Help me ... [pv Claire]

" Content de t'avoir revu, Claire. A la prochaine. Et Lila, un peu plus de sport, en gros plan ça s'est très bien vu que tu avais pris des fesses. "

Sylar ricana en s'éloignant du groupe de gens. Il disparu rapidement dans les rues, ivre de cette puissance qui coulait à nouveau dans ses veines. Le pouvoir qu'il avait toujours convoité était à nouveau sien, le pouvoir de la cheerleader, l'immortalité.

Encore euphorique, il poussa la porte de son appartement dans un hôtel assez chic de Manhattan. Travailler pour une organisation aussi riche et influente qu'était le Montecito Casino apportait son lot d'avantages. Il se prélassait dans le luxe, l'argent lui avait toujours semblé futile mais maintenant qu'il en possédait beaucoup, il ne pouvait pas nier que le confort était une chose qu'il appréciait. Des meubles neufs, du cuire blanc en guise de canapé, du marbre pour les murs, de la porcelaine bien blanche pour la baignoire. Que demander de plus ?
Du pouvoir, évidemment.
Sylar avait certes récupéré le pouvoir de Claire, mais son Saint Graal était toujours hors de sa possession. Le pouvoir qui ferait de lui l'homme le plus puissant de l'univers, le pouvoir qui représentait l'acheminement de toute une vie de quête de puissance. Le pouvoir de Peter Petrelli. Sylar pestait contre ce jeune idiot qui avait été doté d'un pouvoir aussi puissant et qui ne l'utilisait même pas à 10% de sa capacité. Lui saurait s'en montrer digne une fois qu'il l'aurait, Sylar en ferait très bon usage. Dans son intérêt personnel, évidemment. Il se débarrasserait des leaders du Montecito pour prendre leur place, écraserait Mister Hyde et Alex, tuerait la petite Lisa Dumont et torturerait Kerry pour son plaisir personnel.

Il déboucha une bouteille de scotch et s'en servit un fond dans un verre en cristal. Il y ajouta deux glaçons et s'assit sur son sofa. Il leva deux doigts pour que par télékinésie il allume sa télé. Il bu une première gorgée en regardant les informations sur une chaîne nationale. Après quelques secondes, il bu une seconde gorgée. Cette boisson lui paru divine tant il se sentait léger et désaltéré.

" Hé, toi ! "

Sylar se leva d'un bond et regarda derrière lui. Personne. Il scruta son appartement, inspectant toutes les portes, toutes les pièces, chaque recoin du salon où il se trouvait. Non, il était seul. Mais il n'était pas fou, il avait entendu quelqu'un, la voix d'un homme au ton malicieux. Se concentrant sur sa télépathie, il tenta de démasquer un éventuel homme invisible. Mais non, personne.

" Qui est là ? "

Il était immobile, mais ses yeux balayait son environnement comme les lumières d'un phare balayeraient une mer trop calme.

" Je suis là ! "

Sylar fit à nouveau volte face. Sans surprise, il n'y avait personne. Le tueur regarda son verre de scotch d'un air interrogateur. Soit cette boisson était vraiment très très alcoolisée, soit on venait de l'empoisonner.

" Peu importe qui vous êtes, vous vous êtes condamné en entrant ici. "

Un rire dément s'éleva alors de la cuisine, un rire fou et sadique comme seul le clown macabre Joe Kenter pouvait en pousser.

" Joe ? Joe Kenter !!? "

Sylar arracha la porte de la cuisine en la tirant par la poignée et inspecta la pièce. Elle était vide, il était seul.

* Je deviens fou, ça y est ... *

Il se tourna à nouveau vers le salon, le traversa pour rejoindre la pièce opposée : la salle de bain. Il ouvrit la porte et posa ses mains de part et d'autre du lavabo. Il laissa couler une bonne dose d'eau fraîche sur ses mains et s'aspergea le visage.
Lorsqu'il se releva pour faire face au miroir, il vit un homme se tenir derrière lui, la peau brûlée et du sang qui lui coulaient des yeux. Pris de panique, il se retourna avec la ferme intention d'en finir avec cet intrus, mais Sylar était seul dans son appartement.

* Tout ceci n'a aucun sens ... Qu'est-ce qui m'arrive ... *

Il se tourna vers le miroir et lorsqu'il s'approcha il pu voir que du sang lui perlait du nez. Il porta ses doigts à ses narines puis les regarda : ils étaient rouges de sang. Enfin quelque chose de réel. La quantité de sang augmenta dans la seconde suivante. Sylar resta au dessus du lavabo le temps que cette hémorragie inexpliquée s'arrête. Il avait du mal à comprendre comment avec le pouvoir de Claire il pouvait être victime d'une chose aussi banale qu'un saignement de nez.
Finalement, après quelques minutes, le sang s'arrêta de couler. Sylar se lava les mains et le visage mais ne quitta pas le lavabo et surtout ne quitta pas le miroir.

* Tout ce qui vient de se passer est incompréhensible. Je dois savoir ce qui ne va pas avec moi. *

Sylar plongea ses yeux dans son reflet, dans le miroir. Il regarda plus particulièrement le haut de son crâne, et pour la première fois il analysa sa propre personne pour voir ce qui était "cassé" en lui. Après quelques secondes à peine, il localisa une anomalie.
Il eu un petit mouvement de panique lorsqu'il vit que le problème venait de l'endroit où il avait stocké le pouvoir de Claire.

* Qu'est-ce que c'est que ... C'est ... C'est une tumeur ? J'ai un ... un cancer ? *

Sylar stoppa son opération parce qu'il fut pris de violentes nausées qui ne tardèrent pas à se concrétiser : il se pencha en avant et rendit son dernier repas. Après quelques minutes et de douloureux spasmes, il se nettoya à nouveau les mains et le visage. Il sortit de la salle de bain et alla s'asseoir sur le canapé.
Il se mit à réfléchir. Comment, lui, pouvait-il être victime d'un cancer ? Il était invincible, le pouvoir de Claire devait le rendre immortel ! A l'évidence, quelque chose avait mal tourné lorsqu'il lui avait volé son pouvoir.

Une tumeur apparaissant aussi vite, il n'y avait qu'une régénération cellulaire plus rapide que la normale qui pouvait lui permettre de se développer aussi vite. Et si Sylar suivait cette logique, il n'avait plus beaucoup de temps avant que les hallucinations ne se multiplient et que le cancer ne finisse par se propager. En clair : il était condamné s'il ne faisait rien tout de suite. Il avait une info capitale en main : il savait où la tumeur était située. Aucun chirurgien n'accepterait de l'opérer en voyant qui il était, et il ne pouvait pas créer une hallucination par télépathie s'il était sous sédatif sur une table d'opération.
Le choix était unique et sans appel : Sylar devait s'opérer lui même, à cerveau ouvert.

