Le calme vient toujours avant la tempête... [Fini]

Central Park, bien qu'il ne s'agisse qu'un parc artificiel, est un endroit très paisible propice à la réflexion ou à la détente. Malgré le smog perpétuel se trouvant dans l'air de la ville, on avait souvent l'impression que dans cet endroit, l'air était plus pur. Et puis, lorsqu'il faisait suffisamment chaud, c'était l'endroit idéal pour un petit jogging. Une autre activité qu'on pouvait pratiquer lorsqu'on est plus fatigué est de s'asseoir sur un banc pour un moment de lecture, bien que parfois le lecteur soit dérangé par le bruit des conversations ambiantes. Assis sur un banc, c'est ce que faisait Alyss, ou du moins c'est ce qu'il semblait faire. En fait, il était extrêmement concentré sur un plan, ou plutôt une idée d'expérience, qui était en train de se former dans son esprit, chose rarissime et raison pour laquelle cela demandait toute sa réflexion. Il n'avait pas réussi à amener Alice dans le monde réel et son échec l'avait beaucoup frustré, lui faisant croire que son pouvoir, la seule chose rendant son quotidien plus agréable, avait fini par lui glisser entre les doigts et par s'envoler à jamais. Et pourtant… Et si c'était faux? Avait-il rencontré des gens lui faisant changer d'avis, même s'il les avait oubliés? Et si sa tentative avait échouée parce qu'il s'était fixé un objectif ultime qu'il avait réalisé trop tôt? Ainsi donc, il devrait mettre sa faculté particulière à l'épreuve pour mettre tout cela au clair. Comment s'y prendrait-il au milieu des touristes et autres visiteurs, là était la question... Après tout, ses apparitions semblaient timides, disparaissant dès que quelqu'un d'autre que leur maître approchait. Il se cacha donc sous un pont traversant le parc et ouvrit son cahier d'écriture. Il ne voulait pas commencer par une étape trop compliquée, ainsi il se contenterait d'une création ancienne. De toute façon, il aimait tous ses personnages et ses éléments d’environnement de façon égale! Il devait se l'avouer, pourtant... Il avait une petite préférence parmi son épais bouquin rempli de divers écrits, bien que n'étant même pas rempli à la moitié. C'est donc vers celle-ci que les pages de tournèrent; un de ses premiers jets. Ce n’est pas l’histoire simpliste qui l’intéressait, certes non. C'était un papillon multicolore, autant au niveau des ailes que du corps, mais aux dimensions peu habituelles et surtout, doué de parole. Alyss aimait beaucoup ce papillon, principalement parce qu'il était joli et que sa compagnie était agréable. Après tout, il ne faut pas oublier à qui nous avons affaire, cet éternel cœur d'enfant ne se cassait jamais la tête pour ses décisions! Il regarda un moment le papier, se demandant quoi faire au juste. Ah, vraiment, quel étourdi! Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas fait cela qu'il en avait oublié la marche à suivre, s'il y en avait une. Toujours aussi concentré sur son plan pour ne pas se faire distraire par quoique ce soit, il décida donc de caresser un peu le papier de la main, comme pour l'amadouer, avant de regarder son écriture et de demander simplement, d'une voix qui se voulait ferme tout en n’étant pas trop forte pour se faire entendre :

"Sors de là!"

C’est avec une surprise non anticipée qu’il remarqua que son plan semblait fonctionner. Le papillon apparut devant ses yeux, se posant sur son épaule. Émerveillé de voir son ancien compagnon coloré mais peu habitué de discuter, Alyss demanda bêtement :

- Comment ça va?
- J’avais oublié à quel point les rayons du soleil étaient fort! Je suis resté dans mon livre trop longtemps...

Alyss baissa la tête sous le reproche évident. Ce n’était quand même pas de sa faute! Il avait essayé plusieurs fois de continuer à voir ses amis semi-imaginaires, mais ce n’était pas facile lorsqu’il y a toujours quelqu’un dans les environs. Comme pour démontrer sa frustration, le papillon s’envola au loin, bien vite emporté par le vent, avant qu’Alyss ne puisse le retenir, restant attristé et en retrait comme trop souvent d'ailleurs. Avait-il eu tort de ne plus croire en ses rêves? L'air frais de cette matinée le fit frissonner un peu, le ramenant durement dans la réalité. Il se rendit alors compte qu'il avait échappé son exemplaire d'Alice aux pays des Merveilles sur le pont en descendant, le laissant à la vue de tous, mais surtout à la vue des voleurs! C’était également un excellent moyen pour que le bouquin se fasse piétiner, quelle horreur... Paniqué de perdre la seule chose qu'il connaissait et comprenait sans difficulté, il sortit de sa cachette et se saisit de son précieux bouquin avant de retourner sous le pont. Il aimait mieux ça que d'être à la vue de tous les passants, qui ne cherchaient pas à comprendre ce qui se passait, se contentant de juger cet homme bizarre qu'ils avaient pu apercevoir lorsqu'il était sorti quelques minutes de sa cachette! Vous devez vous demander comment fait Alyss pour toujours oublier sa possession la plus précieuse? Voyez-vous, lorsqu'on a une mémoire de poisson rouge, il n'est pas évident de faire attention aux petits détails. En plus, puisqu'il connaissait l'histoire par coeur, il n'avait pas vraiment besoin du bouquin, il le conservait juste au cas où son cas empirerait et qu'il oublie cette belle histoire... Ce serait alors la panique pour ce pauvre homme complètement déboussolé et se cherchant une place quelconque dans ce monde! Ce qu'Alyss ignorait, c'est que quelqu'un en particulier l'observait... Cet étranger avait-il aperçu l'étrange phénomène s'étant déroulé quelques minutes plus tôt ou se trouvait-il là par hasard?

[J'espère que cela te plaira... Cela fait des mois que je n'ai pas commencé un sujet =P]

Depuis la visite chez son frère, Raphael s'était contenté d'errer tel un spectre à travers les rues de New-York. Dès qu'il croisait une voiture de police, il dissimulait discrètement son visage, et se déplaçait généralement dans l'ombre. Il ne désirait pas attirer l'attention, il souhaitait se faire oublier de tous. Son casier ayant été effacé, il n'avait plus qu'à attendre que les autorités cessent de le rechercher. Cela ne devrait pas tarder étant donné le nombre de criminels qui couraient actuellement les rues. Il y en avait en effet de plus en plus depuis l'explosion de New-York et l'annonce publique de Sylar aux medias. Les personnes dotées d'aptitudes spéciales revendiquaient de plus en plus leur place dans la société, certaint usant bien entendu de moyens peu orthodoxes. Le taux de criminalité avait donc considérablement augmenté ces derniers mois. C'est probablement ce qui aida Raphael, lui qui était tueur en série depuis bien avant cet accident de "bombe humaine". Les circonstances avaient joué en sa faveur.
Mais que faire, maintenant ? Où pouvait se trouver Sylar en ce moment ? Avait-il constitué une troupe, une armée ? Que ce soit le cas ou non, Raph devait en faire de même. Il devait trouver des gens comme lui, en apprendre plus sur ces personnes, et voir s'il était possible de les rallier à sa sombre cause. Répandre la souffrance, officialiser le sadisme et la loi du plus fort, prouver à son frère que l'ordre et les codes sociaux n'étaient qu'illusion afin de masquer la vraie nature humaine. Il rêvait de la transparence de l'être, aspirait à faire découvrir ce que chacun refoulait au fond de lui sous la pression sociale, cette personne que l'on est réellement sans oser se l'avouer.
Il lui fallait réfléchir à un plan. Et pour réfléchir, quel meilleur endroit que Central Park ? Lorsqu'il était architecte, il venait souvent s'y recueillir, non seulement parce que cet espace de nature inspirait une certaine sérénité, mais également car il était entouré de somptueux buildings que le serial killer se plaisait énormément à admirer pendant des heures. Ils étaient une véritable source d'inspiration pour lui. Cela faisait plusieurs heures qu'il marchait, n'ayant plus aucun moyen de transport, et il cherchait désespérément un banc.

Il passa sous un petit pont, lorsqu'il aperçu un étrange spectacle. Un homme intriguant griffonnait dans un petit cahier, se cachant comme pour échapper aux regards. Raphael se planqua derrière un arbre pour l'observer discrètement. L'homme s'arrêta quelques instants d'écrire pour passer sa main sur le cahier, et il sembla à Raph que celui-ci dit quelque chose à voix basse. Il était malheureusement trop loin pour distinguer un quelconque mot. Tout à coup, une chose fort colorée jaillit des pages du cahier et se posa sur l'épaule de l'homme. Raphael eut un sursaut de surprise et son attention redoubla. Il crut rêver en percevant des bribes de conversation entre le type mystérieux et l'objet volant qui était sorti du cahier. Etait-il... comme lui ? Pouvait-il donner vie à de simples dessins ? Raph n'était capable de créer que des objets, et ce n'était pas à défaut d'avoir essayé de créer des êtres vivants. Cela ne donnait que des choses inanimées, sans âme. Il était persuadé qu'il manquait quelque chose à ses oeuvres afin que celles-ci puissent prendre vie. Mais quoi ? Peut-être cet homme avait-il la réponse à sa question. L'architecte attendit quelques instants que l'homme ait repris un livre qu'il trimbalait avec lui avant de s'avancer vers ce dernier. Il ne prit même pas la peine de se présenté, et le questionna de sa voix suave teintée de curiosité.

- Comment avez-vous fait pour lui donner vie ? J'ai déjà essayé, des centaines et même des milliers de fois, mais je n'y suis jamais arrivé. Ce ne sont que... des objets, sans âme. Je les dessine du mieux que je peux, mais ça ne sert à rien. Comment faites-vous ? Qu'est-ce que vous ajoutez à vos dessins ?

Raphael tenta de se reprendre, emporté par son enthousiasme. Après tout, il se trouvait devant une personne qui pouvait lui en apprendre plus sur lui-même, qui pouvait l'aider à faire évoluer son don, à l'exploiter pleinement. C'était une occasion en or qu'il ne désirait louper pour rien au monde. Il décida donc de se calmer afin de ne pas effrayer ce pauvre inconnu. De loin, il n'avait pas remarqué que l'homme avait en réalité écrit des mots, et son enthousiasme ne faisait que l'aveugler davantage.

- Excusez-moi. C'est que... votre capacité d'utiliser ce don avec tellement d'adresse m'épate. Quel malpoli je fais, j'en ai oublié de me présenter.

Il lui tendit une main amicale, le gratifiant d'un sourire éclatant.

- Je m'appelle R... Ryan McDowell. Enchanté.

