[Eclipse] Fear is The Key [Ed/Hay] Tokyo->Australie

Edgard apparut au beau milieu d'une ruelle sombre. Son premier réflexe fut d'essayer de se repérer dans le temps. Le soleil apparaissait tout juste, englobant la mégalopole d'un hâle rougeâtre, il devait être dans les 8 ou 9 heures du matin. Son second réflexe fut de chercher un journal, ce n'était pas la première fois qu'il venait ici, et connaissait des rudiments de japonais. Il en vola un, comme à son habitude et lu la date :

"3 Mars, mercredi... Je crois que j'ai pas réussit à garder la ligne temporelle cette fois. Pas grave, je me rattraperai. "

Il retourna près du passage, surveillant sa montre qui était toujours à l'heure du temps passé, d'Odessa, fin novembre.
Vingt minutes étaient passées déjà.
La ville fut prise de sa frénésie journalière, les citadins allaient tous au travail, sérieux et motivés, en bons japonais. Certains regardaient intrigués en direction de la ruelle puis s'en allaient, la plupart passaient sans y prêter attention, sans doute était-ce un fils d'ambassadeur bourré qui cuvait sa nuit dans une ruelle. Un jeune homme s'arrêta quand même et s'avança vers Edgard.

"Vous avez besoin d'un coup de main monsieur ?"
"Non c'est bon, merci"

Il ne s'en alla pas pour autant, le regardant avec insistance, il lui rappelait vaguement quelque chose. Il semblait à Edgard qu'ils s'étaient déjà rencontré, mais il n'arrivait pas à se souvenir où, quand et dans quelles circonstances. La voix s'éleva de nouveau, pas en japonais cette fois, plus proche aussi, Edgard sursauta, il avait eu une absence, encore une fois. Ce phénomène était loin d'être rare pour lui, mais tant que ce n'était pas pendant un rapport intime, ça n'avait aucune importance n'est ce pas ? Vous imaginez avoir une absence dans un moment pareil ? ça la foutrait mal non ? Hein ? Oui... bien je reprend. Il regarda sa montre à nouveau.

Quarante-cinq minutes.

Il leva le regard vers le mi-inconnu qui continuait à s'approcher de lui.

"Eh bien monsieur Newport, vous ne vous souvenez pas de moi ? Ou plutôt devrais-je dire monsieur Satme. Nous vous avons cherché partout, vous êtes un vrai ninja, introuvable, un caméléon en quelque sorte... Allons vous allez vous souvenir. C'était il y a quelques mois de ça, le jour de l'an pour vous, chiens américains. Vous ne vous en souvenez pas ? Toujours ? Vous nous avez vendu. Nous avons beaucoup perdu par votre faute. Vous avez une dette à payer, et vous nous la payerez."

Deux hommes apparurent derrière lui, armez de katana, revolvers à la ceinture. Lui même tira un poignard de sa manche droite. Il s'immobilisa. Edgard savait pourquoi, il avait sentit cette perturbation dans le passage, il se retourna, la jeune femme était là, elle l'avait suivit, suivit un parfait inconnu, pour une raison tout aussi mystérieuse.

"Mademoiselle, je crains que nous n'ayons un petit problème. Nous allons devoir remettre cette balade au Japon pour plus tard... ces jeunes gens ont l'air de nous en vouloir, pour une raison que je ne connais pas. Mais ce qui m'inquiète c'est qu'ils me connaissent... Merde"

Le portail s'était fermé, Edgard s'était déconcentré quelques secondes ... ça avait suffit pour que tout se ferme, les piégeant dans cette impasse avec trois personnes, hostiles de toute évidence. Edgard n'était pas en mesure de recréer un portail avant deux bonnes minutes. Le piège mortel se refermait peu à peu sur les deux jeunes américains, ils allaient mourir des mains de la mafia japonaise sans nul doute. Les bouffeurs de souchis allaient changer de régime, passant du poisson à la viande la plus savoureuse : l'homme.

Petite, Hayden avait souvent entendue la directrice de l’orphelinat lui dire ‘‘Ne suit pas les étrangers Hay. Il y a en ce monde de bonnes gens et de mauvaises personnes, mais seul le Seigneur sait les reconnaître. Alors tu ne dois jamais accompagner un inconnu car il peut s’avérer être le mal personnifié.’’ La japonaise craignait les choses de Dieu, bercée qu’elle avait été par les sermons d’une directrice trop sotte. Malgré tout, elle avait suivis des inconnus toute sa vie. Elle avait suivis ses parents adoptifs et avait ainsi gagnée une famille. Elle avait suivi Hiro Nakamura et avait gagné un ami. Elle avait suivis les sbires de Sylar et était avait grandi grâce à cela. Enfin elle avait suivi cet Edgard et n’était pas sûre de ce qu’elle trouverait de l’autre côté du passage. Le voyage avait été… étrange, le seul mot qu’elle trouvait pour le qualifier.

Mais l’atterrissage lui pouvait être décrit de bien des manières. Maladroit, violent, surprenant, libérateur. Il y avait quelque chose de désagréable dans le trajet qui la quitta aussitôt les deux pieds sur terre. Seulement, la malaise revint presqu’aussitôt lorsque la jeune femme repéra son guide et ses assaillants. Ces derniers étaient on ne peut plus surpris de l’apparition de l’adolescente. Les yeux de la texane passa sur chacun d’eux, puis sur leurs armes.

Edgard avait commencé à parler, s’adressant à elle d’un ton qu’elle ne reconnut pas tout de suite. Balade annulée ? Sans rire ! Hayden songea un instant que son pays d’origine était au moins aussi accueillant qu’elle n’était chaleureuse. Lucky. Au pire ils pouvaient toujours reprendre le passage et tant pis, elle rentrerait chez ses parents en espérant qu’ils n’aient rien remarqué. Adieu l’aventure, retour à Odessa…

Peut-être pas aujourd’hui.

