Risen Queen, Fallen King (PV Asami) [Terminé]

(Avant la rencontre avec Rick et après celle avec James)

Une noire, une blanche. Une collaboration, une opposition. Un roi, une reine. Un soldat, une armée. Les camps sont séparés, chacun de leurs cotés, derrière les barrières empêchant leur propres frères d'y pénétrer sous peine d'un martyr éternel, d'une exclusion de la constitution de cette grande conclusion. Comment faire autrement quand les règles sont déjà tracées d'avance? Comment défier l'institution déjà en place? Comment se montrer résistant à la pression de l'évidence? À l'aube de de la guerre, malédiction de la défaite ou bénédiction d'une grande victoire, l'option la plus alléchante serait de faire face à son destin et de prendre le contrôle de sa propre destinée, devenir esclave de son passé, maître de son futur. Le plus simple des soldats peur faire tourner le vent en sa faveur, il doit simplement savoir où maitre les pieds sans s'embêter dans ses propres enjambées. Comment réussir? Comment défier le jeu lui-même pour s'attirer les faveurs de l'heure? Un piège à éviter si on ne sait l'utiliser avec agilité. Un roi de chaque coté, prêt à défendre leur fierté en toute vérité, oubliant leur différents pour suivre la ligne du temps qui tente de se fracturer un chemin au travers de cette jungle puérile et abominable. Un chasseur aux réflexes acérés, prédateur redoutable aux instincts les plus meurtriers. Le regard qui vous tranche l'âme, ces mains qui se resserrent autour des moindres étincelles de vie qui peut vous habiter. Camouflé dans l'ombre, il s'apprête à faire son premier geste, souvent le plus redouté, le plus efficace...

Je t'attendrai pas l'apocalypse avant que tu décides de jouer, Patrick! Les échecs sont un art de patience et de stratégie tactique mais je ne crois pas que tu connaisses les limites de ma tolérance à l'égard de ton inactivité. De quel droit tu te permets de me faire attendre ici? Jour et nuit, tu me tiens en haleine jusqu'à l'heure de ta prochaine révélation, de quel droit oses-tu me défier de la sorte? Si tu crois que j'ai tout perdu, ne croit surtout pas que j'ai abandonné ma résistance face à l'ennemi! Je ne te laisserai pas gagner de la sorte, crois moi, tu ne mériterais pas une victoire aussi retentissante dans la médiocrité!

On était en droit de se demander pourquoi Alexis Kane était entrain de jouer aux échecs avec un cadavre qu'il avait pris soin de nommer lui-même. Alors, pourquoi? Pourquoi s'adonner à un délire qui n'avait rien de sain pour l'esprit humain? Pourquoi jouer dans les heures les plus sombres de l'histoire de l'humanité? La société semble être loin de retrouver tous chemins d'espoir véritables pour se tourner vers la voie de la rédemption, pourquoi est-ce que le ténébreux ferait une tentative de sauvetage désespérée? Jamais il n'avait eu de considération pour ce qu'on pouvait appeler ses semblables, jamais n'avait-il eu simplement la conscience d'aider son prochain, pourquoi est-ce que cette constance changerait de nature si soudainement? Personne n'est venu l'aider quand il s'est lui-même entrainé dans une chute sans fins? Entre les failles de la terre son prestige s'était retrouvé, plus rien, tout perdu dans son propre désespoir. La voie de la raison n'était qu'une ridicule embûche à la solution, après tout, le raisonnement logique n'avait pas sa place dans la démence, il en était la preuve...

Jurant quelques fois alors qu'il patientait depuis une bonne journée que Patrick effectue son premier coup, Alexis soupira longuement et lança l'échiquier au visage de son ami cadavérique dans la plus grande des exaspérations. Dans son incroyable solitude, il devait bien trouver une façon d'éviter à la folie. Nombreux auraient été les faibles qui se seraient tournés vers l'alternative la plus simple et efficace en cas désespéré: le suicide, la mort donné par sa propre main. Fierté et honneur conservé dans les ombres les plus mouvantes, secrets et mystères d'une abomination meurtrières tout droit échappée des Enfers. Seul lui comprenait les mécanismes les plus avancées des ténèbres, seul lui avait su découvrir la beauté obscure de cette sombre dévotion. Argument convaincant, principe évident, cette connaissance était son éternelle propriété, le cadeau qu'on lui a confié et convié de défendre jusqu'à la dernière goutte de sang versée. Le terme passion n'est pas inconnu à l'esprit de Alexis, lui-même a finit par comprendre qu'il était passionné pour sa cause, comme n'importe qui le serait pour une cause plus noble. Il défend ce qu'il croit de véritable et juste, même si pour lui, aucune justice ne peut être faite, aucune équité morale ne peut exister. Faiblesse et défaite sont indissociables, les éviter pour réussir est inévitable. En ce moment, l'incarnation de sa propre entité représentait une parcelle de faiblesse qui ne devait jamais se révéler au grand jour. Pour toujours, les ombres seraient son voile, son masque, son bouclier contre les assauts de ces mensonges sans preuves concrètes de ce qu'ils avancent. Défier la vérité contre quelqu'un qui a les yeux ouverts, quelle calamité, quelle tentative désespérée de se convaincre que l'on peut vaincre ce qui est éternel...

Dévisageant Patrick longuement sans prononcer une seul parole, Alexis finit par s'allonger le bras et attrapa du bout de ses doigts la petite pièce de bois qui faisait figure de roi d'un royaume imaginaire n'ayant jamais existé dans nos pensées. La petite structure de bois se voyait décoré des filets de sang qui coulaient le long de la blessure de la main de Alexis. Bientôt, la plaie se refermerait mais le sang était toujours présent et suffisamment abondant pour dominer la structure représentant une figure royale. Un symbole, le visage d'une façade spirituelle à laquelle on ne pouvait échapper, le royaume des ténèbres ne possède qu'un seul trône, qu'un seul roi, qu'un seul souverain, qu'un seul dictateur, une seule icône, une seule fierté, une seule possibilité, une unique fatalité. Transportant le message d'une seule vie, il s'assure de le livrer à temps à tous les incapables qui méritent de voir leurs noms inscrits au grand mur des lamentation. Dévisageant de plus en plus la pièce du roi, Alexis serra les dents et fracassa contre le mur la petite pièce comme s'il était horriblement dégouté de devoir être témoin de cette réalité. Soupirant longuement, il jeta un regard à Patrick qui n'en pouvait d'être le spectateur d'une pièce aussi excitante...

De quoi je suis le roi, Patrick? Mon royaume s'est effondré en pièces, les murs de mon château sont tombés sous les coups du destin? Par où je commence ma reconstruction? Tant de morceaux manquants, un casse-tête sans fin, un labyrinthe aux couloirs sinueux et se perdant dans tous les sens. Sans direction, on ignore où se diriger, on marche vers l'avant en croyant à tort que le dénouement de la route nous sera favorable. Je marche vers l'avant, je suis forcé de reculer à chacun de mes pas mais ça n'arrivera pas, jamais on me réduira au silence, jamais on m'empêchera d'accomplir ce à quoi je suis destiné. Les ténèbres dorment, les ombres se bougent en terres inconnues et bientôt, elle frapperont de nouveau, la nuit éternelle nous envahira, la beauté de ce monde en ruines sera de nouveau resplendissante et florissante. Tu n'y peux rien Patrick, personne ne peut l'empêcher!

Retrouvait-il ses sens ou c'était simplement un signe d'un déséquilibre évident?

"Vous êtes blessé..."

