Petit spéculoos entre non-amis [PV Chris & Roy]

Délicatement, Angela porta une tasse de thé près de sa bouche. Simplement, elle souffla sur la boisson chaude, dont la surface fut alors parcourue de légères ondes. Alors qu’elle s’apprêtait à porter la tasse à ses lèvres, son téléphone sonna. Sans attendre, madame Petrelli reposa son infusion et décrocha. Il s’agissait de Lisa Dumont.

« Il est au courant. Je n’ai pas pu tenir plus et je lui ai tout avoué. Toute cette mise en scène ne pouvait plus durer.

- Bien … Nous devrons alors faire avec.

-Vous pensez que ça aura des conséquences ?

-Inévitablement. Plus que tu ne l’imagines qui plus est.

- De toute manière, je ne pouvais pas lui cacher la vérité plus longtemps. Ce secret-

- N’en est plus un pour personne à présent. Je crois qu’il n’y a rien à rajouter. Je vais devoir te laisser Lisa. »

Angela raccrocha alors, contrariée par cette nouvelle. Elle aurait pensé que Lisa tiendrait plus longtemps. Elle avait même espéré que jamais elle ne céderait à cette facilité qu’était la sincérité. Quelles seraient les répercutions d’un tel aveu ? Pour l’heure, Angela n’en avait aucune idée. Cette nouvelle donnée était bien trop récente pour en avoir eu un aperçu au cours d’un rêve. Etrangement, ce qui entourait Lisa restait extrêmement flou dans les rêves prémonitoires de la dame. C’était comme si son pouvoir n’avait qu’une prise limitée sur une telle personne, comme si, finalement, Lisa n’avait réellement plus aucune place dans la trame du Destin, tel un pion déplacé de l’échiquier et oublié dans un coin. Les parties auraient beau se succéder encore longtemps, plus jamais elle n’y prendrait part.

Angela se surprit alors presque à avoir du remord dans le sacrifice de cette jeune fille. Pourtant, c’était un choix de Lisa. Volontairement, elle avait fait le choix de mettre son existence en péril pour tenter d’améliorer les choses. D’après la fille de Kerry et Alex, un Destin brisé ne pouvait plus l’être d’avantage, il devenait alors superflu et négligeable. C’était ainsi qu’elle se voyait.

Prise dans sa réflexion, Angela ne s’était pas rendue compte qu’elle était en train d’émietter un morceau de spéculoos au dessus d’une serviette couleur lavande. D’un revers de main, elle rassembla l’ensemble des miettes, balayant d’un même geste ses pensées. Elle devait rester concentrer sur les prochains évènements.

Si elle était ici, c’était en partie sur la demande du jeune Chris Miles. L’étrange britannique voulait absolument retrouver son amie Asami Barairo. Ayant en partie perçu le rôle qu’avait joué Angela dans son enfance, il s’était servi de ceci pour forcer la main à la mère de Peter afin qu’elle l’aide. Quelque part, Angela devait surement se sentir redevable et avait donc accepté. Elle lui avait fixé rendez-vous dans le salon de thé d’un grand hôtel new yorkais, ainsi qu’à un autre homme. Ce dernier se nommait Roy Larys. C’était un détective privé dont lui avait parlé l’une de ses amies. En effet, il y avait de cela un peu moins de trois ans, Angela avait soupçonné Arthur d’infidélité. Cette amie lui avait donc recommandé les services de ce détective. Mais au final, Angela n’en avait pas eu besoin. Pourtant, elle n’avait pas complètement oublié cet homme. Garder les bonnes cartes en main était l’un des talents de la mère de Peter. Et aujourd’hui, elle espérait que cela s’avèrerait payant.

A présent, il ne lui restait plus qu’à attendre la venue des deux hommes afin d’éclaircir cette histoire de japonaise.

- Excusez-moi, vous savez où se trouve le Fatali Tea ?

Le passant, comme tous les autres, détourna le regard et continua sa route comme si Chris n'avait jamais existé.

- Bon sang, sont autistes ou quoi, ces New-Yorkais ?

