

Sans lui lancer un regard, Lila passa devant lui et entra dans le salon, à la recherche de l'objet qui l'intéressait le plus. La première chose qu'elle vit fut une bouteille de champagne avec cinq flûtes disposées autour. Elle s'en servit une et s'apprêtait à la porter à ses lèvres, quand elle interrompit son geste. Cinq ? C'est alors qu'elle tomba nez à nez avec deux personnages plutôt inattendu. Le premier était cette petite peste qu'elle avait dû se coltiner lors de son voyage en avion avec Angela Petrelli. La rouquine la dévisageait avec toute l'insolence dont elle était capable. L'aristocrate britanique lui renvoya un sourire provocateur. La seconde personne n'était autre qu'Alex Dumont, ce qui la fit éclater de rire.

- Ca alors ! Le Frenchie ! Quelle bonne surprise, sachant que j'utilise habituellement l'adjectif "bon" pour me référer à la fidélité d'un animal domestique. Tu vois le genre ? "Bien, bon chien !"

Devinant qu'il était d'ores et déjà en train de ruminer, fournissant un effort gargantuesque pour ne pas se jeter sur elle, Cruz tenta de reprendre son sérieux.

- Au fait, félicitations pour ta fille. C'est moi qui l'ai emmenée à l'hôpital, j'ai même eu le droit d'assister à la perte des eaux. Avec des parents comme toi et poil de carotte, j'ai la nette impression que cette petite sera... surprenante.

Prenant la défense de son ami, Peter interrompit cette succession de sarcasmes afin de mettre fin au malaise qui s'était installé au sein du trio d'amis.

- Bon, et si on s'occupait de Claire, Lila ?

La jeune femme déposa sa flûte de champagne appuya brièvement sur le nez de Peter.

- Pour toi, c'est Lady Cruz, mon mignon.

Vexé d'être traité de la sorte, Petrelli lui répondit en haussant le ton.

- Bon, si vous continuez, vous pouvez repartir et je le ferai moi-même !

- Hé, du calme petit ! Crois-tu vraiment qu'il est suffisant de posséder mon don pour pouvoir le contrôler ? Que nenni, big boy. Mon talent résulte de plusieurs années d'entraînement intensif, et un copieur tel que toi ne pourrait pas effectuer le quart de ce dont je suis actuellement capable. Tu vas voir.

Elle se dirigea vers la table basse du salon, et s'empara délicatement du petit objet avant de le poser par terre, au milieu de la pièce.

- Et apporte-moi des Kleenex, tu veux ? Non pas que je vais pleurer comme une madeleine en retrouvant ta chère nièce, mais il m'arrive de saigner du nez lorsque je pousse mon pouvoir dans ses derniers retranchements. Et comme c'est toi l'infirmière, tu seras chargé de m'éponger si tu ne veux pas que je tache ton joli parquet.

Alors que Peter s'exécuta en ronchonnant, Lila continua de contempler la minuscule cage cylindrique. Dire que Claire y était restée depuis qu'elles s'étaient quittées, dans cette ruelle où Kane les attendait. Il était fort probable qu'elle n'ait pas mangé ni bu depuis lors, si ce mal luné de ténébreux s'en était moqué, étant donné le don d'immortalité de la demoiselle. Cela faisait beaucoup d'épreuves à endurer pour une adolescente, et Cruz en était la responsable. Elle appréhendait leurs retrouvailles, plus sensible à la situation qu'elle ne le laissait paraître. Derrière ce regard froid réémergeait ce flot de sentiment qu'elle avait vainement tenté de repousser. Tant pis, elle affronterait Claire, ses reproches et tout le reste. Elle n'avait pas le choix et se devait d'assumer ses actes. Inspirant profondément, elle approcha ses mains du réceptacle miniature.

- Bien, allons-y...

[Le post de Peter suivra ^^]

Depuis que Lila Cruz était entrée dans l'appartement, les paroles d'Alex se confirmaient : cette femme était vraiment insupportable ! Hautaine, imbue de sa personne et froide, elle ne présentait pas la moindre forme d'émotion ni de respect envers autrui. Ceci dit, son expression avait quelque peu changé lorsqu'elle avait posé les yeux sur la mini-cage attendant patiemment sur la table basse du salon. Elle manipula le réceptacle avec une délicatesse surprenante venant de quelqu'un d'aussi téméraire. Sur un ton toujours aussi dédaigneux, elle donna ses instructions à Peter, qui serait apparemment chargé de la pénible tâche de devoir l'assister. S'exécutant, il alla chercher quelques mouchoirs alors que la demoiselle se préparait. Elle ferma les yeux et inspira profondément avant de placer ses mains autour de Claire. Un silence pesant commença alors à envahir les lieux, comme si personne n'osait perturber la concentration de Lila. Pendant de longues secondes, rien ne se produisit. Le jeune Petrelli se surprit à bloquer sa respiration, tant la tension était palpable. Allait-il enfin retrouver sa chère nièce ? Il était vraiment difficile à croire qu'elle se trouvait là, devant ses yeux, mais qu'il ne parvenait même pas à la voir tant sa taille était ridicule. Et pourquoi cette femme odieuse, qu'il connaissait à peine, avait mis si peu de temps à accepter sa requête ? Qu'est-ce que tout cela pouvait bien cacher ?

Tout à coup, il crut voir le petit objet bouger. Non, il ne bougeait pas... il grandissait. Les doigts de Lila se raidirent davantage sous le poids de l'effort déployé. Ses muscles se crispèrent et une veine se dessina sur son front. Quelques perles de sueurs firent même leur apparition. D'un geste presque automatique, Peter attrappa un mouchoir et lui épongea le front. Il s'attendait à recevoir une remarque désagréable en pleine figure, mais la jeune femme ne broncha même pas. Sa concentration était réellement impressionnante. La cage cylindrique, de son côté, continuait à grandir, lentement mais de manière régulière, comme dans ces vidéos illustrant la croissance d'une fleur jusqu'à son éclosion, en vitesse accélérée. Le pouvoir qui s'illustrait devant les yeux des trois compères présents dans la pièce était absolument fascinant. Mais terrifiant également, quand on y pensait. Le fait de savoir que l'on pouvait être réduit à l'état de poussière en une poignée de secondes, et que notre existence n'aurait plus aucune sorte d'importance aux yeux d'autrui, ignorant même qu'on se trouvait à leurs pieds... quoi de plus abominable ? Cette pauvre petite Claire avait dû endurer une épreuve extrêmement désespérante. Il y avait de fortes chances pour qu'ils la retrouvent dans un état assez lamentable.

Les premiers filets de sang s'écoulèrent paresseusement des narines de l'Anglaise, fins et sombres. Elle n'y prêta pas attention, et Peter se chargea de les essuyer avant que ceux-ci n'atteignirent les lèvres pulpeuses de la lady. Une fois encore, elle ne réagit pas au doux contact du papier sous son nez. La cage avait désormais atteint la taille de ses mains, qu'elle posa dessus afin de mieux se sentir en harmonie avec ce qu'elle manipulait. L'objet et celle qu'il contenait grandirent alors à une vitesse beaucoup plus importante. Déjà, on commençait à reconnaître les traîts de la cheerleader, qui sembait-il s'était redressée pour assister elle aussi au spectacle.
Quelques instants plus tard, à la place de ce qu'on aurait pu prendre pour un dé à coudre, trônait une imposante cage en métal solide dans lequel se trouvait bel et bien Claire Bennet, saine et sauve. Une fois que Lila relâcha ses efforts, tombant à terre sous l'effet de l'épuisement, Peter se précipita vers la cage et posa les mains dessus.