Un rapide coup d’œil derrière elle indiqua à l’asiatique que leur carte ‘sortie de prison’ venait de disparaître d’un coup. Elle jeta un regard glacial à Edgard mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Hayden elle-même n’était même pas sûre de pouvoir utiliser ses capacités. Surveillant les armes de leurs vis-à-vis, elle s’approcha et se mit au niveau de son guide et s’adressa aux japonais qui leur faisaient face :

‘‘Allons messieurs, allons. Je suis sûre que quelle que soit la raison de votre colère, cela peut se régler autrement que part…’’
‘‘Ne te méprend pas jeune fille. Tu es aussi concernée que lui.’’

L’homme qui l’avait interrompue leva son arme et en menaça Hayden. La jeune fille le défia du regard et avec un rictus mauvais déclara :

‘‘Croyez-moi, vous n’aimeriez pas m’avoir contre vous…’’

Edgard l’observa mais ne dit rien. La jeune texane commençait à bouillir de rage. Une rage et une impatience qu’elle n’avait plus connues depuis New York. Elle serra les poings, qui se mirent à trembler. Inspirant profondément pour ensuite expirer lentement, elle tenta de sa calmer comme elle l’avait appris toute seule, une fois de retour à Odessa. Hayden savait qu’elle allait vite en avoir marre de patienter. Peut-être quelqu’un allait enfin lui expliquer ce qu’il se passait. Et elle préférait que ce soit l’homme qui l’accompagnait plutôt que ceux qui les menaçaient des leurs armes.

Hayden prit la parole, elle cherchait à régler le problème, rapidement, en toute diplomatie.

"‘Allons messieurs, allons. Je suis sûre que quelle que soit la raison de votre colère, cela peut se régler autrement que part…"
‘‘Ne te méprend pas jeune fille. Tu es aussi concernée que lui."

La voix de la jeune femme prit un ton beaucoup, beaucoup plus menaçante, un ton qui vous coupe l'envie alors que vous êtes aussi chaud qu'un volcan.

‘‘Croyez-moi, vous n’aimeriez pas m’avoir contre vous…’’

Paradoxe temporel. C'était ce qui allais pouvoir se passer, Ed ne pouvait plus reculer. Deux objectifs se dressait telle des montagnes devant lui.
Le premier était de rester en vie et d'obtenir des informations sur ce qui avait pu se passer. Il devait reproduire au plus prêt ce qui avait du se passer pour qu'ils en arrivent là. Sinon. PARADOXE. Il s'approcha et chuchota à l'oreille de la jeune femme, assez discrètement pour qu'ils ne voient pas ce qui s'est passé.

Attends Hayden, ne les provoque pas, sinon on risque d'y passer, pouvoir ou non, c'est la physique. Je ne tiens pas à devoir gérer un paradoxe temporel ... et je ne pourrai pas puisque ça nous détruirait sans doute. Il faut que l'on récupère des informations afin de pouvoir reproduire le passé que l'on est censé avoir.

Sortant son porte feuille, Ed s'avança tranquillement vers les hommes et , à l'aise dans le mensonge, comme s'il était aussi naturel pour lui d'inventer un mensonge que de respirer, il s'adressa aux inconnus.

Malheureusement, messieurs, nous avons eu un accident il y a un mois de cela, peut être est ce des amis à vous qui l'ont provoqué, nous n'en savons rien, mais nous ne nous souvenons de rien, à part que l'on s'est rencontré au Texas au mois de Novembre, après ça, c'est le trou noir. Vous êtes donc une bénédiction, vous pourrez peut être nous raconter une partie de ce qui nous est arrivé entre novembre et maintenant. Je suis en mesure de vous rembourser si c'est un problème d'argent ou quoi que se soit de ce type bien entendu.

Le sourire sur le visage du principal interlocuteur indiqua à Edgard qu'il n'était pas disposé à le croire, mais qu'il allait jouer un peu avec ses proies. Un tel sadisme aurait été de mise au Moyen Âge mais c'est tellement jouissif qu'on le retrouve toujours de nos jours, d'ailleurs, je le pratique moi même .... C'est pas le sujet ? Bon ok. Enfin c'est pas comme si vous ne vous attendiez pas à des dérives de ce genre en lisant ceci hein ?.

" Alors comme ça tu ne te souviens pas que tu nous as fait perdre un marché particulièrement juteux avec les australiens ? Au début de l'année ? Pourtant, tu as faillit y perdre la vie, et elle aussi"

"Non, aucun souvenir de ça. Je ne sais même pas ce que j'aurai été faire en Australie. "

Une minute.

"Combien voulez vous ? Un ? deux ? dix millions ? "

"Te fous pas de nous minable, à cause de toi, l'un des notre est mort et notre crédibilité vis à vis australiens est foutue. Tout ça n'a pas de pris, tu nous dois la vie, et elle aussi. Peut être même plus qu'elle que toi."

10 secondes.
Avaient ils assez d'informations ? Peut être pas. Mais lis ne pouvaient plus s'attarder, déjà l'homme s'avançait vers eux, menaçant.

5 Secondes

Hayden n'étaient pas prête à se laisser faire, elle passa à l'action, sans tenir compte du Nooooon crié par Edgard.

4 secondes.

3 secondes

2 secondes

Il se concentra. et se jeta sur la jeune asiatique, surprenant les hommes. Perdant l'équilibre, ils tombèrent vers le mur.

1 seconde ...
Les trois hommes les mirent en joue, enlevèrent la sécurité.

Zéro

Leurs corps disparurent à travers le mur. Les balles ricochèrent contre le mur. Le portail avait déjà disparu, ils étaient rendu sous le soleil de l'Australie. 28 décembre, 15h. Une rue de Sydney.