Cela faisait 40 minutes qu'il cherchait le point de rendez-vous. Rares étaient les personnes dans cette ville qui s'arrêtaient pour réellement vous écouter et vous prêter main forte. Tel fut le cas d'Asami, dans un passé déjà bien trop lointain, à tel point qu'il semblait appartenir à une autre vie. Elle avait pris le temps de l'aider, de l'écouter, elle s'était intéressée à lui. Des personnes aussi altruistes qu'elle étaient de véritables trésors dans une ville où chacun ne pensait qu'à lui.
Ecoeuré, mais pas encore désespéré, il continua à chercher le lieu indiqué par l'adresse qu'il avait notée sur le bout de papier lors de sa dernière conversation téléphonique avec Angela Petrelli. L'attente entre le premier coup de fil le soir de son rêve, et le second lorsqu'elle lui avait dit qu'ils devaient se voir avait déjà été un calvaire, mais celle qui avait suivi ce deuxième coup de fil tant attendu était encore pire. Il savait qu'elle avait trouvé quelque chose, il l'avait entendu dans le son de sa voix. Puis, de toute évidence, Madame Petrelli faisait partie de ces personnes qui obtiennent toujours ce qu'elles veulent. Trépignant d'impatience, Chris avait donc attendu dans l'appartement de Peter jusqu'à ce qu'il soit temps de partir. Le jeune Petrelli ne s'était d'ailleurs pas montré de la journée, il devait probablement être en vadrouille quelque part. L'Anglais n'avait donc rien d'autre à faire que d'attendre, allumant de temps en temps le poste de télévision pour suivre les actualités des Sons of Liberty, ou papotant avec Alex et Lisa, lorsqu'il étaient présents. Ceci dit, ces deux-là avaient l'air un brin désorientés. Lorsqu'il estima que l'heure était venue, il avait ramassé ses affaires ainsi qu'un double de clé de l'appartement de Peter, et était parti à la recherche de ce salon de thé. Il avait quitté les lieux bien à l'avance, et voilà que maintenant, il commençait à être en retard, tout ça parce qu'aucun passant n'était fichu de l'aider. Il n'y a rien de plus frustrant que de toucher au but, et de faire du sur-place au dernier moment. Finalement, à force de tourner en rond, il finit par tomber sur un plan de la ville affiché sur un panneau. Après quelques secondes, il remarqua qu'il n'était qu'à deux rues de sa destination. Son retard ne serait donc que dérisoire. D'un pas pressé, il se dirigea vers le salon de thé, dans lequel Angela l'attendait sûrement déjà et où il déboula cinq minutes plus tard, essoufflé.
Chris s'attendait à un établissement luxueux et voyant, un peu à l'image de la mère Petrelli, mais il n'en était rien. Il s'agissait d'un petit salon de thé modeste où régnait une ambiance particulièrement chaleureuse. Le genre d'endroit où on se retrouvait entre amis pour prendre un verre. Sauf que ce rendez-vous n'avait rien d'une réunion entre amis. L'Anglais allait devoir fournir un effort gargantuesque pour garder son calme face à cette femme qui avait détruit sa vie, son ancienne vie. Il devait lui laisser une chance de réparer la nouvelle. Il balaya rapidement l'endroit du regard et n'eut aucun mal à trouver Angela, amassant des miettes sur sa table pour les enfouir dans une serviette. Chris fut d'une certaine manière assez amusé par l'expression de crainte qu'il provoquait chez la vieille femme lorsqu'elle le vit. Il se laissa tomber sur le siège en face d'elle et lâcha un long soupir.

- Hé bien, je ne suis pas le dernier, on dirait. Je pensais que les détectives étaient plutôt genre, ponctuels.

Il avait adopté ce ton plaisantin pour ne pas montrer sa haine. Il savait qu'Asami n'approuvait pas ce genre de comportement, et la part d'elle qu'il avait conservée en lui, celle qu'Alex avait également remarquée grâce à son don et qui s'exprimait au travers de rêves, agissait en quelque sorte comme une instance invisible qui le protégeait de cette envie destructrice de vengeance. Il avait hérité de sa douceur, de sa bonté, de sa foi en l'être humain. C'est pourquoi il avait laissé une chance à Angela de rattrapper ses erreurs du passé.

- Je ne vous demanderai pas d'explications, ni de justifications. Je veux garder une image de mes parents qui m'appartienne, et qui me satisfasse. Mais j'ignore encore si j'arriverai à vous comprendre, ou à vous pardonner. Si j'arrive à retrouver Asami grâce à vous, on va dire que je ne vous prendrai plus pour un extra-terrestre sans la moindre forme d'humanité.

D'un geste léger, il interpella un serveur non loin d'eux, et dit avec un accent volontairement bourgeois :

- Garçon, un thé s'il vous plaît. Le plus cher que vous avez. Je suis un petit veinard, c'est madame qui offre, aujourd'hui !

Il ne nargua pas Angela bien longtemps. Son sourire disparut et sa respiration se bloqua. Le carillon au-dessus de la porte d'entrée de l'établissement se mit à tinter, et un homme en chemise colorée entra, une grosse enveloppe sous la main, cherchant quelqu'un du regard. Pas de doute, c'était leur homme.

