Electroshocks [Pv. Ethan]

Lorsque Peter Petrelli partit sans prendre soin de soigner la cuisse de Lila, qu'elle s'était elle-même lacérée, elle fut contraite d'appeler une infirmière. A peine avait-elle appuyé sur le bouton qu'une femme assez corpulente fit irruption dans la pièce.

- Ca, c'est du rapide...

L'infirmière ne prit pas compte de la remarque, elle avait appelé deux autres collègues qui arrivèrent et toutes les trois s'occupèrent calmement de l'Anglaise.

- Monsieur Petrelli nous a fait part de votre petit accident tout à l'heure. Il faut un peu vous ménager, mon ange. Ce n'est pas comme ça que vous allez vous rétablir !

Elles faisaient preuve d'un tact implacable auquel l'aristocrate n'était pas habituée. A vrai dire, cela l'écoeurait au plus haut point. Elle se laissa soigner, on lui prescrit deux autres médicaments pour son état émotionnel, médicaments qu'elle recrachait en cachette une fois seule dans sa chambre. Ce traîtement attentionné ne lui convenait pas. Elle n'avait qu'une chose en tête : sortir de cet endroit. Merci Peter... Décidément, il n'y avait pas un Petrelli pour rattrapper l'autre. Si elle pouvait exterminer toute la famille d'un coup, elle ne se gênerait pas.

Afin de pallier à son ennui, elle avait commandé une douzaine de livres qu'elle dévorait à longueur de journée. Lila n'était pas seulement une arme humaine en quête d'action, c'était également une femme très cultivée, passionnée par la littérature, l'anthropologie et les langues. Le soir, elle n'avait pas sommeil. A force d'être couchée au lit toute la journée, elle était en manque d'activité physique et son corps refusait de se détendre. Elle arpentait sa chambre aidée d'une béquille et ressassait les souvenirs de ses derniers combats. Qu'était devenu Sylar ? S'en était-il sorti ? Pour quelle cause allait-elle combattre en sortant de cet hôpital ? Cette rupture de son rythme circadien affectait sa condition mentale et elle avait de plus en plus de peine à garder ses sens en éveil, comme elle avait coutume de le faire auparavant. Il fallait qu'elle sorte de là au plus vite, même si elle boitait encore. Un après-midi, alors qu'elle dévorait un roman de Stephen King dans son lit, quelqu'un entra dans sa chambre.

- On ne vous a jamais appris à frapper avant d'entr...

Elle s'interrompit en voyant l'homme qui se tenait devant elle.

- Toi...

Une cigarette à la bouche, et des lunettes sur le nez, Ethan roulait tranquillement dans les rues de New-York. Depuis la cuisante défaite de Primatech, le blondinet se sentait un peu plus léger et avait enfin put prendre du temps pour lui. Son ancien travail à l'OWI l'avait privé d'une partie de sa liberté, et il était très heureux de la retrouver. Certes, il savait que diriger la Compagny lui prendrait du temps, mais il n'avait envisagé le fait de renoncer totalement à l'air pur. Aujourd'hui, il le redécouvrait enfin, et avec joie. Roulant à toute allure sur sa moto, son casque noir sur la tête et sa combinaison de motard sur le dos, le nouvel agent de Pinehearst parcourrait la ville de long en large, se rendant dans des lieux qu'il n'avait pas vu depuis très longtemps. Le bonheur ressentit en voyant les rues défiler devant lui l'apaisait et lui faisait oublier les horreurs qu'il avait commises lors de l'attaque du QG d'Angela.

Il avait reçu des informations comme quoi Lila Cruz était hospitalisée dans les environs. Ethan l'avait rencontrée dans les locaux de la Compagny, et avait dû l'affronter. Malheureusement, Finsternis, un autre agent de Pinehearst, y était allé un petit peu fort et la jeune femme avait énormément souffert. Le pire dans l'histoire, c'était qu'elle ne travaillait même plus à l'OWI, et qu'elle avait même tenté de faire évader le plus grand prisonnier de l'histoire de Primatech. Elle n'avait été qu'une victime qui n'aurait pas dû être présente, et qui s'était dressée sans raison apparente face à la superpuissance de l'équipe du patriarche Petrelli. Malgré son caractère assez désagréable, Lila n'était plus à l'OWI, et Ethan s'était décidé à lui rendre une petite visite. Il gara sa moto dans le parking et entra tranquillement dans l'hôpital. Il prit l'ascenseur et s'arrêta devant l'une des infirmières.

