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 Dans un monde d'hommes (Libre)

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MessageSujet: Dans un monde d'hommes (Libre)   Dans un monde d'hommes (Libre) I_icon_minitimeMer 31 Mar - 13:39

La soirée était bien installée. La lune était haute dans le ciel de New York. Un petit vent un peu frisquet rappelait aux quelques passants que l’été n’était pas encore arrivée, malgré la température douce. Les rues de New York étaient presque entièrement désertes. Une ville comme la Grosse Pomme était plutôt dangereuse le soir, mais l’impression de danger s’accentuait par les ruines encore bien présentes. Cela donnait au paysage un air sinistre et sombre, une désolation sans fin. Il était difficile de se souvenir de la période d’avant. C’était comme si l’endroit avait toujours été comme ça, sale et détruit. En même temps, on pouvait lire sur le visage des habitants restants, la tristesse de voir leur belle cité réduite en poussière.

Un Jeep noir roulait vite sur une route parsemée de débris et de poussière. La lumière forte des phares avant léchait la route devant la voiture. À l’intérieur, les haut-parleurs criaient une chanson bien connue d’un groupe Canadien. Evan chantait en même temps que la musique et elle battait le rythme en bougeant la tête. Le Jeep s’arrêta sec devant un bâtiment qui n’avait pas l’air neuf. L’enseigne lumineuse clignotait chaque fois que les fils électriques étaient un peu secoués par le vent. Comme il manquait des néons, il était difficile de lire la fin du mot dans la pénombre. Heureusement, Evan connaissait bien ce bar. Elle n’avait pas besoin de voir le nom en entier pour savoir que c’était précisément là qu’elle voulait aller.

La jeune femme attendit la fin de la chanson, SA chanson, avant de couper le contact du moteur. La porte du Jeep s’ouvrit et Evan en sortit. Elle attendit quelques secondes près de son véhicule, le temps de calmer ses angoisses. Depuis l’événement, la brune était devenue quelque peu paranoïaque. Elle redoutait de croiser un mutant partout où elle allait. Instinctivement, elle tâta les deux petits étuis en cuir qu’elle portait toujours à sa ceinture, contenant son pistolet 8mm ainsi que son pistolet électrique. Ainsi, elle assurait sa propre protection. Elle vérifia pour une troisième fois consécutive son cellulaire. Tout était correct. Elle ne manquerait pas de piles et John ne l’avait pas appelée. C’était parfait…

Le lieutenant Reiley se dirigea d’un pas décontracté vers le bar. Elle passa devant une rangée de belles motos toutes alignées. C’était son jour de chance, une bande de motards hantait l’endroit. La jeune femme se raccrocha à ses préjugés aucunement fondés afin de se rassurer. Dans sa tête, les mutants ne pouvaient pas être des motards. Elle ignorait pourquoi, mais elle en était certaine. Elle poussa donc la porte de bois qui grinça, et elle entra. L’éclairage était tamisé et les gens parlaient fort. Evan se dirigea vers le bar et elle y prit place. Elle regarda un instant les gens aux alentours. Il y avait quelques visages connus, pour les avoir vus à plusieurs reprise dans ce même bar. Il y avait aussi plusieurs motards qu’elle voyait pour la première fois. Une jeune femme seule entourée d’une dizaine de ces hommes machos aurait toutes les raisons du monde d’avoir peur. Mais Evan savait se défendre. Son père était propriétaire d’un garage en Louisiane, et la jeune femme y avait travaillé longtemps à temps partiel en étudiant. Ensuite, ses quatre ans dans l’armée l’avaient forgée. On pouvait dire qu’elle avait toujours baignée dans un monde d’hommes. Elle ne s’en faisait pas trop.


« Ce sera quoi? »

Evan sursauta. Le barman s’était adressé à elle, s’enquérant de sa commande. La militaire croisa le regard de l’homme et le reconnu. C’était le même tenancier que d’habitude. C’était à croire que le propriétaire de ce trou à rats était aussi le seul employé. Elle lui répondit tout en fouillant dans ses poches pour prendre de l’argent.

« Une bière… »

Son ton était nonchalant. Evan était quelque peu découragée. Cela faisait trop longtemps déjà que John et elle-même s’était installés dans la Grosse Pomme et ils n’avaient pas encore réussis à trouver Sylar et à le tuer. Elle attrapa sa bière et en bu une longue gorgée. Elle devait se détendre.

Alors qu’elle fixait sa bière, plongée dans ses pensées profondes, un homme l’aborda. Il s’agissait d’un des gros motards. Il était grand, large, chauve et plutôt laid. Il s’adressa à elle en utilisant un langage grossier et une de ses phrases faites d’avance servant à draguer les jeunes filles qui ne connaissent rien à la vie.


« Salut ma belle… Fini ta bière, je t’amène faire un tour de bike et après, je te fais crier toute la nuit. Qu’est-ce que tu en penses comme plan de la soirée? »

« Oui… Ça, ou complètement autre chose. »

« Autre chose? Comme quoi? »

« Comme, par exemple, tu fermes ta gueule et tu t’en vas et on n’en parle plus. »


Évidemment, le tas de muscle au cerveau de mollusque n’apprécia pas la réplique cinglante de la jeune femme. Il frappa un grand coup sur la table. Evan se leva aussitôt, une main sur son pistolet électrique, prête à tout.
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