Bien callé dans le fond du siège de sa voiture, Roy avait allumé la radio pour l’éteindre la seconde qui suivait…Se rappelant qu’il ne supportait pas plus que cela la musique. Il se remémorait ces dernières semaines. Une affaire des plus étrange lui avait été donné lorsqu’un matin, Angella Petrelli, lui avait demandé de retrouver une jeune femme supposer morte en réalité. Retrouvé un mort, cela avait suffit pour attiser la curiosité de l’homme qui avait besoin de nettoyer son esprit. Il avait prit toute les infos possibles sur cette japonaise, commençant par le début, à savoir la fin pour cette jeune femme. Ainsi, il apprit la tragique histoire de cette demoiselle…Tuer par un monstre dans les ruines de Brooklyn. Les témoignages qu’il avait recueillis ne laissaient aucun doute sur la nature de ce monstre, il n’était rien d’autre que l’un des hommes "extraordinaire", profitant de leur don pour laisser la pire face d’eux même ressurgir.

Il regarda le siège passager, pouvait-il réellement se permettre de critiquer ces gens alors que lui-même connaissait la force de cette sombre présence. Il ne tuait par altruisme, il tuait bel et bien parce que cela lui plaisait, cela nourrissait cette ténébreuse partie de lui.
Notant malgré tout dans un coin de sa tête que les témoignages de Brooklyn parlait essentiellement d’une gamine…Peut-être aura-t-il un jour l’occasion de lui offrir ce qu’elle mérite au final.

Où cela l’avait-il réellement mené au final ? A une conclusion toute simple, il n’y avait aucun corps. Attisant la possibilité que la jeune femme ait pu survivre d’une quelconque manière, il avait suivit la seconde piste qui lui avait été donné lors de son rendez vous avec Angella. Le japon…Terre natal de la demoiselle à en croire ce qu’il savait déjà sur la jeune fille. Prenant le premier avion pour les terres asiatique, il regretta bien rapidement. C’était un univers complètement différent du sien et il fallait bien avouer qu’il ne se sentait pas spécialement à sa place.

Sur les lieux, l’homme ne trouva rien de plus que ce qu’il connaissait déjà...Une série de manga écrit et dessiner par la jeune femme en question, il avait des photos par millier. Ici, elle semblait être une icône tout simplement. Approfondissant ses recherches c’est dans l’un de ces cafés étranges d’otaku que Roy eut sa première véritable piste. Un vrai fan était une véritable mine d’or d’information pour lui, apprenant l’enfance difficile de la jeune femme, apprenant aussi la dernière adresse connu de celle-ci avant qu’elle ne quitte le japon. Laissant l’homme, il avait loué une voiture pour pouvoir se rendre jusqu’à la dite adresse, c’était si simple au final.

Il patienta non loin de la demeure, jusqu’à ce qu’un matin sa cible ne quitte les lieux…Elle n’était pas seule mais elle était bel et bien présente. Un détail semblait avoir cependant changé, ses cheveux…Étaient verts. Comment pouvait-il être vert ! Ces jaunes je vous jure…Cette filature le mena tout simplement à revenir aux Etats Unis, un bien des plus précieux entre les mains.
Son regard se posa une nouvelle fois sur le siège du mort, observant l’enveloppe qui contenait toute ses recherches et ses conclusions.

Son véhicule se gara non loin du salon de thé, quittant celui-ci, il attrapa l’enveloppe, un regard sur sa montre lui annonçait qu’il était en retard. Soit, ce n’était pas bien grave selon lui, surtout pour ce qu’il avait à annoncer. Il pénétra dans le salon de thé, grimaçant face à l’odeur d’infusion qui s’en dégageait. Il n’aimait pas le thé mais c’était surtout les lieux qu’il n’appréciait pas. S’avançant vers la table d’Angella, il reconnu directement la vieille femme qu’il avait déjà vu dans un précédent rendez-vous…Pour ce qui était du jeune homme.

« Bonjour…Roy Larys… »

Roy n’aimait pas les nouvelles rencontres, surtout dans un monde comme celui-ci. Il regarda Chris un court moment…Il avait beau ne pas aimer les nouvelles rencontres il était passé dans l’art de parraître tout le contraire. Lui tendant la main, il lui offrit un sourire rassurant et maladroit. Au premier abord, Roy avait l’air de tout sauf d’un détective privé.
N’y passant pas par quatre chemin, il posa l’enveloppe sur la table…

« Elle est en vie… »

L’enveloppe contenait une cassette vidéo, conclusion de sa filature en réalité. Il avait suivit la japonaise jusqu’à une maison de disque, entrant dans celle-ci quand la nipponne en sortie. Sur les lieux il apprenait que la demoiselle avait décidé en revenant au Japon qu’elle souhaitait devenir chanteuse…Chose qu’elle avait réussi, la cassette vidéo contenait la première vidéo qui était à l’heure qu’il est, diffusé sur les chaines musical japonaise.