Respirant toujours aussi lentement, Hayden tentait tant bien que mal de se calmer. Elle se sentait prête à utiliser son pouvoir, chose qu’elle n’avait plus fait, qu’elle s’était interdite depuis New York. Jamais depuis ce temps là elle n’avait été aussi proche de perdre le contrôle sur elle-même. Et elle en était terrorisée, même si son visage n’exprimait qu’une sourde colère. Alors qu’elle allait bel et bien franchir les limites qu’elle s’était elle-même imposées, la voix d’Edgard s’éleva doucement au creux de son oreille. Au moins avait-elle désormais un semblant d’explication. Mais ce qui l’avait calmée c’était lui plus que ses paroles. Si le jeune homme ignorait réellement ce dont elle était capable, elle ne tenait pas à lui montrer.

Seulement, si la pression était retombée, sa curiosité avait été titillée. Paradoxe temporel ? Le passé qu’ils sont censés avoir ? Pour un peu, la jeune asiatique se serait presque crue au beau milieu du tournage de l’un des ‘Retour vers le Futur’… Mais c’était l’explication la plus cohérente au vue de leur situation. La question n’était pas de savoir où ils étaient, elle le savait parfaitement. La Japon, son pays d’origine, et celui de Hiro. Non, la véritablement question était quand étaient-ils ?

A la connaissance de la jeune fille, le seul capable d’une telle chose était Hiro. Dieu qu’il lui manquait. Mais vite elle chassa ses pensées nostalgiques. Elle commençait à réaliser que jamais elle ne le reverrait, qu’elle devait passer à autre chose. Edgard avait repris la parole, plus fort cette fois-ci, voulant être entendu de leurs assaillants. Mensonges, mensonges, mensonges. Elle eut un sourire désabusé. Même là elle devait mentir. Il essayait de gagner du temps, et elle réfléchissait à un moyen de se tirer de là pendant qu’il récoltait les informations qu’il voulait. Regardant discrètement dans les moindres recoins de la ruelle, ne trouvant qu’une vieille canne au pied brisé et quelques poubelles vieux modèle, en plastique avec un couvercle.

Pour les katanas, cela serait assez facile. Mais restait le problème des revolvers visibles à la ceinture des japonais. Pendant ce temps-là, Edgard avait terminée sa tirade, et il semblait n’avoir convaincu personne, malgré ses talents indéniables d’acteur. Celui qui semblait être le chef de leur vis-à-vis décida pourtant de jouer au chat et à la souris avec eux. Hayden réprima un frisson, il ne lui rappelait que trop bien qui elle avait été. L’adolescente n’exprima aucune surprise en apprenant qu’elle avait une nouvelle fois failli perdre la vie. Edgard continuait de jouer le jeu, la texane avait déjà un début de plan pour donner suffisamment de temps au jeune homme pour rouvrir un passage, où du moins elle l’espérait.

‘‘Te fout pas de nous minable, à cause de toi, l'un des notre est mort et notre crédibilité vis à vis des australiens est foutue. Tout ça n'a pas de prix, tu nous dois la vie, et elle aussi. Peut être même plus elle que toi.’’

Plus elle que lui ? Hayden n’en doutait pas une seconde. Alors qu’il s’approchait, son arme brandie, elle attrapa le couvercle de la poubelle la plus proche et la lança sur le katana pour le dévier. Le temps de cligner des yeux, elle avait déjà empoignée la canne frappa les poignets de ceux qui braquaient déjà leurs revolvers vers elle. Elle n’avait que vaguement entendu le cri de son compagnon, mais elle avait été forcée de le sentir ses bras puissants l’entrainer contre le mur. De surprise, elle lâcha son arme de fortune et ils se retrouvèrent en joue. Mais le mur n’était déjà plus un obstacle… puisqu’ils passaient à travers ?

Les deux corps s’effondrèrent dans une rue ensoleillée. Au loin, les cris des mouettes et les bruits d’un port. Dans un enchevêtrement de bras et de jambes, ils étaient face à face. Elle lui adressa un sourire mi-gêné mi-amusé et demanda :

‘‘Okay monsieur Satme, où et quand sommes-nous ?’’

Ils avaient juste une chose à faire ici. Ils devaient retrouver ces hommes et faire ce qu'ils étaient censés avoir fait pour que tous les évènements s'enchainent jusqu'à ce moment de Mars. Ils avaient juste à les empêcher de gagner leur argent. A les mettre hors d'eux. La voix d'Hayden rompit le silence qui s'était abattu et Edgard répondit sans hésiter, car cette fois, il avait viser une date bien précise, sans aucun problème, il en était sûr, il n'avait pas sentit d'impression en passant le portail, contrairement à quand il se plantait.

"Nous sommes à Sydney, le 28 décembre, nous avons 3 jours devant nous pour que tout se déroule normalement, pour que l'on se retrouve avec ces gens, dans cette ruelle. Sans quoi, nous mourrons. Il faut trouver un moyen de récupérer les informations capitales. Où précisément cela se passera, et comment nous enfuir. Pour commencer, il nous faut de l'argent. Vient"

. Il la mena dans un petit ruelle, non, pas pour la violer, il faut se calmer avec ça mes chers lecteurs ! Je ne suis pas si obsédé ! Bon, reprenons l'histoire du gentleman Satme avec miss Adurna à Sydney, en fin d'année, et soyons sérieux cette fois, non mais, bande de dégénérés, j'vais vous en foutre des viols moi, on parle de paradoxe temporel là, de quoi détruire l'univers ! Merde, vous comprenez ?! Détruire l'univers ! Toi, moi, ta copine, ta mère, ton père, ton chien, la fourmi qui va bouffer ta confiture là ! L'abeille qui veut te piquer et le moustique qui veut te bouffer le cul ! hein ? oui excusez moi, je m'emporte.
Edgard passa sa main devant lui, ouvrant une porte, faiblarde, elle tressaillait, prête à disparaître. Il eu juste le temps d'en retirer quelques billets. Surpris par un brutal frisson du vortex, il en retira précipitamment les mains et le vit disparaitre. Cela n'était jamais arrivé, pas même au début. Il réessaya d'ouvrir des passages. Sans succès. La sueur commença à perler sur son front/

"Je crois que nous avons un nouveau problème. .."

