Aux abord du bâtiment [PV Roza]

Invité

Ben sortait du bâtiment pour aller à sa voiture. Certes l'entretien avec Arthur s'était bien passé et une collaboration mutuellement fructueuse s'annonçait entre les deux hommes. Mais l'Oracle avait des choses à régler avant cela. Disparaître aux yeux du monde est une chose, réapparaître est autrement plus compliqué. Il lui faudrait faire des tas de papiers et... et tout cela lui parut soudain d'une extrême complexité. Pourquoi tout ce ramdam au final? Ne serait-il pas mieux finalement qu'il retourne se terrer dans sa retraite? Il y avait Sylar évidement mais au fond, le problème serait réglé si Ben mettait fin à ses jours. Une balle dans la tête et Caliban ne tirerait rien de son cerveau. C'était une solution, elle avait traversé l'esprit du vieil homme déjà dans ses moments de déprime. Après tout il était usé, fatigué, dans quelques années s'en serait fini de lui alors à quoi bon?

Ces idées suicidaires n'étaient pas normales, Ben ne s'en rendit compte que quand il aperçut le pouvoir qui près du bâtiment de la noble institution. Une jeune femme assise sur un banc. Un pouvoir étonnant s'il en était, suffisant pour aiguiser la curiosité de l'Oracle au point d'occulter en partie les sombres pensées qui l'occupaient. Cela et le fait d'en connaître l'origine lui permit de les repousser en périphérie de sa conscience sans pour autant les chasser complètement. C'est que la source du phénomène était puissante, Ben pouvait la sentir, comme un barrage qui craque, elle était capable de tout emporter sur son passage. Des vagues de suicides, un pouvoir extrêmement puissant pour Pinehearst si il était maîtrisé. Et sur un plan plus personnel un pouvoir complexe qui réconciliait les aspects physiques et mentaux généralement exprimés dans des capacités distinctes. De quoi soutenir la thèse mystique de l'Oracle.

Oui, vraiment cette jeune femme était intéressante pour Ben, il le savait avant d'avoir échangé le moindre mot avec elle et sans rien connaître d'elle si ce n'est son pouvoir. Il s'approcha d'elle avec un air triste, difficile de présenter un autre visage lorsqu'on pense au suicide comme une solution acceptable. Il s'assit à ses côtés et resta muet un long moment. Ce n'était pas une stratégie, il ne trouvait pas ses mots. La proximité de la source du pouvoir pesait sur ses capacités mentales et la morbidité bloquait sa gouaille habituelle et l'enfermait dans un inquiétant mutisme.

Roza était maintenant à côté d'un vieillard en robe de chambre, un homme plus jeune se tenait non loin. Lui était pour ainsi dire immunisé au pouvoir de la belle, c'est qu'il n'avait plus beaucoup de sentiments depuis que Maury avait fait le grand nettoyage dans son esprit. Par contre il n'était pas non plus capable de prendre des initiatives. Il observait donc son maître s'enfoncer dans l'angoisse et la morbidité sans réagir.

Invité

Deux jours censés être l'emblème de la vérité. Vérité, véritas, recherchée par-ci et au delà, par-là et ici même. Une course effrénée pour la survie de notre conscience, de la recherche de la vérité, de la science du savoir et du dessein de nos futurs. Une gazelle qui échappe au lion; un lion qui échappe à l'homme; l'homme qui échappe à son animal adversaire qu'est son semblable; telle est cette course de la vérité. Elle expérimentait, en deçà des 48 heures, une expérience qui mènerait sa conscience à trouver de nouvelles questions, de nouvelles réponses, croissant exponentiellement sans jamais atteindre une véritable source de vérité. L'amalgame du bien, du mal, de l'ignorance, du virtuose, n'apportait rien à Róza, alors digne victime des années et de la désinformation.
Dans sa tête virevoltaient doux euphémismes et légères lapalissades tels un heurt sur le plat de la conscience. De la courre soutirait un brun de nouveauté le halètement de Róza. Une douce illogique aux tons de braise et au teint de fraicheur; alors parfait mélange d'incompréhension. La perte, l'égarement sur une route bondée et à la fois vide. Rien où se raccrocher, mis à part sa rencontre fortuite et fortune cet avant-hier.