- Reste bien au centre, Claire, dit-il d'un ton bienveillant. Cette cage a causé assez de souffrances, il est temps de l'envoyer quelque part où on ne la retrouvera plus jamais.

Ses paupières se fermèrent et après quelques secondes, la cage disparut comme si elle n'avait jamais existé, libérant la belle blonde qui se trouvait en piteux état. Pour la soutenir, Peter s'approcha d'elle et lui passa le bras autour de son épaule. Il la guida jusqu'au fauteuil du salon et demanda à Alex et Mila :

- Vous pourriez lui servir à boire et à manger ? N'importe quoi qui puisse lui redonner des forces.

Encore éreintée et face au sol, Lila souffla d'une voix rauque :

- Merci, mais ça ira gamin.

Petrelli lui lança un regard noir, fronçant les sourcils et secoua la tête.

- Ce n'est pas pour vous, mais pour Claire !

La pauvre adolescente était terriblement marquée par les épreuves qu'elle venait de traverser. Intérieurement, son oncle se félicita d'avoir réussi à la sauver, car il ne sait pas combien de temps elle aurait pu encore tenir sans péter un câble.
Encore faible, Lila se releva en s'aidant d'une chaise située à proximité. Elle se hissa dessus avec peine et lacha un rire essoufflé.

- Hé bien... ce n'est pas tous les jours que je manipulerais un matériau aussi dense et coriace. Ce foutu Edmond nous a pondu une cage de première classe.

Elle avait fermé les yeux, et n'osait les rouvrir. Elle savait que si elle le faisait, elle allait croiser le regard de Claire. Qu'allait-elle penser d'elle ?

Elle n’en pouvait plus, son cerveau semblait s’être mis dans un genre de veille…C’était inexplicable mais indéniablement désagréable. C’était comme mourir mais en être parfaitement conscient. Son regard fixait un point sans pouvoir enregistrer les informations autour d’elle. Même le bourdonnement qui signifiait que l’on parlait autour d’elle lui semblait lointain, elle ne l’écoutait plus…Comme si elle ne l’entendait tout simplement plus.
Ce n’était plus qu’un corps, oui, son impression en était venue à ce stade. La douleur physique de son estomac elle ne la sentait plus, la sensation de cette gorge asséchée elle ne la sentait plus. C’était à peine si elle était encore capable de penser. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, a force d’espérer qu’on l’aide…Elle avait fini par sombrer dans son subconscient. Ne plus penser lui permettait aujourd’hui de souffrir un peu moins à vrai dire…

Prostrée au milieu de la cage, elle c’était à nouveau couchée…Attendant…Ne pouvant plus discerner la réalité de la fiction. Peut-être rêvait-elle ? Peut-être que non ? Elle n’avait aucune certitude, rien ne lui prouvait véritablement qu’elle était belle et bien sauvée, qu’elle allait bientôt retrouver sa taille normal…Bientôt retrouvé les espoirs d’avoir la vie d’une adolescente comme les autres. Son visage inexpressif, elle restait silencieuse, recroqueviller sur elle-même…Elle n’entendait et ne voyait plus rien…Les yeux clos, elle se sentait partir…Elle avait épuisé les maigres force qui lui restait pour hurler sur Peter lorsqu’il l’avait récupéré des mains d’Alexis…Et n’avait rien arrangé lorsqu’elle avait voulu réagir à la présence d’Alex sur les lieux.

Ce fut sans se rendre compte que le bourdonnement des paroles se transforma petit à petit en véritable mot. Inconsciente de ce qui se passait autour d’elle, elle se laissa mollement portée par son oncle et posée sur le divan. Elle resta un long moment ainsi, les yeux ouverts, posée sur le divan mais comme absente de son propre corps. Telle une poupée barbie chearleader installé sur son mobilier de plastique. Elle cligna une première fois des yeux, revenant à elle un instant…La nausée qui la tenaillait depuis tant de temps venait de lui tordre l’estomac, son corps se penchant en avant, ses cheveux blond vinrent à caché la bouche béante et crispée de la blonde. Le muscle digestif se contractait dans des vomissements qui n’avaient de son nom que le bruit écœurant. Rien ne quitta la bouche de la demoiselle, rien ne se déversa sur le parquet de son oncle…

Seule la douleur était plus présente que jamais. Était-ce là les effets d’un changement de taille ? Certainement additionner au fait qu’elle n’avait rien mangé ni même bu depuis un long moment. Ce fut des minutes interminable qui ôta le peu de féminité qui pouvait encore résidé sur ce corps qui n’avait pas encore donner signe de vie.
Le silence rassura les personnes présente de la fin de ce calvaire, se redressant, elle observa une à une les personnes dans la pièce…

Elle reconnu Alex…Et Peter…Ses yeux se posa sur la rousse, la confondant un instant avec une fille qu’elle avait connu dans sa classe. Clignant des yeux, son visage était maintenant dirigé vers Lila Cruz. Fixant la jeune femme, elle resta un long moment à l’observer, cela semblait être aussi interminable que la réaction de son estomac. Personne n’osait interrompre ce lourd silence, attendant l’instant fatidique où Claire les rassurerait sur son état de santé mental. Ignorant la présence de Lila, elle reposa ses yeux sur Peter.
C’est avec difficulté que la blonde se leva, s’aidant d’un appuie sur le divan. Ses jambes tremblaient énormément, tout son corps était victime de tout petit tremblement. Elle fit un premier pat maladroitement, suivi d’un second…Tendant les bras devant elle…Elle semblait à la recherche d’une preuve…Oui…Une preuve que tout cela n’était pas le fruit de son imagination désespéré. Les bras de la chearleader entourèrent les épaules de Peter, ses jambes flanchèrent et ce fut en aggrippant son oncle qu’elle s’empêchait de chuter sur le sol.

Le touché…La chaleur…Le parfum…Rien de tout cela ne pouvait être le fruit de son imagination, et si on pouvait croire que cette révélation pouvait avoir quelque chose de désagréable…En réalité, cela n’était absolument pas le cas. Claire eut cette impression horrible de sortir d’un éternel cauchemar…C’était comme reprendre sa respiration avec de longue minute de noyade…C’était la sueur froide dans le dos lorsqu’on se réveille brusquement. La vie lui claquait au visage comme la pire des gifles. Elle était là…Vivante…En dehors de cette cage.

« Merci… »

Murmura-t-elle faiblement d’une voix rauque…Sa gorge étant asséchée…
Retrouvant un semblant de force et d’humanité, l’adolescente passa de l’état de poupée de chiffon à gamine de 16 ans. Elle pleurait, pleurait comme une gosse après un mauvais rêve…Comme une jeune fille après son premier cœur brisé. Elle pleurait de joie et de tristesse, de colère et de frustration, elle pleurait toute ces émotions qui l’avait enlacé pendant ce long calvaire. Les sanglots bruyant, elle les étouffa en serrant un peu plus son oncle dans ses bras…Ses doigts se plantant dans son dos…S’assurant par la douleur de cette pression que tout cela était vraiment réel.

