'Cause I feel like such an insomniac [ Victor]

Il est 1: 00 du matin à New-York et l'agent Malcolm fait, comme tous les soirs à cette heure-ci, sa ronde de nuit dans le parking d'un immeuble de grand standing. Il est vide, alors l'agent Malcolm n'a pas vraiment de mal à effectuer son travail. Il est vide, ou plus exactement il est censé être vide, à cette heure avancée de la nuit, mais voilà quelques semaines qu'un intrus aime venir compliquer la vie de l'agent Malcolm. Tous les soirs, à 1h précise, cette personne venait garer sa voiture ici et ne l'ôtait qu'à huit heures du matin. Cela aurait très bien pu ne pas être un problème, mais hélas la voiture de cette personne était dans un état lamentable: plus de jantes, une carrosserie rayée et pleine de bosses, des rétroviseurs qui tenaient à grand renfort de gros scotch marron et une des vitres, bien que remplie d'impacts en tous genre, semblait tenir par la seule opération du saint esprit. Mais en dehors de l'état général lamentable de la voiture, il y avait aussi l'intérieur qui, du peu qu'on en voyait, semblait être plein d'un amas dense de toutes sortes de choses, comme si quelqu'un s'était amusé à permuter sa maison avec sa voiture, avec entre autre une table en kit dont les pieds dépassaient du coffre, des vêtements à la place du mort et en dessous du siège, un carton plein de chaussures. Sur la banquette arrière, il y avait une sorte de lit aménagé, mais à y regarder de plus près on aurait plus apparenté cela à un nid : constitué de plusieurs couvertures " patchwork", un coussin tout déformé et en bas des sièges un matelas plié en deux pour agrandir la surface de cette couche improvisée. Sur le dos des sièges avant, on avait fixé un plateau et posé sur le tableau de bord, il y avait un tableau représentant une jeune femme d'antan, entourée de moutons qui faisait toute la longueur du pare-brise. Il n'y avait guère que le siège conducteur qui fut exempt de cette invasion de bric-à-brac qui, avouons-le, n'a strictement rien à faire dans une voiture. Il était donc compréhensible que l'agent Malcolm souhaite le départ de ce vehicule, si les gens qui venaient travailler le matin voyaient cette épave garée là , il aurait de sérieux ennuis. Il soupira. Il commençait à connaitre la jeune femme qui occupait cet engin ,et ce n'était pas la première fois qu'il venait lui demander de s'en aller . Cette fois là serait la dernière. Il s'approcha d'un pas décidé du véhicule tandis qu'il appelait son collègue resté en haut avec son talkie-walkie:

- Je suis au niveau 1. L'autre folle est encore revenue.

- Non, tu déconnes !? fit la voix parasitée du gars qui n'était pas descendu. Ah si, je vois la bagnole à l'écran.

- Je viens d'appeler les flics, ils seront là d'une minute à l'autre. Elle s'en tirera pas comme ça cette fois. Terminé

Entendant ces mots, Kimberly Jane Walters (dite Kim pour plus de commodité) qui s'était cachée derrière sa voiture en entendant l'agent de sécurité arriver, eut le sentiment qu'il était temps de s'en aller. C'était dommage, elle aimait bien ce parking. Bref, en silence (elle était pieds nus car l'homme venait en quelque sorte de la tirer du lit) elle se glissa dans le dos de l'agent Malcolm et lui tapota l'épaule. Il sursauta, se retourna et vit la jeune femme.

- Je ne suis pas une folle. Menteur, lâcha-t-elle d'un ton laconique avant d'envoyer sa main à la figure du gars.

Il était sonné, mais pas assez pour tomber au sol, il tenait sa joue et cela laissa le temps à Kim de remonter vite fait dans sa voiture, d'ôter le cadre qui obstruait sa vue sur son tableau de bord et de le balancer sur la banquette arrière, puis elle tourna la clef et alors que l'homme lui lançait des injures en talkant-walkant son collègue, elle appuya sur l'accélérateur et quitta vite fait le parking. Elle roula une dizaine de minutes (et croisa d'ailleurs la voiture de police qui ne l'arrêterait pas) et se gara dans une rue proche du centre-ville. Elle ouvrit sa portière et poussa un long soupir de soulagement. Avoir affaire à la police était de loin la dernière chose dont elle avait besoin. Elle s'était fait expulser de son appartement quelques semaines auparavant et vivait dorénavant dans sa voiture. Repensant à tout cela, elle mit les deux pieds dehors, assise sur son siège et entreprit de remettre ses chaussures. Quand se fut chose faite, elle se retrouva dans la rue et se rendit compte que, si elle avait eu envie de dormir, ce n'était plus qu'un lointain souvenir et que toute cette action l'avait réveillée. Qu'allait encore lui réserver cette nuit ?