Face à une jeune femme vulnérable, et vierge de préférence, Raphael se transformait en véritable monstre sanguinaire, guidé par la soif de tuer et de torturer. Mais aux yeux des autres personnes, il n'était qu'un citoyen ordinaire et on ne peut plus innofensif. Du moins... tant qu'il n'avait pas formé sa fameuse armée. Il avait appris à porter ce masque de Monsieur-Tout-le-Monde et passait inaperçu dans la masse uniforme de la population. En dehors de sa soif inépuisable qu'il gardait comme un secret précieux et que la police avait malheureusement déterrée avant de l'envoyer en prison, il n'avait pas un tempérament spécialement dangereux. Il repensa à son frère, qui s'était forgé une véritable carapace inébranlable. Une véritable armure qu'il était presque impossible de briser, et qui dissimulait la personne qu'il était vraiment. Raphael le sentait jusqu'au fond de ses tripes, et s'était juré d'arriver un jour à faire éclater la vérité. C'était également l'une de ses motivations qui le guidaient vers son but ultime.
Cet inconnu allait-il confier son secret, lui faire partager cette aptitude exceptionnelle, ou allait-il partir en courant ? Raph trépignait d'impatience, intérieurement, à l'idée de le savoir.

À peine Alyss avait-il ramassé son précieux livre qu'une voix le fit sursauter violemment, avant de se retourner lentement. Il eut un mouvement de recul, de cachant davantage dans l'ombre du pont, en voyant un homme qui se trouvait là. Que lui voulait-il? Alyss ne savait pas exactement pourquoi, mais une terreur sans nom lui glaça le sang et le figea sur place. Il finit par trouver une raison au milieu de son esprit appréhendant la suite. Il voulait qu'on le laisse tranquille, mais voilà qu'il venait de causer tout le contraire par son imprudence... Il examina les alentours; il aurait bien pu s'échapper en prenant la course derrière lui, mais ce témoin ne le laisserait pas s'enfuir aussi facilement, non? Les paroles de l'inconnu lui firent pousser un soupir de soulagement; il ne semblait pas lui vouloir du mal. Il avait plutôt l'air curieux, ce qui s'expliqua par ses nombreuses questions. Celui qui finit par se présenter en tant que Ryan McDowell pensait qu'Alyss possédait le même "don" que lui, donner consistance à des dessins selon ses dires. Un don... Plutôt une malédiction pour ce pauvre Alyss, cette façon de créer lui ayant toujours causé des ennuis. Il considéra un moment la main tendue, hésitant. Était-ce là l'usage à faire lorsqu'on rencontrait quelqu'un? Il était un peu perdu et n'avait pas l'habitude de bavarder, évitant les passants la plupart du temps. Toutefois... Cet homme pourrait peut-être lui fournir quelques réponses, sinon éclaircir quelques points pour lui. C'est la raison pour laquelle il avait un peu d'intérêt en cette rencontre. Il mît ses deux livres sous son bras et lui serra donc la main de façon maladroite en répétant ce que l'autre avait mentionné, mais à l'envers pour que cela ne se remarque pas trop.

"Enchanté... Je m'appelle Alyss Nazarro."

Son nom était heureusement une information qu'il n'oubliait jamais. Ne sachant pas trop par quoi commencer, ayant reçu une avalanche de mots et n'ayant pas eu le temps d'analyser le tout, il réfléchit un peu avant de mentionner :

"En fait... Ce n'est pas un dessin..."

L'homme sorti de nulle part serait-il déçu de cette réponse? Alyss décida de lui montrer son cahier de plus près, l'ouvrant et lui montrant les pages noircies d'encre ou de plomb composant les mots dans le but de compenser pour cette déception et faire amende honorable, bien qu'avec prudence, ne souhaitant pas que cet énergumène ne se saisisse de ses bouquins, le seul repère qu'il possédait, en croyant que c'était de là qu'il tirait sa réussite. Enfin il devait s'avouer qu'il était bien content de rencontrer quelqu'un qui semblait posséder une habileté semblable à la sienne, même si la façon de procéder n'était pas la même. Peut-être se rapprochait-il de son but, trouver une existence paisible ou au moins sans peur, par pur hasard? À moins que ce ne soit qu'un mensonge? Ses traits s'assombrirent à l'idée qu'on était en train de se jouer de lui et de sa grande naïveté. Après tout, dans cette ère où la loi du plus fort régnait, le mensonge et la manipulation n'étaient pas rares.

"Dites-vous la vérité? Vous avez vu mon papillon... Est-ce que je peux voir l'une de vos œuvres?"

Peut-être pourrait-il vraiment le conseiller s'il voyait son procédé de création. Leurs pouvoirs n'étaient pas si différents que cela, après tout! Certes, le moyen utilisé était différent, mais ils utilisaient tous deux du papier et un crayon, et le résultat était comparable. Ce Ryan ne voudrait toutefois peut-être pas montrer cela à n'importe qui - il ne réfléchit pas davantage pour réaliser que ce n'était qu'un juste retour des choses - alors Alyss crut bon de préciser, tristement :

"De toute façon, je ne me souviendrais sans doute plus de vous demain... Vous n'avez donc rien à perdre."

Ah! Ce serait tellement plus simple s'il tenait un journal intime comme autrefois, mais tout ce qui était relié de près ou de loin à son passé était perdu dans l'abime, donc l'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit. Information dangereuse à révéler à un meurtrier... Cependant, dans les yeux plein d'espoirs d'Alyss qui ignorait ce détail, ce n'était qu'un homme parmi tant d'autres, à part cette capacité spéciale, qui pourrait peut-être l'aider un peu à mettre de l'ordre dans cette histoire chaotique qu'était la sienne! Il n'avait même pas avoué qu'il ne savait même pas quoi faire pour que son habileté se mette en marche. Alyss préférait d'abord savoir s'il pouvait faire confiance à cet homme sorti de nulle part!

L'homme aux livres se présenta comme étant Alyss Nazarro. Il semblait assez méfiant, sans toutefois prendre réellement peur. Raphael n'aimait pas qu'on le craigne ou qu'on le regarde comme un monstre, cela avait le don de le faire bouillonner, comme le jour où ces petites frappes n'avaient cessé de le provoquer dans le métro. Désirant paraître normal afin de ne pas attirer l'attention des autorités sur lui, il avait préféré encaisser les coups, jusqu'à terminer dans un lit d'hôpital. Cela l'enrageait, mais c'était le prix à payer pour être libre... en cavale, mais libre.
Après un moment d'hésitation, Alyss expliqua que ce n'était pas un dessin. Comme pour illustrer ses propos, il ouvrit son cahier et montra à Raphael les pages remplies de mots de tous genres. Alors son pouvoir était différent... Mais peu importait, car cette chose, ce que recherchait l'évadé afin de donner vie à ses oeuvres devait sûrement être commun à leurs deux dons. C'en devenait d'autant plus passionnant et enrichissant.

Toujours sur ses gardes, le mystérieux homme lui demanda s'il disait la vérité. Raph acquiesca d'un signe de tête, très impressionné par cette capacité hors du commun. Oui, il avait vu le papillon. Il était sûr de l'avoir vu émerger des pages de ce cahier, ouvert devant lui. Cet insecte volant multicolore sorti de nulle part, mais bien vivant. Alyss voulut alors voir Raphael à l'oeuvre. C'était à son tour de lui montrer ce dont il était capable. D'après l'écrivain, il aurait de toute façon tout oublié le lendemain. Était-il amnésique ? La question était sans doute trop indiscrète, car Raph n'osa pas la poser à son interlocuteur. Après tout, cela ne regardait que lui. Ils étaient là pour partager leur don, en apprendre plus sur eux-même et sur les personnes comme eux. Ce n'était donc pas une rencontre ordinaire entre deux passants qui s'entendaient bien. L'espace d'un instant, le serial killer voulut demander à Alyss son carnet afin d'y faire un dessin. Il faut dire qu'il n'avait pas grand chose pour dessiner sur lui. Mais l'homme tenait ses trésors tellement fort contre lui qu'il semblait ne vouloir les partager à personne. Il semblait y tenir comme à la prunelle de ses yeux. Vouloir le lui emprunter serait un geste bien hâtif et irréfléchi, qui risquerait de trahir le peu de confiance que l'on lui accordait. Il se rappela alors de la craie qu'il avait gardé sur lui depuis la prison, cette même craie qui lui avait servi à s'échapper à deux reprises. Il plongea la main dans sa poche et la sortit. Il recula de quelques pas, observa les dalles qui s'alignaient au sol et réfléchit quelques instants. Il était architecte, donc autant employer les grands moyens.

Il s'accroupit et rapidement, se mit à dessiner sur le sol d'un geste à la fois ample et précis. La craie glissait sur le béton, laissant derrière elle des traits fin et réguliers, rebondissant sur les imperfections de la surface. L'ébauche ne tarda pas à se faire, la perspective mettait en valeur le toit des trois bâtiments qu'il dessinait, comme s'ils voyaient ce petit quartier fictif d'en haut. Il ne lui fallut pas plus de 5 minutes avant de créer une place miniature, constituée de bâtiments certes basiques, mais élégants. Une fois le croquis terminé, Raphael se releva et regarda autour de lui. Il ne désirait pas attirer d'autres regards curieux, et il lui faudrait un maximum de concentration. Par paresse, il faisait souvent apparaître de petits objets. Mais il était à vrai dire capable de matérialiser de grandes choses, bien qu'elle fussent inanimées, sans vie. Il ne voulait pas décevoir cet homme, dont il avait réussi à capter l'attention. Après tout, il venait de voir naître la vie à partir de simples mots. Ses dessins devaient se montrer à la hauteur. Il rangea la craie dans sa poche et posa ses mains sur les dalles. Lentement, il recula, toujours baissé, et balaya de ses mains la surface entière de son dessin. Celui-ci se mit alors à légèrement se déformer, avant de carrément onduler, comme s'ils voulaient sortir du sol. Les toits commençaient à se bomber, et finalement émergèrent. Un quartier miniature fait de béton émergea devant eux, avec des bâtiments munis de fenêtres, un petit square et quelques ruelles minuscules. C'était comme une maquette qui avait fusionné avec le parterre. Plutôt fier de sa création, Raphael regarda Alyss.

- Voilà ce que je sais faire, dit-il tout simplement. Je ne pourrais pas vous l'expliquer, mais c'est comme si mes pensées étaient le lien entre ces dessins et le monde réel. Je n'ai qu'à relier les deux, et d'un coup l'un appartient à l'autre.