" Allo ? Service d'étage ? Est-ce que vous auriez des antidouleurs très puissants, j'ai une migraine atroce et je n'arrive pas à dormir. Oui .. Oui ce sera très bien, merci. "

Sylar raccrocha son téléphone et attendit que le garçon d'étage lui ramène une boîte de comprimés analgésiques. Le tueur se dirigea vers la salle de bain. Il arracha le miroir du mur et le posa face à la baignoire, avant de se coucher dedans. Il ouvrit la boîte de comprimés et en avala trois fois la dose maximale conseillée, avant de poser le reste à côté de lui.

* Bon ... Allez Sylar ... Tu peux faire ça ... Tu peux tout faire *

Il rapprocha le miroir au maximum, ôta sa chemise et la jeta au loin. Il prit une profonde inspiration, leva son doigt et utilisa son reflet pour diriger sa télékinésie. Il commença à entailler son propre front. Ses dents étaient serrées, tout son corps tremblait de peur et de douleur. Il s'arrêta après deux ou trois centimètres à peine, la douleur était insupportable et déjà la baignoire était tâchée de sang. Il s'essuya le liquide rubis qui coulait sur son visage et reprit la boîte de comprimés analgésiques. Il en avala à nouveau une forte dose avant de la reposer à côté de lui.

* Allez ... Tu y es presque ... *

Il leva son doigt une nouvelle fois et poursuivit sa chirurgie barbare. Cette fois il ne pu serrer les dents, il hurla littéralement de douleur. Il vociféra tous les jurons qu'il connaissait et peinait à garder les yeux ouverts tant son visage était crispé. Il vit dans le miroir qu'il pâlissait à vu d’œil alors que son corps tremblait de plus en plus. Lorsqu'il arriva au bout, il se sentit plus que faible. Mais hélas, ce n'était pas fini : alors qu'il pensait en être arrivé à la fin, il sentit une sensation familière. Il regarda dans le miroir, peinant à rester éveillé. Son front commençait à se régénérer !!

" NON !! "

Il posa une main de part et d'autre du haut de son crâne et souleva avec toute la force qui lui restait. La peau déjà régénérée fut arrachée, les os reconstitués furent à nouveau brisés. Il hurla comme un animal qu'on égorgeait.

Finalement, il posa son propre scalp sur ses cuisses. Il se sentait partir, sans le pouvoir de Claire il serait déjà mort depuis longtemps. Il fallait faire vite, il allait s'évanouir. Il leva ses yeux à demi ouverts vers le miroir, leva son doigt et incisa la tumeur qui empêchait son cerveau de fonctionner à plein régime comme à son habitude.

Ça y est, il l'avait fait. Vite, pas le temps de se réjouir, il était au bord de l'évanouissement. Il prit son scalp et au moment où il voulu le poser sur son crâne, tout le sang qui était présent lui fit littéralement lâcher prise. Le haut de sa tête lui échappa des mains et tomba en dehors de la baignoire.

* Non ... *

C'était la fin. Il ne pouvait plus bouger les jambes, il était tétanisé. Il avait perdu beaucoup trop de sang.

Il subsistait pourtant un ultime espoir. Il porta sa main à sa poche. Ses yeux se fermèrent. A l'aveugle, il sortit son téléphone et sélectionna un numéro dans son répertoire avant de presser le bouton appel. Lorsqu'il entendit qu'on décrochait à l'autre bout. Il pu tout juste dire à demi-voix :

" Manhattan ... 521 second street ... appartement 41B ... salle de bain ... aide moi ..."

Son téléphone tomba sur sa cuisse, sa tête se coucha en arrière, ses yeux étaient fermés, ses membres immobiles. Sylar venait de s'évanouir.

- Ne vous en faites pas, on finira par l'arrêter, vous avez ma parole. S'il le faut, je réunirai toutes les personnes nécessaires, mais je veux qu'un Gray paye pour son arrogance.

C’était les dernières paroles que Claire avait entendu de Lila…Fixant la jeune femme un long moment. Claire était restée silencieuse. Les sanglots qui l’avaient surprise tout à l’heure à présent avait complètement disparut, ne laissant que le visage presque inexpressif d’une adolescente qui avait assez vu en trop peu de temps. Tournant le dos à Lila et Lisa, elle prit un chemin complètement opposé aux deux jeunes filles, passant au travers des journalistes qui essayait d’obtenir la moindre de ses impressions. Elle finissait par disparaitre dans la foule.

Ou allait-elle ? Personne ne pouvait le savoir. Celle qu’on venait tout juste de sauvée semblait avoir littéralement disparut pour bon nombre de personne mais en réalité, elle n’était pas bien loin. Un coup de file avait suffit à rassurer les personnes importantes : Peter. Lui promettant qu’elle ferait attention et surtout qu’elle ne voulait voir personne. Elle avait été depuis bien trop longtemps un poids pour beaucoup trop de personne il était temps que tout cela se termine. Mais la question qui demeurait était de savoir…Quand…Et comment ?
Elle avait beau toujours se relever lors de ses chutes, garder la tête haute malgré tout les saloperies qui pouvaient lui tomber sur le coin de la gueule, à présent, elle en avait littéralement marre. Fatiguée de tout ça, elle était complètement perdue…

Souhaitant devenir indépendante mais bien incapable de savoir comme s’y prendre. L’adolescente fini par se rendre à l’évidence : l’indépendance, ce n’était pas pour tout de suite. Elle ne pouvait décemment pas quitter tout le monde comme ça, en claquant des doigts. Elle n’était encore qu’une ado, une ado paumée qui ne savait absolument pas où aller. Installée sur un banc d’un arrêt de bus, elle observant l’écran assombrit de son portable. Un premier soupire, parcourant la liste des personnes qui constituait son répertoire, elle se rendait alors compte qu’un bon nombre d’entre eux étaient à effacer…Odessa…Son regard s’arrêta sur le dernier des noms : Zach Quins. Elle avait gardé le numéro de celui-ci malgré tout ce qui c’était passé, un sourire nostalgique se dessina sur les lèvres de la blonde qui fini par disparaitre. Ce numéro était bon à effacer, depuis le temps…

La tête en arrière, elle le posait contre la paroi de l’abri bus dans lequel elle se trouvait. Que faire ? Rentré ? Essayer une nouvelle fois d’avoir une vie normale ? C’était hors de question et en même temps, leur faire part du projet qu’elle avait en tête n’était pas non plus la meilleure des idées. Rester là non plus d’ailleurs. En cet instant, Claire n’avait jamais été plus normal, une simple adolescente complètement noyer par divers interrogation, souhaitant simplement s’affirmer mais incapable de savoir comment s’y prendre. Second soupire, elle releva à nouveau son portable, elle n’avait pas le choix…

Et alors qu’elle s’apprêtait à rechercher le numéro du portable de son père pour lui dire qu’elle rentrerait bientôt, elle faillit laisser échapper son portable des mains. Les vibrations de ceux-ci et son écran éclairé indiquait un appel. Son regard fixait le numéro qui lui était totalement inconnu. Elle pensait à Lisa sur le moment à vrai dire…Et c’est avec un certain enthousiasme qu’elle décrocha, elle souhaitait s’excuser, après tout…Elle l’avait planté là-bas…

" Manhattan ... 521 second street ... appartement 41B ... salle de bain ... aide moi ..."