« Votre amie n’est pas ce qu’il y a de plus discret »

Dit-il sur une note amusé. Roy paraissait toujours proche des gens, a l’aise, gentil, capable d’offrir le thé à toute la table s’il avait assez d’argent sur lui pour le faire. On était loin de se douter que les gens l’horripilait parce qu’il ne pouvait les comprendre, loin de se douter qu’au fond de lui une insatiable soif de sang le tenaillait. Cependant, aujourd’hui, il était Roy Larys, détective privé…Il n’était pas l’homme sombre assoiffé de sang et de vengeance.

« Si vous avez des questions, j’essayerai d’y répondre »

Les mots étaient minutieusement choisi, l’image de l’homme maladroit était en place. Observant Chris et Angella à tour de rôle.

Le premier qui arriva sur les lieux du rendez-vous fut Chris. Comme à son habitude, le jeune britannique était plutôt du genre qui ne passe pas inaperçu, et dés ses premiers propos, Angela se rappela combien il était insolent. Visiblement, celui-ci était étonné de ne pas être le dernier, son ton faussement plaisantant ne plaisant pas vraiment à la mère de Peter. Pourtant, elle préféra ne pas en tenir compte, même de rudes répliques lui vinrent à l’esprit, elle préféra s’abstenir de les formuler ouvertement.

Visiblement, le jeune homme éprouvait encore énormément de haine envers Angela. Une haine qui selon elle n’était alimentée que par une fausse idée des évènements passés. L’objectivité du jeune homme n’était certainement pas la plus crédible et le manque d’informations sur ce qu’il s’était réellement passé troublait forcément sa vision des choses. Pourtant, une fois encore, Angela préféra s’abstenir de tout commentaire. L’heure n’était pas à ce genre de conversation.

Chris poussa le vice en narguant Angela lorsqu’il passa commande auprès d’un serveur. Pour seule réponse de madame Petrelli, il n’obtient qu’un sourire tout aussi artificiel que le ton du jeune homme lors de son arrivée.

Puis, soudain, le visage narquois du britannique se pétrifia, comme s’il venait de voir un fantôme apparaitre. Angela n’eut pas besoin de se retourner pour comprendre la source de cette réaction. Le dernier élément de cette petite réunion venait très certainement d’arriver, avec son lot d’informations au sujet de la jeune asiatique. Dés lors, le sourire d’Angela fut totalement sincère … même s’il s’agissait d’un sourire de délectation face au comportement du jeune homme.

Angela le savait depuis des années, la vengeance était un plat qui se mangeait froid … même lorsqu’elle ne se manifestait qu’au travers de dérisoire victoire comme celle qu’elle venait de remporter à cet instant.

Le détective se présenta. Plutôt bel homme, il tendit une main tout en souriant en direction de Chris. Faisant lentement, mais avec un rythme régulier, son pied, Angela observa la scène, particulièrement amusée par Roy. Il était un parfait comédien, un artiste dans son genre. Pourtant, un trompeur ne pouvait que très difficilement tromper un autre trompeur, notamment lorsque ce dernier pratiquait son art depuis bien plus de temps. Cette sincérité et cette chaleur artificielles ne servaient qu’à dissimuler d’autres sentiments chez le jeune détective.

Sans perdre d’avantage de temps, le jeune homme déposa une enveloppe sur la table, et annonçant la conclusion de ses recherches. Asami était en vie.

Une nouvelle fois, Angela arbora un sourire satisfait. Bien entendu qu’elle était en vie. Angela le savait depuis un moment. Comment aurait-elle pu voir la nipponne en compagnie de Peter dans un rêve prémonitoire si cette dernière n’était plus en vie. Pourtant, elle avait préféré cacher cette information à Chris, dans le seul but de pouvoir être témoin de l’impact d’une telle nouvelle sur le jeune homme.

S’il y avait des questions, Roy se tenait à la disposition de Chris et d’Angela pour y répondre.

« Ainsi donc, la jeune Asami est en vie … une surprise de taille … n’est-ce pas Chris ? Il semblerait qu’elle ait eu l’excellente idée de quitter ces lieux. New York est devenue une ville si peu recommandable. Elle est certainement la plus raisonnable des personnes qui gravitent autour de Peter. Nous devrions sans doute être plus nombreux à suivre son exemple. »

Effectivement, s’ils pouvaient être plus nombreux à quitter la scène, les choses deviendraient beaucoup plus simples à gérer pour Angela. Elle n’avait pas oublié ses derniers rêves prémonitoires, et plus certaines personnes seraient loin de New York, mieux les choses se dérouleraient. Pour être que cette nouvelle donnée serait la donnée dans l’équation qui simplifierait la solution.