[i] Il réessaya une nouvelle fois, sans succès, ils étaient bloqué ici, sans pouvoir. Edgard était aussi impuissant qu'il l'avait été étant jeune. La peur lui serra le ventre. Une boule se forma dans sa gorge. Ceci était peut être dans leur destin, qu'il se retrouve humain pour cette "mission", mais cela n'effaçait aucunement la peur qu'il pouvait ressentir. Il pouvait mourir. Elle pouvait mourir aussi. Par sa faute. Il la regarda, le regard vide. SA voix, s'éleva doucement, tremblante, avant de s'étouffer, de mourir dans un soupir de désespoir.

"Je n'ai plus aucun pouvoir. Nous ... Nous sommes bloqués ici."

Ses mains se mirent à trembler brusquement, il fit tomber son portefeuille dans lequel il avait mit les premiers billets.
Il secoua la tête afin de se reprendre, et commença à tourner en rond, marmonnant dans sa barbe.

"Il doit bien y avoir une solution, une putain de solution de merde. Il y en a toujours, Réfléchis, réfléchis si tu ne veux pas détruire tout ce qui existe. Mais pourquoi tu n'as jamais pensé à cette éventualité ? ! Pourquoi tu n'as pas prévu qu'un tel phénomène puisse se produire?! Et pourquoi est ce qu'il a fallu que ce soit maintenant ? Rah !"

Il se retourna vers Hayden

"Je suis vraiment désolé, tout ce qui arrive là est ma faute et uniquement la mienne, vous n'auriez pas du me suivre finalement. .."

Il s'appuya contre le mur et se laissa tomber au sol.

Alors qu’elle avait posée sa question, Hayden n’avait pas bougé d’un pouce. Aussi avait-elle été surprise de constater qu’elle était encore sur le jeune homme quand celui tenta de se relever tout en répondant à la jeune fille. Sydney, la grande et belle Australie… Vraisemblablement, ils n’avaient pas atterris là par hasard, mais bien à cause de l’altercation qu’ils avaient eut avec les japonais un peu plus tôt. Comme pour le lui confirmer, Edgard lui annonça qu’il leur faudrait collecter des informations sur ce qu’ils étaient censés avoir fait. Se levant maladroitement, la japonaise vérifia que son sac était bien toujours avec elle. Ce n’était pas le moment de perdre le peu de choses qu’elle avait sur elle.

Elle suivait à présent son compagnon de voyage qui la guidait vers une ruelle à l’écart, ombrageuse et vide si ce n’est pour les quelques poubelles et ordures. Observant le jeune homme, elle le vit faire apparaître ce qui ressemblait à une version holographique de mauvaise qualité d’une porte face à eux. Mais la texane ne compris que quelque chose n’allait pas que lorsque son guide retira sa vivement sa main avant que la porte ne disparaisse.

‘‘Je crois que nous avons un nouveau problème…’’

L’adolescente n’aimait vraiment pas la tournure que prenaient les choses. Tandis qu’elle regardait Edgard se concentrer à nouveau, elle commença à comprendre la situation qui était la leur. Il n’avait plus de pouvoir, lui, celui qui l’avait emmenée jusqu’ici. Ou peut-être ne s’était pas assez concentré, ou encore n’avait-il pas regagnée suffisamment de forces. Mais au second essai vain, le doute n’était plus permis. Ils étaient coincés. Etait-ce si grave ? Si l’on tenait compte de l’expression de l’américain, oui cela avait l’air de l’être. Il semblait désespéré et faible. Effrayé.

Alors qu’il laissait tomber ce qu’il avait dans la main et qui se révélait être un portefeuille, la japonaise vit que ses mains s’étaient mises à trembler. Voulant en partie le rassurer, mais surtout se rassurer elle-même, la voix d’Hayden s’éleva avec une assurance feinte.

‘‘Allons, cela ne pas être si terrible que cela. Nous sommes bloqués, bon d’accord. Au moins ici, personne n’a l’air de vouloir nous tuer.’’

Mais le jeune Satme ne semblait pas l’avoir entendue. Il marmonnait continuellement dans sa barbe, parlant entre autre de la ‘destruction de tout ce qui existe’. Perspective rassurante et ô combien plaisante que ce fut, la texane aurait tout de même préféré éviter le phénomène. Finalement, il leva les yeux vers elle, dépité, et s’excusa avant de déclarer qu’elle n’aurait jamais du le suivre jusqu’ici. Enfin, il se laissa tomber au sol. Attendrie par l’air attristé d’Edgard, elle sourit doucement à celui-ci après s’être accroupie face à lui.

‘‘Allons ne dîtes pas ça. Je suis heureuse d’être ici. Croyez-moi, la vie que je menais avant cela n’était nullement enviable à la situation dans laquelle nous sommes maintenant. Et puis, vous retrouverez sans doute vos pouvoirs rapidement. Ce qu’il faudrait déjà savoir, c’est si vous êtes le seul dans ce cas.’’

Sur ces paroles, Hayden s’assit en tailleur à même le sol, face à lui. Elle ne tenait à se ferme mal si elle perdait le contrôle sur ce qu’elle allait faire. La japonaise avait du mal à réaliser la décision qu’elle avait prise. Mais ils devaient savoir. Elle ferma les yeux pour se concentrer et surtout se calmer, et lorsqu’elle les rouvrit, aperçut l’air interrogateur de son compagnon. Avec un sourire qui se voulait rassurant, mais toujours un peu inquiète, son regard se perdit dans le vide.

