Tomorrow can wait (Pv. Roxy and Tania)

Invité

Hey hey Mama said the way you move,
Gonna make you sweat, gonna make you groove.

La technologie avait vraiment réussi à faciliter la vie de tous au fil des années, mais un groupe en particulier de la société qui s’en tirait surement encore plus grand gagnant, c’était les étudiants, encore plus précisément les étudiants universitaires. Kurt en était probablement la preuve vivante. Assis dans l’agora de la NYFA, il fixait l’écran de son ordinateur portable, ses yeux tâchant de lire rapidement des pages d’un document sur un énième réalisateur obscur des débuts du cinéma. À coté de son ordinateur reposait le kit par excellence du parfait petit étudiant qui avait passé la nuit à travailler : un grand café noir, quelques muffins aux chocolats secs comme le Sahara et pour parfaire le portrait, le portable du blondinet qui vibrait de temps à autre, venant perturber le labeur acharné du pauvre jeune homme. Si le jeune se tapait tant de rattrapage, c’était surtout à des fins préventives. Les étudiants en cinéma de l’Academy venaient de sortir d’une semaine intensive d’examen, et le temps était à la fête et à la détente. Kurt avait donc décidé d’organiser une petite soirée de décadence chez lui, rien de bien énorme, mais assez pour pouvoir décompresser un maximum avant de replonger dans la folie du sprint final avant la fin de semestre. Il avait invité une bonne partie de ceux avec qui il s’entendait bien dans ses cours, ainsi que quelques collèges de travail bien sympathiques, et un ou deux de ses amis proches, dont Tania Basco, qu’il avait croisé à quelques reprises depuis son arrivée à New York. La classe quoi, ça serait une petite soirée mémorable, et Kurt avait déjà acheté de bonne quantité de bière et quelques bouteilles d’alcool pour plaire à la galerie. Il n’était pas le genre à toujours faire la fête, mais lorsqu’il le faisait, c’était pour de vrai. Cependant, s’il voulait pouvoir espérer s’amuser ce soir, il devait avant toute chose finir son foutu projet d’histoire du cinéma. Il faisait ce qu’il pouvait, mais s’occuper de l’organisation de cette fiesta et écrire son texte en même temps relevait d’un puissant exploit de concentration et de focus.

Kurt leva la tête quelques secondes et contempla l’agora, question de se changer les idées pour mieux travailler par la suite. C’était un samedi, l’endroit était quasi-désert, si ce n’était que quelques âmes perdues qui, comme lui, tentaient de terminer un projet à la presse, ou encore certaines personnes qui n’était que de passage, venant chercher un document oublié ou un truc du genre. Justement, une jeune femme aux traits familiers passa non loin de là. Roxane McGrath. Comme lui, elle étudiait le sixième art avec une ferveur impressionnante. Il lui avait parlé à de nombreuses reprises et ça avait bien cliqué entre les deux, ils s’entendaient bien, mais ce n’était pas le genre de relation qui aspirait à plus qu’une forte amitié. De toute façon, Kurt était plus du genre à chercher la bonne plutôt que de batifoler sur toute les jeunes fleurs qui passaient prêt de lui. Un vrai romantique…

Le blondinet remarqua rapidement qu’il n’avait pas pu rejoindre Roxy pour l’informer de sa petite fête de ce soir. Il l’interpella avec hâte, se levant pour aller la rejoindre et ainsi ne pas passer pour un abruti bruyant devant les quelques désespérés présents.

« Hey! T’as l’air pressée, je te retiendrai pas trop longtemps! Écoutes, ce soir, je fais une petite party, rien de bien grand, juste assez pour décompresser après la série d’exams que l’on vient d’endurer. J’ai invité pas mal de gens de nos cours… T’es intéressée? J’avais pas ton numéro pour te prévenir en avance, désolé… »

La réponse de Roxane fut positive, et Kurt la salua avant de retourner à son travail. Il avait toujours trouvé son accent intéressant, bien différent de celui des autres Canadiens qu’il avait pu rencontrer. Les heures s’écoulèrent, et Kurt réussi par finalement compléter son projet, un essaie de plusieurs milliers de mots sur lequel il avait sué sang et eau. Le tout fut rapidement envoyé à son professeur, puis il ne s’éternisa pas une seconde dans l’établissement scolaire, ayant d’autres chats à fouetter chez lui pour préparer le tout.

***

La soirée allait bon train. Il était seulement 22h et déjà une douzaine de personnes s’étaient présentées, et l’appartement de Kurt était capable d’en accueillir le double (même si ça n’allait probablement pas plaire aux voisins…). Le spacieux milieu de vie du jeune homme étant sensé pouvoir loger quatre personnes, on pouvait y compter quatre chambres et deux salles de bains, ainsi qu’un impressionnant salon ainsi qu’une cuisine/salle à manger qui n’avait rien à envier à celles des maisons ou condominiums. Le tout était gracieuseté du paternel du blondinet, prêt à presque tout pour que Kurt retourne aux études. Présentement, le salon avait été transformé en dancefloor par un groupe de jeunes qui se laissaient aller sur le rythme de la musique. La salle à manger ressemblait à un casino, avec de nombreuses parties de poker en cours, le tout dans la joie et la bonne humeur. Des filles se pomponnaient dans les salles de bain, tandis que des petits groupes c’étaient amassés dans les chambres pour discuter dans une ambiance plus tranquille, ou certains pour se laisser aller à de plus bas instincts… Ça ne dérangeait pas trop Kurt, tant que sa chambre, et particulièrement son lit, n’était pas utilisé pour de telles bassesses, et que ça se fasse un minimum dans le respect de la place. Il ne souhaiterait pas avoir à frotter des traces incrustés dans la moquette…

Kurt décapsula une bouteille de bière et en bu une grande gorgée. Le jeune homme avait vraiment la classe, vêtu d’une chemise grise, il portait une cravate blanche légèrement défaite, pour ajouté une touche de décontracté à son style. Il était heureux, une bonne humeur légèrement éthylique, mais tout de même sincère. Il aimait se genre de soirée, qui allait bon train et qui se déroulait sans trop d’anicroche. Patricia, une de ses amies d’origine Irlandaise qui travaillait avec lui vint le voir.

« Y’a deux filles à la porte, j’les ai laissé entré mais j’t’en glisse quand même un mot. »

En effet, dans l’entrée ce tenaient Roxanne et Tania, qui avait dut arriver en même temps par le plus grand des hasards. Tout sourire, Kurt alla les accueillir et prendre leurs manteaux.

« Bonsoir les filles, ça va? Bon, rapidement, Tania, je te présente Roxane, une fille avec qui j’étudie, et Roxanne, voici Tania, une de mes amies de la Californie. Ça remonte déjà a un bon bout de temps, dis donc! Bref, si vous voulez quelque chose à boire, il y a de la bière dans le frigo, du rhum sur le comptoir et de la vodka dans le congélateur. Prenez les verres en plastique, s’il vous plait, c’est pas écologique mais ô combien plus pratique pour moi demain matin. Si jamais vous voulez coucher ici, t’a pas de problème, j’ai de la place pour vous. Je reviens dans pas long, je vais aller mettre vos manteaux sur le lit…»

Kurt se dirigea rapidement vers la chambre pour y déposer les manteaux sur une pile déjà impressionnante. Il était content de voir les deux demoiselles arriver, la soirée s’annonçait des plus intéressantes!

*Allez, réveille-toi... Réveille-toi...*

Il y a des jours où se réveiller semble impossible, où l'on est conscient d'être réveillé tout en étant incapable d'ouvrir les yeux, comme si l'on dormait. Ces moments où l'on est impuissant contre le sommeil, que, peut importe les efforts qu'on y met, l'on est faible, sont particulièrement difficiles. Roxane était justement dans l'un de ses moments. Son réveil avait sonné, elle en était parfaitement consciente, mais ses paupières refusaient de bouger. Elle luttait pour un petit mouvement si insignifiant mais très important. Elle devait se réveiller. Elle devait se lever et entreprendre la journée. Si son réveil était mis si tôt, c'est qu'elle avait un rendez-vous avec son professeur d'histoire du cinéma pour le travail en cours. Elle avait plusieurs question à lui poser. Elle adorait ses cours de cinéma même si la plus part était très difficile. Contrairement à son école secondaire, maintenant, elle était soucieuse de ses notes et faisait tout pour qu'elles soient plus que satisfaisante, dont passer des nuits à la bibliothèque, faire de grandes recherches ou, comme dans ce cas-ci, aller voir ses professeurs en dehors de cours pour leur poser des questions. Mais pour cela, elle devait se lever. De peine et de misère, ses paupières s'ouvrirent, dix minutes plus tard. Sans attendre, elle se précipita dans sa salle de bain pour sa douche et son rituel quotidien du maquillage. Près d'une demi heure plus tard, elle en ressortit, parfaitement pomponnée à son avantage. Elle avait enfilé une tenue simpliste car rien de vraiment important ne s'annonçait dans la journée, du moins, elle le croyait. Lorsque neuf heure arriva, Roxane attrapa son manteau et sortie de son petit appartement. Elle descendit les trois étages qui la séparait du sol et se retrouva dehors. Elle marcha jusqu'à trouver l'entrer d'une station de métro. Par chance, là où elle devait se rendre, les métros fonctionnaient toujours. Le métro de New York n'était pas très différent de celui de Montréal, heureusement. Près de trente minutes de métro plus tard, la jeune Québécoise se retrouva à l'air libre. Elle ne s'attarda cependant pas. Elle allait être en retard et elle doutait que son professeur soit vraiment patient. Elle augmenta donc le pas. Un peu de marche rapide ne pouvait pas faire de mal.

À cette vitesse, Roxane ne mit pas de temps à arrivé à l'agora. Comme il n'y avait pas de cours, la place était presque déserte, ce pourquoi elle ne s'attarda pas à regarder qui y était. Elle passa devant un blondinet qu'elle aurait du reconnaître mais elle ne l'avait pas vu. Son ami, lui, l'avait vu. Il vint vers elle et l'aborda, ce qui, évidemment, la fit sursauter. Nerveuse, la petite Québécoise. Bref, cette dernière écouta son ami. Un party le soir-même? Roxane aima bien l'idée d'une fête pour décompresser et, juste à voir comment elle avait sursauté quelques minutes plus tôt, cela devrait lui faire beaucoup de bien. Il était vrai que la période d'examen rendait beaucoup de gens nerveux et avait de quoi rendre dingue. La jeune Québécoise hocha la tête positivement, avec un petit sourire.

- Une fête? Bien sûr que je viendrai! C'est une super idée. Ça va faire du bien à tout le monde. J'imagine que c'est chez toi? D'accord, j'y serai avec plaisir! Tu me feras penser de te donner mon numéro de téléphone! Maintenant, je suis désolée, mais je suis en retard. J'ai un rendez-vous avec notre professeur donc je ne devrais pas tarder. Alors à ce soir!

