Tabula Rasa's Variations [Hayden]

[HJ : Oups, j’avais pas vu que t’avais posté ^^]

Un bruit de pas résonnant dans le silence des rues comme un coup de feu dans la nuit. La nuit qui tombait tandis que des cris déchirant, hurlements de douleurs se faisaient entendre au loin, comme une chanson tenue, légère à peine discernable dans la lourdeur du silence. Une adolescente enfin, vêtue d’une robe autrefois blanche, maintenant tâchée de poussière de cendre et de sang. Jeune fille à peine sortie de l’enfance, mais qui avait déjà vécues tant de choses. Trop de choses… Et maintenant une de plus. L’annonce de sa mort prochaine lui faisait oublier le climat de chaos dans lequel elle vivait à présent.

Et ces fous, ces idiots qui discutaient de son sort comme si l’on parlait de revendre ou non une quelconque fourniture. N’avait-elle pas son mot à dire ? N’avait-elle pas son droit à la parole ? Hayden avait été déstabilisée par cette annonce inattendue. Mais qui croyait-elle berner ? La texane avait été complètement chamboulée lorsque le Petrelli du futur avait parlé de sa disparition comme d’un vulgaire fait divers. Mais elle n’était pas un fait divers ! Elle était une adolescente qui ne comptait pas se laisser descendre sans rien faire pour tenter de sauver sa peau.

L’illusionniste devait voir Sylar. Il fallait qu’elle lui rapporte tout cela. Et s’il n’était pas encore au courant de la trahison de Kerry, la brunette lui en ferait part, bien qu’au fond elle aurait peut-être préféré le garder pour elle. Car même si ça avait mal commencé entre les deux jeunes femmes, la japonaise devait bien reconnaître et cela lui coûtait qu’elle appréciait tout de même la rouquine. Mais les choses étaient tellement plus compliquées que ça… Pourquoi l’étaient-elles d’ailleurs ? Tout était si facile lorsqu’ils étaient encore dans le gymnase, avant qu’ils n’arrivent à New York. Qu’est-ce qui avait changé depuis ce temps-là ?

*Tout bien sûr. Tellement de meurtres, tellement de morts… Et bientôt la mienne. Pourquoi n’ai-je pas droit moi aussi à ma part d’histoire ?*

Non, si Hayden avait cette détermination à empêcher sa propre disparition, ce n’était pas qu’elle avait peur de mourir. C’était seulement parce que l’adolescente ne voulait pas devenir une victime de plus, une parmi tant d’autres. La texane voulait que l’on se souvienne d’elle, elle y avait droit elle aussi. Parce qu’elle avait commis des actes que d’autres n’auraient pas pu commettre. L’illusionniste se savait plus forte, plus téméraire voire plus courageuse que nombre d’autres. Là où des moins que rien tels que Petrelli ou Jekyll auraient laissaient partir l’ennemi, Hayden n’avait pas hésité à faire couler le sang et à faire taire à jamais. Si c’était du courage ? Oui, elle en était persuadée. Du moins, une voix dans sa tête qu’elle avait appris à appeler son ‘opinion’ le lui soufflait.

Alors qu’elle continuait d’avancer dans le dédale que formaient les ruelles en ruines de la Grosse Pomme, la jeune fille arriva devant un bâtiment que rien ne démarquait des autres, si ce n’est l’homme qui semblait monter la garde. Au moment où celui-ci s’aperçut de la présence de la brunette, une lueur menaçante se mit à émaner de ses mains, mais Hayden lui jeta un regard dur et lui cracha presque au visage :

_Laisse-moi passer crétin ! J’ai mieux à faire que de m’amuser avec toi.