« Vous devriez informer le plus rapidement possible les amis qu’a Asami à New York. Ils doivent, tout comme vous il y a encore quelques minutes, se faire beaucoup d’inquiétude à son sujet. Puisqu’il semblerait que l’argent soit un problème pour vous, je suis prête à vous prêter mon téléphone cellulaire. Qu’en dites-vous ? »

À peine le détective se fut-il présenté que Chris bondit de son siège et s'agrippa à sa main en la serrant frénétiquement, comme si sa vie en dépendait. Désormais incapable de dissimuler son impatience grandissante, il n'attendait qu'une chose : le verdict. Il se sentait comme l'accusé en attente de la décision du juge quant à lui infliger la peine capitale ou si, au contraire, il avait une infime chance de pouvoir à nouveau profiter de la vie. L'Anglais ne prêta même pas attention au sourire factice du détective Larys. Ce dernier sembla cependant remarquer l'effervescence du jeune homme car il ne se fit pas attendre et alla droit au but. Déposant l'enveloppe qu'il tenait sur la table, il annonça qu'Asami était vivante.

[!]

La nouvelle frappa Chris comme une flèche en plein coeur. Alors il ne délirait réellement pas, ses espoirs étaient fondés et son impression de le savoir au fond de lui n'était pas que le simple fruit de son imagination. Une joie indescriptible l'envahit tout entier. Asami était bel et bien vivante, et l'attendait, quelque part sur cette planète. Mais comment se faisait-il qu'il n'en ait pas eu vent ? Pourquoi personne n'avait tenté de contacter ses proches, à New-York ? Déjà tant de questions qui se bousculaient dans sa tête après une seule phrase. Mais la suivante ne fut pas moins intriguante.

« Votre amie n’est pas ce qu’il y a de plus discret »

Chris eut des difficultés à comprendre le sens de ces propos. Pris au dépourvu, il ne balbutia qu'à mi-voix :

- Q... Quoi ? Qu'est-ce ce que ça veut dire ?

Mais il se doutait que la réponse résidait dans l'enveloppe qui reposait à quelques centimètres de lui, cette enveloppe qui contenait toutes les réponses, et qui allait le mener tout droit à celle qu'il cherchait depuis plusieurs mois, celle qu'il avait cru perdre à tout jamais, la seule l'ayant jamais compris. Il n'était plus si désespérément seul.

« Si vous avez des questions, j’essayerai d’y répondre »

Des questions ? Bien sûr qu'il en avait. Il pourrait en poser pendant des heures sans jamais se fatiguer, pour tout savoir sur ce qu'elle était devenu, ce qui lui était arrivé, ce qu'il devait faire, comment elle allait,... Bon sang, la liste était quasiment interminable !
Angela Petrelli, de son côté, arborait un sourire aussi glacial qu'artificiel, comme à son habitude. Elle pouvait bien se moquer des débordements émotionnels de Chris, il venait de retrouver une chose tellement précieuse qu'elle n'arriverait jamais à le comprendre, car elle ne devait jamais avoir vécu quelque chose de semblable. Fâcheuse constatation, qui aurait fait un peu de peine à l'Anglais s'il ne conservait pas dans son esprit l'image de celle qui avait assassiné ses parents, accusation étiquetée à son visage ridé et hautain de pseudo-grande dame à la recherche de respect et de reconnaissance.

« Ainsi donc, la jeune Asami est en vie … une surprise de taille … n’est-ce pas Chris ? Il semblerait qu’elle ait eu l’excellente idée de quitter ces lieux. New York est devenue une ville si peu recommandable. Elle est certainement la plus raisonnable des personnes qui gravitent autour de Peter. Nous devrions sans doute être plus nombreux à suivre son exemple. »

Petit commentaire bien affûté sur la situation, parfaitement placé, comme si elle s'attendait dès le début à une telle révélation et avait choisi le moment propice pour lancer sa réplique toute faite, tellement artificielle que même un enfant n'y croirait pas. De toute évidence, elle n'hésitait pas à le narguer par ces paroles, mais cela lui était égal désormais. Peu importe ce qu'elle avait fait, Chris avait retrouvé ce qui comptait le plus à ses yeux, et son sentiment de vengeance s'était apaisé. Cela dit, quelque chose l'intrigua : pourquoi félicitait-elle Asami d'avoir quitté New-York ? Déjà, comment pouvait-elle le savoir ? Et qu'y avait-il de mal à rester dans cette ville ? Le conflit imminent allait être pris en main par les Petrelli et d'autres personnes bien intentionnées, l'avenir allait être modifié... Pourquoi employer un ton si dramatique ?

