[Miami] Noche caliente (Hayden)

Rick Baneson enfin arrêté dans son élan de folie ravageuse, et les Sons of Liberty mis hors d'état de nuire, Peter avait décidé de rester quelques jours à Miami afin de décompresser suite à tous ces événements. Il avait vécu dans une incessante pression, soumis à un stress dont il ne pouvait se défaire tant que le groupe des Sons n'avait pas été dissolu. A présent, le jeune Petrelli pouvait enfin s'accorder un peu de détente. Il avait loué une chambre d'hôtel non loin de la plage et passait ses journées à bronzer, profiter du beau temps et se promener dans la région. Le soir, il s'offrait un petit restaurant, s'imbibait de l'ambiance rythmée et endiablée des bars et clubs en plein air, terminant parfois la soirée aux bras d'une charmante créature au sang chaud comme la braise. Les oreilles emplies de musique latino, il avait enfin réussi à se détendre, lui qui se sentait toujours investi d'une mission, contraint par le besoin vital de sauver les autres.

Ce soir-là, il avait décidé de passer la soirée dans un bar extérieur, à deux pas de la plage. Il s'y était déjà rendu une ou deux fois, et se délectait à chaque fois des succulents coktails qu'ils y servaient. A côté du bar se trouvait une piste de danse ornée de lampions multicolores, sur laquelle des couples de plusieurs années ou seulement quelques minutes s'adonnaient à des salsas langoureuses. La bonne humeur était au rendez-vous, des éclats de rire venaient de temps à autre parsemer les notes de musiques et Peter réalisa que cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien. Seule la cicatrice transversale qui zébrait son visage le rappelait de temps en temps à la dure réalité. Mais l'avantage d'une telle marque, c'est qu'elle rappelait que peu importe les souffrances, on finissait toujours par se relever pour continuer de se battre. Et toutes ces batailles nous endurcissent, nous apprennent bien plus sur la vie que le confort, le luxe et l'apathie.

Sirotant son Blue Lagoon accoudé au bar, il remarqua un peu plus loin une ravissante jeune femme. A vrai dire, elle ne capta pas seulement son attention pour son physique attirant, mais également parce que son visage lui rappelait étrangement quelque chose. Craignant de paraître inconvenant en la dévisageant, il opta pour une approche beaucoup plus classique mais non moins efficace. Il interpella discrètement le serveur.

- Garçon, excusez-moi... pourriez-vous servir votre coktail du jour à la demoiselle qui est assise là-bas ? Dites-lui que c'est moi qui le lui offre, merci.

Le jeune serveur, grand gaillard bronzé aux jambes fines comme des mikado, lui répondit d'une voix hésitante marquant son statut de néophyte dans le métier :

- S... Si señor.

La demoiselle avait quelque chose d'intriguant. D'habitude, il se serait souvenu d'une personne aussi rayonnante de beauté, mais là, impossible. Peut-être s'étaient-ils rencontrés dans des circonstances très différentes, de manière à ce qu'il n'en ait pas gardé un si joli souvenir. Cela avait peu d'importance, de toute façon. Il allait bien finir par avoir une réponse à ses interrogations.

Que la nuit était belle... Hayden aimait beaucoup Miami. Depuis son escapade avec Ed, elle avait retrouvé un intérêt pour les choses simples, et la nuit en faisait partie. Enfin la nuit, plutôt les sorties qu'elle entrainait. Cela faisait un moment maintenant que la jeune femme vivait en Floride. Après leurs aventures au Japon et en Australie, Edgard et elle-même avaient décidé que peut-être l'aventure serait moins risquée s'ils la vivaient chacun de leur côté. C'est ainsi que, après une longue réflexion, l'asiatique avait demandé à son compagnon de route d'un jour de la ramener aux Etats Unis. Mais pas chez elle, non, partout sauf chez elle. Elle n'avait plus rien à gagner à rester enfermée dans un rôle qui n'était pas le sien, et ce serait faire perdre leur temps à ses parents. De plus, après sa énième disparition, nul doute que le retour à la maison aurait été mal accueilli.

