Escaping myself ? [PV Eli' Black]

Invité

" Sors de ta cellule Morgan Wright...", ordonna l'homme campé en face de lui. Morgan fronça les sourcils, les lèvres entrouvertes et incrédule.

"Et tâche de te rappeler que l'homme que tu blâmes pour la mort de ta famille vient de te sauver de la prison à perpétuité. Je pense que tu n'auras aucun mal à te déguiser pour sortir de cet endroit. "

Il le dépassa -horrible petit sourire satisfait plaqué sur son visage. Morgan Wright ne bougea pas, il resta comme figé, en statue de sel. Ses mains appliquées contre les parois en verre de sa cellule formaient sur la vitre des ronds de buée et de sueur grasse. La porte était ouverte, droit vers la liberté. Il la considéra un instant tandis que les dernières paroles de l'homme en question lui revenait en mémoire comme un vieux disque enrayé. Il déglutit, la gorge sèche.

C'était comme s'il se déplaçait dans un rêve ; pas un de ces rêves réparateurs où vous vous sentez baigné de douceur et de bien-être, mais plutôt un de ceux qui vous font perdre le sens des réalités. Il se sentait cotonneux, immatériel tandis qu'il faisait ces quelques pas vers son échappée.
Il sortit de la cellule sous les protestations grandissantes d'une masse de détenus en colère. Il les observa un à un, déchaînés, comme des fauves en cage. Pourquoi lui et pas eux ?

Il ravala sa salive une seconde fois. Vraiment il n'était pas fait pour ce genre de climat... Encore un peu et ses jambes tramblantes lui feraient définitivement défaut. Il marcha sur quelques mètres, rata un mouvement, manqua s'effondrer mais continua vers la porte qu'il ouvrit à son tour -comme pour suivre celui qui, dans son infinie bonté, l'avait délivré et massacré sa famille.

Morgan s'arrêta. La porte claqua derrière lui. Son coeur s'embraya et il dût attendre quelques secondes avant de pouvoir progresser davantage. A présent, il se trouvait dans une sorte de long couloir blanc tournant sur la droite. Personne à l'horizon. Devenir sur fond de destin incertain. Il prit son courage à deux mains et traversa ce long tunnel -la musique de ses pas claquant ferme sur le sol de béton- jusqu'à tomber nez-à-nez face à un représentant de la sécurité, tout aussi éberlué que lui. Manifestement il ne devait pas s'attendre à recevoir de visite aussi incongrue.

Le jeune homme aux cheveux roux coupés en brosse posa une main sur son talkie-walkie et le porta instantanément à sa bouche, annonçant dans l'appareil d'une voix tendue :

"Hey ! Y a du grabuge au secteur 5. Je répète : gra...".

"Pourquoi faites-vous cela ? Reprit Morgan dont le timbre de voix changea pour s'adapter au sien, je ne vous ai rien fait".

Le visage du petit vigile se décomposa de stupeur. Il bégaya. Cette fois-ci incapable de prononcer le moindre son au travers du récepteur. Morgan le lui tira des mains sur une moue mauvaise tandis que ses cheveux prenaient une teinte cramoisie.

"Je suis désolé".

Le plat de l'appareil rencontra alors sa mâchoire et il s'effondra.
Son double donna du pied contre sa jambe, cherchant à constater qu'il n'avait rien -du moins, pas plus qu'il ne souhaitait lui faire... Il fut pris d'un léger tremblement bien vite suivi d'un étrange rictus. Il était heureux de s'en être si bien sorti. C'était la première fois qu'il assommait un homme.
Le talkie grésilla dans le creux de sa main comme on ferait frire une saucisse et des échos de voix se répercutèrent dans le haut-parleur, aboyant, hargneux et inquiets, entrecoupés par des silences dus à la mauvaise réception du sous-sol.

Morgan approcha lentement le combiné de sa propre bouche et appuya sur le bouton :

"Rien à signaler. Fausse alerte".

Puis il coupa l'appareil. Ses rangers claquaient ferme sur le sol et il tourna au virage, arrivant devant une porte métallique et blindée. Il voulut tendre la main pour l'ouvrir mais l'on anticipa son geste. Son coeur rata un battement puis s'accéléra. Son sang ne fit qu'un tour et il crut bien qu'il allait chanceler. Au lieu de cela il se tint bien droit et raide -nul besoin de forcer, il était déjà suffisamment crispé comme ça- face au visage doux et clairvoyant qui lui était peu à peu révélé. Il articula, la voix tremblante et la gorge sèche :

"R-rien à si-signaler. F-fausse alerte".

Sa main vibrait, ses doigts aussi. Il tâcha de cacher ce simili de Parkinson derrière son dos, tout en priant pour qu'elle finisse par être dupe.
Son visage blanc comme neige ruisselait de sueur.