Brave New Life

Le taxi roulait aussi vite que possible, au diable la limitation de vitesse. C'est ce que se disait Charlie Brown, conducteur de taxi depuis 17 ans. Cette nuit il devait aller de toute urgence à l'hôpital, la femme qui était sur la plage arrière ne pouvait pas attendre. Elle allait accoucher d'ici peu. Charlie jettait des coups d'oeil dans le rétroviseur tout en conduisant.

"Vous z'en faites pas m'dame, z'arriverez à temps à l'hôpital pour mettre au monde votre marmo. C'est pas la première que je dois amener des femmes sur le point d'accoucher. Que jm'en souvienne, y a jamais eu de soucis."

Kerry leva un sourcils, la fin de la phrase du conducteur n'avait pas l'air de la rassurer. Soudain le taxi vira sur la gauche d'un coup sec et accéléra.

"C'est un raccourcis, je les connais tous dans cette ville héhé. Tout le monde au boulot pourra vous le dire."

"Je vous crois."
Kerry s'était cramponnée d'une main à la banquette, l'autre main sur son ventre qui la faisait souffrir. Le taxi se faufilait de rues en rues, dépassant les autres véhicules et faillit même avoir un accident mais "No Problemo" comme disait Charlie.
Après un temps record, le taxi pila devant l'hôpital. Charlie sortit et aida Kerry à sortir du véhicule. Kerry due bien avoué qu'elle était soulagée d'être enfin arrivée.

"Jvais vous amener jusqu'au hall d'entrée."

Kerry acquiesça. Ils arrivèrent dans le hall, une infirmière vit l'état de Kerry et prit immédiatement un fauteuil roulant.

"Tenez, asseyez-vous vite. On va vous conduire en salle de travail."
Kerry se retrouva dans une salle avec un lit, des moniteurs et toutes sortes de choses pour bien accueillir les nouveaux nés. L'infirmière l'aida à l'installer sur le lit.

"C'est trop tôt..."

"Il devait arriver quand ce bébé ?"

"2 semaines."

"Vu votre stade, ce n'est pas bien grave. Ca arrive plus souvent que ce qu'on imagine."

"Vous ne comprenez pas, elle est encore là, dans cette époque alors qu'elle ne devrait pas. Je sais pas les conséquences que...ça pourrait avoir...Deux dans la même époque, je ne sais même pas si c'est possible."

L'infirmière ne comprenait pas mais tenta de la calmer.

"Tout va bien se passer, calmez-vous. Un médecin va venir et s'occuper de vous."

[A suivre]

L’instant d’après un médecin arriva, il était en train d’enfiler un tablier de protection puis des gants.

« Très bien mademoiselle Tomas, je suis le docteur Wealson, tous les deux on va faire en sorte que votre bébé naisse dans de bonnes conditions d’accords ? Vous allez faire ce que je dis et tout se passera parfaitement bien. »

Kerry acquiesça même si elle aurai voulu repousser l’accouchement, chose devenue impossible. Pendant prêt de trois heures, le médecin aidé d’une sage-femme lui donnait des indications à suivre à la lettre comme bien souffler ou prendre quelques secondes de repos. La sage-femme lui épongeait le front quand il le fallait ce qui lui faisait un bien énorme. Puis vinrent des pleures mélangés à des cris, des cris signifiant la venue d’un nouvel être dans ce monde imparfait, les plus doux cris qu’elle n’entendrait jamais, le premiers son de sa fille. La sage-femme déposa le nouveau-née contre la poitrine de Kerry.

« Félicitation, c’est une magnifique petite fille. »

Le premier contact, privilégié mais aussi indispensable. Mère et fille devaient désormais apprendre à se connaître. Kerry prit ce petit être dans le creux de ses bras. Mère et fille se regardèrent. L’une avec un regard encore plein d’innocence et d’impatience de partir à la découverte du monde et l’autre avec un regard chargé d’émotions, de tendresse et d’un immense bonheur d’avoir pu donner la vie.

« Coucou toi. »

Elle lui caressa sa toute petite main puis déposa un baiser sur son front.

« Vous allez l’appeler comment ? »

Avec tous les événements qui se sont produit ces derniers mois, aucun prénom n’avait été choisis. Avec Alex ils en avaient pas mal discuté naviguant vers prénoms sans pour autant en choisir un. Mais maintenant, l’évidence était là, un seul et unique prénom était destiné à cet être si fragile.

« Lisa…C’est Lisa. Lisa Dumont. »

La sage-femme inscrivit le nom et le prénom sur un petit bracelet d’hôpital et l’enroula autour du petit poignet de Lisa.

« Bienvenue parmi nous Lisa. Au fait, nous avons essayé d’appeler votre ami pour le prévenir de la bonne nouvelle mais ça ne répond pas. Nous avons tout de même laissé un message. »

L’inquiétude gagna Kerry. Elle se mit à imaginer le pire mais chassa vite ces idées de sa tête. Son pouvoir l’aurai prévenu s’il y était arrivé quelque chose. Il devait juste être injoignable. Kerry leva la tête.

« Merci. »

« Bien je vais vous emmener dans votre chambre. »

La jeune femme déplaça le lit sur roulette jusqu’à une chambre avec vue sur Central Park.

« Voilà, vous y êtes. Je vais vous laissez. Je repasserais dans une heure pour vérifier que tout va bien. Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas. »

« Merci infiniment. »

La jeune femme quitta la chambre. Kerry continuait de regarder sa fille.

« Ton papa va tomber à la renverse en voyant comme tu es belle. Il ne va pas te lâcher d’une seule seconde, surtout quand tu sera en âge de sortir avec des garçons. »

Kerry ne pu s’empêcher de sourire en imaginant Alex imposant des règles pour les sorties entre ados.

« Mais sache qu’on sera toujours là pour toi. Cette fois on te laissera pas. »

Lisa la regarda, attentive aux mots que sa mère lui disait, même si elle ne les comprenait pas.

« Non jamais. »

Quelques heures plus tôt...

Après un temps record, le taxi pila devant l'hôpital. Charlie sortit et aida Kerry à sortir du véhicule. Kerry due bien avoué qu'elle était soulagée d'être enfin arrivée.

"Jvais vous amener jusqu'au hall d'entrée."

La jeune femme acquisça. Ils arrivèrent dans le hall puis là, Kerry vit Alex en compagnie de Peter. Elle afficha un grand sourir en les voyant.

"Vous êtes là. Vous tombez à pic."

Une autre contraction la fit grimaçer de douleur. Kerry leva les yeux vers Alex.

"Le bébé va arriver plus tôt que prévu on dirait."

Elle lui prit la main. Elle était heureuse de le voir, qu'il soit ici avec elle pour assiter à la venue au monde de leur enfant. Un moment qu'aucun père ne devrait manquer.
Une infirmière ayant vu l'état de Kerry, s'approcha avec un fauteuil roulant.

"Tenez, asseyez-vous vite. On va vous conduire en salle de travail."