« Vous devriez informer le plus rapidement possible les amis qu’a Asami à New York. Ils doivent, tout comme vous il y a encore quelques minutes, se faire beaucoup d’inquiétude à son sujet. Puisqu’il semblerait que l’argent soit un problème pour vous, je suis prête à vous prêter mon téléphone cellulaire. Qu’en dites-vous ? »

Ne relevant même pas la remarque méprisante, et pris au dépourvu, Chris ne sut que répondre.

- Heu... Je... Je suppose qu'Alex et Peter seront content d'apprendre la nouvelle. Mais je ne sais pas qui contacter d'autre. Je laisserai un mot devant la porte de sa boutique, au cas où un ami à elle passait pendant mon absence.

Il n'avait toujours pas croisé ce mystérieux Caïn depuis l'absence de la nipponne, ce qui était assez étrange vu la relation très spéciale qui semblait lier ces deux êtres hors du commun. Mais il finirait bien par se pointer, inquiet de la situation. Le plus urgent était de retrouver Asami. Étrangement, il eut également une pensée pour Mila, à qui il aurait aimé raconter l'heureuse nouvelle. Leurs secrets les avaient en quelque sorte liés, il était devenu beaucoup moins méfiant envers la rouquine, surtout depuis qu'il savait qui elle était vraiment.
D'une main hésitante, il saisit la fameuse enveloppe, assez épaisse et pesant suffisamment pour que l'on comprenne directement qu'elle contenait du matériel audio-visuel. Il avait hâte de voir ce que ce Roy Larys avait découvert à propos d'Asami, alors que lui-même avait tant cherché, tant espéré sans succès. Il se garda de l'ouvrir pour le moment... disons, quelques secondes environ. Juste le temps d'un bref silence embarrassé et Chris déchira l'enveloppe pour en extirper sauvagement le contenu. Comme il s'y attendait, il y trouva une cassette video dont l'étiquette était marquée du nom de la Japonaise. Ensuite, il y avait les photographies. Prises depuis un véhicule ou à longue distance, les clichés ne laissaient aucun doute sur l'identité de la personne. Ceci dit, quelque chose frappa immédiatement Chris : ses cheveux n'étaient plus roses ! Ils étaient verts, un vert éclatant, comme celui des feuilles de trèfles. Autant dire qu'elle passait toujours aussi peu inaperçue. Quelque chose d'autre interpella le jeune homme sur les clichés. Sur la majorité d'entre eux, la demoiselle était accompagnée d'hommes forts, en costard et avec des lunettes de soleil. Cette fois-ci, il ne put se retenir de questionner le détective :

- Ce sont des gardes du corps, là, avec elle ? Pourquoi serait-elle si bien encadrée ? OK, elle est connue dans le monde du manga, mais tout de même...

Et puis, sur certains clichés, il y avait un autre garçon. Quelqu'un qu'il connaissait, qu'il avait déjà croisé quelques temps plus tôt.

- Je le connais ce mec ! s'écria-t-il instinctivement. Il s'appelle Galadriel, c'est un type très... original. Qu'est-ce qu'il fout avec Asami ?

En réalité, ces documents soulevaient plus de questions qu'ils n'apportaient de réponses. Peut-être devait-il prendre le temps de lire les notes de Larys. De plus, ces photographies ne semblaient pas avoir été prises à New-York. Les pannaux publicitaires et autres inscriptions laissaient à croire qu'elle se trouvait actuellement au Japon. Plus qu'un pays, c'était un océan tout entier qui les séparait.

« Ainsi donc, la jeune Asami est en vie … une surprise de taille … n’est-ce pas Chris ? Il semblerait qu’elle ait eu l’excellente idée de quitter ces lieux. New York est devenue une ville si peu recommandable. Elle est certainement la plus raisonnable des personnes qui gravitent autour de Peter. Nous devrions sans doute être plus nombreux à suivre son exemple. »

Il observait la séniore, cette femme lui laissait toujours une étrange et amer impression pour les rares fois où il avait eu l’occasion de discuter avec celle-ci. C’était une sensation qu’il préférait en général évité, cette impression d’être lu…Qu’elle savait toujours quelque chose en plus que tout le monde. Préférant tourner son attention sur Chris. Il avait déposé l’enveloppe sur la table et il patientait à présent cet instant qu’il pouvait qualifier d’aussi bien que son sombre compagnon.

Sa soif inavouable avait beau partagé sa vie en deux, Roy n’était pas inhumain, quelqu’un d’inhumain serait plutôt quelqu’un comme son frère. Une bref pensé divergea vers lui alors que le visage de Chris semblait s’illuminer maintenant qu’il avait la réponse à ses questions, et les preuves qui allaient avec à vrai dire. Il restait silencieux, la serveuse venant déposé un thé, souriant à Roy qui lui rendit un regard et un sourire maladroit à vrai dire.