Kurt la salua donc et retourna à ce que Roxane jugeait être un travail de dernière minute. Celle-ci reprit donc son chemin en marche rapide. Il lui fallut près de dix minutes supplémentaires avant de se retrouver dans le bureau du professeur.

[…]

La nuit faisait son apparition lentement, donnant une couleur saphir étincelant au ciel d'un côté et une couleur ambre de l'autre. Toute la journée durant, Roxane avait pensé à cette fête. Après son rendez-vous avec le professeur, elle était retourné à l'agora pour discuter avec Kurt mais le jeune homme n'y était plus. Déçue, elle s'était diriger vers un café, non loin de là. Près de trois heures durant, aidé de cappuccinos à la vanille, elle s'attaqua à la suite de son travail puisqu'elle avait les réponses à ses questions. Elle mit du temps à terminer son analyse. Lorsqu'elle l'avait terminé, satisfaite, elle rentra chez elle. Elle se fit à manger puis elle pu enfin commencer à se préparer pour le party. Le résultat fut un maquillage très appliqué qui lui allait très bien et des cheveux quelque peu ondulés. Elle avait décidé de porter un jean bleu ainsi qu'une camisole blanche recouverte d'un T-shirt sans manche, communément appeler un T-shirt tube. Voilà, elle était prête.

Roxane marchait dans le rue, un peu inquiète. Même après plusieurs mois à New York, elle ne s'était pas habituée à marcher seule dans les rues de cette si grande ville la nuit. Elle savait bien que, si elle se faisait attaquer, elle n'aurait qu'à sortir ses ailes mais cela lui faisait tout de même peur. Cependant, même si elle était un peu inquiète, la jeune Québécoise n'avait pas la tête à cela. Elle pensait à la fête et surtout, à se retrouver dans la rue. Elle était déjà aller une fois chez Kurt, pour un travail, mais elle se cherchait. Était-ce cette maison-ci ou celle là-bas? Sans doute le saura-t-elle lorsqu'elle y arrivera. Roxane était assez excitée à l'idée d'aller à cette fête. Même si ce n'était pas un énorment party, il s'agissait de la première fête à laquelle elle allait à New York. Il y avait de quoi être heureuse! Si la fête n'avait pas été organiser par Kurt, sans doute elle n'y serait pas aller. Mais dans ce cas-ci, c'était la fête de son amis et des gens du programme de cinéma allait être là. Roxane était donc contente, et plus particulièrement à ce moment-là car elle trouva le lieu de la fête. Elle arriva près de la porte au même moment qu'une jeune femme. Elle ne pu s'empêcher de l'observer du coin de l'oeil car la jolie blonde avait attiré son attention.

- Salut!

Ce simple mot se perdit dans le son d'un poing frappant à la porte. Roxane abaissa le regard jusqu'à ce que ne s'ouvre la porte. Une jeune femme vint leur ouvrir. Elle les regarda quelques instants, hésitante, mais les fit rentrer. Ce simple petit moment d'observation avait réussi à mettre la jeune Québécoise mal à l'aise mais, dès à l'intérieur, avec l'ambiance, cela se dissipa. Quelques secondes à peine se passa avant que Kurt ne vienne les accueillir. Avec un sourire, Roxane le salua. Pendant les présentations, son regard s'attarda sur celle qui, venait-elle de l'apprendre, portait le prénom de Tania. C'était clair, elle était son genre mais ce n'était pas une raison pour la fixer ainsi. La jeune Québécoise détourna le regard. Elle regarda Kurt alors qu'il expliquait tout ce qui prouvait son hospitalité, ce qui était très apprécié, et le remercia pour son manteau. Lorsque ce dernier disparu avec les manteaux, Roxane se tourna vers la jolie blonde.

- Tania, c'est ça? Enchantée de faire ta connaissance! Tu es californienne, si j'ai bien entendue? C'est comment la Californie?

Au moment même où elle avait prononcer ces mots, Roxane se rendit compte qu'elle n'avait même jamais poser cette question à Kurt, qui venait pourtant de là lui aussi. Étrange, ça l'intéressait pourtant. La jeune Québécoise posa une main sur sa taille, laissant l'autre dans le vide, son pied tapant le sol au rythme de la musique. Ce n'est que quelques secondes plus tard, qu'elle réalisa qu'il aurait été mieux de proposer aller chercher à boire avant de commencer une discussion. Eh merde...

- Un croque-monsieur pour madame, et une dame blanche pour vous monsieur. Bon appétit !

La serveuse déposa les mets en question avant de se retirer poliment, affichant un sourire relevant plus de la politesse et de l'habitude que de la véritable bienveillance. Le café-restaurant était relativement calme à cette heure de la journée où les gens rentraient du boulot, ne passant que pour commander un café à emporter ou un en-cas à grignotter dans les embouteillages. Tania s'installa donc derrière le comptoir, tapotant le comptoir de ses ongles vernis de rouge.

- C'est bon, je te libère Tania ! Ta journée est terminée.

La jeune femme tourna la tête vers son patron, bouche bée et les yeux légèrement écarquillés. Avait-elle bien entendu ?

- Hein ? Mais mon service finit dans trente minutes, monsieur !

Le boss se mit à rire avec bonhommie et vint lui tapoter le dos. Perry Perr était un brave homme, toujours prêt à rendre service et d'une générosité aussi abondante que sa pense bien garnie. Le petit gars bedonnant avait tout du patron idéal à l'écoute de ses subordonnées et leur insufflant une motivation sans égal. Tania avait de la chance d'avoir trouvé ce boulot dans une époque aussi brouillée de son existence. Son job était en quelque sorte devenu son petit rayon de soleil. Les clients étaient souvent agréables, probablement conquis par l'accueil chaleureux de l'établissement et son design particulièrement cosy. Perr la rassura de sa voix enrouée.

- Ca fait une bonne vingtaine de minutes que tu n'arrêtes pas de regarder ta montre. Ne m'en dis pas plus ! Un rendez-vous ou une soirée en vue, n'est-ce pas ?

Il la poussa gentiment vers le vestiaire.

- Ne t'en fais pas, je ferai la fermeture. De toute façon, la clientèle n'est pas nombreuse et tu as bossé dur toute la semaine. Si ça peut te rassurer, je ne le prendrai pas en compte sur ton salaire ! Allez, file !

Flattée par les compliments de son supérieur, la blondinette le gratifia de son plus lumineux sourire.

- Merci, monsieur !

Sans perdre une seconde, elle se dirigea vers le vestiaire et y rangea son tablier, son bloc-notes et son crayon avant de retirer l'élastique qui retenait ses cheveux en une queue de cheval. Elle prit ensuite son sac et sortit du restaurant après avoir salué son patron.

Une fois à l'air libre, elle se dirigea vers sa modeste petite voiture achetée d'occasion avec son maigre salaire de serveuse. La journée touchait peu à peu à sa fin, et tous les travailleurs rentraient chez eux, prêts à profiter d'un week-end qui s'annonçait ensoleillé. Malgré les heures de pointe, le vendredi était le jour où régnait le plus la bonne humeur à New York. Normalement, Tania travaillait le samedi, mais Perr avait décidé de prendre une semaine de vacances avec sa femme. Le restaurant était donc fermé et les employées y gagnaient un congé imposé. Miss Basco était peut-être la seule serveuse du Sunset Café à ne pas se réjouir de ces quelques jours de repos. Elle allait à nouveau se retrouver seule face à elle-même, ses peurs et ses angoisses. Mais tout cela était à mettre de côté pour la soirée. En effet, un peu plus tôt dans la semaine, elle avait croisé Kurt Fisher, un garçon charmant et ami d'enfance avec qui elle avait passé ses années d'école à Pasadena. Il était venu à New York pour ses études, et il arrivait régulièrement à Tania de le rencontrer par hasard dans la rue. Il devait loger non loin du restaurant. Lors de leur dernière rencontre, il l'avait invitée à une soirée qu'il organiserait chez lui ce même vendredi, d'où la nervosité incessante de la demoiselle.
Ayant abandonné ses études une fois son diplôme du secondaire obtenu, elle ne côtoyait plus du tout cet univers festif qu'était le milieu estudiantin. Son parcours était fort différent que la plupart des jeunes de son âge, puisqu'elle était entrée en institut psychiâtrique pendant quelques années, avant de s'immerger immédiatement dans le monde du travail.

Une fois au volant de sa voiture, elle mit le contact, abaissa sa fenêtre et mit le volume de la musique bien fort. Elle aimait le bruit, le son puissant des enceintes faisant vibrer le véhicule. Cela l'empêchait de se retrouver confrontée au silence, à ses pensées et à d'hypothétique manifestation étranges de son don. Elle n'aimait guère le calme depuis ces voix impossibles à faire taire. L'air qui entrait dans la voiture faisait virevolter la chevelure blonde de Tania, qui n'était pas gênée le moins du monde par les mèches vu qu'elle avait enfilé ses lunettes de soleil.

Une fois chez elle, il était temps de s'adonner aux longs et pénibles préparatifs auxquels toute jeune femme un tant soit peu soignée est confrontée avant une soirée. Après une bonne douche relaxante, elle se coiffa et se maquilla avec application. Elle avait enfilé un petit top turquoise mettant ses formes en valeur, ainsi qu'un blue jeans slim. Cela lui faisait une drôle d'impression de revivre ces instants d'excitation où attirer les regards était une priorité, où elle ne connaissait quasiment personne et serait jugée par la première impression qu'elle allait donner. Une fois prête, elle sortit et repris le volant, en direction de la maison dont Kurt lui avait donné l'adresse sur un bout de papier.

Elle n'eut aucune peine à trouver la demeure, déjà illuminée et peuplée d'individu plus ou moins pris dans l'étourdissante étreinte de l'alcool. La musique était entraînante sans pour autant être assourdissante. Juste assez pour mettre l'ambiance, mais pas trop pour pouvoir discuter avec les autres invités. Lorsqu'elle sortit de sa voiture, elle fut accueillie par les sifflements d'un groupe de garçons style fils à papa, tous munis de leur gobelet en plastique.

- Salut beauté ! Tu dois être une pote à Kurty, on ne t'a jamais vue à l'univ.

Jouant le jeu et les narguant de son sourire provocateur, elle leur répondit avec un certain amusement.

- C'est peut-être parce que vous n'avez pas assez bien regardé.

Elle ponctua sa phrase d'un clin d'oeil et se dirigea vers la porte d'entrée. Visiblement, elle n'avait rien perdu de sa répartie indispensable à toute bimbo qui se respecte. Mais malgré tout, elle se sentait assez mal à l'aise dans cet univers qui n'était pas le sien, parmi tous ces étudiants qui ne connaissaient encore rien du monde professionnel et de la vie active, et qui surtout n'avaient pas connu le tiers des épreuves traversées par Tania. Il n'était pas facile de s'intégrer dans un milieu où elle ne connaissait rien ni personne, où la mentalité était très différente de celle de ses collègues de travail, même si de temps en temps le Sunset Café accueillait l'une ou l'autre étudiante désireuse de financer elle-même ses études.
La blonde arriva devant la porte d'entrée en même temps qu'une autre jeune femme, petite aux cheveux ondulés et qui posa sur elle un regard soutenu. Elle la salua tout en frappant à la porte, et Tania lui répondit de manière similaire, se voulant la plus sympathique possible.