Finalement, elle avait opté pour la Floride. L'endroit n'était pas si mal au fond, de plus il lui était plus facile qu'elle ne l'aurait cru de s'y installer. En effet, étant majeure depuis peu il lui avait été possible de vivre en toute légalité à Miami sans craindre qu'un jour les systèmes sociaux ne la renvoient à Odessa. Tout ce qu'elle avait eut à faire était de présenter ses papiers, qu'elle avait eut l'intelligence de prendre avec elle avant de rejoindre Ed et la voilà acceptée à l'Université de Miami dans le département de droit.

Tout le reste était tellement loin, loin derrière elle...

"Hay?"

Un coup frappé à la porte indiqua à la brunette que son amie et voisine venait la chercher pour la soirée. Sans doute la trainerait-elle encore dans l'un de ses bars favoris où l'on n'avait pas de problèmes de conscience lorsque l'on servait de l'alcool aux moins de 21 ans.

"Entre Leen!"

La porte s'ouvrit et laissa entrevoir une magnifique jeune femme noire du même âge qu'Hayden. Eileen Becket était en première année dans le département d'anglais de l'Université de Miami et était accessoirement l'amie la plus proche que la texane ait jamais eu.

"Tu vas me faire le plaisir d'enfiler la robe que tu as achetée la semaine dernière. Toi et moi on va chasser ce soir!"
"Tu sais, je suis presque sûre qu'il est interdit par la loi de littéralement harponner un mâle, même dans tes pubs douteux..."
"Très drôle miss Texas, allez grouille toi ou il ne nous restera rien."

Hayden secoua la tête en signe de désespoir, arborant néanmoins un sourire amusé. Son amie était une véritable tigresse et ne pouvait s'empêcher de sortir tous les soirs pour aller 'chasser' comme elle le disait si bien. Mais elles passaient leurs meilleurs moments ensemble, aussi la japonaise passait-elle les frasques de son amie. Elle ne pu cependant pas s'empêcher de répondre:

"Si tu insistes..."
"Eh oh drama queen, tu en as autant envie que moi. Cette soirée je l'attends depuis vendredi!"
"Leen, on est samedi."
"Hay, robe et maquillage, tout de suite!"

L'asiatique se mit à rire tout en finissant de se déhabiller, ne gardant que ses sous-vêtement. Elle prit la robe sortie par Eileen et commença à se préparer.

Miami était une ville très animée. Plus jeune, l'on avait enseigné à la texane que la Floride était un Etat particulièrement prisé par les hispaniques et les personnes âgées. Aussi en était-elle venue à la conclusion que la ville ne faisait pas partie de la Floride. On ne pouvait décemment pas qualifier la population de vieille, et l'on se serait cru plus volontiers à Los Angeles qu'à Old City... Etant un lieu attractif, de nombreux étudiants s'y étaient installés et l'on trouvait toutes sortes d'activités nocturnes. Ce soir-là elles avaient choisi un bar près de la plage où elles finiraient sûrement avec ce qu'Eileen aimait appeler leur "casse-croûte".

L'endroit était bondé. Les airs de salsa résonnaient et les deux amies se frayaient difficilement un passage jusqu’au comptoir cependant que les plus courageux se lançaient sur la piste pour une démonstration de leurs talents de danseurs. Elles saluèrent en chemin des amis de cours comme des amis de soirée et finalement elles atteignirent un des coins du comptoir où venaient de se libérer deux tabourets. D’ici peu, le lieu désemplirait, les clients préférant généralement terminer la soirée sur la plage où la musique se faisait toujours entendre mais où les lumières n’éclairaient plus grand-chose.

"Je crois qu’on a bien choisit notre jour… Regarde ce buffet à volonté !"

Hayden se mit à rire devant le regard gourmand de son amie qui ne croyait pas si bien dire. Aussitôt, un homme vint inviter Eileen sur la piste qui, sans aucune hésitation, le suivit laissant la texane seule au comptoir. Celle-ci commanda un premier verre qu’elle sirota doucement. Un de ses camarades de promo vint la saluer et l’inviter à danser mais elle déclina poliment. Quand son verre fut finalement vide, le serveur lui en déposa un autre presque tout de suite, lui indiquant rapidement qui avait commander pour elle.