Peter sortit des verres ainsi qu’une bouteille de champagne. Incrédule, Alex le regarda faire. Mais à quoi jouait-il ? Une jeune fille, encore mineur dans cet endroit du globe, lui demandait de lui servir de l’alcool, et monsieur s’exécutait, qui plus est, SA fille. Le français était sur le point d’intervenir, mais il préféra se retenir, se rappelant que dans son pays, cette réaction surprotectrice aurait semblé ridicule. Ce fut à ce moment très précis qu’on sonna à la porte.

* Merde ! Elle peut pas avoir été si rapide ! *

Peter alla alors à la porte ouvrir à Miss Cruz et déjà le premier venin fut versé, au grand damne du jeune Petrelli. La bataille venait de commencer et déjà Lila marquait un point. Sans aucune gène, elle vint se servir une coupe de champagne. Pourtant, avant d’avoir pu en boire la première gorgée, elle observa les autres personnes présentes dans la pièce. Mila eut le droit à un sourire provocateur. La réaction quelques minutes plus tôt de la jeune rousse n’avait pas trompé Alex. Il existait entre ces deux jeunes personnes un passé commun et visiblement peu amicale … mais comment pouvait-on espérer parler d’un tel type de relation avec Cruz ?

Vint enfin le tour d’Alex. Visiblement, la britannique était en forme et l’attaque fut aussi rapide que violente. Une colère couvant dans les entrailles d’Alex faillit relâcher une bouffée de haine à la surface. Sentant que la situation était sur le point de déraper, Peter préféra intervenir, coupant court à la querelle. Claire devait rester la priorité selon lui. Selon Alex, c’était défenestrer Lila la priorité, pour le bien commun.

Cruz était hautaine et sûre d’elle, comme à l’accoutumé. Son pouvoir n’était à prendre à la légère, et elle estimait qu’elle était la seule apte à remettre les choses dans l’ordre. Après une petite mise en scène qui manqua d’arracher des commentaires désobligeant au français, Lila consentit enfin à se mettre au travail.

Mais, lorsqu’elle saisit le cylindre entre ses doigts, Lila sembla soudain perdre son aplomb. Alex put comme y lire une forme de doute, le même qui s’était emparé de lui plus tôt, alors qu’il aurait souhaité tourner le dos à cette affaire. A croire, que « lady Cruz » n’était pas si indifférente au fait de relâcher la cheer leader.

Puis, Lila se concentra, fermant les yeux, tout en tenant fermement la cage. Lentement, la taille du réceptacle sembla croitre, au même rythme que l’effort fournit par l’anglaise. Machinalement, Peter vint éponger le front en sueur de la jeune femme. Alors qu’elle poursuivait son œuvre, le nez de Lila se mit à saigner, forçant Peter à essuyer le filet carmin. A présent, la cage était assez grande pour pouvoir percevoir les traits de l’adolescence qu’elle renfermait.

Quelques efforts supplémentaires plus tard, et la cage avait à présent sa taille originelle. Usant de son pouvoir de téléportation, Peter la fit disparaitre, ne laissant dans son appartement que son contenu : Claire. Cette dernière, à bout de force, s’effondra dans les bras de son oncle. Ce dernier la conduisit alors jusqu’au canapé sous le regard intrigué et inquiet de Mila et de son père.

Exécutant l’ordre de Peter, Mila se précipita dans la cuisine. Egalement épuisée par sa prouesse, Lila tenta tant bien que mal de se redresser afin de s’affaler sur une chaise. Une maladroite tentative d’humour plus tard, elle tenta de minimiser son mal être.

Alex s’approcha alors de l’anglaise. Lui posant une main sur l’épaule, il lui céda une part de ses forces, ces dernières se répandant rapidement dans l’organisme déséquilibré de la jeune femme.

« Bon travail … Lady Cruz. »

Avant de retirer sa main, Alex fut interpelé par la saveur qu’avait Lila à ce moment très précis. Son essence, source de vie qu’il venait de toucher par l’intermédiaire de son pouvoir, avait une saveur amère, un arrière goût d’amertume : le remord. Cette constatation troubla quelque peu le français, ne s’imaginant pas l’anglaise capable de tels sentiments.

Déjà, Mila revenait de la cuisine, un plateau dans les mains, sur lequel reposait un grand verre d’eau, ainsi qu’une pomme et des gâteaux secs. Elle déposa alors le tout sur la table basse en face de Claire.

« Vous devriez boire et manger lentement. Si vous vous précipitez, votre organisme risque de rejeter cette nourriture … enfin, je crois qu’il y a une histoire comme ça. »

Plusieurs secondes, Mila resta immobile, à regarder la cheer leader, tout en souriant. Ainsi c’était donc elle la fameuse Claire. Depuis toute petite, Lisa en avait tant entendu parler, sans jamais la voir. La réalité était bien au-delà de la légende. Claire était réellement d’une beauté innocente, un minois qui malgré la fatigue et l’épuisement, irradiait malgré tout la bonté et l’altruisme. En somme, Lisa aurait adoré être l’une de ses amies de fac. Puis, la jeune rousse lança un regard à son père. Distant, Alex restait aux côtés de Lila, comme s’il craignait Claire comme la peste. Cette constatation força Lisa à se rappeler ce que représentait la cheer leader pour son père. Soudain, le tableau devint beaucoup moins idyllique, et ceci, à l’insu de l’adolescente à la chevelure blonde.

Effectivement, Alex ressentait déjà un tourment bien plus grand que d’habitude. La présence de Peter avait été une épreuve pour Alex au début, une complication secrète, jamais avouée à qui que ce soit. Le français avait dû lutter contre son démon intérieur pour ne pas succomber à la volonté de ce dernier et se jeter sur son ami. A force d’entrainement et de volonté, cette retenue était devenue une forme d’habitude, si bien que le malaise n’était plus. Mais aujourd’hui, la donne changeait.

Claire était différente de Peter. Alex n’aurait jamais cru penser ça un jour, mais le pouvoir de la jeune fille semblait encore plus puissant que celui de son oncle. Etait-ce parce que Peter n’était au final qu’une simple copie ? Peut-être. Le français avait toujours pensait que l’énergie du jeune Petrelli pouvait être comparée à l’infinie. Et bien c’était sans compter que Claire, elle, était encore bien au-delà de ça. Si pour la seconde vue d’Alex, regarder Peter était comme être face à une voiture en plein phare, alors poser les yeux sur Bennet revenait à vouloir voir le soleil à l’œil nu. L’énergie qui émanait d’elle était si puissante, qu’elle en éclipsait toutes celles qui l’entouraient.