***

La surprise, il y en avait des tas dans une vie, il pouvait déjà en avoir des tas dans une seule journée...La vie de la japonaise était semée de surprise, bonne ou mauvaise. Comme si recevoir de la vie un don particulièrement spécial était intimement lié au fait de recevoir des surprises du destin. Aujourd'hui, il semblait que ses surprise était à nouveau présente. pour une raison inconnue à la japonaise, elle avait décidé de revenir à l'endroit de son erreur. Pinehearst...Le siège du choix le plus important qu'elle avait eut à faire dans sa vie...Croyant, aveuglément, à une utopie qu'on lui avait présenté. Par peur aussi, peur de perdre l'homme qu'elle aimait tout aussi aveuglément que cette utopie. Elle avait accepté et s'en était mordu les doigts. Déposant ses yeux sur la route, la japonaise était installée dans le siège peu confortable d'un taxi. Cela faisait la deuxième fois qu'elle prenait ce type de transport. La première fois, elle avait failli y laissé la vie, Caïn lui ayant offert un second souffle, une nouvelle vie. Et aujourd'hui, elle reprenait la route vers le changement. Elle savait que les lieux avaient été ravagé par une explosion, elle savait aussi que le père qui lui avait offert l'idée de l'utopie sur un plateau d'argent était décédé dans les décombres de ce sombre royaume. La route lui semblait longue et en même temps, elle ressentait une certaine peur à revoir ces lieux, aussi détruit pouvait-il être, ils étaient le souvenir d'une culpabilité qu'elle avait eu du mal à rendre "positif" dans sa vie...

La culpabilité, un sentiment que la japonaise connaissait que trop bien, prenant à tort le poid de toute les erreurs sur son dos, comme si le moindre malheur qu'elle avait pu évité si elle avait réagis autrement était entièrement de sa faute. Elle le ressentait ainsi, elle le voyait toujours ainsi mais aujourd'hui, elle jurait de ne jamais cesser de culpabilisé, quelqu'un qui ne se sent pas coupable est quelqu'un qui se sent résigné, et se résigner signifirait oublier. Elle ne pouvait se résoudre à oublier, elle ne pouvait se permettre de le faire, trop de gens avait péris dans ce génocide au nom d'une utopie pour qu'elle puisse se permettre de les oublier.

C'était ainsi qu'elle était revenue sur les lieux, ainsi qu'elle avait décidé à se receuillir ici même. Une coutume qui pouvait parraître étrange mais elle était ainsi, c'était Asami Barairo et peut importait ce qui pouvait lui arriver, elle ne changerait pas, elle serait toujours la même...Bien sur, elle finirait par évoluer comme elle l'avait déjà fait jusqu'a présent mais elle resterait la même...Celle qui croit en l'humanité, celle qui ne perdrait pas cette foi...La voiture jaune s'arrêta non loin des décombres, le chauffeur se tournant vers la demoiselle, il lui expliquait avec politesse et gentillesse qu'il n'osait aller plus loin et il venait même à lui conseiller de ne pas aller la-bas...Les lieux étaient, dit-on, hanté. Asami lui esquissa un sourire doux, ce sourire unique que seule la japonaise avait l'art de faire. Il lui intima une nouvelle fois de l'écouter mais elle hocha la tête.

"Je dois y aller...C'est important...Mais merci..."

Le chauffeur n'insista pas plus longtemps, lui donnant le montant de sa route, la nipponne lui offrit l'argent, un pourboire généreux avec celui-ci...

Alors qu'elle faisait le reste de sa route à pied, la jeune fille s'approchait petit à petit vers des décombres. Elle les voyait, là sous ses yeux...Habillée d'une robe blanche, symbole de deuil dans son pays natal, elle s'avançait dans les lieux, murmurant des paroles saintes dans sa langue maternelle. Bénir les lieux ? Pas exactement, mais c'était une façon pour elle d'espérer que les âmes décédés en ces lieux finiraient en paix dans l'autre monde. Une habitude qui pouvait parraître puéril quand on y était extérieur mais il s'agissait pour elle de quelque chose d'important, d'un symbole. Les symboles étaient pleins de pouvoir, ils étaient l'image d'un sentiment, d'un souvenir, il rappellait et raliait parfois des tas de personnes à sa cause...Le symbole était important, chaque personne en possédait un...
Alors qu'elle se promenait dans les décombres avec un respect et une sérénité visible, quelque chose attira son attention, elle tourna la tête vers sa droite...Ses cheveux roses virevoltant dans ce geste un peu brusque du à la surprise.

"De quoi je suis le roi, Patrick? Mon royaume s'est effondré en pièces, les murs de mon château sont tombés sous les coups du destin? Par où je commence ma reconstruction? Tant de morceaux manquants, un casse-tête sans fin, un labyrinthe aux couloirs sinueux et se perdant dans tous les sens. Sans direction, on ignore où se diriger, on marche vers l'avant en croyant à tort que le dénouement de la route nous sera favorable. Je marche vers l'avant, je suis forcé de reculer à chacun de mes pas mais ça n'arrivera pas, jamais on me réduira au silence, jamais on m'empêchera d'accomplir ce à quoi je suis destiné. Les ténèbres dorment, les ombres se bougent en terres inconnues et bientôt, elle frapperont de nouveau, la nuit éternelle nous envahira, la beauté de ce monde en ruines sera de nouveau resplendissante et florissante. Tu n'y peux rien Patrick, personne ne peut l'empêcher!"

Une personne...Cette voix...Elle la connaissait et la reconnaitrait très facilement. S'avançant vers la source, elle se trouvait à son dos, observant l'homme qu'elle avait déjà rencontrer...Symbole des ténèbres...Le ténébreux...C'est alors que ses yeux se posaient sur une couleur vermeille...

"Vous êtes blessé..."

Réflexe, elle sortait d'une petite poche de sa robe immaculée un mouchoir de la même couleur, s'approchant de l'homme sans agréssivités, la demoiselle lui tendait tout simplement le mouchoir. Elle aurait pu avoir peur, leur dernière rencontre pouvait en être très facilement la cause mais il était blessé et par conséquent avait besoin d'une petite aide. Cela n'était pas grand chose mais cela était un geste qui lui semblait tout naturel...

(Voilà voilà, c'est pas extraordinaire mais je tenterai de faire mieux la prochaine fois.)

C'était comme le confort d'un lit si douillet que jamais il aurait souhaiter vouloir ou pouvoir s'en échapper. Tout ce drap et ce voile de ténèbres qui l'enveloppait était plus rassurant que l'atmosphère ensoleillée qui dominait l'extérieur de son propre refuge. Rayons mortels transcendant les cieux pour apporter la vie sur Terre, cette manifestation se traduisait par un dégoût horrible de la chose aux yeux de Alexis. Le ténébreux avait toujours visualisé le grand soleil comme son plus grand ennemi, son éternel rival qu'il fallait abattre à tout prix. Cette obsession de mettre un terme à l'existence du jour soulevait une question à laquelle il était intéressant de servir un développement comme réponse: malgré sa vie dans les ombres, est-ce que le jeune homme serait capable de survivre? À la base de toute chose, sans le vouloir, il reste malgré tout un humain. Pour vaincre cette dépendance qui devient une faiblesse lourde à porter, Alexis devait trouver un moyen pour couper ses liens existentiels avec le soleil, se débarrasser de toute forme de lumière dans sa vie. Mais comment faire? Comment convaincre son propre corps et son propre métabolisme? Chose certaine, dans son état actuel, il n'était pas sur le chemin de la retentissante réussite. Il devait y remédier et remettre sa trainée de pas dans la bonne direction, mais comment?