*Non…*

Son sang ne fit qu’un tour mais elle essaya de le cacher tant bien que mal. Un peu plus loin, accoudé au bar, se tenait l’homme qui avait prédit sa mort lors des évènements de New York. Et qui ne souhaitait pas la sauver. Depuis ce temps-là, elle n’avait plus revu Peter Petrelli et pourtant elle l’aurait reconnu entre mille. Non pas pour sa cicatrice qu’à l’époque seul le Peter du futur arborait, mais pour ses yeux. Ces yeux noirs et profonds si expressifs mais si trompeurs. A l’instant, ils semblaient interrogateurs. Était-il venu pour elle ? Non, c’était impossible, tout le monde ignorait où elle vivait désormais ni même si elle était encore en vie. Certains la croyaient morte oui, d’autres la pensaient à Odessa. Seul Edgard savait qu’elle était à Miami.

Et Peter. Mais il n’était pas là pour elle. Des évènements s’étaient produits en ville quelques temps auparavant, elle n’avait tout simplement pas voulu s’intéresser à une nouvelle catastrophe. Mais visiblement lui si. Prenant une gorgée du cocktail, elle apprécia le new yorkais du regard. Depuis leur dernière rencontre il avait pris de l’assurance, tellement plus d’assurance. Il avait toujours était agréable à regarder, mais sans doute parce que c’était la première fois qu’elle le voyait sans qu’il n’y ait aucun meurtre autour, ce soir-là il était différent. Attirant.

Miam…

Hayden prit soudainement son verre, son sac et se leva. De toute façon elle n'avait rien à craindre: elle s'était rangée et ne se servait de ses pouvoirs qu'une fois de temps en temps à titre personnel alors que pouvait-il lui reprocher ? La foule s’était un peu réduite aussi lui fut-il possible d’arriver derrière lui sans encombre et finalement de s’assoir. Il la regardait, elle le sentait, mais elle regardait rêveusement le contenu de son verre.

"Vous voilà bien loin de chez vous Mr Petrelli. Vous visitez ?"

Enfin la jeune femme leva les yeux et les plongea dans ceux de son interlocuteur tout en haussant un sourcil dans l’attente de sa réponse bien qu’elle fut inutile.

L'inconnue ne mit pas longtemps à reconnaître celui qui lui avait offert son coktail. Peter sentit le regard de la belle se poser sur lui, le grillant avec une facilité désarçonnante. Ca ne devait pas être la première fois qu'on lui offrait un verre, ce qui n'avait rien d'étonnant vu son physique avantageux. Elle se leva, dévoilant les courbes gracieuses que sa robe de soirée mettait subtilement en valeur, et s'avança vers le scarifié, son verre dans une main, son sac dans l'autre. Vraiment, la technique du verre offert demeurait d'une infaillibilité surprenante. Cependant, Peter remarqua chez la jeune femme une certaine méfiance dans le regard, comme si elle était à la fois désireuse d'établir le contact, mais avec une certaine anxiété dissimulée avec effort. Comme pour tenter d'apaiser ses inquiétudes, il lui lança un sourire des plus courtois. Pendant quelques secondes, elle se perdit dans la foule ondulant au rythme des percussions, puis réapparut derrière lui. Elle s'assit à côté de lui, prête à entamer la conversation. De plus près, elle était encore plus attirante. A première vue, elle avait quelques années de moins que lui, mais se comportait comme s'ils avaient le même âge. Peut-être étaient-ce ses origines asiatiques qui donnaient cette impression. Son regard se posa sur Peter, qui se sentit comme embrasé par ces deux yeux d'une sombre sensualité. Sa voix vibrait comme les cordes d'une harpe parfaitement accordée, un son des plus charmeurs.

"Vous voilà bien loin de chez vous Mr Petrelli. Vous visitez ?"

Cela ne laissait plus aucun doute. Il avait bel et bien déjà croisé cette jeune femme. Mais comment se faisait-il qu'il avait tant de mal à la reconnaître ? Ce blocage était extrêmement frustrant pour une personne aussi altruiste que Peter, plus soucieux des autres que de sa propre personne. Il fut un peu déstabilisé par le fait d'être immédiatement appelé par son nom.

- Heu... Je vous en prie, appelez-moi Peter. Je... je visite, oui. Je profite de mon passage à Miami pour découvrir la région. J'étais venu avec mon frère pour l'aider dans son boulot, et j'ai décidé de rester encore quelques jours afin de me changer un peu les idées. J'avais besoin de vacances...