* Tu l’as déjà goutée … sa saveur est si délicate … elle ne t’en voudra pas si tu lui en reprends un peu … elle ne s’en rendra même pas compte … juste retour des choses après avoir aidé Cruz … Vas-y *

Alex détourna alors le regard de Claire, espérant faire taire ces chuchotements si abjectes. Se concentrant, sans toutefois omettre de ne surtout pas regarder Peter ou Claire, le français ferma son sixième sens, espérant ainsi affaiblir la volonté de l’entité. L’espace d’un instant, tant habitué à percevoir comme les autres ne le pouvaient, Alex crut être devenu aveugle en ayant ainsi fait entrave à son pouvoir. Pourtant, lorsqu’il releva une main pour la placer devant sa ligne de vue, il se rendit compte qu’il n’en était rien. Il voyait toujours … comme un simple mortel … uniquement avec ses yeux. Lorsqu’il regarda de nouveau Claire et son oncle, il ne vit rien que deux individus, sans source d’éblouissement. Plus important encore, il n’entendit aucun chuchotement, aucune voix mielleuse dans son esprit. Pour un temps, il avait trouvé un moyen de faire entrave à cette chose.

Voyant que Mila l’observait depuis plusieurs minutes à présent, un air inquiet, Alex lui sourit afin de la rassurer : tout était sous contrôle. En réponse, la jeune rousse lui sourit également, avant de reporter son attention sur Claire.

Alex prêta alors de nouveau attention à Lila, un sourire en coin sur les lèvres. Cette dernière avait retrouvait des couleurs et ne saignait plus du nez, mais elle n’était pas non plus au mieux de sa forme. Le jeune homme devina cependant rapidement, et sans son pouvoir, que le mal n’était pas physique mais bien moral. Se penchant doucement à son oreille, il lui chuchota :

« Et bien, Lady Cruz … il semblerait que nous ayons une source de tourment en commun … ironie du sort ou pur hasard ? »

Alors qu'elle tentait péniblement de reprendre ses forces, Lila sentit une main se poser sur son épaule. Qui osait ? Évidemment, cet irréfléchi d'Alex Dumont. Il était en train de lui redonner des forces. Si elle ne se sentait pas aussi faible, elle l'aurait repoussé d'un coup de coude, mais c'était à peine si elle arrivait à lever le menton dans sa direction. Claire l'avait complètement ignorée, elle aussi dans un état assez extrême, et c'était tant mieux. Elle ne se sentait pas encore la force de lui tenir tête. Peu à peu, elle sentit son énergie revenir, ou plutôt celle du Français traverser son corps. Lorsqu'elle fut à même de parler sans souffler comme un chameau, elle répondit à ses félicitations d'une manière extrêmement amicale :

- J'ai pas besoin de ton aide, Frenchie. J'suis une grande fille, je m'en remettrai.

Elle s'attendait à ce qu'il retire sa main de l'épaule robuste mais gracieux qu'était le sien, mais il n'en fit rien. De plus, il la regarda avec un air interrogateur, comme si quelque chose l'avait surpris. Devinant qu'il utilisait son pouvoir pour autre chose que lui redonner des forces, Lila retira son épaule d'un mouvement brusque.

- Bas les pattes, Ratatouille. Si je te reprends à me pelotter de la sorte, ta petite amie sera la première au courant !

Mila revint alors de la cuisine sans perdre de temps. Elle apporta un plateau bien garni comme Peter le lui avait demandé, et ce dernier la remercia. Alors qu'il tentait avec une délicatesse non dissimulée de lui faire avaler quelque chose sans la forcée, Lila se perdit dans ses pensée. La cheerleader n'avait pas réagi à la présence de l'Anglaise. Quels étaient les sentiments qui la traversaient ? Haine ? Rancune ? Indifférence ? C'était une question à laquelle l'aristocrate était incapable de répondre, encore trop étrangère avec ces notions. Malgré son intelligence supérieure à la moyenne et sa culture impressionnante, elle n'avait aucun tact en ce qui concernait les rapports humains. L'émotionnel était une terre inconnue, une langue dont elle ne percevait que les phonèmes sans en déceler le sens. Reprenant ses esprits, elle tourna la tête vers Alex. Ce dernier semblait absent lui aussi, fixant Claire d'un regard plutôt particulier. On pouvait y déceler une sorte de... désir malsain. Lila étant loin d'être une femme stupide, elle ne tarda pas à saisir l'enjeu de la situation. Il s'était rapproché d'elle par peur de la cheerleader... enfin surtout par peur de lui-même face à la cheerleader. Ce don de régénération, d'immortalité, était une source intarissable de puissance pour Alex, l'Eldorado de l'énergie vitale confiné dans un seul être. Décidément, cette gamine n'avait pas de chance. Le Français avait troqué son air naïf contre un regard pervers, limite effrayant pour la dure à cuire qu'était Cruz. Amusée par le danger qui les guettait, le risque qu'ils couraient à tout moment pour que la situation dérape, le visage de Lila s'étira en un large sourire dévoilant de belles dents blanches parfaitement alignées. Après de longues minutes passées sans bouger d'un pouce, le Français finit par dévier le regard de Claire en se forçant. Il sembla se concentrer, puis sans raison apparente, leva la main à hauteur de ses yeux et l'admira. Il lui manquait définitivement une case à ce gars. Ce ne fut qu'à partir de ce moment qu'il reposa les yeux sur Peter et sa nièce, l'air plus serein. Il lança également un sourire à Mila, qui en fit de même, mais le rictus n'était pas tout à fait convaincant.

Ce tableau imposa à Lila une vision qui lui fit froid dans le dos : cette pauvre gamine au don extraordinaire était exploitée de toutes parts par la vermine humaine, ce commun des mortels tellement faible qu'il était incapable de céder à ses désirs quand bon lui semblait et ne faisait que vouloir s'approprier tout ce qui satisferait à ses besoins les plus vils. Peu de personnes faisaient exception à la règle, tels des moineaux au milieu d'un nuage de rapaces affamés prêts à dévorer le moindre rongeur innocent traversant leur champ de vision. C'en était pitoyable tellement c'était cliché. Cette pauvre créature naïve et pleine de bonnes intentions se faisait malmener de toutes parts, incapable de vivre son adolescence comme les autres filles de son âge. C'était une chose que Lila comprenait. Elle aussi était passée à côté de son enfance, puis son adolescence. Sa mère ne la laissait pas fréquenter les autres jeunes, la confinant dans un espace aliénant de règles, de normes et de bonnes manières soi-disant "dignes d'une aristocrate de son envergure". Elle n'avait pas connu la liberté, la possibilité de s'adonner à des activités qu'elle aimait, et ce jusqu'à la mort accidentelle de sa mère. Une fois sortie que l'épreuve qui s'en suivit et où Lila faillit y perdre la vie, elle avait éprouvé une sorte de soulagement imbibé de culpabilité. Comment pouvait-elle se réjouir de la disparition de celle qui lui a donné la vie ? Elle l'ignorait, mais ce fut un réel moment de joie pour elle. C'était donc l'une des seules personnes capables de comprendre à ce point la volonté de Claire de mener une vie normale. Et probablement la raison pour laquelle les deux filles s'étaient tant attachées l'une à l'autre lors de leur escapade aux alentours de New-York.

Elle ne sursauta pas, mais fut tout de même surprise en sentant le souffle d'Alex lui murmurant à l'oreille qu'ils semblaient avoir une source de tourment en commun. Lui lançant un regard tranchant, elle lui répondit sur le même ton :

- Il semblerait également que ma botte droite adopte parfaitement la forme de ton postérieur... ironie du sort ou pur hasard ?