« Vous désirez quelque chose Monsieur ? »
« Un beignet s’il vous plait. »

Un besoin de sucre se faisait sentir alors qu’elle s’éloignait, la conversation reprenait bon train :

« Vous devriez informer le plus rapidement possible les amis qu’a Asami à New York. Ils doivent, tout comme vous il y a encore quelques minutes, se faire beaucoup d’inquiétude à son sujet. Puisqu’il semblerait que l’argent soit un problème pour vous, je suis prête à vous prêter mon téléphone cellulaire. Qu’en dites-vous ? »

[color=orange]- Heu... Je... Je suppose qu'Alex et Peter seront contents d'apprendre la nouvelle. Mais je ne sais pas qui contacter d'autre. Je laisserai un mot devant la porte de sa boutique, au cas où un ami à elle passait pendant mon absence.

Il avait d’ailleurs été étonné que cette boutique reste ouverte alors qu’elle n’était plus sur place pour la tenir. Les lieux étaient complètement abandonnés à vrai dire. Il avait trouvé cela étrange mais à vrai dire il n’en avait pas réellement cherché la réponse. Elle lui semblait évidente lorsqu’il avait vu pour la première fois la japonaise, celle-ci ne devait pas être du genre à se préoccupé d’éventuel responsabilité, elle n’avait pas l’air d’avoir réellement grandit à vrai dire. Certes, Roy se fiait à des préjugés vieux comme le monde mais à vrai dire, son voyage en orient n’avait pas été des plus plaisants pour lui.

C’est à cet instant qu’il entendit le doux son de l’enveloppe s’ouvrant, découvrant aux yeux de tous, le fruit de sa récolte. Ce qu’il appréciait dans cet instant c’était la réaction de ses clients, entre surprise et déceptions, elles étaient toute diverse mais riches en informations parfois. Pour un homme qui passait sa vie à imité les émotions plus qu’à les ressentir réellement…Cela était toujours enrichissant.

- Ce sont des gardes du corps, là, avec elle ? Pourquoi serait-elle si bien encadrée ? OK, elle est connue dans le monde du manga, mais tout de même...

Il s’apprêtait un répondre mais le jeune homme s’attarda sur d’autre cliché en s’écriant…

- Je le connais ce mec ! Il s'appelle Galadriel, c'est un type très... original. Qu'est-ce qu'il fout avec Asami ?

Souriant tout simplement, il laissa la serveuse revenir avec le beignet demander. D’autre sourire échangé, d’autre regard, il la paya directement laissant un pourboire généreux. Maintenant qu’ils étaient à nouveau seul, Roy croqua un morceau gourmand du beignet, l’avalant au bout de longue seconde interminable avant de répondre.

« Elle ne travaille plus en tant que Mangaka…Elle s’est lancé dans l’univers de la musique et apparemment ce qu’elle fait semble plutôt plaire…Peut être même un peu trop, d’où les gardes. »

Regardant les clichés du second nippon qui accompagnait sans cesse Asami, il continua ces explications.

« Galadriel Takeda, c’est l’un des musiciens du groupe…Du violon en règle général mais il est polyvalent. De ce que j’ai pu voir, il ne quitte jamais votre amie et ne supporte pas de se retrouver sans elle. Il semble être malade ou plutôt perturber par quelque chose, y a que votre demoiselle pour pouvoir le calmer. »

Il reprit une nouvelle bouché, de nouvelle longue seconde interminable s’écoulait avant qu’il n’avale et ne continue ses explications.

« Ils se sont connu enfant. Après recherche j’ai découvert qu’il fut scolarisé dans la même école que mademoiselle Barairo. Il est parti de New York en même temps qu'elle...Les dates de leur départ se trouve dans le compte-rendu »

En tout sincérité il n'avait pas la mémoire des dates...Le compte-rendu contenait différente information qu'il avait pu trouver sur le territoire américain. Elle avait été hospitalisé à Odessa pour être, à la demande des hommes pour qui elle travaillait, rehospitaliser à New York dans l'espoir que les médecins, plus expérimenté peut-être puisse la faire sortir du coma.

La même feuille faisait part du voyage d'Asami vers le Japon en présence de Galadriel.

Le jeune britannique semblait toujours avoir du mal à réaliser la nouvelle. A présent qu’il avait obtenu ce qu’il désirait, des informations sur Asami, il semblait qu’il était incapable de les utiliser, de savoir quoi faire. En observant les photos, il remarqua les hommes encadrant la nipponne : des gardes du corps et un jeune asiatique plus chétif. Lorsqu’il demanda les raisons d’une telle escorte, Larys lui annonça que la jeune fille s’était lancée dans la chanson, d’où une protection rapprochée, et que le jeune homme était un de ses musiciens et ami d’enfance.