Au premier mot, l’enthousiasme se changea littéralement en une sensation effrayante, mélange intense de colère, de douleur et de frustration. Cette voix, elle pourrait la reconnaître entre mille, elle était bien encrée en elle, chaque parole qu’il avait pu prononcer pour elle était imprimé au fer rouge dans son esprit. Les mots s’enchainèrent pour se terminer par ce simple : Aide-moi…

La voix était faible, tout était en place pour croire sans l’ombre d’un doute que cette homme avait réellement besoin d’aide mais la cheerleader restait plantée là, inerte, interdite…Était-ce encore un piège ? Où était-ce cet inéluctable signe qu’elle attendait désespérément en restant planter sous cet abri bus ?

Finissant par se lever, c’est en courant qu’elle pénétra dans la première rame de métro. En moins de temps qu’il n’en fallut, elle se retrouvait déjà sur la route qui la mènerait à une réponse. C’est en moins de temps qu’il n’en fallait qu’elle se retrouvant devant l’adresse qu’il lui avait murmurer et qu’elle n’avait jamais cessé de se répéter pour ne pas l’oublier.
Il s’agissait d’un grand hôtel, entrant à l’intérieur tout naturellement, elle prit l’ascenseur, se rendant donc à cette fameuse chambre.

Devant la porte qui arborait le numéro et la lettre : 41B. Claire resta à nouveau plantée là, essayant peut-être de percevoir quelque chose dans la chambre. Elle posa la main doucement sur la poignée, la tournant le plus légèrement possible. Son but, un peu naïf, était de faire le moins de bruit possible. Elle ouvrit lentement la porte, pénétrant presque à la pointe des pieds à l’intérieur de la chambre. La pièce était vide, complètement vide, se souvenant alors de l’appel…La Salle de bain.
Son regard se tourna vers la porte qui y menait mais l’idée d’y entrer comme ça, au bonheur la chance, ce n’était pas pour elle. Recherchant dans la pièce n’importe quoi qui aurait lui servir d’arme, c’est sur une bouteille d’alcool qu’elle jeta son dévolu. S’approchant de la porte de la salle de bain, elle l’ouvrit à son tour, mais cette fois ci d’un geste vif et brusque…Bouteille d’alcool brandit dans une scène presque ridicule, tout droit sortie d’un film d’horreur pour ado.

Mais la scène devant laquelle elle se trouvait n’avait absolument rien avoir avec ce qu’elle avait pu imaginer sur le moment. Un haut le cœur la gagna sans prévenir, c’est très rapidement qu’elle se pencha sur le lavabo, remettant le seul repas qu’elle avait eu durant sa journée. Un long silence, elle semblait presque remise de ses émotions, fixant malgré tout le lavabo souillé, inspirant profondément avant de reposer ses yeux sur cette scène dérisoire. Elle essayait d’examiner la scène, de comprendre. Sylar s’était donc arracher le haut du crâne ? A cette idée, les pensées de la blonde voyageaient entre le dégout et une certaine "jubilation" à l’idée qu’il se soit infligé ce qu’il avait fait à tant de personne sans aucun scrupule.

La bouteille d’alcool à la main, la première idée qui traversa l’esprit de la demoiselle n’était absolument pas de venir en aide à cet enfoiré. Elle brisa le verre sur le bord du lavabo, tenant à présent un tesson. Elle s’approcha du corps inerte essayant de retenir ses haut le cœur, la cervelle sous les yeux elle le savait…Elle savait qu’un coup pareil lui était fatal. Et l’idée de pouvoir donner la mort à Sylar l’avait tellement obsédée sur l’instant qu’elle ne c’était pas véritablement rendu compte d’un problème, du hic même de cette scène…Et c’est avant de donner le coup fatal qu’elle se releva vivement et recula, s’attendant à une illusion, un autre piège, n’importe quoi !

« Jamais tu aurais pu te faire ça »

Affirma-t-elle. Elle n’avait pas rêvé ce qui c’était passé, il lui avait volé à nouveau son pouvoir, et par conséquent, toute cette mise en scène ne pouvait pas être vrai ! Prise d’une certaine panique sur le moment, elle s’approcha encore une fois du corps inconscient, levant le tesson…Elle devait le faire, en avait la certitude même ! C’était maintenant…ou jamais.

Sylar ouvrit les yeux. Il était dans une pièce éclairée qui ne lui rappela rien sur le moment, mais c'est peut être parce qu'il était un peu ébloui. Que faisait-il ici ? Il se souvenait de sa baignoire. Il se souvenait de la douleur insupportable. Quelque part, Sylar n'en voulait pas au destin d'avoir mis cette épreuve sur sa route : de temps à autres, il devait payer le prix pour ses actes, il devait assumer. Ça pouvait sembler idiot, mais sa conscience était comme apaisée par ce qui venait de se passer.

" Pourquoi tu ne l'a pas tué ? "

Sylar sursauta en se retournant. Il avait entendu sa propre voix dans son dos, et il se trouvait maintenant face à lui même, face à sa conscience.