Ponctuant sa phrase par un sourire méprisant, elle tenta de se relever. Normalement, elle avait assez de force pour rentrer chez elle et passer une nouvelle longue nuit de sommeil.

- Bon, les enfants, la belle dame que vous avez devant vous a besoin de reprendre des forces dans son petit nid douillet. Vous n'avez plus besoin de moi, je me vois donc dans l'obligation de prendre congé de votre petite secte de dégénérés.

Voyant qu'elle s'apprêtait à quitter les lieux, Peter se leva et l'interpella.

- Hey, pas si vite Lady Cruz. Vous vous trompez, on a encore besoin de vous.

Partagée entre l'inquiétude et l'ennui, elle se tourna face à lui et soupira.

- Ah bon ? Et pour quoi donc ?

- Ma mère veut que vous restiez avec Claire, Alex et Mila pendant que je vais à Miami.

- Quoi ??!! s'écria-t-elle. Alors là Spongebob, tu peux toujours te gratter ! Je me tire d'ici, et personne ne m'en empêchera.

Comment osait-il lui dire une chose pareille ? Jamais elle n'accepterait une mission aussi pénible, qui plus est dans un état où elle ne produirait rien de bon. Il était absolument hors de question qu'elle se tape la gamine qu'elle avait trahie de la manière la plus abjecte qui soit, ce Français pas net qui ne faisait que s'attirer des ennuis et cette poufiasse rousse qui ne pouvait pas la blairer.

La vive réaction de l'aristocrate surprit quelque peu Peter. Était-elle au courant de la "faiblesse" d'Alex en présence de Claire ? Mais si ce n'était pas le cas... pourquoi une réaction aussi extrême ? En tout cas, une chose était sûre : c'était loin d'être gagné pour la convaincre. Il n'aimait pas contraindre les gens dans leur choix, surtout quand ceux-ci affectionnaient tout particulièrement leur liberté et leur indépendance. Il envoyé à Mila par la pensée :

* Si elle refuse, on va devoir l'obliger à accepter. Je suppose qu'étant donné tes rapports avec Cruz, cela ne te posera pas de problème. Mais laisse-moi d'abord essayer la manière douce. *

Avant qu'elle ne s'apprête à reprendre sa route vers la sortie, Peter saisit Lila par le bras. Celle-ci se dégagea violemment.

- Bas les pattes, petit gars !

Malgré ses grands airs, Peter pouvait voir dans ses yeux qu'elle ne le considérait plus comme le petit gamin innofensif qui l'avait sauvée de la mort après la bataille OWI vs. Pinehearst. Sa cicatrice rendait son visage plus dur, plus froid, et même son regard avait quelque chose de plus imposant. Cependant, elle ne se laissa pas impressionner. Il lui en fallait bien plus que cela.

- Écoutez, Lila. Quand ma mère prend une décision avec autant de certitude, j'ai plutôt tendance à lui faire confiance. Elle sait ce qu'elle fait, et vous savez tout autant que moi que les enjeux ne sont pas négligeables. Et dois-je d'ailleurs vous rappeler que vous en êtes en partie responsable ?

Sans que les interlocuteurs ne s'en rendent compte, le ton montait considérablement et l'ambiance devenait de plus en plus tendue. L'Anglaise rétorqua sans plus attendre, sa voix puissante envahissant la pièce telle la colère d'un Dieu.

- T'écoute ta petite maman, Petrelli ? Tant mieux pour toi, mais moi pas. Depuis un certain moment, j'ai toujours fait exactement le contraire de ce qu'elle me disait de faire, et ça a étrangement toujours été fructueux.

Peter lâcha un rire moqueur à l'adresse de celle qui le foudroyait de plus en plus du regard.

- Ah ouais ? On ne dirait pas pourtant, étant donné l'état dans lequel je vous ai retrouvée la dernière fois. Sans mon aide, elle vous aurait laissé crever comme une vieille chaussette, et vous le savez autant que moi.

D'un geste vif et tellement rapide qu'il était presque impossible à voir à l'oeil nu, Lila s'empara de son 9mm qu'elle agrandit en une demi-seconde. Le canon de l'arme pointait la jugulaire de Peter avait m'ême qu'il n'ait eu le temps de le réaliser. Cette peste semblait connaitre le point faible des indestructibles à la perfection, et ses capacités de tireuse n'étaient pas à prendre à la légère. La situation pouvait très vite dégénérer.

- Fais pas trop le malin avec moi, Petrelli. Je pense que tu ignores qu'on ne discute pas ce que je dis et que quiconque se met en travers de mon chemin se retrouve semblable à une passoire. Et si tu crois qu'il suffit que quelqu'un t'enlève la balle du coup, tu rigoleras moins quand ton corps inerte se retrouvera avec la taille d'un acarien. Alors écoute-moi attentivement, petit. Je vais franchir cette porte, reprendre ma petite vie de mon côté et toi la tienne, pigé ? Je n'ai plus rien à faire ici.

Prononçant ces mots, la peste commençait déjà à reculer. Peter lança un regard paniqué, à Mila puis à Alex. Allaient-ils devoir en arriver là ? N'y avait-il pas une solution moins violente pour la jeune femme ? Même si elle était tout simplement insupportable, elle restait un être humain libre de ses choix et ne leur avait rien fait de mal. Comment le cadet Petrelli pouvait-il lui infliger cela ? Sa bonté reprenait le dessus, il n'était pas ce genre de personnes qui abusait de son pouvoir à l'adresse d'innocents. Du moins, c'est ce qu'il croyait... ne connaissant pas la vraie nature de la tueuse à gage. Il eut une pensée désespérée, ne sachant pas trop pourquoi, mais il lui sembla qu'inconsciemment, il l'avait envoyée par télépathie :

* Claire... *

Après les larmes, il ne restait plus rien à Claire à vrai dire. S’assurant de la véracité de ce qui l’entourait, son oncle la reposait délicatement sur le canapé. Elle essuyait ses yeux dans un geste tremblant. Son estomac la faisait énormément souffrir à vrai dire mais elle ne voulait pas se montrer plus faible encore en pleurant comme elle venait de le faire. Se reprendre, c’était son objectif de l’instant. Elle était saine et sauve et ironie du sort, elle le devait à la même personne qui l’avait amené à vivre ce calvaire.

« Vous devriez boire et manger lentement. Si vous vous précipitez, votre organisme risque de rejeter cette nourriture … enfin, je crois qu’il y a une histoire comme ça. »

Relevant machinalement la tête, ses yeux encore rougit par les larmes de tout à l’heure, elle trouva malgré tout la force de sourire à cette jeune fille.

« Merci…Beaucoup… »

Attrapant en premier lieu le verre d’eau, elle essaya de se contrôler un maximum pour ne pas le boire d’une traite et trop rapidement. C’était difficile, très difficile. L’eau semblait avoir le gout le plus exquis maintenant qu’elle en avait été privé depuis un trop long moment. C’était doux, délicat, subtile, refroidissant son estomac, lui donnant des frissons et des étoiles dans les yeux.