Kerry ne se fit pas prier pour s'assoir. Elle s'efforça de se détendre comme on lui avait dit lors des ateliers pour futurs parents.

"Si le futur papa veut venir assister à la naissance, c'est maintenant qu'on y va."

L'infirmière poussa le fauteuil puis se dirigea vers la salle d'accouchement.

"Vous savez, le bébé a deux semaines d'avance."

Sentant l'inquiétude dans la voix de Kerry, l'infirmière la rassura immédiatement.
"Ce n'est pas bien grave. Ca arrive plus souvent que ce qu'on imagine. Pas d'inquiétude à avoir."

"Pas d'inquiétude à avoir ? J'aimerai bien vous y voir. Vous avez des enfants ? Non ? Ben vous verrez quand ça sera votre premier. On peut pas s'arrêter d'imaginer que quelque chose va mal aller, ça doit être l'instint maternel. Mais ça, vous le saurez quand vous y serez. Et puis comment être sûr à 100% que ça va allez comme sur des roulettes ? Impossible de le savoir. Faut juste ne pas...y penser."

Kerry riait mais c'était nerveux. L'infirmière regarda Alex.

"Dites, elle est toujours comme ça ?"

Que voulait dire Peter ? Comment Mila aurait pu savoir quoi que ce soit au sujet des évènements de la Statue de la Liberté. Quelques minutes auparavant, eux-mêmes n’en savaient rien. Alors comment Mila, en se trouvant loin de toute source d’information, aurait-elle pu en savoir plus qu’eux. Pourtant, la question ne sembla pas troubler la jeune fille. Au contraire, elle semblait effectivement être au courant de ce qu’il se tramait actuellement à New York. La fureur qui avait habité Peter quelques minutes auparavant ne semblait pas l’avoir quitté. Il voulait une nouvelle fois épargner le pire aux autres, quitte à s’exposer. Pour cela, il devait retourner à New York.

D’ailleurs, il comptait y aller, accompagné d’Alex, tout en remontant le temps afin de permettre à se dernier d’être présent auprès de Kerry pour la naissance de leur enfant. Soulagé, Alex ne dit pas un mot, laissant Peter donner ses dernières instructions à Mila et à Chris. Puis posant sa main sur l’épaule du français, il se prépara à les téléporter. Une boule d’angoisse se forma alors au creux du ventre d’Alex.

Cette subite angoisse aurait pu avoir un rapport avec le fait qu’il n’était pas fan de ce genre de mode de voyage. Mais la raison en était tout autre. D’ici quelques heures à présent, peut-être moins, il allait devenir père. Inspirant à fond, le français bloqua sa respiration juste avant le bond et ferma les yeux par pure réflexe. Cela rendrait-il l’expérience moins désagréable ? Surement pas.

***

Tout se passa très rapidement. Un battement de cœur. Il était impossible de réellement pouvoir dire à quel moment la téléportation s’était opérée. L’air chassé par l’apparition de deux corps à un endroit où il n’y avait rien quelques instants plus tôt, fouetta le visage du jeune homme, l’informant qu’ils étaient arrivés. Ce fut alors qu’il rouvrit les yeux. Peter se tenait debout devant lui, une main sur son épaule comme dans le parc de Vegas. Tout était identique, à un détail prêt. A présent, ils étaient sur le parking d’un hôpital de New York. Nauséeux, Alex respira à fond pour tenter de se redonner un peu de contenance.

« Ouais, je sais. Je suis sensible. Mais on en discutera une autre fois si tu veux bien. Laisse-moi deux secondes le temps de récupérer et de bien réaliser ce qu’il va se passer. »

Rapidement, les choses allèrent mieux. L’affreux gout de bile était toujours présent dans la bouche du français, mais il ferait avec.

« Merci Peter. Je crois que je suis prêt. »

Alex fit un sourire à son ami pour lui assurer que tout allait bien. Puis, il se dirigea vers l’entrée des urgences. Déjà, il sentait Kerry, sachant avec une certitude sans faille où elle se trouvait. En les voyant arriver, Kerry eut un sourire témoignant d’un soulagement certain de ne pas être seule pour cette épreuve. Mais une contraction la fit grimacer. Alex tenta alors de la soutenir. Alors que la journaliste lui saisissait la main, une infirmière fit s’installer la future mère dans un fauteuil roulant. Poussant sa patiente vers la salle de travail, elle invita Alex à les suivre. Sans même chercher à savoir où il allait réellement se retrouver, il les suivit, certain d’une seule chose : il ne voulait pas laisser Kerry seule. Visiblement, la jeune femme était inquiète que le bébé se présente si tôt. Mais l’infirmière tenta alors de la rassurer. En réponse, Kerry s’emballa, riant par pure nervosité. Surprise et surement amusée, l’infirmière se tourna vers Alex pour lui demander si son amie était toujours comme ça.

« Non. D’habitude, c’est moi qui jacasse non stop quand je suis nerveux. Mais là, je sais que tout va bien se passer. Après tout, ça s’est bien passé la première fois. », termina-t-il en reportant son attention sur Kerry.

« La première fois ? Mais je croyais que c’était votre premier enfant. », rétorqua l’infirmière.

Alex ne répondit pas. A dire vrai, il n’avait même pas entendu la réaction de la soignante. A présent, son attention était totalement tournée vers celle qu’il aimait plus que tout en ce monde. Il aurait voulu la soulager, la soutenir à l’aide de son pouvoir. Pourtant, il se doutait bien que ce n’était pas ce que Kerry voulait. Elle lui avait déjà demandé de ne pas utiliser son pouvoir ainsi lorsque ce n’était pas indispensable. Pourtant, il était prêt au cas où elle le lui demanderait.

« Si tu as besoin, tu sais que je peux t’aider. », l’informa-t-il avec un doux sourire avant de tendrement lui déposer un baiser sur le front. Puis, il lui prit la main pour lui témoigner tout son soutien.

Si certains pouvoirs s'avéraient encore difficiles à contrôler, le déplacement spatio-temporel était devenu chose aisée pour Peter. Il faut dire que son accident de téléportation avec Alex, qui les avait transportés quelques années en arrière et qui plus est au Japon, l'avait plutôt marqué, au point qu'il ne referait plus la même erreur. Une erreur qui lui avait cependant valu de rencontrer une personne extraordinaire, à savoir Asami Barairo. Une jeune femme merveilleuse qui avait malheureusement subi un destin cruel, comme bon nombre de victimes de cette nouvelle génération d'évolués. Peut-on seulement nommer une telle barbarie "évolution" ? Depuis l'apparition d'êtres dotés d'aptitudes hors du commun, le gouvernement n'avait jamais été aussi désorganisé, les autorités perdaient leur emprise, l'Etat n'avait plus le monopole du pouvoir, le contrôle n'était plus qu'une illusion que les humains les plus optimistes tentaient vainement d'entretenir. Il fallait se rendre à l'évidence : beaucoup de choses avaient changé. Cependant, le processus était loin d'être terminé. A vrai dire, la bataille ne faisait que commencer. Mais il y avait des choses autrement plus importantes que cela en ce moment même. La compagne, la bien aimée du meilleur ami de Peter allait donner naissance à leur fille, cette même fille que le cadet Petrelli venait de quitter quelques instants plus tôt. Celle qui se considérait comme un bug spatio-temporel ambulant avait besoin de reprendre ses esprits, de digérer cette défaite sans trop se laisser abattre par son lourd passé. Peter estimait que l'absence d'Alex l'aiderait peut-être à prendre une telle distance, puis la présence de Chris serait rafraichissante pour elle.