Personne ne semblait les avoir aperçus, mais par prudence, il s'accroupit et posa les mains à hauteur du toit le plus élevé. Au fur et à mesure qu'il abaissait ses mains et les rapprochait du sol, le mini-quartier diminua, jusqu'à de nouveau reprendre sa forme picturale tout à fait ordinaire. Raphael soupira, comme à chaque fois que l'un de ses miracles disparaissait. Cela lui apportait un petit brin de nostalgie. Pendant quelques instants, il réfléchit. La première pensée qui lui vint à l'esprit est qu'il devait être honnête. Cet homme prétendait qu'il l'aurait oublié le lendemain. Se risquerait-il à... ?

- En fait, il faut que je vous avoue quelque chose. Je... Je ne m'appelle pas Ryan. Mon nom est Raphael Larys. Je suis désolé de vous avoir menti, mais c'était par prudence. Dans le monde actuel, révéler son nom peut être fatal. Les valeurs, les habitudes ont changé. Je suppose qu'il faut s'y faire, tout simplement...

Il se gratta le menton d'un air pensif, fixant son dessin fait de contours blancs.

- Dites, comment faites-vous pour créer des êtres vivants ? Que leur apportez-vous de particulier ? Je n'y suis jamais arrivé, et ce n'était pas faute de volonté. Il doit y avoir... quelque chose de plus, à ajouter. Ca m'intrigue énormément. Vous semblez vraiment bien contrôler votre don. Ce doit être formidable.

En effet, il arrivait que certaines personnes n'arrivent pas à contrôler leur pouvoir, ou le prennent comme une malédiction. D'après les médias, cet homme-bombe qui avait fait exploser New-York n'avait tout simplement pas pu se contrôler. D'autres accidents du même genre s'étaient produits un peu partout dans le monde. Certaines rumeurs avaient même mentionné l'existence d'associations et de compagnies qui aidaient les personnes souffrant de leur don. Elles avaient pour but de les mettre sur le droit chemain. Et si ces deux hommes ne s'étaient pas rencontrés par le simple fruit du hasard ? Et s'ils étaient là, ensemble, afin de s'entraider et de découvrir d'autres facettes de leur don ? Cette expérience pouvait être des plus enrichissantes, et cela leur serait forcément favorable dans leur vie à venir. Pourquoi donc s'en priver dans ce cas ?

(La tempête arrive, la tempête arrive =D!)

Le néant que le néant dans la tête de Sir John depuis l'incident Xender/Raphaël comme il la surnommait (oui, il avait des titres aux évènements qu'il créait délibéreraient). Il était, en fait, épuisé. Toutefois, exigeant avec lui-même et souhaitant profondément donner sa vie pour l'humanité, il ne s'était donné que quelques instants de sommeil chez Xender avant de repartir en disant, banalement, à celui-ci:

'' Les vilains n'attendront pas pour attenter à la vie des bons gens.''

Malgré une fatigue qui ne voulait pas le laisser tranquille, il se promenait dans la ville à l'affût du moindre agissement suspect, comme un maniaque le ferait. Tout en marchant, il se demandait ce qui était advenu de cet homme qu'il avait ingénieusement fait embarquer dans l'ambulance à sa place, homme qu'il pressentait vilain juste à sa façon de parler et d'agir avec un niveau de confiance trop grand et donc, selon Sir John qui observait les habilités humaines -les masques que les gens endossaient- trouvait cela louche.

*J'espère qu'il est mort à l'hôpital.... La façon qu'il voulait se débarrasser de moi était trop louche... il est vilain*, grommela-t-il.

Illusion. Le coup de Xender avait été fort, mais peut-être pas assez pour être mortel! Mais... pourquoi donc Sir John s'attardait-il tant à cet homme qui, il fallait l'avouer, n'avait jamais rien fait de mal FACE à Sir John. Étrange. C'était Xavier, il ne fallait se poser de questions!

...

Très fatigué, il finit par s'asseoir sur un banc, à Central Park, afin de faire semblant de lire un journal. D'un œil qui se voulait vif, il observait ce qui l'entourait. D'ailleurs, un étrange homme avec un long manteau et ayant un visage fort inexpressif tournait les pages d'un livre dont le héros maladroit n'arrivait pas à voir le titre. Une chose était sûre: il était concentré sur l'oeuvre en question!

C'est alors qu'il eut sa première surprise de sa journée qui augurait une nouvelle aventure: un papillon coloré sortit de celui-ci, comme par magie! Que... quoi? Le monde était bien... spécial. Sir John gardait son calme. Cet individu était intriguant. Était-il bon ou mauvais? À cet distance, sans lui avoir parlé, il ne pouvait avoir aucun pressentiment de la sorte. Il devait foncer vers lui et inventer n'importe quoi pour tester sa réaction...

- Comment avez-vous fait pour lui donner vie ? J'ai déjà essayé, des centaines et même des milliers de fois, mais je n'y suis jamais arrivé. Ce ne sont que... des objets, sans âme. Je les dessine du mieux que je peux, mais ça ne sert à rien. Comment faites-vous ? Qu'est-ce que vous ajoutez à vos dessins ?

Il n'eut pas le temps de réagir, car quelqu'un avait été plus rapide que lui et pas n'importe qui... Non... ça ne pouvait pas être lui. NON!!

- Je m'appelle R... Ryan McDowell. Enchanté.

Le beau jeu, le piètre mensonge! Ce Raphaël voulait encore se jouer de quelqu'un. Cela déplaisait grandement à l'utopiste: son premier ''plan'' avait donc échoué comme toujours? En fait, quel plan? Il avait été guidé, encore une fois, par ses pulsions... alors...

Pour revenir aux deux individus, ils parlaient, ils se montraient des trucs de plus en plus surnaturels, banalement. Puis, vint le moment où l'inconnu mystérieux avoua à Raph avoir des pertes de mémoire et tout le tra-la-la... Ça sonnait louche!! C'était une tactique assurée de sa part pour avoir des informations de ce mécréant. C'ÉTAIT SÛR, il avait un plan! Il paraissait de rien avec son air sans air et ses manières déroutés et déroutantes, mais il savait comme Sir John (selon lui) que ce gars n'était pas de confiance.

/// Il se trompait, évidemment. Il jugeait Alyss qui était un mystère tant son pouvoir était... étrange, mais Xavier était ainsi! Pour lui, tout le monde finissait par être louche. C'est au moment où Raphaël mordit à l'hameçon d'Alyss- ce que Sir John croyait en fait- et qu'il affirma sa réelle identité qu'il se leva et s'élança comme venu de nulle part entre les deux hommes, c'est-à-dire entre Alyss, avec son livre et Raphaël qui s'appliquait à montrer ses capacités loufoques de dessin. (Peu importe tout cela... il se disait qu'il devait tenter de prendre l'étranger mystérieux comme allié pour détruire une fois pour tout Raph tout en tentant d'en connaître plus sur celui-ci afin de s'assurer qu'il était bien un Heroes (ce qu'il n'était pas certain encore). En fait, il trouvait Alyss louche, mais plus sensé que Raph. Analyse hâtive.) Ceci étant dit, il s'exclama, en faisant des gestes théâtrales -habituels-:

'' Voici Sir John, le héros pour vous servir! J'arrive toujours au moment où le danger frappe!! Hey, cher monsieur (il pointait Alyss), cet homme est dangereux!! Vous devez m'aider à l'arrêter. J'ai échoué la dernière fois... je règlerai cette erreur! J'ai été trop doux la dernière fois.. Je...''

Et il recommençait à discourir de façon assommante. Et il recommençait à délirer... Et le plan là-dedans? Évidemment, il n'en avait pas... Échec à venir? Sûrement, comme toujours! Pitoyable... Un silence de plomb se fit après la fin du discours de l'intrus qu'était, encore une fois, cette tâche de faux héros.

Ce que le dénommé Ryan exécuta dépassa toutes les attentes d'Alyss. Il était capable de créer avec une telle précision et ne semblait pas être limité par des contraintes quelconques. Alyss resta stupéfait un moment puis, tout impressionné, il eut un grand sourire et applaudit un peu Raphael. Lui n'avait jamais osé essayé de faire quoique ce soit à grande échelle puisqu'on lui avait toujours répété que ce n'était que son imagination encouragée par sa folie. Mais ce Ryan, lui, était différent; il reconnaissait cette façon de créer telle qu'elle devrait l'être, comme un don et non une malédiction ou un simple délire psychotique!

"C'était très impressionnant et assez joli!" ajouta-il en guise de commentaire, après que le dessinateur eut fait disparaitre sa création, la ramenant à un état de deux dimensions. Son propre papillon profita de ce moment pour revenir se poser dans le cahier encore ouvert d'Alyss afin d'éviter de se faire déchirer par le vent fort qui commençait à se lever, revenant au simple état de mots parmi tant d'autres. Les deux oeuvres disparurent donc à peu près au même moment.

Peut-être était-ce la façon de procéder, si simple en apparence, se contenter de faire le lien entre la pensée et le réel? Alyss se demanda un instant s'il ne devait pas prendre des notes. Puis, coup de théâtre! Ce Ryan McDowell portait en fait véritablement le nom de Raphael Larys! Toutefois, Alyss n'en éprouva pas un trop grand chagrin ou une amère déception par les explications de Raphael. Au moins, il avait fini par lui dire la vérité, n'était-ce pas ça l'important? Puis, ce dernier lui posa des questions, revenant sur le fait qu'il était incapable de donner vie à ses créations. Ce point en particulier avait vraiment l'air de lui poser problème. Alyss réfléchit un peu. Raphael prétendait y mettre toute sa volonté... Mais le coeur y était-il? Pour sa part, Alyss était toujours très heureux d'avoir un peu de compagnie et il imaginait tout cela avec passion, appréciant toutes ses créatures de façon égale. Raphael était-il simplement curieux face à cette partie inexploitable de son don, ou alors désirait-il vraiment mettre un peu de vie dans ses dessins? Et surtout, pour quelle raison? Alyss allait lui poser à son tour des questions, lorsqu'un bruit attira son attention. Il avait l'impression que quelque chose allait finir par mal tourner... Peut-être est-ce que cela avait un lien avec le fait que Raphael avait d'abord préféré cacher sa véritable identité, ou alors ce n'était qu'une intuition. Ce qu'il ne savait pas, c'était que ce bruit était causé par quelqu'un qui tentait de se cacher. C'était l'intervention de Xavier Bellamy, alias Sir John! Cet homme sortant de nulle part fit sursauter Alyss une fois de plus, le faisant tomber par terre sous la surprise. Il regarda un instant son bouquin, se demandant si c'était lui qui avait inconsciemment fait sortir un nouveau personnage de là. Mais les paroles de cet étrange "super-héros" lui firent comprendre qu'il était réel! Alyss n'aimait pas être observé par tant de regards, Ca le rendait nerveux, lui rappelant sans le savoir des mauvais souvenirs! Ca se voyait à son air non pas effrayé, mais plutôt refermé et perdu, son sourire d'un peu plus tôt s'effaçant aussitôt. Une chose était sure, il ne parlerait plus en présence de cet inconnu mystérieux, il s'était refermé comme uns huitre. Il pointait du doigt Alyss en disant que quelqu'un était dangereux à quelqu'un d'autre... Mais comme il n'avait pas précisé qui, Alyss pensa que c'était lui qu'on accusait de tels méfaits!