« Tu peux me dire tu… »

Fini-t-elle par dire à la rouquine qui au final ne semblait pas plus âgée qu’elle. Claire n’aimait pas être mise sur un piédestal. Elle posa le verre vide avant de s’attaqué à la pomme. L’idée des gâteaux secs la séduisait mais elle avait déjà vidé son verre d’eau…Un verre de lait ! Elle se damnerait à présent pour un cookie et un verre de lait !
La nourriture semblait lui faire bien plus de bien qu’on aurait pu le croire…Tant physique que psychologique. Ses pensées volait doucement sur de la futilité et mon dieu…Que c’était agréable d’être futile.

Mais la place à la futilité ne semblait pas être le sujet du moment. Elle écoutait que d’une oreille les voix autour d’elle, préférant les ignorer mais malgré tout, chacun des mots la pénétrait et s’enregistrait dans son esprit. Lila…Resté ? Un morceau juteux et assez conséquent dans la bouche, elle releva les yeux vers Alex et Peter. Elle aurait souhaité pouvoir dire quelque chose mais le contenu de sa bouche l’en empêchait littéralement. Remarquant dans un premier temps le regard qu’Alex posait sur elle, la demoiselle hésita un moment à se lever et s’en aller…

Malgré tout, la faiblesse de ses derniers jours la tenaillait, elle ne voulait pas fuir à vrai dire et en avait marre d’être cette qu’on sauve. Il n’était pas question pour elle de partir, fixant sans aucune retenue Alex…Elle fut surprise de voir que celui-ci se détourna tout simplement d’elle. Intérieurement, elle se félicitait, pensant naïvement que c’était parce qu’elle n’avait pas flancher que les choses n’avait simplement pas dégénéré. Croquant à pleine dent dans la pomme, elle continuait d’observer sans rien dire. Lila refusait littéralement de rester et ma foi, pour Claire il était beaucoup mieux qu’elle parte…

Qu’elle s’en aille…

Elle ne lui avait adressé aucun regard, aucune parole, rien qui ne pouvait lui donner une quelconque réponse sur ce que l’adolescente pouvait bien penser d’elle. Préférant l’ignorer. Ca faisait moins mal.
S’attendant à ce qu’elle dégage comme elle était apparut, ce fut son oncle qui essaya de l’en empêcher. Sa mère…Sa grand-mère pour Claire…Avalant le morceau de pomme, elle se sentait tellement en colère…Tellement.

Et les choses semblaient littéralement dégénéré sans que Claire ne s’en rende compte, elle semblait en dehors de tout…

* Claire... *

Même ça ne semblait pas la faire réagir…Jusqu’à ce qu’elle se lève tout simplement. Posant la pomme sur le plateau, elle prit enfin la parole…Posant ses yeux sur Lila, elle se positionna devant Peter et fixa la jeune femme.

« Si ça ne tenais qu’à moi…Je te laisserais partir sans hésitation… »

Elle s’avançait, sur d’elle, étonnamment sur d’elle…L’immaturité de son âge ? Peut-être bien…Mais une chose était sur, ce qu’elle avait vécu avait eu un impact sur elle…La peur ne semblait plus avoir le même effet maintenant.
Le canon de l’arme de Lila était à présent sur sa jugulaire, le regard plein de cette désinvolture de l’adolescence mais quelque chose semblait y avoir changé…

« Tu pense être la seule à vouloir "reprendre ta vie de ton côté"...La bonne blague, tu n’as pas hésité à donner la mienne…Tout ça pour quoi ? Non ne répond même pas à cette question je préfère ne plus rien apprendre à ce sujet… »

Elle la fixait encore, le cœur battant…

« Je n’ai pas confiance en Angela mais j’ai confiance en Peter »

Finissant par baisser les yeux, ses cheveux venait à masquer le visage de Claire.

« La petite fille de Monsieur Linh…Tu veux une autre histoire Lila ? La meilleure amie de Barbie…L’histoire d’une écervelé qui s’est aveuglement accroché à une amitié qu’elle croyait unique, tellement unique qu’elle en aurait très certainement mis sa vie en péril pour la conserver. Au final, cette amitié n’était que du vent, rien d’autre que du vide…Le néant… »

Les souvenirs étaient douloureux…Tellement douloureux…

« C’est juste…Que je refusais de voir la réalité telle qu’elle était… »

Avec simplicité, la cheer leader sourit à Mila et l’invita à la tutoyer. Pourtant, la jeune rousse n’eut pas le temps de pleinement apprécier la proposition. Laissant Claire se restaurer et Peter prendre soin de sa nièce, la fille de Kerry reporta son attention sur son père. Dans le regard de ce dernier, quelque chose était différent. A première vue, ses yeux était toujours bleus ce qui était un bon point. Pourtant, à l’intérieur, Mila pouvait y voir une forme tourment, mais également, une part malsaine.

Claire ! Evidemment, la présence de la cheer leader avait surement ébranlée les barrières psychiques du subconscient du français de manière imperceptible. Alors que la jeune fille craignait le pire, son père parvint visiblement à reprendre le contrôle de la situation. Intérieurement, Mila soupira alors ce dernier d’un sourire lui fit comprendre qu’il allait bien.

Claire était toujours exténuée, mais déjà, elle semblait reprendre des couleurs et du poil de la bête. Son pouvoir y était très certainement pour quelque chose. Mais Mila préféra se dire que c’était également grâce aux quelques denrées qu’elle lui avait apporté que la blondinette reprenait des forces.

Lorsque Cruz voulut quitter les lieux, Peter tenta de la retenir, lui annonçant qu’elle devrait rester en compagnie de Claire et des deux Dumont, sur la demande d’Angela. Une moue de dépit, Mila fit rouler ses yeux. Peter venait de donner tous les arguments pour conforter l’anglaise dans son choix de départ. Télépathiquement, le jeune Petrelli demanda à jeune rousse de se tenir prête à intervenir s’il échouait dans les négociations. Mila sourit, espérant secrètement un échec cuisant de la manière « Peter ». Ainsi, elle aurait tout le loisir de montrer à cette pimbêche qui des deux aurait le dernier mot.

Rapidement, avant même que quiconque ne puisse s’en rendre compte, la situation dégénéra. Peter venait de se retrouver avec une arme à feu pointée en direction de son point faible. A l’autre bout de l’arme se tenait une Lila déterminée plus que jamais à mettre le plus de distance entre elle et la petite bande.

Prise de cours, Mila resta stupéfaite devant un tel retournement de situation. Que devait-elle faire ? Intervenir sans le feu vert de Peter pour forcer l’hystérique à baisser son arme ? Ou bien ne rien tenter et faire confiance à Peter ? En quête de réponse, elle se tourna vers la personne qu’elle avait pour habitude de questionner dans ce genre de dilemme. Alex venait de se redresser, mais pris de cours lui aussi, il n’avait pas la possibilité d’intervenir. Un geste malheureux et le coup risquait de partir tout seul, mettant fin à la vie du cadet Petrelli. Touché ainsi en pleine tête, même le français se serait retrouvé impuissant pour utiliser son pouvoir et ramener son ami à la vie. Visiblement, Mila crut comprendre que son père préférait faire confiance à son ami, tout en se tenant prêt à intervenir de quelque manière que ce soit.