Elle était perdue, tout simplement. Où étaient ses références, ces architectures, ce goût épicé de sa cuisine locale, le doux son d'un piano d'entre deux guerre ? Où était cette voix paternelle, ce sourire maternel, cette assurance confidente ? Nenni, perdue fut-elle. Qui pourrait peut-être la ramener à ce monde?

L'INCONSCIENT
-------------------

Il irradiait, ce gueux ingrat possédant les vices de la souffrance. Il pulsait comme une étoile en fin de vie, comme un cœur en tachycardie. Il essoufflait les espoirs, il exorcisait son vouloir. Il prononçait son psaume apocalypse, sa prière nommant le vice. Ce pouvoir...
Le plaisir inconscient de faire mal, de faire bien dans le mal. Ce déplaisir de faire bien, de mal faire le bien parmi le mal. Son pouvoir régnait, elle n'arrivait pas à imposer sa volonté...

Mais, aux abysses, si peu périssent, vivait une lueur de fraicheur prête à illuminer ce désert rocailleux de souffrance serviable et altruiste...

Elle était là, assise, les mains croisées, se nouant de désarroi et de désorientation. Le regard fixe sur un sol muet, les iris humectés d'un pénible sort d'irréel. Elle ne laissa sanglots se montrer. Encore fut-il que le pleur veuille se joindre à côté d'elle sur le banc.
Pourtant... Quelque-chose décida d'entreprendre le rôle d'accompagnateur du désespoir. Une douce odeur d'humain, un regard autre asiatique, un silence autre que le bruit incessant des tourments fulminant en son esprit troublé.

Drôle d'accoutrement, drôle de dégaine. Mais rien n'impressionnait Róza en ces temps durs et tyranniques. Elle jeta un regard sur l'inquiétant personnage. Intriguée tantôt, curieuse maintenant, elle observa ce visage meurtri par l'âge. Cette personne semblait ne pas être en état de réfléchir, ni même de rire. Et Róza savait, ne l'ignorait pas, et le souhaita ensuite :

"Monsieur, vous ne devriez pas rester à côté de moi..."

Invité

[Pardon du retard, j'ai eu un passage à vide]

La voix fraîche et cristalline d'une jeune femme à ses côtés tira puissamment Benjamin de sa rêverie. Soudain la conscience de son environnement permit au vieil homme de se reprendre et de passer outre son tempérament obscurci pour entamer une conversation avec ce si intéressant sujet d'application de son propre pouvoir. C'est par ce biais qu'il trouvait le moyen d'exorciser ses pulsions. Il disséquait mentalement l'image mentale que Roza formait devant lui, son visage fermé par la tristesse revêtait le masque non-moins fermé de la concentration.

"Vous avez, il est vrai un effet fascinant sur l'esprit des gens autour de vous. Mais il semble aussi que cela vous affecte, non pas dans votre psychée mais dans votre corps..."

C'était proprement incroyable de découvrir cette osmose entre le corps et l'esprit dans une capacité qui utilisait comme un réservoir pour l'autre et respectivement. L'union de deux domaines d'applications qui avaient jusqu'ici semblé s'ignorer l'un l'autre venait apporter un poids non-négligeable aux théories mystiques de l'Oracle. Pas au point qu'il perde tout de suite sa mauvaise humeur mais assez pour reporter l'autodestruction à plus tard.

"Si ce n'est pas trop indiscret, quel âge avez-vous?"

Questionna-t-il intrigué par les observations qu'il réalisait. Pour Roza la situation était sans doute étrange. Le vieil homme fixait avec la plus grande attention un point devant lui où il n'y avait rien et semblait y voir des choses la concernant elle. En fait c'est parce qu'il n'utilisait pas sa vue mais se concentrait sur sa perception spéciale, et donnait ainsi l'impression justifiée de se replier sur lui-même.