- Salut !

Une fille vint leur ouvrir, les regardant avec des yeux de merlan frit comme si elle n'avait jamais vu d'invités se présenter à une soirée. Ta' se racla la gorge et lui lança un sourire hésitant.

- On vient pour la fête de Kurt... C'est bien ici, non ?

Un peu out, la miss leur répondit d'une voix nonchalante et avec un accent assez particulier.

- Ouais ouais... Entrez, j'vais appeler Kurty.

Un peu mal à l'aise, les deux jeunes femmes pénétrèrent dans la demeure et attendirent l'arrivée de leur ami commun. Celui-ci finit par débarquer dans le hall et les accueillit avec toute la courtoisie dont il pouvait faire preuve. Après les avoir saluées, il les présenta l'une à l'autre. L'étudiante aux cheveux ondulés s'appelait Roxane, prénom qui lui allait à ravir. Lorsque Tania posa ses yeux sur elle, la brune détourna le regard. Elle était tout de même assez étrange, ou alors la serveuse avait passé trop de temps sans fréquenter d'étudiants. Mais en tout cas, c'était déjà rassurant de ne pas arriver seule, perdue au milieu d'une multitude de groupes d'amis qui se connaissaient depuis belle lurette et riaient de bon coeur entre eux. Après les avoir informé de la localisation des diverses boissons alcoolisée disponibles (comment s'hydrataient ceux qui ne buvaient pas d'alcool ? Il ne semblait pas avoir envisagé cette possibilité), Kurt prit leurs manteaux. Tania lui confia donc sa veste en cuir et resta seule avec Roxane. Cette dernière prit la parole en premier.

- Tania, c'est ça? Enchantée de faire ta connaissance!

- Ravie de te connaître, moi aussi, Roxane !

- Tu es californienne, si j'ai bien entendue? C'est comment la Californie?

Après un petit rire nerveux, elle se reprit. Pour elle, la Californie, c'était son passé, semblant déjà si lointain et vague. C'était aussi le lieu de naissance de ses premiers troubles, ses angoisses, ses nuits blanche, sa première déception amoureuse. Il s'agissait du lieu où sa petite vie paisible s'était muée en un véritable cauchemar. Mais comment pourrait-elle dire cela à une illustre inconnue ? Afin de donner une bonne image d'elle-même, elle répondit de manière assez distraite.

- C'est heu... beau, ensoleillé, et les gens sont sympa. Il y a beaucoup de parcs, de coins verts et de grandes villas avec des piscines. Rien de comparable avec New York, quoi !

Tentée par les propos de Kurt, elle se dirigea vers le comtoir du salon et invita Roxane à la suivre. Elle se faufila entre les étudiants et repéra une bouteille de rhum à côté d'une pile de gobelets en plastique.

- J'adore le rhum ! Je te sers un verre ?

Tout en débouchant la bouteille et en versant le liquide au parfum prononcé, elle reprit la conversation.

- Et toi, d'où tu viens ? Tu as un accent très particulier, je suppose que tu n'es pas de New york...

Invité

And we don't care about the young folks
Talkin' 'bout the young style
And we don't care about the old folks
Talkin' 'bout the old style too
And we don't care about their own faults
Talkin' 'bout our own style
All we care 'bout is talking
Talking only me and you

Le sang Californien qui coulait dans les veines de Kurt transparaissait vraisemblablement dans son aisance à évoluer dans les fêtes en tout genre. Il semblait né pour vivre dans les partys, sans jamais être au mauvais endroit au mauvais moment. Tout était simplement parfait, sans problème ni exagération. Pourtant, le blondinet n’était pas le plus grand fêtard. Ce genre de petite soirée était rarissime pour lui, même que certains de ses camarades d’études furent étonnés de l’entendre proposer une telle idée. Peu importe, l’important maintenant, c’est que le tout était en place et que ça allait bon train. Après tout, la quête ultime de plaisir en guide plusieurs, et on pouvait clairement le voir ce soir là.

Kurt portait les manteaux de ses deux amis sur son avant-bras droit, passant de coté entre les fêtards qui peuplaient le mince passage menant à la chambre du fond. Il se retourna vers les le seul occupant de la pièce, un jeune homme nommé Terry qui étudiait avec lui. Il était assis au bureau de travail du blondinet, là où il faisait ses devoirs et autres projets à partir de son ordinateur portable, lorsqu’il n’était pas à la NYFA ou à la bibliothèque municipale. Cependant, Terry ne semblait pas là pour travailler, bien au contraire. Sur le coin du bureau reposait un petit sac transparent emplis d’une poudre blanchâtre. Le son d’une lamelle de métal que l’on cognait à répétition sur le bois du bureau de Kurt ne laissa aucun doute sur l’activité à laquelle allait s’adonner le jeune drogué. Soupirant, le Californien tapa sur l’épaule de Terry.

« Non mais tu penses que tu fous quoi là? »

« Oh aller, c’est juste de la coke, c’est rien de grave. »

« …Ouai bien sûr. Tu lâches ça. Maintenant. »

« Mais tu t’prends pour qui? »

Kurt pris une profonde inspiration. La drogue l’horripilait, littéralement. Il ne pouvait comprend l’idée que des gens souhaitaient s’autodétruire à long terme pour profiter de quelques heures d’amusement. Et encore là, amusement, c’était vite dit. Paranoïa et perte de contrôle son rarement synonyme de plaisir, du moins, dans le commun des mortels, les esclaves à cols blancs. Il ne fut que plus irrité encore lorsqu’il entendu Terry sniffer goulument sa précieuse cocaïne. Hors de lui, Kurt poussa la patte de la chaise vers l’avant tout en tirant le dossier vers lui, de façon à renverser le cocaïnomane vers l’arrière, dos au sol. La porte était à peine entre-ouverte et le son de la chute avait été couvert par le brouhaha de la musique et des éclats de conversation, personne n’avait été témoin de la scène. Avant que Terry n’ai eu le temps de se relever, le Californien le saisi par le collet et le plaqua violement contre le plancher.

« File d’ici, connard. J’veux pas avoir de problème si la police débarque à cause de toi et ta putain de cochonnerie. C’est clair? »

« Non mais sérieu… »

« C’EST CLAIR? »

Terry ne répondit jamais. Sans demander son reste, il prit son manteau et sa drogue avant de quitter la place. Kurt était surpris par la violence de sa réaction, lui qui était pourtant si passible dans sa vie quotidienne. Il faut dire, le comportement de Terry avait été en conflit direct avec les valeurs du jeune homme. Lui qui faisait pourtant preuve d’une très grande ouverture d’esprit habituellement, il pouvait se montrer très rigide face à ce qu’il jugeait d’inacceptable, ce qui faisait de lui quelqu’un de très désagréable pour les débats, même s’il n’embarquait que très rarement dans ce genre d’argumentation.

Kurt croisa son reflet dans le miroir, puis réalisa que son regard brillait de la même lueur rosâtre que lorsqu’il utilisait ses capacités. Instinctivement, il leva les mains pour ne pas toucher accidentellement à un objet et créer une déflagration qui jetterait certainement un froid incroyable sur la soirée. Généralement, on ne souhaite pas avoir à appeler la morgue en fin de party… Lentement, il reprit son sang froid. Le fait que son pouvoir s’active de lui-même lorsqu’il était en colère était plus que dangereux, et le blondinet n’en était que trop conscient pour être vraiment à l’aise en publique. Son caractère pouvait le transformer soudainement en créateur de bombe artisanale, sauf que là, chaque objet qui passait à sa portée devenait potentiellement mortel. Une bien étrange malédiction…

Terry chassé de ses esprits, Kurt sortie de sa chambre, sa bière à la main. L’ambiance chaleureuse de l’évènement lui remit progressivement un sourire au visage alors qu’il discutait brièvement avec quelques uns de ses amis. Du coin de l’œil, il remarqua que Roxane et Tania semblait bien s’entendre. Assez intéressant, pour deux personnes qui, à la base, ne se connaissaient aucunement. Sans malice ni mauvaise intention, il se dirigea vers le couple en pleine conversation.

« Alors, on fait connaissance? J’suis heureux de voir que vous vous amusez, c’est le principal! »

Il prit une grande gorgée de sa bière, un peu pour continuer de se calmer les nerfs après le petit incident qu’il avait vécu un peu plus tôt. L’alcool s’infiltrait dans son sang, et il aimait ça.

« Tania, dis moi, qu’est-ce qui t’apporte à New York? C’est certainement pas pour le super climat. Moi, perso, la pluie je pourrais grandement m’en passer. »

Dans son esprit légèrement en état d’ébriété, il n’avait pas pris en compte qu’il venait peut-être de stopper une conversation, ni le fait qu’il s’agissait d’une question à tendances indiscrètes. C’était une des raisons pour lesquels Kurt n’aimait pas boire habituellement, la perte des inhibitions et bonnes manières le faisait paraitre pour un véritable idiot, un connard qui mériterait juste une bonne baffe. Il faut dire, le tout était une question de modération…

[Ouai bof, pas mon meilleur post, mais je sens que Kurt commence à devenir un peu inutile. Après tout, je ne suis que la flammèche qui sert à débuter votre brasier Donc quand vous allez vous éclipser, je crois que je vais vous laisser poster pour quelques tours. À vous de voir! ^^]

Dès que Roxane était entrée dans la maison de Kurt, elle y avait perçu une bonne ambiance, ce qui la surpris un peu. Cette fête était la première à laquelle elle participait aux États-Unis et elle en voyait déjà la différence. Roxane n'était pas vraiment du genre fêtarde. Elle n'avait pas assisté à une tonne de fête comme son ami Simon mais elle avait participé à quelques fêtes, la plus part du temps étant des anniversaires. Des fêtes simplement pour s'amuser, elle y avait été à seulement un petit nombre, assez petit pour le compter sur les doigts des mains. Lorsqu'elle y allait, c'était, en général, car elle était invité par une fille qui lui plaisait et cela se terminait souvent au lit, chose dont elle n'était pas nécessairement fière. Cette fois-ci, elle voulait que ce soit différent et cela allait l'être. Simplement en entrant dans la maison, elle le savait. Du moins, elle l'espérait. L'ambiance, qui était bonne si tôt dans la soirée, la déstabilisa quelques secondes en entrant mais elle s'y adapta rapidement. Au Québec, du moins aux fêtes dont elle avait assisté, l'ambiance devenait bonne plus tard dans la soirée, un fois l'inventaire d'alcool largement descendu.