Plongé dans sa plus profonde démence, Alexis dévisageait Patrick en expirant un soupir bien significatif. Si seulement ce dernier pouvait l'aider à accomplir sa destinée... Voyez-vous, Patrick était la seule personne qui l'avait supporté depuis le début de son extrême isolement, la seule personne qui ne s'est jamais enfui en courant lorsque le ténébreux déblatait sur du non-sens bien fondé. Mais disons que sa compagnie permettait simplement au jeune homme d'entretenir ce qui lui restait d'intact dans le plus profond de son âme et de son esprit. Ce n'était pas un ami de confiance ni un redoutable adversaire qu'il fallait écarter de sa route, c'était simplement quelqu'un qui ne demandait rien à personne et qui se servit de son extraordinaire écoute pour aider les gens dans le besoin. Est-ce que Alexis était autant dans le besoin que ça? D'une façon oui, car sans quoi, il aurait rapidement dévoré au grand complet le pauvre Patrick qui n'avait jamais écrit dans son testament de servir comme morceaux de viande à un cannibale à la fois très solide et très instable psychologiquement. Ce n'était pas le ténébreux que l'on connaissait mais dès le retour des ténèbres, attention à vos ombres, elles ne seront plus jamais les mêmes...

Les ténèbres étaient plus légers dans un recoin proche de l'entrée, comme si le soleil tentait de faire une percer dans sa cabane de ciment. Plissant des yeux pour mieux apercevoir la silhouette qui se dessinait dans cette nuit à petite envergure, Alexis cru reconnaître quelqu'un, une personne, une jeune femme et cette présence semblait relativement fraiche dans ses souvenirs liés à Pinehearst. Cette jeune femme, oui, il savait qui elle était mais son nom lui échappait, impossible de se rappeler... Pourtant, si il y avait bien un trait distinctif à cette petite créature, c'était sa bonté d'âme, sa pureté, quelque chose de bien rare et unique dans ce monde d'abominations et de désolation. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici? Elle n'était surement pas venu retrouver Alexis pour l'accueillir avec le premier câlin depuis de très nombreuses années? Le ténébreux n'en avait que faire de la sympathie d'autrui car toute sa vie, il savait su vivre sans ce futile accrochage des cœurs, enfin, ce qu'il en restait chez lui. Il crut même entendre quelques mots soufflés de sa bouche, des mots qui le fit légèrement rire. Avançant sa main vers le mouchoir, il l'immacula de sang très rapidement et le laissa tomber au sol, avec grâce mais désespoir...

Imaginez une fleur sans âme, sans véritable consistance physique, sans essence vitale pour la garder droite et fière de représenter la beauté en évaporation de ce monde. Une pétale commence à tomber, lentement, surement vers le profond des ténèbres, le puits de ces ombres qui décorent le tapis de notre destin. Décorée de sang et de souffrance, elle s'enfonce dans l'oubli et peu à peu, elle s'y perd sans jamais retrouver le chemin de la gloire qui la transcendait lors de ses heures de prestige les plus significatives de son passé. Et un jour, tout revient, tout remonte à la surface pour éclater de nouveau et revendiquer au nom de la vérité une victoire qui était toujours méritée. Cet avènement va se produire avec les ténèbres, ne croyez pas à tort que nous nous sommes laissés effondrer de la sorte. Le trône est vacant, le poste est libre à quiconque qui souhaite prendre la place. Mais que dis-je! Personne est digne dans d'occuper cette position si importante dans le royaume, voyons... Conaissez-vous quelqu'un qui peut comprendre l'essence des ombres et des ténèbres comme seul moi peut le faire? Vous croyiez m'avoir vaincu? Allons, ne soyez pas ridicules dans vos tentatives d'espérer l'impossible.

Ce n'était pas le genre de discours d'accueil qui était le plus agréable à entendre. Le regard de Alexis était terriblement lourd sur l'âme, très difficile à supporter pour quiconque qui n'a pas la même définition de la vie que cet homme, cette chose maléfique, ce véritable démon. Ignorant complètement comment Asami allait réagir, le ténébreux se tourna vers Patrick et lui murmura quelque chose à l'oreille, comme un secret, un mystère que l'on ne pouvait révéler à personne. Frappant l'épaule de Patrick avec une tape amicale, il reposa son lourd regard sur les petits yeux de la jeune femme qui lui devait nombreuses explications et nul doute que Alexis irait jusqu'au fond des choses pour comprendre la raison de son intrusion en ces lieux sacrées pour le ténébreux...

Je ne me souviens pas d'avoir distribuer des cartons d'invitation parmi les humains alors j'ose espérer que vous avez la meilleure des raisons pour vous aventurer dans ces lieux déchus par tous les saints. Vous venez m'offrir la compassion et le pardon de Dieu? Qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse, je n'ai que faire de vos piètres sottises de croyance superficielle. Je suis une ombre parmi votre océan de lumière, plus aucune issue pour m'en échapper, je me dois de la contourner. Qu'est-ce que vous pourriez bien faire pour moi de toute façon? Venir rire de ma situation alors que je suis au sommet de mes propres défaites? Ne croyez pas vous en tirer à si bon compte, comme si je vous laisserais vous enfuir avec cette fierté de m'avoir réduit à néant. Ce n'est pas le cas, ce ne sera jamais le cas. Avez-vous déjà été témoin d'un recul définitif des ténèbres? Avez-vous déjà pu affirmer que vous avez vaincu tout ce qu'il y avait de plus noir dans votre vie? Non, bien sur que non, qui pourrait avoir le talent et le courage d'affronter l'éternelle peur de l'humanité. Nuit, obscurité, tout est si bien camouflé et seul ma conscience peut en détenir les secrets les plus redoutables. À mon simple claquement de doigt, je pourrais vous faire visiter une alternative de la réalité sous un angle tout nouveau, charmant comme invitation n'est-ce pas? Ne soyez pas craintive, le manège est en reconstruction, quelle malchance pour vous, vous ne pourrez guère profiter de ce jeu si amusant! Mais prochainement... Tout sera de nouveau glorieux et prestigieux à mon image...

Pour finaliser avec grâce son discours, Alexis laissa échapper un rire dément assez prolongé alors qu'il observait avec fascination le couteau qui était posé sur le sol juste à coté de sa main. Avait-il la simple intention de faire visiter les sphères de la mort à Asami? De lui faire une démonstration grandeur nature de tout ce qu'il a pu enduré depuis le début de la fin de son propre règne? Ou simplement lui faire comprendre que la vérité ne se trouve pas dans la vie mais la mort?

Une ombre sur votre propre passé. Est-ce pourquoi vous déambulez dans ces ruines traitres?

Dans quel aventure le destin avait encore mener la japonaise ? Elle même l'ignorait, Asami n'était qu'une ignorante petite créature, ne sachant guère qu'elle n'était pas la seule à ne plus posséder ces pouvoirs. Elle ignorait chaque chose que lui réservait la vie, elle avançait dans le chemin sinueux de celui-ci sans se poser de question, réagissant tout simplement, face à chaque nouvel instant ayant besoin d'une réaction de sa part. Réagir...Le mot des modestes...Elle ne se voyait pas comme une héroïne, ne se voyait même pas comme quelqu'un de spécial ou d'important, elle était là et servait ce qu'elle croyait être juste. Elle suivait ses principes avec ferveur, ne retournant jamais sa veste, évoluant dans ce monde de fou, murissant au fil du temps, gagnant en sagesse, perdant parfois en joie mais elle ne changeait pas, elle restait l'immaculée personne, elle restait cette gentillesse incarnée, cette bonté d'âme qui écœurait les cœurs de certain, qui charmait ceux des autres et effrayait le reste. S'aventurant dans la vie sans crainte, estimant que chaque scène devait être jouer et qu'elle ne pouvait en rien changer le contenu, tel un scripte qu'elle devait suivre...La seule chose qu'elle pouvait contrôler était sa foi en l'humanité, ses croyantes, ses rêves, et ses choix, les conséquences faisaient partie des chemins qui lui étaient donner de traverser.