Les nouvelles recrues avaient le don de mettre la jeune fille hors d’elle sans aucune raison apparente. Le simple fait de penser à elles mettait l’illusionniste dans un état de colère inimaginable. Bien sûr, c’est tellement plus facile de s’allier à Sylar une fois que la plus grande partie du boulot était fait. Si cela ne tenait qu’à elle, l’asiatique les aurait tous fait torturer jusqu’à ce qu’ils meurent ou qu’ils prouvent qu’ils méritaient bel et bien de rejoindre leur camp. C’était si simple de se faire admettre dans le camp le plus fort. (Mais de qui je me moque ? xD)

Une fois entrée, la brunette se retrouva dans une pièce vide, QG temporaire des troupes du Serial Killer. Sylar n’était pas là, bien sûr, et il faudrait attendre un bon moment avant qu’il ne daigne les rejoindre. Mais elle attendrait, c’était beaucoup trop important. Cela aurait été plus rapide si Hayden avait une quelconque indication sur l’endroit où se trouvait son patron à l’instant même, mais qu’importe.

Cela faisait déjà de nombreuses heures qu’elle était là, ou était-ce quelques minutes ? L’adolescente ruminait encore et encore cette histoire de futur, de trahison et surtout de mort. Son esprit ne pouvait s’en détacher. Oui elle mourrait, comme tout le monde. Seulement, Hayden avait toujours pensé que cela arriverait le plus tard possible. Comme une évidence : celle que la mort survenait toujours la plus tard possible pour ceux qui avaient un but, une mission comme la sienne. Les sous-êtres et les traitres à leur espèce n’en avait pas, ils pouvaient mourir, mais elle ? Pourquoi ?

Un bruit de pas, une sensation d’être observée. Mais Hayden en était sûre, il n’y avait personne dans la pièce lorsqu’elle était entrée, et la porte n’avait pas été ouverte. Personne n’avait pénétré dans l’enceinte du QG, mais pourtant elle était formelle : l’adolescente n’était plus seule du tout. Dos au reste de la pièce, face à la seule fenêtre de l’endroit, elle laissa l’intrus s’approcher un peu plus, toujours plus. Préparant ses pouvoirs d’illusionniste, la jeune texane se retourna, prête à attaquer. Ses yeux s’agrandirent de surprise quand elle reconnut de qui il s’agissait.

*Mais qu’est-ce qu’il fiche ici celui-là ? Comment il est ent… Oui évidemment grâce à ses pouvoirs quelle question stupide !*

Là, devant elle se trouvait Hiro, le japonais qui semblait tellement tenir à elle. Mais ce n’était pas le même, elle le sentait bien. Dans un sens, c’était aussi visible, le jeune homme qu’elle avait devant elle était plus… Innocent. Et visiblement inconscient du camp dans lequel se trouvait l’adolescente. Sylar avait maintes fois parlé d’un certain Hiro Nakamura ou quelque chose comme ça qu’il fallait à tout pris empêcher de nuire. Etait-ce lui ? De toute manière, Hayden n’agirait pas contre lui, pas contre le seul qui semblait encore vouloir la sauver.

_La question n’est pas de savoir ce que je connais de toi, mais plutôt de ce que tu crois connaître de moi… Hiro, je me trompe ?

Hayden s’éloigna de la fenêtre pour s'approcher du téléporteur. Elle ignorait quoi faire en réalité. Se débarrasser définitivement d’Hiro comme l’avait ordonné Sylar et risquer de mourir ou bien le laisser en vie et devenir une traitresse au même titre que Kerry. Le déshonneur ou la mort. En réalité, si l’on réfléchissait un minimum, le choix n’était autre que celui-ci : la mort ou la mort ? Décidant de laisser une chance pour le moment au japonais, elle reprit :

_Tu ne devrais pas plutôt être en train de fuir New York ? Les quartiers ne sont plus très sûrs pour les gens comme toi. Mais j’imagine que tu n’en as rien à faire si tu es là aujourd’hui. Crois-moi, quelle que soit la raison de ta visite, abandonne-la et va te mettre à l’abri tant qu’il en est temps. C’est un conseil…

Hayden abordait un rictus propre à l’adolescente. Un mélange de supériorité, d’assurance et d’orgueil. Elle savait qu’en compagnie du japonais, elle ne craignait rien. Mieux encore : elle menait la danse. N’avait-il pas tout risqué deux fois ce même jour pour elle ? D’abord à Central Park, et maintenant ici. Car même si les deux Hiro étaient d’époques différentes ce dont elle ne doutait pas, le résultat était le même : ils étaient bel et bien là où ils risquaient leur vie… Pour elle ? Pourquoi donc ?