Ce fut Claire qui fut la première à réagir. Venant se placer entre l’arme et son oncle, elle expliqua sans une once de sympathie à Lila qu’elle pouvait partir si elle le souhaitait. Visiblement, la jeune blonde éprouvait une grande rancœur à l’encontre de Cruz. Elle avait cru pouvoir lui faire confiance et la considérer comme une amie. Mais elle avait bien dû se rendre à l’évidence, les sentiments n’étaient pas réciproques, puisque que Lila avait offert sur un plateau d’argent la cheer leader à Kane.

Ainsi donc, le malaise de l’anglaise envers Bennet venait de là : la trahison. Comprenant ceci, Alex se souvint alors de la saveur de Lila lorsqu’il l’avait touchée : l’amertume. Se pouvait-il que cette peste éprouve la moindre trace de regret ? Ce visage de marbre et cette panoplie de femme implacable n’étaient donc qu’un masque pour dissimuler une fragile humanité comme on pouvait en voir chez tant de personne. Si la situation n’avait pas été aussi critique, Alex se serait certainement permis de discret sourire. Pourtant, le danger restait réel. Si le coup de feu partait, c’était Claire à présent qui perdrait la vie.

Claire venait peut-être d’ouvrir une faille dans la défense de l’ennemi. C’était l’occasion à saisir pour l’affaiblir d’avantage. Mila en avait conscience. Subtilement, elle s’introduisit dans l’esprit de l’anglaise. Elle n’avait certes pas l’aval de Peter, mais elle préférait saisir sa chance maintenant, quitte à se faire passer un savon après, plutôt que de prendre le risque de vivre avec des regrets s’il arrivait un drame. Des regrets … elle en avait déjà assez comme ça pour qu’un nouveau ne s’ajoute à la liste. Finalement, si Peter lui reprochait sa prise d’initiative par la suite, Mila s’en fichait. Au contraire, elle le souhaitait de tout son être, car cela signifierait une seule chose : que Peter serait toujours en vie.

Petrelli ne voulait qu’une seule chose : que tout se passe en douceur. Même si le contraire lui aurait fait plaisir, Mila pouvait toujours accéder à la volonté de Pet’. A présent qu’elle était dans l’esprit de Lila, il lui suffirait d’une simple pression psychique pour renverser la vapeur … tout du moins, elle l’espérait. Si elle agissait avec subtilité, la britannique ne se rendrait même pas compte qu’elle venait de se faire manipuler.

* Claire a raison … tu l’as trahie en la livrant à son ravisseur. Ne lui as-tu pas assez fait de mal ? N’as-tu donc pas envie de te racheter ? N’as-tu aucun remord ? Oh que si tu en as. Tu t’en mords les doigts chaque soir en te couchant. Et aujourd’hui qu’on t’offre une possibilité de te racheter, une nouvelle fois, tu serais prête à faire le mauvais choix ? Trouves-tu ce comportement digne d’une personne de ta trempe ? N’as-tu donc aucun honneur ? Claire est sur le point de se retrouver seule avec cette rouquine incompétente et ce français détraqué qui risque de jouer les sangsues avec elle, et toi, encore une fois, tu lui tournes le dos … alors que tu la considérais presque comme une personne digne d’intérêt … regarde-toi ! Regarde-la ! Et alors, si tu en es encore capable, tourne-lui une fois encore le dos et sors de cet appartement … lui donnant raison sur toute la ligne.*

La graine du doute était plantée. Il ne restait plus qu’à espérer que le terreau serait fertile. Retenant son souffle, Mila observa la réaction en retour de Lila.

Malgré une arme pointée sur son talon d'Achille, Peter tenait bon. Il ne comptait pas la laisser partir si facilement. Agacée, elle s'apprêtait à presser la détente, lorsque Claire se leva tout naturellement. L'adolescente qui jusque là n'avait prononcé que quelques mots d'une voix faible et n'avait pas adresse un seul regard à Lila, faisait désormais face à cette dernière. Elle alla même jusqu'à s'interposer entre Peter et l'arme pointée sur lui. De toute évidence, elle avait effectivement une certaine rancune envers l'Anglaise. Mais la blondinette gardait malgré tout son calme en prononçant des mots lourds de sens. Ses paroles étaient criantes de vérité et étonnèrent l'aristocrate par leur maturité. Claire n'avait pas choisi de se retrouver là, d'être mêlée à toute cette histoire. Elle ne voyait pas pourquoi Lila pourrait s'éclipser aussi facilement, sans demander son reste. De sa petite voix tremblottante, elle affirma avec conviction qu'elle avait confiance en Peter. Sûrement une valeur familiale, ou toute autre chose du genre dont Cruz ignorait la signification. Puis, le coup de grâce.
La cheerleader se mit à évoquer leurs trois jours passés ensemble, le livre dont elle lui avait parlé et qu'elle avait dévoré d'une traite. Elle lui parlait d'amitié... mais qu'avait donc fait Lila pour que cette gamine en vienne à penser une telle chose ? Elle n'avait jamais eu l'intention d'entretenir une telle relation avec Claire, elle n'avait pas une seule fois énoncé le mot "amitié". Pourquoi cette enfant y avait-elle songé dans ce cas ? D'habitude, les gens détestent Lila, ils la craignent, mais jamais ils ne l'apprécient. Et quand bien même ils en venaient à l'admirer, jamais ils n'oseraient se l'avouer, et le mueraient en une jalousie destructrice. Cette gamine n'était pas comme les autres...
N'y avait-il vraiment rien eu ? Dans un sens...

* Claire a raison … tu l’as trahie en la livrant à son ravisseur. Ne lui as-tu pas assez fait de mal ? N’as-tu donc pas envie de te racheter ? N’as-tu aucun remord ? Oh que si tu en as. Tu t’en mords les doigts chaque soir en te couchant. Et aujourd’hui qu’on t’offre une possibilité de te racheter, une nouvelle fois, tu serais prête à faire le mauvais choix ? Trouves-tu ce comportement digne d’une personne de ta trempe ? N’as-tu donc aucun honneur ? Claire est sur le point de se retrouver seule avec cette rouquine incompétente et ce français détraqué qui risque de jouer les sangsues avec elle, et toi, encore une fois, tu lui tournes le dos … alors que tu la considérais presque comme une personne digne d’intérêt … regarde-toi ! Regarde-la ! Et alors, si tu en es encore capable, tourne-lui une fois encore le dos et sors de cet appartement … lui donnant raison sur toute la ligne.*

Doucement, ses doigts relâchèrent la pression qu'ils exerçaient sur la crosse du pistolet. Remarquant que sa main commençait à trembler, Lila s'empressa de ranger son arme après lui avoir rendu sa taille de poche. Alors que ce flot de pensées déstabilisant avait subitement envahi ses pensées, elle avait à peine remarqué l'humidité qui gagnait ses yeux. Serrant les dents pour se forcer à se contrôler, elle regarda tour à tour Alex et Mila. Allait-elle laisser Claire en leur compagnie ? Ce mec n'était même pas capable de se contrôler, et cette rouquine bizarre ne lui inspirait aucune confiance. Oui, elle avait commis des erreurs, comme ce Daniel (nda : Caïn) le lui avait subtilement fait remarquer. Elle avait beau avoir ses propres valeurs, certaines d'entre elles étaient commune à tout être humain censé, au point d'en devenir indiscutables. De plus, elle savait que Peter avait un frère sénateur, suffisamment haut placer pour lui causer des soucis suite à tous les torts qu'elle avait commis. Cela n'arrangeait pas la situation. Oui, Lila avait une dette envers la société. Elle n'avait désormais plus le choix, et elle l'avait bien compris.