Mais ici, ce n'était pas pareil et Roxane aimait cela. La musique n'était pas forte à en déchirer les tympans et les gens n'avaient pas besoin de crier à en perdre la voix pour parler. C'était agréable. Tout comme la compagnie qu'elle avait en ce moment. En plus d'offrir une vue ravissante, Tania était sympathique. Du moins, elle le semblait. Roxane écouta la réponse à sa question avec un petit sourire. Elle n'eut pas besoin de plus que ces trois phrases pour comprendre que la Californie n'était pas le meilleur souvenir de la jeune blonde. La jeune Québécoise ne comptait pas s'attarder sur le sujet dans ce cas. Lorsque Tania décida de s'éloigner de la porte, Roxane se demanda si elle devait la suivre ou pas. Par chance, elle reçu un signe de la jolie blonde, l'invitant à la suivre. Avec son fidèle petit sourire, elle traversa le chemin que Tania avait fait juste devant elle, parmi les étudiants. Il y avait tout de même beaucoup de personne à cette fête! Pas assez pour que tout deviennent chaotique mais tout de même. Roxane ne se sentait pas particulièrement bien dans la foule. Elle avait toujours peur que quelqu'un ne touche son dos par accident et se rende compte que quelque chose cloche avec elle. Elle avait surtout peur que cette personne le cris haut et fort. Dans une fête, elle essayait toujours de trouver les coins les moins peuplés de la maison mais, cette fois, elle se fiait à Tania.

Celle-ci la conduisit vers les divers breuvages alcoolisés. Elle se rendit à un comptoir. Rhum, donc? La jeune Québécoise s'approcha de la jolie blonde et regarda la bouteille. Eh oui, du rhum. Son sourire s'agrandit lors qu'on lui proposa un verre. Évidemment, elle accepta. Une fête sans même une goutte d'alcool n'était pas vraiment une fête! Roxane regarda les mains de Tania verser le liquide plutôt fort lorsque cette dernière lui posa une question. La jeune Québécoise fut un peu surprise de la question et, pourtant, elle n'aurait pas du l'être. Son accent, aux États-Unis, était très facilement remarquable et tous lui posaient, évidemment, la question. Une fois le liquide bien logé dans son verre, Roxane le prit après s'être bien assuré qu'il était pour elle.

- Merci! En effet, je ne suis pas de New York. Je ne suis même pas américaine! Je viens du Canada... Du Québec, pour être plus précise. Il y a peu de temps que je suis ici. Je n'ai pas encore eu le temps de prendre l'accent de la ville... Ça devrait venir!

Avec un sourire amusée, la jeune McGrath voulu trinquer à la fête, simplement pour rire. Une fois cela fait, elle trempa ses lèvres dans son verre de rhum. La première gorgée était toujours la meilleure, celle où l'on sentait la chaleur du liquide alcoolisé descendre dans sa gorge pour se loger dans l'estomac. Quelques secondes après, elle remarqua Kurt qui était réapparu. Elle le salua, à nouveau, en soulevant son verre. Faire connaissance? Cela ne faisait pas très longtemps qu'elles discutaient mais oui, elles faisaient connaissance lentement.

- Après tout, une fête, c'est fait pour ça, non?

Roxane lança un petit clin d'oeil à Kurt et Tania, simplement d'humeur joyeuse. Elle ne regrettait pas, du moins pour l'instant, d'être venue. La question que posa Kurt à Tania l'intéressa grandement. Elle aimait bien savoir ce qui poussait les gens à déménager si loin. Dans son cas, c'était les études mais il y avait tellement d'autre raison. Elle trempa à nouveau ses lèvres dans le liquide clair que contenait son verre, tout en attendant la réponse de la jolie blonde. Pourquoi avait-elle traverser un pays en entier pour venir ici? Roxane s'en amusa. Kurt avait décidément plus d'une bière dans le corps et la soirée était jeune. La fin de la soirée risquait d'être spéciale pour le jeune homme. Jamais la jeune Québécoise ne l'avait vu éméché et encore moins saoul. Cela sera sans doute très intéressant plus tard. Étant assez taquine de nature, Roxane aimait beaucoup charrier, taquiner.

De toute évidence, la petite brune qui se tenait face à Tania n'était que depuis récemment dans le coin. Il y avait quelque chose de rassurant dans le fait de ne pas être la seule petite nouvelle ne connaissant personne. Tout de suite, cela eut pour effet de détendre la blonde, bien aidée par le rhum qui se frayait un chemin dans son gosier, y déposant une douce chaleur comme nulle autre boisson n'en a le don. L'alcool adoucit les moeurs, certes, et il n'y avait parfois pas de mal à en abuser un peu pour réellement s'amuser et faire plus amples connaissances. Elles avaient trinqué, avec une complicité naissante qui n'était pas sans déplaire à Tania. Cette dernière fut soudainement bousculée par un jeune homme qui filait vers la sortie, une expression affolée sur le visage, comme s'il fuyait quelque chose de terrifiant. La blonde grogna à son encontre.

- Hey, fais gaffe, pauvre con ! J'ai failli renverser mon verre à cause de toi !

Un peu surprise elle-même par ce langage familier et peut-être un peu trop direct, elle rougit en reportant son regard vers Roxane.

- Désolée, c'est sorti tout seul ! Je pense que le rhum fait son effet avec plus de rapidité que je ne l'aurais imaginé.

Toujours plus curieuse, elle s'apprêtait à questionner la Québecoise sur les raisons de sa venue à New York, même si elle se doutait que c'était pour ses études. Mais elle fut interrompue dans son élan par Kurt, qui refit enfin son apparition, le sourire au lèvre et une bière à la main.
Ponctuant son arrivée d'un petit commentaire, il ne manqua pas d'amuser la Californienne qui lui envoya une petite boutade amicale. Un peu forte la boutade, Tania avait du mal à mesurer sa force lorsqu'elle buvait.

- Te voilà enfin, Kurty ! Encore parti draguer des petites nanas que l'alcool a rendues vulnérables, grand lover ? Ta fête est super, en tout cas. Roxane et moi discutions un peu, entre filles.

Elle adressa un clin d'oeil amical à Roxy. Le jeune homme engloutit d'une seule traite la majeure partie de son gobelet avant de demander à Tania ce qui l'amenait à la Grosse Pomme. Lasse de se répéter, mais à la fois amusée par l'état un peu trouble de son ami, la blonde se contenta de le charier avec espièglerie.

- Voyons Kurty, tu sais bien que ce sont tes beaux yeux qui m'ont amenée dans le coin. J'avais tellement envie te revoir, je n'ai pas cessé de penser à toi !

N'arrivant pas à jouer le jeu plus longtemps, elle éclata de rire en lui ébouriffant les cheveux.

- T'es vraiment un abruti Kurty, mais je t'aime bien tu sais !

Alors que le trio s'amusait de plus en plus et que l'atmosphère devenait vraiment détendue, une voix familière résonna derrière le petit groupe. De la foule d'étudiants présente dans les lieux, émergea le petit groupe des fils à papa. Celui qui semblait être leur leader et qui s'était déjà adressé à Tania à son arrivée, s'approcha d'elle avec un sourire de pub pour dentifrice.

- Tiens, beauté, te revoilà ! Tu es avec tes amis, je vois ?

Il leva son verre en direction de Kurt, lui adressant ce même sourire aussi blanc qu'artificiel.

- Très réussie ta fiesta, Kurt ! Y a tout ce qu'il faut pour s'éclater ici, boissons, bonne musiques, jolies filles,...

Sur cette dernière remarque, il s'approcha encore de Tania, qui fit un pas en arrière en se forçant à lui sourire. Mister fils à papa tendit une main robuste et virile à la blonde.

- Au fait, je n'ai même pas pris le soin de me présenter, beauté. Moi c'est Brandon.

Rien d'étonnant. Un prénom aussi cliché que son propriétaire et sa bande de moutons en blousons de football américain. Tania ne lui serra pas la main, et se racla la gorge.

- Moi c'est Tania, et voici Roxane.

Elle se réfugia derrière son gobelet de rhum, buvant plusieurs gorgées généreuses et lançant un bref regard à sa nouvelle amie. Il y avait quelque chose d'amusant dans la situation, face à cette bande de boulets qui se croyaient irrésistibles. Pour la blonde, qui avait déjà intégré le monde professionnel et côtoyait de vrais adultes tous les jours, ce mec était juste un petit gamin tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Il aurait pu faire craquer une jeune étudiante vierge et niaise, mais pas Tania. Non, ce genre de gars ne l'intéressait pas, mais il restait distrayant dans une telle soirée. Un peu comme la bête de foire qui fait rire les enfants.

- Hé bien dis donc, ta copine est tout aussi charmante. Kurty, tu m'avais caché que tu avais de si charmantes connaissances ! Bon, j'ai apporté quelque chose qui va quelque peu pimenter la soirée. Les gars ?

Sans se retourner, il fit un geste de la main et deux de ses amis (ou plutôt ses sbires) apparurent avec des bouteilles et quelques ingrédients qu'ils déposèrent sur une table. Tania regarda Roxane d'un air intrigué. Elle ne put se retenir de pouffer de rire, l'alcool ayant pris le contrôle sur ses capacités d'inhibition. Sur la table trônaient deux bouteilles de tequila, quelques petits verres à shots, des quarts de citrons verts et du sel.

- Vous connaissez tous les body shots ? J'explique tout de même pour les éventuels néophytes parmi vous.

Tania glissa subtilement à l'oreille de Roxane :

- Je ne suis même pas sûr qu'il comprenne ce que veut dire "néophyte" !

Brandon continua son petit speech de vainqueur.

- C'est simple : une demoiselle se couche sur la table. La personne désignée lui verse un peu de sel sur le ventre avant de le lécher, boit son verre de tequila d'une traite, et ensuite mord dans le citron que la miss en question aura dans sa bouche. Compris ?

L'un de ses potes, un simplet aux dents pointant dangeureusement vers l'avant, répondit à la place de l'assemblée d'un air béat :

- Ouaiiis compris ! Ca va être trop cool !

Visiblement, le simple d'esprit avait déjà un sacré verre dans le nez. Brandon lui flanqua un coup de coude qui faillit l'envoyer au tapis.

- La ferme Patrick, on t'a pas sonné ! Bon, et si nous commencions ? Kurty, ça te dit d'essayer avec ta copine Tania ? Tu verras, c'est super trippant. T'en dis quoi, beauté ?

Ce qu'elle en disait ? Tant que ce Brandon ou un de ses abrutis de service ne la touchaient pas, cela ne la dérangeait pas. L'idée était amusante, et les jeux à boire étaient le péché mignon de la blonde. De plus, Kurty était une personne de confiance qu'elle connaissait depuis longtemps, et même dans son état elle savait qu'il n'y aurait aucun dérapage. Pour toute réponse, elle fit un signe d'acquiescement et bondit sur la table. Elle s'y coucha sur le dos, et releva le buste en s'appuyant sur ses coudes.

- Vas-y Kurty, t'en fais pas, ça ne me dérange pas. Puis on va s'amuser !

D'une main, elle s'empara d'un quart de citron vert qu'elle coinça entre ses dents, puis elle remonta son top par-dessus son nombril. L'alcool n'avait pas tardé a avoir définitivement raison de Tania. Doucement, Brandon s'approcha alors de Roxane et se pencha vers elle, lui murmurant à l'oreille :

- Et après, ce sera au tour de ta copine de t'en faire un ma belle !

