The Iron, the Sickness and the Shadow (PV Rick, Alexis)

[Ordre de passage: Edmond - Rick - Alexis]

New York était un paysage vraiment particulier lors de la tombée nocturne. Le jour comme la nuit, le rythme des activités ne cessaient de se dérouler comme si c'était tout à fait normal d'agir ainsi. Une bonne partie de la population était de la vie de nuit ce qui rendait la situation encore plus intrigante aux yeux de Edmond. Habituellement à cette heure, pour sa part, il avait déjà rejoint le confortable de son lit mais cette fois-ci, c'était différent. Depuis son nouveau travail, sa nouvelle occupation, sa nouvelle passion, tout le rythme de son existence avait été modifié. À vrai dire, il ne s'en plaignait pas du tout car au moins, ça l'occupait et l'empêchait de commettre des bêtises qu'il finirait par regretter. Au sein du groupe de Rick, il avait une place de choix et était un instrument offensif très important de leur regroupement. Les occassions furent rares durant lesquelles Edmond s'était véritablement battu à l'aide de sa maitrise du magnétisme et il ne s'était jamais imaginé à le faire. La plupart du temps, ce n'était pas une bataille mais une destruction pure et simple de l'environnement qui l'entourait. Souvent à l'aveuglette, il serait encore plus efficace et redoutable si il savait mieux contrôler son pouvoir. Nul doute qu'avec la collaboration de Alexis et Rick, ceci ne serait plus qu'un tout petit problème...

Il était debout dans le Shakin Hands, avec à ses cotés une petite table qui était la plateforme d'une panoplie de nombreuses fourchettes, toutes de métal bien entendu. S'ils étaient bien utilisés, ses instruments étaient un avantage évident dans les affrontements à venir. Pour peaufiner son entrainement, Edmond avait installé sur le mur un dessus de tonneau qui servait de cible à ses attaques répétées. Loin devant lui, il la dévisageait dans le plus grand doute qui pouvait subsister. Pour prouver qu'il était à la hauteur des attentes placées en lui, il se devait d'être un combattant digne de se présenter aux cotés de Rick et Alexis. Fermant ses yeux en prenant une grande respiration, il laissa son esprit se concentrer sur la manifestation de son magnétisme. Même s'il ne pouvait observer le chef d'œuvre, Edmond savait que les outils métalliques flottaient dans l'air ambiant l'entourant. C'était quelque chose de plutôt impressionnant à voir et pour un inconnu, c'était assez menaçant. Relachant un petit soupir, Edmond ouvra les yeux et ne put que constater que l'efficacité de son don était horriblement nulle et inapte à répondre à ses moindres désirs. Les fourchettes étaient certes en état de lévitation mais elle étaient statiques, sans mouvement, sans action et ce pour aucune raison apparente. Il n'y avait aucuns obstacles qui les empêchaient de s'accomplir, et pourtant...

Ne réfléchissant même pas à la raison qui pourrait expliquer cette fâcheuse situation, l'homme respira fortement alors que son système nerveux semblait se gonfler d'une rage qui était très compréhensible. Rien de tout ceci ne semblait se soumettre à la volonté et c'est dans un puissant cri qu'il exprima son mécontentement face à son incapacité d'agir convenablement. Aussitôt le flux émotionnel prenant contrôle de son métabolisme, sa force semblait se décupler et s'ouvrir à son plein potentiel. En effet, les fourchettes tournoyaient sur elles-mêmes tels des projectiles prêts à faire feu sur leur destination. En une fraction de seconde, la panoplie d'ustensiles se planta avec dureté et précision dans la cible qui était accrochée au mur. L'impact avait été tellement violent que la petite structure de bois se fractura en morceaux avant de s'évaporer au sol. C'était une manipulation très simple mais aussi aussi redoutable. Edmond fronça les sourcils et décida de tenter une autre expérience. Se laissant emporter une nouvelle fois par une colère explosive, il eut l'agréablement mauvaise surprise de voir les objets métalliques revenir en sa direction. Par pur réflexe défensif, le seigneur de fer pointa la paume de sa main vers l'avant en continuant d'exprimer à haute voix sa frustration qui était volontaire cette fois-ci. Une à une, les fourchettes se replièrent sur elles-mêmes pour devenir complètement inoffensives comme de vulgaires jouets sans intérêts. Tombant lourdement sur le sol, elles étaient à la merci de Edmond qui avait un sourire triomphant sur les lèvres..

La véritable puissance de son pouvoir, c'était les émotions pures et simples. Sans complexité, sans complications, c'était dans son cas la recette parfaite pour faire sa marque dans le monde. Le métal n'avait plus aucuns secrets pour lui, il devait seulement mettre en pratique ses conaissances sur ce matériel essentiel à la société d'aujourd'hui. Terriblement fier de sa découverte, il n'en pouvait plus de rester sur place, il devait fêter cette grande occasion. Tournoyant sur place en échappant des grands rires, il se dirigea vers l'entrepôt pour prendre possession d'une charmante bouteille de Whisky qui lui servirait comme un petit remontant. Revenant sur ses pas, il aperçu Rick Baneson entrer dans le bar et prendre place à une des tables. Venant à sa rencontre, Edmond se tira un tabouret et prit place aux cotés du Bostonien...

Qu'est-ce qui se passe avec le Rick? Il a besoin d'un petit verre? Tu sembles pensif et réfléchi! Est-ce une amère déception sur un sujet qui m'échappe ou la préparation d'un plan à en faire trembler les plus faibles? Quelque chose qui nous permettra de nous mettre sur la voie de la victoire? J'espère que nous aurons pas à attendre après les autres car pour la plupart, ils me laissent plutôt sceptiques tu vois! Nous ne semble que trois avec Alexis Kane, mais un trio qui sera efficace et changera le cours de l'histoire!

Prenant une bonne gorgée de son alcool, Edmond tourna la tête dans tous les sens. Cette boule d'énergie ne pouvait vraiment pas tenir en place. Dans son champ de vision, il crut voir quelque chose passer devant lui, comme un ombre qui se déformait dans la réalité. L'instant suivant, le fabuleux ténébreux, Alexis Kane, était matérialisé dans la réalité, adossé contre le mur. Ce dernier regardait ses deux collègues et la simple expression voulait dire beaucoup. Nul doute qu'il partageait lui aussi les avis du magnétiste...

L’argent, dans la société modern, c’est elle qui mène l’être humain à la baguette, sans que ce dernier ne s’y oppose vraiment. Un capitalisme roi, une sorte de monstre indestructible qui réussit à mettre son nez partout. Il sert à corrompre les gouvernements, à écraser ceux qui sont dans l’incapacité de s’approprier une parcelle de son gigantesque corps en putréfaction derrière une façade de banalité. L’argent permet tout, même les pires atrocités. La moralité n’intéresse personne tant qu’on peut tirer un bénéfice en contrepartie, que ce soit la gloire, la réputation d’altruiste ou, bien évidemment, l’argent. Même le plus simple et humble homme est capable du pire en échange de la bonne somme, et pour certain, cette somme est parfois bien basse. Comme pour Rick, qui avait besoin, entre autre, que quelques dizaines de dollars pour commencer ses projets. Il avait déjà accumulé l’équipement nécessaire, et l’argent ne lui servirait que pour les imprévus possiblement rencontré, comme un individu à corrompre et des armes et autres objets à achetés sur le marché noir.

Rick allait conclure une longue série de petits vols faciles avec un petit dépanneur du Queens, dans une rue non affectée par l’explosion qui avait pourtant massacré cette partie de New York. La région était pourtant presque complètement détruite. Les ruines ne permettaient pourtant pas aux clients d’atteindre le dépanneur et Rick se disait qu’il allait rendre un service au propriétaire et le sauver d’une mort économique lente et pénible. Après tout, l’argent mène le monde, et sans argent, l’homme est destiné à sa perte.