"Je n'ai rien fait de mal..." commença-t-il d'une voix tendue et qui n'aidait pas vraiment à croire ces paroles, surtout de la part d'un type aussi soupçonneux comme Sir John!

Il se rendit alors compte que l'autre portait peut-être des accusations injustes contre Raphael, ce qui lui déplaisait beaucoup. Pourquoi, il n'en était pas certain! Une seule chose était claire; Raphael ne l'avait pas rejeté et il ne le croyait pas fou. Il savait ce qu'était la vérité. Il méritait donc de partager une discussion avec Alyss, alors que l'autre énergumène ne méritait que des reproches pour s'être interposé entre eux!

"Et vous, êtes-vous vraiment mieux? Tout le monde cause des ennuis un jour ou l'autre!" répliqua-t-il, un peu fâché, surmontant sa timidité causée par sa nervosité.

Il ne le savait pas, mais il avait peut-être touché juste puisque Xavier avait eu plusieurs erreurs de parcours en tant que super-héros! Alyss venait d'entrer dans l'un de ses fameux moment fort colériques, dont la suite ne dépendrait que du comportement des deux hommes qui s'étaient déjà rencontré auparavant, ou qui s'étaient au moins croisé quelque part...

[Désolé pour le retard... Rentrée, paperasses,... tout ça m'a pris du temps :-S]

Tout se passait pour le mieux. Le dénommé Alyss ne prenait pas peur, et à vrai dire les deux hommes s'entendaient plutôt bien, en dépit des différences radicales qui les séparaient. Leur rencontre n'était peut-être pas le fruit du hasard. Cela aurait très bien pu être l'oeuvre du destin, que cela n'aurait pas étonné Raphael le moins du monde. Mais malheureusement, le vent finit toujours par tourner. Cette rencontre ne fut pas l'exception à la règle. Alors que Larys attendait la réponse à la question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment, un individu surgit de nulle part, dans une sorte d'apparition pseudo-héroïque bien kitsch. Lorsqu'il reconnut l'homme, Raphael se figea. Il n'en croyait pas ses yeux, il pensait même halluciner pendant un bref instant. Pas de doute, c'était bien cet insupportable Sir John qui se tenait devant lui.

- Vous... murmura Raphael d'un ton sinistre.

Cette vision d'horreur, cet énergumène complètement givré, il aurait voulu ne jamais le revoir. Sa présence était synonyme de problèmes, et cela ne tarda pas à se faire sentir. Le jeune homme n'attendit pas pour endosser à nouveau le costume de super-héros inébranlable. Il jeta à ses deux interlocuteurs un regard suspicieux, qui mit Alyss fort mal à l'aise.

'' Voici Sir John, le héros pour vous servir! J'arrive toujours au moment où le danger frappe!! Hey, cher monsieur (il pointait Alyss), cet homme est dangereux!! Vous devez m'aider à l'arrêter. J'ai échoué la dernière fois... je règlerai cette erreur! J'ai été trop doux la dernière fois.. Je...''

Se sentant immédiatement agressé, Alyss lui répondit qu'il n'avait rien fait de mal. Ce type était en train de briser complètement l'assurance gagnée par son nouveau camarade quelques secondes auparavant. La rage de Raph n'en fut que plus grande. Pourquoi ne le laissait-il pas tranquille une bonne fois pour toutes ? Le prédateur pourchassé... cela fit naître en Larys un malaise très déplaisant. Il faut dire que la dernière fois, il s'en était sorti avec de la chance. Heureusement, cette fois-ci, son casier avait été effacé des fichiers de la police, et les autorités avaient déjà commencé à cesser de le rechercher, ayant beaucoup d'autres chats à fouetter en cette période de trouble. Mais il y avait tout de même un point positif : cette fois-ci, l'allié était de son côté. Une sorte de confiance primaire s'était instaurée entre Alyss et Raphael, ce qui donna à l'écrivain une certaine assurance qu'on ne lui aurait pas soupçonnée de prime abord. Bien qu'encore assez nerveux, il répliqua avec un brin de véhémence :

"Et vous, êtes-vous vraiment mieux? Tout le monde cause des ennuis un jour ou l'autre!"

Raphael profita de cette intervention pour enfoncer le clou et donner raison à son camarade.

- Il n'a pas tort, John. La dernière fois que nous nous sommes croisés, qui de nous deux a envoyé l'autre à l'hôpital ? Et lequel d'entre nous a tenté d'aider son semblable en le conduisant à l'extérieur et en appelant les secours ? Vous avez une vision un peu trop dichotomique de la réalité. Les gentils et les méchants, cela n'existe que dans les bandes dessinées. Nous avons tous un côté sombre en nous, et vous êtes bien placé pour le savoir.

Il faisait bien entendu allusion à son pouvoir, dont Raph avait eu un désagréable aperçu dans la station de métro. Ce qui habitait Sir John n'avait rien d'un super pouvoir de héros, quoiqu'il puisse en dire. C'était une capacité néfaste, fourbe et dangereuse.

- Dans la vie réelle, les héros n'existent pas. Nous essayons tout simplement de survivre, c'est ainsi que nous sommes faits. Il est déjà assez difficile de soutenir les regards méfiants qui sont lancés aux personnes comme nous, de tenir bon malgré que nous soyions parfois traîtés de monstres, alors il est inutile d'en rajouter en nous opposant les uns aux autres. C'est en nous unissant que nous serons reconnus par les humains, et vous le savez aussi bien que moi. C'est cela, ma mission. Alors si vous voulez m'arrêtez, dites-vous que cette fois-ci, c'est vous qui endosserez le rôle du méchant dans l'histoire.

Raphael était certes un serial killer, avait des pulsions meurtrières, mais aux yeux de son entourage, il était un homme tout à fair ordinaire, même très serviable et apprécié au bureau. Il n'est pas une personne au monde qui n'ait pas de vice caché, un péché mignon, une bête noire. Raph ne faisait pas exception à la règle, mais il tentait malgré tout de se frayer une place sur Terre. Ce n'était pas facile de concilier ses pulsions avec cet objectif, il en avait confiance. Mais qui pouvait se dire assez parfait pour faire des reproches aux autres en s'estimant meilleur qu'eux ?

(Désolé pour le manque d'inspirations XD Faisons un bon combat Raph et voilà, on aura des idées!)

Les deux hommes y allaient de leurs répliques pour récriminer le nouveau venu qui S'IMPOSAIT aux autres de par ses lubies. C'était à s'y attendre. Un mec aussi étrange que Sir John, avec sa foutue arrogance et ses visions manichéennes extrêmes, n'arrivait pas sur une scène sans amener de la frustration à son entourage ou encore bien de la confusion. .. Toutefois, en examinant bien les paroles des deux hommes, il s’aperçut rapidement qu’il venait de se liguer contre lui… Ce Ralph semblait être habile de paroles et tellement sûr de lui, il pouvait facilement avoir endocrine le garçon au livre et, contrairement, le gars au livre pouvait être de mèche avec cet homme. Quoiqu’il en soit, Sir John était toujours persuadé que ce mec, qu’il rencontrait partout, était un vilain… il le sentait. Surtout après avoir passé un moment avec lui la dernière fois. Et maintenant il lui faisait la morale!! Il lui parlait d’unir nos dons pour être plus forts. Quelle grande utopie!

-Ton idée de s’unir n’est qu’utopie! Si on pourrait s’unir, il finirait toujours par y avoir un traître pour briser l’équipe … D’ailleurs, selon le vilain qui passait à la télévision il n’y a pas très longtemps encore, il y a le monde qui sont avec lui ou contre lui. C’est la nature des choses. Il faut des gens pour prendre en main et je me nomme comme l’antonyme de Sylar. Je veux sauver le monde, hurla le faux super-héros en s’approchant de Raphaël, ignorant, pour le moment, Alyss. Il semblait inoffensif, il s’en occuperait plus tard. Il finirait même par l’allier à sa cause. Mais… il avait un compte à régler avec cet homme.

-J’ai l’air d’avoir de sales préjugés contre toi, mais ta gueule ne me revient pas, tu ressembles trop à ce salaud.

Et monsieur Bellamy s’approcha encore, voulant tenter un combat. Toutefois, il fallait avoué que le corps à corps n’était pas sa force… Néanmoins, il voulait un combat à la loyale.

*S’il-te-plaît, ne t’emporte pas… je ne suis pas un monstre… je ne suis pas dangereux… je veux juste être un héros.*

[Désolé, loin d'être un de mes meilleurs posts >.< Un peu (beaucoup?) de manque d'inspiration... si tu veux engager un combat Raphael, tu peux le faire avant qu'Alyss ne passe à l'action :p]

Pourquoi fallait-il que les événements heureux tournent au vinaigre? Pourquoi ne pouvaient-ils pas trouver un terrain d'entente?? Pourquoi le malheur s'abattait sur lui, encore!? ...Encore...? Quel était ce sentiment lui serrant le cœur, tel l'appréhension d'une catastrophe à venir?

Les pensées embrouillées et le coeur serré, Alyss ne savait pas quoi faire. Raphael était sans doute capable de se défendre seul, mais il avait mentionné que ce Sir John possédait un côté sombre en lui et qu'il l'avait envoyé à l'hôpital. Alyss n'était pas certain de tout saisir, mais cela n'envisageait rien de bon... Son coeur battait la chamade à l'idée qu'une bataille approchait. Xavier avait négligé la présence d'Alyss et cela se retournerait contre lui, c'est certain, même si pour l'instant l'écrivain ne semblait pas tellement actif dans l'action en cours.

"Assez! Pas de bagarre!" aurait-il voulu lancer, comme un pauvre gamin. Après tout, c'est ce qu'il était dans son coeur, à cause de son esprit abimé! Toutefois, il se rendait bien compte que cela ne changerait rien à la situation, raison pour laquelle il restait silencieux. Il devait y avoir une autre solution.

Et puis ce Sir John avait osé insulter l'homme de la télévision! Méchant ou pas, Alyss respectait cet homme pour avoir révélé au monde qu'il existait vraiment des gens possédant des pouvoirs particuliers. Toutefois, ces pensées appartenant au passé soulevèrent d'autres interrogations. Pourquoi pouvait-il avoir accès à ce moment de sa vie sans aucun contexte extérieur et pourquoi ne pouvait-il pas se rappeler d'autres événements de sa vie? Il serra le poing, dépité par son état de vie pitoyable. Toutefois, ce n'était pas le moment des réflexions, mais bien de l'action.