« C'est pour quoi? »

- J'voulais savoir si vous n'aviez pas vu un éléphant rose traîner dans les parages...

« Si c'est pour faire des blagues allez-vous en, je suis occupée! »

- Vous ne l'avez donc pas vu... Tant pis, j'vais me contenter de voir Mlle Lila Cruz, s'il vous plait

Une seconde infirmière arriva, assez corpulente. Elle semblait épuisée, et sortait certainement d'une rude journée de travail. Le visage morne, elle s'approcha du comptoir et s'affala sur un siège.

« J'ai fini ma journée... Et j'ai terminée par l'autre garce de Cruz!!! Si elle n'avait pas un compte en banque rempli, j'dirais que c'est une prostituée. »

-Ca tombe bien j'viens justement la voir. Le numéro de chambre s'il vous plait?

« 610... J'aurais besoin de votre nom Monsieur...?»

-Taylor, Logan Taylor, je travaille pour Primatech Paper et mon patron voulait des nouvelles de son employée...

L'infirmière semblait gênée, mais ne dit rien. Ethan sourit et se rendit dans la chambre de la jeune femme. Il avait toujours détesté les hôpitaux, car, malgré le fait qu'auparavant il voulait faire de la médecine son métier, il avait perdu une grande partie de sa famille ici. Il avait quelques frissons en pensant au lourd passé qu'il avait. Il ouvrit vivement la porte et aperçut Lila, dans son lit de chambre.

- Toi...

Avant même que Lila face le moindre geste, Ethan porta son doigt à la bouche, incitant à se taire. Il n'avait aucune envie de s'énerver et il ne détestait pas Lila. Il posa un paquet sur la table de chevet de la jeune femme et tira une chaise vers lui.

« Pas de bonjour, ni de comment vas-tu... Tu pourrais te montrer plus polie avec les gens qui te portent des chocolats Cruz... »

Il sourit et regarda la jeune femme. Elle semblait rétablie, et même un peu trop à son goût. Vu les nombreux coups qu'elle avait reçue, elle aurait dû être en plus mauvais état que cela. Cependant il n'y fit pas vraiment attention, et continua à parler.

« Tu sais, j'ai toujours détesté les hôpitaux, mais j'avoue qu'ils ont quelques avantages... Et le premier, c'est que les armes à feu sont interdites, et je peux enfin te parler sans risquer de me prendre une balle dans l'épaule!! Oh, et n'essaye rien de risqué, ils ne connaissent pas mon vrai nom, et je peux disparaître en un clin d'oeil, alors si t'essaye de me tuer, j'pourrais répliquer et partir sans laisser de traces, et tu sais que je bluffe pas... »

Il soupira

« Pourquoi t'a fait ça? Pourquoi tu t'es mise en travers de notre chemin? T'avais rien à y gagner, j'me trompe? »

Le jeune homme qui se tenait à l'entrée de la chambre empestait encore la cigarette et était vêtu d'une combinaison ce motard. Il tenait un casque sous le bras et mit un doigt devant sa bouche avant même que l'Anglaise n'eut envisagé de faire le moindre geste. Elle ne comptait pas crier ni tout renverser, de toute façon. A vrai dire, elle était même enchantée qu'Ethan Sorrow se tienne là, devant elle, la sauvant de son ennui profond.

« Pas de bonjour, ni de comment vas-tu... Tu pourrais te montrer plus polie avec les gens qui te portent des chocolats Cruz... »

Lila sourit tout simplement. Un sourire qui s'amplifia davantage lorsqu'elle vit que le blond cherchait avec inquiétude la moindre trace de blessure sur le corps de l'Anglaise. Lui aussi semblait s'être bien rétabli. Peter Petrelli ne devait pas être le seul soigneur de la région, cela ne faisait aucun doute. Sorrow avait une boîte sur la table de chevet et elle l'avait regardé faire, sans dire un mot.

« Tu sais, j'ai toujours détesté les hôpitaux, mais j'avoue qu'ils ont quelques avantages... Et le premier, c'est que les armes à feu sont interdites, et je peux enfin te parler sans risquer de me prendre une balle dans l'épaule!! Oh, et n'essaye rien de risqué, ils ne connaissent pas mon vrai nom, et je peux disparaître en un clin d'oeil, alors si t'essaye de me tuer, j'pourrais répliquer et partir sans laisser de traces, et tu sais que je bluffe pas... »

Lila rit franchement, provoquant un élancement dans sa cuisse qui lui rappela qu'elle n'était pas encore totalement opérationnelle.