Voici donc les deux fidèles compagnons en route pour un nouveau voyage défiant les règles de la physique et de la temporalité. Alex semblait avoir encore du mal avec ce type de déplacements, et c'est un peu sonné qu'il réapparut sur le parking de l'hôpital de New-York.

« Ouais, je sais. Je suis sensible. Mais on en discutera une autre fois si tu veux bien. Laisse-moi deux secondes le temps de récupérer et de bien réaliser ce qu’il va se passer. »

Peter lacha un petit rire amusé et posa une main sur l'épaule de son ami. Discrètement, il insuffla un peu d'énergie régénératrice à son ami, pouvoir lui ayant été offert par la très attachante Rory Daniels. Il ne pouvait pas trop en faire, sinon cette lueur bleue risquerait d'attirer les soupçons du Français. Utiliser un pouvoir sur un proche à son insu pouvait facilement être vécu comme de la manipulation, ou de la trahison. Ceci dit, lorsqu'ils étaient discrets, ils constituaient le genre de petits bonheurs qui amélioraient le quotidien.

« Merci Peter. Je crois que je suis prêt. »

Peter acquiesca et se mit à avancer.

- Ne t'en fais pas, je suis sûr que tout va bien se passer. Tu es prêt à être père, Alex.

Ce n'étaient pas des paroles en l'air. Il avait vu son attitude paternelle, rassurante et bienveillante avec Mila. Il trouvait les mots qu'il fallait, avait ce qu'il fallait d'autorité mais également d'affection. Il allait faire un très bon père. Et Peter ne laisserait plus personne détruire cette future famille.
Il suivit Alex, qui semblait savoir où il allait. Lorsqu'elle les aperçut, Kerry étira un sourire rayonnant malgré son état. C'était déjà ça de pris : au moins, Peter avait réuni les tourteraux afin qu'ils puissent partager ce superbe moment, unique dans une vie. Cette scène réchauffait énormément le coeur. Alors que les contractions battaient de leur plein, Kerry commençait à perdre sa patience, se défoulant sur la pauvre infirmière qui l'assistait. Cette dernière, surprise, demanda au Français si elle était toujours comme ça. Ce dernier tenta de répondre par la plaisanterie.

- Vous devriez savoir qu'une femme sur le point d'accoucher est une vraie tigresse. Et avec celle-ci, mieux vaut ne pas vous y frotter, dit Peter en riant.

Sa formation d'infirmier lui avait fait rencontrer régulièrement ce genre de scènes, mais apparemment celle-ci était une nouvelle dans le métier. Alex était assez calme grâce au fait qu'il savait que l'accouchement s'était bien passé la première fois, d'ailleurs il faillit trahir le secret dans ses paroles. Mais peu importait, l'important était qu'ils avaient réussi à arriver à temps. On n'en était plus à quelques heures près. Peter tenta de calmer la curiosité de l'infirmière en déviant le sujet.

- Kerry, je suis sûr que tout se passera bien, tu n'as pas à t'inquiéter. Nous sommes de tout coeur avec toi.

Sur ces mots, il laissa Alex aller aux côtés de sa bien aimée, lui tenant la main et la berçant de paroles rassurantes. Il les regarda s'éloigner vers la salle de travail, la rouquine dans son fauteuil poussé par l'infirmière, et le Français ne la lachant plus d'une semelle. Ils n'avaient pas besoin de lui pour ce moment unique dans leur vie de couple. Il décida d'attendre un peu plus loin, s'asseyant près des distributeurs en compagnie d'autres anxieux, rongés par l'attente insupportable d'avoir des nouvelles d'un de leurs proches.

Kerry tentait de se calmer mais c’était plus fort qu’elle. La naissance d’un bébé n’était pas sans risque, encore plus que si elle était prématurée. Mais elle n’était plus seule désormais. Pendant que l’infirmière l’amenait en salle de travail, Alex et Peter voulait la rassurer en disant que tout allait bien se passer. Alex fit même une bourde en disant que la première, la naissance c’était très passée. La jeune rousse le regarda interloquée, se demandant si il n’avait pas reçu un coup sur la tête pendant leur mission à Vegas mais son pouvoir lui indiqua le pourquoi du comment.

« Ohh les vilains, vous avez trichés ! »

Mais elle ne pouvait pas en vouloir à Peter d’avoir ramener Alex dans le passé pour qu’il puisse assister à la venue au monde de sa fille. Elle remercia même du regard le jeune Petrelli de l’avoir fait. L’infirmière ne comprenait décidemment plus rien et décida de ne plus essayer de suivre la discussion sous peine de devenir dingue à tenter de comprendre ce qui se disait. Le petit groupe arriva dans une salle avec tout le nécessaire pour un accouchement, tandis que Peter était resté dans le hall de l’hôpital. Kerry s’installa sur le lit, aidée par l’infirmière.

« Le médecin est prévenu, il ne va pas tarder. »

Kerry acquiesça et serra la main d’Alex qui était à côté d’elle, prêt à la soutenir. Le moment tant attendu arrivait enfin, l’événement qui allait changer la vie du couple à jamais. Cet événement sera sûrement la plus belle chose qu’elle et Alex auront fait. Une nouvelle vie s’offraient à eux, pleine de promesses d’un bonheur à partager à trois. L’infirmière donna une blouse bleue au futur père.

« Si vous restez là, mettez ça. »

Le médecin arriva. Il terminait d’enfiler ses gants.

« Très bien mademoiselle Tomas, je suis le docteur Wealson, tous les deux on va faire en sorte que votre bébé naisse dans de bonnes conditions d’accords ? Vous allez faire ce que je dis et tout se passera parfaitement bien. »

Il se tourna vers Alex.

« Vous votre boulot sera de l’aider du mieux que vous pourrez. L’encourager, la soutenir. Compris ? »

Kerry sourit.

« Il l’a toujours fait… »

Puis le travail commença. Pendant prêt de trois heures, le médecin aidé de l’infirmière lui donnait des indications à suivre à la lettre comme bien souffler ou prendre quelques secondes de repos. Alex lui épongeait le front et l’encourageait. Kerry donna toutes ses forces dans cette naissance. Elle était épuisée. Mais c’était un mal pour un bien. Puis vinrent des pleures mélangés à des cris, des cris signifiant la venue d’un nouvel être dans ce monde imparfait, les plus doux cris qu’elle n’entendrait jamais, le premiers son de sa fille. Le médecin prit le nouveau né pendant que l’infirmière coupa le cordon ombilical. Il s’approcha d’Alex et lui déposa dans ses bras le bébé.