N'était-ce pas avec son pouvoir qu'il pourrait les protéger, lui et Raphael, de cet homme aux allures assez étranges? Qui sait, s'ils étaient hors d'atteinte l'un de l'autre, peut-être que ce drôle de clown serait ainsi inoffensif... Hum... Une idée était en train de germer dans son cerveau, étrange non? Mais bon, toute la vie d'Alyss se résumait à ce mot : bizarre!

Alyss n'avait jamais tenté ce genre de truc. Il n'avait même jamais songé à utiliser son don de cette manière, mais là, c'était une situation d'urgence. Et puis, le temps pressait, encore et toujours. Sa vie était une éternelle course contre la montre, passée à essayer de s'accrocher le plus longtemps aux brefs instants de conscience qu'il possédait du monde extérieur. Il réfléchit un instant à un moyen d'arrêter ce Sir John avant qu'il ne fasse quelque chose qui les mettraient tous dans le pétrin, sans toutefois le blesser. Alyss n'aimait pas vraiment la violence, ce qui était logique lorsqu'on connaissait son passé - chose que lui-même ne possédait pas. Un arbre sortit donc de terre et, d'une branche, entoura la jambe de Sir John et l'élevant au-dessus du sol, tête à l'envers. Et voilà, il avait imposé sa volonté à l'une de ses créations par sa plume. C'était plus prudent que son autre idée et surtout, il y avait davantage de chances de réussite.

"Maintenant, on va essayer de parler de façon plus civilisée! Si vous vous calmez, vous serez libéré..." fit-il d'une voix calme, un peu trop calme pour la situation. Toutefois, un autre sentiment n'aurait qu'envenimé la situation.

Et voilà, le problème était écarté - ou du moins, selon Alyss, car cela donnait plus de facilité à Raphael d'attaquer Sir John ainsi ligoté, tandis que ce dernier pouvait toujours utiliser son pouvoir dont la nature restait encore un mystère pour l'écrivain au regard d'ébène. Toutefois, peu habitué d'utiliser autant son pouvoir qui requerrait une certaine concentration, Alyss chancela et se retrouva sur le sol une fois de plus. Il ne se sentait pas très bien... Toutefois, impossible de se laisser aller à ce sentiment d'étourdissement, puisqu'il ignorait si tout sommeil signifiait un retour à la case départ. Et puis, il n'était pas question que son apparition retourne déjà d'où elle était venue! Il voulait retourner à la situation de calme et de camaraderie ressentie un peu plus tôt, avant que cet énergumène n'arrive tout gâcher. Dans ce but, il ajouta donc d'une voix misérable, pour calmer Sir John et ses envies de vengeance contre le "méchant" Raphael :

"Tout ceci n'est qu'un terrible malentendu, j'en suis sûr... Les héros des bandes-dessinées n'accusent personne sans preuve, je ne comprends pourquoi tu fais cela! Pas besoin d'en venir à la bagarre, tout peut se résoudre avec un compromis ou deux..."

Pour une fois, il parlait avec son cœur et non avec sa tête, une scène bien émouvante! Toutefois, c'était une vision bien illusoire de la vie, comme tout ce qu'il connaissait... Peut-être était-il temps qu'il ouvre les yeux, même si cela signifiait un horrible retour à la réalité? Qui prendrait la parole à ce sujet? Serait-il simplement ignoré ou détruirait-on cette vision idéaliste qui avait effleuré son coeur?

Ce beau diable de Sir John rejeta sans aucune hésitation l'idée à laquelle aspirait Raphael. Selon lui, il y aurait toujours un traître pour briser l'équipe. Ce pauvre homme n'avait pas dû vivre dans beaucoup d'organismes sociaux, sans qui il se douterait que des règles intrinsèques et une certaine hiérarchie au sein du groupe ne laisserait pas place à la traîtrise. Avec cette émergence d'individus dotés de pouvoir, on pourrait imaginer que toute trahison serait punie sur-le-champ, la puissance des évolués le permettant largement. Plus besoin d'armes, plus de pression de la part de l'Etat, plus de lois ni de restrictions, ils seraient leurs propres maîtres. Le temps d'une ère nouvelle était arrivé, et le système répressif allait devoir tomber. Sylar l'avait d'ailleurs tenté à une ou deux reprises, mais il s'était laissé aveuglé par sa soif de pouvoir. Le secret résidait non pas dans l'égoïsme, mais dans la cohésion. Et ce Sir John ne l'avait lui non plus pas compris. Entêté personnage qui courait droit à sa perte s'il continuait à chercher des noises aux deux matérialistes. Il se posait comme l'antonyme de Sylar ? La bonne blague. Sans le savoir, il lui ressemblait énormément. Pourquoi chercher à chasser les méchants, si ce n'est pour être reconnu socialement ? Une sorte de puissance narcissique insatiable. Pas de doute, il était aveuglé par son objectif douteux, et Raphael allait être forcé de lui remettre les idées en place. Il avait déjà tenté de s'en sortir par la courtoisie, mais il n'avait plus le choix.

Auparavant, il n'avait jamais été contraint de laisser sortir le "monstre" de sa tanière devant plusieurs personnes, et surtout des hommes. Il ne montrait le monstre qu'aux jeunes femmes qu'il kidnappait avant de les mener à travers le long et douloureux chemin vers la mort. Cette souffrance dont il se délectait, il allait devoir l'infliger à contrecoeur.
Comme s'il ne l'avait pas suffisamment provoqué, Sir John rajouta que la gueule de Raph ne lui revenait pas, et qu'il ressemblait trop à Sylar. Au diable ces foutues catégorisations sur base de traits physiques ! Il allait lui régler son compte une bonne fois pour toutes. Il plongea d'ores et déjà une main dans la poche de son imperméable et saisit la craie qu'il gardait si précieusement sur lui. Comme s'il ne demandait que cela, John s'avança vers eux. Puis, l'impensable se produisit. Un arbre émergea du sol, grandissant à une vitesse surnaturelle. L'une de ses branches s'enroula au passage autour des chevilles de Sir John, qui finit par se retrouver la tête en bas, suspendu à l'apparition incroyable. Raphael ne put s'empêcher de lancer un :

- Magnifique...

Quel don extraordinaire ! Quelle beauté ! L'architecte qui sommeillait en Raph fut ébloui par de telles prouesses artistiques. Alyss se décida alors enfin à intervenir.

"Maintenant, on va essayer de parler de façon plus civilisée! Si vous vous calmez, vous serez libéré..."

Même si cela ressemblait à une menace, son ton était parfaitement calme et posé, même s'il trahissait une légère nervosité chez l'homme.

"Tout ceci n'est qu'un terrible malentendu, j'en suis sûr... Les héros des bandes-dessinées n'accusent personne sans preuve, je ne comprends pourquoi tu fais cela! Pas besoin d'en venir à la bagarre, tout peut se résoudre avec un compromis ou deux..."

Ces paroles transpiraient la franchise et l'honnêteté, mêlée à une bienveillance presque attendrissante. Mais malheureusement, Alyss ne connaissait pas cet être entêté, prêt à tout pour parvenir à ses objectis rocambolesques. Dans un sens, il le comprit et il sembla à Raph que son nouvel ami était prêt à le laisser faire, comme si un signal silencieux était passé entre les deux hommes. L'architecte tourna alors le dos à son ennemi et fit face au mur qui supportait le pont. Il leva sa craie et commenca à dessiner des traits sur le béton.

- Tu es bien déterminé à en découdre avec nous, n'est-ce pas ? C'est bien dommage pour toi, car ta route va s'arrêter ici.

Il continait à dessiner tout en parlant, la craie grattait la surface rugueuse, laissant peu à peu apparaître une forme allongée.

- Dans la vie, il est primordial de bien s'entourer. Vivre ensemble ou mourir seul... Ta vision manichéenne du monde te perdra, car tu sais bien que le Bien et le Mal ne sont que des notions abstraites inventées par l'homme pour nous donner une orientation, pour nous aveugler d'une simplicité abrutissante. La réalité est toute autre que celle que te montre les médias. Et tu vas vite comprendre qu'il n'y a ni héros, ni méchants. Nous tentons simplement de survivre à notre manière, et de nous trouver une place dans la société.

Le dessin était terminé. Raphael rangea la craie dans sa poche et posa les mains à plats sur sa création. Le croquis se mit alors à onduler avant de sortir du mur. Larys tenait à présent dans ses mains une immense batte betonnée, aux contours couleur de craie, comme s'ils sortaient tout droit d'une bande dessinée. Il posa l'arme sur son épaule, le bout pointant vers le haut, et s'avança vers Sir John, toujours suspendu la tête en bas. Son pas était lent et calme, il savourait cet instant tant attendu où il allait enfin pouvoir faire payer à cet homme tous les malheurs qu'il lui avait infligés. Il lui faisait désormais face, une trentaine de centimètres à peine les séparaient.
Puis, d'un geste brutal et extrêmement rapide, il saisit la batte à deux main et frappa de toutes ses forces dans le ventre de Sir John, qui fut balancé tant l'impact était fort. L'homme suffoquait à cause de la douleur, se balançant tel un fruit mûr prêt à tomber de l'arbre. Raphael le regarda d'un air sadique et lui lança un large sourire orné de dents blanches.

- Alors, convaincu ou tu en veux encore ?

(Là je suis inspirée XD Enfin il se fait rendre la monnaie de sa pièce. Pauvre con de John LOL 0_0 mais sérieux, je ne suis pas sûre qu'il va survivre: il est PENDU!)

Sir John avait été trop loin. Comme toujours, il était dans la position qu’il méritait. Il était lui-même coupable de manquer de civisme, il était lui-même coupable de "faux-témoignage". Une ressemblance à un méchant et un sentiment de malaise n'étaient pas des prétextes pour vouloir détruire quelqu'un... c'était idiot! Il était un vrai cinglé... Raphaël pourrait avoir l'air louche tant qu'il ne serait pas pris sur le fait, Xavier ne pouvait rien faire. De toute façon, il ne pourrait rien faire puisqu'il sentait son sang se glacer: il avait l'impression de mourir?!?

Ah...