*Deling-diling*

Le son irritant que faisait indubitablement une entrée dans un tel établissement. Rick serra les dents. Il allait commettre un crime, et c’était le Deling-diling qui le troublait le plus. C’est étrange à quel point un petit détail prend parfois des proportions énormes dans les esprits troublés et moins troublés. Le caissier, qui devait probablement être aussi le propriétaire, l’accueillit avec un sourire de dents jaunes que le Bostonien ne lui rendit pas. Après avoir prit soin de vérifier que l’endroit était désert, Rick leva la main vers le seul homme qui l’empêchait de s’approprier les bénéfices de la journée. Invisible, une vague de fièvre s’échappa de sa paume et pénétra l’homme qui fut immédiatement secoué d’un violent spasme alors que la nausée lui faisait perdre le contrôle de son propre corps. Le caissier tomba au sol et vomit bruyamment son repas de la soirée sur le plancher. Profitant de l’incapacité de l’homme à se défendre, il enjamba le comptoir avant d’ouvrir la caisse. Il n’y avait pas beaucoup d’argent, peut-être une demie centaine de dollars, mais c’était bien assez pour ses projets.

Rick se retourna juste à temps. Le propriétaire venait de se saisir d’un pistolet sous le comptoir et s’apprêtait à le pointer dans sa direction malgré sa faiblesse physique. En une fraction de seconde, le Maître des virus envoya une seconde vague encore plus puissante de fièvre qui le plaqua au sol. Sans plus attendre, Rick lui enleva son arme et la désarma avant de la jeter plus loin. Pris d’une rage soudaine, il lui donna un grand coup de pied au visage, un craquement sonore se fit entendre alors que l’os nasal de sa pauvre victime venait d’éclater sous la force de l’impacte. Il répéta se mouvement à plusieurs reprises jusqu’à ce que le visage de cet homme ne soit plus qu’un amas de chair saignante et mutilée. Sans savoir s’il était mort, Rick se pencha et s’adressa à lui dans une voix emplis de colère qu’on ne lui connaissait pas.

« Pauvre petit mortel inconscient! Tu croyais vraiment pouvoir m’arrêter avec des objets de manufactures, utilisant des matériaux aussi simples que les métaux et la poudre? Mes armes à moi existent depuis toujours, hantent les cauchemars des hommes depuis toujours. Je suis le représentant de la mort invisible, celle qui rampe entre les cadavres, celle qui est impossible à bloquer. Car en effet, rien ne me bloque, ni même ton acier, ni même la chair. Je suis le Fléaux. »

Rick leva le pied et écrasa violemment la figure du pauvre homme du plat de son talon, brisant les os composant son visage, le tuant sur coup. Reprenant une expression de pierre, il prit l’argent dans la caisse et quitta le dépanneur sans qu’aucun témoin ne l’aille repérer. Maintenant qu’il possédait les derniers dollars qui allaient lui permettre de se faire connaître mondialement, il ne lui restait plus qu’un détail technique à régler. Un détail qui, pour l’instant, semblait sans solution…

De retour au Shakin’ Hands, Rick constata que l’endroit était désert. Il prit donc place à une table et commença à compter l’argent qu’il avait réussit à voler. En effet, c’était assez pour initialiser ses plans. De toute façon, les liquidités n’étaient pas la chose la plus importante, malheureusement. Il lui manquait un seul atout, mais il ne pouvait pas l’obtenir simplement en claquant des doigts. C’était quelque chose d’invisible, hors du domaine du concret. Mais peu importe Edmond vint tirer Rick de ses tourments, une bouteille de whisky à la main. Définitivement, le Maître des virus avait fait un excellent choix pour ce qui était de son recrutement. Plus le temps avançait, et plus il appréciait la participation du Magnétiste dans le groupe. Sa personnalité plaisait grandement à Rick, et il aurait une place de choix dans ses plans futurs.

Alexis apparu à son tour dans la pièce, sortant de nul pars. Lui, Rick ne l’aimait certainement pas pour sa personnalité. En fait, le Ténébreux l’effrayait plus qu’autre chose, mais il préférait pouvoir compter sa lame implacable à ses cotés plutôt qu’à avoir à l’affronter. De plus, Alexis ne lui faisait pas plus confiance, et ils le savaient tout les deux. Ils poursuivaient les mêmes-buts, et c’était probablement la seule chose qui les unissait.

« Un verre? Je crois que j’en aurais bien besoin, parce qu’on fait face à un contretemps. Voyez-vous, tout les éléments pour le début de nos plans ont été réunis, mais il nous manque toujours un atout non négligeable. Il nous faut une immunité face à nos adversaires futurs. Nous serons mis à rude épreuve, et je prévoyais qu’Edmond pourrait nous protéger grâce à son pouvoir, mais après réflexion, j’ai réalisé à quel point tu courrais un risque énorme. Certes, tu pourrais nous protéger des balles et autres tirs de fusils, mais pour combien de temps? Et s’ils utilisent d’autres armes? Je ne veux rien laisser au hasard. De plus, si nous pouvons nous montrer indestructibles, imperméables à toute offensive menée par ces mortels, nous parviendrons à donner confiance à bien plus de gens comme nous. Il sera donc plus facile pour nous de faire lever les foules, vous comprenez? »

Un silence s’installa. Ils savaient qu’ils cherchaient une solution, et il allait voir si ses préférés trouveraient la bonne voie…

Une ère de pouvoir, une ère de domination, c'était le temps du monde dans lequel la majorité des humains était condamnée à vivre. Était-ce un plaisir redouté ou un dégoût séduisant que l'on ne pouvait comprendre? Après tout, qu'est-ce que représentait le réel pouvoir dans une société qui reposait sur des bases aussi solides que la santé mentale d'un schizophrène? Tant de facettes au même concept, tant de mensonges pour une seule vérité, on ne pouvait guère la contrôler. Qu'est-ce la définition exacte du pouvoir? La force physique d'écraser ses ennemis au travers d'une tonne de briques? L'influence politique de faire tourner les sondages populaires en sa faveur? La pression mentale pour faire changer d'idées les indécis? Le matériel monétaire pour convaincre l'opposition que l'on est la voie à suivre? Tant de pouvoirs différents pour si peu de raisons de les utiliser à leur juste valeur, ça en devient une redondance terriblement pathétique. Rare était la sélection prestigieuse d'individus qui savaient s'en servir pour une cause véritablement reconnue comme étant humanitaire et dévouée. La plupart des humains sont égoistes avant d'être généreux, ils pensent à leur propre survie avant de se donner la capacité d'aider son prochain. C'est bien mieux d'être riche et puissant avant tous les autres n'est-ce pas? Il est vrai que l'on ne choisit pas son pouvoir autrement dit surnaturel à notre naissance, mais quand on y repense, nous était-il destiné? Était-ce prévu dans le déroulement temporel de notre évolution? Un pouvoir correspondant à notre personnalité, ou était-ce l'inverse? Plutôt facile de trouver le facteur dominant de cette équation. Toutefois, certains avaient compris que le pouvoir n'était rien d'autre qu'un simple jouet qui demandait à être placé dans les bonnes mains. Cette vérité, Alexis Kane l'avait parfaitement saisie. C'est ce qui faisait de lui l'être qu'il est aujourd'hui...