Invité

And I want
And you got
So much
Crazy for
Your touch

Kurt était jovial, souriant. Il regardant la petite foule qu’il avait attroupé dans son appartement et il voyait ce sentiment sur tout les visages. Décidément, il avait réussi son coup. Non pas qu’il cherchait à impressionner les masses, bien au contraire. Il avait voulu offrir un peu de bon temps à tout le monde, bon temps qui devait prendre la forme d’un endroit où boire, danser, discuter, bref, faire la fête! Malgré son pouvoir, le blondinet demeurait un jeune étudiant plus que banal, se levant chaque jour pour aller à des cours ennuyants, pour se trouver un rôle dans la société moderne, société l’avait vu grandir, qui allait le voir vieillir puis mourir, puis l’oublier. C’était ce genre de pensées qui avait poussé le jeune homme vers l’abandon des études, mais il avait été malgré lui forcé d’y retourner. D’une certaine façon, ça n’avait pas d’importance. Très peu de choses avaient de l’importance aux yeux de Kurt à ce moment précis, si ce n’était que de s’amuser à fond pour les heures à venir.

Le Californien n’eut d’abord comme seule réponse à la boutade de Tania qu’un rire franchement amusé et heureux. Il avait toujours apprécié son amie de jeunesse, et ce genre de petite pointe verbale n’était en rien pour le choquer, même qu’il adorait se faire taquiner. À condition bien sûr que le taquiné pouvait avoir son moment de gloire lui aussi, à l’occasion.

« Eh oui, Tania, mais il faut croire que j’ai pas trop eu de chance jusqu’à maintenant! S’il faut que je me tourne vers toi, c’est que toutes mes options on été épuisées! »

S’il y avait eu d’autres jeunes hommes aux alentours pour entendre ce commentaire, ils se seraient probablement tous étouffé dans leur alcool. Tania, une dernière option? La plupart des mecs l’avaient suivie du regard depuis son entrée dans la place. Elle et Roxane étaient plus que charmantes, mais étonnement, ni une ni l’autre n’intéressait Kurt pour une relation autre qu’amie. Elles étaient tout deux très précieuses à ses yeux et il les adorait, mais sans plus. Tania était comme une sœur, avec laquelle on peut blaguer sans avoir à justifier son manque de sérieux. Roxane, quant à elle, semblait un peu distante à tout ce qui touchait les relations amoureuses. Jamais il ne l’avait entendu parler d’anciennes histoires d’amour qu’elle aurait vécus au Canada, et il ne l’avait encore jamais vu avec quelqu’un à New York.

Tania réattaquait de plus belle, justifiant sa présence dans la Ville qui ne dort jamais par le charme fou de Kurt, ce dernier se contentant de la regarder avec un air espiègle.

« Oui oui, bien sûr... Comment as-tu fais pour te passer de moi pendant si longtemps? »

Puis, Brandon fit son entrée en abordant le trio. Kurt ne pu s’empêcher de soupirer discrètement. Brandon était… pour faire bref, le Californien l’avait invité à contrecœur après que ce gosse de riche l’aille entendu discuter de sa petite fiesta avec quelques amis au café étudiant. Bien sûr, il avait jugé bon de rappliquer avec sa cohorte d’abrutis tous plus richissimes les uns que les autres. Ils transpiraient l’argent offerts par papa, sans la moindre envie de faire quoi que ce soit pour en obtenir d’une quelconque autre source. D’une certaine façon, Kurt était comme eux, vivant en partie sur le compte des vivres familiaux, mais il faisait tout son possible pour ne pas tomber dans le piège et se laisser berner par les faux espoirs d’une vie simple et facile.

Apparemment, Brandon avait un œil sur Tania, ce qui n’était pas franchement étonnant. Ce qui surprenait plus le jeune blondinet, c’était qu’il soit le premier à tenter sa chance, justement. Cependant, il avait amené des munitions. Il fit un signe de main à ses laquais, qui déposèrent deux bouteilles de tequila haut-de-gamme, des verres, du citron vert et du sel. Kurt se demanda pendant l’espace d’un instant ce qu’il y avait de si spécial dans l’idée de faire des shooters de tequila, mais Brandon lui apporta la précision qui lui manquait : Des body shots.

Sans jamais avoir pris part à ce genre d’activité, le Californien était loin d’être inculte et savait de quoi il s’agissait à la seconde où il avait prononcé ces mots. Décidément, le crewcut boy voulait rendre la soirée bien plus intéressante, le plus rapidement possible. Il demanda d’abord à Kurt s’il voulait tenter le coup avec Tania. Étonnant, de sa part, il se serait plutôt attendu à ce qu’il saute sur l’occasion pour profiter de la jeune femme le plus rapidement possible. Avant même que le blondinet n’ai le temps de répondre, Tania avait déjà bondit sur la table, ce qui lui arracha un sourire amusé. Toujours surprenante, cette fille! Habituellement, Kurt aurait été un peu gêné de faire une telle chose avec une amie, mais avec elle, c’était différent. Clairement, ça ne signifiait rien pour aucun des deux individus, aucun risque que l’un d’entre eux y prenne trop plaisir, ou pire, en vienne qu’à tomber amoureux de l’autre à cause d’un simple moment de proximité physique. Kurt hocha les épaules, l’air de dire « Pourquoi pas? », et s’empara de la bouteille de tequila et d’un verre, qu’il empli allégrement. Les fils de riches riaient et s’exclamaient comme des chimpanzés et ça agaçait franchement le blondinet, qui se concentra pour ne pas renverser de boisson. Il prit la salière avant de regarder Tania dans les yeux. Kurt ne pu s’empêcher de rire devant la tournure des évènements. Il y avait quelques minutes de cela, ils étaient là, tout les trois, à blaguer, et en moins de deux il allait se retrouver à lécher le ventre de son amie de toujours avant de s’emparer d’une tranche d’agrume à quelques centimètres de ses lèvres. La vie était pleine de surprise, toute plus cocasse les unes que les autres. Tout en saupoudrant du sel sur Tania, il la regarda en riant.

« J’suis peut-être un abruti, mais toi, t’es complètement folle! Je crois que c’est pour ça que je t’adore… »

Il ne lui donna pas le temps de répondre que déjà, il avait plongé, attaquant délicatement la tendre chair de son amie de sa langue. Tant qu’à faire les fous, il allait aller jusqu’au bout. Il s’assura que ce délicieux supplice perdure pendant de longues secondes. À entendre les cris excités du groupe de singe, il accomplissait un miracle incroyable devant eux présentement, alors que pour lui, c’était presque banal, sans valeurs autre que celle du plaisir présent. Lorsqu’il eut terminé sa besogne sur le vendre de Tania, il but rapidement le verre de tequila. C’est un Kurt grimaçant qui se pencha au dessus de la Californienne pour se saisir de la tranche de citron vert, lui envoyant clin d’œil au passage. Il venait de réaliser le fantasme de la demi-douzaine d’hommes de Cro-Magnon qui le regardaient en état d’exaltation le plus total, alors que lui ne pouvait être plus indifférent. Kurt se redressa, soufflant pour tenter de calmer la brulure de l’alcool dans sa gorge. Il se tourna vers Roxane, qui avait assisté à cette scène de barbarisme de jeunesse le plus total.

« Si je me trompe pas, c’est à ton tour Roxy! Ça te dit? »

[Post écrit entre 1h et 2h40 du matin, soyez indulgents xD]

Cela ne sembla pas ennuyer Kurt le moins du monde de passer la langue sur le ventre de son amie. Il fallait bien avouer que l'ambiance festive n'avait rien de malsain, et qu'entre amis c'était juste une partie de franche rigolade destinée à faire couler davantage d'alcool dans les veines.

« J’suis peut-être un abruti, mais toi, t’es complètement folle! Je crois que c’est pour ça que je t’adore… »

Ayant déjà le citron en bouche, Tania ne put rire et se contenta d'essayer de lui sourire, ses dents blanches encadrant chaleureusement le fruit acide. S'il ne se dépêchait pas, elle allait finir par le lui cracher à la figure !
Sans perdre une seconde, il passa la langue sur le sel versé sur le ventre de la jeune femme, s'attardant un peu trop longtemps. La blonde, particulièrement sensible aux chatouilles, dut fournir un effort acharné pour ne pas éclater de rire et lâcher le citron. Cela ne fit que renforcer l'excitation de la bande de sauvages qui poussait des cris à en perdre la voix. Il en fallait bien peu pour faire craquer leur slip à ces quaterbacks de pacotille. Kurt se releva et but rapidement le shot de tequila, puis s'approcha de Tania, le visage encore grimaçant. La scène était à se tordre de rire ! Cela faisait longtemps que Tania n'avait pas vu son ami d'enfance, mais il lui semblait ne jamais l'avoir vu dans un état pareil. Sa soirée était une excellente idée. Une fois débarrassée de son citron vert, elle put enfin se lâcher et rire aux éclats.

- Kurty, tu me le payeras cher ! lui lança-t-elle en lui frappant amicalement l’épaule.

Le jeune homme se tourna alors vers Roxane, qui avait silencieusement assisté à la scène. Tania l’avait presque oubliée, la tête noyée dans une ivresse de plus en plus déstabilisante. Elle commençait à perdre le contrôle, et tenta de reprendre ses esprits en clignant des yeux avec insistance. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas fait la fête, et elle voulait en profiter. Ceci dit, elle avait oublié que l’alcool pouvait jouer de mauvais tours. Elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle était toujours couchée sur la table, et se redressa en se tenant les tempes pour garder son équilibre.

« Si je me trompe pas, c’est à ton tour Roxy! Ça te dit? »

Aussi ivre fût-elle, Tania ne manqua rien de la réaction de la mystérieuse petite brune du nord. Tous les regards s’étaient tournés vers elle, attendant visiblement une réaction. Mais la miss réagit de façon étrange. Elle fit un pas en arrière, en regardant Tania d’un air désolé.

- Je… je ne peux pas. Excusez-moi.

Sans demander son reste, elle tourna les talons et s’échappa dans la foule en agitation. Tania resta assise sur la table, assez perturbée par ce comportement étrange. Elle était incapable de se lever pour se lancer à sa poursuite. Pourquoi cette fille avait-elle réagi ainsi, elle qui semblait pourtant bien s’amuser ?
Tout à coup, Tania sentit une main robuste et maladroite s’abattre sur son épaule. De son sourire de lover raté, Brandon rassura sa bande d’ahuris.

- Pas de panique les enfants, c’est Brandon qui se sacrifiera pour la bonne cause. Je m’occupe du bodyshot suivant ! Beauté, tu peux reprendre ta place sur la table…

Pour qui se prenait-il, ce type ? Tania détestait que l’on parle d’elle comme d’un objet. D’un geste du revers de la main, elle repoussa le quaterback en le fusillant du regard.

- Dans tes rêves, Brenda. Même bourrée, j'te laisserai pas me toucher.