Elle cherchait. Elle cherchait cette sensation si particulière qu’elle n’avait plus ressentie depuis New York. Celle qui se faisait sentir à la manifestation de son pouvoir. Une illusion, une seule petite illusion aurait suffit à dire que le problème d’Edgard ne se résumait qu’à trop de fatigue. Mais Hayden cherchait encore. La sensation n’était pas là, son pouvoir avait disparut. Quelques mois encore auparavant, elle aurait accueillie la nouvelle avec grand soulagement. Mais maintenant qu’elle était peut-être définitivement privée de ses capacités, la japonaise n’était pas sûre de s’en réjouir. Adressant un sourire d’excuse à Edgard, elle déclara doucement :

‘‘Peut-être nos capacités n’ont que temporairement disparues…’’

Les mots de la jeune asiatique réconfortèrent un peu Ed' qui lui sourit doucement. Il l'observa tout en réfléchissant, assise en tailleur, les yeux fermés. Il ne comprit pas pourquoi elle agissait ainsi... jusqu'à ce qu'elle rouvre les yeux, le regard hagard, presque, presque comme affolé. Ses mots eurent l'effet d'une bombe. Rien n'était dit, mais le sous entendu était plus que limpide, plus transparent que de l'eau de source Evian ou le cristal de Calgon.

‘‘Peut-être nos capacités n’ont que temporairement disparues…’’

Ed secoua la tête pour effacer les traces du choc, notamment la bouche béante d'où coulait un long filet de bave (hum que c'est romantique) et les yeux tellement exhorbités qu'ils étaient sur le point de lui tomber dans les mains.

"Alors l'instinct qui m'a poussé à te dévoiler mes pouvoirs, il n'était pas si stupide. C'est parce que t'en as un. Enfin avais d'après ce que tu viens d'insinuer. Tu pouvais faire quoi ?

Il l'écouta lui expliquer ce qu'elle était par le passé capable de faire, tout en se relevant et en l'aidant (quel gentleman ! ). Ils avaient un peu de temps devant eux pour trouver le lieu et un moyen de rester en vie face à de tels gangsters, et une ruelle n'était pas le meilleur endroit. Il l'entraina à sa suite, cherchant un bar où ils pourraient parler tranquillement et écouter les potins.

Ils en trouvèrent un au nom bien sympathique, quelques rues plus loin : The Sewers. Et s'installèrent à une table , non loin de l'entrée, avec vue sur la rue. Avec un peu de chances, peut être verraient ils les japonais, peut être que la vue de quelque chose dans la rue attireraient leur attention, leur ferait avoir un flash ... mais les chances étaient très minces.

Le barman les interpella, demandant s'ils comptaient consommer quelque chose, sans quoi, ils les mettraient à la porte.

Une bière s'il vous plait.

Ed se retourna vers Hayden et rengagea la conversation.

Il a plus une tête de pilier de bar bien plein que de barman... Ton pouvoir d'illusion, ça fait longtemps que tu l'avais ?

Il s'installa dans le fauteuil, réfléchissant à ce qu'ils pouvaient faire pour trouver les dernières informations. Où ? Qui ? Comment ? C'est pas une chanson ça ? non ? ça ressemble à un titre de chanson niaise pourtant.

Les policiers, peut être, avaient des dossiers sur ces personnes, mais, sans pouvoir, il était presque impossible de leur prendre de telles informations. Infiltrer des gangs locaux ? Le temps qui leur était impartit était trop juste. Enfin trêve de blabla trêve de blabla trêve de blabla.
Edgard écouta Hayden lui raconter ses aventures passées (non pas ses aventures sexuelles, bandes d'obsédés, ses aventures aux côtés d'Hiro Nakamura et d'autres heroes).

Hayden n’était pas certaine que dévoiler à l’étranger qu’elle-même était capable de choses extraordinaire était des plus prudent. Mais Edgard n’avait pas hésité à lui montrer ce qu’il savait faire alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer de plus, si elle ne le faisait pas maintenant, elle n’en aurait jamais l’occasion. Si elle avait trop attendu pour lui révéler ce secret qu’elle avait tant voulu oublier comment aurait-il réagit en l’apprenant d’un autre ? Non, elle n’avait pas eut le choix, mais quelque part tout au fond d’elle, la texane était soulagée. Il lui avait offert un nouveau départ, elle lui offrait sa confiance. C’était ainsi que cela devrait fonctionner entre eux à partir de maintenant.

Lorsque le jeune homme s’était exclamé que peut-être sa décision – ou plutôt son besoin – de lui faire part de ses pouvoirs n’était pas si inconsidérée l’adolescente hocha la tête. Elle n’était pas douer pour les grandes révélations, aussi le laissa-t-elle continuer. Il finit par lui demander quelle était la nature de son don. L’asiatique se mordit la lèvre, réfléchissant. Par où commencer ? Non pas que celui-ci était des plus développé, mais elle avait encore du mal à le cerner lorsqu’elle s’en servait alors après des mois de retenue ce n’était pas chose aisée. La brunette finit par répondre, hésitante :

‘‘Eh bien… Je suis une sorte d’illusionniste, je pense que ça résume assez bien le tout. Je maîtrise les visions et les mirages. Enfin, la dernière fois que je m’en suis servie c’était le cas. C’est, comment dire ? Comme des rêves : vous vivez chacun d’entre eux, si l’on vous y étouffe vous suffoquez et si l’on vous y prend la main vous pouvez serrer celle-ci jusqu’à sentir vos propres doigts s’engourdir. Malheureusement, je n’ai jamais eut beaucoup de retenue et j’ignore probablement encore bien des aspects de cette… capacité. Alors je me suis toujours interdit de trop m’en servir, jusqu’à m’en abstenir totalement.’’

Elle avait dit cela sans vraiment croiser le regard de son vis-à-vis. Comme si elle en avait honte. Hayden aimait et haïssait son don. Elle se savait spéciale, mais était-elle humaine ? A dix-sept ans, au lieu des insipides questions sur l’existence de ses camarades, la jeune Adurna se poser des problèmes bien plus douloureux à résoudre. Elle se fichait de savoir si le quarterback du lycée allait l’inviter au bal d’hiver la japonaise voulait simplement savoir qui elle était. Est-ce que ses vrais parents étaient ainsi ? Jamais la question de ses parents biologiques n’avait été posée, mais maintenant comme pouvait-elle nier qu’elle voulait en savoir plus sur ses origines ? Et s’ils l’avaient abandonnée justement parce qu’elle était différente ?