« Toutes mes félicitations, c’est une fille qui se porte à merveille. »

Instinctivement, Kerry comprit ce qu’avait voulu dire son ami en parlant de « la première fois ». Malgré son état et les douleurs des contractions, elle parvenait encore à faire de l’humour, ce qui rassura encore un peu plus le français. Lorsque l’infirmière tendit une surblouse à Alex, il n’hésita pas une seconde pour l’enfiler. Visiblement, c’était la tenue en vigueur pour assister à un accouchement. Lorsque le médecin arriva, il expliqua au jeune couple le déroulement des opérations. Durant quasiment trois heures, Alex fit tout ce qu’il put pour soutenir la journaliste, lui prodiguant encouragement et mots de réconfort, lui épongeant le front ruisselant de sueur, et lui tenant la main, même si par moment, il se demandait s’il n’avait pas chaque os des doigts brisés tant Kerry lui serrait fort.

Enfin, un pleur se fit entendre. Il était étrangement réconfortant et satisfaisant. L’attente qui avait duré si longtemps aux yeux d’Alex venait finalement de s’évaporer. Puis, l’infirmière s’approcha du français et lui remit dans les bras un tout petit être enroulé dans une couverture. C’était une fille. Sans voix, le jeune homme était en admiration devant cet enfant. Il se demandait comment il pouvait déjà être si attaché viscéralement à une personne qu’il venait tout juste de rencontrer. Doucement, de peur de brusquer sa fille, il s’approcha de Kerry pour la lui donner à son tour.

« Elle est merveilleuse. Tu as fait de l’excellent travail Kerry. »

Alors que tous les deux admiraient avec béatitude le fruit de leur amour, l’infirmière les ramena à la réalité.

« Vous allez l’appeler comment ? »

A dire vrai, même si le couple avait souvent abordé le sujet du prénom, il ne s’était jamais réellement fixé sur quelque chose de précis. Et d’ailleurs, pour Alex, le flou persistait toujours.

« Et bien … en fait, je … je dois avouer que je ne sais pas. Kerry ? Tu as quelque chose qui te tient à cœur ? »

Finalement, la jeune femme proposa le prénom de Lisa. Avec un sourire franc et sincère, Alex approuva. Maintenant que le prénom avait été choisi, il sonnait comme une évidence, bien que le français n’avait pas la moindre idée d’où pouvait provenir cette sensation. C’était comme s’il ne pouvait pas en être autrement.

« Je vous laisse seules en tête à tête entre filles. Peter doit surement attendre des nouvelles. »

Avant de sortir de la pièce, Alex déposa un baiser sur les lèvres de Kerry, puis sur le front de Lisa.

***

Comme l’avait prévu Alex, Peter était toujours dans la salle d’attente de l’hôpital, un gobelet en plastique vide dans les mains. Avec lui, d’autres personnes attendaient, une expression d’impatience sur le visage, ou bien d’inquiétude pour certains.

« C’est une fille. Si tu la voyais, elle est … je ne trouve même pas mes mots, tellement elle est magnifique. Elles vont toutes les deux très bien. Et si j’ai pu vivre ça Peter, c’est grâce à toi. Jamais je ne pourrai te remercier suffisamment pour ce que tu viens de faire. »

Alex prit son ami dans les bras et le serra de longues secondes. Etrangement, tous les évènements tragiques, difficiles et stressants qu’il avait vécus ces derniers mois semblaient s’être volatilisés pour un temps. Alex était dans un état de sérénité comme il n’en avait pas connu depuis des mois. Et cette sensation, il avait envie de la partager avec tous les gens qui lui étaient chers.

« Viens avec moi, je vais te la présenter. »

Alex accompagna alors Peter dans la chambre où se trouvaient Kerry et Lisa.

Peter détestait attendre, car l'attente était synonyme d'introspection. Il réfléchissait avec hargne, pensait au présent, au passé mais surtout au futur. Comment arriver à gérer les trois à la fois ? La mort d'Asami, les Sons of Liberty et la fin du monde. Trois tâches bien distinctes, éparpillées aux trois recoins du temps qui ne cessait sa course infernale. Comment profiter du présent si celui-ci perdait sa valeur classique ? A vrai dire, Peter n'avait jamais réellement profité de sa vie, il n'avait cessé de se battre pour aider les autres. C'était sa raison de vivre, ce à quoi il était destiné, et peut-être était-ce sa façon à lui d'être heureux. Il se mit à penser à Alex et Kerry, ce couple improbable au sein duquel était finalement né un amour incomparable, et le fruit de cet amour émergeait en ce moment-même. Peter était content pour eux, les deux amants le fascinaient. Jamais il n'avait vécu de pareil amour avec une femme. En fait, ses anciennes conquêtes étaient dans la lignée de sa quête altruiste : il voulait les combler, leur apporter un peu de bonheur. Mais il en oubliait sa propre personne, et cela devait apparemment lasser les femmes. Il s'oubliait au point de ne plus savoir qui il était vraiment. Sa famille n'était qu'un tas de mensonges éparses, son éducation artificielle, il croisait tous les jours ses parents sans les connaître, et peinait à définir sa relation avec son frère. Proches, et à la fois éloignés à des années-lumières l'un de l'autre. Nathan et son frère n'étaient en quelque sorte pas de la même planète, même s'ils tenaient énormément l'un à l'autre. Oui, Peter pensait vraiment trop.

Quelques mètres plus loin, assis à côté de son père, un gamin chinois jouait avec une petite voiture verte. Il la faisait rouler d'un siège à l'autre en faisant vibrer ses lèvres pour imiter le bruit du moteur. Arrivé à proximité de Peter, il s'arrêta et le regarda. Le cadet Petrelli lui rendit son regard. Le garçon lui tendit sa voiture dans un geste de désignation, sans réel rapport avec ses propos.

- Je vais avoir une petite soeur, lança-t-il avec une fierté non dissimulée.

Peter lui fit un sourire en coin.

- Tu en as de la chance. J'ai un frère, moi. Nathan Petrelli, tu le connais ? C'est un monsieur très important.

Le mioche posa un doigt sur sa bouche en fixant le plafond, puis secoua la tête négativement.

- Non, connais pas. J'aurais voulu un frère. Les soeurs, c'est nul. Ca joue à la poupée et ça aime pas les voitures !

Peter laissa s'échapper un petit rire amusé.

- T'en fais pas, pour les voitures ça viendra un jour. D'ailleurs, elle est bien belle, celle que tu as en mains. Je peux la voir de plus près ?

Le garçon hésita quelques instants, puis se résolut finalement à la lui prêter. Son père, à moitié en dormis, le guettait d'un oeil méfiant. Mais voyant le regard assez innocent de Peter, qui avait de plus fait disparaître sa cicatrice, il se détendit davantage. Petrelli fit tourner la voiture dans sa main.

