Jackpot ! [Peter, Sylar, Liam, Terry]

Previously...


- C'est Kane tu crois ? demanda Peter, inquiet.

" Je n'en doute pas une seconde ... "

La réponse de Sylar n'était qu'un souffle, comme une pensée discrètement échappée de son esprit. Les deux hommes quittèrent le sombre tableau représentant deux yeux et une jeune blonde enfermée dans une cage pour porter leur attention sur le second tableau.

- Et voilà notre piste... nota Peter.

Un léger sourire apparut au coin des lèvres du serial killer.

" Et bien on dirait qu'on est parti pour Vegas ! "








10 minutes plus tard, Las Vegas...


- Ne perdons pas de temps. Oui je sais, ça impressionne toujours la première fois.

Peter s'adressait à un Sylar à la fois surpris et émerveillé qui venait pour la toute première fois d'être téléporté grâce au pouvoir copié d'Hiro Nakamura. Après s'être habillés et rapidement préparés, ils étaient passés du tranquille loft d'Isaac Mendez aux avenues surpeuplées de Las Vegas. Contrairement à New-York, la ville regorgeait de vie comme jamais. Les passants se bousculaient, certains curieusement accoutrés, d'autres en séjour pour affaires et transportant leur malette à bout de bras. Les immenses hôtels et casinos scintillaient de toute leur splendeur, fièrement dressés derrière des fontaines, cascades et autres décorations thématiques toutes plus théâtrales les unes que les autres. Sur la route, les voitures les plus luxueuses, des limousines en passant par les Porsche ou encore les Lamborghini, se croisaient incessamment en faisant rugir leur moteur ou hurler leur klaxon. Vegas était une ville en constante hyperactivité, véritable nid de touristes, businessmen et autres joueurs assoiffés de gains.

Peter n'arrivait pas à croire qu'il se retrouvait dans cette ville en compagnie de son ennemi juré, sa hantise de toujours. Il n'avait toujours pas entière confiance en Sylar, mais ce dernier avait pourtant fait preuve d'un tempérament totalement différent, en étant même venu à s'excuser pour ce qu'il lui avait fait subir. Il y avait anguille sous roche, et Peter avait commencé par Vegas non seulement parce qu'il s'agissait de leur seule et unique piste, mais aussi pour voir si l'instinct meurtrier de Gray avait réellement été dompté.
Ils allaient devoir jouer la carte de la subtilité s'ils désiraient glaner quelques informations à propos de leurs nouveaux adversaires. Ceux-ci pouvaient très bien représenter un danger très important, après tout ils n'avaient quasiment aucune idée des personnes auxquelles ils avaient affaire. Angela avait seulement dit qu'ils conduiraient le monde à sa propre destruction, ce qui suffisait à convaincre Pete de rester constamment sur ses gardes et à ne pas foncer stupidement, tête baissée. Ils se mirent à marcher, jouant des coudes entres les passants. Tout en avançant lentement vers le Montecito, Petrelli exposa sa maigre stratégie.

- Sylar, il va falloir rester discrets, on ne connait rien de nos ennemis. De plus, ta tête est mise à prix et connue du monde entier, ça ne nous aidera en rien. Je te propose de... prendre les traîts de quelqu'un d'autre. Je peux t'y aider grâce à l'un de mes dons.

Il le tira par le bras, l'emmenant entre deux camions de livraison stationnés devant le Luxor, le seul endroit des environs à l'abri de la plupart des regards, même si ce n'était pas la cachette parfaite. Il se concentra et utilisa le pouvoir d'Hayden Adurna pour changer d'apparence. Il avait choisi de se métamorphoser en un homme quelque peu semblable à Clive Owen, mais pas trop afin d'éviter les assauts de fans en délire.

Spoiler:

En voyant le sourire de Sylar, il ne put s'empêcher de rétorquer :

- Ben quoi ? J'adore cet acteur ! Bon, maintenant occupons-nous de toi. Une idée pour ta nouvelle identité ?

A cet instant, des hurlements hystériques se firent entendre une vingtaine de mètres plus loin. Peter jeta un oeil en direction du brouhaha et aperçut un groupe de jeunes filles en délire devant une limousine blanche arrêtée juste devant le Montecito Casino. La portière arrière du véhicule s'ouvrit sous le regard bienveillant de plusieurs gardes du corps robustes et Lady Gaga en personne sortit vêtue d'un accoutrement plus ridicule et vulgaire que jamais, noyée par les flashes des paparazzi. Pete remarqua le regard vicieux de Sylar.

- Je ne l'ai jamais portée dans mon coeur, mais n'y pense même pas Sylar !