" Quoi ? Pourquoi je n'ai pas tué qui ? "

" Claire. Rien ne t'obligeait à la sauver, tu aurais pu lui arracher la cervelle une fois que tu avais pris ce que tu voulais. Mais tu lui as permis de se régénérer. "

" Claire est immortelle. Je ne pourrais pas la tuer, même si je le voulais. "

" Non, ça c'est ce que tu te dis à toi même pour te convaincre que tu es toi aussi immortel si tu possèdes son pouvoir. Mais les circonstances te traitent de menteur. Si la personne à qui tu as téléphoné ne vient pas, tu vas finir par mourir. Peut être dans des semaines, des mois, mais on ne peut pas survivre éternellement évanoui dans une baignoire, la cervelle à l'air. "

" Ce n'est pas ce qui me travaille. En fait je n'ai pas peur que personne ne vienne, je suis sur que quelqu'un va venir. J'ai plutôt peur que la personne qui vienne en me voyant me laisse mourir. "

" Tu veux que je te dise. Je pense que tu te caches quelque chose à toi même. Je sais de quoi il s'agit, mais je ne pense pas que tu veuilles l'entendre. "

" Oh mais si, visiblement je suis coincé ici, donc vas-y je t'écoute. "

" Je pense que tu sais que tu n'es pas immortel, que tôt ou tard tu vas mourir. Je pense que tu sais que si tu prends tellement de plaisir à manipuler Claire, à jouer avec elle, c'est parce que tu ne la considère pas juste comme une victime. Je pense que tu sais que tu ressens encore de l'amour, mais ce n'est plus pour Kerry. "

" Viens en aux faits, tes phrases à rallonge me donnent mal au crâne. "

" Je pense que tu as peur de mourir sans connaître l'amour de ta vie, celle qui te manque pour être vraiment comblé."

Sylar éclata d'un rire moqueur.

" Ne ris pas. Tu as embrassé Lisa Dumont quand tu l'as croisé, tu ne l'aimes pas, mais tu voulais l'embrasser. "

" C'était juste pour la souiller, un affront dégoutant parce que je suis un personnage abject. C'est mon rôle dans ce monde, de faire pencher la balance du côté des méchants. "

" Tant que tu refouleras tes sentiments tu ne seras jamais heureux, parce que ce ne sont pas les pouvoirs qui vont te combler, tu es peut être un être spécial mais tu es un humain avant tout. Les humains ont besoin d'amour pour survivre. Toi aussi. "

" J'ai le pouvoir de Claire, j'ai dans l'optique d'être prochainement l'homme plus puissant du monde et tu voudrais que je m'arrête à une chose aussi futile que ça ? "

" Tu mens. Avoue. Avoue que tu ne trouves pas l'amour futile. Tu as bien ressenti de l'amour pour Kerry, non ? "

" C'était il y a longtemps. "

" Ah oui, qu'est-ce qui a changé ? Regarde la vérité en face ! Tu es le même. Tu tues pour des pouvoirs, tu es arrogant, sadique, cynique. Rien n'a changé ... et plus rien ne changera. Tu veux aimer et être aimé en retour. Mourir seul est ta plus grande peur, plus grande encore que la perte de tes pouvoirs. "

" Qu'est-ce que tu veux me faire dire exactement ? "

" Je veux que tu avoues que tu aimes Claire. "

Sylar secoua la tête comme si un fou lui racontait des choses aberrantes.

" Elle est jeune, belle, intelligente. Elle est immortelle. "

" C'est une victime. Elle est faible, indigne du pouvoir qui lui a été donné. "

" La vie n'a pas été très tendre avoir toi non plus avant que tu ne portes le masque de Sylar. Et tu avais plus de 30 ans quand tu as changé. C'est une adolescente, son tour viendra. "

" Tu me dis quoi là ? Que tout le monde devient serial killer après la trentaine ? "

" Non. Je dis que quand elle sera prête, elle fera de grandes choses. Et à mon avis ça ne tardera pas, parce qu'après avoir été captive de Kane, après ce que tu lui as fait, je pense que la coupe est déjà pleine. "

Sylar sentit sa tête lui tourner légèrement. Il commençait à voir flou.

« Jamais tu aurais pu te faire ça »

La conscience de Sylar personnifiée par une copie identique de lui même leva alors la tête vers le plafond, d'où provenait la voix. Le tueur, lui, peinait à garder les yeux ouverts. Il avait un mal de crâne atroce.

" Quelle coïncidence. On est en train de parler de Claire et voilà qu'elle débarque sans crier gare. Y a vraiment de quoi rire, non ? Sylar ? "

Le tueur tomba sur ses genoux. Quand il ouvrit les yeux, une lumière blanche l'aveugla. Il du fermer les yeux à nouveau.

-----

Sylar ouvrit les yeux lentement. Il reconnu sa salle de bain, mais ce n'est pas ça qui le frappa tout de suite. Il faisait face à Claire, elle tenait quelque chose en main, et elle semblait prête à le frapper avec. Le tueur était trop faible pour se lever et tenter de l'immobiliser physiquement, mais son esprit était intact. Claire pu sentit son bras se raidir, et dans l'instant suivant le tesson lui échappa des mains pour aller se briser contre le mur.

Sylar ouvrit la bouche, elle était pâteuse et l'haleine qu'il devait avoir à ce moment là n'avait rien d'enjouant. Cependant, il arriva à parler, très faiblement, mais c'était compréhensible.

" Je ... suis ... désolé ... "

Ce n'était pas vraiment ce qu'on s'attendait à entendre de la part d'un tueur, surtout dans ces circonstances. Il tourna légèrement la tête pour regarder le haut de son crâne, gisant au sol dans une flaque de sang.
Sylar se remémorait la phrase prononcée par la jeune cheerleader : « Jamais tu aurais pu te faire ça » . Elle n'y croyait pas, elle ne pensait pas Sylar capable de s'infliger ça.

" Je ... paye, je paye. Je paye ton pouvoir ... au prix ... au prix fort."

Il tenta de sourire légèrement, mais il n'était pas sur que Claire pouvait percevoir cette expression sur son visage si pâle qu'il en était presque blanc.

" Tu, tu me crois pas. Pourquoi, pourquoi je t'aurais ... Fais revenir. J'ai ton ... pouvoir. Tout est réel. "

Il n'avait plus mal, il était encore à moitié mort, il fallait qu'il se régénère.

" Je .. t'ai laissé ... vivre. A ton ... A ton tour."

Il déplia son doigt et pointa le scalp, au sol. Son regard suppliait la cheerleader. Elle devait prendre une décision, peut être la pire des décisions.

Sauver Sylar pour peut être l'affronter plus tard, mais d'égal à égal ; ou alors le laisser mourir de façon lâche, mais débarrasser la Terre d'un être ignoble, pour toujours.

Pour la première fois depuis longtemps, Claire avait le choix.