De toute évidence, il le prit mal et empoigna la blonde de force pour la coller, le dos contre la table. Tania émit un cri de douleur en sentant l’impact du bois contre son crâne, et crut presque s’évanouir.

- C’est Brandon, pétasse. Et tu vas me laisser te le faire, ce bodyshot !

Reprenant son souffle, elle put enfin se mettre à hurler. Tout semblait confus, incontrôlable. Son seul espoir de se libérer de cette étreinte sauvage était juste à ses côtés.

- Kurt ! Kurt, aide-moi !!! Vire les sales pattes de ce salopard !

La cadence de la musique ralentissait et les regards se faisaient plus passionnés, mais l’ambiance gardait tout de même cette euphorie générale. La bande de Brandon s’agitait autours de Kurt et Tania comme une meute de hyènes, ricanant et hurlant comme des bêtes ayant flairé le sang d’une proie blessée, ou dans ce cas-ci, d’une jolie jeune blonde en état d’ébriété. Le blondinet n’aimait pas trop ces types, mais il préférait ne pas mettre une mauvaise ambiance dans la place en les foutant à la porte. Si jamais les choses venaient à dégénérer, alors là, il se ferait un plaisir de leur montrer la sortie, avec des coups de pieds au derrière si nécessaire. Mais pour l’instant, ce n’était pas la préoccupation principale du Californien. La chose qui importait le plus pour le jeune homme, c’était de savoir si son amie Roxane allait bien vouloir se prêter elle aussi au jeu et savourer un de ces body shots. La preuve que la jeunesse peut parfois être bien insouciante…

Roxy, cependant, ne semblait pas au sommet de sa forme. Elle paressait confuse, troublée par une émotion que Kurt ne parvenait pas à identifier dans son alcoolémie élevée. Elle s’excusa puis quitta la scène de débauche, au grand dam des gosses de riches de Brandon, qui huèrent la Canadienne fortement. Kurt, lui, préférait ne pas laisser personne dans un état de détresse émotionnelle quelconque et s’élança derrière Roxane en l’interpellant, en vain. La jeune femme s’enferma dans la chambre de Kurt, verrouillant la porte derrière elle. Le blondinet cogna quelques coups mais rien ne semblait vouloir y faire. Ah, les femmes. Toujours aussi incompréhensibles et imprévisibles aux yeux du Californien qui venait de se faire voler sa chambre. La tête pleine d’alcool de Kurt ne faisait aucunement le lien entre la séance de body shots et la réaction atypique de la demoiselle. Il faut dire que même sobre, le jeune homme était loin d’être un expert en psychologie féminine. Il était discret, pas particulièrement joli et passait souvent inaperçu auprès des demoiselles, trop occupées à chasser les beaux gosses avec comme armes leurs rires cristallins et leurs airs angéliques. Kurt avait les idées ailleurs de toute façon, et ses études prenaient une grande partie de son temps, mais il ne pouvait pas dire qu’il détesterait partager sa vie avec une autre.

Une certaine agitation éclata autours de la table où ils s’étaient adonnés au body shots. La bande de hyènes semblait avoir flairé ce qu’ils croyaient être une proie facile et s’était attroupée atours d’elle, dans l’espoir que chacun puisse s’en tirer un morceau. Le sang de Kurt se figea directement dans ses veines lorsqu’il entendu par-dessus le tumulte les cris étouffés de son amie qui avait probablement malgré elle attiré la meute de par son avantageux physique. Comprenant que la situation était sur le point de dégénérer, Kurt se hâta de revenir aider Tania, qui semblait en grande détresse entre les mains de cet attroupement d’abrutis. Le Californien se fraya tant bien que mal un chemin dans la troupe, arrivant juste à temps pour voir Brandon cogner la tête de la blonde contre la table, probablement dans l’espoir stupide de la calmer via la violence.

« Eh oh! Mais tu te prends pour qui là? »

Brandon ne sembla pas particulièrement intimidé, ne daignant même pas levé les yeux vers l’hôte de la fête, trop obnubilé par la possibilité de frôler de ses lèvres la peau de la blonde. Si près du but, il n’était pas prêt à laisser passer sa chance incroyable. Excités par le spectacle, les acolytes sans cervelles saisirent Kurt par les épaules et le tirèrent brutalement vers l’arrière. Pris par surprise et, surtout, manquant d’équilibre à cause de l’alcool, le jeune homme tomba à la renverse. Il eu peur de perdre le contrôle sur son pouvoir et que ses mains se mettent à briller devant tout le monde, mais apparemment, il gardait un certain contrôle sur ses capacités. La voix de Brandon s’éleva fortement par-dessus la musique, même s’il ne s’était toujours pas retourné pour faire face à Kurt.

« J’me prends pour celui qui rend ta petite soirée intéressante, parce que ça, t’es pas capable de le faire par toi-même. »

Des rires puissants s’élevèrent de la bande d’écervelés, comme s’ils tentaient de se faire croire que la puissance de leur hilarité générale allait rendre cette vanne de M. le Lover bien plus comique. Kurt ne pouvait tout simplement pas y croire. Il venait tout juste de se faire cracher au visage par un fils de riche totalement dénué de sens des responsabilités ou de quelconque lien avec la réalité, le tout, dans sa propre demeure. Piqué au vif, le Californien se leva, prêt à en découdre et à aider un peu son amie qui devait endurer les désirs malsains de cet imbécile, mais une grosse main se posant sur son épaule vint mettre fin à ses ardeurs. La main en question appartenait à Wilber Wilde, un colosse qui, avec son physique, aurait très bien pu faire gagner n’importe quel équipe sportive Universitaire, peu importe la discipline. Sa nature calme et renfermé l’avait plutôt poussé vers des études en arts, où il s’était lié d’amitié avec Kurt, d’où sa présence ce soir. Les hyènes de Brandon semblaient soudainement s’être calmées, et le leader lui-même avait porté son attention à cette pièce d’homme plutôt qu’à la belle Tania. La voix profonde et posée de Wilber n’avait même pas besoin de s’élever d’un ton pour se faire entendre par-dessus la musique.

« S’il y en a ici qui veulent faire du trouble, je leur conseille de partir… »

Moment d’hésitation général, chacun guettant la prochaine action de l’autre. Aucun des suivants de Brandon ne voulait être le premier à quitter, mais personne ne voulait affronter ce monstre de Wilde. Finalement, celui qui se faisait appeler Patrick craqua le premier, se dirigeant lentement vers la porte, suivi par ses amis et par un Brandon qui lança un regard noir à Kurt, ce dernier plutôt satisfait de la tournure non-violente des choses. Il aurait à apprendre à faire attention, avec son pouvoir, chaque émotion forte pouvait devenir source de danger, autant pour lui que pour ceux qui l’entourait. Mais bref, ce n’était pas vraiment le moment de tomber dans ce genre de réflexion. D’un geste de tête, il remercia Wilber, lui promettant de lui revaloir ça par la suite, puis rejoint Tania qui se remettait de ses émotions.

La musique avait repris du rythme, mais l’ambiance générale était plutôt froide après les fâcheux évènements qui venaient d’entacher le moral. Après réflexion, cette petite fête n’était vraiment pas la meilleure idée de Kurt. Avec Roxane enfermée dans sa chambre, Tania molestée par un imbécile, la soirée avait été des plus pathétiques. Le Californien s’assied à la table, conscient que ses invités allaient probablement décoller dans pas très longtemps.

« Ça va, pas trop amochée? Il était pas trop douillet avec toi… »

Tout se passa tellement vite que l’esprit imbibé d’alcool de Tania pataugeait dans la confusion la plus totale. Tentant dans un premier temps de s’extirper des mains visqueuses qui se multipliaient, caressant, tripotant son corps vulnérable tout entier, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle qui était déjà une adulte, qui avait pris son indépendance, avait traversé tant d’obstacles… méritait-elle de finir comme pâture pour une bande de gamins aux allures de primates ? Ces sales enfants de riches avaient tout ce qu’ils désiraient, étaient assurés par l’héritage paternel, pensaient que rien ne pouvait les arrêter… Ils ne connaissaient pas le refus, ignoraient les obstacles, se croyaient au-dessus des lois. Comment Tania aurait-elle pu leur faire face, seule et ivre contre tous ?

Les yeux embués par l’humidité salée qui commençait à s’écouler le long de ses joues, elle cherchait en vain du regard la silhouette agréable et rassurante de son ami, mais ne voyait que ces yeux monstrueux, déformés qui la dévoraient toute entière. Elle n’avait presque plus la force de se débattre. Elle ignorait si elle criait encore à l’aide ou si tout cela n’était plus qu’une pensée désespérée. « Aidez-moi, je m’appelle Tania Basco et je vais finir abusée sexuellement, marquée à jamais si personne n’intervient ». Et les autres étudiants ? Ils avaient peur, bien entendu. Nul ne désirait se mettre à dos la bande de grosses frappes de la fac’, risquant par la même occasion d’être victime de leur railleries jusqu’à la fin de l’année académique.

Puis, elle l’entendit. Cette voix qu’elle connaissait si bien, malgré le fait qu’elle eût gagné en maturité après les longues années où ils ne s’étaient pas revus. Un rayon d’espoir qui illuminait ces ténèbres envahissantes.

« Eh oh! Mais tu te prends pour qui là? »

Très vite, l’attention générale se détourna de la blonde pour se diriger vers celui qui osait s’opposer à cette bande de terreurs.

- Kurt…

Seul l’impitoyable Brandon, insatisfait et frustré, réclamait son dû.
Mais seul, il arrivait déjà moins facilement à contenir Tania, qui recommençait à se débattre, poussée par cette force surhumaine qui emplit les désespérés de son adrénaline. Les acolytes, derrière Brandon, avaient fait face à Kurt, prêts à lui faire regretter ses paroles sous son propre toit. Ils le poussèrent en arrière, et l’alcool fit le reste du travail. Le jeune homme trébucha, impuissant, incapable de défendre son amie. Sans même lui adresser un regard, Brandon lui grogna de son haleine puant l’alcool :

« J’me prends pour celui qui rend ta petite soirée intéressante, parce que ça, t’es pas capable de le faire par toi-même. »

La réplique déclencha l’hilarité générale de la bande, ces sauvages riant à gorge déployée entre deux relents d’alcool. L’envie de pleurer reprit Tania, comme si son visage n’était pas suffisamment rayé de traces noires à cause des larmes mélangées au mascara. Il n’y avait plus aucun espoir. Elle allait finir abusée, et son ami tabassé. Voilà à quoi la jeunesse en était réduite dans un monde où peu à peu, la législation n’était plus assez puissante pour gouverner les comportements, où les autorités avaient mieux à faire que de combattre des petits crimes sans intérêts tels que les abus sexuels, comparés aux actes terroristes, explosions et autres catastrophes entrainées par l’évolution humaine. Avec l’arrivée de ce Sylar, un nouvel abcès s’était ouvert à la surface du globe, et il ne semblait pas prêt de se refermer. Désormais, les ‘normaux’ craignaient les ‘évolués’, le monde avait été scindé en deux, faisant naître de nouveaux conflits, de nouvelles guerres. Et chacun en était la victime, depuis le sans abri suite à la destruction de sa maison, l’orphelin ou la jeune femme sur le point de se faire violer. Comment arriver à voir de l’espoir dans un monde ou régnaient à présent en maîtresses la peur et la violence.