Seul dans les ruines du Queens, seul à marcher sur les allées délabrées de cette décadence sans début, sans fin, sans commencement, sans conclusion. Une seule ombre se déplaçait sans suivre le rythme des autres de l'environnement, un phénomène particulier mais parfaitement logique si on se fiait aux pieds qui foulait le sol de cette rue déserte et aveuglée par l'ignorance. Il marchait, un pas à la fois, un pied en avant ou en arrière de l'autre, il marchait sans courir et sans presser sa course, il n'avait rien qui pouvait motiver sa démarche quelconque, rien qui ne le poussait à se dépasser pour une meilleure cause. Difficile de motiver un monstre qui avait déjà tout pour lui. Alexis ne demandait pas le pouvoir, ni la richesse, ni le pardon des hautes instances divines. Tout ce qu'il voulait, c'était avoir l'opportunité de faire prouver son point de vue sur la vérité. Cette valeur au prix absolu, comment est-ce qu'elle pouvait résulter de la présence abusive du sang et de l'horreur de la torture physique? La vérité découlait directement de la mort, la mort étant la fin de toutes choses, de toutes ces conceptions de mensonges et d'hypocrisie entassées les unes sur les autres. De ce point de vue, on pouvait presque faire l'affirmation non évidente que le ténébreux était un vertueux de cette grande justice qui souhaitait l'élimination de toutes injustices. Dans le plus beau des mondes, ce serait véritablement vrai mais dù par l'exécution relativement diabolique de ses plans, par les nombreux cadavres qu'il laissait derrière la trainée de son ombre. Un cadeau pour les cimetières, un fléau pour les taux de natalité, cette constance, cette variable, Alexis pouvait l'altérer comme bon lui semblait. Son influence était imposante, sa réputation sans failles, la référence dans le monde criminel. Si seulement tous ces imbéciles le comprenait, dommage que ça ne soit pas proche d'arriver et plus on y repensait, mieux c'était ainsi. On ne connait personne qui souhaiterait se frotter à une armée rampante dans le noir de Alexis Kane.

Silencieux et avançant droit devant dans le paysage de l'horizon, il se doutait peu de la périphérie de sa vision. Après de longues enjambées sans embuches, il y avait un homme à ses cotés, un homme appauvré de toutes les ressources inimaginables. C'était à peine s'il se retrouvait sans vêtements. La seule chose de valeur qu'il pouvait posséder, c'était un petit bocal de métal à l'intérieur duquel l'on pouvait trouver quelques pièces de monnaie. Enfin, c'était rien de suffisant pour s'offrir un repas digne de satisfaire son estomac. Sa présence était misérable et pathétique, peut-être mériterait-il une petite correction du plus grand justicier des ombres. Le reflet de son image physiquement projetée rappelait à Alexis qu'il y a pas si longtemps, c'était lui le sale homme barbu et crasse qui attendait dans son coin que la morte vienne en faire son prochain gâchis. Il aurait cru à l'illusion de la parois d'un miroir, que ce hasard était charmant... L'itinérant regardait le prestigieux homme qui s'arrêtait devant lui et tendait la main en sa direction, la voix faible, la voix tremblante...

Vous avez pas une petite pièce, monsieur? Vous avez l'air d'un homme riche, vous pourriez faire un peu de charité pour votre prochain.

La seconde phrase était probablement un assemblages de mots de trop, en fait, toutes ses paroles auraient pu être évitées pour le bien de sa propre survie. Ne se laissant pas bercer par cette douce histoire de malheur et d'harmonie entre la douleur et le désespoir de vivre ce rythme de vie peu enviable, Alexis s'accroupit juste en avant de cette chose qui le dévisageait avec une peur et un doute devenu certain. S'il croyait que c'était difficile d'être sans ressources, c'est qu'il n'avait pas assez vécu dans les ténèbres, il n'avait pas assez suivi le tracé de son ombre face au destin. Sans compréhension, comment pensait-il s'en sortir? Avec une petite leçon digne de ce nom, il pourrait comprendre ce que c'est de vivre, de rebrousser chemin face à la mort et de l'assimiler comme une intégralité de nos valeurs humains...

Saviez-vous que demander la charité au premier inconnu qui daigne s'aventurer non loin de votre répugnante présence est une des formes évidentes d'un manque de respect et de manière tout en étant l'égoïste idéal pour répondre à ses propres besoins sans se soucier des autres? Qu'est-ce qui vous fait dire que je suis riche et que je renferme une fortune matérielle sans précédents? Un héritage, une lignée de manipulateurs, je ne possède guère ces choses et par conséquent, je ne peux vous les offrir, je ne peux vous partager cette futile association entre le plaisir et l'obsession. Je suis tout aussi pauvre que vous mon cher, je ne possède aucune forme de monnaie et je me balade sans cartes, sans identification, sans opportunité de me faire dépouiller de ma véritable nature. Faux pauvre, vrai riche, voilà qui je suis car cet argent que vous venez me chercher, cette perche qui est tendue devant les nez de chacun d'entre vous, j'ai compris qu'elle ne m'était qu'un obstacle de plus dans mon évolution. Voyez-vous, sale incapable aussi poussiéreux que les tombes ancestrales antiques de la glorieuse Égypte ancienne, l'argent n'est que le moteur de nos propres destructions au travers du monde entier. Partout autour de vous, il y a guerre. Partout autour de vous, des gens meurent pour des sommes d'argent dont vous n'avez même pas idées. L'économie est bien plus puissante que votre volonté de vous tenir debout face à son oppressante pression, vous y avez succombé à cette tentation, comme tous les autres, sans être fiers du minimum que vous aviez. Vous demandez toujours plus, vous requérez une valeur matérielle qui vous a elle-même entrainé dans cet état ultime de solitude et de déchéance et maintenant, vous la réclamez pour qu'elle vienne vous tirer de ce trou sans fond? Vous ne possédez aucune chance de vous y accrocher, sauf si vous portez attention à ce que je vais vous dire. Si l'écoute n'est pas votre spécialité, je ne donne pas chair de votre pauvre métabolisme chancelant dans les prochains instants suivant cette triste révélation bien réelle.

Secouant légèrement la tête comme réponse d'une déception, Alexis approcha la paume de sa pain du regard vitreux de l'homme, à la fois intrigué et effrayé par la suite. Le ténébreux était en fusion continuelle avec l'obscurité de la nuit depuis quelques heures déjà, faire don de son pouvoir ne serait qu'une simple formalité. Avec un simple effort de concentration, une simple dictée mentale, un cube de ténèbres était apparu de nulle part et flottait au-dessus de la main de Alexis. C'était un simple cube qui était suffisement imposant pour tenir dans les doigts d'une main. À qui pouvait-il bien servir, ainsi, face à un homme sans défense? Le loisir de le découvrir ne saurait tarder...

Ce cube représente la vérité dans l'état le plus pur que vous auriez pu jamais imaginé hors de votre petit esprit clos et renfermé sur lui-même. Prenez en soin, ce sera votre seul compagnon jusqu'à la fin de votre parcours.

Laissant le cube s'échapper entre les doigts congelés du pauvre homme, Alexis sourit brièvement et se laissa tomber dans les ténèbres, reprenant ses bonnes vieilles habitudes de déplacement alors qu'il reprenait sa route vers le Shakin' Hand, où il serait probablement attendu? L'itinérant observait le cube avec attention. Ce bloc d'ombres était tout à fait anodin et inoffensif jusqu'au moment que le pauvre décida d'approcher son visage de cette entité ténébreuse. Ce fut une grave erreur mais heureusement, ce fut la dernière...