L’arme de fortune était tendue dans les airs, n’attendant que l’instant propice pour s’enfoncer dans la chaire et le sang de sa prochaine et première victime. Plus que jamais envahit par la haine et la colère, la blonde qui tenait cet arme s’apprêtait à frapper de toute ces forces mais malgré toute la haine du monde qu’elle ressentait, ses bras restaient inertes. Tendu dans les airs, raidit, elle savait déjà qu’il était la source de cet impossibilité à le frapper ! Le tesson de bouteille quitta soudainement ses mains pour s’éclater contre le mur...Fixant le tueur, la frustration revenait en elle, un sentiment qu’elle semblait bien incapable d’oublier, incapable de s’en détacher. Au final, serait-elle toujours prisonnière de ce destin qui veut qu’elle soit continuellement la "demoiselle en détresse". Elle ne regardait déjà plus l’homme, cherchant plutôt le moyen de trouver une autre arme…

" Je ... suis ... désolé ... "

La colère était tel en l’entendant pitoyablement s’excuser qu’elle sentait les larmes lui monter aux yeux et brouiller sa vie…Il était…Désolé ? C’était tout ce qu’il avait à dire à Claire ? Qu’il était désolé ! Elle n’arrivait pas à croire qu’il avait osé lui dire ces trois mots, comment osait-il ? Il était le début de ce cercle infernal qui l’avait amené à devenir la convoitise des pires enfoirés de la planète. C’était lui qui avait commencé cette chasse à la Claire, qui avait mit en place ce petit jeu que d’autres ont ensuite partagé. Il était, selon la cheerleader, la source même de tous ses problèmes. S’il n’avait pas existé, jamais personne n’aurait su pour elle. C’était peut-être naïf de croire une telle chose mais au final, s’il n’avait pas existé, Peter ne serait jamais venu la voir, elle aurait continué son train de vie d’adolescente, elle aurait continué à se suicider et se faire filmer par Zach, aurait sauvé des personnes, au lieu d’être celle qui doit être sauvée…

" Je ... paye, je paye. Je paye ton pouvoir ... au prix ... au prix fort."

Il cherchait quoi ? Qu’elle le plaigne pour ça peut-être ? Il payait surtout au prix fort tout le mal qu’il avait pu faire autour de lui, c’était selon la demoiselle le juste retour des choses ! Il était temps que justice soit faite non ? Combien de vie avait été brisée par cet homme ? Combien d’innocent tué ? Il espérait réellement un repentit…Claire n’avait envie que d’une seule chose sur le moment, s’en aller tout simplement. Le laisser là et le laisser mourir à petit feu, qu’il souffre autant qu’elle avait pu souffert…Qu’il agonise…

Les larmes qui lui brouillaient la vue commençaient doucement à s’écouler sur ses joues, son corps tout entier tremblait d’une rage qui ne demandait qu’à s’exprimer.

" Tu, tu me crois pas. Pourquoi, pourquoi je t'aurais ... Fais revenir. J'ai ton ... pouvoir. Tout est réel. Je .. t'ai laissé ... vivre. A ton ... A ton tour."

Elle regarda ce que le tueur pointait du doigt…L’autre moitié de son crâne baignait dans une marre de sang. Il lui demandait sérieusement qu’elle lui sauve la vie ? Reposant ses yeux sur lui, il la regardait, la suppliait même de ses yeux qu’elle l’aide. Pourquoi c’était tomber sur elle ? Était-ce réellement lâche de le laisser mourir après toute les horreurs qu’il avait pu faire ? Aurait-elle seulement une véritable seconde chance de pouvoir en finir avec lui plus tard ?

Toutes ces questions se bousculaient dans la tête de l’adolescente qui n’aspirait qu’à être en paix. Il avait tout son temps de toute façon avant de mourir…Et Claire en avait besoin du temps. S’écroulant littéralement sur le sol carrelé des lieux, elle fixait alors cette moitié de crâne, envahit par la difficulté du choix et le dégout de la scène. Tout ça n’avait aucune cohérence, elle ne pouvait pas le sauver et pourtant…Au fond d’elle persistait cette idée qu’elle ne voulait pas non plus le tuer de cette manière. Elle aurait préféré être la véritable cause de sa mort, le regarder droit dans les yeux avec une scène qui veut dire : « Je t’ai enfin eu connard… ». Le genre de truc tout droit sorti du cinéma c’est vrai.

S’essuyant le visage, elle se leva, fit les cent pas, se regardant plusieurs fois dans la glace pour vraiment comprendre ce qui se passait en elle, ce qu’elle allait faire…Quel choix ?
Tout cela n’avait aucun sens, elle aurait en cet instant encore préféré qu’il s’agisse bel et bien d’une hallucination, d’un autre piège de cet homme plutôt que cette idée de devoir prendre ce choix. Fixant le corps dans la baignoire, elle essayait de percevoir la moindre faiblesse, le moindre petit truc qui lui disait « c’est pas réel » mais rien.

Claire s’éloigna de la baignoire, du miroir, s’approchant alors de la moitié du crâne qui gisait sur le sol. Retenant un haut le cœur et une nouvelle envie de vomir sur le moment…Ce qui était assez paradoxale pour quelqu’un qui c’était amusé à se couper un orteil, à sauter dans le vide et se remettre une épaule démise sans problème…Avoir vécu une autopsie aussi…Mais c’était différent, c’était de son corps qu’il s’agissait alors que là, ce n’était pas son crâne qu’elle avait en main mais celui de Sylar. Une part d’elle n’arrivait pas vraiment à croire ce qu’elle s’apprêtait à faire alors qu’elle revenait sur ses pas, pour retourner auprès du corps inerte de Sylar. Le demi crâne entre ses doigts.

Le choix était fait…
Le demi crane rejoignant l’autre moitié…

Sylar était dans une situation des plus délicates, mais ce n'était pas une condition qui lui était inconnue. Dans un certain sens, sa vie avait toujours dépendu de Claire : sans la quête de ce pouvoir d'invincibilité, qu'est-ce qui l'aurait réellement motivé à vivre ? La scène qui se jouait dans cette salle de bain n'était en réalité qu'une mise en abime de ce qu'était l'existence même du serial killer. Cette fois-ci, au sens littéral du terme, Claire lui avait sauvé la vie. Un choix terrible qu'elle mit plusieurs minutes à prendre, minutes durant lesquelles le tueur l'avait observé être tourmentée. Elle avait longuement hésité entre la rage et l'honneur, entre la tristesse et la vengeance. De longues minutes que Sylar ne racontera jamais à qui que ce soit tant il avait supplié qu'elle l'épargne. Mais il était une vérité qui, même si elle était jouissante pour l'un et agaçante pour l'autre, était absolue : tout ceci ne pouvait finir comme ça, le tueur ne pouvait mourir minablement dans une baignoire, sans avoir réellement payé pour tout le mal qu'il avait fait, sans s'être battu une dernière fois à la recherche de pouvoir, sans que Claire ne soit à l'origine de son agonie.