Mais quand même… il l’avait cherché. Même un criminel avait le droit d’un jury. Même le pire des hommes avait le droit à sa vie privée. Sir John était givré. Il ne faisait pas partie de la vie réelle. Il était complètement hors norme. Enfin, pour le moment, il s’en foutait pas mal de ses principes. Il étouffait. La réaction combinée de ces deux hommes l’avaient surpris. Alors… ils étaient vraiment ligués? Sir John ne pouvait plus se concentrer. Sa vision s’embrouillait, il crachait du sang; il était étranglé par l’arbre qui avait somptueusement sortie de… la main de cet étrange homme à l’air si… si calme! Et là, le coup de grâce, un coup de poing, aucune possibilité de réagir.

AH! allait-il mourir sans avoir mené cette enquête à terme? Que racontait-il? Il ne pouvait plus parler, il ne pouvait plus se concentrer. Il se balançait comme un pendule d’horloge, comme un homme pendu pour ses crimes. Il était puni pour ses lubies. Il était puni parce qu’il était différent. Il était puni parce qu’il avait une vision trop… bizarre du monde, une vision éthérée et peu habile. Il ne méritait pas la vie... Dieu l'appelait et voulait le puni.

Pauvre Xavier… Il perdait le contrôle de lui-même. Il tentait d’enlever la branche qui l’étranglait, il tentait de faire taire sa douleur, de respirer, mais il perdait le nord. Il voyait le visage sadique de Raph qui prenait plaisir à sa vengeance et celui, paradoxalement, impassible de l’autre disparaître doucement… Il paniqua et quand il panique…

Il se mit à convulser puis… son « don » se mit en activité. Le cœur battant et avec le peu de force qui lui restait, il murmura pour Alyss (il tourna des yeux vitreux vers lui) :

-Je suis un… idiot… partez… Je... suis désolé...

Une larme coula sur sa joue pendant qu'il se tortillait au bout de sa corde. Il avait l'air d'un vrai malade!

''Maman... désolé... de m'être... encore... embrouillé...

Il délirait, il se revoyait dans le carré de sable en train de se créer des plans manichéen. Il se revoyait en train d'attirer du trouble à l'école et en train de se faire gronder par sa mère. Il se revoyait en train de se faire traiter de fou. Il était malade mental, c'était évident. Son don ''machiavélique'' l'avait rendu fou... Il avait besoin d'aide.. peut-être la mort était la solution? Non, c'était impossible. Il y avait bien des psychiatres quelque part? Des psychiatres qui voudraient traiter un entêté destructeur du système sanguin. Hum...

Enfin, Alyss avait l'air sensible, il ne serait pas insensible à cette agonie à moins... qu'il le déteste à ce point d'avoir voulu du mal à son ami? Mais c'était dangereux, il devrait laisser la police s'arranger avec ça. Sir John était très dangereux actuellement. Il faisait peine à voir; il l'avait cherché, il avait sauté, ENCORE UNE FOIS, dans la gueule du loup en criant: "allez, frappez-moi! Idiot..."

Alyss était désarçonné par tout ce qui arrivait. Raphael n'avait laissé aucune chance à ce pauvre Xavier qui avait pourtant fini par demander pardon, trop tard aux yeux de son assaillant sans doute. L'architecte s'était servi d'une masse dessinée pour frapper l'illuminé de toutes ses forces. Alyss regardait la scène à genoux et ne pouvait s'empêcher de ressentir un fort malaise. La situation faisait peine à voir; Sir John semblait pathétique à ainsi pleurer devant son bourreau au regard impitoyable, disant qu'il était désolé.... Alyss sentait son cœur battre plus vite, comme s'il était en train de suffoquer à son tour, comme si la douleur de Sir John était la sienne, comme si... Comme s'il avait déjà été confronté à une situation semblable auparavant... Un horrible mal de tête s'ajouta à son coeur paniqué. Des larmes jaillirent de ses yeux, sans raison particulière. Il était bouleversé par cet homme auquel on faisait du mal parce qu'il avait fait une erreur, parce qu'il avait une vision du monde différente... Alyss ne réfléchit donc pas à ce qu'il devait faire. Il ne réfléchissait jamais bien longtemps, de toute façon, on avait bien vu ce qu'avant donné son plan précédent!

Il commença par accourir aux côtés de Xavier pour l'aider avant qu'il ne soit trop tard. Celui-ci étant inconscient, son pouvoir ne pouvait pas leur nuire, n'est-ce pas? L'arbre déposa gentiment le faux super-héros au sol, écoutant son créateur qui avait déposé sa main sur l'écorce. Alyss posa son regard sur l'homme amoché.

"Pourquoi..." demanda-t-il à travers ses sanglots, ainsi dos tourné à celui qu'il considérait, quelques minutes plus tôt, comme son allié. Maintenant, il n'était plus sûr de rien.

Pourquoi se sentait-il autant appelé par la douleur, par la détresse de cet homme qui avait cherché les ennuis? Pourquoi Raphael avait-il agi aussi brutalement? Pourquoi n'avait-t-il pas laissé le temps à Sir John de se repentir? Alyss était d'accord pour s'en prendre à cet étrange énergumène seulement et seulement si Xavier ne se laissait pas convaincre qu'il y avait une autre alternative. Ce qui n'était pas arrivé. Il ne comprenait pas... Il leva son regard sur Raphael, se trouvant entre les deux hommes.

"Pourquoi vouloir le détruire alors que tu disais qu'il fallait unir nos forces pour survivre? Où est passé ton bel idéal, hein? Il a dit qu'il était désolé! Tout le monde a droit à une seconde chance!!"

Alyss était en colère lui aussi, ce qui se ressentait dans sa voix... Était-ce parce qu'il avait l'impression qu'on s'était joué de lui, était-ce à cause de ce sentiment étrange ayant causé son trouble? Peu importait... Toutefois, il ferait tout pour protéger monsieur Bellamy si c'était nécessaire, bien que l'idée de s'en prendre à Raphael ne lui plaisait pas vraiment. Après tout, il était peut-être le seul espoir d'Alyss de comprendre quoique ce soit, puisque leurs facultés particulières se ressemblaient... Mais à quel prix? Tout n'était qu'une question de sentiments. Pour l'instant, il était plus mélangé que jamais.

Personne n'avait été là pour aider Alyss dans son enfance, mais lui ferait tout son possible pour protéger Sir John, même s'il ne gardait aucun souvenir de cette époque tourmentée! C'était décidé.

"C'est assez! Je crois qu'il a compris la leçon. Il a peur."

C'était une simple constatation, évidemment. La peur n'était qu'un mot qu'il arrivait à mettre sur les réactions de Sir John. Toutefois, c'était un argument comme un autre. La balle était dans le camp de Raphael; déciderait-il d'attaquer l'homme dont la détermination se lisait dans le regard et dans la posture - défensive bien sur - dans le but d'atteindre Sir John? Ou bien reviendrait-il à la raison?

[Désolé pour le retard, et ce n'est pas très long, mais j'espère que ça vous plaira quand-même ]

Jamais Raphael n'aurait pu croire à un tel spectacle s'il ne l'avait pas vu de ses propres yeux. Cet énergumène déluré s'était littéralement transformé en mauviette, un véritable enfant pleurant dans les jupons de sa mère. L'espace d'un instant, l'architecte crut voir l'une de ses jeunes victimes féminines lui implorant de les épargner. Un rictus sadique s'étira sur son visage. Il s'accroupit de manière à être à hauteur du visage du jeune homme suspendu par les pieds. Ce dernier marmonnait des excuses pitoyables alors qu'une larme s'écoulait à l'envers sur son front.
Mais ces sanglots n'étaient pas les seuls à emplir cet espace isolé sous le petit pont de Central Park. Alyss, posté un peu en retrait, s'interrogeait lui aussi entre deux pleurs. Il ne comprenait pas pourquoi toute cette violence, pourquoi les gestes de Raphael étaient en contradiction avec ce qu'il venait de dire quelques instants plus tôt. S'il avait su les ravages qu'avaient fait Sir John la dernière fois, il aurait compris qu'il ne s'agissait là ni plus ni moins que d'une réaction instinctive de défense. Sans quitter le visage déformé par la peur du grand gamin, Raph décida de le pousser un peu plus loin dans sa terreur afin de lui donner une bonne leçon.

- Tu abandonnes bien vite, il me semble. Dois-je te rappeler que la dernière fois que nous nous sommes croisés, j'ai fini dans un état bien pire que le tien ? J'ai même fini à l'hôpital. Je n'ai pourtant pas baissé les bras, et ce jusqu'à mes dernières forces. Tu te prétends être un héros ? Tu te dégonfles pourtant bien vite.

Il posa une main sur sa batte improvisée, et celle-ci commenca à s'applatir de manière à ne plus former qu'une arme tranchante comme un sabre à la lame plus aiguisée qu'une lame de rasoir. Il posa le côté tranchant contre la gorge de Sir John, qui palpitait encore sous les sanglots.

- Laisse-moi t'apprendre une dernière chose gamin. On ne combat pas le mal par le mal. Tu ne feras que devenir aussi sombre et mauvais que les ténèbres que tu t'entêtes à affronter. Si tu veux agir comme quelqu'un de bon, alors assure-toi de répandre le bien autour de toi. Aide les personnes dans le besoin, montre-leur de l'amour, sois solidaire. Ce n'est qu'ainsi que tu rendras le monde meilleur. Si tu montres de la violence, même envers ceux que tu crois mauvais, tu ne feras que perpétuer ce cycle infernal de sang et de souffrance. Le Mal... engendre... le Mal.

Il s'approcha encore plus, de manière à ce que sa bouche se retrouve à quelques centimètres de l'oreille de Sir John. Et dans un murmure, il lui souffla :

- Capito ?

Ensuite, il se releva, brandit son arme tranchante dans les airs et coupa le lien qui retenait sa victime dans les airs. Ce dernier tomba au sol comme un fruit mûr. Raphael posa alors le sabre improvisé au sol et le fit disparaître, n'en laissant plus que les contours dessinés à la craie.
Il se releva et se tourna vers Alyss et sa mine toujours aussi craintive.

- Je suis navré que vous ayiez dû assister à ce spectacle, mais si vous aviez vu mon état la dernière fois que j'ai croisé cet homme, vous comprendriez qu'il n'a rien de l'innocent qu'il prétend être. Êtes-vous encore en état de me parler de votre don, ou préféreriez-vous que je m'en aille ?

Il était déçu d'avoir été interrompu à un moment aussi intéressant de son existence, celle où son talent surnaturel pouvait prendre une tournure plus intéressante encore, où il pouvait développer une nouvelle facette de lui-même et commencer à fonder ce réseau de relations qui pourrait unir ses talents dans le but de montrer au monde que les êtres tels qu'eux étaient bien supérieurs à la race humaine. L'aube d'une nouvelle aire devait sonner prochainement.