Secouant la tête pour chasser ses idées dérangeantes, Hayden accepta la main que lui tendait l’américain pour l’aider à sa relever. Au moins lui avait certaines manières. Elle sentait qu’elle s’entendrait bien avec lui, elle voulait croire en une nouvelle relation. La jeune fille avait désespérément besoin de quelqu’un sur qui compter. Hiro avait disparut, Ethan ne méritait en rien sa confiance et Kerry… était égale à elle-même. Edgard l’entraina hors de la ruelle puis dans un bar. Là, ils furent interpellés par le barman qui leur demandait s’il compter prendre quelque chose. Cependant que l’américain commandait, la brunette elle fit signe qu’elle ne voulait rien. Certes elle avait la gorge sèche mais cela n’était en rien dû à la soif.

‘‘Il a plus une tête de pilier de bar bien plein que de barman... Ton pouvoir d'illusion, ça fait longtemps que tu l'avais ?’’
‘‘Je ne sais pas. C’est stupide je sais, mais lorsque j’en ai pris pleinement conscience, c’est quand l’une de mes professeures qui travaillait dans une sorte de compagnie m’a annoncé ce dont j’étais capable. Apparemment, ils me connaissaient mieux que je ne me connaissais moi-même… Et vous ? Ca fait longtemps que vous…’’

Elle ne finit pas sa phrase et préféra faire un vague signe de la main qui semblait vouloir dire qu’il savait de quoi elle parlait. Hayden avait encore un peu de mal à en parler. De plus elle ne connaissait Edgard que depuis quelques heures, alors elle ne savait pas vraiment comment se comporter avec lui. Lorsqu’elle avait pris la décision de le suivre, elle s’était dit que dans l’absolu, elle aurait toujours son pouvoir s’il présentait une quelconque menace. Mais maintenant ? Certes il était sans défense, mais elle aussi et il était bien plus fort qu’elle à n’en pas douter. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle souhaita un instant que ses pouvoirs lui reviennent. Elle se sentait faible, vulnérable. L’avantage était dans le camp du jeune homme aussi espérait-elle ne pas s’être trompé en décrétant qu’il était digne de confiance avant de le suivre jusqu’ici.

Lorsqu’elle l’écoutait, elle revivait chacun de ses voyages. Edgard était de ceux qui avaient l’opportunité, la chance inespérée de pouvoir aller où il voulait, quand il voulait. La distance et le temps ne semblait pas avoir d’emprise sur lui. Il était un esprit libre, tout comme Hiro. Rêveuse, elle déclara les yeux dans le vague :

‘‘J’aurais aimé avoir votre don. J’ai connu un homme, un japonais qui avait un pouvoir qui me rappelle le votre. Hiro maîtrisait le temps et l’espace à sa guise. Il était tellement enthousiaste et amusant, on aurait dit un petit garçon. On s’est rencontrés à Odessa, après que la professeure dont je vous parlais plus tôt ait tenté de nous attaquer. Kerry est du genre bulldozer : elle n’était peut-être pas puissante à l’époque mais elle adorait se servir des jouets de la compagnie. Hiro a comme vous décidé de me montrer ses dons après qu’il eut compris comment j’avais mis K.O l’adversaire. On a dû se séparer ce jour-là mais il a reprit contact plus tard. Mais depuis New York, je ne sais pas où il est. Je crois qu’il ne veut plus me voir…’’

Frustrée et coléreuse, Hayden cligna des yeux plusieurs fois avant d’afficher à nouveau un sourire qui, elle le savait, sonnait faux.

‘‘Il doit être en train de faire des siennes dans une autre partie du globe. Il est très énergique et volontaire mais incroyablement maladroit. De tous les gens comme nous que j’ai rencontré jusque là, et il y en a beaucoup, il est celui qui a le plus grand cœur. Son pouvoir lui va bien, aussi je vous envie tout les deux.’’

Se rendant compte qu’elle avait monopolisée toute la conversation avec ses histoires, Hayden se redressa pour regarder Edgard dans les yeux.

‘‘Désolée. Généralement je ne suis pas aussi bavarde je vous assure, mais quand je commence, j’insiste : arrêtez-moi.’’

Le rouge aux joues, elle braqua son regard sur la table pour laquelle elle se découvrit une passion nouvelle.

Vous savez, c'est un don à double tranchant, la moindre erreur dans le passé peut faire s'effondrer le monde tel qu'on le connait, donc je ne sais pas trop si c'est un don, on peut changer les choses certes, mais ce n'est pas sans conséquences ... voyager dans le temps est assez éprouvant à long terme, autant physiquement que mentalement... Cela me fait penser à un épisode des Simpsons, vous devez connaitre la série. Dans cet épisode, Homer remonte le temps plusieurs fois et lorsqu'il revient à son époque tout à changé à chaque fois, autant le corps des humains ou l'organisation de la société. C'est pour ça que je préfère observer le passé à travers les failles que je créé, je n'ai pas spécialement envie de voir tout ce que la société a créé de bien disparaitre par inadvertance. Il est évident que là, on doit agir et pas seulement observer, pour ne pas rompre le continuum, mais le temps passé entre le moment présent et le moment que nous vivions il y a quelques minutes est relativement insignifiant, les risques sont faibles, mais pas inexistant bien sûr..

L'homme à la carrure d'ivrogne joueur de rugby revint enfin avec la bière, Eddy fit donc une petite pause tout en observant la salle comme si de rien n'était. Le barman sembla attendre quelque chose.

Vous voulez une photo ? Désolé, je ne réponds plus à mes fans depuis que je me suis fait enculer et que la photo circule sur le net

Croyez vous vraiment qu'une photo m'intéresse ? Je voudrais juste mon argent.