Invité

Quelle spontanéité se disait Róza ! Alors qu’elle voulu se garder de faire du mal à quelqu’un d’autre, voilà que ce charmant viellard, emmitouflé dans un drôle d’apparat, souhaitait rester à ses côtés. Interloquée et étonnée, sur l’instant du moins, elle cru que son pouvoir n’était plus – ce qui n’était qu’erreur. En effet, ce viel homme semblait apprécier, et non s’en craindre, la présence de Róza. Une compagnie, même très délicate, lui faisait du bien. A ses pensées pour Jiro, Asami et l’impulsif Takeshi s’ajouta une nouvelle connaissance. Mais elle ne connaissait le nom de cet étranger.
Il lui parla, d’une manière très profonde et réfléchie. Elle ne comprit pas immédiatement les termes qui s’écoulaient le long de ses réflexions mais elle écouta et tentait d’analyser ce qui était dit. Quelque part, elle se refusait à croire que cet inconnu la connaisse ou sache plusieurs choses sur elle. Pourtant, ses paroles, au regard perdu, étaient brillante de science et de justesse. Ainsi qu’il parlait, elle se sentait à l’aise et certaine d’être innofensive. Pourtant…

L’INCONSCIENT
-------------------

Un poing qui se resserre sur la gorge de la vie et de l’envie, Un poing qui étrangle la joie de vivre et le désir de rire. Tel était le dramaturge qui s’appliquait à meurtrir l’âme d’un vieil homme. Mais ailleurs se produisait un phénomène contradictoire. Ailleurs, un esprit découvrait les tréfonds de son inconscient et, sans manipuler, tentait de comprendre l’environnement malsain de ce pouvoir libre comme une bête sauvage.
Un intrus !
L’inconscient envoya une bouffée d’amertume et de mal-être pour chasser cet esprit peut-être malveillant !

Mais Róza ne pouvait rien faire… Comment réagirait cet homme face à cette attaque inconsciente ? Résisterait-il en plongeant son esprit ailleurs dans les songes de Róza ? Cet esprit avait d’ailleurs compris pas mal de choses. Et une question se dessina sur les lèvres de l’homme. Cette question, qu’on lui avait déjà posée mais à laquelle elle avait répondu par l’erreur –, s’immisça dans l’esprit de Róza car la réalité était autre depuis aujourd’hui ou hier.

« J’ai… Monsieur, je ne sais pas ce qui se passe mais c’est un pêcher pour vous et pour moi que de rester assis sur ce banc sale. J’ai intiment trop de choses en tête, je ne m’en sors plus personnellement et je ne crois pas que vous pourriez m’aider… Trop de révélations et … Ce bâtiment renferme le mal et l’infection du libre arbitre. Je devrait m’en éloigner et vous aussi. »

Invité

Fascinant. Proprement fascinant la façon dont le pouvoir s'était tourné directement contre lui, canalisant le flux qui précédemment s'écoulait librement pour en faire une arme. Assez fascinant pour combattre sa propre influence maléfique? Difficile à dire. Il est vrai que cette attaque est moins directe que celle que pourrait porter un vrai télépathe, mais plus vicieuse aussi. Sans s'en rendre compte l'Oracle sombrait dans la mélancolie et ce que lui inspirait ses observations n'avait plus rien de scientifique. Il glissait progressivement vers des chimères cruelles et déguisées de l'innocente parure du raisonnement faussement logique. Il commençait à élaborer des théories occultes qui, une fois leur fumisteries révélée, lui fendraient le cœur. Si bien qu'il n'avait pas entendu la réponse de la jeune femme. Un retour en arrière dans la brume de la mémoire. Il ne comprenait pas. Elle s'exprimait d'une façon étonnante, décalée. Voilà un mystère que le pouvoir de l'Oracle ne pouvait pas percer seul.

Que dîtes-vous? Vous voulez que nous allions plus loin?