La jeune femme ramassa la relique manquante du tueur et la posa sur le reste de son corps. Un geste inespéré, incompréhensible même par elle même. Et pourtant, elle l'avait fait. Tout arriva ensuite rapidement. Sylar sentit une chaleur délectable lui parcourir le corps, la moitié de son crâne se réconcilia progressivement avec le reste de son corps. Sa peau retrouva une couleur normale presque instantanément, quittant cette apparence vampiresque d'un homme si faible que sa peau était pâle au point d'en être presque blanche de vide. Spontanément, il prit une profonde inspiration salvatrice qui acheva sa régénération qui n'aura au final duré que quelques secondes. Il se redressa dans la baignoire, et tout de suite plongea son regard dans celui de Claire. De dire merci serait de circonstance, mais était-ce nécessaire ? Fallait-il narguer la cheerleader en la remerciant d'avoir remis sur pied son pire ennemi ? Celui qui était responsable de tant de ses souffrances ?
Sans arrogance, sans rictus narquois, sans expression maline, avec pour seule grimace que celle de ses yeux légèrement pétillants, il s'adressa à Claire.

" Ni toi ni moi ne pourront jamais comprendre ce qui t'as poussé à faire ça. Je n'en valais pas la peine, tu le savais, mais tu l'as fait. Je te dois beaucoup désormais, Claire. "

Il se leva et sortit de la baignoire. Son torse et son pantalon était tâchés de sang, il en était de même pour ses mains. Il observa l'état dans lequel il était, ainsi que celui de sa salle de bain. Il porta à nouveau son regard sur Claire.

" Je suppose que tu as envie de partir aussi vite que possible. Je sais que je t'en ai demandé beaucoup, mais j'ai encore une faveur à te demander. Reste ... J'aimerais te parler. Laisse moi juste 2 minutes le temps de me changer. Je sais que ça parait dingue, mais je te promet que je ne te ferais plus aucun mal. Tu peux t'asseoir dans le sofa, dans le salon. Et il y a des boissons fraîches dans le mini-bar. Sers toi, autant que tu veux, mais reste s'il te plaît. Si malgré tout tu veux partir, je ne t'en empêcherais pas. "

Il sortit de la salle de bain et rejoignit sa chambre. Un autre avantage qu'offrait le luxe : en plus de sa grande salle de bain, il avait également une petite pièce à eau à côté de sa chambre, avec une douche. Il ne savait pas si Claire resterait, mais il l'espérait. Il se dénuda et entreprit d'ôter sous la douche tout le sang dont il était tâché. Finalement, il se sécha, enfila un caleçon, un jean, et sortit torse et pieds nus dans le salon, son corps encore légèrement perlé d'eau.

A sa grande surprise, Claire était là, assise sur le sofa [Julie est d'accord, n'allez pas encore me dire que je choisis pour elle ><]. Le tueur ouvrit son frigo, en sortit deux sodas en canette et vint s'asseoir en face d'elle. Il posa une boisson devant la jeune femme. Dans l'esprit du serial killer, Claire devait être en train de se demander si il se moquait d'elle. Il ne prit même pas la peine d'aller confirmer ses doutes en lisant les pensées de la petite blonde.

" Merci d'être restée. "

Il ouvrit sa canette, bu une gorgée du soda, et la reposa sur la petite table.

" Alors. Tu dois te demander pourquoi tu es encore là, probablement même pourquoi tu es venu. Bref, je vais couper court et aller droit au but ... Mhm ... Est-ce que tu ne t'es jamais arrêté, sur le fait que toi et moi on a beaucoup de choses en commun, Claire ? "

Il ne la laissa pas réagir, il continua.

" Je veux dire, regarde. Tu as été adoptée, j'ai été adopté. Ton corps accepte le fait que tu ne puisses pas mourir, le mien aussi. Nous sommes nés de parents qui ne voulaient pas de nous, et nous avons été élevés par des parents qui ne pouvaient pas nous comprendre. Ça fait beaucoup de similitudes, tu ne trouves pas ? "

Il enchaîna toujours.

" Je sais que tu dois trouver ça insolite voir même invraisemblable mais ... et si tout ceci avait un sens ? Et si le fait que tu sois en quelque sorte ma victime préférée ne cachait pas une réalité plus ... complexe ? Je veux dire, les personnes à qui je prends leur pouvoir, je ne les laisse pas vivre, elles sont toutes mortes, à une ou deux exceptions près. Tu es exceptionnelle Claire. A mes yeux, tu dois vivre, et je ne me l'explique pas. "

Sylar parlait de façon saccadée, il était déstabilisé, rien à voir avec l'habituel tueur arrogant au cynisme agaçant. Il était sincère, il parlait avec son cœur, un cœur humain qui s'exprimait en tant que tel pour la première fois depuis bien longtemps.

" Et si ... secrètement ... j'avais envie que toi et moi on arrête tout ça. Si je te demandais d'oublier tout ce que je t'ai fait, aussi difficile que ça te semble, aussi longtemps que ça risque de te prendre. Je veux que tu me pardonnes. Je veux devenir l'homme le plus puissant qui existe, c'est un fait ... Mais j'aimerais t'avoir à mes côtés quand ce sera le cas. Je ... Je t'aime bien, Claire. "

Il s'arrêta là de parler. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait réussi à sortir tout ce discours aux relents romantiques sans s'arrêter pour exploser de rire et se moquer de lui même. Mais il fallait qu'il se l'avoue, la chose dont il avait le plus envie, là, tout de suite, c'était de poser ses lèvres sur celles de Claire.

" Je ne veux pas finir seul ... je veux vivre avec quelqu'un qui me ressemble ... et je suis presque convaincu que tu es cette personne. "

La situation devenait carrément insolite, elle avait fixé le crâne se résoudre, elle l’avait entendu inspirer profondément, reprenant la vie qui le quittait doucement encore quelque seconde plus tôt. Elle avait donc réellement fait le choix, en âme et conscience, de lui sauver la vie. Incapable de comprendre la nature de son geste, incapable de répondre au « pourquoi ? » qui se répétait sans cesse dans sa tête…Pourquoi…Elle c’était relevée, avait reculé alors que le tueur quittait la baignoire ensanglanté. Leurs regards se croisèrent, se figèrent, elle ne baissait pas les yeux bien trop fier pour faire une telle chose malgré qu’une part d’elle lui hurlait de s’en aller…Tout de suite !

" Ni toi ni moi ne pourront jamais comprendre ce qui t'as poussé à faire ça. Je n'en valais pas la peine, tu le savais, mais tu l'as fait. Je te dois beaucoup désormais, Claire. "

C’était pire encore qu’un merci, à vrai dire, n’importe quel phrase qu’il aurait pu prononcer à ce moment là n’aurait jamais pu la soulagée de la culpabilité qu’elle ressentait après lui avait sauvée la vie. Il lui devait beaucoup mais serait-il capable un jour de lui rendre réellement là pareil ? A moins qu’il décide de se donner la mort sans supplier personne pour l’aider ensuite, Claire doutait que son geste aurait réellement un juste retour.