Dans ce cas, vous allez attendre, nous ne sommes pas encore partit, nous payerons l'addition à ce moment. Et si vous comptez sur un pourboire, vous pouvez vous le mettre là où je pense tout de suite, mais je ne payerai pas la vaseline.

L'homme devint rouge de colère tandis que ses muscles se contractaient (mais pas son muscle du plaisir, ce qui aurait ajouté au ridicule de la situation; c'est fort dommage). Edgard était hilare, et complètement insensible au fait qu'il passait sans doute pour un obsédé sodomite auprès de quelqu'un qu'il connaissait à peine et avec qui il se retrouvait dans la merde jusqu'au cou. Ahah, vous avez vu ce jeu de mot ? Ah j'en suis fier de celui là ! Ah mon éditeur arrive avec la cravache pour que je me remette sérieusement au travail, veuillez m'excuser.

Aïe, oh oui Raymond ! Frappe moi !

Bon reprenons. Le bulldog était retourné avec un regard mauvais derrière son bar et Edgard expliquait en détail son pouvoir à Hayden. Il s'excusa rapidement auprès de la jeune asiatique.

Je n'aime pas les personnes qui essaye de récupérer un maximum d'argent aussi grossièrement. Ta capacité à faire des illusions doit être très impressionnante, est ce que tu peux m'expliquer plus en détail ? J'aimerai bien comprendre ce que ça fait de faire voir des choses aux gens.

oh oui! moi aussi j'aimerai bien savoir, leur faire voir des trucs sexue... Aïe, non mais ça fait mal, pas la peine de me frapper, qui n'a jamais fantasmer hein ?! Non mais, je vous jure, éditeur réactionnaire, censeur. Sarkozy va !

Les joues encore rouges de gène, Hayden leva à nouveau les yeux pour écouter son interlocuteur lui parler du revers de la médaille. Un tel pouvoir avait, bien sûr, un côté que l’on ne soupçonne qu’à peine au début mais qui se révèle vite dangereux. Elle se souvenait du jour où Hiro lui avait parlé de son don avec plus de précisions. Il semblait moins bondissant lorsqu’il comptait les erreurs à ne pas commettre qu’il avait retenues à ses dépends. Mais lorsque le japonais citait la trilogie de films ‘Retour vers le Futur’, Edgard lui avait pour référence les Simpsons. Et comme pour l’asiatique, Hayden afficha un sourire amusé à la comparaison. Cependant qu’elle essayait de le cacher, elle réalisa quelque chose. Etait-elle à ce point sévère envers elle-même pour s’empêcher de s’amuser d’une simple réflexion ? L’on avait coutume de dire ‘Le plus court chemin d’une personne à l’autre est un sourire’.

Hayden se refusait même cela.

Si elle décidait réellement qu’une nouvelle vie était ce qu’il lui fallait, il lui faudrait changer ce genre d’habitude. Ed la mettait de plus en plus à l’aise et était rassurant dans un genre très particulier. La moindre des choses serait de revoir son comportement ne serait-ce qu’envers lui. Ces bonnes résolutions prises, la jeune fille se concentra sur la boisson que venait de déposer le barman devant son interlocuteur. Mais ce dernier ne reprenait toujours pas la parole ce qui poussa l’adolescente à lever les yeux. Le barman était encore là, semblant attendre quelque chose qui vraisemblablement ne venait pas si l’on se fiait à son expression qui se renfrognait de plus en plus. C’était une chose des plus désagréables que de se voir interrompre par quelqu’un qui tirait plus de la barrique que de l’homme, encore plus si l’on n’avait aucune idée de ce que l’autre attendait.

‘‘Je voudrais juste mon argent.’’

Elle ne pu retenir un reniflement méprisant. Cette cave à vin ambulante était décidément bien impolie. Edgard le remit d’ailleurs bien vite à sa place, non sans se montrer particulièrement insultant envers leur serveur. Encore une fois, la japonaise sourit mais cette fois elle ne tenta pas de le cacher. Au moins avec lui, elle ne risquait pas de passer pour blessante ! Un grand changement au regard de son histoire avec le monde social, mais bienvenue néanmoins. Elle rit intérieurement en pensant qu’elle allait savoir pour la première fois de sa vie ce que cela fait de passer pour la gentille.

Edgard lui riait à gorge déployée tandis que l’armoire à glace se contractait de partout. Un instant, la jeune texane crut que son nouvel ami allait passer un mauvais quart d’heure s’il ne cessait pas de s’esclaffer dans la seconde. Et alors qu’il ne s’arrêtait pas, l’australien retourna derrière son comptoir, l’œil mauvais et la mâchoire crispée. Il ne leur fallait pas s’attarder bien longtemps de l’avis d’Hayden. Mais déjà son compagnon avait repris la parole :

‘‘Je n'aime pas les personnes qui essayent de récupérer un maximum d'argent aussi grossièrement.’’

Elle hocha la tête, approuvant ces dires mais il la questionna à nouveau avant qu’elle n’ait l’occasion de dire un mot.

‘‘Ta capacité à faire des illusions doit être très impressionnante, est-ce que tu peux m'expliquer plus en détail ? J'aimerai bien comprendre ce que ça fait de faire voir des choses aux gens.’’

La texane prit un air résigné. Le jeune homme semblait très curieux, et de plus montrait une certaine fascination pour son don. Au début elle-même avait montrée une obsession certaine pour ce qu’elle croyait être une défense implacable. Mais comme la condition humaine était invariablement tournée vers le mal, et elle avait fait l’erreur la plus vieille du monde. Elle s’était prise pour quelqu’un de supérieur, avec une mission digne de ce nom : sauver le monde. Mais aucun d’entre eux, ni Hiro avec les meilleures intentions du monde ni même Peter avec ses pouvoirs quasiment illimités n’étaient à l’abri de ce qu’elle avait vécu. Leurs capacités pouvaient à tout moment prendre le dessus. Hayden en avait fait l’expérience, comme Alex Kerry voire même Sylar avant elle. Alex s’était découvert un Mr Hyde particulièrement meurtrier tandis que Sylar n’avait de cesse d’abreuver sa soif constante de pouvoir. Kerry elle oscillait entre les deux avait-elle entendu dire. Quant à Hayden, l’on avait tout simplement utilisé son propre don pour lui inventer une nouvelle idéologie.