Il croyait avoir compris que l'endroit la mettait mal à l'aise. C'était dommage car elle pourrait devenir un atout pour Pinehearst. Mais cela viendrait dans un second temps. Pour l'instant il convenait de la mettre à l'aise afin de discuter ce cet étonnant pouvoir. Et un cadre plus agréable aiderait peut-être à combattre l'effet dangereusement nuisible de ce même pouvoir qu'elle ne contrôlait visiblement pas.

Invité

Etrange qu'était cette personne. Elle se sentait sondée de part en part, comme si on essayait de la comprendre, comme si on violait son esprit sans mégarde.

L'INCONSCIENT
------------------

La bataille faisait rage entre cet esprit malvenu et ce mal qui tentait de blesser son être. Son corps se nourrissait encore et encore du mal libre qui se manifestait. L'orgie spirituelle battait son plein. Cet intrus survivrait-il longtemps? En tout cas, le vent acre et lourd du désespoir s'abattit sur cet esprit intrus.

Róza l'observait, elle désirait s'éloigner de cette personne, ressentant cette vague mélancolique s'abattant aux alentours. Elle devait s'en aller mais cet homme l'intriguait.

"Monsieur, vous devriez partir s'il vous plait !"

Mais il ne l'entendit pas et semblait dans une sorte de transe. Il parla ensuite, lui posant une question bien curieuse.

"Loin de moi vous devriez être !", elle avait les larmes aux yeux, ne pouvant plus supporter le mal qu'elle provoquait ainsi. Elle se leva brusquement, voulant s'éloigner un peu de cet homme.

"Ne m'approchez pas s'il vous plait...", elle paniquait.

L'INCONSCIENT
------------------

Sa puissance devenait sérieuse... Mais pas encore mortelle, heureusement.

Elle observait l'inconnu.

"Et puis qui êtes vous?" cria-t-elle dans un sanglot.

Regardant le bâtiment, elle sentait qu'on l'observait. Paranoïa? Elle ne le savait mais elle devait se faire une idée... Peut-être devrait-elle s'introduire au sein même du cauchemar ? Mais cela provoquerait énormément de mal, malheureusement. Asami ayant du s'éloigner et la solution musicale ailleurs, elle ne savait que faire. Tôt ou tard un choix se présenterait : Pinehearst, des êtres sans scrupules et peu conscient du mal ou l'OWI, ceux qui la gardèrent en sécurité, sans pourtant la rendre plus à l'aise?

Invité

Tel une menace insidieuse, la mélancolie avait silencieusement envahie l'esprit de Ben, s'infiltrant derrière le champs de ses pensées conscientes pour envahir tout son esprit sans effet apparent. Mais la mascarade était finie, les remparts n'avaient pas craqués, ils avaient été délicatement écartés pour laisser libre court au flot dévastateur qui était en train de jaillir de Roza. Arthur, le serviteur qui s'était jusqu'ici tenu à l'écart fini par décider d'éloigner son maître de ce qu'il estimait être une menace.

Non!

Un unique mot, violemment éjecté par l'Oracle suffit à clouer l'esclave dévoué sur place. Il comprenait maintenant qu'elle voulait surtout s'éloigner pour ne faire de mal à personne. Il voulait trouver les mots pour la rassurer mais lui-même perdait pied. Il ne savait que dire pour l'aider à surmonter ce cap et prendre le contrôle de son pouvoir. Elle le sauva par une question simple:

Je suis un ami. J'ai vu naître beaucoup de gens comme vous et je les protège. Je les protège des autres hommes qui leur veulent du mal, et parfois je les protège d'eux-même. Je suis Benjamin Kingston, l'Oracle. Vous pouvez m'appeler Ben. Et vous, comment vous appelez-vous?

Ce n'était pas une question de forme, il ne la connaissait pas. Elle ne faisait pas partie de ces gens qu'il avait suivi depuis la naissance. Et pourtant elle en avait apparemment l'âge. Il se raccrochait à ce genre de détails, à sa mission pour Pinehearst. A peu de choses en fait pour ne pas sombrer. Il était au bord du gouffre.