[Ep. 2] Captivity (Alexis Kane)

Le jour se levait une fois de plus sur la prison, c’est très tôt que la majorité des prisonnier commençait déjà à se plaindre et pour cause, encore une fois ce matin le petit déjeuné se ferait en retard. « Encore » hurla l’un des détenus alors qu’un autre renchérissait : « C’est l’autre erreur de la nature encore ? HEY LES MATONS ! VOUS VOUS ETES RECONVERTIS EN PUTE POUR MUTANT ? ». Un bruit résonna dans toute l’aile de la prison, suivi d’un hurlement : « PUTAIN MES DOIGTS !!! ENCULE ! JE VAIS TE DEPECER CONNARD !», l’homme en uniforme, sa matraque encore contre les barreaux de la cellule fixait le prisonnier un sourire presque malsain sur les lèvres. Il appela au calme, promettant un sévices pire que celui-ci au prochain qui ouvrait sa gueule. Reprenant sa marche, il remonta dans le bureau où se trouvait ses collègues, le regard sombre, il pesta à son tour : « Je les comprends putain, ces monstres n’ont rien à faire entre nos murs, ce type à plus d’avantage que n’importe quel cafard de notre aile ! ».
Ouvrant une boite en carton, il en sorti une viennoiserie qu’il croqua à pleine bouche. De la confiture coula légèrement du coin de ses lèvres au bout de l’un de ses doigts. Léchant le trop plein de confiture, il se tourna vers la cafetière et se servit une tasse avant de se tourner vers ses collègues. Tous étaient tournés vers les écrans de surveillance, elle couvrait une majeure partie de la prison, ainsi que le réfectoire…Vide…A l’exception d’une personne. Et cet homme semblait presque prendre un malin plaisir à prendre tout son temps pour avaler son petit déjeuné de roi, pendant un instant, le maton eut la brève impression qu’il regardait la caméra mais surtout, qu’il le regardait : lui.

Un long frisson le parcourut, il avait perdu des potes durant l’attentat des Sons of Liberty et savoir ce type à l’intérieur des murs le mettait à la fois extrêmement en colère mais aussi très mal à l’aise. Depuis son arrivé, la tension était palpable, les autres détenus devenaient intenable et ça empirait de plus en plus lorsqu’à chaque fois un nouveau caprice était toléré et exécuté. Ce n’était pas lui qui était devenu la pute des mutants, c’était le directeur de cet établissement de détention. Il ne savait pas ce qui avait traversé l’esprit du directeur de la prison mais il était sur d’un truc, y avait quelque chose de louche ! « Vous y croyez-vous…au Wek ? », il venait d’interrompre le lourd silence et l’observation des caméras. Tous observèrent leur collègue, une idée semblait émergé de quatre cerveaux présent dans la pièce, il n’y avait pas besoin de parler, pas besoin d’en discuter…Ca semblait tellement évident dans leur esprit.

D’un geste…Un seul…Un bouton fut tourné, déverrouillant un par un les portes des cellules ainsi que celle qui menait tout simplement à la cantine de la prison.

La forge est brûlante. La flamme est ardente, vous léchant les mains à chacune de ses grandes chaleurs. Jamais le feu n'avait été aussi abrasif, il était ardent, décadent, puissant. Une intensité d'une seule vie, d'une existence toute entière. De par sa force, de sa grandiose nature, on en forgeait le destin. D'une main de maitre, d'un coup de marteau précis, il détruisait les coincidences, les horloges folles du hasard, celles que le temps lui-même redoutait, alors qu'il en avait perdu le contrôle. Le destin se forgeait de lui-même, par des actes, des conséquences, des gestes, des paroles, des répercussions, une chaine indestructible d'évènements qui se succèdent d'un rythme effréné, infernal, apocalyptique, dépassant tout les plus grands fantasmes des anarchistes de ce monde. Est-ce le destin de voir la planète s'effriter sous nos pieds? Est-ce la volonté d'une grande force immatérielle qui dicte les paroles d'un geste irréversible? Une directive maitresse, un ordre absolu, une stabilité sans failles? Un abstrait si hautain, si modestement élevé comme un concept que l'on ne peut contester alors qu'il régit chaque souffle de chaque âme de chaque ville de chaque pays. Impossible de le déjouer sans en payer, souvent mortellement, son douloureux et cruel prix. Une arme, tranchante, affutée, plus pointue que toutes les lames, déchirant et perforant les entrailles de l'humanité toute entière. Et pourtant, on pouvait s'en sauver. Et pourtant, certains arrivaient à retourner le balancier à leur avantage, à prouver à la destinée qu'elle ne serait jamais plus une dominatrie. Devenue une soumise, une esclave d'ambitions aux allures exagérées mais combien soignées, c'est ici l'art que peu d'individus peuvent se vanter de maitriser. Une plume qui demande des plus grands sacrifices. Et pourtant...