Comme à mon habitude, je restais caché dans l’obscurité pour traquer mes proies. Cela faisait déjà quelques jours que j’avais entendu parler du soi-disant retour d’une jeune femme dénommée Kimberly Jane Walters. C’était une vieille connaissance. Je l’ai connu lorsqu’elle venait juste d’atteindre sa majorité, c’est-à-dire il y a 7 ans. C’était une jeune fille très sûre d’elle mais qui semblait ne s’attacher à personne. On peut dire qu’elle était assez solitaire. Bref, j’avais pour mission de la retrouver dans cette vaste ville de New York. Heureusement que mes sens étaient surdéveloppés. Je me lançais donc à la poursuite de celle-ci en usant de mes capacités de traqueur, c’est-à-dire mon odorat avant tout. D’après celui-ci, elle n’était pas très loin de moi et ne semblait pas bouger pendant un long moment. J’en profitais alors pour la rejoindre au plus vite. Mais, lorsque j’arrivai à l’endroit que j’avais senti, il était trop tard, elle n’était déjà plus là. Il ne restait plus que deux hommes, à deux étages différents du parking, et qui paraissait inquiets. Je m’occupai tout d’abord de l’homme qui était à l’étage le plus haut, tenant son talkie-walkie afin de communiquer avec l’autre, et je lui donnai un violent coup à l’arrière de sa tête, à l’aide de mes griffes. Ensuite, je pris soin de tendre le talkie-walkie vers ma bouche pour adresser quelques mots au deuxième homme.

« Ton ami est mort. Ne panique pas, il ne t’arrivera rien si tu coopères. »

« Q-qui êtes-vous et.. Qu’avez-vous fait ?! »

A peine eut-il le temps de me répondre que je me trouvai déjà à son chevet, à peine quelques mètres derrière lui. Je lâchais alors le talkie-walkie pour lui parler directement.

« C’est moi qui pose les questions. Où se trouve Kimberly Jane Walters ? Je sais qu’elle se trouvait ici il y a même pas cinq minutes. »

« J-je ne sais pas.. Elle s’est enfuie en voiture quand nous l’avons interpellé.. C’est une habituée et ce n’est pas la première fois que nous lui avons dit de quitter ce lieu.. C’est tout ce que je peux vous dire. »

Dès qu’il eut terminé sa phrase, un léger sourire se dessina sur mon visage, et, avant de continuer à poursuivre l’odeur de la jeune femme, j’achevai l’homme qui venait de me répondre.

Après plusieurs minutes de traque, je la trouvai enfin. Elle était assise sur le siège de son véhicule, les jambes à l’extérieur. Elle avait l’air pensive. Je sortis alors de la ruelle sombre se trouvant juste en face d’elle, mon long manteau noir flottant dans la douce brise de la nuit. Je vis à ses yeux qu’elle était étonnée voire choquée de me revoir après tant d’années. Mes griffes et mes crocs étaient toujours sortis.

« Tiens.. Cela faisait longtemps, Kimberly. Pour quelle raison as-tu refais surface cette fois-ci ?.. »

Absorbée par ses pensées, Kim n'avait d'abord pas vu se profiler au loin la silhouette, Ô combien reconnaissable et familière de Victor. Puis, lorsqu'elle entendit des bruits de pas provenant de la ruelle qui jouxtait celle où elle s'était posée elle releva la tête et ce qu'elle , elle eut du mal à l'assimiler du premier coup et elle se demanda même si elle n'était pas victime d'une quelconque hallucination. Ces griffes, ce long manteau noir qui ondulait au gré du vent léger qui soufflait cette nuit là, cette démarche et surtout, quand l'homme se fut rapproché, ces crocs, tout cela la conforta sur deux choses :

1) Elle n'avait en aucun cas une perception altérée de la réalité, car sinon pourquoi CETTE hallucination en particulier? Pourquoi son imagination ferait-elle apparaitre cet homme qu'elle n'avait pas revu depuis bientôt sept ans.
2) Elle courait droit aux ennuis.
Qu'est-ce que cet homme pouvait bien faire là, précisément à l'endroit où elle se trouvait? Kim, bien qu'ouverte d'esprit, avait depuis longtemps appris à ne plus trop croire aux coïncidences, aussi, malgré la surprise qui se lisait sur son visage, elle ne fut qu'à moitié surprise lorsqu'il s'adressa enfin à elle en ces mots :

« Tiens.. Cela faisait longtemps, Kimberly. Pour quelle raison as-tu refais surface cette fois-ci ?.. »