La texane chercha, essaya désespérément de se souvenir, de savoir qui était cet homme qui semblait tant vouloir la sauver. Mais une fois encore, Hayden eut cette sensation désagréable. Celle qui la faisait se sentir étrangère de son propre esprit, comme si ses pensées n’étaient pas les siennes. Oui, au début cette voix qui lui soufflait tant de chose lui paraissait extérieure, mais très vite elle l’avait assimilée à ses pensées. Mais alors, pourquoi se sentait-elle exclue de sa propre tête lorsqu’elle tentait de se souvenir ? C’était comme si cette voix qui semblait avoir tellement raison tentait de l’empêcher de se souvenir, dressant une barrière devant sa mémoire.

_Tu penses donc en connaître autant sur moi ? Tu es bien orgueilleux. Dis-moi donc alors, si tu en sais autant, tu devrais savoir que je suis venue ici parce que je l’ai décidé, non?

Quelle présomption, vraiment. Le téléporteur était bien sûr de lui pour affirmer de telles choses. Décidemment, il savait bien peu de choses sur elle… Voilà qu’il sous-entendait que la place d’Hayden n’était pas auprès de Sylar. Quelle idée, et où était sa place selon lui ? Parmi les milliers de cadavres qui grouillaient et pourrissaient dans les rues, à l’extérieur ? Ou mieux encore, chez ces traitres à leur espèce, ces traitres à l’évolution qui voulaient empêcher Sylar de diriger le monde vers une ère nouvelle, la leur ?

Alors quoi, c’était tout ? Il lui suggérait de quitter Sylar et quoi ? Vraiment, quelle bonne blague ce japonais. C’était cela, la solution qui lui permettrait de survivre ? Mais cela ne ferait que la faire tuer plus rapidement ! Et pourquoi n’aurait-elle pas sa place ici, parmi eux ? Elle aussi avait le droit de participer à un avenir nouveau pour les êtres supérieurs.

¤Mais si, ta place est parmi nous, tu le sais. Tu l’as toujours su n’est-ce pas ? Et ce n’est pas ce moins que rien qui sais mieux que toi ce qui est bon pour toi n’est-ce pas ?¤
*Oui… Oui c’est sûr. Je suis parfaitement à ma place avec eux. Au moins ici, je peux utiliser mon don autant que je le veux, je n’ai pas à me cacher !*

L’illusionniste planta ses yeux dans ceux du japonais. Le nippon arborait un regard plein d’espoir, optimiste et… Doux ? Mais qui était-il à la fin ? Il devait la connaître, ça Hayden l’avait bien compris, mais elle, pourquoi ne le connaissait-elle pas ? La jeune texane cherchait pourtant. Encore et encore et toujours. Mais sa mémoire, ses souvenirs butaient toujours à cette fameuse soirée au gymnase.

Pourquoi ne pouvait-elle pas se souvenir plus loin que ce soir-là, au gymnase ? Pourquoi cette part d’ombre en elle ne voulait pas la laisser accéder à son passé, son histoire ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Trop de questions, encore. Et son mal de tête qui se faisait plus fort encore. Trop fort. L’adolescente sentait des larmes lui monter alors que la douleur devenait insupportable. Hayden faisait de son mieux pour tenter de faire disparaître cette douleur.