Face à Alexis, la japonaise n'avait absolument pas oublier ce nom, ni même la personne...Comment le pourrait-elle d'ailleurs ? Il marquait les esprits aux fers rouges, assombrissant l'atmosphère comme personne ne pouvait en être capable, il était très certainement unique en son genre et Asami n'oubliait jamais les personnes qu'elle croisait dans sa vie. Chaque prénom, chaque visage était enregistrer dans la mémoire de la demoiselle. Face à celui-ci, elle aurait pu avoir peur, face à celui-ci, elle aurait pu fuir sans se retourner...Ne pas sortir ce mouchoir, ne même remarquer le sang qui glissait entre ses doigts pour venir tacher la crasse d'une couleur vermeille. Elle aurait pu être sourde, muette et aveugle et continuer son chemin sans même lui porter de l'aide. Le souvenir douloureux de leur précédente rencontre aurait pu prendre le dessus sur cette immaculée personne mais la demoiselle n'était pas ainsi, elle ne pouvait être décrite comme cela...Elle n'aurait pu fuir face à quelqu'un qui avait tout simplement besoin d'un mouchoir, aussi simple que cela pouvait être, elle était capable de lui venir un minimum en aide, capable de lui donner quelque chose qui lui serait utile...Alors pourquoi aurait-elle fuit ? Cela n'avait...Selon elle, aucun sens.

Elle le regardait avancer sa main, observait le geste rapide et le blanc rougir sous le sang d'Alexis avant de chuter avec désespoir sur le sol. Fixant le mouchoir, elle y avait une certaine beauté dans le geste, quelque chose d'artistique peut-être. Son attention sur cette beauté ne se fit pas longue, revenant sur l'homme, sur l'être extraordinaire qui se trouvait face à elle. Sur ce qui lui semblait être l'entière opposée d'elle. Leur rencontre semblait à chaque fois étrange, la scène était plus qu'hypnotique, comme si le probable et l'improbable pouvait avoir lieu au même instant, comme si le possible et l'impossible pouvait se rencontrer. Le blanc et le noir, la pureté et le pêché, les yeux noisettes de la demoiselle ne quittait pas le ténébreux, qui se laissa doucement aller à un monologue. La beauté de ses mots la subjuguait, elle était bien incapable de tel réflexion et tout suivre lui était parfois difficile pour elle qui n'avait pas un anglais parfait et qui avait apprit la langue de Shakespeare que sur le tas, elle écoutait le sombre parler avec une attention toute particulière, ne sachant quoi répondre lorsque doucement, le silence reprenait ses droits entre les deux personnes.

« Je n'ai ni l'envie ni l'ambition de vous vaincre... »

Ce ne fut que sa seule réponse, la japonaise était visiblement bien plus différente que l'homme qui lui faisait face. Elle ne s'entremêlait pas dans un discours long et imagée, même si elle aimait la poésie, son vocabulaire et sa connaissance de la langue ne lui permettait pas de pouvoir égaler l'aisance d'Alexis avec les mots. Dans sa langue maternelle peut-être mais cela ne servirait a rien de ne pas pouvoir se faire comprendre. Elle disait l'essentielle et même si elle n'était pas capable de l'enrobé d'une beauté de mot, elle avait ce don unique et magnifique de pouvoir offrir à chaque mot une sincèrité qui lui était unique, qui lui était propre. Peut-être que lire cette sincérité dans les yeux de la japonaise rendrait le ténébreux malade comme beaucoup avant lui, peut-être ne la verrait-elle pas même si cela était impossible de ne pas la voir, il ferait du moins fi de cette sincérité éclatante et éblouissante.

Suivant les gestes du regard, elle ne pu s'empêcher de remarquer le cadavre sur lequel il était pencher, entendre le murmure sans comprendre de quoi il s'agissait. Elle observait cette scène, dubitative, perplexe et effrayer malgré tout...Elle était humaine et sensible après tout.

Le regard de l'homme sur elle refroidissait son sang, elle avait peur mais ne renoncerait pas à l'idée que s'il avait besoin d'aide il méritait d'avoir cet aide. Elle n'était pas juge et n'avait pas le pouvoir de dire qu'il ne méritait pas ce mouchoir ou l'attention qu'elle lui portait en restant en sa présence. Déposant ses yeux sur lui, elle avait du mal à rester de marbre et il était facile de voir que malgré tout elle avait peur mais a côté de cette peur, sa pureté étincelait toujours et sa gentillesse prenait innexorablement le dessus sur cette peur tout simplement. La vie était ainsi et le silence se brisait à nouveau sous un flot innombrable de mot, d'enchainement de phrase lugubre mais d'une beauté indescriptible...Elle écoutait avec un certain plaisir, la voix de l'homme était agréable malgré les ténèbres qui s'en dégageait.

« vous saigniez... »

Fut sa seule réponse une nouvelle fois, lui rappellant tout simplement que la seule raison pour laquelle elle c'était approcher de son sanctuaire était pour lui tendre ce mouchoir qui se trouvait au sol. C'est pour appuyer ses dires et ce souvenir récent qu'elle observait une seconde le mouchoir maculé.

Un rire...Et la demoiselle ne remarqua même pas la présence de ce couteau...Restant inerte, peut-être était-ce la peur de la tétanisait, nulle ne pourrait le dire. Mais elle brillait toujours de cette gentillesse et de cette sincérité. Déposant ses yeux sur l'homme sans le quitter, une nouvelle question...

Une ombre...D'une certaine manière...Il n'avait pas tort mais quel homme pouvait se venter de ne pas avoir d'ombre dans le tableau de sa vie ?

« C'est pour ne pas oublier que mes pas m'ont mener ici... »

D'un geste délicat, elle semblait s'approcher de l'homme mais cela n'était pas réellement le cas, elle s'agenouillait non loin de lui, ramassant tout simplement le mouchoir, il s'agissait d'un geste sans équivoque, sans arrière penser, ne ressentant aucun plaisir à avoir un mouchoir maculé de sang dans ses poches mais polluer ce qui était déjà bien assez sale pour qu'on en rajoute ne faisait pas partie de ses principes. Un mouchoir en tissus était parfaitement lavable et utilisable.

Dans ce monde infeste des plus grandes malédictions jamais proférées, on peine à découvrir la parcelle de pureté qui peut subsister malgré tout. Ce désespoir, cette déception, rare sont les chanceux ou malheureux à y échapper. Rare sont les êtres qui puissent échapper à la vérité et se voyait confiner dans le mensonge le plus total. Baigné dans la plus grande innocence, sans être de l'ignorance, certains avaient compris que de refuser de faire face à la dureté de la réalité était l'opportunité de se sauver en toute sécurité. Cette jeune femme, cette créature aux airs orientaux, était la différence scintillante dans cet éternel voile de nuit décoré de sang, de meurtre et de cannibalisme. Une icône représentative de la générosité comme il ne s'en faisait plus à l'aube d'une nouvelle ère criminelle qui cognait déjà à nos portes. Le paradis s'était détaché de l'un de ses fidèles pour espérer compléter le ménage que Dieu n'avait daigné de compléter lors de sa première intervention divine. Comment est-ce que le créature de toutes choses, la main qui avait dessiné les moindres traits de la nature telle que l'on la connaissait sous nos yeux aveuglés par notre désir de grandeur? Comment est-ce que le géniteur de l'humanité s'était donné le droit de laisser une population venir polluer sa première œuvre d'art? Avait-il autant peu d'espoir fondé en son propre dérivé pour voir son monde se pourrir aussi lamentablement? Toute était en dérision, la déroute s'était élargie et les fondations se faisaient de plus en plus emporter par le courant de nos peurs et de nos cauchemars, une fatalité absolue, une destinée révolue, l'accepter ne deviendrait qu'un simple formalité. N'en soyez pas déçus, c'est ce que l'on mérite...