- Mon cher Ethan, j'aurais bien continué la petite conversation agitée que nous avons eue à Primatech, seulement pour quelqu'obscure raison, je me suis retrouvée avec les membres en compote. Je regrette un peu que cela se soit passé comme ça.

En réalité, elle s'en mordait les doigts. Non seulement, le combat avait été interrompu et le camp de Sylar avait dû essuyer une cuisante défaitre. Mais en plus, la discussion qu'elle avait eue avec le blond l'avait vraiment intéressée et un petit malin avait mis un terme beaucoup trop tôt à cet échange de mots mêlés aux balles. Ethan soupira longuement. Il semblait dérangé et finit par laisser s'échapper la question qui devait lui trotter dans l'esprit depuis un bon moment.

« Pourquoi t'a fait ça? Pourquoi tu t'es mise en travers de notre chemin? T'avais rien à y gagner, j'me trompe? »

La jeune femme se redressa sur son lit et fit face au subordonné d'Arthur Petrelli. Elle était contente de pouvoir prolonger une discussion qui s'était écourtée, compte tenu des circonstances. Sorrow était un gars mystérieux qu'elle avait du mal à cerner. A vrai dire, ils se ressemblaient un peu tous les deux.

- Un jour, quelqu'un m'a appris que pour bien faire son boulot, il ne faut avoir qu'une seule parole. Je n'ai pas toujours été agent de la Compagnie, tu sais. J'étais tueuse à gage avant. Mes clients me demandaient d'éliminer quelqu'un, je le faisais et j'empochais le pognon. Ce n'était pas pour l'argent que je le faisais, mais pour le plaisir procuré par le danger. Cette palpitation incessante lorsqu'à chaque minute, à chaque seconde la mort peut surgir et t'envelopper de son drap ténébreux.

Elle réalisa que c'était la première fois qu'elle parlait aussi librement et avec passion de son job. Mais elle savait qu'Ethan pouvait comprendre tout cela, alors au diable les secrets et les tabous. Tout en parlant, elle déballa machinalement la boîte de chocolats que l'homme avait apportée et en goûta un.

- Mmh... délicieux, ces chocolats ! Tu sais, si je vous ai affrontés c'est parce que j'avais fait une promesse à Sylar. Je lui ai promis de l'aider, quoiqu'il arrive. Ca m'a fait plaisir de tenir ma parole, même si je ne m'attendais pas à vous affronter à peine sortie du Level 5. Je ne suis pas comme l'un des sbires aveugles et stupides de Gray, nous avons juste passé un accord et nous l'avons tenu. C'est comme ça que ça marche si on veut s'en sortir dans ce monde de brutes.

Elle s'interrompit quelques instants et considéra le blondinet avec perplexité.

- Et toi Ethan, pourquoi avoir rejoint les rangs d'Arthur Petrelli ? Tu pars d'une Compagnie pour en rejoindre une autre. C'est là que nos points de vue semblent converger : si j'ai quitté l'organisation d'Angela, c'était pour écrire toute seule ma destinée, pour me dépêtrer d'ordres et de missions qui me déplaisaient. Peux-tu dire la même chose, Ethan ? As-tu trouvé ta propre voie ? Combats-tu pour une cause qui t'est vraiment chère ?

Contrairement à ce qu'il imaginait, Lila n'était pas si en colère que ça, ou alors elle cachait vraiment bien sa haine envers lui. Après avoir jetté un rapide coup d'oeil à Lila, il se rendit compte qu'elle était plutôt en bonne santé, et il ne se doutait point qu'un guérisseur un peu particulier s'était occupé d'elle et de ses blessures. Il était assez rassuré, car elle n'avait en aucun cas mérité ce qui lui était arrivé. Si elle n'avait pas bêtement prit part à la position en luttant avec Primatech et les agents stupides qui la composait, ils ne seraient pas là tous les deux à discuter tranquillement comme si de rien était. Il la dévisagea, et remarqua un léger sourire, qui lui fit chaud au coeur. Apparement, la jeune femme ne lui en voulait pas vraiment.

- Mon cher Ethan, j'aurais bien continué la petite conversation agitée que nous avons eue à Primatech, seulement pour quelqu'obscure raison, je me suis retrouvée avec les membres en compote. Je regrette un peu que cela se soit passé comme ça.