- Elle est vraiment belle. Je parie qu'elle roule très vite !

Le petit soupira d'un air exaspéré.

- Mais nan, t'es bête toi ! C'est une fausse !

Peter le regarda d'un air espiègle et se pencha vers lui.

- Tu en es sûr ? Et si on testait ?

D'un geste mystérieux, il déposa la voiture sur le sol et fit un discret mouvement de l'index. Grâce à la télékinésie, la voiture se mit à rouler en faisant des ronds, sous les yeux ébahis de l'enfant. Ce dernier n'osait plus l'approcher, comme si cela risquait de briser la magie du moment et lui faire perdre sa vie récemment acquise. Peter fut amusé par la scène. Au moins, il avait réussi à se sortir de son ennui et de ses pensées envahissantes. Il arrêta la voiture devant le petit qui la ramassa après quelque hésitation.

- On dirait bien qu'elle est magique. A ta place, je la garderais précieusement. Je suis sûr que ta soeur sera jalouse !

Le garçon sourit et inclina la tête.

- Sûr ! Merci, monsieur. A bientôt !

Peter le laissa s'éloigner, puis se leva pour aller chercher un verre d'eau. A nouveau, l'attente se faisait ressentir. Il avait bu le liquide d'une traite et triturait désormais son gobelet, qui ne ressembla bientôt plus à rien. Finalement, Alex débarqua dans la salle d'attente, sortant Peter de ses pensées. Ses premiers mots furent l'annonce du sexe du bébé, ce qui n'était bien entendu pas une surprise pour l'empathique. Les yeux d'Alex pétillaient de bonheur, malgré les gouttes qui perlaient encore sur son front et la main meurtrie qu'il se massait machinalement. Il n'avait jamais eu l'air aussi heureux. Il remercia chaleureusement Peter, encore sous le coup de l'émotion, et le prit dans ses bras. Pete' tapota le dos de son ami en souriant, content d'avoir pu réaliser une aussi belle action pour l'une des personnes les plus chères à ses yeux.

- C'est tout naturel, tu sais. C'est la moindre des choses que je puisse faire pour toi.

Alex l'invita alors à le suivre pour venir voir le nouveau-né. Fier comme un paon, il emmena son ami dans la salle d'accouchement. Ils arrivèrent alors que les infirmières remettaient le bébé entre les bras de sa mère après lui avoir fait passer les tests sensori-moteurs primaires. C'était un beau bébé, en bonne santé. Et Kerry, aussi exténuée fût-elle, rayonnait de joie. Peter eut alors une pensée complètement absurde : c'était l'anniversaire de Mila, en toute logique. Le cadeau qu'elle avait réçu était tout sauf réjouissant, et il espérait avec un pincement au coeur que la présence de Chris lui était réconfortante. Il échangea un regard avec la rouquine, et ils n'eurent pas besoin de mots pour se comprendre. Le jeune homme s'approcha d'elle et prit délicatement Lisa dans ses bras. Elle était toute menue et frippée, encore rose et aveuglée par la lumière. Mais elle était incroyablement paisible, comme si elle ressentait directement le bonheur de ses parents. Puisse ce bonheur durer aussi longtemps que possible. Peter ferait tout pour préserver cette petite vie si délicate. Il les protégerait tous les trois.

- Elle est superbe. Vous avez fait du bon boulot tous les deux.

Elle paraissait si fragile, mais cette petite fille allait devenir extrêmement puissante. Un nouveau destin naissait, et Peter était sûr qu'il assurerait à la préservation d'un monde en paix. Un tel amour ne pouvait que triompher de la haine qui rongeait ce monde en souffrance.

- Oh, j'allais oublier...

Il posa Lisa dans les bras d'Alex et ramassa un petit sachet qu'il avait discrètement posé en entrant.

- Petit cadeau. Je suis passé à la boutique tout à l'heure, en attendant.

Il le tendit à Kerry. A l'intérieur se trouvait une petite grenouillère blanche rayée de gris avec un bonhomme souriant au-dessus duquel était inscrit "My Dad's a Hero". Il haussa les épaules d'un air désolé en regardant Kerry.

- Désolé, je n'ai pas trouvé le modèle pour la mère ! Et ce n'est pas faute d'avoir cherché.

Il contempla le couple comblé d'un air bienveillant, et fut soudain parcouru d'une pensée délicieuse : il avait enfin réussi quelque chose de bien. Il avait contribué au bonheur de ces personnes qui lui sont si chères. Quoi de plus encourageant pour la suite des événements ? Une nouvelle pierre venait d'être posé sur le chemin de la rédemption, au bout du quel se trouvait peut-être la paix tant recherchée. Il suffisait d'ouvrir les yeux pour voir que le bonheur était à portée de main. Il suffit juste de tendre le bras dans la bonne direction. La voie était toute tracée, et la première étape serait un affrontement capital : le combat contre les Sons of Liberty.

Kerry regarda émerveillée ce tout petit être qu’elle pu enfin tenir dans ses bras. C’était une merveille, un don du ciel. Kerry déposa un tendre baiser sur le front de sa fille.

« Coucou toi. Tu es magnifique, tu le sais hein ? »

L’infirmière s’approcha de la petite famille et demanda si un prénom avait été choisi. Elle et Alex en avait parlé mais avec tout ce qui s’était passé ensuite ils n’avaient pas choisi de manière définitive un prénom au bébé à venir. Maintenant qu’elle était là, ils devaient en choisir hein. Alex lui demanda si un prénom lui tenait à cœur. En effet, il y avait bien un prénom qui sonnait comme une évidence.

« Lisa…ça sera Lisa. »

Elle avait la sensation que c’était ce prénom –ci et pas un autre. Alex semblait d’accords avec ce choix puis partit prévenir Peter de l’heureuse nouvelle. L’infirmière attacha un petit bracelet au poignet de Lisa avec son nom et prénom inscrit dessus, puis elle quitta la chambre un moment. Mère et fille se retrouvaient en tête à tête. Kerry était en admiration devant Lisa. Elle sentait le besoin de la protéger de ce monde cruel, de l’aider à faire face aux difficultés de la vie. Cela devait être ça que tout le monde appelait l’instinct maternel. Elle prit dans sa mains les deux petites mains de Lisa et la regarda droit dans les yeux.

« Ne t’en fais pas. Ton papa et moi on sera toujours là pour toi. On ne te quittera pas si vite cette fois. »

Elle pensa à Mila, enfin à Lisa du futur. Pauvre petite, la vie ne l’avait pas épargnée. Quelle horrible épreuve que de perdre ses parents si tôt. Cette fois, ils seront là pour elle. L’infirmière revint dans la chambre pour effectuer quelques tests de contrôle pour voir si Lisa répondait bien à différents stimuli. Tout allait bien. Alex et Peter arrivaient également. Kerry regarda Peter et lui proposa de tenir le bébé. Le jeune homme, hésitant, prit le petit être en soutenant bien la tête. Kerry sourit en voyant le cadet Petrelli entrain de bercer un bébé. Après l’avoir reposé dans les bras d’Alex, Peter tendit à Kerry un petit paquet. Surprise, Kerry ouvrit le paquet et rit en voyant la petite grenouillère avec l’inscription « My dad is a hero ». Elle rit de plus belle lorsque Peter lui avoua qu’il avait cherché le même vêtement mais avec l’inscription dédiée à la maman.