Devenant flou et inconstant, le cube se déformait petit à petit, les recoins s'étiraient vers l'horizon et quelque chose semblait se former à l'intérieur, comme s'il y avait une vie d'enfermer à l'intérieur de cette prison opaque. L'échappant au sol, terrorisé par cet événement, l'homme n'avait aucune idée de ce qu'il l'attendait. Le cube qui était en pleine ébullition tournait sur lui-même alors que ses fondations n'avaient plus rien de solides, c'était à la fois étrange et menaçant. Malgré tout fasciné par cet objet, l'homme ne prévoyait pas qu'il finirait victime d'une attaque cubique car oui, le cube avait littéralement sauté de son emplacement pour venir s'entourer autour de la nuque et de la tête de l'itinérant, ne lui laissant aucune chance de riposter. Le cube s'était solidifié autour du crâne de sa victime, laissant cette dernière dans l'impossibilité de sortir de cette fâcheuse impasse. C'était un débat fougueux contre la domination des ombres, éviter de sombrer dans les profondeurs, éviter les abysses de nos pleurs, il devait réussir à vaincre cette force mais il était déjà trop tard, Alexis avait gagné d'avance. Un silence, plus aucuns mouvements, pas même une respiration, c'était beaucoup trop suspect comme conclusion. Le cube s'évapora de tous les cotés, se mariant à sa source pour rejoindre son maitre absolu. Si on se rappelle de la constitution corporelle humaine exacte, on peut remarquer une tête montée sur une armature osseuse juste au-dessus des vertèbres cervicales. Qu'est-ce qui arrivait quand cette même tête avait disparue, laissant ainsi à l'air libre une immense plaie circulaire de chair sanglante et de vaisseaux défectueux? C'était la mort, inévitable, vérité suivant le mensonge qu'était depuis le tout début la vie...

Savant parfaitement le triste sort réservé à cet homme, Alexis n'en était pas plus satisfait de savoir qu'une nouvelle utilisation de ses pouvoirs avait fonctionné de la sorte. C'était une tentative purement expérimentale qui n'avait demandé aucune pratique. Ce serait surement beaucoup plus ardu de la reproduire avec exactitude. Mais trêve d'obscurité, le ténébreux arriva enfin à destination, ce bar miteux et délabré qui suivait l'image de son environnement, c'est-à-dire un ramassis de ruines servant comme détritus architectural presque honteux. Pénétrant à l'intérieur à toute vitesse, l'ombre qu'il était rampait habilement sur le plancher craquant sous les bruyants pas de Edmond Van Buren, ce magnétiste émotionnel qui possédait un potentiel de destruction incroyablement élevé. Si seulement il savait se calmer, mais c'était probablement ce qui faisait de lui un être unique. Dans un autre coin, il y avait Rick Baneson, cette maladie vivante qui semblait pensive, réfléchie, songeuse. À la recherche d'un plan de domination mondiale peut-être? Nul doute que l'implication de Alexis à cette cause serait appréciée. Choisissant parfaitement son moment, il sortit avec grâce hors de son sombre refuge, tout juste sur le coté de la fenêtre et y prit place comme point d'appui. Croisant les bras sur son torse, il écoutait les dires du bostonien qui était dans l'interrogation la plus totale. C'était étrange comme réflexion qu'il émettait, c'est probablement pourquoi le ténébreux se sentait obligé d'interagir dans tout son calme assurant qui constituait une bonne partie de sa si jolie et appréciée personnalité...

Aussi puissant et aussi volontaire que cet homme voudrait l'être, jamais il ne pourrait arrêter à lui seul la chute du monde vers ses épaules de fer. Pensez aussi à une chose qui aurait pu vous échapper lors de vos pensées, les armes de fer et de métal ne sont pas les seules armes dignes d'être utilisées dans ce monde. Beaucoup d'autres alternatives d'offensives s'offrent à ce peuple qui n'aura aucune hésitation à se redresser face à cette tentative pourtant juste et équitable de s'emparer d'une liberté fièrement acquise. Nous ignorons nos adversaires, nous n'avons aucune idée des imbéciles aux pouvoirs qui tomberont devant nos pieds. Je ne dis pas de les sous-estimer car ils finiront malgré tout comme décoration cadavrique pour les festivals routiers mais il faut savoir être prévoyant, il faut savoir se servir de notre tête plutôt que de notre force physique. Même le plus costaud des vilains ne saurait vaincre le plus stratégique des peureux, il faut penser, réfléchir, analyser, il faut aller au-delà de ce à quoi est habitué l'humain moyen. La plupart n'auront aucune idée de quoi on est capables mais certains connaissent notre passé, je parle pour nous Rick. Si on veut s'assurer d'être à la fois efficace et discret, nous devons agir dans cette direction. Cette route sera longue, cahoteuse, mais le résultat sera plus glorifiant que toute réussite victorieuse accessible à l'humanité.

On dira ce qu'on voudra de cette créature mais Alexis savait être intelligent et stratagème à ses heures. L'élaboration tactique n'était pas ce qu'il préférait, lui adoptant plutôt un style très exécutif et d'un impact aux répercussions nombreuses. Tirant une chaise avec le bout de son pied, il y prit place silencieusement avant d'appuyer ses mains sur la table, les yeux légèrement plissés, l'esprit brouillé...

Il est toujours plus facile d'imaginer des résultats que d'y parvenir, nous en sommes toujours au même point de départ, aucun avancement, aucun recul, seulement une position statique nous laissant perplexes face à ce trouble imprévu. Pensez à cette fabulation, comment est-ce que l'on pourrait bien faire pour être un symbole de résistance et d'indestructibilité? Je veux bien croire que vous êtes encore accrochés à des rêves d'une utopie fantasmatique mais n'allez pas plus loin que la vérité de la réalité peut vous le permettre, ne croyez pas à tous ces mensonges et réfléchissez donc en une solution qui serait d'une portée d'atteinte déjà plus raisonnable. Loin du fait de doutez de vos intentions, je souhaite m'assurer que l'on puisse opérer dans la plus grande précision sans trébucher sur des erreurs que l'on aurait lamentablement oubliés. Ne soyons pas comme eux et restons dans la perfection.

Est-ce que Alexis croyait simplement à tout ce qu'il racontait?

Entre les ténèbres et les maladies, il ne pouvait faire son choix, il ignorait totalement ses préférences ou ses peurs fondées. Une si grande différence entre deux individus sur certains points identiques et pourtant, Edmond n'arrivait pas à comprendre ce que ces hommes pouvaient penser par moments. Entre le doute et le questionnement de Rick, et les insensés discours psychologiques de Alexis, il y avait de quoi à se perdre dans la confusion la plus totale. De quoi perdre totalement la route, de se laisser emporter car cette folie si enivrante mais si jamais Edmond laissait cette émotion prendre le-dessus, il démontrerait une faiblesse évidente et faire honte à des monuments aussi imposants que ces deux hommes seraient une bonne façon pour lui de se faire rejeter. Avec toute son attention, il écoutait ce que Rick et Alexis disait concernant les capacités du magnétiste. De plus, ils cherchaient un moyen de flirter avec l'immortalité. C'était pas trop en demander au destin de l'histoire? Et puis comment est-ce que ça serait simplement possible d'accéder à cette idée? L'homme de fer ne croyait pas que cela arriverait mais avec des ambitions aussi démesurées, tout devenait soudainement réalisable. Déposant violemment sa bouteille de whisky sur la table, il évacua hors de ses cordes vocales un charmant rôt qui démontrait toute sa classe et ses bonnes manières. Se relevant de sa chaise, il secoua un peu ses jambes avant de s'exprimer sans aucune retenue.