Lui aussi regrettait amèrement de ne pas avoir eu à discuter plus longtemps avec elle. C'était d'ailleurs pour cela qu'il s'était décidé à venir : pour terminer ce qu'il avait commencé. Après tout, elle s'était opposé à lui, et était considéré par Pinehearst comme une ennemie, mais malgré cela, le blondinet s'était pointé avec des chocolats, non seulement pour prendre des nouvelles de la jeune femme, mais également pour se faire pardonner et surtout, pour comprendre. A ce qu'il vit, Ethan comprit que l'Anglaise s'attendait à cette question, et il en était certain, elle avait préparé sa réponse. Avant qu'elle réponde, Ethan posa son casque dans un coin, afin de ne pas être géné. Lila lui ressemblait beaucoup, et la discussion allait être des plus interessantes.

- Un jour, quelqu'un m'a appris que pour bien faire son boulot, il ne faut avoir qu'une seule parole. Je n'ai pas toujours été agent de la Compagnie, tu sais. J'étais tueuse à gage avant. Mes clients me demandaient d'éliminer quelqu'un, je le faisais et j'empochais le pognon. Ce n'était pas pour l'argent que je le faisais, mais pour le plaisir procuré par le danger. Cette palpitation incessante lorsqu'à chaque minute, à chaque seconde la mort peut surgir et t'envelopper de son drap ténébreux.

Ces paroles ne purent que le faire sourire. Il était comme ça, lui aussi, et s'il avait accepté de rejoindre Primatech dans sa jeunesse, c'était justement pour vivre de senstations fortes et pour frôler chaque jour la mort d'un peu plus près. Si Lila et lui avaient bien un gros point en commun, c'était cet amour du risque et cette excitation lorsque la mort s'approche. Ils trassaillissent en sentant le danger arriver, jubilent en sentant le souffre froid de la grande faucheuse dans leur cou et ils atteignent le bonheur absolu en sentant la lame mortelle du serviteur de la Mort frôler leur peau sans jamais les atteindre. L'adrénaline étaient pour eux deux la seule drogue dont ils ne pouvaient se passer, et ils ne pouvaient envisager d'avoir une vie normale, car la normalité n'est rien, et seul le risque existe.

Lila prit les chocolats, et en mangea un. Ils auraient très bien pût être empoisonnés, mais elle semblait sûre d'elle, certainement car elle savait qu'Ethan ne se servirait pas d'un stratagème aussi petit pour s'en prendre à elle et egalement car elle savait que ce n'était pas son but de mettre fin à ses jours. Il sourit une seconde fois puis la laissa continuer. Il apprit qu'elle avait conclu un pacte avec Sylar, et qu'elle l'avait suivi de son plein gré, ce qui était étonnant. Lila avait participé à l'arrestation du sérial-killer, et avait comme détruit son travail en le libérant. Puis, bien qu'il s'y attendait, Lila se mit à lui poser des questions qu'il s'était déjà posé, mais dont il n'avait pas encore trouvé les réponses... Cependant, quand ces mêmes questions sortirent de la bouche de la belle Cruz, les réponses semblaient limpides.

- Et toi Ethan, pourquoi avoir rejoint les rangs d'Arthur Petrelli ? Tu pars d'une Compagnie pour en rejoindre une autre. C'est là que nos points de vue semblent converger : si j'ai quitté l'organisation d'Angela, c'était pour écrire toute seule ma destinée, pour me dépêtrer d'ordres et de missions qui me déplaisaient. Peux-tu dire la même chose, Ethan ? As-tu trouvé ta propre voie ? Combats-tu pour une cause qui t'est vraiment chère ?

- Je n'ai pas de passé, et le peu que j'ai, j'essaye à tout prix de l'oublier. J'ai passé ma vie à servir une cause qui n'avait aucun sens pour moi. Je ne prenais pas de plaisir à faire mon travail, mais je ne savais rien faire d'autre. J'ai des talents inné en matière de meurtre, de captures et autres horreurs de ce genre, et mon existance se résumera à ça, jusqu'à ce que je soit tué. Je ne sais rien faire d'autre, et je me suis rendu compte que la seule chose dont j'ai besoin, c'est de pouvoir, et Arthur peut m'en fournir plus.

Il soupira et eût un sourire triste. Etait-ce une bonne idée d'accepter de travailler pour Pinehearst? Fallait-it vraiment qu'il abandonne tout pour recommencer?

-C'est peut-être, voir certainement une mauvaise idée de faire ce que j'ai choisi de faire, mais c'est la seule issue que j'ai. J'espère que tu me jugeras pas pour ce choix, et de toute façon, j'y reviendrais pas dessus...Le monde a changé, et j'ai besoin d'Arthur pour survivre... Et toi, qu'est ce que tu vas faire à présent?