Point de mensonge dans ses propos. Nathan Petrelli avait en effet fini par arrêter Rick Baneson et était reparti à New York, débordé de travail suite aux actions des Sons et la révolte proche du chaos qu'elles avaient provoquée chez les citoyens.
Toujours aussi intrigué, Peter ne put retenir plus longtemps ses interrogations. Fixant la demoiselle avec intérêt, il toussotta avec un certain embarras.

- Excusez-moi mais... D'où est-ce qu'on se connait ? J'étais persuadé de vous avoir déjà rencontrée, mais impossible de me rappeler où, ni quand. Vous vivez ici ?

Quelle honte, quel manque de tact. Peter venait d'affronter l'un des plus terribles terroristes du moment, avait réussi à le contenir et presque à le raisonner, et voilà qu'il perdait complètement le contrôle devant une jeune femme, aussi ravissante fût-elle. Fort gêné par la situation, il se réfugia dans son coktail, qu'il sirota avec acharnement. C'était à peine s'il se rendit compte que l'alcool commençait à lui monter à la tête. Sans doute n'avait-il pas développé suffisamment le pouvoir de Claire que pour avoir la capacité de résister aux boissons enivrantes. Il commenda d'ailleurs un autre verre auprès du barman, attendant que la belle inconnue ait fini le sien pour la servir elle aussi.
L'idée ne lui était même pas venue de sonder ses pensées, ou d'utiliser un quelconque autre pouvoir. Il considérait cela comme de la triche, anihilant le plaisir de faire connaissance, porté par le rythme de la musique, la chaleur de cette soirée festive et l'effet déstabilisant de l'alcool. Il était bien plus excitant de jouer le jeu, afin de découvrir peu à peu à qui il avait réellement affaire.

[HJ: Navrée du retard et du manque de longueur du post... Je suis en pleine révisions alors bon :s]

De loin, elle ne l’avait pas vue, mais maintenant qu’elle se trouvait juste à côté du jeune homme Hayden pouvait apercevoir la longue et fine cicatrice qui barrait le visage du new yorkais. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait ainsi pourtant. Le Peter du futur, celui qui s’était évertué à convaincre Hiro de la laisser mourir portait lui-même cette marque. Sa mort était-elle proche ? L’espace d’une seconde, la texane prit peur, mais elle se souvint que sa mort était liée avec la perte de contrôle du français – Alex Dumont. Mais pas de français ici, personne de son ancienne vie, mis à part Peter. La peur s’en fut aussi rapidement qu’elle était arrivée, laissant place à la curiosité pure. Comment avait-il hérité de cette cicatrice ?

Il semblait avoir senti le malaise d’Hayden. Elle n’était pas sûre d’apprécier ces retrouvailles, pas après les circonstances de leur dernière rencontre. Il tentait de se montrer rassurant, lui adressant un sourire doux et charmant et sans s’en rendre véritablement compte, elle se détendit quelque peu. Lui-même semblait paisible, bien que quelque peu pensif, comme s’il était dérangé par quelque chose. Il y avait un certain contraste chez lui. Tout était sombre : ses cheveux, ses yeux, son expression était pourtant d’une douceur remarquable malgré sa cicatrice. Le jeune Petrelli était définitivement très séduisant. Lorsqu’elle s’était assise la japonaise avait remarqué son petit air de fierté, comme s’il se félicitait de l’avoir amenée à s’approcher. Cette pensée avait failli étirer un sourire sur les lèvres de l’étudiante, mais elle voulait d’abord s’assurer de certaines choses.

Des vacances, vraiment ? Après un travail avec son frère ? Le ‘célèbre’ Nathan Petrelli… Tous deux étaient peut-être réellement venus s’occuper des évènements de ces derniers temps. Elle n’en avait que vaguement eu l’impression, comme si quelque chose d’important se jouait sans que personne n’ait jugé bon de le révéler au public. Cela allait parfaitement à Hayden, puisque de cette façon on évitait la panique générale. Et au moins elle restait tranquille. Incognito. Elle pouvait étudier en paix, s’amuser avec Leen, savoir qu’elle ne trouvera personne dans sa chambre au campus pour l’emmener là où elle ne souhaitait pas aller.