Pourtant, ce triste destin avait apparemment décidé d’épargner Tania ce soir-là. Un ami de Kurt, véritable colosse surhumain, venait de débarquer afin de remettre de l’ordre dans ce chaos. Craintifs de cette monstrueuse carrure, les petites frappes arrêtèrent enfin leur cirque. Le silence s’installa rapidement dans les troupes, et Tania n’entendit plus que son souffle saccadé, ainsi que le battement de son cœur qui résonnait dans ses tympans. La voix grave et puissante du géant fit vibrer la pièce toute entière, alors que celui-ci n’avait même pas pris la peine d’hausser le ton pour se faire entendre.

« S’il y en a ici qui veulent faire du trouble, je leur conseille de partir… »

Pendant un bref instant, chacun hésita. Ils étaient stupides, mais pas au point de se frotter à cette masse gargantuesque qui les écraserait en un rien de temps. Le dénommé Patrick partit le premier, suivi peu à peu du reste de la bande. Brandon lâcha brutalement les poignets de Tania qu’il avait solidement plaqués sur la table, et lança un regard noir à Kurt avant de partir à son tour, fermant la marche. L’organisateur de la soirée se releva de sa chute, alla remercier son ami pour son aide précieuse et se rendit aux côtés de son amie d’enfance. Avec ses cheveux en bataille, son mascara plein les joues et les poignets empourprés par l’étreinte, elle avait vraiment l’air pitoyable.

« Ça va, pas trop amochée? Il était pas trop douillet avec toi… »

Tellement rassurée d’entendre la voix de son ami lui demander si tout allait bien, Tania ne put s’empêcher d’éclater en sanglots, s’écroulant littéralement sur l’épaule de son ami. Les larmes se remirent à couler de plus belle, mais elle s’en moquait, tout comme elle se moquait des regards curieux ou inquiets que lui portaient les autres invités.

- Kurt… J’ai eu… j’ai eu si peur.

Elle tenta de se reprendre, encore secouée par les sanglots. Elle dirigea son regard humide vers le colosse qui les avait sauvés.

- Tu remercieras ton ami pour moi…

A tâtons, elle chercha son sac et le ramassa, en extirpant un mouchoir. Elle tenta de reprendre son calme, mais était toujours sous le choc.

- Je pense que je vais devenir lesbienne. Les garçons, ce n’est plus fait pour moi...

Malgré cette tentative de plaisanterie, elle ne parvint pas à sourire. Au moins, elle se sentait rassurée auprès de son ami et de l’armoire à glace qui les protégeait.
Tout à coup, un son bien particulier, connu et craint de tous les étudiants lors des soirées trop arrosées, se fit entendre. Une sirène se rapprochait, et les lueurs bleues des gyrophares emplirent la pièce de leurs clignotements agressifs. Deux véhicules de police venaient de se garer devant la demeure de Kurt, et déjà les jeunes trop ivres fuyaient les lieux, jetant rapidement leurs gobelets. Des quatre policiers, deux se dirigèrent vers Tania et Kurt. Le plus grand, un rouquin assez imposant, s’adressa à eux.

- Nous avons reçu un appel d’une certaine Tania Basco. Est-ce bien vous, mademoiselle ?

Confuse, la blonde ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Un appel ? Elle n’avait même pas touché à son téléphone de la soirée. Devenait-elle folle, à nouveau ?

- Le plus étrange, c’est que l’appel est arrivé directement sur la fréquence privée de la police. Mademoiselle, répondez.

D’une attitude bienveillante, il se pencha vers elle.

- Où sont partis vos agresseurs ? Nous allons tout de suite appeler une ambulance, mais j’ai besoin de savoir qui vous a fait ça avant qu’ils ne nous filent entre les doigts.

Tout cela la dépassait. D’un geste machinal, elle pointa du doigt la direction dans laquelle Brandon était parti. Les représentants de l’ordre n’eurent pas besoin d’en savoir plus. Tous les regards s’étaient tournés vers le responsable de ce chaos, incapable de partir car les véhicules de police avaient coincé sa voiture. Le policier roux adressa un signe de tête à ses collègues, qui interpellèrent Brandon et lui passèrent les menottes.
Après un discret reniflement, Tania demanda d’une voix encore très enrouée :

- Quand je vous ai appelés, qu’est-ce que j’ai dit exactement ?

Le rouquin se tourna vers son collègue qui sortit son carnet et le lut à voix haute :

- « Aidez-moi, je m’appelle Tania Basco et je vais finir abusée sexuellement, marquée à jamais si personne n’intervient ». Nous avons immédiatement cherché à localiser la provenance de l’appel, ce qui nous a menés ici-même.

Tania écarquilla les yeux. L’avait-elle vraiment fait ? Elle qui entendait les conversations téléphoniques comme des voix dans sa tête… pouvait-elle aussi en envoyer ? Tout cela était absolument incroyable. La solution la plus plausible était qu’elle se trouvait encore en état de choc, et qu’elle rêvait. Oui, c’était un rêve, et tout allait bientôt se terminer lorsqu’elle se réveillerait dans son lit tendre et moelleux. Le policier roux invita avec douceur la blonde à se relever pour les suivre. Il regarda également Kurt.

- C’est vous le propriétaire des lieux ? Si vous êtes témoin, ou victime vous aussi, veuillez nous suivre.

Décidément, Kurt savait comment organiser des fêtes fantastiques, dignes des plus grandes téléséries pour adolescents américains bien friands de drames et de tristesse. Le tout avait pourtant si bien commencé dans la musique et une consommation plus ou moins modérée d’alcool entre amis. Personne n’aurait pu croire qu’après environ une heure de fiesta, la scène aurait changé du tout au tout. Les rires et la drague avait laissé place à des murmures de malaise et la musique, pourtant toujours aussi entrainante, ne semblait rien faire pour égayer les jeunes. Plusieurs ramassaient déjà leurs trucs, disant un discret au revoir à Kurt avant de quitter le loft du jeune homme. Le colosse Wilber, dans sa grande générosité, ramassait les verres et bouteilles laissés un peu partout par les invités.

Tania et Kurt étaient quant à eux au centre de tout ce chaos, un peu isolé de l’espèce d’ambiance d’enterrement. Ils étaient au centre de la tempête, dans l’œil du cyclone, pour la simple et bonne raison qu’ils en avaient enduré le pire. En fait, la jeune femme à elle seule en avait subit la grosse part, et lorsque Kurt lui demanda si tout allait bien, il eut droit à de gros sanglots comme toute réponse. Ce n’était pas particulièrement surprenant, la situation avait sortie hors de tout contrôle et Tania aurait probablement eu à subir d’innommables atrocités sans l’intervention menaçante de Wilber, le tout à un endroit qui ne semblait pourtant aucunement dangereux. La preuve que la sécurité est une illusion, ou du moins, est une réalité plus que relative.

Les sanglots de Tania ne semblèrent diminuer alors que la Californienne reprenait un peu le contrôle de ses émotions après les évènements de la soirée. S’armant d’un mouchoir face à ses larmes, Tania se sentit le cœur à la plaisanterie, ce qui rassura un peu Kurt malgré l’absence de sourire de son amie. Parmi tous ces malheurs, parmi tous les troubles de cette soirée, le Californien était content de pouvoir constater que sa relation avec Tania était toujours aussi forte. Lui qui en se sentait pas particulièrement proche de sa famille, retrouvé la charmante demoiselle lui donnait l’impression de retrouver une sœur, perdue il y avait de cela trop d’années.

Alors que tout semblait lentement se calmer après ces surdoses d’adrénalines, le son trop familier d’une sirène de police se fit entendre. Plus le son s’approchait, plus les fêtards détalaient comme des lièvres, ne laissant qu’une poignée d’entre eux lorsque les voitures se garèrent en face du bâtiment. Kurt soupira. Un de ses voisins avait dut trouver la musique un brin trop forte et avait jugé bon d’en alerter le NYPD, mais il y avait tout de même quelque chose de louche au fait d’envoyer deux véhicules seulement pour du tapage nocturne. Il n’y avait pas a dire, après toutes ces histoires, le Californien était plus fatigué que saoul et ne souhaitait qu’en finir une bonne fois pour toute pour aller dormir. Deux des policiers s’approchèrent de Tania et Kurt, plus sérieux et protocolaires que le pape lui-même.

- Nous avons reçu un appel d’une certaine Tania Basco. Est-ce bien vous, mademoiselle ?

Surpris, Kurt se retourna vers son amie. De son coté, elle semblait tout aussi confuse que le jeune étudiant, ne comprenant absolument pas de quoi le policier pouvait bien parler. Cependant, ce représentant de la loi semblait particulièrement au courant des évènements ayant survenus quelques minutes plus tôt. Kurt ne comprenait absolument rien de chez rien. Au dire de ces policiers, Tania les aurait appelés directement sur la fréquence privée du NYPD alors qu’elle était sur le point de se faire agresser, allait même jusqu’à décrire la scène et dire son nom. Pourtant, Kurt aurait put jurer qu’elle n’avait pas du tout eu accès à un téléphone, encore moins un quelconque appareil qui lui aurait permit d’empiéter sur la fréquence radio des forces policières. Quelque chose clochait, mais pour l’instant, Kurt devait cesser de se questionner et plutôt aller témoigner. Il donna un double de la clef de son loft à Wilber.

« Écoutes, assures toi que tout le monde part et verrouilles avant de quitter. T’en fait pas pour le nettoyage, je me charge de tout demain matin. »

En se dirigeant vers la voiture de police, Kurt avait l’impression que tout était irréel, comme s’il avançait dans un rêve qui semblait vouloir mal se terminer. Et dire qu’à peine une heure plus tôt, il ouvrait sa première bière en prévoyant une soirée qui allait permettre de relâcher le stress des préparations aux examens… Échec total sur ce point.

***

Le commissariat de police du New York Police Departement était débordé. Ce n’était pas particulièrement surprenant lorsque l’on prenait en compte les évènements survenant dans la ville qui ne dormait jamais. La métropole semblait avoir attiré des mutants de partout à travers le monde, et certains n’étaient pas des enfants de chœur. Les forces de l’ordre étaient totalement débordées, dépassé face à des individus qui pouvaient éliminer des légions d’une simple pensée. En plus du problème mutant se rajoutait tout les petits crimes habituels : vol, voie de fait, agression, meurtre, bref, de quoi donner plusieurs heures supplémentaires à ceux qui avait choisi la justice comme vocation.