L'expression d'Ethan avait peu à peu changé pour se transformer en une moue faussement heureuse, teintée de tristesse. Il parla de son passé, apparemment peu consistant et trop douloureux pour être ramené à la surface. Cela rendait le personnage encore plus mystérieux. Lila n'oubliait pas son passé, la mort de ses parents, ses années de solitude, son long périple au Japon, son apprentissage,... Mais elle ne se morfondait pas non plus dans toutes ces expériences vécues. Elle concevait parfaitement le fait que l'on puisse faire table rase sur son passé et tenter de réécrire une nouvelle histoire plus colorée que la précédente. Comme l'Anglaise, Sorrow avait des talents de tueur, capture et tortures en tout genre. Ne pouvant rien faire d'autre, il s'était penché vers la cause d'Arthur, qui lui avait promis de lui donner plus de pouvoir.
Il soupira, l'air pensif.

-C'est peut-être, voir certainement une mauvaise idée de faire ce que j'ai choisi de faire, mais c'est la seule issue que j'ai. J'espère que tu me jugeras pas pour ce choix, et de toute façon, j'y reviendrais pas dessus...Le monde a changé, et j'ai besoin d'Arthur pour survivre... Et toi, qu'est ce que tu vas faire à présent?

Lila baissa les yeux et sourit. En fait, ils étaient tous les deux en train de chercher leur voie. Peut-être leur rencontre n'était-elle pas fortuite, peut-être qu'ensemble ils arriveraient à trouver le motif de leur présence sur Terre. Elle ne croyait pas au destin et à toutes ces histoires, mais il fallait bien avouer que sur ce coup-ci, le destin avait bien fait les choses.

- Je vais t'avouer quelque chose, Ethan. A vrai dire, je suis totalement du même avis que la Compagnie d'Angela. C'est pour cela que je l'avais rejointe. C'est avec leurs modes d'opération obscurs que je ne suis pas d'accord. Je suppose que je vais continuer à combattre la même cause à ma manière. L'humanité évolue, et même si j'aime le danger je n'ai pas envie que des êtres stupides et malintentionnés utilisent leur précieux don au service de leur seule soif de pouvoir. Sylar a raison sur un point : chacun doit être digne de ce que Dieu, le destin ou que sais-je d'autre leur a mis entre les mains. L'homme a déjà fait assez de dégâts avec ce qu'on lui a donné : la culture, l'industrialisation, la religion. Comme tu l'as déjà bien compris depuis un certain temps, ces pouvoirs sont une nouvelle source de conflits... ou en d'autres termes, rien d'autre qu'une nouvelle dimension de la bêtise humaine. Cependant, je doute que les principes d'Angela soient réellement efficaces pour combattre ce phénomène croissant. C'est pourquoi j'ai libéré Sylar, pour leur faire comprendre qu'ils n'avaient aucun contrôle sur la situation. Je ne pensais pas que les répercussions seraient aussi importantes. Mais peu importe, au moins les choses bougent. Si tu veux mon avis -mais ce n'est que mon opinion après tout- je pense qu'Arthur Petrelli ne t'aidera pas à trouver ta voie. Il te donnera plus de pouvoir, et ensuite ? Qu'en feras-tu ? Le pouvoir, c'est bon pour ceux qui ont un but. Si tu n'en as pas, tu resteras perdu et tu suivras Pinehearst comme un mouton égaré ayant trouvé un nouveau troupeau. Fixe-toi un objectif, une cause pour laquelle combattre, et ta volonté reviendra au galop.

Elle fit une pause pour prendre un deuxième chocolat qu'elle savoura silencieusement, les yeux fermés. C'était le genre de petits plaisir qu'elle appréciait considérablement. Ethan avait eu une merveilleuse idée en les lui apportant.

- Tiens, je vois que ton épaule va mieux. Tu sembles toi aussi avoir un guérisseur dans ton camp.

Lila jeta un bref regard à sa cuisse, enveloppée dans un épais bandage blanc. Son guérisseur n'avait eu pitié d'elle que jusqu'à un certain point. Une fois qu'il eut compris que l'Anglaise ne lui était plus d'aucune utilisé, il se lassa de son petit jeu de provocation et la laissa dans sa colère et son sang. Elle y repensait avec une certaine honte. L'amertume de cette première rencontre avait heureusement été adoucie par la visite d'Ethan.
Une question la titillait elle aussi depuis son réveil. Elle décida de se lancer, délaissant toute hésitation.

- Alors, raconte-moi. Comment s'est terminée cette bataille, finalement ?