‘‘ Excusez-moi mais... D'où est-ce qu'on se connait ? J'étais persuadé de vous avoir déjà rencontrée, mais impossible de me rappeler où, ni quand. Vous vivez ici ?’’

Sérieusement ? Ils avaient combattu côte à côte, avaient vécu la fin d’une ère ensemble et il ne se souvenait pas d’elle ? Certes, ils ne s’étaient véritablement vus que cette funeste soirée de bal à Odessa, et cela remontait quelque peu mais enfin survivre au plus dangereux psychopathe devrait suffire à créer quelques liens. A ces pensées, Hayden se retint cependant de rire. Le comique de la situation ajouté à la surprise acheva de calmer la texane qui s’accorda un sourire amusé.

‘‘Vraiment, je suis étonnée. Je pensais avoir fait pourtant avoir fait grande impression : je suis tout de même morte devant vous !’’

Le ton de plaisanterie qu’avait pris la texane ne cachait pourtant pas l’air grave qu’elle affichait. Certes il avait sans aucun doute vécus de nombreuses batailles depuis cette épisode à Union Wells High School, mais tout de même. Elle avait beau essayer de comprendre, de se mettre à sa place, elle ne pouvait cependant pas s’empêcher de se sentir légèrement vexée. C’était de sa mort dont ils parlaient !

[C'est rien, moi aussi j'ai du boulot, c'est un coup de bol que tu postes à un moment où j'ai un peu de temps libre et que j'ai pris de l'avance sur mon travail xD]

Peu à peu, la Nipponne passait d'une attitude de méfiance à une sérénité proche de l'amusement. Dans ses yeux pétillants brillait l'innocence de la jeunesse mêlée à la détermination et la bravoure d'une jeune femme qui n'a pas attendu sa majorité pour affronter divers problèmes que le destin avait placés sur son chemin. Elle n'hésita d'ailleurs pas à rappeler l'un de ces funestes événements à Peter, qui s'était interrogé avec embarras sur l'identité de la demoiselle. Semblant d'abord quelque peu offusquée, elle prit cependant la peine de rafraichir la mémoire du cadet Petrelli. Les mots prononcés par la bouche candide de la ravissante demoiselle firent jaillir des souvenirs poussiéreux des tréfonds de la mémoire du New-Yorkais. Oui, il se rappelait, une révélation brutale qui firent monter en flèche le rythme de ses battements cardiaques. Le souffle coupé, il revit défiler devant ses yeux les terribles images de la catastrophe d'Odessa. Cela semblait remonter à des siècles, c'était un peu comme des souvenirs appartenant à une autre vie. Mais les affects qu'ils provoquèrent étaient tout ce qu'il y avait de plus réel et les blessures ne semblaient pas avoir si bien cicatrisé. Pourquoi ne s'en était-il pas souvenu plus tôt ? Pourquoi la mort d'Hayden, suivie de sa résurrection grâce au pouvoir d'Alex, avait-il été effacé de sa mémoire ? Peut-être que son explosion imposée par Sylar avait causé un profond traumatisme à Peter, de telle sorte que plusieurs pans de mémoire aient succombé, d'autant plus qu'il s'agissait du moment précédant de seulement quelques secondes ce désastre épouvantable. Beaucoup de choses s'étaient déroulées en très peu de temps ce soir-là, et les invités étaient nombreux. C'était aussi ce même jour que le frère de Nathan avait assisté à l'apparition la plus redoutable de l'Entité, celle qu'il avait mis un temps fou à combattre pour enfin réussir à la confiner dans l'esprit de son ami. Rien qu'en y repensant, il attrappait des frissons.

- Ca semble déjà si loin... Beaucoup de choses se sont passées en un peu plus de deux ans, n'est-ce pas ? En tout cas, je suis content de te revoir dans de meilleures circonstances, Hayden.