Un mot pour décrire Xavier : pitoyable… il était vraiment un cas névrosé; prêt à enfermer! Il n’avait pas à agir de cette manière; personne de civilisé et normal ne faisait ça. L était paradoxal et animé d’idées et idéaux qui ne se tenaient tout simplement pas. Toutefois, Xavier était malade, très malade mentalement. Il souffrait du syndrome du super-héros et personne ne pouvait l’aider parce qu’il avait une vision étriquée du monde, une vision qui renfermait tout le monde dans un moule de bien et de mal…

D’une oreille floue et la tête dans le néant, il entendait vaguement les paroles de son agresseur qui se vengeait. Il l’avait bien cherché, non? Cette situation n’était que la conséquence de ses actes. C’était lui, depuis le début, le méchant dans cette affaire. Pourquoi s’attardait-il à vouloir sauver qui que ce soit quand, dans le fond, il avait une malédiction qui amenait la souffrance? Pourquoi vouloir sauver le monde et, en un instant, devenir assez pathétique pour supplier d’être sauvé? Peut-être parce qu’il n’était qu’un simple humain… en quête de la vérité. Sir John avait un sens erroné de la justice, avait un sens erroné de la vie et, tant et aussi longtemps qu’il n’accepterait pas qu’il a un problème, jamais il ne sauvera une vie. D’ailleurs, s’il ne corrigeait pas sa manie d’être inconséquent pour la simple raison du ‘’Bien absolu’’, il finirait, un jour ou l’autre, par sombrer dans la folie ou mourir, tout simplement.

*Ce qui ne serait pas si dramatique, en fait… Personne ne me comprends…*

Il avait la bouche pâteuse, il ne se sentait pas bien du tout. Il avait manqué beaucoup d’oxygène et il y avait maintenant du sang qui coulait de ses oreilles et un énorme mal de tête qui vrillaient ses nerfs. De plus, sa jambe droite formait un drôle d’angle et bleuissait à vue d’œil. Néanmoins, il reprenait son souffle et de la clarté dans son regard : il était sauf. Sans trop répondre à tout ce que son agresseur (qui était sa victime à la base) avait dit, il répliqua :

-Depuis toujours… toujours… je ne suis rien qu’un… looser. Je… je veux être un héros… et je… détruis.

Il sentait son pouvoir exploser en lui mais, cette fois, il le détruisait, ilo ne s’extériorisait pas. C’était mieux pour Alyss… Par contre, il ne résisterait pas lontemps sans soin. Les blessures et les coups qu’il avait reçus avaient déréglés son organisme déjà mélangé. Il suait à grosses gouttes.

Spoiler:

Et oui… encore une fois il capitulait devant l’ennemi : il était trop mauvais et faible! C’était enrageant de voir à quel point il avait échoué son deuxième Round. Au moins, il avait eu une victoire… Enfin, qu’est-ce que ça pouvait lui faire maintenant qu’il était sain et sauf, mais honteux? Il cessa de pleurer. Il avait une dignité à reprendre. Néanmoins, son organisme avait si mal. Allait-il apprendre sa leçon ou, dès qu’il irait mieux, repartirait-il à la recherche de ce Raph juste à temps de l’incriminer? Je pense qu’il y songerait à deux fois avant de sauter aussi imbécilement sur ses proies. Il devrait ajuster ses techniques ou plutôt, concevoir des techniques. Surtout avec quelqu’un qui commençait à comprendre qu’il était innocent… dans tous les sens du terme.

Il soupira, tentant de se souvenir de quelques paroles de ce larcin. Le Mal entraîne le Mal… Il essayait de faire la morale à Sir John… Pff… Il avait du tact, ce colosse, il était habitué d’agir avec hypocrisie. Le monde était pathétique… C’était le meilleur menteur qui gagnait toujours la donne. Un jour, Xavier serait reconnu, mais il devrait se faire soigner physiquement et mentalement avant…
Puis il tourna un regard suppliant vers Alyss et, en bougeant les lèvres sans vraiment parler, il mima ces mots :

-Je suis un raté qui chasse les ratés grands-parleur…

Il était tout rouge et perdait du sang, son don était encore en action… Il tenait le coup, mais pouvait reperdre conscience d’une minute à l’autre.

[Je ne suis toujours pas convaincu que c'est une bonne réponse, toutefois comme apparemment je n'aurai pas le feed-back demandé, j'envoie le tout...]

Alyss commençait à se poser des questions à propos de son utilité dans la présente situation. Son intervention de sauvetage avait tout simplement été complètement ignorée... Enfin, il était soulagé de ne pas avoir eu à se défendre ou se battre, car il n'avait pas l'impression qu'il aurait réussi à faire quoique ce soit. D'ailleurs, maintenant que cette étrange impression de comprendre la souffrance de Sir John était passée - après tout, c'était de sa propre faute si celui-ci s'etait fait rattraper par l'arbre en se tortillant dans tous les sens, ignorant les conseils qu'on lui avait offert - l'écrivain ne savait plus trop pourquoi il s'était interposé avec autant de bravoure entre les deux hommes qui désiraient se confronter l'un l'autre. Lui n'était qu'une tierce personne, triste spectateur impuissant de scènes dont il préférait ignorer l'existence. Il était toujours mieux d'éviter les problèmes lorsqu'on est incapable de faire quoi que ce soit. C'est le regard perdu qu'il se retourna vers Raphael, qui continuait son monologue. Alyss etait un peu amer en se souvenant à quel point sa vie n'avait pas de sens, ainsi quotidiennement effacée ou presque et vivant la tête dans les nuages, presque dans un autre monde.

Si son visage était craintif, ce n'était pas à cause des gestes de ce dessinateur - qui n'avait même pas blessé Sir John, en fin de compte - mais plutôt parce qu'Alyss voyait bien qu'il fallait faire quelque chose de son arbre bizarre, dont les branches s'agitaient encore dans tous les sens. Le faux super-héros couvert de sang était immobile non loin de cette plante diaboliquement animée et un prochain coup serait probablement de trop; l'idée d'avoir une mort sur la conscience lui faisait froid dans le dos. Il n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire, mais il sentait que la situation finirait par lui glisser entre les doigts s'il ne faisait rien... Et l'autre qui continuait de le questionner, cela ne l'aidait pas à réfléchir, ce qui était déjà difficile dans son état habituel... Il fallait qu'il réponde quelque chose à ce Raphael. Tant pis pour la déception, c'était la seule façon pour qu'on le laisse tranquille sans doute... À moins de causer l'effet contraire, devenant victime d'une colère insensée, ce qui serait désastreux. De toute façon, il fallait se concentrer sur le problème en cours avant de bavarder!

"Je ne sais pas quoi vous dire. Je ne sais pas quoi faire de ce "don", je ne le contrôle pas vraiment. Il ne sert à rien de se voiler la face. Je ne contrôle rien..." finit-il par répondre avec un sourire et une voix teintés de tristesse, atrocement bouleversé.

C'était la vérité. Il savait qu'il pouvait faire apparaitre une réalité provenant de son livre, mais c'était à peu près tout ce qu'il connaissait. Et puis, des êtres vivants, c'était de bien grands mots. Des plantes, des animaux... La belle affaire, c'était seulement utile pour mettre un peu de couleur dans sa vie. Il avait déjà essayé de matérialiser une personne, mais il avait échoué lamentablement et n'était pas prêt à recommencer l'expérience de sitôt. Il ne savait même pas jusqu'où s'étendait cette faculté hors du commun. Se résumait-elle à son carnet ou pouvait-il utiliser n'importe quelle de ses écriture à son avantage? Et celles écrit par quelqu'un d'autre? Mystère. De toute façon, c'était assez inutile de se torturer l'esprit avec de telles questions dans sa condition d'écrivain amnésique, n'est-ce pas? Et pour ce qui était de cet arbre, il l'avait créé sur le coup d'une impulsion, il était beaucoup trop gros pour rester sous son contrôle... Il aurait mieux fait de ne rien faire, au lieu s'aggraver la situation. Toutes ces pensées qui le faisaient douter de lui et remettre ses actes en question causa la disparition de la plante géante. L'air ébahi d'Alyss ne pouvait cacher qu'il était sincère en mentionnant qu'il connaissait à peine sa condition. Il laissa tomber son livre personnel par terre, signe de son trouble, se contentant de garder son exemplaire des aventures d'Alice au creux de son bras, la couverture du volume épais apparaissant au regard de tous; comme celui-ci n'était pas de son crû, il n'y avait pas de danger que quelque chose en sorte. Cette histoire était le seul élément rassurant de sa vie! Il en avait assez de toutes ces aventures étranges qui lui arrivait, il avait les nerfs en boule. Il avait besoin de tranquilité et de calme, en fait, mais il savait bien au fond de son cœur que c'était impossible. Sa vie n'avait pas été faite pour la simplicité. Il avait déjà essayé; le résultat avait été déplorable, le conduisant à l'asile.

"L'horloge tourne... Mais je ne sais toujours pas comment vivre avec ce tort. Un jour, une catastrophe arrivera forcément... Et je ne pourrai pas l'arrêter."

Il semblait se parler à lui-même, n'ayant plus conscience de la présence des deux autres. Il devait avoir l'air d'un rêveur perdu dans un autre monde, ou d'un drogué en plein délire avec son regard perdu dans le vague et ses paroles découragées - peut-être etait-ce la raison de cette compassion envers Sir John; parce que, d'une certaine façon, il le comprenait en tant que personne incompréhensible. C'était peut-être le cas, puisqu'il mélangeait sans cesse réalité et fiction. Un jour, son âme se casserait de façon irréparable. Pour l'instant, seul son cerveau avait des problèmes, particulièrement au niveau de la mémoire, mais c'était inévitable, un jour ou l'autre, les problèmes finiraient par le rattraper. On voudrait forcément mettre la main sur un pouvoir aussi intéressant et intriguant que le sien, tel que le montrait l'intérêt témoigné jusqu'à maintenant par Raphael. Néanmoins, un tel pouvoir pourrait être dangereux hors de contrôle et ne disparaissant pas simplement comme venait de le faire sa dernière création. Un seul fait restait, malgré tout, tourbillonnant dans les pensées d'Alyss, plaçant ce genre d'inquiétudes au second rang. Il était seul, il le serait toujours...