" Je suppose que tu as envie de partir aussi vite que possible. Je sais que je t'en ai demandé beaucoup, mais j'ai encore une faveur à te demander. Reste ... J'aimerais te parler. Laisse-moi juste 2 minutes le temps de me changer. Je sais que ça parait dingue, mais je te promets que je ne te ferais plus aucun mal. Tu peux t'asseoir dans le sofa, dans le salon. Et il y a des boissons fraîches dans le minibar. Sers-toi, autant que tu veux, mais reste s'il te plaît. Si malgré tout tu veux partir, je ne t'en empêcherais pas. "

Et il supposait bien, c’était la seule chose que sa conscience lui ordonnait de faire mais elle restait figée là, sur place. Comme si Sylar serait capable de lui donner une réponse au final pour expliquer, un temps soit peu, son geste. Elle ne l’avait pas sauvé parce qu’il ne l’avait pas tuer, elle l’avait sauvé sans véritable raison et sur l’instant il lui semblait qu’aucune raison ne serait valable pour expliquer un tel choix. L’abandonnant dans la salle de bain, il s’en alla de son côté alors qu’elle restait là sur ce qui ressemblait de plus en plus à une scène de crime…

Son corps tout entier tremblait, revoyant sous ses yeux ses propres actes, levant ses mains à hauteur de son regard…Elle fixait le sang avait séché contre sa peau, c’est presque machinalement qu’elle se dirigea vers l’évier…Elle alluma l’eau, mis ses mains en dessous de celle-ci et frotta…Fixant le liquide rougeâtre s’en aller dans les égouts. Refermant l’eau après avoir retiré tout le sang qui souillait ses mains, elle se dirigea dans le salon, ses pas la menant vers le sofa qui ornait les lieux…Et s’y installa, incapable de suivre le fil de ses pensées…De se comprendre.
Elle attendait là, combien de temps ? Elle l’ignorait…Sylar était apparut devant elle, deux sodas à la main, elle ne l’avait même pas entendu quitter sa seconde salle d’eau.

" Merci d'être restée. "

Elle ne répondit pas, incapable de réagir véritablement après ce qu’elle venait de faire.

" Alors. Tu dois te demander pourquoi tu es encore là, probablement même pourquoi tu es venu. Bref, je vais couper court et aller droit au but ... Mhm ... Est-ce que tu ne t'es jamais arrêté, sur le fait que toi et moi on a beaucoup de choses en commun, Claire ? "

Son regard qui se perdait jusque là dans le vide, se posa alors sur Sylar…

" Je veux dire, regarde. Tu as été adoptée, j'ai été adopté. Ton corps accepte le fait que tu ne puisses pas mourir, le mien aussi. Nous sommes nés de parents qui ne voulaient pas de nous, et nous avons été élevés par des parents qui ne pouvaient pas nous comprendre. Ça fait beaucoup de similitudes, tu ne trouves pas ? "

Elle ne voulait pas en entendre plus mais il ne lui laissait pas le choix, continuant son flot de parole :

" Je sais que tu dois trouver ça insolite voir même invraisemblable mais ... et si tout ceci avait un sens ? Et si le fait que tu sois en quelque sorte ma victime préférée ne cachait pas une réalité plus ... complexe ? Je veux dire, les personnes à qui je prends leur pouvoir, je ne les laisse pas vivre, elles sont toutes mortes, à une ou deux exceptions près. Tu es exceptionnelle Claire. A mes yeux, tu dois vivre, et je ne me l'explique pas. "

Son visage se secouait lentement en des « non » muet, elle voulait qu’il se taise, elle ne voulait pas entendre la suite et elle s’apprêtait à se lever quand il enchaina encore :

" Et si ... secrètement ... j'avais envie que toi et moi on arrête tout ça. Si je te demandais d'oublier tout ce que je t'ai fait, aussi difficile que ça te semble, aussi longtemps que ça risque de te prendre. Je veux que tu me pardonnes. Je veux devenir l'homme le plus puissant qui existe, c'est un fait ... Mais j'aimerais t'avoir à mes côtés quand ce sera le cas. Je ... Je t'aime bien, Claire. "

Interrompant son geste de fuite, elle releva les yeux sur lui, le fixant, cherchant le moment où il éclaterait de rire et se moquerait une nouvelle d’elle, cherchant l’instant où il lui dire « mais t’es vraiment naïve ». Mais rien de tout ça ne se passa, bien au contraire, il semblait à l’adolescente que l’homme qu’elle avait devant elle n’avait absolument rien a voir avec l’homme qui l’avait traquer, dépouillé de ses pouvoirs, avait fait bien pire encore…Et alors qu’il en restait là sur son discours, que le silence reprenait temporairement ses droits, la vue de l’adolescente se brouillait dans un flot de larme qui lui montait aux yeux subitement. Elle baissa la tête :

" Je ne veux pas finir seul ... je veux vivre avec quelqu'un qui me ressemble ... et je suis presque convaincu que tu es cette personne. "

Les larmes glissèrent sur ses jours, entre colère et tristesse, elle n’arrivait plus à comprendre, à se comprendre…Relevant les yeux subitement sur Sylar, un sourire moqueur se dessinait sur ses lèvres…Dénotant complètement avec les pleures qui se glissaient sur ses joues.
Ce sourire moqueur n’était pas pour lui, mais pour elle.

« Je ne te ressemble pas ! Et je ne te ressemblerai jamais. Tu finiras seul parce que tu es un monstre, ni plus…Ni moins…Regarde toi…Tu aurais pu mourir aujourd’hui sans aucune gloire, comme un minable, un moins que rien, dans ta salle de bain, mourir sans que cela ne touche qui que se soit ! Ni tes parents biologique, ni tes parents adoptifs et encore moins les quelques personnes que t’aurait pu considéré comme ami… »

Elle inspira…Et continua…

« Alors que moi… »

Elle avait bien du mal à continuer…Alors qu’elle, elle n’avait guère besoin d’appeler au secours pour que tous rapplique et risque leur vie pour elle…C’était un fardeau lourd de conséquence aux yeux de la blonde, et c’était la raison pour laquelle il lui était impossible de l’admettre même s’il s’agissait de la vérité…

Mais malgré la colère, malgré les doutes, la haine, la tristesse, elle n’en restait pas moins extrêmement troublé par ce qu’il venait de lui dire. Le pourquoi semblait avoir une réponse aussi simpliste qu’aberrante « étaient-ils destinés a… ». Elle chassa vivement cette idée de son esprit, se levant brusquement.