Ceci dit, malgré ces éclaircissements, quelque chose continuait de clocher... Pourquoi Hayden avait-elle eu cette expression de crainte à peine perceptible, et aussi éphémère que l'apparition d'une étoile filante dans un ciel d'été ?
Puis, la dernière pièce du puzzle se mit en place : la rencontre à Central Park. La prise d'Asami en otage par Hayden elle-même, devenue amnésique et habitée d'un obscur démon. Oui, ils avaient été ennemis. Et c'est malheureusement cette image que la mémoire de Peter avait sélectionné avec le plus de précision. Ce jour-là, la jeune femme n'avait rien à voir avec celle qui se trouvait devant lui, en train de siroter innocemment son cocktail. Cependant, il s'était aussi rappelé des mots d'Hiro ; la jeune femme avait un bon fond, mais était la proie d'esprits manipulateurs aux mauvaises intentions. C'était pardonnable, surtout venant d'une adolescente à la personnalité influençable. Peter avait lui-même déjà versé dans certains travers dont il était peu fier, comme sa coopération récente avec Sylar (Bon sang, si seulement il avait eu le courage de le tuer... Pourquoi avait-il écouté les conseils de sa folle de mère ?). Hayden semblait avoir retrouvé une vie plus ou moins paisible, sortant et fréquentant les soirées comme toute étudiante en fac' qui se respecte. Elle avait d'ailleurs bien grandi... elle était devenu une femme extrêmement séduisante, et ne laissait pas Peter indifférent. Cette pensée l'aida à chasser les pensées peu rassurantes qui s'étaient imposées à lui quelques instants plus tôt.

Tout à coup, il fut pris d'une folle envie. Le rythme sensuel de la guitare cubaine, faisant vibrer ses cordes dans une mélodie semblable à un voile de chaleur envoûtant, rien de tel pour mieux faire connaissance avec une charmante personne en soirée. Peter se leva et présenta une main paume tendue vers le haut à la belle.

- M'accorderiez-vous cette danse, mademoiselle ?

Cela faisait tellement longtemps qu'il ne s'était pas laché, qu'il ne s'était pas vidé l'esprit totalement, mettant de côté ses problèmes et les sinistres desseins du futur. Il avait l'impression de se retrouver lui-même étudiant, n'ayant pour seule ambition que de s'amuser, de profiter du moment présent et, qui sait, trouver une conquête exquise. L'alcool était d'ailleurs d'une aide précieuse en ce moment de détente. La main tendue en direction d'Hayden, il lui fit don de son sourire le plus charmeur, non dénué d'une certaine espièglerie.

[HJ]Et voilà: avant Lundi comme promis :p]

Lorsqu'elle s'était approchée, Hayden avait bien vu le regard de Peter glisser de son visage à sa robe pour finir sur ses jambes. L'asiatique était petite, plus que la moyenne, mais campée sur ses talons elle rattrapait presque les autres clientes du bar. Une légère rougeur fit son apparition sur les joues de la jeune femme, peut-être à cause de la chaleur ou de l'alcool. Elle n'avait pas bu beaucoup non, mais assez pour en ressentir les premiers effets, ceux qui étaient agréables. Une fois installée face au new yorkais elle eut tout le loisir de l'observer. Elle avait peur bien sûr, mais au fond elle savait qu'elle n'avait rien à craindre. Tout ce qu'il avait fait dans le temps c'était de ne pas souhaiter la sauver d'une mort certaine...

D'accord, peut-être devait-elle se méfier un minimum.

Il était vraiment attirant. La dernière fois ils étaient en guerre, elle n'était qu'une gosse. Certes elle n'était pas bien plus âgée, mais elle était plus adulte qu'elle n'aurait pu espérer l'être à l'époque. Et surtout elle avait bénéficié des enseignements d'Eileen. Et puis, après quelques paroles échangées seulement, elle comprit que le jeune homme n'avait rien de menaçant. Il ne lui voulait aucun mal, et peut-être même du bien si elle avait de la chance. A cette pensée, Hayden prit plus d'assurance. Oui, il était plus âgé qu'elle, et oui elle ne le connaissait pas vraiment, mais depuis quand cela la dérangeait-il ?

Lorsqu'elle avait rappelé le bal du lycée, Peter avait eut un léger frisson, presque invisible aux yeux de la texane. Elle le comprenait : sa mort n'avait pas été des plus propres. Avec horreur, elle se souvint de l'état dans lequel elle avait retrouvé sa robe de bal. Autrefois d'une délicate couleur crème, elle avait fini par prendre une teinte rouge grenat parsemé de traces de boue causées lors de la guerre de New York. Quand elle avait repris ses esprits, la brunette s'était empressée de jeter l'affreux tissu. Seul le fin ruban de satin que Hiro lui avait attaché au poignet avant de l'emmener au bal était encore en sa possession. Le bout de tissu, au départ d'un blanc immaculé, avait subit le même traitement que la robe, néanmoins Hayden l'avait conservé en souvenir de tous ce qu'elle s'efforçait pourtant d'oublier. Mais Hiro serait toujours quelqu'un de spécial à ses yeux, et le ruban ressemblait étrangement à un cadeau d'adieu. Et c'était l'unique raison pour laquelle le morceau de soie, désormais d'un brun sale en dépit des nombreux lavages qu'il avait subit, ne quittait jamais la boîte de trésor de la jeune femme.