Simplement en étant vivant dans cet univers de détraqués et de fous, je cours le plus grand risque possible! Ne soyez pas si incertains et ne doutez pas de mes nombreuses capacités, je pourrais fracturer un char d'assaut en morceaux si je le voulais! Et les balles de fusils, c'est un véritable bonbon pour mon pouvoir, vous n'avez pas idée à quel point je pourrais m'amuser avec une pluie de projectiles se dirigeant pour mettre un terme à mon existence, comme si c'était possible, quel futile essai ce serait quand même! Les autres armes, ne me fait pas rire, l'humain est beaucoup trop imbécile pour élargir ses horizons et tenter de nouvelles découvertes sur une menace grandissante. Depuis des années, les armes à feu sont une preuve de fidélité mais de facilité pour tous les incapables qui ne savent guère se faire pratiquant d'un quelconque art de combat digne de ce nom. Avouez qu'il n'y a rien de mieux qu'une bonne baston aux poings entre deux hommes qui feraient tout pour détruire leur ennemi, il n'y a rien de plus véritable comme affrontement, rien de plus virile, rien de plus masculin! Mais non, ils préfèrent se cacher derrière un petit bout de métal qui détonne dans toute la ville et qui abat au premier coup sans se laisser une possibilité de se faire contrer! Ça me dégoute, ça me dégoute, je vais leur apprendre ce que c'est d'agir en homme fier de se battre pour sa propre survie!

Respirant bruyamment, Edmond brusqua sa main vers sa bouteille de whisky pour en prendre une immense gorgée, la vidant presque à moitié tellement l'émotion du moment lui avait donné soif. Dans un habile mouvement circulaire du bras, il la lança avec force contre le mur, ne laissant aucune chance à la bouteille qui se fracassa en miettes sur le sol. Dire qu'il n'avait pas fini son intervention...

Je ne critique en rien vos méthodes, monsieur Kane, mais pour une fois, l'humanité aurait besoin de quelques artifices, un coup d'éclat tellement éclatant et imprévu qu'elle en serait estomaquée devant la grandeur de nos actes! Pourquoi tout faire dans la discrétion, dans l'ombre, alors que le spectacle ne fait que commencer? J'ignore comment vous penser agir, j'ignore même ce que vous vous dites à mon sujet, vous qui êtes si calme et si détendu alors que l'occasion du destine se trace devant nous mais je peux vous assurer que aucunes armes dans ce monde pourra m'empêcher d'aller jusqu'au bout de la route! Sans cesses, je me relèverai pour accomplir le travail qui m'est dû, dites moi qui d'autre dans ce monde peut se vanter de faire place à cette loyauté qui défit toutes les lois de l'inimaginable? Jamais vous n'aurez quelqu'un de plus dévoué que moi pour votre cause, et si jamais vous en doutez, c'est que vous n'êtes pas prêt à faire face à la vérité!

Soupirant durement, Edmond se laissa tomber de nouveau sur la chaise alors que son cœur et son esprit était en complète ébullition. On savait qu'il était énergie et émotionnel mais à ce point, c'était du jamais vu. Le choix de Rick sur le cas du magnétiste avait été très judicieux et risqué mais c'était un calcul qui rapporterait beaucoup au bout du compte. Dès que son mécanisme de parole était enclenché, seul lui-même pouvait l'arrêter et ce n'était pas prêt d'arriver car il semblait en avoir encore une bonne trainée à dire...

Être invincibles, être indestructibles, ce serait extraordinaire! Imaginez tout ce qu'on pourrait faire, ça en devient presque jouissif. Mais non! Le destin nous a oublié et a préféré donner ce pouvoir à une autre personne, j'en suis dégouté, c'est un véritable affront à notre personnalité. Pourquoi est-ce que cette idiote de Claire peut se permettre de dresser contre toutes les offensives possibles, qu'est-ce qu'elle a fait pour mériter ça bon sens! Je parle d'une véritable injustice qui mérite largement d'être punie! Vous savez ce qu'on pourrait faire? On lui vole son pouvoir!

Racontait-il simplement ses propres délires ou était-ce le reflet de quelque chose qui serait accomplis?

Le doute est une faiblesse qu’aucun être humain ne peut se permettre s’il veut pouvoir un jour atteindre la réussite. Une simple hésitation peut être la seconde qui fait la différence entre la plus éclatante des victoires et la plus cuisante des défaites. Rick savait aussi que la hâte pouvait aussi mener à de tels résultats, et chaque prise de décisions était alors mise en question. Se fier à l’instinct ou planifier en ses moindres détails? Un dilemme qui frappait tout les stratèges et leaders à travers l’histoire. Mais Rick s’était donné cette responsabilité, et il devait maintenant vivre avec la gloire de la réussite de son groupe, ou mourir dans la honte de voir ses espoirs réduits à néant par ses erreurs.

Le Bostonien leva un œil vers Alexis lorsque celui-ci mit certains faits en évidence. Les autres… Ces infidèles, ces imbéciles! Incapables de comprendre que l’évolution fait son chemin, et que les êtres spéciaux possédant des capacités en sont le résultat. Pourquoi vouloir ralentir ce qui est pourtant évident? Si tout les spéciaux s’allieraient sous une seule bannière d’indépendance et de puissance par rapport au simples mortels, ils pourraient atteindre des sommets d’influences jamais connu par un seul groupe dans le monde. Malheureusement, ils étaient divisés, pire même, certains s’opposeraient au groupe de Rick. Pourtant, le Maître des Virus ne souhaitait que le bien pour les siens. Apparemment, ils ne possédaient pas son bon sens, et il faudrait leur montrer que ceux qui ne se battaient pas de son coté seraient contre lui et en paierait le prix. Chèrement…

« Écoute Alexis, c’est évident que nous faisons face à un moment nécessitant la plus grande planification possible. Chaque détail est d’une importance capitale. Nous possédons une chance que très peu peuvent connaître : la surprise. Nous pourrons frapper où nous voudrons, quand nous voudrons. À partir de ce moment, il faudra miser sur notre influence à travers le monde, donc la symbolique et la force de notre frappe. Il ne faudra pas nous tromper, car sinon, nos plans pourraient n’avoir que l’effet de pétards mouillés. Je sais déjà où et quand agir, mais notre image d’imperméabilité ne nous sera que des plus favorables. »

Puis Edmond intervint. Ses paroles étaient très intéressantes et représentaient en général les idées de Rick. Quelque chose d’explosif, d’impressionnant, quelque chose qui fera frémir et frissonner les habitants du monde entier. C’était exactement ce qu’il souhaitait, et même si Alexis voulait se tourner vers une approche plus discrète, une approche dans l’ombre, hors des regards, il pencherait pour l’option du magnétiste. Mais il restait tout de même coincé avec le même problème : il lui fallait trouver quelque chose pour imperméabiliser son groupe, le rendre intouchable. Ils leur étaient nécessaires de passer à l’histoire aux yeux de tous comme étant ceux qui ne pouvait être arrêtés. Puis, comme un enfant ne réalisant pas l’ampleur de ses paroles, Edmond parla d’une certaine Claire possédant l’invincibilité comme capacité. Un sourire satisfait s’afficha sur le visage de Rick. Il venait de trouver comment ils allaient devenir indestructibles. Ses études chez Pinehearst l’avaient mené à quelques découvertes intéressantes sur la régénération cellulaire, dont le fait que cette capacité pouvait être transmise via le sang. En bref, le sang d’un immortel agissait comme immunisant universel. D’une voix beaucoup plus chaleureuse, le Maître des Virus s’adressa à Edmond.