« Tu n’aime et n’aimera personne d’autre que toi mais t’a la trouille…Tu crève de trouille parce qu’au final, tu auras beau avoir semé la terreur, personne ne te regrettera, bien au contraire…Ton nom n’inspirera jamais la grandeur ! Cette puissance qui te fais tant vibrer n’est que factice parce que tout le monde crachera sur ta tombe le moment venu…Ils veulent tous ta mort, moi, les autres, même ceux qui t’emploie en ce moment même ! Tu es seul et tu le resteras… »

Les pleures ne cessaient pas…Sa voix avait d’ailleurs pris du volume, criant ou hurlant presque dans ce salon…Déversant toute ces émotions en un flot de mot parfois incompréhensible.

« Et le plus drôle dans cette histoire, c’est que je viens de te destiné à vivre cette solitude encore un très long moment…Et plus le temps passera, plus ce que je viens de te dire te claquera au visage comme une vérité. »

Elle essuya violemment ses yeux d’un revers de la main, alors que sa voix raisonnait avec fureur dans cette chambre.

« Jamais plus je pourrai me regarder dans une glace… »

Avait-elle fini par conclure, reposant ses iris bleu dans ceux de Sylar…Une idée grotesque lui traversait l’esprit. Était-ce l’instinct ? La stupidité ? La culpabilité ? Claire n’avait aucune idée de ce qui l’avait poussé a faire une telle chose mais soudainement, elle lui avait sauté a la gorge…Ses mains enserrant la gorge de Sylar de toute ces forces. Le geste avait été si violent sur le moment qu’ils basculèrent tout deux sur le sol. Sur lui, elle serrait, continuant de pleurer, ne voyant même plus convenablement la scène devant elle…

Elle voulait juste le voir mourir…

« Je n’aurai jamais du te sauver… »

Les pourquoi se percutaient encore dans son esprit, annihilant le peu de raison qui pouvait rester encore au fond d’elle. Sombrait-elle dans la folie ? Peut être bien et qui pourrait lui en vouloir au final ?

« Je ne te ressemble pas ! Et je ne te ressemblerai jamais. Tu finiras seul parce que tu es un monstre, ni plus…Ni moins…Regarde toi…Tu aurais pu mourir aujourd’hui sans aucune gloire, comme un minable, un moins que rien, dans ta salle de bain, mourir sans que cela ne touche qui que se soit ! Ni tes parents biologique, ni tes parents adoptifs et encore moins les quelques personnes que t’aurait pu considéré comme ami… »

Sylar baissa le regard, confronté à ses propres démons intérieurs matérialisés dans les paroles de la cheerleader. Il était triste, il se sentait prêt à évoluer, prêt à donner de sa personne pour partager cette existence vouée à une quête de pouvoir sans fin avec quelqu'un qui le comprendrait, qui lui ressemblait. Mais non, Claire Bennet ne pouvait pas être cette personne. Elle le lui annonça directement, sans détour, sans tenter de le ménager. Qui ménagerait un tueur en série ?

« Tu n’aime et n’aimera personne d’autre que toi mais t’a la trouille…Tu crèves de trouille parce qu’au final, tu auras beau avoir semé la terreur, personne ne te regrettera, bien au contraire…Ton nom n’inspirera jamais la grandeur ! Cette puissance qui te fais tant vibrer n’est que factice parce que tout le monde crachera sur ta tombe le moment venu…Ils veulent tous ta mort, moi, les autres, même ceux qui t’emploie en ce moment même ! Tu es seul et tu le resteras… »

Plus son monologue avançait, plus le tueur prenait conscience qu'il avait été bête, qu'une fois de plus il avait fait l'erreur de croire qu'il pouvait changer. Pas forcément devenir quelqu'un de meilleur, juste ... être quelqu'un d'autre, pour une fois.
Qu'il était stupide ... Toujours et encore ... Des illusions.

« Et le plus drôle dans cette histoire, c’est que je viens de te destiner à vivre cette solitude encore un très long moment…Et plus le temps passera, plus ce que je viens de te dire te claquera au visage comme une vérité. »

Peu à peu, la tristesse laissa place à la colère. La vérité n'était jamais chose facile à entendre, alors de là à l'accepter.

« Jamais plus je pourrai me regarder dans une glace… »

Alors ils étaient deux. Sylar reconnaissait avoir fait une erreur, Claire n'était pas prête à lui pardonner. Il voulait qu'elle s'en aille, il ne lui ferait plus de mal. Mais malheureusement ce sentiment là n'était pas réciproque.

Il n'avait rien vu venir, elle s'était littéralement jetée sur lui. Il perdit l'équilibre et sentit tout le poids de la jeune femme l'écraser au sol. Sa respiration fut coupée et comme si cela ne suffisait pas, Claire l'étranglait de toute ses forces. Il ne pouvait pas respirer, il était paniqué, impossible de se défaire. Finalement, le visage presque bleu, il sombra dans l'inconscience. Piégé entre deux mondes : l'un où il était impossible de rester en vie, l'autre où il était impossible de mourir.

Il du attendre que Claire se calme et ôte ses mains pour que son visage retrouve instantanément sa couleur. Il prit une énorme bouffée d'air qui lui regonfla les poumons. Il finit par se relever, la respiration haletante. Il se souvenait de tout.

Le regard noir, il abaissa ses yeux vers la jeune femme, avant d'étirer un petit rictus sur son visage.

" De cheerleader à tueuse de sang froid. Je ne suis pas si mal, finalement. Malheureusement je ne peux pas mourir ... grâce à toi. Merci Claire, merci infiniment. "

Il leva sa main, l'ascension de Claire dans les airs accompagnant ce geste. Il l'envoya se cogner contre la porte de l'appartement, sans aucune retenu dans la violence du choc. Il s'approcha d'elle en appréciant de la voir souffrir, elle s'était même entaillée le front.

" J'te donne une chance de partir. A ta place, je la prendrais, parce que sinon je vais devoir me contredire et nous prouver à tous les deux que tu peux mourir. "

Il fléchit les jambes et passa un doigt sur le sang qui coulait du front de Claire. Elle s'était cognée la tête contre la monture en marbre de la porte, il n'y était pas aller de main morte. Il essuya son propre sang sur la joue de la jeune femme tandis que ses plaies se régénéraient.

Il se releva et alla s'asseoir dans son sofa. Il regarderait Claire passer la porte, si toutefois elle décidait de s'en aller maintenant.

" Ah oui, et si tu vois ce cher Peter, dis lui que Sylar lui transmet toutes ses amitiés, et que je ne tarderais pas à lui rendre une petite visite qui promet d'être ... décoiffante. "

Sylar étira son plus beau sourire sadique.