[HRP : J'ai réduit un peu, j'avais pas envie de faire deux posts =p ]

De retour à Vegas, Liam avait commencé à organiser la suprématie du Montecito sur la Sin City. Entrevue avec Terry, présentation à Heaven. Tout s'enchainait sans accrocs depuis deux jours maintenant, les pièces du puzzle se mettaient en place, tenant compte des informations qui arrivaient de toute la ville, de tout le pays, s'ajustant aux imprévus. De nouvelles pièces, de nouvelles clés apparaissaient au loin, augmentant la taille du puzzle et sa complexité, pour le plus grand plaisir de Liam. Si tout se montrait trop simple, il n'y aurait plus beaucoup de fun. Oui de fun. Tout ceci était une partie d'échec à très grande échelle. Une partie, en équipe, où le placement des pièces était laissé au choix des joueurs. Une partie où l'adversaire était inconnu du joueur adverse. Chaque coup allait se faire au fur et à mesure des évènements. Plus le temps avancerait plus la partie se compliquerait, plus le nombre de changements serait important, tant au niveau des stratégies de départ de chacun que du nombre de pièces à bouger.

Ce fut le plus pur des hasards qui fit apparaître deux nouvelles inconnues dans l'équation déjà si complexe. L'indien était dans sa chambre du Nid, au sous sol du Montecito, à l'abri des regards indiscrets. Ses yeux se déplaçaient lentement d'une vitre à l'autre. Chacune retranscrivait des images en direct de différents lieu de Vegas ou du monde.

Ici les chutes du Niagara. Là les pyramides de Gisey. La tour Eiffel. Le Vésuve et Pompéï. Vus du ciel.

Et puis dans un coin ce qu'enregistraient des caméras de surveillance dans tout Vegas. Le Luxor, une ruelle. EUX. Ils venaient d'apparaitre. Il savait qui ils étaient. Peter et Gabriel. Les anges perturbateurs. Les plus puissants d'entre eux. Alliés.

Merde, jura l'immortel. Ils ne sont sûrement pas là pour le tourisme. Ils sont des opposés parfait, la seule explication est qu'ils ont un but commun.

Il fallait qu'il les suive et qu'il les retrouve. Il ne devait pas se laisser surprendre par des personnes aussi puissantes, il devait garder un coup d'avance. IL les vit changer d'apparence, sans surprise, et switcha de caméra en caméra, jusqu'au Montecito.
C'était bien pour eux qu'ils étaient là.

Liam décrocha son téléphone et prit contact avec Patrick, celui ci décrocha instantanément, comme d'habitude.

Oui monsieur, que puis je pour vous ?

Patrick, je vous prierais de bien vouloir regarder tout de suite la caméra numéro 7, du hall d'entrée du casino. Veuillez suivre pour moi les deux personnes ressemblant à des célébrités. Oui, celles là. Tenez moi au courant de leurs déplacements, ne les perdez sous aucun prétexte.

Bien monsieur Caldwell. Dois je avertir monsieur Sawyer ?

Oui, je vous prie. Dites lui que Peter Petrelli et Gabriel Gray viennent d'arriver. Dès que je vous bip, dites lui de me rejoindre dans mon bureau.

Liam se dirigea vers l'ascenseur, afin de rejoindre le rez de chaussée. Cinq minutes plus tard, il était au milieu du flot de joueurs et de spectateurs venus du monde entier dépenser leur argent.

Monsieur, ils se sont arrêtés au niveau des machines à sous, allée F.

Merci, Patrick. Surveillez les alentours par mesure de sécurité.

Allée A, B. F, enfin. Il les aperçu, toujours sous leur apparence d'emprunt et se dirigea vers eux, d'un pas conquérant, adoptant l'expression la plus amicale dont il disposait dans son large panel. Sa voix s'éleva, alors qu'il était à deux mètres d'eux.

Peter. Gabriel. Bienvenue au Montecito Casino. Que puis je faire pour rendre votre séjour plus agréable ? Parties gratuites ? Filles de joies ? Suite luxueuse ? Séjour offert par la maison ? Rien n'est trop beau pour nos semblables, surtout de votre trempe.

Il fit un pas en avant, posant sa main sur l'épaule du cadet Petrelli, en signe d'apaisement et d'amitié. Factice, bien entendu, mais rien ne le laissait paraître. Grand sourire, voix chaleureuse.

Tu as bien grandit depuis la dernière fois que nos chemins se sont croisés Peter, tu ne t'en souviens probablement pas. Je suppose que vous n'êtes pas ici pour jouer au casino, connaissant votre haine l'un pour l'autre. Bref, suivez moi.

Il appuya sur le bouton de son bippeur, prévenant Patrick, que tout était prêt. Liam n'avait pas laissé à ses « invités » le temps de parler, ni même d'ouvrir la bouche pour faire autre chose que de respirer. Il les avait ferré, et maintenant il les menait sur terre ferme. Sans rien ajouter de plus.