« Ce n’est pas grave. C’est parfait comme ça. Merci beaucoup Peter. »

Elle regarda Lisa qui gazouillait dans les bras de son père. Une scène si attendrissante. Elle regarda Peter à nouveau.

« Peter, on a quelque chose à te proposer. Avec Alex on en a parlé parce que c’est de coutume et qu’on en a tous les deux convenus que tu étais la personne idéale pour ça. »

Elle regarda Alex qui avait un sourire aux coins des lèvres, sachant ce dont elle voulait parler.

« Peter, nous serions très heureux si tu acceptais d’être le parrain de Lisa. »

Elle était certaine que Peter serait parfait dans ce rôle, à gâter sa nièce à tout va. Soudain son pouvoir originel s’enclencha. Elle regarda Peter.

« Les Sons of liberty…ils ont frappé c’est ça ? Seigneur… »

N’ayant pas eu accès à la télévision ni à la radio ou tout autre moyen de communication depuis des heures, elle venait juste d’apprendre l’attentat.

« Je suis désolée Peter au sujet de Claire. Lila ne sait pas où Kane l’a amené et je n’ai pas pu le découvrir. Elle est introuvable. »

Peter félicita les jeunes parents. Il remit alors un paquet cadeau à Kerry. Visiblement, il avait eu le temps de trouver quelque chose à offrir le temps de l’accouchement. Lorsque la journaliste l’ouvrit, elle en sortit une grenouillère sur laquelle était inscrit « my da dis a hero », alors que le jeune américain s’excusait sur le ton de la plaisanterie de ne pas avoir trouvé le modèle pour maman. Alex ne fut pas vraiment surpris par cette attention de la part de Peter, même s’il était loin de s’imaginer que dans la bousculade des derniers évènements, son ami prendrait tout de même temps pour ce genre de détail. Puis, en voyant l’inscription, le français repensa soudainement à son propre t-shirt, cadeau de Mila alors qu’ils étaient à l’aéroport de New York lors de leur départ pour Vegas, et sur lequel il était inscrit « Beware, orgasmic material ! ». L’air un peu gêné, il défroissa machinalement le vêtement sur lui, dans une veine tentative d’effacer l’inscription. Puis, le ridicule ne pouvant le tuer, il se permit un trait d’humour.

« Décidément … que de vêtements aux imprimés évocateurs pour un seul homme … ça en devient presque embarrassant. »

Alex prit sa fille dans les bras, la trouvant encore plus merveilleuse que la première fois qu’il l’avait tenu près de lui. Aucun doute, il était devenu totalement gaga en quelques secondes face à cet être humain. Ici, il n’était nullement question d’un quelconque pouvoir. Non, c’était un phénomène on ne peut plus naturel. Celui qui était créé par le miracle de la vie. Kerry demanda alors à Peter s’il accepterait de devenir le parrain de leur fille. D’un signe de tête affirmatif, Alex appuya la requête de son amie, tout en souriant à Peter.

Pourtant, avant que le new yorkais n’ait le temps de donner sa réponse, le visage ensoleillé de Kerry se voila soudain d’une forme d’angoisse. Alex comprit que le pouvoir de sa compagne venait une nouvelle fois de s’activer. A présent, elle était au courant pour les agissements des Sons of Liberty. Elle était également désolée pour Claire. La cheer leader était entre les mains de Kane et la rousse n’avait pas la moindre idée d’où il pouvait la retenir. Visiblement, même son pouvoir était hors de portée de l’adolescente. Alexis semblait avoir trouvé une parade pour préserver le secret.

« Kane est à New York. Il est du genre méticuleux et prudent. Je ne pense pas qu’il soit homme à s’éloigner d’un bien aussi précieux à ses yeux que Claire. Elle est très certainement encore en ville. Si je me concentre, je devrais la trouver. Après tout, elle est encore plus imposante que toi Pet’ en matière d’énergie vitale. »

Alex déposa alors délicatement Lisa dans les bras de sa mère. Puis, fermant les yeux, il se concentra afin de retrouver la trace de la cheer leader. Cette essence là, il ne la connaissait que trop bien. Une fois les yeux clos, il eut un moment d’hésitation avant de tenter de la localiser. Toucher ce genre de puissance l’effrayait encore. Claire était une forme de Graal pour le français, un fruit défendu. S’en approcher, c’était se brûler les ailes. Même s’il ne sentait pas l’entité au fond de lui se délecter de ce qui allait suivre, il savait pertinemment qu’elle devait être en train de se délecter de la torture qu’allait devoir s’infliger son hôte. Pourtant, Alex devait bien ça à Peter. L’aider à retrouver sa nièce, c’était peu cher payé en comparaison à tout ce que le cadet des Petrelli avait déjà fait dans cette seule journée pour Alex et Kerry.

Le vide fait dans son esprit, Alex s’ouvrit alors aux formes de vie l’entourant. Bien entendu, dans un premier temps, l’aura de Peter occulta tout le reste. Puis, parvenant à mentalement l’écarter, il perçut Kerry et Lisa. Etendant la portée de son sens, Alex ressentit alors l’ensemble des personnes présentes dans l’hôpital, puis dans le quartier, sur Manhattan, et finalement dans tout New York et ses alentours.

Finalement, après quelques minutes, Alex rouvrit les yeux.

« Rien. Désolé Peter. Je ne la trouve pas. Ma théorie tombe à l’eau. Claire n’est pas retenue à New York. Kane l’a caché ailleurs, et je doute pouvoir étendre mon pouvoir plus loin. Je crois l’avoir poussé jusqu’à ses limites. Mais c’est tout de même étrange que Kerry ne parvienne pas à deviner où se trouve ta nièce. Normalement, la vérité devrait s’imposer à toi. A moins que … »

L’air désolé Alex regarda Peter droit dans les yeux. Evidemment, à présent, il ne devait pas être le seul à penser à cette possibilité. Personne n’osait le dire à haute voix, pourtant cela restait une éventualité.

« Si Kerry ne peut deviner où elle se trouve et si je ne parviens pas à la sentir … c’est peut-être qu’il est tout simplement trop tard. »

Effectivement, Claire était peut-être tout simplement morte à l’heure actuelle. Pourtant, Alex gardait espoir.