Peter possédait également des souvenirs douloureux de cette funeste soirée. Après tout, il avait été lui aussi le témoin des actes de barbarie de Sylar et de sa compagne de l'époque, Kerry. Il en avait fait lui-même les frais. Ce qui était arrivé au new-yorkais donnait la nausée à l'étudiante. Comment avait-elle pu participer à cela ? Certes, elle n'était pas de ceux qui avaient envoyé le jeune Petrelli vers un destin terrible, mais elle ne s'en sentait pas moins coupable. Il semblait pourtant s'en être bien mieux remis qu'elle. Sans doute parce qu'il avait vu des choses bien pires depuis ce temps-là, et cette pensée ne réconforta pas Hayden.

C'est là qu'elle la sentit. Cette petite pointe de jalousie qu'elle n'aurait jamais cru ressentir un jour, du moins pas dans le cas présent. Il avait vécu des choses atroces sans aucun doute, alors pourquoi diable Hayden, petite texane sans envergure s'étant juré de ne plus jamais se retrouver liée de près ou de loin à ce genre de chose, pourquoi enviait-elle donc le jeune homme ne serait-ce qu'un peu?

*Peut-être a-t-il revu Hiro, ou Kerry?Ou bien même Alex ?*

Oui, décida-t-elle. C'était la seule raison pour laquelle elle était jalouse des aventures qu'elle imaginait être celles de Peter.

Depuis leur dernière rencontre, il avait tellement changé, si l'on mettait de côté le Peter de futur qu'elle n'avait que croisait. Il semblait désormais plus proche du héros portant le poids monde sur ses épaules qu'à l'époque. En un sens cela ne le rendait que plus attirant. Il émanait de lui une assurance, une présence imposante que seules les personnes aux lourdes responsabilités pouvaient arborer. Ce charisme presque animal en un sens, le rendait différents de tous les autres hommes du bar, à mille lieux d'eux.

Peut-être prendrait-elle un casse-croûte ce soir-là après tout...

''M'accorderiez-vous cette danse, mademoiselle ?''

Sans qu'elle ne s'en rendre compte, il s'était levé et tendait à présent une main en sa direction. Les airs cubains recouvraient les autres bruits habituels du bar, et très vite elle sentit le rythme endiablé. Elle s'entendit répondre :

''Mais avec le plus grand plaisir, Peter.''

Elle avait utilisé son prénom comme il le lui avait demandé, et elle pensa qu'il y avait une chance pour qu'elle ne rentre pas toute seule ce soir-là si le sourire charmeur du new yorkais était un indice sur ses intentions. Prenant une dernière gorgée, s'assurant que le barman mettait son sac à l'abri de la foule du comptoir, Hayden se leva et lissa quelque peu sa robe qui était remonté bien haut sur ses cuisses lorsqu'elle s'était assise.

Campée sur ses talons, une bonne tête les séparait cependant toujours. Elle maudit encore une fois sa taille, ce qui ne l'empêcha pas néanmoins de se laisser entraîner sur la piste par un Peter Petrelli si appétissant que Leen, qui se trouvait de l'autre côté de la piste, leva les deux pouces en direction de son amie qui se mit à rire. La musique résonnait de plus belle là où ils se trouvaient, et bien vite ils entrèrent dans le rythme d'une danse aussi endiablée que sensuelle.

[10 jours pour répondre, shame on me !!]