Le regard tacheté de sang, Alexis regardait et écoutait attentivement les simples mots dits de la jeune femme. Une voix si douce qui vous emportait dans un état de détente des plus véritables, dommage que le ténébreux était imperturbable face à ce genre d'influence. Une fracture si dégagée entre les deux êtres, deux mondes si différents, représentations peu fidèle de cette utopie en laquelle on ne pouvait se permettre de croire. L'ange et le démon, l'innocente et le meurtrier, la lumière et les ténèbres, Alexis réalisait à quel point la personne qui était en avant de lui n'en avait rien à faire qu'il soit un maléfique créateur de schématiques macabrement bien dessinés. Tout le contraire de cette jeune Asami, honnêteté et sincérité, magnifique portait de cet espoir que l'on croyait perdu. Il avait peine à y croire, s'attacher autant à sa propre cause alors qu'elle semblait perdue, une expérimentation que l'on méritait de tenter de comprendre. Saisir les secrets de cette loyauté serait un avantage essentiel lors du moment venu, lors de cette confrontation sans grands éclats. Scrutant les moindres recoins des ténèbres s'entourant comme un voile de satin foncé de a couleur de l'oubli, le ténébreux respirait très lentement et calmement, comme si jamais rien ne pouvait le perturber. Sa teinte de voix était véritablement unique, aucune sonorité pouvait s'en rapprocher en espérant y ressembler. Déposant son coude sur son genou, Alexis laissa sa main droite ensanglantée se perdre dans sa longue chevelure broussaillée qui n'avait rien de soignée, véritable signe de sa propre décadence solitaire...

Nombreux sont les enfants du créateur divin qui aurait cherché à me faire tomber de mon trône dans l'impasse que je me trouve présentement. La victoire à tout prix, par lâcheté ou facilité, l'humain s'en moque, tant qu'il peut y accéder et asservir ses désirs de compétition parfois démesurés. Un autre semblable de votre espèce se serait probablement dit que les ténèbres auraient tournés en sa faveur, pathétique erreur de jugement qui le ferait trébucher de la haute marche de la vanité. L'humain se construit sa propre vérité en reniant la réalité, l'humain est un faible qui se convainc du faux, rejetant le véritable. Le discours sur l'humanité pourrait durer des heures mais s'il était, seriez-vous encore aussi indulgente à l'égard d'une abomination qui ne demande nullement la pitié de ceux qu'il a vu souffrir sous ses yeux globuleux? La patience s'effrite avec le temps, mais l'émerveillement persiste, cette obsession à se plonger dans les moindres détails des histoires les plus sordides. Je pourrais vous raconter le passé de mes innombrables meurtres et vous en demanderiez toujours plus, simplement pour rassasier cette soif de connaissance qui ne demande qu'à boire le liquide du savoir éternel. Vous avez la recette parfaite pour y arriver, qu'est-ce que vous faites encore à attendre après ce que vous n'aurez jamais de ma part?

Réfutant la bonté de l'asiatique par un rire des plus sarcastiques, Alexis déposa sa tête contre le mur du fond en passant le bout de ses doigts au travers de sa barbe dominante. Sentir le sang couler sur ses propres traits faciaux était un cadeau que même le destin ne pouvait lui faire. Cette sensation lui rappelait à quel point tuer était devenu une alternative réelle à ses besoins essentiels. C'était peut-être pourquoi la remarque de la jeune femme sur quoi il était entrain de saigner l'amusait autant. Depuis quand est-ce que le vital liquide d'un métabolisme pouvait le déranger? Même de sa source, il en voyait la rare beauté que peu ne pouvait apprécier et c'est dans cette optique de pensée qu'il expliquait à Asami ce qu'il pensait à propos du sang. Des mots à vous en frigorifier de peur les globules rouges...

Perspicacité fait parti de vos dons non sans doutes pas surnaturels car nous les avons tous perdu mais effectivement, mon corps rejette ce rouge qui nous est si important. On en parle comme s'il était interdit, comme si on le redoutait sans le craindre, et pourtant, c'est une merveille qu'on ne se lasse pas d'observer dans son intégralité. Le sang est l'encre des tableaux que je trace avec talent et passion, beauté incarnée des portraits fidèles de la mort qui sont à ma portée. Aucuns autres artistes ne pourrait comprendre ce style mortellement abstrait qui peint le visage de la mort à chacun de ses coups de pinceaux. L'avantage de l'écarlate, c'est qu'il est un complétement sans équivoque à un obscur paysage. Qu'est-ce qu'il y a de plus resplendissant que l'étincelle d'une trainée d'un sang qui n'est pas le vôtre au milieu des pas de votre nuit? En rêve, on le voit comme le guide de messages que nous transmet notre métabolisme décrépi. En cauchemar, il est l'intrus que l'on veut garder hors de nos opportunités à comprendre la logique de la situation. En réalité, on doit s'y faire, il est partout. Sans le sang, nous serions tous mort avant même notre naissance. Sans constance de mort, je ne pourrais me qualifier d'un écrivain incompris dans ses œuvres. J'écris la mort, je peinture la mort, j'incarne la mort, je parle la mort, je suis la Mort car je sais la défier dans les moments où elle se présente sous sa forme la plus redoutable. Qui peut en dire autant sans avoir peur de se faire encastrer dans le mur des éternelles lamentations? Qui oserait avouer qu'il n'a pas peur de la Mort sans le penser réellement? Ils en ont tous peur, pour ce qu'elles apportent dans leurs vies, ou ce qu'elle en retirent sans en laisser une simple pièce, ni même un simple résidu, aucune consolation, aucune justice, seulement de l'équité.

Émettant un grognement étrangement bestial mais désespéré, Alexis venait à l'instant d'arracher un morceau de peau à Patrick mélangé à des restants de chair qui y pendaient. Depuis quelques temps, ce repoussant festin était devenu son repas, le substitut à ces substances artificielles qui comblaient un vide n'ayant aucune raison d'être. Nombreux auraient été horriblement dégoutés par le fait que le ténébreux était entrain de croquer et d'avaler la partie d'un être qui avait déjà été aussi vivant que lui-même, mais pas lui. Selon ses dires, la survie devait se préserver à tout prix et les autres n'auraient rien à redire. Après tout, quel genre de leçons qu'un humain n'ayant jamais tué pourrait lui apprendre? Qu'est-ce que ces grands justiciers ou ces aveugles croyants avaient fait de plus que lui, si ce n'était que propager la valeur mensongère qu'il croyait avec tant de ferveur que ça en devenait dégoutant? Alexis n'était pas un adapte du mensonge, il l'avait toujours dit, ses propos exprimaient directement ses pensées primaires et secondes, ce qui faisait de lui un monstre beaucoup plus dangereux et redoutable que la normale de l'espèce...