« Mais il y a peu de chance pour que ce soit le cas. Après tout, nous savons tous qu’elle est particulièrement résistante. En plus, ça n’est pas logique. Kane n’a aucun intérêt à kidnapper Claire pour ensuite s’en débarrasser. La garder vivante pour son projet est un point essentiel, j’en suis certain. Nous ne cherchons peut-être tout simplement pas au bon endroit, ou de la bonne manière. »

Après un commentaire embarrassé d'Alex et une série fort attendrissante de gazouillis tout pleins de bulles de la part d'une mini Lisa très en forme, sa mère leva vers Peter un regard serein. Quelque chose brillait dans ses yeux, comme un enfant prêt à faire une surprise. Mais il fallait bien avouer que la surprise était de taille. Elle lui proposa en effet de devenir le parrain de la petite. Apparemment, elle en avait déjà discuté avec Alex, leur regard complice ne trompait pas. Très ému, Peter ne put émettre aucun son sur le moment-même, et se contentat de hocher la tête avec un sourire gêné. L'image de Mila lors de leur première rencontre lui revint alors à l'esprit. Cette jeune fille semblait fort attachée à lui alors qu'il ne la connaissait pas. Il comprenait désormais pourquoi elle lui montrait autant d'affection.

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« Désolé si je t’ai semblé trop familière. Après tout, tu ne me connais pas … du moins, pas encore. Je m’appelle Mila Stound … tout du moins, c’est l’identité que j’ai adopté dans votre monde. En réalité, on me connait sous le nom de Lisa Dumont. Et oui, je suis ou serai la fille de Kerry et Alex … ça explique pourquoi je te connais si bien … et aussi pourquoi je peux me montrer un peu trop enthousiaste de te revoir. »

Mila saisit l’une des mains de Peter et la retourna. Du bout des doigts, elle effleura sa paume. C’était comme dans ses souvenirs, comme si elle avait fait ce geste hier. Il était exactement tel qu’elle l’avait connu.

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Il regretta soudainement de l'avoir laissée seule et se dit qu'ils ne devaient plus trainer dans le passé, avant de créer de nouvelles catastrophes temporelles. Kerry sembla le comprendre, et son regard changea. D'un ton plus grave, elle dit :

« Les Sons of liberty…ils ont frappé c’est ça ? Seigneur… »

Peter détourna le regard, comme à chaque fois qu'il était préoccupé.

- Pas encore ici... mais dans notre présent, le mal est déjà fait. Nous n'avons pas pu les arrêter, nous ne sommes pas encore assez nombreux et nous ne savions pas où ils étaient.

« Je suis désolée Peter au sujet de Claire. Lila ne sait pas où Kane l’a amené et je n’ai pas pu le découvrir. Elle est introuvable. »

Lila... Cette Lila Cruz ? Celle qu'il avait sauvée suite à la destruction de la Compagnie ? Etait-elle vraiment liée à toute cette histoire ? Cette femme trempait décidément dans toutes les affaires louches possibles et imaginables. Quel était son pouvoir, déjà ?
En tout cas, elle n'avait vraisemblablement aucune information à propos de la position de Kane, et surtout de Claire, l'autre nièce à laquelle il tenait énormément. Il ne pouvait pas la laisser aux griffes de ce terroriste. Cette adolescente ne demandait qu'une seule chose, et c'était vivre une vie ordinaire, comme toutes les filles de son âge. Depuis sa naissance, elle n'avait cessé d'être observée, traquée, menacée, malgré tous les efforts de son père pour lui préserver une existence normale.
Il était fort probable qu'Alex et Kerry allaient devoir livrer le même combat, mais Peter les supporterait dans leur rôle de protecteurs durant chaque jour de son existence. Il regrettait déjà assez d'avoir été si peu présent pour Claire, il ne referait pas la même erreur. Et il réparerait la première.
L'idée qui vint immédiatement à l'idée d'Alex fut de chercher la Cheerleader au moyen de son pouvoir. Même si Peter n'aimait pas trop cela, il laissa son ami faire. Ce dernier ferma les yeux et se concentra. Sa tête se tourna légèrement vers Peter qui comprit qu'il était une source parasitante d'énergie, et recula de quelques pas. Geste fort peu utile, purement symbolique. Tous ces pouvoirs n'étaient vraiment pas facile à gérer, cela le mettait parfois dans des positions délicates. Alex se concentra encore, mais ne trouva absolument rien.
Il envisagea d'abord qu'il était trop tard pour sauver Claire. Pet' en eut des frissons dans le dos, mais l'idée était assez invraisemblable. Le Français comprit rapidement qu'il n'était pas possible qu'elle eût été enlevée dans l'unique but d'être tuée. Son pouvoir était une source intarissable de puissance, qui pouvait vite monter à la tête de mégalomanes tels que Kane. Jamais il ne se serait débarrassée d'elle.

- Elle pourrait être n'importe où : piégée dans le temps, dans une entité qui nous échappe, dans une autre dimension ou que sais-je. Ce truc noir qu'il contrôle... on ne sait même pas ce que c'est.

Il ignorait que le couple avait déjà eu affaire au ténébreux lors d'une mission pour capturer Sylar, en compagnie de Lila Cruz. Kane y avait manifesté ses pouvoirs, même si ceux-ci avaient finalement été déjoués, et Kerry avait failli en être la victime. Mais l'heure n'était pas à la réflexion... du moins, pas encore.

- Le seul moyen, c'est d'en apprendre davantage sur lui et ses sbires. Je suis désolé Kerry, mais nous allons devoir repartir, le temps presse. J'ai été content de te voir, et on se retrouvera très bientôt. Je veillerai sur vous, et je suis vraiment ravi d'être le parrain de M... Lisa.

Il s'était rattrappé à temps, même s'il se doutait que le Français ne relèverait pas. Il ne pouvait plus foncer dans le tas, désormais. Sa petite cellule familiale comptait désormais un nouvel organe, des gens à qui il tenait et qu'il ne pouvait pas laisser tomber. Il avait trop de responsabilités pour foncer tête baissée et prendre des risques inutiles. La bataille n'en serait que d'autant plus délicate.

- Alex... C'est quand tu le sens. Je t'attends dans le couloir.

Il laissa les jeunes parents se dire au revoir, et quitta la pièce après un bref regard bienveillant sur sa nièce et sa mère.

Alex redéposa Lisa dans ses bras et tenta lui aussi de localiser Claire mais décidemment Kane avait grandement mené sa barque pour rendre Claire invisible. Comme lui, Kerry pensa un instant que Claire était peut-être morte mais elle était trop importante pour Kane. Il ne s’en débarrassera pas de cette façon. Son plan en dépendait. Mais comment la retrouver alors ? Alors que Peter et Alex parlait entre eux, Kerry se creusait la tête pour avoir une idée. A vrai dire, elle supportait mal qu’on puisse tenir en échec son pouvoir de cette manière. A sa connaissance il n’y avait que deux personnes qui arrivaient à y échapper : Angela et Kane. Elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont ils s’y prenaient. Comment pouvaient-ils réussir à être invisibles aux yeux de la vérité ? C’était vraiment étrange.