Lila avait donc agi afin de donner une leçons aux têtes pensantes de la Compagny et en particulier à Angela. C'était une bonne chose qu'elle ait tenté de montrer que personne ne pouvait tout contrôler, et même si elle suivait les mêmes idées que l'OWI, Ethan l'appréciait de plus en plus. Puis vint la question fatidique que redoutait le blondinet.

- Alors, raconte-moi. Comment s'est terminée cette bataille, finalement ?

Le silence s'installa alors qu'Ethan se remémorait le tragique moment. Dans le feu de l'action, il n'avait pensé aux conséquences et s'était jeté corps et âme dans le combat mais avec du recul, l'attaque paraissait un peu barbare et d'une violence rare. Non pas qu'il regrettait la tournure des évènements, bien au contraire, il pensait bon d'avoir agi ainsi, mais il aurait espéré que cela soit moins immoral et un peu plus ''propre''.

- Elle s'est plutôt bien terminé pour nous, et assez mal pour la Compagny. On a rencontré beaucoup de résistance, mais rien que n'en valait la peine. Plusieurs dizaines d'hommes et de femmes sont mort ce jour-là, en voulant défendre les interêt d'une société dont il ignore presque tout, mais qu'ils servent aveuglément. Ils ont été nombreux à se dresser face à nous, mais aucun n'a réussi à s'échapper... Puis Arthur s'est procuré ce qu'il venait cherché, et on est reparti, comme si de rien était, laissant derrière nous la terreur et l'horreur de nos crimes. J'ai moi-même éliminé une grande partie d'entre-eux et j'ai prit conscience d'une chose : j'ai changé. Autrefois, je n'aurais jamais été heureux de voir quelqu'un tomber sous mes balles, ni de carboniser un adversaire... Mais depuis cette bataille, je n'ai plus aucun respect envers les autres, et leur mort ne fait que me réjouir...

Lorsqu'il repensait à toutes ces vies arrachées au monde réel, il ne pouvait que penser aux proches de ces pauvres âmes perdues qui avaient tentées vaillement mais en vain de s'opposer à des êtres qui leur étaient supérieur. Non pas qu'il avait des regrets, mais il était déçu d'avoir vu autant de vies gachées pour des causes qui n'en valaient pas la peine. Certes, une cause mérite qu'on la défende quand on la croit juste, mais comment croire en quelque chose dont on ne sait pas tout, et dont on ignore le véritable but? Ethan s'était promit de ne pas perdre la vie aussi inutilement. Cependant, ces hommes et femmes auraient mérité de connaître la vérité sur la Compagny et auraient peut-être dû savoir pour quoi ils étaient mort, en l'occurence un vulgaire bout de papier dont ils ignoraient l'existance et qui n'avait d'importance que pour ceux qui étaient au sommet de la hierarchie. Ils avaient donc péri pour les interêts d'Angela et Ethan en était désolé. Combien d'innocents souffriraient encore à cause de la bêtise de ceux qui les dirigent? Des millions certainement, des milliards peut-être? C'est alors que la notion de pardon lui vint à l'esprit. Comment se faire pardonner lorsqu'on a pourri la vie de milliers de familles? Le pardon qui n'était qu'illusion mais qui allégeait l'âme permettait-il aux gens de se sentir mieux? Et si oui, comment l'obtenir? Il se surprit à demander cela à Lila.

« Est-ce qu'un homme peut encore prétendre être humain après avoir prit plaisir à commettre l'acte le plus répugnant qui puisse exister? Peut-on encore espérer obtenir le pardon des autres après avoir renié ses origines et tout ce qu'on a toujours défendu pour se procurer ce qui peut nous rendre plus fort mais également plus cruel et plus abject? J'en doute, mais ce dont je suis certain, c'est que mon destin est scellé et je mourrais de la main d'une personne a qui j'ai imposé la souffrance et le désarroi, et le seul moyen dont je dispose pour éviter la mort, c'est d'obtenir plus de pouvoirs. »

Il se leva alors, l'air las. Il était certain qu'aider Arthur dans sa quête d'utopie ne lui apporterait rien de bon, mais s'il voulait profiter du peu de temps qui lui restait à vivre, il se devait de le suivre. Et puis le patriarche de la famille Petrelli lui procurait des travaux dangereux qu'il acceptait volontiers, car il pouvait tuer sans retenue. Il s'adossa au mur froid de la chambre de Lila et poursuivit:

« C'est triste à dire, mais chaque choix que je fais, chaque décision que je prend me mène un peu plus à ma perte et je ne peux que prolonger un peu plus ma vie afin de profiter du peu de choses auxquels je tiens et pour éviter le plus longtemps possible la tristesse aux quelques personnes qui ont encore une place dans mon coeur. Ce que je fais, ce n'est pas pour moi, mais pour eux, du moins c'est ce en quoi je crois. Je suis condamné à voir ma vie être consumée par la haine et l'envie de vengeance des autres et ces sentiments viendront à bout de moi un jour ou l'autre... J'ai atteint un point de non retour, et comme je ne peux plus faire machine arrière, j'avance dans la vie, en espérant que le chemin soit encore long et palpitant. Lorsque, dans un souffle, tu me demandes ce que je compte faire avec ces pouvoirs, je n'ai qu'un mot qui me vient à l'esprit. »

Il pris son inspiration, perdu dans les méandres de son passé proche et dans l'incertitude de son avenir flou. Son profond regard plongé dans celui de la belle anglaise, il murmura ce qui résumait son existence tout entière:

« ... Survivre... »

Alors elle avait perdu. Elle se moquait de ce qu'il avait bien pu advenir de la Compagnie. Mais Ethan l'avait dit sans retenue : Arthur avait trouvé ce qu'il cherchait. Lila comprit alors que Sylar n'avait plus ses pouvoirs... s'il était encore en vie. La nouvelle avait frappé l'Anglaise comme si la foudre venait de s'abattre sur elle : elle avait failli à sa mission. Elle, la perfectionniste, qui était toujours exemplaire dans tout ce qu'elle faisait, qui ne connaissait pas la défaite. Elle avait perdu.
Elle pouvait toujours se rassurer en se disant qu'elle avait tenu sa promesse faite à Sylar : elle s'était battue à ses côtés jusqu'au bout, jusqu'à ce que toutes ses forces l'aient abandonnée. Mais pour Cruz, ce n'était pas suffisant. Elle aurait voulu crier victoire et renforcer son amour-propre afin de se sentir encore plus puissante. C'était une honte et une terrible nouvelle. Elle allait devoir s'entraîner davantage, devenir encore plus forte, plus maîtresse d'elle-même et de son pouvoir. Un jour, elle arriverait à doubler sa taille, voire même plus encore. Elle en était sûre.

Plongée dans ses pensées, Lila réalisa qu'elle avait loupé une bonne partie du discours d'Ethan à propos des horreurs que le jeune homme et son camp avaient infligés aux membres de l'OWI. A vrai dire, cela la laissait indifférente.

" [...] J'ai moi-même éliminé une grande partie d'entre-eux et j'ai prit conscience d'une chose : j'ai changé. Autrefois, je n'aurais jamais été heureux de voir quelqu'un tomber sous mes balles, ni de carboniser un adversaire... Mais depuis cette bataille, je n'ai plus aucun respect envers les autres, et leur mort ne fait que me réjouir... "

La britannique appréciait certes cet échange avec le blondinet dont la présence la réjouissait de plus en plus, elle ne parvenait pas à comprendre comment on pouvait se délecter de la mort d'un être humain. Habituellement, elle descendait des ordures, et quand il lui arrivait d'ôter la vie de personnes bien (ce qui était assez rare dans ses professions), elle ne le faisait sans aucun plaisir. C'était un devoir, elle avait donné sa parole. C'est tout. Elle aimait influencer le cours des choses, avoir un contrôle sur elle-même et son environnement. Mais elle ne comprendrait jamais des êtres comme Sylar ou Ethan qui prenaient du plaisir à tuer des innocents.
Le subordonné d'Arthur sembla alors s'interroger à voix haute après quelques instants de réflexion. En fait, Lila assistait dans son lit d'hôpital à une véritable introspection. Ethan se demandait si ce qu'il avait fait permettait encore de le qualifier d'humain, et où tout cela le mènerait. Il n'y avait pas que du mal dans cette personne, mais il était évident qu'en se lançant dans cette voie, il s'était retrouvé piégé dans une spirale infernale dont il était conscient qu'il ne pourrait jamais se défaire. Il serait condamné à tuer encore, aquérir plus de pouvoir et... survivre. Il y avait encore des choses et des personnes qui le rattachaient à la vie comme tout être humain, mais il savait qu'il ne pouvait plus faire marche arrière.

Lila soupira et respecta le silence qui suivit les paroles d'Ethan. Finalement, leurs routes étaient très différentes, mais elles se croisaient en certains points. La jeune femme finit par répondre d'une voix calme et sereine.