IL les fit entrer dans le bureau de la direction, et leur offrit de s'installer dans les fauteuils et prit place derrière le bureau, sur la droite.

J'aimerai bien savoir ce que vous faites tous les deux dans la Sin City, et ce que vous cherchez au Montecito. Vous êtes bien trop opposés sur tous les points pour prendre la décision de venir jouer ensemble et profiter de tous les plaisirs de la ville et faire un mariage express dans l'une de nos nombreuses chapelles. Enfin, cela m'étonnerait surtout de toi Gabriel, tu as été sous l'aile de Caïn et il t'as forgé. Alors que toi, Peter, avec ton aspect tarlouze, sans vouloir t'offenser, je ne serai guère surpris d'apprendre que tu as viré de bord. Je n'ai rien contre les homosexuels, ne te méprend pas à mon sujet cadet et tout puissant Petrelli, mais tu ne fais pas vraiment viril, excepté cette cicatrice sur ton visage. D'ailleurs, il est peut être temps d'enlever vos « déguisements », je n'aime pas jouer avec des masques. Cela me rappelle trop un lointain passé. A visage découvert, il est plus simple de faire confiance à l'interlocuteur, et cela évite toutes les mauvaises interprétations qui conduisent parfois à la mort de personnes suite à un malentendu. Il serait malheureux que l'un de nous meurt n'est ce pas ?

Sur ces mots, Terry frappa et entra dans le bureau, refermant immédiatement la porte derrière lui, tandis que les masques tombaient.

Ah Terry, messieurs Gray et Petrelli nous font l'honneur d'une visite, voulez vous vous joindre à nous pour discuter des raisons, pour le moment inconnues, de leur visite si inopinée ? Je pense que cela nous concerne tous.

Il indiqua le siège à son côté, afin que son associé s'assoit à son tour. Tout le monde était là, l'action allait pouvoir commencer.

Silence, ça tourne. Action.

Liam, se rendant compte qu'il avait omit une information, se rattrapa et reprit à l'intention de ses invités :

Mais j'oublie toutes politesses, veuillez m'excuser. Je me présente. Caldwell. Liamarius Caldwell. Je suis un vieil ami de ta mère, et, à moindre mesure, de ton père également Peter. J'ai brièvement connu ta mère également Gabriel, très charmante femme, soit dit en passant et nombres de spéciaux, dont Caïn, comme tu l'auras deviné. Ne cherche pas Gabriel. Tu n'as jamais entendu parler de moi, tout simplement parce que tu ne trouveras aucune information sur moi, que ce soit dans les locaux de Pinehearst que tu as détruis ou dans les archives de la Compagnie. J'ai fait en sorte que l'on ne fasse pas attention à moi. C'est l'expérience qui parle.

Coupez !

Changement d'acteurs !

Flashback … Fondu.

Action !

La situation était inverse. C'était Liam qui était le prisonnier. Liam qui était celui que l'on interrogeait. Lui a qui on ne laissait aucune porte de sortie. Ou presque.

Tu vas parler salaud d'américain ?! Qui t'envoie ?! Quelle était ta mission ?

Ich liebe dich.

Tu te fous de ma gueule ?!

Le poing vole, s'écrase sur sa face, dans toute sa puissance.

Bien sûr que je me fous de ta gueule sale porc collabo, tu serais déjà mort si je n'étais pas attaché comme un esclave de la Rome antique.

Nouveau coup de poing. Le sang commence à couler.

Tu ne perd rien pour attendre, nous te ferons parler et tu souffriras.

Encore faut il que je sois toujours là quand tu reviendras mon tout petit.

Parce que tu crois pouvoir t'échapper ? Tu es sous bonne garde l'indien, aucun de tes camarades communistes et juifs ne peut venir te sauver.

Comme si j'avais besoin d'aide.

Nouveau coup. Le pied cette fois. L'immortel se décale, se jette au sol,enroulant le pied dans la chaine qui le retenait prisonnier. Il regarda le membre de la Gestapo tomber lourdement au sol. Il jeta ses pieds en avant, le percutant à la tête. Il retomba, inconscient, la tête dans la poussière de la cave. Liam attira le corps à lui et le fouilla rapidement, les mains entravées, toujours retenues au mur par les fers en acier, récupérant la clé, il se libéra de ses chaînes et s'adressa à l'idiot encore bien assommé. Dans le doute, il lui remit encore de brutaux coups de pieds dans la tête, histoire qu'il ne se réveille pas tout de suite.

