Une vie bien monotone

Minuit sonnait au loin, annoncé par le son d'un clocher au loin, a peine éclairé par la lueur de la Lune haute dans le ciel étoilé. L'endroit semblait ancien, et la batîsse qui se dressait sur la colline avait été usée par le temps. Une vieille maison en bois, à moitié mangée par les termites et autres bestioles du genre et qui semblait dominer la plaine aride en contrebas. Les fenêtres étaient brisées, les volet crissaient et tout autour la végetation mourante se mouvait au gré du léger vent qui s'était levé. S'avançant lentement et d'un pas lourd, Ethan traversa le jardin, marchant sur les dalles de pierre qui servaient d'allée, et qui au fil du temps avaient été recouverte d'herbes en tout genre. Il ignorait où il était, mais il savait qu'il était déjà venu et se senter irrésistiblement attiré par l'endroit. Sur le pas de la porte, des pots de fleur brisés et de la terre étaient répandus sur le sol. Il posa sa main sur la poignet d'or de la porte et entra. Il était dans les couloirs de la Compagny et l'obscurité l'entourait. Une odeur nauséabonde se dégageait du sol, et les murs maculés de sang étaient humide, et l'eau coulait lentement sur les paroi, emportant avec elle ce liquide rouge qui les tapissait. Alors qu'il avançait prudemment, il sentait le vent froid dans son dos, mais quand il se retourna, la porte avait disparue. Ne pouvant que continuer son chemin, il s'enfonça encore dans le couloir, ses pieds s'empêtrant dans les flaques de sang et d'eau. Soudain, alors que ses yeux s'habituaient à l'absence de lumière, il aperçut, couchés sur le sol, les corps de ses anciens collègues, défigurés, grillés et n'ayant plus aucune ressemblance avec des êtres humains. Leurs visages déformés par la douleur et la peur fixaient de leurs regards accusateur Ethan, mais ce dernier n'avait pas peur. En réalité, il n'avait pas eu peur depuis qu'il était entré, comme s'il était indifférent à tout ce qui l'entourait. Enjambant les cadavres, il sentait les doigts craquer quand ses pieds se posaient sur les mains trainant sur le sol mais continuait à avancer, encore et toujours. Arrivé à une intersection, un homme était littéralement cloué au mur, la terreur marquée sur son visage. Relevant un peu la tête, l'ancien agent de la Compagny pointa son doigt sur l'homme, et alors qu'il l'effleurait, ce dernier se mit à fondre, et alors que son corps disparaissait, une inscription faite de sa chair et de son sang apparaissait : '' Traitre ''. Pendant un moment, Ethan resta là à contempler ce mot accusateur, puis il regarda autour de lui. Il aurait pu aller à droite, mais il savait que ce n'était pas là qu'il devait se rendre et que le chemin qu'il devait emprunter était celui de gauche. Il se mit alors à courir, car il savait qu'il était tout près du but. Sous ses yeux défilaient les cadavres et sur les murs, des inscriptions comme '' Meurtrier '' ou '' Assassin '' mais il n'y faisait plus attention. Derrière lui, il sentait le souffle froid du vent mais ce qui l'importait, c'était ce qu'il y avait devant. Il sauta par dessus le corps meurtri d'une femme enceinte, et passa par dessus celui d'un homme âgé, qu'il reconnu comme étant l'un des gardiens du QG de l'OWI. Enfin, il arriva devant une énorme porte metallique et il sut que c'était la fin de son voyage. Il scrupta longuement la porte avant de finalement l'ouvrir. Une lumière intense l'obligea alors à fermer les yeux, puis il fut électrocuter violemment et sombra dans l'inconscience, le visage plongé dans une mare de sang qui ne lui appartenait pas...

Il se réveilla alors en sursaut, le visage dégoulinant de sueur, et la vue embuée par ce qui était peut-être des larmes. Passant lentement sa main sur la joue, sentit cette barbe naissante qu'il s'était promis de raser un jour. Retrouvant l'usage de ses yeux, et sa vue enfin nette, il regarda autour de lui. Il était dans une chambre, tout ce qu'il y avait de plus normal. Des rideaux d'un vert hideux masquait la lumière pale du matin, et le réveil indiquait 8 heures du matin. Plongeant son visage dans ses mains, il se massa les tempes pour y voir un peu plus clair. Il avait de nouveau cauchemardé, comme chaque nuit depuis qu'il s'était enfui. En effet, voilà plusieurs mois qu'il s'était '' exilé '' et caché du reste du monde. Tout avait commencé avec Arthur Petrelli, qui a boulversé sa vie. Après avoir volé la formule, Arthur l'avait envoyé à Las Vegas pour une mission, mais Ethan avait préféré prendre le large et s'éloigner pour faire le point. Il avait eu confiance en Petrelli, et avait su qu'il lui donnerait ce qu'il attendait, mais il y avait quelque chose d'étrange. Peut-être était-il rongé par la culpabilité, ou peut-être surestimait-il les compétances de son nouveau patron qui sait? Une chose est sûre c'est qu'il essaya de s'éloigner un moment de toute cette agitation et il eut raison. Après quelques semaines où il erra dans les différents motels de Las Vegas, il n'eut toujours pas de nouvelles du patriarche Petrelli, et sût au fond de lui que tout était fini. Pire encore, il perdit l'usage de ses pouvoirs et devint alors ce qu'il avait toujours redouté : un simple humain. Il avait alors décidé de se cacher, par peur car il se savait vulnérable, mais aussi pour pouvoir se reposer un peu. Un ami lui prêta un bungalow à quelques kilomètres de Las Vegas, là où personne ne viendrait le chercher. Il mena une vie normale, payant les gens pour qu'ils fassent ses courses, et vivant 24h/24h entre la chambre et la cuisine de son nouveau logement. Il se faisait oublier, mais lui n'avait pas oublié et chaque soir les cadavres de ceux qu'il avait tué venaient le hanter, et tous les matins il se réveillé ainsi : fatigué et marqué par une nuit agitée.