Alors oui, le don d’illusion était un don fascinant. Mais également malsain, pervers. La japonaise l’avait appris à ses dépends. Voilà pourquoi elle refusait de s’en servir : elle ne voulait plus jamais faire subir à autrui ce qui était désormais sa plus grande peur. Oui, elle avait peur. Peur de perdre à nouveau le contrôle, peur de redevenir ce qu’elle avait été le temps d’un massacre. Elle ne pensait qu’à cela, sans cesse, jour et nuit. Sa vie désormais ne tournait plus qu’autour des tragiques évènements d’une soirée qui avait pourtant si bien commencée pour les lycéens d’Odessa. Le bal du lycée texan avait été le prélude de ce qui était devenu le fléau de New York. Dire que tout avait débuté dans une aussi insignifiante petite ville… Inspirant profondément, elle débuta son récit non sans avoir au préalable jeté un regard en direction du comptoir où l’amphore qui avait servi Edgard les regardait encore d’un air menaçant.

‘‘C’est… comme forcer la porte d’un coffre qui contiendrait tout ce que l’on est. Je regarde dans les yeux d’une personne, et je sens que j’envahis sa tête. Mon esprit diffuse dans celui de l’autre, mais je n’y distingue rien de sa personnalité. Je suis comme au beau milieu d’une mer d’encre. Une fois là, je n’ai qu’à penser à quelque chose que je voudrais faire voir, entendre ou ressentir à la personne. A ce stade, c’est comme si j’y plantais l’illusion avant de me rétracter.’’

L’adolescente choisissait chacun des mots qu’elle utilisait avec le plus grand soin. Il ne lui était pas facile d’expliquer réellement ce qu’il se passait lorsqu’elle utilisait son pouvoir aussi devait-elle trouver une sensation s’en approchant mais qui n’était pas réellement fidèle à la réalité.

‘‘Tout le long je continue d’avoir conscience de tout ce qu’il se passe autour de moi dans le monde physique. Je suis là et ailleurs. Il n’est bien sûr pas nécessaire de regarder dans les yeux la personne, mais c’est une sécurité que je me suis imposée, pour m’assurer que l’illusion ne va pas trop loin. Bien sûr, plus il y a de personnes concernées, moins le mirage est contrôlable. La situation ne s’est produite qu’à deux reprises, toutes deux particulièrement fatigantes et dangereuses. Je ne sais pas si cela est réellement possible, mais j’ai toujours le sentiment qu’une partie de moi peut se perdre et ainsi se retrouver prisonnière de l’une des personnes visées… C’est effrayant.’’

Elle garda pour elle que l’exercice, bien que rare, ajouté aux fois où elle avait utilisé sa capacité sur une personne à la fois, avait eut un développement inquiétant en elle : celui d’avoir généré une sorte d’entité propre. Bien entendu ce n’était absolument pas au niveau d’Alex ou Kerry, mais la brunette savait qu’elle était là. Elle l’avait réalisé lorsqu’elle avait utilisées ses illusions pour la dernière fois : une voix ténue mais bien présente n’avait eut de cesse de lui souffler d’inquiétantes propositions. Cela avait été la seule fois qu’elle combattit le murmure. Depuis Hayden vivait avec l’inquiétude informulée et permanente qu’elle ne réapparut d’elle-même durant les moments ‘conscients’ de la texane. Enfin, elle gardait également pour elle l’habitude qu’elle avait eue à une époque de s’enfermer elle-même dans une illusion paisible. Cela n’avait cessé qu’à la disparition d’Ethan… Le barman les fusillait encore du regard et, plantant finalement ses yeux dans ceux d’Ed, elle termina :

‘‘Quoi qu’il en soit, je ne me suis plus servie de mes illusions depuis un bon moment. C’est un don malsain. Imposer ce que l’on désire à l’autre est quelque chose qui va à l’encontre du libre arbitre. Je ne ferai plus subir cela à qui que ce soit, je ne sais que trop ce que l’on ressent lorsqu’un autre décide pour vous et que vous n’êtes même plus capable de faire la différence entre ce qui est une partie de vous et ce qui n’est que mensonge.’’

La jeune femme n’était pas à l’aise. D’une part parce qu’elle venait de révéler en détail la chose la plus intime qu’elle possédait, de l’autre parce que le barman ne les avait toujours pas lâché des yeux et ce sans oublier de réapprovisionner ses habitués en alcool divers et variés. L’homme lui faisait froid dans le dos. Elle ne savait pas ce que son nouvel ami en pensait, mais la japonaise pour sa part ne voulait pas s’attarder plus longtemps dans le ‘Sewers’. Faisant un signe de tête en direction de la porte, la brunette proposa :

‘‘Et si nous allions quelque part où nous aurions moins l’impression de n’être que des chiots qu’il s’amuserait à tuer du regard ?’’

Elle avait dit cela en faisant bien comprendre à Edgard de qui elle voulait parler. L’approuvant, il produisit tout juste assez d’argent pour payer sa consommation avant de se lever. L’adolescente en fit de même et, enfin, tout deux purent sortir du trou à rat qui les avait accueillit quelques instants. Observant son compagnon, Hayden ne pu s’empêcher de remarquer l’allure pour le moins insolite du jeune homme. Il semblait tellement… en marge. Bien sûr elle savait qu’il n’était pas homme à se poser pour vivre une vie paisible. Encore une fois il était un esprit libre. Il avait l’apparence d’un homme en cavale depuis des années. Curieuse, elle demanda enfin :

‘‘Comment êtes-vous devenu vagabond ?’’

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