Ne pas oublier fait mal [PV Kyle]

Spoiler:

Oublier. Qui a dit que perdre la mémoire était douloureux? Prendre contact avec la nostalgie, les regrets et son passé était bien plus lourd que de simplement mettre une croix sur tout. J'étais de nouveau seul et isolé du monde, enchaîné par les épaisses chaînes du passé de tous, mais cette fois... une partie du mien avait subsisté... cette image de son visage qui flottait dans ma tête, qui me rattachait à son souvenir. Je voulais l'oublier. Pour une fois, j'aurais voulu tout faire pour oublier et pourtant, son visage était toujours imprimé dans ma tête. Jour et nuit. Nuit après jour...

Ho que je lui en voulais. Elle n'était plus là pour me sourire, plus là pour me supporter, plus là du tout! Avec le recul et dans mes moments de sourde lucidité, je me disais qu'être à mes côtés avait dû être plutôt éprouvant pour cette belle étoile, mais... ce côté en moi un peu givré me faisait rapidement perdre la raison et, c'est des jours comme aujourd'hui, que je m'écroulais après m'avoir frappé la tête jusqu'à en saigner dans l'espoir de l'oublier et, qui sait, mourir. Je n'avais plus de raison d'être. Mon maître m'avait abandonné à la dérive. J'avais échoué ma mission et...la lumière s'était éteinte: Asami n'était plus là.

Je levai les yeux vers le ciel. Le visage ruisselant de sang coulant de mon crâne que je venais de fracasser contre le roc d'une ruelle dans laquelle je m'étais vautré, non loin des poubelles d'un restaurant, attendant je ne sais quelle révélation. En fait, depuis que j'avais perdu mon emploi d'informaticien et que j'étais devenu une âme errante de ce monde, je n'arrivais pas du tout à saisir la mélodie de cet univers; la seule chose que je savais faire: c'était jouer du violon alors, avec l'énergie du désespoir qui m'habitait toujours, je l'empoignai et, me relevant à demi sur un petit muret derrière moi, je me mis à jouer une sonate des plus plaignantes, criant ma douleur au monde entier! À chaque note, je revoyais son visage doux, poupin, angélique et... et... m'arrêtant de jouer sur une note bien déchirante, je hurlai, en fermant les yeux:

-ASAMI... pour... quoi!!!

Jouer du violon me rappelait Asami et notre band. Marcher me rappelait Asami qui tenait ma main. Manger me rappelait nos repas pris ensemble. Vivre... sans Asami était douloureux.

Elle avait eu beau me l'expliquer des millions de fois. Elle avait retrouvé la mémoire. Elle était reparti. Elle ne pouvait pas m'aimer parce qu'elle avait un copain, mais... mais... moi qui commençais seulement à comprendre la valeur de la vie, JE NE LUI PARDONNAIS PAS ÇA!! Elle était comme moi... sans passé et maintenant, dans le fouillis de ma tête, j'en comprenais: elle m'avait volé ce qui me restait de coeur, elle m'avait trahi comme ma mémoire, comme ces gens qui hantaient ma tête. J'étais comme une coquille vide, enchainée à sa simple image... comme une ombre obscurcissant sa lumière.

Bruit de pas. J'étais beaucoup trop sonné pour remarquer que quelqu'un s'approchait de moi. Enfin.

Je devais en comprendre que la valeur de la mort était mon seul destin. Oui, je devais essayer de réaliser le vœu de ce maître qui avait disparu de ma vue (Alexis) et qui réapparaîtrait quand j'aurais accompli sa mission. Je devais tuer quelqu'un.

C'est la tête sanglante penché par en avant, le menton contre mon stradivarius et retenant mes larmes de couler que je réfléchissais à tout cela. Qu'est-ce que j'avais à perdre maintenant? Le bien était partie. Alors, il fallait que je tende la main au mal, non?

*Tu dois le faire... tu dois retrouver Alexis. Tu dois... tuer.*

Mais... en ce moment, j'avais l'air de tout, sauf de quelqu'un qui allait passer à l'acte. Un peu fatigué et étourdi par tout ce sang qui me piquait les yeux et embrouillait ma vue, je me couchai sur le côté, en soupirant:

-Et... et si c'était moi que je devais tuer? Je... suis si fatigué...

Spoiler:

" Besoin de secours ? C'est cette 'Asami' qui te met dans cet état là ? "

La fatalité du destin d'un pauvre homme mené par le bout du nez par son don. Miné carrément par ses émotions qu'il ne n'arrivait pas à saisir. La marionnette d qui voulait le sauver. Pauvre... pauvre petite chose abandonnée. Pauvre homme inutile, fragile et désespéré. Il n'était bon qu'à interner. La folie était sa seule maîtresse quoiqu'il avait plus de moments de lucidité depuis qu'il avait vu la lumière. Oui, oui... cette pauvre petite chose a déjà eu moins de conscience que maintenant. Toutefois, maintenant que la lumière était éteinte, les grands méchants loups de l'ombre allaient l'avaler complètement. Qui sera être son maître? Peut-être vous?

***

J'avais tout simplement l'air d'un cadavre qu'on aurait laissé pour compte derrière cette poubelle de restaurant. Si ça n'aurait pas été de cette vilaine toux causée par le sang qui me coulait dans la bouche témoignait que je vivais toujours, ça et ma respiration saccadée. Comme ça avait un goût mauvais. Mauvais comme ce que j'allais devenir. Même si je devais avouer que si l'hémorragie n'arrêtait pas bientôt, c'était mon plan B qui allait survenir: mourir moi-même. J'étais tant dans les vapes, que je remarquai à peine la phrase qu'on me lança d'un ton plutôt convivial:

Kyle:

Ce ne fut qu'en entendant le nom d'Asami, qu'un pâle grognement sortir de ma bouche... puis le décor changea devant mes yeux qui venaient de s'ouvrir grand quand j'avais senti une main se déposer sur mon épaule. D'ailleurs, mes yeux étaient blancs sans pupille comme à chaque fois que ce satané pouvoir se déclenchait. Je vis par bribes éparses un jeune enfant et son père sévère se transformer en un véritable bourreau froid et lâche puis... un reptile. Je sursautai, c'était quoi ce délire? Je déposai mes mains sur mes yeux et me mis à trembler, à me tortiller comme un forcené: ce qui eut pour effet d'agrandir les plaies sur mon crâne.

Enfin...

Pour une fois, même si ces images me troublaient, elles venaient me changer les idées sur ma propre vie alors, je les laissai me bercer lentement. C'était loin d'être les pires images qui avaient défilés devant mes yeux. J'avais plutôt l'impression qu'il s'agissait d'une personne qui avait eu un lourd passé et qui s'en sortait maintenant au contraire de moi qui me détériorait au fil du temps.

En soi, je ne savais pas encore faire la distinction entre ses images et les gens du monde réel, mais j'avais quand même un peu évolué, j'apprenais lentement à intégrer le principe que ses images provenaient d'un don que j'avais eu. Je devais me rappeler des enseignements d'Alexis si je voulais le rejoindre.

Sortant de mon délire, je murmurai sans répondre à la question de l'homme que je n'avais pas encore remarqué:

-Je... dois retrouvé Alexis... il m'aidera...

Je recommençai à tousser fortement et ma respiration ne cessait de s'accélérer. Sérieusement, j'étais au plus mal. Je refermai les yeux, serrant mon violon tout contre ma poitrine et, tremblant de froid, je perdis conscience.

***

Galadriel avait besoin d'un bon samaritain ou... ~~d'un bon manipulateur salvateur.~~