Tu aurais du m'écouter pauvre petit. Ton chef te fera tuer pour l'exemple, il est inutile que je le fasse moi même, je vais juste te laisser un petit cadeau... tu m'en diras des nouvelles.

Lui prenant son couteau, il entreprit de lui couper méthodiquement les cheveux, à l'ancienne. Puis sur le crâne chauve, il tailla, lisiblement :

Traitre

Puis il prit la clé et s'en alla remplir la mission pour laquelle il s'était fait délibérément arrêté.

L'action avait duré deux minutes pas plus, mais Liam en avait tiré une leçon : Ce n'est pas par la violence physique que l'on faisait parler. La psychologie était bien plus efficace.

Retour au temps présent ! Action !

Bon alors messieurs, qu'est ce qui vous amène dans la ville du vice et de la luxure ?

Il s'installa confortablement, attendant une réponse, et étudiant chacun des acteurs présents, en silence et un sourire aux lèvres. Le jeu commençait. Plus tôt qu'il ne l'avait pensé. Et il s'annonçait très intéressant.

Je te prierai Peter d'empêcher l'assoiffé de pouvoir qui te sert de compagnon provisoire d'essayer de ma tuer pour prendre mon don, il ne lui servirait à rien.

Il avait dit cela tout en gardant un ton amical et plaisant, cherchant à ne pas provoquer les deux dangers potentiels qui lui faisaient face, mais plutôt leur montrer qui était le chef ici.

Les événements se succédèrent à une vitesse tellement précipitée que Peter eut du mal à suivre. Les deux ennemis désormais alliés avaient tenté de pénétrer incognito dans l'établissement, profitant du brouahaha de la foule pour passer inaperçus. Malgré la prétention de ses parents à jouer la petite bourgeoisie, le cadet Petrelli n'avait jamais mis les pieds dans un hôtel ou un casino de Las Vegas. Il y régnait une ambiance toute particulière, entre les cliquetis de jetons, les "faites vos jeux" ou les râles de désespoir émanant des moins fortunés. Quelle idée saugrenue que de vouloir gaspiller son argent dans des jeux de hasard où la probabilité de faire du bénéfice est quasi nulle. Mais après tout, cela n'avait rien d'étonnant : la plupart des addictions dans lesquelles s'embourbe l'être humain sont nocives, inutiles voire destructrices. Etait-ce donc le propre de l'être humain de vouloir causer sa propre perte ?
Sans crier gare, Sylar s'approcha de la réception et s'adressa à une blondinette au sourire pétillant. Dissimulé sous un pseudonyme, il demanda à voir le responsable du casino.

* Dans le genre discret, j'ai déjà vu mieux * lui lança Peter par télépathie, exaspéré de voir sa tentative de stratégie s'écrouler en moins de deux.

La charmante réceptionniste refusait apparemment de laisser les deux inconnus rencontrer le big boss sans rendez-vous, ce qui à vrai dire était assez prévisible. Mais ce n'était pas le genre de petits obstacles qui semblait arrêter le serial killer aux superpouvoirs. Celui-ci se concentra et fixa la jeune femme, qui finit par empoigner son trousseau de clés pour aller avertir ses supérieurs qu'ils avaient de la visite. Pas de doute, la télépathie avait encore frappé. Elle pouvait décidément faire de sacrés ravages à un cerveau innocent. Peter se demanda quelle impression cela pouvait bien donner de n'avoir plus aucune emprise sur ses actes, d'être contrôlé par une force extérieure, de ne plus pouvoir penser soi-même. Quelle panique, quel conflit, quelle angoisse inconsciente cela devait créer, même si la personne devait probablement s'imaginer que la pensée en question provenait de son propre cerveau. Sylar se tourna vers Pete en souriant, fier de son subterfuge.

" Si Alexis Kane se cache quelque part ici, les deux directeurs doivent le savoir. J'espère juste qu'on est pas en train de mettre les pieds dans le plat, parce que s'il sont tous de mèche on risque d'avoir des ennuis. "

- Tu m'étonnes. Je crois que pour ce qui est de mettre les pieds dans le plat, c'est déjà loupé.