- Très bien, Claire. Je resterai à tes côtés, et je ne te lâcherai pas d'une semelle. Je suis sûre que cette nouvelle t'enchante au plus haut point. Mais je vais te dire une bonne chose...

Elle s'approcha d'elle, réalisant que ses battements de coeur accéléraient. Les deux femmes n'étaient désormais plus qu'à une trentaine de centimètres l'une de l'autre, de manière à ce que Lila pouvait sentir le souffle de l'adolescente, faible et saccadé.

*Cette amitié n'est pas que du vent, et je ferai tout pour que tu me pardonnes*

C'est ce qu'elle aurait voulu lui dire, là, en ce moment où elle avait besoin de son soutien. Cependant, c'était trop dur. Elle n'était pas encore prête. Ces trois personnes qui avaient les yeux braqués sur elles n'arrangeaient rien à la situation. Pincant les lèvres sans quitter son interlocutrice des yeux, Lila prononça très clairement :

- Je n'ai aucun regret par rapport à ce que j'ai pu faire. Pigé ?

L'affrontant encore quelques secondes de son regard le plus glacial possible, elle finit par se tourner vers Peter et sentit ses muscles se relâcher. Elle était presque restée en apnée pendant ces derniers instants, tant l'effort qu'elle avait dû fournir pour être une autre que celle qu'elle était vraiment était exténuant. Tant pis pour Claire, de toute façon elle ne lui pardonnerait jamais ce qu'elle avait fait. Autant ne pas lui montrer ses faiblesses...

- Ah au fait, le Frenchie... j'écoutais la radio sur ma moto en venant, je pense que ça devrait t'intéresser.

D'un geste mécanique, elle saisit la télécommande et alluma la télévision sur la chaîne des News. L'information devait passer en boucle depuis plusieurs heures, donnant suite à la fameuse déclaration des Sons of Liberty au sommet de la Statue de la Liberté. Une rouquine s'adressait à la caméra, rouquine que chacun dans cette pièce ne connaissait que trop bien.

« Chers habitants de New-York. Depuis quelques temps, un groupe de terroristes sévit dans notre ville en toute impunité. Les Sons of Liberty. Depuis qu’ils sont apparus, la terreur règne sur notre ville. Je suis comme vous, j’ai peur, peur de ce qu’ils peuvent faire encore, peur pour ma famille. Mais ce n’est pas une fatalité. Au lieu d’avoir peur et ne rien faire, nous pouvons agir, arrêter ce groupe qui se dit intouchable. Mais nul n’est intouchable. »

Kerry fit apparaître une boule de feu bleutée et des exclamations de surprise se firent entendre dans le studio où elle se trouvait lors de ce discours.

« Ce ne sont pas les seuls à être spéciaux. J’en appelle à tous ceux qui sont comme moi, n’ayez plus peur, nous avons les même armes que ces gens malfaisants alors utilisons-les. Alexis Kane et ses amis doivent être arrêtés. Si ils veulent quitter le pays, on devra les en empêcher. Ensemble nous pourrons réussir, il en va de notre avenir. N’oubliez pas qu’il y a toujours de l’espoir. »

A la fin du speech, Lila réappuya sur le bouton de la télécommande pour éteindre le post de télévision. Son regard se dirigea à nouveau vers Alex.

- Elle a de la trempe, ta copine. Surtout ne la laisse pas filer, idiot comme tu es.

Claire avait fait preuve d'une maturité épatante pour son âge. Ses arguments avaient eu l'effet d'une bombe sur Lila, et Peter se demanda si Mila n'avait joué un très léger rôle sur la décision de l'Anglaise d'enfin se rétracter. Cette dernière, bien que s'étant avouée vaincue, n'en avait pas moins délaissé son ton glacial et son regard tranchant. Si la fille d'Alex n'avait pas été présente, le cadet Petrelli se serait tout de même fait du souci pour sa nièce. La laissé entre les mains de l'hôte de cette entité diabolique d'une part, et de celle qui l'avait trahie d'autre part, était un choix tout de même fort dangereux. Si Cruz était les muscles, Mila assurerait la stabilité du groupe si la situation venait à dégénérer. Peut-être la rouquine allait-elle enfin comprendre qu'elle avait une place parmi eux. Tout à coup, Lila s'empara de la télécommande et alluma le poste de télévision. Le petit groupe put y voir Kerry en train de discourir devant les caméras à propos des Sons of Liberty, et de la nécessité que les personnes dotées de pouvoirs les arrêtent par leurs propres moyens. Voilà qui ne manqua pas de surprendre Peter : au moins, Alexis Kane ne s'en sortirait pas si facilement, ce qui jouait considérablement en leur faveur.
Il était temps désormais de s'occuper de la seconde tête du cerbère, à savoir Rick Baneson. Le Montecito, de son côté, ne constituait pas encore une menace concrète, même s'il fallait encore s'en méfier. Petrelli se leva et posa les mains sur les épaules de sa nièce.

- Tout se passera bien, Claire.

Il lança un regard complice à Alex, et lui lança par la pensée :

* Pour toi aussi, tu verras. J'ai confiance en toi. *

Se dirigeant vers sa chambre, il prit ses affaires, enfila son imperméable et prit congé de ses invités.

- Je vais chercher Nathan. Lui et moi irons mettre un terme aux actions des Sons, en arrêtant Rick une bonne fois pour toutes. Lady Cruz... avez-vous l'intention de partir à la recherche de Kane et de vous joindre aux autres personnes recrutées par Kerry ?

Lila haussa les épaules de manière désinvolte.

- Je ne sais pas encore, nous aviserons.

Peter acquiesca, et jeta un dernier regard au groupe.

- Très bien. Quoi que vous fassiez, soyez prudents. J'en ferai de même de mon côté. On se retrouvera une fois que tout cela sera fini.

Sans savoir pourquoi, il avait l'impression que quelque chose avait changé en lui. Était-il plus réfléchi, plus terre-à-terre qu'à la période où il avait ses utopies et sa coiffure d'ado ? Était-il devenu comme ce Peter du futur qu'il avait croisé une fois, celui qui l'avait tant impressionné et presque effrayé ? Une conviction s'imposa à lui : il était capable de réussir, d'affronter ce Baneson sans déraper cette fois. Il en était certain. Il avait causé bien assez de soucis à son pays, il était temps de réparer les erreurs commises. C'était, dans un sens, le plus grand point commun entre lui et son meilleur ami, Alex Dumont. Il ferma les yeux et se concentra, avant de disparaître de la pièce.

» It Ends Tonight [Alex, Kerry, Claire, Calamity, Peter, Lila]
» Welcome to Level 5 [PV Sylar, Alex, Lila, (Angela ?)]
» What have you done ? [PV Waren, Lila]
» Claire's Training [feat. Claire Bennet]
» Alex au carré [PV Alex Jones]