" Cette fois-ci" Hahaha ! Il est vrai que la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés, le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils s'étaient donné pas mal de fil à retordre l'un à l'autre et il avait fallu à Kim énormément de chance (et un peu de ruse aussi) pour arriver à filer entre les pattes de Victor. Kim venait juste de sortir du "centre de repos" où ses parents l'avaient enfermée de force et d'où elle avait pu s'échapper, car elle avait atteint la majorité. De lointains souvenirs auxquels la jeune femme n'avait pas du tout repensé depuis des années. Prioritairement, elle ne voulait pas perdre la face, ne pas que l'homme puisse penser qu'elle avait peur, car ce n'était pas le cas. Si elle avait été secouée, voir apeurée lors de leur précédente entrevue ce n'était plus le cas aujourd'hui.

- Victor ! Je vous aurai salué plus tôt si j'avais vu que vous étiez là , dit-elle en souriant.

Ne pouvant supporter de se trouver dans une position de faiblesse quelconque, elle se releva et se tordi le cou pour pouvoir planter son regard dans celui de l'homme qui dominait son petit mètre 68.

- Je vis ici, reprit-elle, je n'ai pas "refait surface", c'est vous qui m'aviez perdue . La question est réglée, l'affaire bouclée; vous pouvez rentrer chez vous maintenant!

La partie du cerveau de Kim qui lui servait ( occasionellement) de conscience était entrée en alerte, et lui avait pourtant bien soufflé qu'il ne fallait pas plaisanter avec ce type-là, mais la jeune femme et sa conscience étaient en froid depuis quelques temps. Jouant délibérément la carte de la décontraction, Kim s'adossa négligemment contre sa voiture, croisa les bras et fit mine d'être subitement intéressée par le paysage environnant. Des poubelles, des gens qui fouillaient dedans. Elle savait pertinemment qu'elle venait de mettre le doigt dans le mauvais engrenage, mais on ne se refait pas , c'était une chercheuse d'embrouilles née. Décidant de changer de tactique du tout au tout, elle abandonna sa contemplation des environs, don apparente décontraction et, d'un ton dur, dit :

- Ca suffit maintenant, qu'est-ce que vous me voulez ?

[Désolée d'avoir pris tant de temps :/]

La jeune Kimberly semblait être inquiète mais elle essayait de ne pas trop le montrer. La dernière fois que nous nous étions vu, elle avait échappé à mes griffes de je ne sais quelle manière, par la ruse surement. Nous ne nous étions donc pas quitter en de bons termes. Aujourd'hui, je ne lui voulais pas forcément du mal, enfin quoi que.. Ma soif de sang me donnait chaque fois envie de tuer. D'autant plus que moins il resterait de mutants, plus je serais considéré comme un Dieu. D'ailleurs, j'avais déjà une idée en tête. Créer un groupe de vilains, ayant pour but de s'imposer afin de régner en maître sur ce monde. La jeune femme essayait de faire transparaître une certaine force, elle me parlait sèchement, comme si elle voulait s'imposer. Je la regardais alors en souriant, laissant mes canines aiguisées dépasser de mes lèvres. Ce moyen de pression n'avait aucune chance contre moi. Je la connaissais déjà un peu et je savais qu'elle ne pouvait pas avoir autant confiance en elle. Alors, lorsqu'elle me répondit que je l'avais perdu de vue la dernière fois, je lui annonça.

"Je vois que tu essaies de paraître plus dure que tu ne l'es, Kimberly. Ne joues pas à ce petit jeu avec moi.. Je crois que tu sais déjà à peu près de quoi je suis capable.. Enfin du moins de ce que j'ai pu te montrer jusqu'à présent."

Après ça, elle essaya d'avoir l'air décontracté, se posant contre sa voiture et observant ce qui nous entourait dans le noir, les poubelles, les trottoirs remplis de cochonneries, les quelques clochards se trouvant par là.. Rien de bien intéressant à vrai dire. Encore un petit subterfuge pour ne pas montrer ce qu'elle était vraiment. J'attendais en fait qu'elle reprenne la discussion pour lui faire ma proposition. Elle en avait marre et voulait savoir ce que je lui voulais, alors je lui répondis calmement.

"Tu veux savoir ce que je veux de toi ? Eh bien disons que tu as deux propositions et un seul choix possible.. Je te propose de me rejoindre. J'ai en tête de former un groupe ayant pour but de s'imposer dans ce monde. Si tu acceptes, tout ira pour le meilleur des mondes. En revanche, si tu refuses.. Ne t'attends pas à ce que je te laisse t'enfuir si facilement.. Je serai sans pitié"

Je croisai les bras, toujours en souriant, attendant sa future réponse à ma proposition.