La réceptionniste quitta son bureau et se dirigea vers une porte à l'autre bout de la salle, passant par l'allée F, entre les machines à sous flanquées du mot "Jackpot", flamboyant de toutes ses petites ampoules colorées. Puis tout à coup, la blonde s'arrêta et salua un homme plutôt bien vêtu et avec de longs cheveux ondulés tombant en cascade sur des épaules. Le boss les avait déjà repérés, et il connaissait leur identité par-dessus tout. Ils étaient observés depuis le début, peut-être avant même d'avoir poussé la porte de l'établissement. Foutue surveillance caméra. Peter avait la désagréable impression que ce visage dur et marqué par les années lui était familier. Mais il repoussa aussitôt cette idée insensée. Il leur proposa ses divers services avec un faux air amical. Un véritable lèche-botte professionnel, qualité indispensable à tout vautour de Vegas qui se respecte. Le boss posa une main sur l'épaule de Peter, qui le fixa d'un air menaçant. L'homme lui dit qu'il avait bien grandi depuis la dernière fois que leurs chemins s'étaient croisés. Alors Pete ne s'était pas trompé... qui était cet homme à qui rien ne semblait échapper ? Comment pouvait-il connaître un tel rapace aux airs calculateurs, factice et superficiel ? Il les invita à le suivre et chipota à son bippeur. Il croyait leur avoir cloué le bec, mais Peter et son némésis s'échangeaient mentalement leurs impressions.

* Ce type ne me dit rien qui vaille * pensa le jeune Petrelli à l'adresse de Sylar. * Méfions-nous, c'est peut-être un piège *

Ils entrèrent ensemble dans un grand bureau, moderne et luxueux. Rien d'étonnant en somme. Le big boss s'installa derrière son bureau et les invita à en faire autant, face à lui. Peter resta debout. Leur hôte s'interrogea tout d'abord sur la raison de leur présence sur ces lieux, et surtout à deux alors qu'ils étaient les meilleurs ennemis du monde. Il n'hésita pas à balancer quelques railleries au passage, mais également plusieurs éléments intéressants, notamment le fait qu'un certain Caïn ait "forgé" Sylar. Caïn... un nom qui sonnait de manière étrangement familière. N'était-ce pas Asami qui lui avait parlé de ce garçon ? Peter ne connaissait pas vraiment cette personne mais à entendre les gens en parler, il semblait que le Caïn en question était intemporel. Comme s'il avait toujours été présent, dans beaucoup de moments importants de la vie des gens. Petrelli décida de reléguer sa paranoïa au second plan et se concentra sur le beau discours de businessman que leur gribouillait le propriétaire du casino. Il parlait de masques... n'en portait-il pas un, lui aussi, au même titre qu'eux ? Toutes ces formules de politesse artificielles, qui sonnaient faux comme un violon mal accordé.
Peter était fin prêt à le remettre à sa place lorsque quelqu'un frappa à la porte et pénétra dans le bureau. Il s'agissait d'un homme en costume blanc d'origine italienne, sûrement l'un des gros bonnets de la société. Un dénommé "Terry" si l'on en croyait les dires du directeur. Il l'invita à s'asseoir et l'associé passa devant Peter, toujours debout, le fixant d'un regard sombre et méfiant. Leur petit jeu de riches tout-puissants commençait sérieusement à le faire tourner en bourrique.
Finalement, le boss se présenta : Liamarius Caldwell. Ce nom ne lui était que vaguement familier, tapi dans les méandres de ses souvenirs d'enfance flous et obscurs. Un vieil ami de son père, mais surtout de sa mère... Faisait-il partie de ces gens de la Compagnie qu'elle voyait souvent, comme Kaito Nakamura ? Impossible de s'en rappeler. Il connaissait aussi la mère de Sylar. Peter se demanda à quoi elle pouvait bien ressembler. Celui qui s'appelait Terry appuya les propos de son collègue ou supérieur, bien déterminé à en apprendre plus sur la visite des deux partenaires malgré eux. Les deux hommes empestaient l'hypocrisie et le surfait. D'un air pensif, Liam attendit leurs explications. Il demanda à Pete' de tenir Sylar en laisse car son pouvoir ne lui servirait à rien. Un pouvoir... ben tiens. Le cadet Petrelli se résolut enfin à prendre la parole.

- Je ne suis pas sûr que c'est lui que vous devriez craindre le plus. Une personne qui m'est chère est en danger, et je mettrais ma main à couper que vous êtes liés, de près ou de loin, à toute cette histoire. Nous sommes venus pour vous soutirer des informations, que vous le vouliez ou non.

A cet instant, quelqu'un frappa à nouveau à la porte et une jolie secrétaire au style latino fit son entrée dans la pièce. Contrarié d'avoir été interrompu alors qu'il avait fini par s'exprimer, Peter tendit une main en sa direction et l'immobilisa par télékinésie.

- Mais... ?!

La demoiselle, surprise et terrorisée à la fois, suffoqua en se tenant la gorge.

- Pas maintenant, nous sommes occupés avec votre patron, lui lança Peter.