Peter la sortit de ses pensées. Il devait repartir avec Alex pour tenter d’en apprendre plus sur Kane et de tenter de retrouver Claire. Elle regarda Alex. Déjà ? Elle avait l’impression qu’il était arrivé il y a même pas dix minutes. Elle souhaitait qu’il puisse rester en famille mais des choses plus importantes devaient être faites. Ce n’était pas le moment de se montrer égoïste. Peter quitta la chambre après lui avoir dit au revoir à elle et à Lisa. Elle regarda à nouveau Alex et sourit en voyant l’inscription de son tee-shirt.

« Joli tee-shirt. Un peu…flashy mais joli. Il va falloir que je fasse attention maintenant quand tu sors, les filles vont voir en toi comme une proie idéale. »

Dit-elle en souriant. Elle regarda Lisa qui gazouillait encore.

« Eh oui parce que papa est un tombeur. »

Sacrée Mila. Vu le caractère d’Alex et la phrase inscrite sur le vêtement, elle n’avait pas de mal à imaginer la tête qu’avait du faire Alex lorsque Mila lui a offert. Soudain, le dégoût et la colère l’envahit. Elle tourna la tête vers Alex.

« Sylar…il a osé touché Mila. L’ordure ! Je te jure que si je le vois cette fois je le tue. Pas de remord. »

Sentant la contrariété de sa mère, Lisa se mit à pleurer. Kerry s’empressa de la rassurer et de la calmer.

« Oh c’est rien ma puce. Chuuut. »

Lisa se calma vite. Kerry regarda Alex.

« Désolée de m’être emportée. C’est juste que… »

Elle avait fait une promesse, enfin pas de son plein gré, de ne pas dire la vérité au sujet de Mila à son père. Mais il avait le droit de savoir, et de toute manière qu’il le sache n’aggraverai pas le continuum espace temps qui avait déjà été fortement ébranlé. Oui il avait le droit de savoir, mais pas maintenant. Alex avait une mission et il devait être complètement concentré et ne pas être dispersé. Une telle révélation était à proscrire.

Kerry lui sourit.

« C’est juste que je suis un peu fatiguée. »

Elle lui prit la main.

« Promet moi d’être prudent. Alexis Kane est quelqu’un de dangereux. Toi et Peter faites attention où vous mettez les pieds. »

Elle avait la même inquiétude que lorsqu’Alex et Mila étaient partis pour Vegas. Elle craignait de ne pas le revoir, de lui dire adieu et non au revoir. Elle lui caressa la joue et l’embrassa.

« Je t’aime. »

Tous furent unanimement pour conclure que Claire était encore en vie, retenue d’une manière ou d’une autre par Kane. La remarque de Peter fit alors sursauter Alex intérieurement : une autre dimension. C’était évident. A présent qu’Alex y réfléchissait, il semblait bien que la réponse s’était toujours trouvée devant leurs yeux. Le problème était simplement qu’ils prenaient le problème à l’envers, réfléchissant avec une logique qui ne pouvait s’appliquer que dans le plan d’existence, selon les lois de leur réalité.

Alex repensa alors à sa première rencontre avec Kane à Philadelphie. L’acolyte de Sylar semblait capable de se mouvoir à travers les ombres, disparaissant aux yeux de tous pour réapparaitre plus loin. Même si physiquement, il n’était alors plus en leur présence dans les rues de Philadelphie, visible par tous, le français était tout de même parvenu à sentir sa présence. Alexis était avec eux, sans y être vraiment, présent dans un plan chevauchant celui de la réalité. Si le français avait pu sentir sa présence, et ceci malgré une certaine difficulté, c’était parce qu’il se trouvait à une distance raisonnable de sa cible. Mais il était fort probable que l’éloignement puisse atténuer la perception du jeune homme.

Si Claire se trouvait piégée dans ce plan d’existence, cela expliquait certainement pourquoi elle était hors d’atteinte des pouvoirs de Kerry et d’Alex.

Le jeune homme n’eut pas le temps de faire part de sa réflexion, Peter souhaitant se mettre le plus rapidement possible à la recherche de Kane. Il quitta alors la chambre après avoir dit au revoir à Lisa et sa mère, laissant la petite famille un instant seule.

L’heure était grave, le jeune couple en avait conscience. Pourtant, Kerry tenta de dédramatiser la situation par une subtile référence à la tenue vestimentaire de son ami. Puis, alors qu’elle était radieuse et souriante, elle s’emporta. Sa rage eut pour cible Sylar, qui, d’après les dires de la journaliste, avait abusé de Mila. Devant ce soudain pic d’énervement, Lisa montra son mécontentement à son tour, forçant sa mère au calme, cette dernière s’excusant pour sa réaction.

C’était donc ça qui avait tant troublé Mila dans le square à Vegas. Subitement, les propos de la jeune fille prirent tout leur sens dans l’esprit d’Alex. Lors de leur rencontre, il semblerait bien que Sylar avait eu plus que des propos blessants.

Kerry sembla sur le point de dire quelque chose à son ami, mais se retint au dernier moment, argumentant que la fatigue la faisait sans doute dire des choses parfois peu claires. Elle fit alors promettre à Alex d’être prudent avant de l’embrasser.

Une peur comme il en avait rarement ressentit s’empara l’espace de quelques secondes d’Alex : la crainte de voir Kerry et Lisa pour la dernière fois. Mais rapidement, il chassa cette idée de sa tête. Ce n’était certainement pas le moment de craquer ou de se laisser distraire par des idées aussi peu fondées.

Passant tendrement une main dans les cheveux de son amie, Alex se pencha vers elle afin de déposer un baisé sur ses lèvres.

« Je t’aime aussi et ne t’inquiète pas, je saurai me montrer prudent. »

Puis, il se pencha sur Lisa et l’embrassa sur son front rose.

« Prends soin de ta maman ma puce. »

Lors de ce bref contact, ses lèvres effleurèrent l’essence de ce petit être, union harmonieuse de la signature énergétique de ses deux parents. A cette sensation, Alex sourit furtivement.

« Je reviens au plus vite. »

Puis, Alex quitta la chambre afin de rejoindre Peter qui l’attendait dans le couloir.

« Tu as raison Peter, Claire est retenue par Kane dans un autre plan. La matière noire que tu décris et qu’il manipule, ce n’est rien d’autre que de l’ombre. Mais elle semble beaucoup plus dense, si bien qu’elle en est solide. Je sais, le concept est un peu curieux à saisir … mais si l’on part du principe que la lumière est de la matière, alors pourquoi l’ombre n’en serait-elle pas une autre forme aussi. Bref, Kane est capable de passer de notre plan d’existence à un plan d’obscurité. Il doit également pouvoir y emmener des objets ou des personnes. C’est surement là qu’il a caché Claire. »

Alex se gratta le front.

« Le seul problème, c’est qu’il sera surement le seul à pouvoir l’en sortir. Sans lui, il n’y a pas d’espoir. Alors, j’ai envie de dire : par où on commence ? »

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