« Edmond, mon cher Edmond, dis moi, cette idiote de Claire, que sais-tu sur elle? Parce que je t’affirme que si jamais on réussit à la retrouver, nous seront alors dans la capacité de s’approprier son invulnérabilité… »

Dans les ténèbres, il ne faisait qu'un avec son univers éternel depuis son arrivée dans l'évolution. Hors des ombres, incompris et illogique, il était seul, errant pour lui-même en suivant les traces de l'obscurité sans jamais se retourner, sans jamais regarder vers les souvenirs du passé. Seul, il avait plus de passion qu'un regroupement de cœurs affaiblis. Seul, il était sans larmes, morale et tristesse absentes, inutiles à l'avancement du noir sur blanc. Seul, il avait la puissance, liberté de penser, de réfléchir et d'analyser comme seul bon lui semblait. Seul, il n'avait aucunement le besoin de se fier aux infidèles, aux aveugles, aux ignorants. Seul, en toute discrétion, bien camouflée, redoutablement caché, une exécution aussi meurtrière que inattendue, c'en était sa marque de commerce. Seul, il pouvait perfectionner son art dans toues ses facettes les plus obscures, les plus reculées, les plus insoupçonnées. Seul, jamais avec le doute ou la confusion ne le suivait. Seul, dans toute son efficacité il était, dominant il serait, vainqueur il deviendrait. Seul, on pouvait le constater, il était condamné à rester. Pourquoi alors est-ce que Alexis se retrouvait accompagné de deux hommes qui étaient contraires à tous les principes qu'il avait pour toujours adulé comme étant les seuls véritables moteurs d'une dévotion que personne ne pouvait comprendre. C'était l'évidence éclatée, le ténébreux possédait les mécanismes pour construire le plan le plus complexe et le plus discret qui soit. Le problème, l'obstacle, c'est que ça ne plaisait pas à tout le monde...

Il savait lire dans les regards, depuis toujours, il sondait les âmes à la recherche de la plus pure des intentions. C'était exactement ce qu'il faisait alors que Rick répliquait aimablement à ses précédents discours. Ce cher salopard bostonien souhaitait faire les choses en grand, tel un spectacle, une mise en scène colorée et explosive, un peu comme cet inconscient de Edmond souhaitait le faire. Cet imbécile croyait à tort qu'il fallait se montrer aux yeux de l'humanité pour être efficace et véritable. C'était un ordre de pensées qui dérangeaient quelque peu beaucoup le Prince, n'étant pas dans l'habituel avec la collaboration d'un être de de genre. Toutefois, son esprit divaguant lui permis de faire un point sur une alternative qui était des plus palpitantes à exploiter: Claire Bennet. Le groupe pourrait décider de la capturer et d'utiliser son sang comme catalyseur d'immortalité pouvant se transmettre d'individus en individus sans jamais en atténuer les effets recherchés. Pour une fois, la boule d'émotion avait su trouvé un point qui était valable d'être mentionné. Pourrait-on en faire quelque chose de potable? N'ouvrant guère sa trappe vocale pour s'exprimer face aux idées évoquées, Alexis restait silencieux et pensif. Réfléchissant pour lui-même, il cherchait une solution, un compromis pour que tous puissent y trouver son compte. Dans son calme omniprésent, il avait soulevé l'impatience de Edmond qui le dévisageait avec insistance. Le ténébreux traçait un petit sourire sur ses lèvres, sachant que ce cher magnétiste ne le comprenait nullement pas...

S'étirant le bras droit vers le sol, il ramassa avec le bout de ses doigts sans se blesser un des morceaux du verre balancé par la colère de l'homme de fer. De forme incongrue, inconstante, imprécise, c'était qu'un simple bout de verre aux coins pointus et acérés. L'observant dans toute son attention, Alexis fronçait légèrement les sourcils alors qu'il frottait légèrement le bout de son doigt sur le coté lacérant de l'objet. Étrange analogie qu'il exécutait, et pourtant, ça voulait tout dire sur ce qu'il souhaitait révéler bien calmement, bien confiant, au grand malheur de Edmond qui rêvait de le voir un jour péter les plombs...

Juste et réelle est votre jugement sur votre présence dans ce monde, cher Edmond. Prestance contre l'évidence, serez-vous capable de faire face à la menace qui s'apprête à déferler sur votre visage exténué par les manifestations insensées de vos émotions? Fier monument que vous êtes, je ne doute pas de votre capacité à vouloir tout arrête, seulement, la prévoyance et la précaution seront des armes bien plus importantes dans ce combat à posséder face aux assauts de nos ennemis. Leur apprendre une leçon sur la fierté de l'humanité serait le meilleur moyen de leur faire comprendre qu'il est beaucoup trop tard pour récupérer sur leurs erreurs déjà commises, imprenables, irréparables. Vos méthodes demandent qu'on les étudie avec soin pour qu'elles s'avèrent aussi explosives que l'on souhaite. Serez-vous un bon professeur pour cette classe d'étudiants qui ne suivent pas le déroulement des cours? Je n'ai pas à vous suivre, je n'ai pas à vous remettre sur le droit chemin car vous suivez un idéal primaire que je rejoins avec autant de ferveur, sans avoir le même parcours. Tachez toutefois de savoir ce que vous faites, d'être certain de vos actions, d'être persuadé de vos agissements, je n'aurai pas la volonté de vous suivre telle une ombre rampante en se sauvant du désespoir pour vous corriger de votre trébuchement. Soyez convaincu de cette conclusion imaginée, vous serez intraitable. Tel un train en marche, vous déferlerez sur les rails, détruisant toutes les structures en place pour vous frayer un chemin vers la perfection. Long discours pour vous donner mon accord quant à vos méthodes que je le considèrerai toujours comme douteuses, j'en conviens, mais vous savez...

Se servant comme modèle de son morceau de verre récupéré, Alexis laissa les ombres faire leur tour d'horizon. De nulle part, apparaissait une petite plaque noire de ténèbres bien présents qui tomba sur le dessus de la table. Parfaitement rectangulaire, elle n'avait aucuns défauts, aucune impureté, aussi étincelante que le plus pur des diamants perdus. Pourquoi ce petit objet, pourquoi l'avoir créer sans avertissement? Un objectif, un but précis lui était réservé et c'était dans les plans du ténébreux d'en dévoiler à ses collègues sa charmante utilité. Le silence était lourd et pesant, alors que seule l'obscurité avait le droit de parole. Doucement, la plaquette s'étirait sur le sens de la longueur pour prendre plus d'ampleur avoisinant le tiers d'un mètre, si imposant que Edmond eut le réflexe direct de se reculer pour éviter à devoir côtoyer l'inconnu de l'incertitude. Alors que le processus était arrêté, immobilisé, le magnétiste ne put s'empêcher de prendre dans ses mains la grande plaquette de ténèbres qu'il observait avec une fascination remarquable. Jamais il n'avait été témoin d'une solidité matérielle aussi particulière, aussi unique. Croisant bien calmement ses bras sur sa cage thoracique, il observait la réaction de Edmond, satisfait de cette tournure des événements, bien qu'il ne le démontrait aucunement dans son regard ou ses futurs mots présentés...