[Je remarque avec honte que j'ai complètement oublié de répondre à ce RP ! Je suis vraiment vraiment désolé, voici ma réponse finale avant de quitter le topic (je vais faire une petite pause temporaire avec Raph pour me concentrer sur mes autres persos ^^) ]

Devant le manque d'assurance de ses deux interlocuteurs, Raphael fut quelque peu désarçonné. Ne sachant comment réagir d'un point de vue émotionnel, il poussa un long soupir afin de faire le vide dans son esprit. Certes, la vie était compliqué, parfois cruelle et sans la moindre pitié, mais comment était-ce possible de n'avoir aucune idée de la voie qui devait être choisie ? Comment passer à côté de toutes les bonnes choses qu'offrait l'existence, ne se focalisant que sur les mauvaises ? Le Mal, ce concept tellement abstrait mais qui nous obsède à un point tel qu'on ne voit plus que lui. Il est tellement aisé de se plaindre, mais il l'est bien moins de se dire "bon sang, j'ai de la chance finalement", et de réaliser que certains sont bien plus misérables que nous. Ce moment fut un grand bouleversement dans la vie de Raphael. En effet, pour la toute première fois, il trouva les mots justes :

- Tant que vous aurez la volonté de vous battre, rien ne pourra vous arrêter. Le monde n'est pas parfait, mais il ne tient qu'à vous de le rendre meilleur. Cessez de voir votre don comme une malédiction.

Il se tourna vers Alyss avec un regard franc. L'homme semblait plus égaré que jamais, il avait perdu toute confiance en lui. Mais il oubliait l'essentiel : cette personne ne contenait aucune forme de méchanceté. Comment pouvait-il se déprécier autant alors qu'il avait de si bonnes intentions ?

- Alyss... Je suis persuadé qu'en regardant votre pouvoir sous un jour nouveau, il vous sera possible de l'utiliser à bon escient. Vous êtes un homme bien, et même si, d'après ce que j'ai compris, vous oubliez le lendemain ce qui s'est produit la veille, il demeure en vous l'essentiel de ce que vous aura appris la vie hier, et le jour d'avant, et celui d'avant encore. Il ne tient qu'à nous de faire le bien ou le mal avec l'aptitude qui nous a été offerte, et je suis sûr que vous finirez par trouver l'utilisation qui vous paraît la plus noble. Je ne suis pas là pour vous juger, mais sachez que j'ai foi en vous. Commencez par cesser d'avoir peur de vous-même, et de ce que vous êtes capable de faire. Réfléchissez, et j'ai la certitude que vous arriverez à vivre avec ce cadeau du ciel.

Il posa une main sur son épaule en lui lançant un sourire amical. Il était peut-être un meurtrier en fuite, mais il semblait ne pas en avoir perdu son humanité lorsqu'il le fallait. Il se tourna ensuite vers Sir John, dont les larmes avaient tracé des sillons brumeux sur le visage à l'expression enfantine.

- Vous aussi, Sir John, vous trouverez votre voie. C'est en faisant des erreurs que l'on apprend à devenir meilleur, alors ne regrettez pas les vôtres. J'ai encore l'espoir que notre prochaine rencontre se déroulera dans des circonstances moins douloureuses, si jamais nos chemins venaient encore à se croiser. J'ai moi-même appris plusieurs choses aujourd'hui, dont une que je considère bien plus importante que tous les autres : nous ne sommes pas seuls. Et pour cela, je vous remercie.

D'un geste calme, il tira la craie de la poche de son imperméable et s'agenouilla. Il se mit à dessiner sur le bitume avec dextérité, puis posa ses deux mains à plat sur le sol. Deux objets en sortirent. Il offrit le premier à Alyss, et le second à Sir John, puis rangea la craie dans sa poche et tourna les talons.

- Bonne continuation, et puissiez-vous trouver votre chemin. A un de ces jours, peut-être.

Et il laissa les deux hommes sur ces derniers mots, avec chacun leur cadeau de Raphael en mains : un bouquet de fleurs couleur ciment, mais légères comme le vent.

Spoiler:

Le sang qui avait coulé des oreilles de notre raté de super-héros embrouillait son ouïe. Toutefois, il entendit l’important du message de Raph qui semblait, encore une fois, avoir changé de masque. Quel hypocrite… Il semblait vouloir partir et concluait avec un discours tout bien ficelé (AH! CE QU'IL L'ÉNERVAIT!!!!), à chacun des deux hommes, avant de filer en douce en leur laissant un présent entre leurs mains.

Xavier n’avait pas l’esprit à remercier qui que ce soit (et surtout pas ce type!) ou à repartir des hostilités. Il était vaporeux et tenait le bouquet de fleur couleur ciment d’une main molle et le tournait et retournait entre ses doigts. Que pouvait-il faire? Il avait une jambe cassée et le système sanguin tout déréglé (encore une fois) par son pouvoir? Ramper? Il ne pouvait toujours pas demander à cet homme à l’air bizarre de l’aider à se rendre à un hôpital. Ah!, c’était toujours pareil. La même histoire. Un coup d’éclat, un coup d’épée dans l’eau; supplication et soins. Quel embarras que cet homme. Il leva la tête quelques instants en voyant celui qu’il n’était pas capable de sentir leur tourner le dos. Il envoya ensuite une œillade brumeuse à Alyss, puis redescendit sa tête pour regarder le cadeau… Lorsqu’il s’aperçut que celui-ci devenait de plus en plus flou, il prit panique. Ne voulant pas retomber dans l’inconscience, il tenta vainement de se lever pour s'enfuir (mais quel idée inutile et impulsive!). Résultat estimé: il étouffa un cri de douleur, puis marmonna :

‘’ Je suis vraiment pitoyable… Ça fini toujours comme ça…’’

Voyant très bien qu’Alyss n’aurait certes pas envie de sauver un fou comme lui et cela même s’il l’avait étrangement sauvé une première fois- il avait une dette envers un homme; il s’en souviendrait, il n’avait pas le choix… il devait mander le salut. C’est alors que son attention tomba sur le livre qui était au sol… un livre d’Alice au pays des merveilles. Ne se souciant pas des paroles et du regard d'Alyss (aussi absent que le sien), il tenta une approche pour recevoir de l'aide: s’il s’intéressait à ce qui l’intéressait, peut-être que cet homme l’aiderait une nouvelle fois (la dernière il l’espérait! Il ne voulait pas de dettes infiniment… Ce personnage semblait anormalement enfantin... il avait une chance...

-Vous aimez les histoires de super-héros et qui font rêver? Moi, j’aimerais être comme Superman, Spiderman... Batman et pourquoi pas Alice…

Sir John parlait et il avait l’impression d’être quelqu’un d’autre. Il n’avait plus de force et il s’entêtait à parler à cet individu. Il voulait s’en sortir.

-... je suis loin du héros et je m'en rend bien compte. Toutefois, grâce à votre sauvetage de ma personne (que je ne comprends pas encore, vous ne me deviez rien!), je peux encore essayer d'en devenir un! mais bon, pour ce faire, pourriez-vous m’aider encore? Je pense pas pouvoir y arriver seul… je ne peux pas me lever.

Le sang ne s’écoulait plus de ses oreilles (par chance!), mais son système était dans un état instable et il avait perdu beaucoup de sang. Mais le plus gros problème, c’était sa jambe cassée et le manque d’oxygène qu’il avait eu tantôt. D’ailleurs, il ne se sentait plus la force de parler, maintenant. Il se tût, attendant la réaction d’Alice, et déposa sa tête entre ses deux mains pour se reposer un peu. Il soupira et ferma les yeux...

De la peur? Non, ce n'était pas de la crainte, pas exactement. Juste une grande incompréhension des ficelles et l'appréhension que d'autres voudraient, peut-être, s'intéresser à son pouvoir pour de bien mauvaises raisons.

Les paroles de Raphaël se voulaient sans doute encourageantes. Si seulement c'était aussi simple que ce dont il parlait. Toutefois, le cas d'Alyss était plus complexe que cela; tout s'envolait à propos des personnes qu'il avait rencontré, ainsi que les différents acquis de la journée. Parfois, il restait quelques marques physiques de l'existence des jours précédents, comme ce bout de papier, billet d'avion en direction du Japon. Et pourtant, cela ne l'aidait pas à retrouver la mémoire.

Il prit les fleurs et ne tenta pas de retenir le jeune homme; à quoi bon? L'écrivain plaça donc l'une des fleurs entre les pages de son livre qu'il ramassa. Il y ajouta d'ailleurs une note rapide sur la page l'accompagnant : prendre confiance. Sait-on jamais... Heureusement que le béton du trottoir où ils de trouvaient n'était pas trop sale, enfin à l'exception de la tache de sang laissée par Sir John un peu plus loin, comme ça son bouquin ne c'était pas trop sali... En parlant du loup, celui-ci ouvrit la bouche et se mît à dérouler un discours à l'intention d'Alyss. Le blessé demandait de l'aide.

« Alice n'est pas une héroïne, juste une fille normale qui doit affronter des situations pour le moins étrange... » déclara-t-il d'une voix rêveuse, en pensant à ce sujet qui le passionnait.

D'un certain côté, il était vrai que dans cette belle histoire, la vie de quelques personnes avaient été indirectement sauvées, profitant de fin du reigne de terreur de la reine rouge. toutefois il n'y était ni question de super-pouvoirs, ni de gadgets révolutionnaires aidant le héros, comme il est souvent le cas dans les histoires de bande-dessinées dont parlait Sir John. Alyss aide celui-ci à se relever avec un certain sourire. Si on avait besoin de lui et que c'était dans la possibilité de ses maigres moyens, il était toujours bien content d'aider autrui. Il accompagna donc Sir John jusqu'au centre hospitalier le plus près.

« Essayez de comprendre la prochaine fois, au lieu d'accuser les gens. Il y a toujours une raison pour tout, je crois. Elle n'est pas toujours claire, c'est tout. » déclara Alyss en cours de route, d'un ton très sérieux.

Voilà une situation étrange. Un semi-amnésique accompagnant un homme se prenant pour un super-héros, dont aucun des deux ne connaissait l'identité de l'autre. Situation délicate lorsqu'on doit amener un blessé à l'hôpital et qu'on est à peine capable d'expliquer ce qui s'est passé sans aborder les éléments plus ou moins fantastiques s'étant déroulés. Alyss mentionna une vilaine chute, ce qui n'était pas faux, avant de partir dès que possible. Inutile d'aggraver la situation... Lorsqu'il serait trop tard et que cette journée serait effacée de sa mémoire, ce serait encore plus étrange puisqu'il n'aurait pas pu expliquer ce qu'il faisait là, ni aucune autre information.

*Si le destin le veut, nous nous recroiserons peut-être.*

Une dernière pensée, qui valait pour chacun des deux hommes dont les chemins s'étaient séparé du sien, pensée accompagnée d'un sourire. Cette journée a été pour le moins étrange et forte en émotions, mais, surtout, cela avait été une rencontre positive, Alyss en était persuadé.

» Par une nuit calme [PV Emmett]
» Vient faire un p'tit tour [Libre]
» Maya Herrera (FINI)
» Tout vient à point ...[PV Nathan et Peter]
» Il y a toujours de l'espoir I