La tombe du silence était retombée, donnant un répit à la pauvre Asami qui devait malgré tout avoir une certaine difficulté à digérer tant de vocabulaire. Venant d'un itinérant obsédé par une force de la nature qui n'était nullement considéré par la civilisation, cela relevait quand même d'un certain étonnement. Étonnement était réel lorsque la jeune femme se rapprocha de l'homme pour récupérer son bien qui était le sien. Pour un simple mouchoir, sa volonté de la conserver était surprenant, un genre d'attachement auquel Alexis n'était pas vraiment habitué. En fait si, si il y avait bien un objet qui pouvait avoir une certaine valeur "sentimentale" à ses sombres yeux, c'était son couteau qu'il trainait depuis plus qu'une bonne dizaine d'années. C'était son arme de prédilection, son partenaire de crime, le point de passage entre l'artiste et l'art, rien n'était plus important que cet outil acéré. C'était une icône de son passé qu'il trainerait loin dans son propre futur...

Ramassant son couteau du bout de ses doigts, il serra durement le manche dans sa main avant de l'enfoncer avec une puissance remarquable dans le cadavre (Patrick) au niveau du crâne. Avec le temps, le cadavre était dans un état de pourriture bien avancé, ce qui ne donnait aucun mal à la lame de traverser latéralement la tête pour faire surgir sa pointe de l'autre coté. Glissant mollement son bras sur le sol, Alexis fit basculer sa tête vers Asami et elle était assez proche pour qu'il puisse avoir une bonne visée sur son visage. Si pure, c'en était presque inhumain, tellement que ses traits étirés étaient d'une délicatesse bien entretenue. Par pur réflexe sans doutes, le ténébreux détourna immédiatement la tête pour visuellement renier la seule once de beauté de ces sombres ruines. Qu'est-ce qu'elle faisait ici, il n'avait pas encore compris et il voulait savoir...

Qu'est-ce qui était si représentatif dans vos souvenirs pour que votre volonté vous mène dans les champs de la désolation? Vous ne vous attendiez surement pas à faire une telle rencontre, et je n'attendais pas de visiteur, j'en ai jamais souhaité me retrouver dans ma tanière aurait été une alternative profitable pour nos deux existences, aussi peu communes qu'elles peuvent êtres. Regrettez-vous? Êtes vous comme tous ces autres imbéciles qui auraient tout fait pour éviter la sagesse des ténèbres?

Les gens sont trop souvent aveugle, aveugle de tout...Qu'ils décident de ne pas voir certain problème pour se déresponsabiliser ou encore qu'ils décident de ne rien voir pour vivre dans leur univers à eux...Les gens grandissaient et au fur et mesure qu'ils grandissaient, ils s'aveuglaient volontairement, que l'on soit bon...Ou tout simplement le plus horrible des êtres. La rengaine était la même, tel une loi de la physique implacable. Cependant, comme dans beaucoup de cas, il y avait des exceptions à la règles. Asami n'avait pas la prétention de se considérer comme une exceptions à vrai dire et pourtant...Elle n'oubliait jamais, la moindre chose qui lui arrivait restait graver dans sa mémoire. Que cela soit des bons, comme des mauvais. Elle pouvait voir dans quelque chose de laid un soupçon de beauté qui rendait tout cela beaucoup plus agréable à la vue. Bien sur, il y avait des choses qu'elle ne pouvait supporter regarder, peut-être était-ce là son côté aveugle. Ainsi, elle ne pouvait pas voir des personnes souffrir sans, par pur empathie, souffrir avec eux et vouloir absolument les aider. La japonaise n'avait jamais eu de mauvaises pensées en tête, donner la mort à quelqu'un lui était presque impossible et là seule fois qu'elle avait faillit le faire restait graver à jamais dans sa tête. Alex...Huit ans plutôt, l'avait obliger à lui ouvrir les veines...Peut-être était-ce parce qu'elle ne le connaissait pas qu'elle l'avait fait ou alors était-ce parce qu'il lui avait promis que tout irait mieux après et qu'elle avait décidé de lui faire confiance...L'un ou l'autre, elle n'avait plus jamais commis cet acte depuis ce jour là. Ni même penser ou avoir envie de le faire. L'innocence pure pouvait-elle réellement exister ?

« Nombreux sont les enfants du créateur divin qui aurait cherché à me faire tomber de mon trône dans l'impasse que je me trouve présentement. La victoire à tout prix, par lâcheté ou facilité, l'humain s'en moque, tant qu'il peut y accéder et asservir ses désirs de compétition parfois démesurés. Un autre semblable de votre espèce se serait probablement dit que les ténèbres auraient tournés en sa faveur, pathétique erreur de jugement qui le ferait trébucher de la haute marche de la vanité. L'humain se construit sa propre vérité en reniant la réalité, l'humain est un faible qui se convainc du faux, rejetant le véritable. Le discours sur l'humanité pourrait durer des heures mais s'il était, seriez-vous encore aussi indulgente à l'égard d'une abomination qui ne demande nullement la pitié de ceux qu'il a vu souffrir sous ses yeux globuleux? La patience s'effrite avec le temps, mais l'émerveillement persiste, cette obsession à se plonger dans les moindres détails des histoires les plus sordides. Je pourrais vous raconter le passé de mes innombrables meurtres et vous en demanderiez toujours plus, simplement pour rassasier cette soif de connaissance qui ne demande qu'à boire le liquide du savoir éternel. Vous avez la recette parfaite pour y arriver, qu'est-ce que vous faites encore à attendre après ce que vous n'aurez jamais de ma part? »

« C'est parce que je n'attend rien de vous que je suis encore là. Votre royaume vous appartient et je ne souhaite pas vous l'enlever et ensuite, je n'ai pas besoin de vous convaincre de vous joindre à moi. Vous êtes seul juge de vos choix. »

Et cela était exacte...Asami ne c'était jamais permise de juger qui que se soit. Elle pouvait être toucher ou horrifier par certain choix, se demander pourquoi mais jamais elle n'estimerait qu'elle se devait de les punir. Alexis avait choisit de servir les ténèbres dans sa vision du monde et de ce qui l'entourait. C'était son choix, peut importait ce qu'elle lui dirait ce qu'elle pouvait faire pour lui, s'il le souhaitait réellement...Il continuerait sur cette route. La seule chose qu'elle était venu faire en allant à sa rencontre était de lui offrir ce mouchoir tout simplement. Aussi monstrueux pouvait-il être, il n'en restait pas moins un être vivant et elle était tout simplement ainsi. Cela aurait pu être Sylar sous ses yeux qu'elle aurait quand même approcher au périls de sa vie pour pouvoir l'aider. De l'inconscience ? Peut-être mais à nouveau, vous resteriez aveugle si vous ne voyez que de l'inconscience et de la naïveté dans ses gestes, il faut voir au delà de cela...Et si elle était tout simplement gentille ? Etait-ce tellement impossible dans ce monde de croire qu'une personne pouvait être réellement emphatique au point de ne juger personne de donner à chacun la même part de gâteau ? Qui était-elle pour juger si oui ou non il méritait qu'elle lui tende ce mouchoir ? Etait-il réellement improbable qu'une personne soit ainsi ? Sans rien attendre en retour ? Si c'était le cas, Asami demeurerait a jamais incomprise et seule, elle resterait à jamais juger de ses gestes comme une idiote naïve et trop crédule. Elle le savait mais n'en tenait pas compte, elle ne souhaitait pas changer...