Vous me demandiez pourquoi continuer à se fier aux ténèbres alors que le monde mérite que l'on secoue sa précieuse cage? Notre parcours criminel est tout à fait différent, Edmond. Vous êtes l'homme le plus enflammé que l'on peut rencontrer alors que je suis l'incarnation du calme et de la solitude confiante dans le silence. Savez-vous simplement pourquoi? Pouvoirs respectifs, capacités uniques, destins différents, destinée identique. J'ai été élevé en tant qu'homme devant tout faire à l'abri pour ne pas briser ce voile tissé autour de mes propres perceptions. J'étais aveugle au commencement, aveuglé par cette sombre vérité qui m'aille été confié. Sans les ténèbres, je me dirigeais tout droit vers une impasse humanitaire. Sans les ténèbres, toute ma vue aurait été futile, désuète, ne méritant que la fin prématurée de cette dernière. Sans les ténèbres, qui sait ce que je serais devenu aujourd'hui, probablement un autre de ces automates programmés et contrôlés par les normes de notre société axée à la fois sur la naïveté et la consommation. Les ténèbres, sauveur de ma descente vers l'oubli, la faiblesse, le désespoir, ils sont venus à ma rescousse. Avec les ténèbres, je suis devenu une identité à part entière détachée. Avec les ténèbres, j'ai su me réveiller de ce long cauchemar dans lequel j'étais emprisonné depuis l'instant même de ma naissance. Je dois tout à l'obscurité, Edmond, je lui dois ma vie alors que je lui sers la mort sur un plateau d'argent. Ce plateau, discrétion, perfectionnisme, je l'ai construit à l'image de ce que sont les ténèbres, à l'image de leur nature et de leur toute entière constitution pour leur faire honneur, pour démontrer la fierté que j'en tire, le prestige que j'ai développé autour de ma prestance pour me faire plus menaçant que possible. Je vous évoque ombre, cela vous évoque discrétion, silence, meurtre préparé et médité. Tout est nettoyé, le résultat est effacé, personne n'en a jamais été conscient, le doute est semé, il grandit au fur et à mesure que le temps se déroule. Voir la peur se frayer elle-même un chemin sans qu'elle explose au départ tout ce qui se trouve devant elle, je trouve ça d'un charme presque fascinant. Je lui rend la place qu'elle doit occupée, l'obscurité est éternelle depuis le début des temps et le sera jusqu'à la fin de mon époque. Je ne fais que m'assurer que son trône est préservé intact. Voilà mon spectacle, ma mise en scène, non pas selon mes rêves mais bien selon cette réalité que l'on ne peut percevoir sous la lumière du jour.

Claquant brièvement des doigts, sa récente création matérielle se dissipa en l'espace d'un rapide clin d'œil, laissant un Edmond à la fois interrogatif et perplexe face au dénouement de leur contradiction morale. Le laissant à ses émotions, le regard de Alexis se tourna vers celui de Rick. Il savait à quoi s'attendait ce dernier, c'est pourquoi le ténébreux n'attendait pas pour faire part de sa petite suggestion sur leur possibilité de récupérer la jeune Claire...

Retrouver Claire serait l'option la plus logique qui nous est offert. Cependant, je vous proposes ceci, écoutez moi bien, c'est tout simple et ce sera terriblement efficace. Nous savons déjà que l'attaquer ne servait à rien si ce n'est que de renforcer ses possibilités de suite. Imaginer qu'on la prenne par surprise, que rien ne lui soit avertit, que tout se déroule sans que personne puisse avoir conaissance de la nature de nos actes. Voile de ténèbres, voile d'ombre, obscurci, noir et inconnu , ce serait un avantage des plus convaincants pour nous. Personne ne saurait qui ni pourquoi cette Claire serait disparue du décor. L'effet de surprise pour la suite est encore plus grand, chaine d'évènements seulement possible si je m'occupe personnellement de sa capture. Tout serait si aisé, si facile, tel un prédateur en chasse, tel un terrain se pliant à ma merci et à ma seule volonté, je pourrais nous conduire un pas de plus vers l'absolution de la liberté totale. Qui d'autre en serait capable avec autant d'effets? Une fois cet accomplissement réalisé, vous n'aurez plus qu'à fabriquer de toutes pièces, sans moralité suivant votre propre mentalité, ce fabuleux spectacle dont vous parlez avec tant de passion. Ce n'est pas la force des ténèbres qui vous arrêtera au milieu du chemin je peux vous le garantir. Anges de la mort ou démon de la vérité, que sommes-nous, à quelle race nous appartenons? Je me range dans les rangs des abominations les plus cruelles de notre histoire. Je sais pas pour vous mais avec le temps, on finit par s'y habituer et trouver le qualificatif représentatif, voir flatteur.

Même le mot abomination était devenu faible pour bien représenter tout le personnage unique qu'était Alexis Kane...

Est-ce que être plus âgé que la moyenne des participants nous donnait une expérience acquise? Aucunement et c'est ce qui frustrait le plus Edmond Van Buren en cette charmante réunion avec ses collègues de liberté. Aux cotés de Alexis Kane particulièrement, ce salopard des ténèbres, il avait des airs de débutant dans le métier qui ne savait nullement comment agir. Cette simple pensée le rendait malade, le simple fait de savoir qu'un petit jeune de la génération suivante pourrait s'affirmer avec autant de confiance et d'assurance. Le ténébreux s'exprimait avec tant de talent et de maitrise vocal, c'en était impressionnant mais c'était suffisant pour soulever les passions chez notre gentil magnétiste. Que pouvait-il bien faire pour se montrer de taille à côtoyer ce genre d'individus? Quels mots choisis pourraient être prononcés avec autant d'efficacité comme s'ils étaient issus du millieu des ombres et des ténèbres? Sa langue ne se déliait pas avec autant de monstruosité et de défiance de la réalité que celle de la créature de l'obscurité, recette idéale, mélange parfait, il ne pouvait reproduire cet aspect unique de Alexis. Discours fracassant, comment est-ce que Edmond pouvait réagir? À quoi s'attendait Alexis? Il savait à qui il s'adressait et le magnétiste le savait tout autant. Ne pouvant se permettre de s'évader dans une sombre colère le guidant dans un danger évident, il devait s'en remettre au silence et à l'écoute d'une parole légèrement contradictoire. Ce n'était pas le fort de Edmond de réfléchir, c'est pourquoi il décidait de parler à son tour avec une légère pointe d'agressivité dans sa teinte de voix. Après tout, il ne laisserait pas Alexis s'emparer de la victoire avec autant de facilité. Sans être aussi majestueux, il lui restait bien une once de fierté...

Vous croyez tellement dur comme fer qu'exprimer ses émotions est une faiblesse évidente, sachez aussi que vous avez tort sur ma personne en pensant que je les laisserai m'affecter aussi lamentablement, mr. Kane! Ces émotions, elles font ma force, ma puissance redoutable qui fait trembler les ennemis dans leurs pantalons trop serrés! Pensez-y un peu, si je me mets à réfléchir et à tout prévoir pour éviter les surprises, je perdrai le temps consacré à déferler mes nombreuses frustrations sur les champs du monde qui s'offrent à nous dans tout leur néant! Le monde est vide, seigneur Kane, je le remplis à ma façon, où est le problème si le tout résulte à la réalisation de l'ultime vérité, que le monde n'est pas parfait et qu'il ne l'a jamais été? Je ne serais pas prudent, ni prévoyant, les yeux voilés, je vous assure que je foncerai sans même regarder vers l'avant ou l'arrière. Vous savez comment est-ce qu'on appelle cette préparation? Du dévouement et vous êtes tellement obsédé à tout faire à votre image que vous oubliez que l'essentiel, c'est d'agir, pas de parler et d'imager verbalement ce que vous souhaitez poser en action! Si votre parole est votre arme, ma loyauté sera la mienne, et elle sera tout aussi meurtrière, je vous le garantis de nouveau, rien ne m'arrêtera! Vous aviez raison, aucune nécessité de me surveiller tel un bambin dans un jardin d'enfants, différents parcours, même destination, vous l'avez dit vous-même mon cher, vous en donnez votre accord! Je vous donne aussi le mien quant à votre préparation plus assidue et complexe, je ne me mettrai jamais comme un obstacle devant vous, tachez d'en faire de même sans quoi vous pourriez être facilement éparpillé en morceaux aux quatre coins des sphères du vent. Je parle, je parle, vous deviez bien avoir compris j'en suis certain!