Il la projeta dehors et claqua la porte derrière elle d'un simple regard. Il n'était définitivement plus le même, il n'était plus ce jeune homme innocent et patient, aux buts idéalistes et aux rêves d'adolescent. Son look en témoignait, mais son regard et son comportement aussi. Il était devenu ce Peter du futur qu'il avait croisé à plusieurs reprises et qui l'avait même parfois effrayé. L'inévitable n'avait pu être évité, le destin avait fait son travail. Lui, Hiro ou sa mère pouvaient faire n'importe quoi pour tenter de changer le futur, certaines choses restaient inchangeables.
Sylar restait étrangement calme, c'en devenait inquiétant. Qu'est-ce qui avait pu le faire changer à ce point ?

- Bon, maintenant écoutez-moi bien vous deux. Que savez-vous d'Alexis Kane et de ses projets ? Et où se trouve ma nièce ?

Il s'était avancé et posa les deux mains à plat sur le bureau, faisant face aux deux businessmen. Il était remonté à bloc, prêt à leur soutirer les informations de gré ou de force et à en découdre avec quiconque se mettrait sur son chemin.

" Si Alexis Kane se cache quelque part ici, les deux directeurs doivent le savoir. J'espère juste qu'on est pas en train de mettre les pieds dans le plat, parce que s'il sont tous de mèche on risque d'avoir des ennuis. "

- Tu m'étonnes. Je crois que pour ce qui est de mettre les pieds dans le plat, c'est déjà loupé

" Allons allons tu vas pas me dire que tu as peur. On doit être parmi les êtres les plus puissants de ce pays, peut être même du monde, alors on va pas se mettre à avoir peur de deux bureaucrates en costard saumon 6 pièces. "

Il pouffa de rire, il commençait à devenir vraiment très amical avec Peter, oubliant totalement le passé apocalyptique qui les opposait, au point de s'abandonner à un certain excentrisme.
Finalement, un homme s'approcha des deux Némésis et prit la parole:

Peter. Gabriel. Bienvenue au Montecito Casino. Que puis je faire pour rendre votre séjour plus agréable ? Parties gratuites ? Filles de joies ? Suite luxueuse ? Séjour offert par la maison ? Rien n'est trop beau pour nos semblables, surtout de votre trempe.

Sylar et Peter eurent le même réflexe: ils échangèrent un regard curieux, avant de repointer leurs yeux vers Liam. Ce dernier s'approcha alors du cadet Petrelli et posa une main fraternelle sur son épaule.

Il parlait comme un vieil ami de la famille qui en savait long sur eux, le genre d'homme qu'ils auraient pu croiser étant gamins, mais le temps aurait effacé leurs souvenirs. Il acheva par une déduction logique: ils n'étaient pas venu pour le jeu, et leur collaboration aussi choquante soit elle ne devait rien avoir de plaisant.

Il avait monopolisé la parole, ne laissant le temps ni à Peter ni à Sylar d'en placer une, mais ces deux là avaient en commun une autre façon de communiquer.

* Ce type ne me dit rien qui vaille. Méfions-nous, c'est peut-être un piège *

Sylar lui répondit de la même façon.

* Il transpire l'hypocrisie à plein nez mais je ne crois pas que ce soit un guet-apens. Ceci étant dit, tu as raison, restons sur nos gardes. *

Ils suivirent donc le directeur jusque dans son bureau. Arrivé dans la pièce, Liam invita ses deux convives à s'assoir face au bureau, dans deux fauteuils confortables. Peter choisit de rester debout, tandis que Sylar profita de ce choix pour poser ses fesses sur un fauteuil, et ses pieds sur l'autre.

Le directeur entama alors une longue tirade qui en disait long sur sa personne, et plus particulièrement ses dons: il avait vécu beaucoup plus longtemps qu'un humain lambda. Il cita notamment le nom de Caïn en parlant de l'origine du serial killer, qui se rappela sans trop de plaisir son premier meurtre.
Le deuxième directeur arriva ensuite. Liam lui expliqua la situation, lui présenta les protagonistes, et l'invita à les rejoindre. Sawyer répondit par l'affirmative, proposant même un cigare à chacun des convives. Sylar accepta, juste pour se la jouer mafieux, comme dans les films, et se donner par la même un semblant de contenance.

Caldwell reprit, en dévoilant enfin son identité. Il parla à nouveau au passé en citant les parents de Peter, et la mère de Gabriel. Il mit les choses au clair: inutile de tenter de se rappeler de lui, il avait fait en sorte de n'être qu'un fantôme.

Bon alors messieurs, qu'est ce qui vous amène dans la ville du vice et de la luxure ?

Sylar tira deux coups sur son cigare, recracha une gerbe de fumée en toussotant, et répondit sans se prendre au sérieux:

" Je sais pas trop, on m'a dit que les glaces à la vanille sont meilleures dans cette partie du pays, c'est vrai ? "

Il sentit le regard curieux de Peter sur lui. Liam semblait apprécier la tournure des évènements, et face à l'arrogance de Sylar, il décida d'ouvrir les festivités en le remettant à sa place, s'adressant à Peter:

Je te prierai Peter d'empêcher l'assoiffé de pouvoir qui te sert de compagnon provisoire d'essayer de me tuer pour prendre mon don, il ne lui servirait à rien.