« Perspicacité fait parti de vos dons non sans doutes pas surnaturels car nous les avons tous perdu mais effectivement, mon corps rejette ce rouge qui nous est si important. On en parle comme s'il était interdit, comme si on le redoutait sans le craindre, et pourtant, c'est une merveille qu'on ne se lasse pas d'observer dans son intégralité. Le sang est l'encre des tableaux que je trace avec talent et passion, beauté incarnée des portraits fidèles de la mort qui sont à ma portée. Aucuns autres artistes ne pourrait comprendre ce style mortellement abstrait qui peint le visage de la mort à chacun de ses coups de pinceaux. L'avantage de l'écarlate, c'est qu'il est un complétement sans équivoque à un obscur paysage. Qu'est-ce qu'il y a de plus resplendissant que l'étincelle d'une trainée d'un sang qui n'est pas le vôtre au milieu des pas de votre nuit? En rêve, on le voit comme le guide de messages que nous transmet notre métabolisme décrépi. En cauchemar, il est l'intrus que l'on veut garder hors de nos opportunités à comprendre la logique de la situation. En réalité, on doit s'y faire, il est partout. Sans le sang, nous serions tous mort avant même notre naissance. Sans constance de mort, je ne pourrais me qualifier d'un écrivain incompris dans ses œuvres. J'écris la mort, je peinture la mort, j'incarne la mort, je parle la mort, je suis la Mort car je sais la défier dans les moments où elle se présente sous sa forme la plus redoutable. Qui peut en dire autant sans avoir peur de se faire encastrer dans le mur des éternelles lamentations? Qui oserait avouer qu'il n'a pas peur de la Mort sans le penser réellement? Ils en ont tous peur, pour ce qu'elles apportent dans leurs vies, ou ce qu'elle en retirent sans en laisser une simple pièce, ni même un simple résidu, aucune consolation, aucune justice, seulement de l'équité. »

Que pouvait-on dire face à ses mots ? Bien sur qu'il l'effrayait, parler du sang des autres n'était pas vraiment la tasse de thé de la jeune fille mais elle pouvait, ne serait-ce qu'un peu, comprendre le point de vue morbide de cet homme et pourtant, il lui était inconcevable de le laisser sans soin. Cela pourrait s'infecter et créer un problème bien plus conséquent qu'un simple saignement.
Et pourtant, elle restera muette face à cette litanie sur le sang, oui elle souhaitait le soigner mais s'il ne le voulait pas, que pouvait-elle faire ? Elle n'allait guère l'obliger, elle lui demanderait peut-être d'y faire attention...Une infection ne faisant peut-être pas partie des projets d'Alexis mais pour l'heure, elle se devait de garder le silence sachant que cet homme maniant les mots comme on manie une épée n'en avait pas fini.

C'est là qu'elle fit face à quelque chose qu'elle ne pouvait pas se permettre d'observer. Il croquait l'unique personne qui avait daigner l'écouter sans émettre un seul jugement à ses paroles. Certes, il s'agissait d'un cadavre et peut-être était-ce pour cette raison qu'elle ne pouvait pas le regarder faire. Asami avait un respect étrange pour les morts, qu'ils soient bon ou mauvais, elle estimait et croyait sincèrement qu'arriver au terme de sa vie le bien et le mal s'unissaient tout simplement...Créant l'équilibre parfait, le bien être intense...Oui, il s'agissait là de son éducation bouddhiste mêlé à ses propres conviction. La tête baissée, elle ne regardait plus l'homme faire, ne pouvant entendre que les bruits d'une mastication, de mouvement et d'un couteau entrant librement dans le crâne de l'homme déjà mort.

Alors que le silence reprenait ses droits, la demoiselle au cheveux rose relevait la tête, croisant au même instant le regard d'Alexis qui en avait fait tout autant. Quelque seconde seulement, un regard croisé de peu de temps et il détourna le regard tout simplement alors qu'elle continuait de le regarder.

« Qu'est-ce qui était si représentatif dans vos souvenirs pour que votre volonté vous mène dans les champs de la désolation? Vous ne vous attendiez surement pas à faire une telle rencontre, et je n'attendais pas de visiteur, j'en ai jamais souhaité me retrouver dans ma tanière aurait été une alternative profitable pour nos deux existences, aussi peu communes qu'elles peuvent êtres. Regrettez-vous? Êtes vous comme tous ces autres imbéciles qui auraient tout fait pour éviter la sagesse des ténèbres? »

« Je fais partie des imbéciles qui croient que rien arrive sans raison et conséquence »

Elle restait immobile, ou presque, ses doigts caressant parfois l'etoffe de sa robe ou revenant tout simplement se glisser dans une mèches bonbon pour la remettre à sa place.

« La raison pour laquelle je suis ici est de ne pas oublier, que cela soit la mémoire de cet homme ou celle des personnes qui travaillait ici dans l'espoir de voir une utopie naître et régner en maître dans notre monde.
Parce que l'oublie n'est pas parmis, tout comme vous n'oubliez aucun de vos gestes aussi malsaint pourrait-il être catégorisé, je n'oublie pas ces personnes.
La mort se situe bien loin après l'arrêt de l'organisme, peut-être que chacune de ses personnes mourront à l'instant même où je cesserai de respirer mais au moins...Je n'aurais pas oublier »

Elle fit un pas, tournant légèrement son corps vers la sortie.

« Si vous ne voulez pas de ma présence dans votre royaume et bien je m'excuse de mon intrusion et vous laisse...Cependant, je me permet de vous conseiller de faire attention à votre blessure. Les lieux sont propices à l'infection »

S'apprêtant tout simplement à quitter les lieux.

Spoiler:

On parle encore des ténèbres, certes, mais difficile de passer à coté de cette force de la nature qui se trouve présente dans l'existence depuis le début du temps des civilisations. Les ténèbres sont noirs, très noirs, sombres et obscurs à en donner des frissons aux étincelles de désespoir. On les associes aux plus grandes peurs que peuvent avoir quelconque être vivant. Beaucoup ont peur du noir, ce voile de la nuit qui fait la conservation des secrets les plus désarmants de notre réalité. Difficile de le renier quand nous y sommes tous reliés, ce n'est que le partage de ce qui est une justice qu'on ne peut détester. Dans toute cette sombre beauté de l'art, certains y voient de l'espoir. Dans les profondeurs, on peut bien y lire une lueur d'espoir aussi insignifiante que les reflets du soleil sur les principes de ceux qui croient qu'on ne peut défier ce qui est constant et régulier. Aussi précis qu'une horloge, aussi routinier que les pages d'un livre, la nuit ne peut faire autrement que d'exister pour servir les peurs et pour amener la réalisation de ses propres cauchemars les plus redoutés. Certains sont différents, certains sont uniques et se détachent de la masse populaire, comme cette jeune femme, cette créature asiatique à l'innocence pure et sans malice. Aucun jugement, aucun reproche à la conviction que tous méritent le respect et le juste regard de la volonté de Dieu. Dans la plus grande horreur, on peut toujours y voir quelque chose qui sera un émerveillement à nos propres yeux. Personne ne regard une œuvre d'art de la même façon, personne ne fait face de la même façon à la mort qui est si dominante dans notre faiblesse. On souhaite l'éviter, on souhaite la défier mais sans jamais l'accepter, tandis que certains ont compris que ça ne servait à rien de feindre une indifférence à l'évidence. Asami ne se prenait pas comme porteuse d'un statut de juge sur autrui, au contraire, elle était la tolérance absolue...

Les regards se croisaient, s'enchainaient l'un en l'autre sans jamais échapper à leur attention. Un court instant mais suffisant pour que le message soit transmis par les conduits abstraits de la communion entre deux âmes parfaitement distinctes dans leur intégralité. Le démon contre l'ange, le monstre contre la venue féérique d'une bonté divine, aucune ressemblance entre les croyances extrêmes sur les origines mêmes de ce qui constituait précisément les schématiques mentales d'un être humain. La mort la plus horrifiante, la vie la plus joyeuse, chacun vivait comme il le sentait mais dans le fond de leur propre pensée, chacun savait que c'était la raison de leur rencontre. Alexis et Asami n'étaient aucunement semblables mais chacun dans leur camp était hors de ce qui était normal et possible. Des représentants infidèles à ce que l'on croyait avoir déjà vu, ce qui n'était pas le cas. Jamais la société n'avait été préparée à la venue d'individus aussi particuliers, aussi convaincus de leur point de vue respectifs. Si seulement ils pouvaient se comprendre, si seulement ils savaient se rejoindre dans un accord commun. Toutefois, le seul espoir permis était possible, car malgré tout, chacun avait un immense respect pour l'autre, chacun pouvait affirmer que l'autre était unique dans tous ses aspects, dans toutes ses qualités, dans tous ses défauts, dans tout son destin. Leur confrontation se résulterait dans une impasse, alors pourquoi s'en prendre la tête?