Se levant soudainement, il se mettait à rire en brandissant une fourchette vers les cieux, tel un roi qui brandissait sa fidèle épée pour défendre avec ferveur son propre royaume. Peu importe ce que pourrait dire le ténébreux, peu importe la façon il aurait de répliquer au magnétiste, Edmond savait ce qu'il voulait. Il voulait un spectacle, du métal ardent se frayant un chemin dans tous les sens, des cris humains déchirant l'innocence, des cadavres s'empilant pour défrayer des rivières de sang et de lamentation. Ce serait sans aucuns doutes d'une magnifique beauté que personne ne pourrait nier, il en ferait parti des acteurs principaux de ce futur film se produisant pour les yeux de tous. Ne pouvant tenir debout, il marchait lourdement entre les différents tables, faisant parfois tomber quelques chaises au passage. Il écoutait le ténébreux avec une attention particulière lorsque celui-ci discutait des possibilités pour la capture de la jeune Bennett. Il ne pouvait le nier, Alexis était le candidat idéal pour accomplir cette importante mission destinée à la plus grande des réussite. Que de bonnes idées il avait, pourtant, il manquait une petite touche de métal dans tout ça...

Frappant dans ses mains avec une vivacité hors du commun, Edmond se précipita vers la table de ses deux acolytes faisant presque basculer la table au passage. Impossible de le garder en place, c'était une véritable bombe à retardement...

Les ténèbres captureront Claire, je suis d'accord la-dessus, d'ailleurs, je risquerais de la noyer dans l'océan si je devais supporter sa présence une seule minute de plus. Sale enfant gâtée qui n'a aucune estime de la vie, pour qui elle se prend! Madame se croit tellement supérieure parce qu'elle est à l'abri la mort! Tant mieux pour elle, elle pourra être ainsi éternellement témoin des horreurs que l'humanité s'envoie contre elle-même, c'est bien tout ce qu'elle mérite! Petite imbécile, elle n'a aucune idée de ce qui va lui arriver et c'est ici que j'applique mon propre épice pour se donner un meilleur élan dans notre lancée! On fait une diversion, c'est simple, on s'assure que toutes les personnes propices à aider Claire si elle est en danger soient déviés vers une autre source de distraction quelconque, peu importe ce qu'elle est, peu importe qui la met en marche! Imaginez, disons que moi et Rick, ou simplement un des deux, décident d'attirer la panoplie des petites marionnettes avec lesquelles on va s'amuser, Claire devient aussi vulnérable et sensible à tomber dans les mauvaises griffes. On peut imaginer le pire et qu'il pourrait avoir un petit comité d'accueil ayant entouré Claire mais je crois que notre Alexis national en a vu d'autres et qu'il saura faire face à la musique sans broncher! Professionnel comme il est, je ne doute aucunement de son efficacité sur le terrain, et paf! Claire est emportée par les ténèbres, elle est à notre merci et on pourra en faire ce que l'on veut. L'idéal serait de l'enfermer pour éviter qu'elle s'échappe, j'ignore si vous avez une solution pour ça mais c'est ici que je bloque. Toutefois, plus j'y repense, plus je me dis que Rick devrait faire la diversion. Pourquoi? Parce que je serai parti me déchainer dans les quartiers de la ville! Attention à vos métaux, mr. Van Buren ne vous fera pas de cadeaux.

Au moment où le magnétiste souleva son regard vers la porte, on pouvait constater que sous-estimer la puissance de son pouvoir était une très mauvaise chose à faire. Le cadre et la structure qui soutenait de la porte, qui était fait d'acier, venait tout juste d'éclater en une avalanche de miettes qui s'éparpillait sur le plancher du bar miteux. Du coup, la porte de poids fut déchiqueté à son tour sous la force de l'impact provoqué par un effet de chaîne. Si il laissait la colère s'emparer de tous ses sens, Edmond Van Buren pouvait être l'adversaire le plus redoutable à affronter. Jeter le à terre, il se relèvera sans cesses jusqu'à ce que victoire lui soit acquise. Se dirigeant vers les restants de la porte, l'allemand se retourna vers ses deux accolytes avec un sourire convaincu sur les lèvres. Confiant vous dites?

Petite note à vous, Rick, mon portable est ouvert, appelez moi quand vous voulez, je serai prêt!

Et il se mit à courir rapidement dans une direction complètement aléatoire avec la seule intention de laisser son cœur parler avec vigueur...

Au final, toutes les pièces de ce puzzle semblaient tomber en place d’elles-seules. Non, pas d’elles-seules, mais l’aisance avec laquelle Rick parvenait à les juxtaposer transformait cette pratique en un automatisme. Il n’avait même pas à aller chercher les informations lui-même, elles venaient à lui sans qu’il ne débourse le moindre effort. Il avait un problème, Edmond lui avait fournis la piste pour trouver la solution. Il ne restait plus qu’à mettre la machine en marche, et tout serait prêt pour le spectacle final!

Apparemment, les deux acolytes ne semblaient pas avoir une même vision de la méthode à utiliser pour parvenir aux résultats utopiques que les Sons of Liberty avaient en vu. Fidel à lui-même, Alexis préférait la voie de la discrétion, comme à l’époque des capes et couteaux. Il était de ceux qui croyaient que les changements les plus ultimes se déroulent en coulisses, alors que personne n’est témoin de la majorité du travail accompli, ceux qui préféraient faire poignarder le roi par un de ses courtisans plutôt que de lui déclarer la guerre. Une méthode très utile lorsqu’utilisée au bon moment. Edmond prônait l’inverse : la frappe bruyante, violente, brutale et sanguinaire, celle qui effraie autant qu’elle cause du dommage. Un peu comme Edmond justement. Deux méthodes, deux hommes un seul but commun. Cependant, l’approche est parfois plus importante que le but, et Rick devait trancher. Entre les tirades des deux protagonistes, il regarda Alexis de façon très sérieuse.

« Écoutez, vous deux. Vos méthodes sont totalement à l’opposé l’une de l’autre. Est-ce nécessairement un problème? Faut-il nécessairement qu’il en existe une meilleure? Pour notre entrée en jeu, il nous faudra marquer les esprits, ce qui est plus aisé lorsque la populace peut voir à quel point nous avons la capacité de faire ce que l’on veut, choses plus faciles lorsque les grandes lignes de nos opérations ne se déroulent pas dans la discrétion la plus totale. C’est pourquoi nous allons frapper là où ça fait mal, et de façon à ce que ça se sache. »

Venait le cas Claire. Déjà, Rick savait qui ferait quoi par la suite. Chaque membre de l’organisation avait les compétences pour remplir un rôle précis.

« Pour ce qui est de Claire, tu t’en chargeras, Alexis. Tu as accès à toutes les ressources humaines nécessaire, tant que le travail est fait au plus tôt. Pour le reste, carte blanche. Fais-toi plaisir. Lorsque tu l’auras kidnappée, préviens-moi. J’aimerais bien lui expliquer à quoi elle va servir. Personnellement, je vais m’occuper de recruter d’autres membres. J’ai quelques noms en tête, et je ne veux prendre aucun risque quant à la quantité de nos effectifs. »

Edmond salua le Maître des Virus avant de quitter en presse, laissant ce dernier seul avec Alexis. Rick se retourna vers le Ténébreux.

«Alexis, laisse le allez. Son tempérament d’exaspère, mais tu trouveras que vous êtes complémentaire l’un à l’autre. Et pour Claire, fais rapidement. Nous avons besoin d’elle au plus tôt. »

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