Je ne suis pas sûr que c'est lui que vous devriez craindre le plus. Une personne qui m'est chère est en danger, et je mettrais ma main à couper que vous êtes liés, de près ou de loin, à toute cette histoire. Nous sommes venus pour vous soutirer des informations, que vous le vouliez ou non.

" Euuh ouais et je suis pas un clébard, d'accord j'ai une petite tendance très légère au meurtre, mais je sais me tenir quand les circonstances l'exigent. Et de là où je suis, votre mort est pour moi le summum de l'inutilité. "

Et à cet instant, Sylar eut comme un déclic dans sa tête, comme si son pouvoir originel s'était activé pour lui montrer quelque chose.

Soudain, on frappa à la porte. Une jeune femme mexicaine entra, mais n'eut pas le temps d'en placer une. Curieusement, c'est Peter qui fut le premier à perdre le contrôle de ses nerfs. Les rôles étaient inversés, Sylar était toujours assis et calme. Le cadet Petrelli envoya la secrétaire valser dans le couloir et ferma la porte derrière elle.

Des tics tacs, plein de tic tacs.

Bon, maintenant écoutez-moi bien vous deux. Que savez-vous d'Alexis Kane et de ses projets ? Et où se trouve ma nièce ?

Peter pu alors entendre la voix du Serial killer dans sa tête, alors qu'il venait de plaquer ses mains sur le bureau pour donner le ton de la discussion aux deux directeurs.

* Peter, arrête l'illusion, redonne moi mon vrai visage. *

Le jeune Petrelli s'exécuta, et le sosie de Clive Owen disparu des deux fauteuils où il s'était installé. Liam et Terry purent chacun sentir une main se poser sur une de leur épaule, et la voix du vrai Sylar, dans son ton le plus démoniaque, leur susurra aux oreilles

" Je vous conseille vraiment ... Vraiment ... De dire la vérité. "

Sylar avait réussi d'une certaine façon à coupler son pouvoir de projection astrale à l'illusion provoquée par Peter, afin de laisser son double de star à sa place, tout en se déplaçant dans la réalité invisible aux yeux des trois autres personnes, aveuglées par l'illusion du jeune Petrelli. Il se tenait maintenant debout derrière Liam et Terry, forcés de se confronter à un Peter Petrelli déterminé à sauver sa nièce.

La tournure des évènements n'était pas défavorable au duo improbable que constituaient Sylar et Peter, mais le serial killer, malgré sa quête soudaine mais sincère de rédemption, restait dubitatif. En toute honnêteté, il aurait sûrement préféré que cela se solde de façon un peu plus musclée, afin d'extirper de force le peu d'informations que cachaient les deux patrons du Montecito. Peter, lui, restait dans son rôle de good guy, et proposait la solution pacifiste: si Liam avait la quelconque information sur Kane, il devrait prévenir le jeune Petrelli en passant par son cellulaire.
Simple et sans violence.
Tout le contraire de ce à quoi Sylar s'était habité ces dernières années.

Et pourtant, le meurtrier ne réagit pas. Il faisait confiance à Peter, et était décidé à ne pas laisser son côté sombre prendre le dessus. Il lança un regard à son acolyte, et pu lire la méfiance de ce dernier. Quelle garantie avaient-ils ? Liam Caldwell allait-il les aider ? Ou les piéger ?
Le tuer maintenant règlerait le problème ...

Mais non, non. Sylar n'utiliserait plus cette façon de faire.

" Bon ... Je crois que c'est là qu'on se dit au revoir. Allons-nous en Peter. "

Il tourna le dos à Liam et Terry avant de se diriger vers la porte du bureau.
Soudain, Sylar sentit comme une légère brise lui fouetter le visage. Il s'arrêta, et regarda derrière lui: Peter, Terry et Liam étaient immobiles, figés dans le temps.

" Mais qu'est-ce que ? "

Il sentit une main se poser sur son épaule. Effrayé, il se retourna tout de suite pour se retrouver face à .... lui même.

- Salut, Sylar. Content que je sois arrivé à temps, tu allais partir je crois.

" Que ... Comment c'est possible ça ? "

- Je viens du futur.

" Bah tiens donc, fallait que ça m'arrive aussi un jour ça. "

- Concentre toi Sylar, je n'ai pas beaucoup de temps.