Et pourtant Alexis Kane avait réussi, haut la main, à tous les niveaux possibles. Un être accompli, immortel dans sa propre réussite, alors qu'il avait déjoué chacun et chacunes cherchant à le maudire pour les actes terribles entâchant son déjà très sombre passé. De sa main, il avait tous les droits. Une main mise sur de rares privilèges en millieu carcéral. Voilà de quoi à concoter une recette idéale pour s'attirer les foudres de fous furieux, ainsi que les ennuyants problèmes qui s'en suivaient. Voilà qui était une tâche venant s'encastrer au mauvais moment, comme si il avait besoin de ces futilités. Une tâche aussi lourde et crasse que les restants présents de son repas. Une alimentation de faible qualité, indigne de son statut, mais permanente pour la durée de son séjour. L'avantage d'avoir les avantages qu'il avait, c'était la paix, le silence, le calme plat, aussi peu inhabituels ces éléments pouvaient être. Il avait remarqué cette constance, ce manque de régularité alors qu'inévitablement, le mal était déjà enclenché, la roue tournait à vive allure et ce n'était qu'une question de temps avant que l'on voit les premières avalanches.

Pas un seul son, pas une seule parole et ce même si cet énervé de Galadriel était avec lui depuis ce temps. Il sentait à son tour que l'atmosphère règnant en cette lugubre cage n'était pas normale. Nul besoin d'explication quand à sa présence, sa ferveur à l'égard de ses retrouvailles avec le ténébreux voulait tout dire. Alors qu'il venait d'avaler une bouchée de sa plus que douteuse purée de patates, il comprit que l'heure était venu. C'est en appercevant une foule monstrueusement imposante de prisonniers, bruyante et criant dans une chaotique symphonie, qu'il se releva calmement, avec patience, alors que le groupe s'approchait de plus en plus de lui. C'en était presque comique, une véritable mascarade. Découragé par cette comédie, c'est d'un maigre sourire à vous en glacer le sang qu'il accueilla ses soi-disant confrères. L'un d'entre eux, un colosse de deux mètres de haut à la longue chevelure noire s'avança vers lui pour le confronter directement, laissant derrière lui une meute meurtrière prête à bondir à tous moments. D'un calcul rapide, Alexis pouvait en compter plusieurs dizaines, et encore là, c'était très peu représentatif de l'occupation totale de la prison.

Tu crois pouvoir faire ce que tu veux ici!? Qu'est-ce que t'es maintenant Kane, t'es juste un vulgaire humain comme nous, c'est SI dommage! Les mutants dans ton genre n'ont jamais eu de couilles après tout, se servir de leurs pouvoirs comme de vrais jouets, pfff, c'est pathétique!

Soulevé par les encouragements de la troupe qui le suivait, le prisonnier cracha brutalement sur le visage du ténébreux, ce dernier ne faisant aucun effort pour éviter le jet de salive. Innondé par une vague de rires exécrables, il essuya le tout du revers de sa manche, ne daignant même pas quelconque réaction. Observant avec attention le regard sévère de son adversaire, la brute ne manquait pas de rajouter de l'huile sur le feu déjà bien haut.

Qu'est-ce que tu vas faire à présent hein? Oh, tu vas me tuer peut-être, grand et sombre prince de la noirceur? J'en suis mort de trouille!

Ponctuant la fin de sa phrase d'un rire gras et grossier, c'est en secouant la tête que son bras droit s'élança, le poing fermé, prêt à attaquer. En une fraction de seconde, Alexis se recula suffisament pour éviter le terrible coup et la contre-attaque ne prit aucun retard. Vif comme éclair, puissant comme le tonerre, redoutable comme l'orage, son poing gauche visa directement la mâchoire du prisonnier, l'impact retentissait dans toute la cafétéria, alors que le colosse perdit l'équilibre, prit par surprise sans doutes, et bascula vers l'arrière en tombant sur les autres détenus. La foule, sur l'impulsion du moment, se vit frappé par le syndrôme du silence alors que Alexis Kane venait de délier ses lèvres pour leur servir un discours de son cru, dont seul lui possédait tous les secrets.