Jusqu’à ce que la colère fasse place à celle-ci. Etait-elle donc si faible ? Etait-elle aussi stupide ? Une petite idiote dont tout le monde en savait plus sur son passé qu’elle-même. Ce japonais, Hiro, clamait en savoir plus sur elle ? Grand bien lui fasse ! Il se vantait de tout connaître d’elle ? Elle avait un scoop pour lui : il était bien le seul. Oui, Hayden était furieuse, car elle savait aussi qu’il avait surement dit la vérité en disant qu’il en savait beaucoup sur elle. Et maintenant, face à lui, l’asiatique se sentait comme… Acculée à un mur. Piégée. Toute cette colère, cette frustration…

_Et ta place à toi n’est pas ici. Fiche le camp. Tu crois que je suis idiote ? Tu penses que je ne fais pas tout cela parce que j’en ai réellement envie ? Dans ce cas j’ai une info exclusive pour toi : ce que je fais, je le fais de mon plein gré. Alors de quel droit affirmes-tu LE CONTRAIRE ?!

Hayden avait finit par hurler. Trop de colère, de douleur de frustration et de… Honte ? Sa tête menaçait d’exploser, et elle semblait sur le point de perdre le contrôle d’elle-même. Hiro remettait ça. Elle n’était pas une tueuse ? Qu’il aille dire ça à tous ceux qu’elle avait croisés et achevés. Oui, qu’il le veuille ou non, elle était et resterait une meurtrière. C’était trop tard. Il avait un train de retard. Et il était cependant si sûr de lui que cela la rendait encore plus folle de rage.

Hayden ne pouvait plus se contrôler, comme si son pouvoir avait prit le dessus grâce à sa colère. Le regardant dans les yeux encore une fois, elle déchargea sa colère celle-ci lui conférant une puissance très supérieure à la sienne d’habitude. Son pouvoir décuplé se manifesta, et Hiro eut soudain l’impression que la température chutait à une vitesse vertigineuse. Alors que celle-ci avoisinait les 19°C (Hein Alex ? ^^), le japonais tremblait de froid.

_Tu ne me connais pas. Je ne suis pas une tueuse ? Culture générale : qu’arrive-t-il à quelqu’un dont le corps ‘‘meurt’’ de froid alors que la température ambiante n’est pas en dessous de quinze ? Tout d’abord les symptômes habituels : les frissons, la gorge sèche. Puis, pendant que ta température corporelle diminue lentement, le froid t’engourdit, gèle ton nez, tes doigts et tes orteils. La morsure de l’air se fait brûlure intolérable, et ta lente agonie te conduira doucement mais surement à la mort.

La jeune fille, tout au long de son discours funèbre et macabre, s’était approchée de Hiro. Ouvrant la bouche une nouvelle fois, Hayden déclara :

_Alors ? Es-tu toujours sûr de me connaître ? Penses-tu encore que cela vaut le coup de rester là ? Ma vie vaut-elle vraiment la tienne ?

[HJ : Avoue que tu t’ennuierais autrement Bon allez, je vais pas te ‘taquiner’ plus longtemps ]

Hiro semblait particulièrement attentif à ce que disait la jeune femme, mais Hayden le soupçonnait de ne pas en croire un traitre mot. Ce japonais commençait sérieusement à la mettre hors d’elle, tant et si bien qu’elle n’était plus vraiment sûre de vouloir l’épargner. Mais la phrase de Petrelli du futur lui revint en mémoire. Elle allait mourir, et le seul à vouloir encore la protéger était ce Nakamura. Qu’est-ce que tout cela voulait bien pouvoir dire ?

Il l’écoutait sans rien dire, la laissait répliquer et déclamer son discours acerbe, moqueur. Hautain et tellement supérieur. Hayden le prenait de haut, elle le faisait toujours, avec tout le monde. C’était dans sa nature. Déjà il répondait sur un ton calme et posé à l’adolescente. N’arriverait-elle donc pas à le mettre en colère ? Hiro lui posa une question, et sa fureur et sa frustration redoublèrent d’intensité. Comment pouvait-il ne serait-ce que se douter de ce qu’il se passait dans sa propre tête ?