Dès leur arrivé au poste, Kurt et Tania avaient été séparés, cette dernière devait aller témoigné immédiatement pour les rapports des policiers qui avaient répondu à l’appel mystère. Kurt, quant à lui, marinait tranquillement sur le siège inconfortable d’une espèce de salle d’attente bondée d’individus louches. Le petit blond contrasta dans le décor pour une bonne quarantaine de minutes avant qu’un policier un peu grassouillet daigne venir le chercher pour prendre sa déposition.

« Monsieur Fisher? Bonsoir, officier Parkman. Veillez me suivre. »

Kurt s’exécuta et fut guidé jusqu’à une petite salle ayant comme seul mobilier une table et deux chaises, une salle tout ce qu’il y avait de plus froid et désagréable. Le réalisateur en devenir qui sommeillait en lui ne pu s’empêcher de se dire que s’il voulait créer un effet de malaise dans une scène, ça serait l’endroit idéal pour tourner. Parkman invita le Californien à s’assoir sur une chaise et pris place face à lui, avec l’air monotone de celui qui aurait préférer être dans son lit plutôt qu’à devoir écouter l’histoire d’un autre jeune fêtard.

« Donc, Monsieur Fisher, selon la déposition de Mademoiselle Basco, elle aurait été agressé physiquement par le dénommé Brandon Smith dans votre demeure. Vous auriez tentez d’intervenir, mais avez été repoussé par des amis de Monsieur Smith, est-ce exact? »

« Oui, tout est exact. Il y a une bonne douzaine de témoins qui pourront confirmer le tout, si nécessaire. »

« Non, ce ne sera pas un problème. Je viens de parler avec Mademoiselle Basco et tout est clair sur ce point, je ne faisais que vérifier la cohérence. Il reste cependant une zone d’ombre dans ce récit : À quel moment exactement est-ce que Mademoiselle Basco a-t-elle entré en contact avec la police via notre fréquence radio? »

Kurt hésita une seconde de trop, pour la simple et bonne raison qu’il n’en avait absolument aucune idée. Le policier Parkman sembla remarquer l’hésitation du Californien, inclinant légèrement la tête en le regardant d’un air bizarre. Avant même que Kurt n’ai pu reprendre la parole, l’officier sortit un carnet de notes où il gribouilla rapidement quelques mots avant de ramener son attention à l’interrogé.

« Bon, vous n’avez pas remarqué, je comprends parfaitement Monsieur Fisher. Ce genre d’évènement se déroule très rapidement et il est normal que ça vous ai échappé. Vous êtes libre de retourner chez vous maintenant, ne vous donnez pas la peine d’attendre votre amie, elle a quitté pendant votre déposition. Je crois qu’elle était bien fatiguée après tout ça. Et, jeune homme… Restez près de Tania dans les jours à venir, elle aura besoin de votre soutien. »

Kurt hocha la tête, perplexe. En sortant du poste de police, il ne cessait de se dire que toute cette soirée avait des airs étranges, quelque chose de louche au-delà même de l’agression. Depuis son arrivé à New York, chaque évènements de sa vie semblait prendre une tournure bien plus mystérieuse, alors qu’en Californie tout semblait si simple et…normal. Entre le terrorisme mutant et les héros qui faisaient leurs possibles pour contrer tout ces fléaux, les petits problèmes d’un insignifiant étudiant en cinéma semblaient tellement désuets…

- Bonjour mademoiselle Basco, je suis l'officier Parkman.

- Bonjour, Monsieur l'officier...

- Asseyez-vous, je vous en prie. Voulez-vous boire quelque chose ? Un verre d'eau, peut-être ?

- Oui, je pense que j'en aurai grand besoin.

- Alors dites-moi, que vous est-il arrivé exactement ?

- Hé bien... je me trouvais chez Kurt, qui faisait une soirée chez lui...

- C'est un ami à vous ?

- Oui, nous sommes des amis d'enfance, mais cela faisait plusieurs années que nous ne nous étions pas vus. Je l'ai recroisé par hasard il y a quelques jours, alors il m'a invité à venir faire un tour à la soirée qu'il organisait chez lui.

- Très bien, continuez, mademoiselle Basco.

- Je... je parlais avec une fille, une amie de Kurt. Elle s'appelait Roxane. Tout à coup, ce gars... Brandon *frisson* est arrivé avec sa bande et nous a proposé une sorte de jeu à boire. J'ai accepté, pour rire... je n'aurais pas dû...

- Mais non voyons, vous ne pouviez pas savoir... Cette Roxane, est-elle partie avant ou après l'agression ?

- Comment savez-vous qu'elle a pris la fuite ?

- Peu importe... vous souvenez-vous de ce détail ?

- Pas vraiment, tout est confus dans mon esprit... Je pense que c'était avant. De toute façon, elle ne voudra pas témoigner, j'en suis certaine.

- Bien. Que s'est-il passé avec ce Brandon, alors ? Je sais que ce n'est pas facile pour vous, mais essayez de vous rappeler des détails.

- D'a... d'accord. Kurt a commencé par me faire un body shot, mais vous savez, c'est un ami et j'ai confiance en lui. On l'a plus fait pour rigoler... Puis ce mec, Brandon, a dit que c'était son tour. Je ne voulais pas, j'avais envie de me lever et me tirer de là, mais l'alcool m'avait affaiblie, et il me maintenait avec une de ces forces... Ses amis ont fait corps face à Kurty qui voulait s'opposer, je pense même qu'ils l'ont frappé. Si son ami, le grand baraqué, n'avait pas été là, il aurait peut-être été tabassé... à cause de moi.

- Ne dites pas cela, mademoiselle Basco. C'est Brandon le fautif, pas vous. Vous avez bien fait de nous appeler.

- Mais, je...

- ...Vous ne nous avez pas appelée, n'est-ce pas ?

- Je n'en ai pas le moindre souvenir, monsieur l'officier.

- Justement, parlons-en... Comment se fait-il que nous ayons capté votre appel sur nos fréquences privées ? Avez-vous une explication ?

- Non... je n'en ai aucune. J'étais en état de choc et...

- Ce n'est pas très important en soi. J'aimerais juste savoir si vous avez également capté nos fréquences ? Car si c'est le cas, vous risquez d'avoir de gros ennuis.

- Non ! Je vous jure que je n'ai rien capté du tout. Je vous l'ai dit, j'étais ivre, et ce connard m'agressait à ce moment-là.

- C'est bien ce qui me semblait... Je voulais juste en avoir le coeur net, simple mesure de précaution.

- OK...

- Maintenant, je vais couper la caméra, mademoiselle Basco. Ce que nous dirons restera entre nous deux, personne d'autre ne sera au mis au courant, d'accord ?

- Heu...

- Ne vous en faites pas. Bon, voilà. Tania, est-ce que vous êtes...

- Est-ce que je suis quoi ?

- ...dotée d'une sorte de don ? Un pouvoir, si vous préférez.

- Vous voulez savoir si je suis comme ces personnes dangereuses qu'on voit à la télé et qui sont traquées par vos services ?

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Vous savez, il y a des tas de personnes dans votre situation.

- C'est à dire ?

- C'est à dire des personnes effrayées par leur pouvoir, se demandant ce qui leur arrive, n'osant en parler à personne de peur d'être rejetées. Mais je vous le répète, vous n'êtes pas seule. Pourquoi croyez-vous que l'on m'a chargé de cette affaire ?

- Vous... vous en êtes un ?

- C'est possible... Vous entendez des voix, c'est bien cela ? Vous croyez que vous êtes folle, que ces voix n'existent que dans votre tête.

- Comment vous pouvez le savoir ? Vous lisez dans mes pensées, ou quoi ?

- C'est à peu près cela, mademoiselle Basco.

- Ca doit être pratique, dans votre boulot.

- Vous savez, j'ai longtemps cru que les voix que j'entendais étaient le fruit de mon imagination. Je pensais être devenu paranoïaque au point de penser que ma femme pensait du mal de moi, que mes collègues n'étaient que des hypocrites. Il s'est avéré que c'était la triste vérité.

- J'ai... j'ai cru ça, moi aussi... Pourtant, je n'entends pas vos pensées, là !

- Il semblerait que votre pouvoir soit légèrement différent du mien. A mon avis, vous émettez des ondes téléphoniques et radio, quelque chose du genre.

*Vibration*

- Vous devriez répondre. Votre femme a beau penser du mal de vous, on dirait qu'elle s'inquiète suffisamment pour prendre de vos nouvelles régulièrement.

- Je... *vérifie le SMS* ... Alors vous pouvez les capter également ?

- Oui, mais je vous répète, je n'ai rien capté de vos fréquences, et cela ne m'intéresse pas.

- Je comprends... Comme je vous l'ai dit, ça restera entre nous. Vous avez eu assez de problèmes, vous méritez de vivre une vie normale.

- Comment voulez-vous que ma vie soit normale après ce qui s'est passé, monsieur l'officier ? Je perds mes amis, je m'éloigne de ma famille, je n'ai qu'un petit boulot minable dans un bar qui me paye tout juste assez pour que je puisse avoir un toit, de quoi me nourrir et m'habiller. Tout ça à cause de cette... chose ! J'aimerais tant m'en débarrasser.

- Ne redites jamais cela ! N'avez-vous jamais pensé que ce don pouvait être mis à profit, mademoiselle Basco ? Qu'il vous a été octroyé pour que vous accomplissiez de grandes choses ?

- Conneries ! Je suis juste un téléphone sans fil vivant !

- Vous pensiez peut-être que mon don m'est tout de suite apparu comme une bénédiction ? Que je n'ai pas éprouvé la peine d'apprendre ce que pensaient les gens de moi, tout au fond d'eux ? Que je ne me suis pas senti seul au monde ? Ouvrez les yeux, Tania, et faites donc face à la réalité. Ce n'est qu'en l'acceptant que vous pourrez vivre avec, et l'utiliser à des fins plus constructives. Vous êtes quelqu'un de bien, je le sais. Vous pouvez le faire.

- Je... *détourne la tête*... je peux m'en aller ?

- *Soupir* Très bien, je ne vous retiens pas. Laissez-moi juste rebrancher la caméra. Je n'en dirai rien à votre ami, et je procéderai à son interrogatoire comme si vous n'aviez rien dit de tout cela.

- *Se lève* Merci, Monsieur Parkman...

- *Pose une main sur l'épaule de Tania* Ne vous en faites pas, vous y verrez plus clair avec le temps. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, voici ma carte avec mes coordonnées privées. N'hésitez pas à m'appeler, en cas de besoin.

- *Prend la carte* Merci... Au revoir, monsieur l'officier.

- Au revoir, Tania.

* * *

Son regard croisa celui de Kurt. Immédiatement, elle baissa les yeux. Comment son ami pourrait-il encore l'accepter s'il apprenait qu'elle était un... monstre, un mutant muni d'un pouvoir aussi irréaliste qu'inutile ? Elle lui avait déjà causé trop de soucis pour la soirée. Elle n'attendit pas la fin de l'interrogatoire de son ami et quitta immédiatement le commissariat. D'un pas pressé, sans se retourner, elle rentra chez elle, ravalant avec sa fierté les nombreuses larmes qui menaçaient de s'écouler.