Son reveil sonna 8h15, et Ethan se leva. Trainant des pieds jusque dans le pseudo salon du bungalow, il s'empara de la dernière cigarette de son paquet qu'il laissa tomber à ses pieds sur le sol poussiéreux sur lequel de nombreux autres paquets vides trainaient. S'écroulant sur un canapé d'assez mauvaise qualité, il ferma les yeux et repensa un petit moment à sa nouvelle vie. Il avait tout perdu, et aujourd'hui, il n'était plus que l'ombre de lui même. Le temps passa alors qu'il était perdu dans ses pensées et quand il se releva, le soleil était haut dans le ciel. Il se servit un verre de whisky, et se rendit compte à quel point il avait changé en regardant son visage se refleter dans l'alcool : il avait l'air vieilli, le regard perdu et alors qu'il tenait son verre, il vit qu'il tremblait un peu. Il avait perdu ses pouvoirs, son travail et son corps ne répondait plus très bien. Il avait l'impression d'avoir prit 20 ans, alors que ça ne faisait que quelques mois qu'il était là. Chancelant jusqu'à la porte d'entrée, il sortit afin de prendre un peu le soleil, ce qui était assez rare. Il dut momentanément fermer les yeux une fois dehors, et constata alors que tout le monde s'affairait à l'extérieur. Les gens qui logeaient dans les environs partaient travailler, faire les courses ou encore accompagner leurs enfants alors que lui resterait là, comme chaque jour, à s'occuper des quelques plantes vertes et à regarder la télé qui diffusait les news de la journée. S'emparant d'un arrosoir rempli d'eau, il commença à arroser les quelques plantes qu'il possédait, sachant que cette journée serait malheureusement comme les autres.

Christian Johnson s'avançait d'un pas serein dans les grands couloirs du Montecito. Quelques heures auparavant, son supérieur lui avait confié une mission de la plus haute importance, qui influerait sur la réussite d'un projet du casino. Sa mission : retrouver un dénommé Ethan Sorrow, connu entre ces murs pour être l'homme qui avait réussi à secourrir l'une des nouvelles recrues de Liam Caldwell. L'homme avait été vu pour la dernière fois dans les alentours de Las Vegas, et son patron était sûr que ce dernier était resté dans les parages. Il avait rendez-vous avec l'un des informaticiens du Monte pour récupérer le dossier sur cet homme qu'il devait traquer et ramener vivant. C'était une mission délicate, car Ethan Sorrow n'avait pas l'air d'un homme qui accepterait de travailler pour le Monte sans raison, et qui plus est, il était dangereux. Cependant, les quelques problèmes financiers de l'agent Jonhson ne lui permettait pas de refuser ce job, et avec sa famille à entretenir et les études de sa plus jeune fille à payer tout revenu était bon à prendre.

Il entra dans la salle sombre dans laquelle quatre hommes pianotaient rapidement sur les claviers de leurs ordinateurs : les écrans géant projettaient un nombre impressionnant d'images, des photos provenant de satellites à des caméras de sécurité, en passant par des dossiers sur des criminels et des plans de batîments. Debout derrière eux, une belle jeune femme aux longs cheveux noir de jais fixait attentivement les écrans et elle ne prit même pas la peine de se retourner quand Christian entra dans la salle. Ce dernier regardait lui aussi les écrans quand elle prit la parole :

- Vous êtes en retard Mr Johnson, et je n'aime pas attendre... Mais passons pour cette fois, Mr Caldwell m'a chargé de vous donner un dossier sur votre prochaine cible, et toutes les informations que nous possedons. Je vais être brêve car de toute façon nous ne savons que très peu de choses sur lui : il y a quelques mois, l'homme que vous voyez sur l'écran principal s'est introduit dans nos locaux et a aidé l'une de nos employée à s'enfuir, tuant par la même occasion des gardes du Montecito

Une photo d'Ethan apparut sur l'écran et Christian fixa longuement son visage. Puis son regard se reporta sur son interlocutrice : elle était encore jeune, mais ses traits étaient durs et son serieux était impressionnant. Elle devait avoir l'âge de sa fille et pourtant elle avait l'air beaucoup plus mature. Quand elle reprit la parole, Christian frissona, troublé par cette voix autoritaire :