L’adolescente haïssait le fait que, et c’était indéniable, un parfait étranger en sache autant sur elle. Car ce qu’il disait à présent le prouvait : il la connaissait bel et bien. Pourtant, Hayden cherchait et cherchait encore et toujours. Pourquoi ne pouvait-elle pas remonter plus loin que cette fameuse soirée au gymnase ? Cette sensation d’impuissance, l’illusionniste ne pouvait s’en défaire. C’était comme si elle était étroitement attachée et qu’elle ne pouvait pas faire un seul mouvement quelque soit sa détermination à vouloir tendre le bras devant elle. Sa mémoire en cet instant précis semblait être une pièce dans le noir le plus complet qu’elle ne parvenait à sonder.

Pourquoi la brunette se sentait-elle aussi vulnérable ? Si… Faible ? Si elle avait rejoint les troupes de Sylar, c’était justement pour ne plus avoir à se sentir de la sorte, comme elle s’était sentie ce soir là dans le gymnase pendant que tous se battaient et qu’elle se cachait. Alors pourquoi cela recommençait-il ce soir-là avec Hiro ?

¤Tu n’es pas faible. C’est ce japonais qui te fait ça. Pourquoi tu l’écoutes ? Reste avec nous comme tu l’as toujours voulu et tu seras de plus en plus forte. Tu n’as pas besoin de lui puisque tu nous as nous…¤
*Mais si je m’en débarrasse aujourd’hui, voudra-t-il toujours m’aider à survivre plus tard ? Risquera-t-il de tout changer juste pour sauver ma vie ?*

Hiro semblait se doutait qu’il tenait quelque chose, continuant sur sa lancée de plus belle. Il parlait, parlait et parlait encore, lui disant tout ce qu’il savait sur elle. Ou plutôt sur Hayden Adurna, cette étrangère finalement. Elle avait une famille, elle allait au lycée. Et elle avait un ami : Hiro. Mais elle, la jeune amnésique qui se trouvait devant lui, elle n’était rien de tout cela. Elle n’avait jamais eut de famille, elle n’avait eut à aller au lycée. Et ces amis se résumaient à une bande d’assassins en tout genre. Que préférait-elle ? Au fond, ce n’était pas ce qu’elle préférait qui comptait n’est-ce pas ?

Sa tête menaçait de se fendre en deux tellement la douleur devenait insoutenable. N’y tenant plus, se fichant bien de donner satisfaction au téléporteur, la jeune texane porta ses deux mains de chaque côté de sa tête, serrant, frottant, massant pour que la douleur parte. C’était comme si on lui refusait l’accès à son histoire, et qu’à chaque fois qu’elle tentait d’en savoir plus on lui infligeait une douleur de cette ampleur pour qu’elle ne retente pas.

_LA FERME ! Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tout ce que tu racontes est arrivé à quelqu’un d’autre. Je n’ai pas de passé !

Ce fut là que son pouvoir se manifesta avec une force qu’elle ne s’était même pas soupçonné. Pour un peu Hayden n’aurait pas pu le contrôler. Lorsqu’elle fit son petit discours annonciateur des pires tortures au japonais, ce-dernier s’écroula au sol tout en parlant. Ecouter son cœur ? Cela faisait bien longtemps que ce dernier n’avait plus la parole, enfoui au plus profond d’elle-même. Pauvre fou. Il était à terre désormais, et Hayden se sentait à nouveau en parfait contrôle, toute puissante face à lui pour la première fois depuis qu’il était arrivé.