" Tu sais blondinet, je crois que peu importe la nature de tes actes, l'intention implicite qui se cache derrière est la même. Que tu oeuvres pour le bien ou pour le mal, tout ce que tu fais sert essentiellement à une seule chose : être reconnu des autres. Que tu aides quelqu'un à traverser un passage cloûté ou que tu le renverses avec ton 4x4, au final cet acte attirera l'attention des gens, et ils se mettront à te haïr ou à t'aimer. Mais dans les deux cas, ils ne seront pas indifférents et tu pourras te sentir exister. On se sent bien plus seul, isolé et perdu lorsque notre entourage est neutre. Les sentiments, qu'ils soient positifs ou négatifs, constituent la base de toute relation humaine, et sans ces relations, nous ne pouvons pas nous définir, nous perdons les remparts de notre identité. "

Lila sourit sans s'en rendre compte, d'un air lointain, absent.

" Si te faire haïr par les proches de tes victimes peut t'aider à exister et à choisir ton mode de vie, alors je peux te comprendre. Je ne connais pas grand chose de ton passé qui semble tant te hanter, mais je te conseille de ne pas l'oublier. Accepte-le, vis avec et tire-en tout ce que tu peux de positif : la force, la détermination et la capacité de ne plus refaire les mêmes erreurs. "

Elle mangea le dernier chocolat de la boîte.

Plusieurs jours étaient pasés depuis l'entrevue avec ArthurPetrelli dans ce bar de Manhattan. Il s'était préparé à sa mission tout en travaillant toujours son nouveau dossier. IL était passé la veille au trbunal et avit soigneusement démonté toute la défense de son adversaire, faisant une nouvelle fois entendre la justice. Il avait prit quelques jours de congés juste après. Il pouvait se permettre de tout faire à la dernière minute, il était le meilleur ... et son pouvoir lui permettait d'influencer le autres de toute façon... Il était donc partit tôt le matin vers l'hôpital où Arthur lui avait dit qu'il trouverait son partenaire de mission, l'électrokynésiste Ethan Sorrow. Il rentra dans l'hôpital, ignorant royalement les membres du personels qui s'adressaient à lui, leur intimant le conseil mental de ne pas l'importuner. Il n'avait pas besoin de lire les esprits pour savoir où se trouvaient Ethan et son interlocutrice, Arthur lui avait tout dit déjà. Chambre 610. Il n'avait plus qu'à s'y rendre maintenant. Il ne savait pas par où passer mais peu importait, tous les hôpitaux se ressemblaient, tous les bâtiments publiques même. Il monta les étages, se dirigeant instinctivement dans la bonne direction, sondant rapidement les esprits dans les chambres pour vérifier que la préidiction n'avait pas été faussée. Il arriva enfin dans la rangée des chambre commençant par 6 et trouva la chambre qu'il cherchait. Il attendit quelques minutes, frappa à la porte et rentra sans attendre la réponse, intimant par la pensée le silence, l'imposant à Cruz. Il se dirigea vers le lit, avisant la boîte de chocolat vide il prit la parole :

Veuillez m'excuser miss Cruz, je n'ai pas pensé à vous en amener. J'espère que vous vous remettrez rapidement de votre "accident".

Monsieur Sorrow, l'heure est venue, nous avons quelque chose à faire il me semble.

Waren savait qu'il ne fallait pas trop le dire à voix haute, il utilisa donc son pouvoir pour parler. C'était plus simple comme ça.

*Je sais que vous ne me connaissez pas encore monsieur Sorrow, et rares sont ceux qui me connaissent au sein de la compagnie. Monsieur Petrelli m'a envoyé vous chercher. Nous partons pour Vegas dès ce soir, nous arriverons dans la nuit. La suite des opérations reste à voir. *

*Miss Cruz, j'espère que vous ne vous trouverez plus sur le chemin de monsieur Petrelli, il serait dommage de revoir une si belle créature que vous dans un état semblable ... voir pire *

Voulez vous bien me suivre Ethan ? Nous ne devons pas trainer, le vol est à 18h30. Nous avons beaucoup de choses à voir ensemble sur la manière d'opérer. Je vous prierais donc de vous dépêcher, et ne vous amusez pas avec votre pouvoir dans un hôpital, ce serait mettre en danger beaucoup de personnes innocentes inutilement.

S'inclinant devant Lila, Waren se dirigea vers la porte, faisant signe à Ethan de le rejoindre rapidement. Il referma la porte et attendit quelques mminutes dans le couloir avant que le jeune agent de Pine' ne le rejoigne pour partir à Vegas.