Une toute autre personne semblait se tenir face à Peter en cette ardente soirée estivale. Il ne s'agissait plus du tout de cette adolescente perturbée au caractère aussi changeant qu'une girouette, instable et potentiellement dangereuse. Désormais, elle semblait s'être épanouie, avoir trouvé sa voie et se sentir bien dans sa peau. Il y avait dans son regard avait quelque chose de paisible... mais également de chaud comme la braise ! Elle prit une dernière gorgée puis confia son sac au barman avant de se lever et de répondre par l'affirmative à la requête de Peter. Les deux individus savaient désormais que le rituel de séduction était lancé. L'alcool avait l'avantage de bloquer les mécanismes inhibiteurs du cerveau, de manière à ce qu'il n'y ait aucun équivoque dans les expressions de leur visage, indiquant clairement leurs intentions.
Elle lissa sa robe, étirant le tissu le long de ses cuisses d'un geste infiniment sensuel. La main qu'il posa sur les hanches de la jeune femme lança le départ d'une danse que l'on pouvait sans nul doute qualifier de langoureuse. Ces deux corps si différents trouvaient l'harmonie au fil des notes, ondulant au gré des percussions. Alors qu'il la faisait tournoyer, les cheveux de l'asiatique flottaient d'une manière spectrale, presque hypnotisante au gré de la brise marine. Les deux regards plongeaient au plus profond l'un de l'autre, dans une intimité silencieuse mais non moins délicieuse.

Peter était finalement plutôt content d'avoir été obligé de prendre des cours de danse au lycée. Sa mère disait toujours que l'enfant de bonne famille qu'il était se devait d'apprendre les bonnes manières, ces dernières s'acquérant de la meilleure façon qui soit via la danse. Ces enchainements de gestes minutieusement calculés pouvaient exprimer une infinité de messages, selon la musique sur laquelle on les exécutait, ou selon le partenaire avec qui on les partageait. Au départ, bien entendu, Peter n'était pas du tout emballé par une telle idée, cela le dérangeait et représentait pour lui une énorme perte de temps. Il avait toujours préféré s'occuper des autres plutôt que de lui-même. Mais cela avait fini par porter ses fruits. La première fois que ce fut le cas, c'était au bal de promo. Il avait fait un malheur sur la piste de danse, faisant presque oublier aux autres élèves qu'il n'était que le successeur de son séduisant grand frère, Nathan Petrelli, l'homme au charme ravageur et au discours envoûtant.
La vie de Peter, y compris sa vie amoureuse, n'était qu'un obscur corridor dont il ne voyait ni les murs, ni l'extrémité. Ce n'était qu'incertitude pour lui qui était sans cesse comparé à son frangin qui réussissait tout et avait de grandes ambitions pour l'avenir. Mais depuis les récents événements, il aurait presque semblé que la tendance se soit inversée. Sa mère elle-même confiait désormais l'avenir aux mains du cadet plutôt qu'à celles de l'aîné. Peter avait gagné en assurance, en contrôle de lui-même, et cela se reflétait même dans sa façon de danser.

Subjugué par la beauté qui se tenait face à lui, il se rapprocha encore un peu de sa partenaire. Désormais, il pouvait presque sentir son souffle, une respiration qui comme la sienne s'accélérait au fur et à mesure que le désir grandissait. Comment allait-elle réagir face aux avances d'un ancien ennemi ? Le craignait-elle encore ? Il semblait bien que non. Un trait avait été définitivement tiré sur le passé. Peter avait l'intime conviction que les gens pouvaient changer, devenir bons et trouver la rédemption. Kerry en était la preuve vivante, et maintenant Hayden aussi. Cela faisait du bien de voir qu'il était encore possible de profiter des aspects agréables de la vie. Non, Pete' ne regrettait pas du tout d'avoir pris ces quelques jours de vacances à Miami. Le hasard s'était chargé de faire le reste du travail.
La chaleur enivrante de l'alcool les enveloppait de son voile insidieux. Comme poussé par une force invisible, il effleura des doigts le cou de la jeune femme, se rapprochant davantage de ce corps devenu adulte. Sa peau était terriblement douce, elle semblait inviter aux caresses. La nipponne dansait très bien elle aussi, bougeant d'une manière irrésistible, absolument captivante. C'était un délice de la regarder se laisser porter par la musique. Ignorant ce qu'il faisait, et même pourquoi il le faisait, Peter, tenta le tout pour le tout. Avec une délicatesse qui n'était en réalité que passion retenue, il approcha son visage de celui d'Hayden jusqu'à ce que leurs lèvres se frôlèrent.