Soudain, la lumière artificielle, crue qui éclairait la salle principale du QG des Villains disparue, au profit de celle plus agréable, lumineuse du jour. Cela n’avait aucun sens, la nuit venait de tomber à New York. Clignant des yeux une fois, deux fois, Hayden se rendit compte que cela était parfaitement sensé. Oui, la nuit venait de s’abattre sur New York. Mais ils n’étaient plus là-bas. A présent, tout deux se trouvaient à Paris, au dernier niveau de la Tour Eiffel pour être exact.

_De quoi suis-je censée me souvenir ? Je ne suis jamais allée à Paris, encore moins à une telle altitude…

Les deux japonais étaient loin de passer inaperçus là où ils étaient. L’adolescente était toujours vêtue de sa robe teintée de poussière et de sang, et le téléporteur suait à grosses gouttes, souffrant des effets de l’illusion. Mais heureusement pour eux, le dernier étage du monument n’était pas fréquenté à cette heure-ci de la journée où le Soleil tapait bien trop fort.

Mais la vision du Trocadéro de là où elle était interpelait l’adolescente. C’était comme si quelque chose chatouillait sa mémoire, remuait dans un coin sombre de sa tête sans qu’elle ne puisse le localiser. La texane n’était jamais allée en France, alors pourquoi savait-elle qu’elle avait déjà vu Paris du haut de la tour mondialement connue ? Tandis que le pouvoir d’Hayden continuait d’agir sur le japonais presque sans qu’elle n’ait besoin de le contrôler, l’illusionniste cherchait des réponses. Comme toujours…

Et soudain le silence, la voix dans sa tête s’était tue et son mal de crâne avait disparut aussi vite qu’il était apparut, comme s’il n’avait jamais existé. Peu à peu, l’esprit de la jeune fille reprenait la place qui lui était dû, tellement plus de place qu’elle ne l’aurait cru…

Le calme avant la tempête en somme. La seconde suivante, Hayden revoyait sa vie, ses étapes importantes qu’elle avait cru un jour ne jamais pouvoir oublier. Le jour de son adoption, celui de la naissance de sa ‘sœur’. Mais aussi le jour de la découverte de ses pouvoir, puis l’arrivée de Kerry Tomas au lycée et sa rencontre avec Ando et… Hiro. Leur altercation avec la rouquine, leur discussion chez elle ainsi que leur escapade à Paris, ici même au sommet de la Tour Eiffel. Et son instruction avec Ethan, puis leur baiser. Comment avait-elle pu oublier ça ?

Enfin, le grand combat au gymnase du lycée, le soir du bal de promo, celui qui devait annoncer la fin du calvaire d’Hayden qui haïssait le lycée plus que tout. Le fait qu’elle ait tuée Kerry de ses propres mains. Et sa mort à elle, de celles de Sylar. La douleur ressentie. Les regrets. La culpabilité d’être morte assassin et de n’avoir rien pu faire pour se racheter. Quelle blague quand on savait tout ce qu’elle allait faire plus tard aux côtés de son propre tueur.

Hayden n’était qu’une adolescente de dix-sept ans, elle n’avait rien d’une tueuse. Elle était pourtant une meurtrière désormais. Les mains couvertes du sang de nombreuses personnes. Des innocents, et pourtant des victimes.

*Seigneur… Qu’est-ce que j’ai fait Mon Dieu ?*

Les larmes qu’elle retenait depuis trop longtemps glissèrent sur les joues de l’adolescente. Tombant à genoux, Hayden relâcha sa prise sur Hiro, son pouvoir cessa de faire effet tandis qu’elle fondait en larme. Elle était un monstre. Ses pleurs redoublèrent d’intensité lorsqu’elle pensa qu’elle avait faillit tuer Hiro aussi. La brunette n’était désormais qu’une loque humaine dans sa robe en lambeaux.

_Je suis un monstre. Pourquoi ? Pourquoi tu veux autant m’aider Hiro ? Je suis une meurtrière, je mérite de mourir alors pourquoi m’aider ?