" Ah mais je suis tout ouïe ... Gabriel ? "

Tentative discrète de voir si son "Moi" futur avait obtenu la rédemption, l'appeler par son prénom d'horloger.

- On a pas le temps de déconner !

Bon ... Bah apparemment c'était mort.

- Écoute, quelqu'un a brisé le continuum espace temps en venant dans ton époque. C'est la fille d'Alex et Kerry, Lisa.

" Un père français, une mère psychotique, on comprend que ce soit un nid à problèmes cette gosse. "

- Arrête d'être arrogant et fais attention à ce que je te dis, c'est important.

" Mais parles donc. "

- Dans le futur d'où je viens, j'avais réussi à tuer Peter peu après cette espèce de collaboration que vous avez tous les deux. J'avais son pouvoir !

Sylar sentit son sang se mettre à bouillir. Il va donc y parvenir ...

- Mais cette petite conne a tout gâché en remontant dans le temps, j'ai perdu les trois quarts de mes pouvoirs et tout le monde me prend pour un gentil garçon. Tu dois la retrouver, la tuer pour l'empêcher de faire davantage de dégâts. Et ensuite tu vas tuer Peter, Claire, Alexis Kane, et toutes les personnes qui étaient impliquées ... pardon, qui vont être impliquées dans la petite guerre qui approche. Le Montecito, Angela Petrelli, tout le monde doit y passer.

" Wow wow wow doucement doucement. Pourquoi tu veux que je fasse tout ça ? "

- Parce que j'ai besoin de retrouver mes pouvoirs !!

" Et pourquoi ces personnes en particulier ? "

- Parce que c'est ceux que j'ai tué pour devenir qui j'étais avant que l'autre idiote ne foute tout en l'air. J'étais devenu le plus puissant, Sylar. Tu vas devenir le plus puissant, mais pour ça tu dois rétablir l'équilibre temporel. Tues la môme, tues Peter, et le reste ne sera plus que du petit gibier tout juste amusant à massacrer.

" Et si je refuse ? Et si je veux changer ? "

- Je suis ton futur, Sylar. Je suis passé par là aussi. Tu n'y arriveras pas. Le simple fait de délivrer Claire de sa captivité et tu vas craquer devant son pouvoir.

" Où et quand Claire va être capturée par Kane ? "

- C'est pas lui qui l'a enlevé, lui et Rick Baneson sont les leaders. Et vu la date, Claire est déjà entre leurs mains.

" Les leaders de quoi ? "

- Tu n'es pas encore au courant ? Les Sons of Liberty ? Les attaques ?

" Ok là je suis paumé, c'est quoi ça les Sons of Liberty ? "

- Peu importe, tu le découvriras par toi même bien assez vite. Trouves Kane, trouve Claire, tue les tous, et t'es gagnant.

" Attends, et le Montecito dans tout ça ? "

- Il y a trois camps. Les Sons, le Montecito, et le reste.

Il regarda sa montre.

- Maintenant je dois partir. Souviens toi de ce que je t'ai dis.

" Trois camps ? C'est quoi ce bordel ? Il se passe quoi dans le futur ? "

Son double futuriste lui jeta un regard sombre mêlé d'inquiétude

- ... La guerre.

Il ferma les yeux, et disparu. Sylar sentit la même brise que tout à l'heure, signe que le temps avait repris son cours. Il était immobile, assommé sous le flot d'informations qu'il venait de recevoir et qu'il devait assimiler. Peter le regarda d'un air curieux, ne comprenant pas pourquoi il s'était arrêter d'avancer vers la porte.
Finalement, après quelques secondes, Sylar se tourna vers son acolyte.

" On sort. "

Il passa la porte du bureau de Caldwell, et se dirigea vers la sortie du Montecito avec Peter. Il avait de nouveau son apparence de sosie de star pour éviter de créer la panique.

" Écoutes Peter, je ne sais pas où est Kane, mais je suis sur que c'est lui qui détient Claire au moment où nous parlons. Malgré mon envie de t'aider et de délivrer Claire de ce fou furieux, je ne peux pas aller plus loin avec toi. "

Peter le regarda, semblant ne pas comprendre.

" Je viens d'être prévenu, ce serait trop long à expliquer mais tu peux me faire confiance. Si je reste avec toi, je vais te faire du mal, et à Claire aussi. Je dois partir de mon côté si je veux rester sur le chemin de la rédemption. Continuer à côtoyer tant de pouvoirs aussi puissants que le tien ou celui de ta nièce me perdra. Je suis désolé. "

Il ne laissa pas le temps à Peter de répondre, il lui tourna le dos et se dirigea vers la sortie du casino.


[Quentin merci de me prévenir par MP pour savoir si Sylar sort du casino ou si tu as prévu de nous retenir Peter et moi ! ]