- Après cette attaque, nous avons perdu sa trace ainsi que celle de notre employée, mais nous savions de sources sûres que votre cible n'avait pas quitté Vegas, et aujourd'hui, grâce à des techniques qui dépassent votre imagination, nous avons réussi à le trouver : il est à la bordure de Vegas, dans un bungalow pas très loin de l'aéroport. On a envoyé une équipe de reconnaissance là-bas, et je souhaitais qu'elle reste pour vous soutenir en cas de problème, mais Mr Caldwell n'a pas jugé cela necessaire et vous devrez vous débrouiller seul. Cependant, j'émet des réserves sur l'interêt de cet homme qui a tué beaucoup d'hommes qui étaient importants pour le Montecito... Prenez le dossier sur le bureau à côté de la porte, et allez-y, vous avez déjà perdu trop de temps

Christian s'empara du document et se précipita dehors car en effet, il avait perdu beaucoup trop de temps. Ses ordres étaient de ramener Ethan Sorrow aujourd'hui, et il espèrait boucler cette affaire avant la soirée, afin de passer du temps en famille. Il se rendit à l'adresse indiquée tout en lisant le dossier qu'on lui avait fourni. Les habituels bouchons sur le Strip lui permettait de jetter un oeil sur les papiers. Après une bonne demi-heure à avancer péniblement dans les rues de Vegas, il s'arrêta devant un vieux bungalow, devant lequel un homme courbé arrosait ses plantes. Il s'approcha, les lunettes de soleil sur les yeux, de l'homme qui lui tournait le dos.

- Vous êtes Mr Ethan Sorrow?

L'homme se retourna, plissant les yeux pour mieux voir la personne qui lui adressait la parole. En regardant la photo, il eut tout d'abord du mal à reconnaître sa cible : il paraissait beaucoup plus âgé, mal rasé et semblait faible et vulnérable, tout le contraire de l'homme sur la photo qui avait attaqué le Monte. Cependant en y regardant de plus près, il put se rendre compte que c'était bien Ethan Sorrow qui se trouvait en face de lui. Ce dernier, quittant son arrosoir pour regarder l'homme qui l'avait interpelé, dit :

« Ca dépend c'que vous lui voulez... Si c'est pour lui demander de fric, il en a pas... »

- Non, c'est pour lui demander de venir au Montecito répondre de ses actes et éventuellement, lui proposer de travailler pour nous...


A ces paroles, Ethan trassaillit car ce qu'il avait le plus redouté était arrivé : son passé l'avait rattrappé alors qu'il avait tout fait pour que cela n'arrive pas. Glissant légèrement sa main derrière son dos, il espèrait attrapper la crosse d'une hypotétique arme qu'il aurait prise avec lui par reflexe, mais il n'avait rien pour se défendre sur lui. Soupirant, il regarda l'homme d'une quarantaine d'années qui regardait son dossier.

« Je suis pas interessé par votre offre, maintenant barrez vous »

- J'ai pour ordre de vous ramener vivant de gré ou de force, alors il serait préférable pour vous de me suivre docilement... Vous n'êtes pas en état de vous battre...

L'homme s'approcha lentement, et Ethan le regarda s'avancer lentement puis se rendit compte qu'en effet il ne pourrait rien faire : son corps le faisait souffrir, ses mains tremblait, il ne tenait debout que grâce au peu de vonlonté qui lui restait, et toutes ses journées à boire avait eu raison de sa forme physique. L'homme posa sa main sur son épaule, et regarda Ethan dans les yeux. Prêt à l'immobiliser s'il tentait quelque chose, l'agent du Montecito avait l'avantage. Mais quand ce dernier referma sa main sur son épaule, Ethan sentit un léger frisson parcourrir son corps, et d'un geste, il retourna la situation : s'emparant du bras de l'homme, il se glissa derrière lui, l'immobilisa et le plaqua contre la porte du bungalow. Prenant l'arme de l'homme, il la pointa sur sa tête de l'homme et après quelques secondes le frappa dans la tempe avec la crosse. S'écroulant, Christian Johnson s'étala de tout son long devant l'escalier qui permettait d'entrer dans le logement.

« Quand je dis que je suis pas interessé, c'est généralement que je ne le suis pas... »

Trainant le corps le son ''agresseur'' dans le bungalow, Ethan prit quelques affaires à lui et soupira. Sa vie ici était finie, et même s'il espèrait pouvoir vivre une vie a peu près normale, ça ne serait désormais plus possible. Un chargeur avec lui, l'arme de l'agent Johnson dans les mains et un billet pour New-York, Ethan s'éloigna et regarda une dernière fois l'endroit où il avait passé de longs mois. Il sortit une télécommande de sa poche, et en appuyant sur un bouton, déclencha une bombe qui se trouvait dans le bungalow. En quelques secondes, tout explosa, détruisant ainsi toute traces de sa présence.

« Quel gachis... De si belles plantes... »

Chevauchant sa moto, garée là au cas où il prit la direction de l'aéroport, quittant ainsi son ancienne cachette, et forcé de retrouver son ancienne vie...