Perles de sang larmoyantes le long des sombres traits de son visage rude et sévère, Alexis écoutait avec attention ce qui lui était dit par la jeune femme. C'était impossible de ne pas réagir à autant de vivacité simplifiée et c'est pourquoi le ténébreux, restait inconfortablement dans sa position accroupie contre la parois de pierre derrière lui. Il était bien calme, mais, quelque chose clochait dans sa voix. Une impression qui ne laissait présager rien de bon...

Croire en la faveur du destin qui ne laisse rien au hasard n'est pas un synonyme d'imbécilité mais simplement une ouverture d'esprit face à ce que peu de personnes possèdent la volonté de laisser à leurs croyances une chance de s'affirmer. Votre venue n'est pas hasardeuse, vous le dites vous même, vous êtes prête à renouer les ponts avec ce que vous aviez relégué aux oubliettes. Ne pas oublier le mal que l'on commet, est-ce une bonne façon de punir les fautifs? Cette utopie que vous recherche désespérément sans espoir de la voir naitre, en quoi elle constitue? Qu'est-ce que représente pour vous l'union de toutes les valeurs humaines sans la possibilité de se matérialiser réellement? Une utopie est un rêve hors d'atteinte de cette portée que l'on souhaite de réduire à une zone d'effet non-négligeable. Que ferez-vous pour la garder bien vivante dans votre coeur, enfin, ce qui en reste? Vous laisserez vos émotions vous dicter la voie de la raison alors qu'elles sont les troubles de bien des mentalités? Votre dévotion en cette cause que je croyais perdue et futile est honorable et respectable, vous êtes l'une des rares personnes qui ne se laissent pas corrompre par toutes les subtilités maléfiques et discrètes qui peuvent tomber à tout moment sur notre tête. Est-ce incroyable de constater que certains humains de la race tentent de se sauver du navire avant qu'il coule lamentablement vers les abysses après des montées et descentes incohérentes ? Je ne dis pas que vous abandonner vos semblables, votre façon de faire est si différente de la leur, je peine à comprendre où vous pouvez pêcher cette volonté qui vous anime. Un simple hasard? Comme vous le disiez, rien n'arrive pour aucune raison.

Repliant ses yeux pour les fermer, Alexis se laissa envahir par la douce odeur de la répugnance des lieux. Une répugnance totale mais un réconfort certain pour son esprit marchait dans les couloirs du doute et de l'incertitude. Qu'était-ce pour lui une utopie qu'il aimerait révéler au grand jour? Qu'est-ce qu'il lui était indispensable? Difficile de penser que quelque chose pouvait être important à ses yeux autre que le sang des innocents coulant le long de sa lame meurtrière. Pourtant, ce n'était pas ce que son discours laissait entrevoir...

Issu des enfers, je suis toujours. Dans les flammes du domaine diabolique, la permission du rêve est révolue. Impossible de s'imaginer quelque chose que l'on aimerait se voir réaliser car les rêves, même si on y croit, représentent une généralité devenue inaccessible. Si j'avais un rêve, si on pouvait me permettre d'y accéder, je ne le gaspillerais point en tentant de sauver la monde de la décadence conçue de ses propres mains. N'allant pas à la rescousse des damnés, j'aurais le temps de me consacrer à un idéal bien plus propice à ma survie. Je ne cherche pas à propager les horreurs sur le mensonge, jamais je laisserais le faux voiler le visage des faibles qui ne partagent aucunement l'avis de la vérité. Sans être sur la voix de la bonté, de la générosité et du partage avec son prochain, je recherche la vérité absolue. Dégouté de voir cette société s'enfoncer de plus en plus dans ses propres profondeurs, je ne la ramènerai pas des ombres. Cependant, voyez en moi le messager d'une bénédiction que l'on tarde à comprendre. Je suis ici pour vous faire ouvrir les yeux sur ce que représente cette même vérité. Rien n'est tout blanc, rien n'est tout aussi glorifié de bonheur et de joie de vivre. La mort existe et bien plus souvent, nous devons y faire face dans notre quotidien sans se plaindre, sans broncher. L'adopter n'est pas chose facile mais pour se forger une réputation digne d'être mentionnée dans le plus grand respect d'un exploit humanitaire, la nécessité en est là. Je n'agis pas ainsi pour faire de moi quelqu'un de supérieur à la race humaine, encore une fois, le fragment de la mort est infiniment important et je me dois de le rappeler à chacun d'entre nous. Mourir n'a absolument rien d'effrayant, vous demanderez à mes anciennes victimes comme elles en sont sorties en grandes enjambées. Une délivrance, libération de la prison dans laquelle on est enfermée depuis la naissance. Je m'en suis échappé grâce à mes simples efforts, combien peuvent en dire autant de nos jours?

Un peu de sens illogique dans ses propos mais c'était la signature de Alexis dans ses paroles dignes d'être mentionnées. Parfois contradictoires, ses mots restaient assemblés d'une façon particulière ce qui en intimidait parfois quelques uns. Asami n'en semblait pas faire tout un plat malgré qu'elle se préparait à faire sa sortie hors du royaume des ténèbres. Avait-elle quelque chose à cacher aux yeux des ombres, un regret ou un souvenir honteux? N'empêchant nullement la jeune femme de s'en aller, Alexis se permit quand même de la laisser sur quelques mots qui malgré sa folie bien apparente, laisser transparaitre un fond de sagesse qui était bien présent.

Rares sont les conseils qui me parviennent jusqu'à l'oreille, le vôtre mérite attention bien que je ne pourrais rien y changer du tout. Si je suis destiné à souffrir pour ma situation, alors j'accepterai la destinée qui m'a été confiée. Depuis le début, je fais confiance au destin, depuis le début, je crois en ces fondements sur ma propre personne. Il ne s'est pas trompé en m'accordant le droit d'être la parole des ténèbres, il ne se trompera pas si je dois me plier à une souffrance aussi insignifiante qu'une plaie au milieu de la main. Je préfère saigner dans la poussière que de perdre mon sens de la vérité sous vos propres barrières. Je conduis la mort devant chacun de mes pas et à chaque coin, elle me guette, pour s'assurer que j'accomplis le travail que l'on attend de moi. Ne vous retournez pas et quitter, votre assurance sera votre salut quand l'apocalypse aura compléter son balayage. Je ne demande guère votre pitié, alors ne soyez pas cruelle comme je peux l'être et rapportez la avec vous. Avec tout le respect que je vous dois, vos efforts devraient se trouver ailleurs que dans le nid des ombres.

Décorant la fin de sa phrase avec un petit rire, Alexis balança son couteau contre le mur à sa droite et balança sa tête vers l'arrière, savourant avec avidité les quelques gouttes de sang qui longeaient le rebord de ses lèvres...

Spoiler:

» Fallen angel, blood red angel [PV Lelexis]
» Old Papers [Pv : Takeshi / Asami / Hiro] [Terminé]
» Billets pour le Japon, svp? (PV Asami et Alyss) [terminé]
» Asami And Co
» Gallerie d'Asami ^^