Nous y sommes, après tant d'années de désespoir et de faux espoirs. Elle se met en marche. Elle se lève, grandiose et prestigieuse, elle se tient debout. La révolution. Celle qui secouera les fondations du monde en place, celle qui entrainera tous et chacuns dans sa chute. Vous n'êtes que les pions utilisés pour satisfaire les besoins crasses et égoistes de la haute société, bafoués vous avez été, ignorés toujours vous le serez. Et ainsi, telle une tempête en plein déchainement, je me trouve sur votre chemin, prêt à y faire face, contre le courant lui-même, aussi seul que la plus sombre des ombres. Ainsi vous chercher revanche pour cette injustice dont vous êtes victimes depuis le début. Et voilà que j'arrive, des profondeurs, comme une vulgaire marionnette, sachant que bientôt, je ne serai plus que le sacrifice nécessaire pour une colère collective endiablée. Les émotions à vif, vous êtes enragés, vous en êtes même fascinants. Une espèce en voie de disparition qui cherche à reprendre le dessus. Étant la victime de votre chasse, je ne peux que me réjouir de voir ce jour se levé à l'horizon. Vous croyez que ma mort sera le remède de tous vos maux? Je me délecte de savoir que jamais cette triste réalité ne pourrait être plus fausse et lointaine de toute forme de vérité!

Un murmurre, une parole, un cri, un véritable varcame, ainsi était la progression du premier rire de Alexis depuis son retour dans le monde des vivants. Un rire sarcastique, ironique, délirant, se moquant totalement du sérieux de la situation. Prenant les autres détenus sur le choc, l'un deux, probablement par pur instinct, fonça la tête baissée vers le ténébreux pour en finir avec ce ridicule personnage. Agile, rapide et efficace, Alexis lui plaça un solide coup de pied directement sur le genou, fracassant au passage une partie de la structure osseusse. Voyant sa seconde victime s'effondrer de douleur sur le sol, c'est en balayant le reste de l'assemblée, qui reprit ses violentes crises, qu'il patientait avant que la chasse reprenne. Ne pouvant utiliser ses pouvoirs, sans quoi il gâcherait sa couverture, il était désavantagé et vu le nombre de prisonniers qui augmentait en direction des terres de l'affrontement, il serait impossible de tous les mettre à terre, même en compagnie de Galadriel qui savait probablement autant se battre qu'un mouton...

Bien au chaud derrière leur écran de contrôle, les gardiens de cette prison se trouvaient être les témoins invisible de la scène. Leur supérieur s’était crispé en voyant le premier prisonnier se faire avoir lamentablement, écoutant avec mépris le discours de cet homme. Il s’était mis à rire, à la fois énervé et moqueur :

« Bordel, ils pourraient tous lui foutre trois claques pendant son monologue mais y en a pas un qui bouge »

Exaspérer, il râla de plus belle en observant un second prisonnier finir à terre. Ils étaient nombreux, trop nombreux pour pouvoir perdre face à cet homme et son petit jouet asiatique. Et pourtant, il sentait cette sueur froide et désagréable suinté dans son dos, son instinct lui disait que tout ça ne présageait rien de bon et qu’au final…Dans tous les cas, il y perdre son boulot.
Il avait déjà perdu sa famille…
Et la lueur qui traversa les yeux de cet homme était celle de celui qui n’a plus rien à perdre. Observant chacun de ses collègues, un long silence lourd de sens les unissait. Deux d’entre eux se levèrent, suivant alors leur supérieur dans les couloirs de la prison…

Arme chargé.

*****

La troupe semblait émettre autant de bruit de grognement qu’une meute de loup affamé, deux d’entre eux se trouvaient déjà à terre et bientôt en suivraient d’autre, tous le savait. Et pourtant, malgré qu’ils restèrent silencieux un moment, c’est au même instant qu’ils décidèrent pour la majorité de s’attaquer à cet homme. Une premier attrapa une chaise, certaine se glissèrent de l’autre côté du self pour prendre des plateaux, et tout ce qui se pouvait servir d’arme et bien évidemment…Il y avait ceux qui s’était préparer à ce genre d’instant, qui tenait déjà entre les deux des morceaux de verre enrouler dans du scotch ou encore du savon au fond d’une chaussette…Tous était prêt ! Et c’est ensemble qu’ils foncèrent droit vers Alexis.

» ~Alexis Kane~
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