Chris semblait bouillir tant les questions se bousculaient dans son esprit. Angela regarda alors sa montre.

« Très bien. Chris, je pense avoir accompli ma part du contrat. Vous vouliez avoir des réponses sur mademoiselle Barairo, et je vous les ai trouvées par l’intermédiaire de monsieur Larys. Je m’en vais donc à présent vous laisser. J’ai encore tout un tas de choses à faire aujourd’hui. Vous pourrez ainsi discuter entre vous en toute intimité. »

Se relevant, Angela saisit son manteau avant de l’enfiler. Elle tira sur le col de ce dernier afin de bien l’ajuster, puis ferma la ceinture d’un mouvement délicat de ses doigts. Enfin, elle ôta les quelques plis sur ses manches et les pants du manteau du plat de la main. Ceci fait, elle réajusta son chignon, puis tendit une main en direction du détective.

« Monsieur Larys, ce fut un plaisir. Ce qu’on dit au sujet de vos compétences exceptionnelles est bien en dessous de la réalité. A une prochaine fois … car je n’ai aucun doute à ce sujet : nous serons amenés à nous revoir. »

Une fois la poignée de main terminée avec Ray, Angela se tourna en direction de Chris. Toujours souriante, elle ne put toutefois pas empêcher l’un de ses sourcils de se relever en regardant l’accoutrement du britannique. Cette fois-ci, elle ne tendit pas de main.

« Chris … il est temps pour moi de vous laisser. Vous devriez retrouver au plus vite auprès de votre amie … et éviter de vous attirer des ennuis à l’avenir. Peter ne sera pas toujours là pour vous aider …

Une vague inquiétude traversa alors l’esprit d’Angela, cette dernière repensant aux rêves qu’elle avait fait sur l’avenir de son fils cadet, ainsi qu’aux conversations qu’elle avait eu avec Mila au sujet de ce dernier.

… malheureusement pour nous tous. Au plaisir … si toutefois, nous pouvons appeler ça ainsi. »

Angela s’apprêta alors à quitter les lieux après avoir glissé quelques billets dans le bordereau contenant l’addition et posé dans un plateau en argent sur la table.

Asami, dans le monde de la musique... Et sans donner signe de vie à ses connaissances new-yorkaises. Mais bon sang, qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Y avait-il une raison bien précise à cette manière d'agir ? Tentait-elle de fuir ceux qu'elle aimait ? En avait-elle eu marre de la présence de Chris, lui en voulait-elle de ne pas avoir été là pour la sauver ? Les questions continuaient de se bousculer dans l'esprit du jeune homme, de plus en plus nombreuses. Ce Galadriel qui traînait avec elle ne représentait pas une manace aux yeux de l'Anglais. Ce type était perturbé, il le savait bien puisqu'il l'avait déjà rencontré. Malade n'était peut-être pas le mot, mais il lui faisait étrangement pensé à un nouveau-né qui avait environ son âge en apparence, mais qui en réalité découvrait le monde pour la première fois, sans comprendre ce qui s'y passait. Il était égaré, sans personne pour l'aider à se construire une identité ainsi qu'un psychisme sain et solide. Pas étonnant qu'il vire carrément dingo. Pourtant, malgré son comportement puéril, il semblait, d'après les propos du détective Larys, qu'Asami et le gamin bizarre se soient connus pendant leur enfance. Encore quelque chose que Chris ignorait. Aurait-elle eu pitié de son cas ? Connaissant sa bonté d'âme incomparable, c'était bien possible.
Suivant les conseils de Roy, le jeune homme ouvrit le dossier et consulta les dates de ses déplacements. Il remarqua avec surprise la date de son départ de New-York : elle s'était trouvée à l'aéroport exactement en même temps que lui ! Cela expliquait la sensation étrange qui l'avait traversé dans le terminal, et l'attitude étrange d'Alex Dumont qui semblait chercher quelqu'un dans la foule. Ils s'étaient donc croisés de peu ! S'il avait su... Mais bon, l'heure n'était pas aux regrets, il fallait commencer à réfléchir à la façon dont il allait pouvoir la rejoindre. Les médecins des hôpitaux d'Odessa et New-York avaient fait de leur possible pour la sortir du coma, mais là aussi, Chris se demanda pourquoi ils n'avaient pas cherché à joindre ses proches. N'avaient-ils trouvé aucune pièce d'identité ou indice pouvant révéler qui elle était ? L'Anglais n'était certes pas domicilié chez elle, ni nulle part ailleurs dans New-York, mais ça n'aurait rien coûté d'aller sonner à sa boutique qui faisait également office d'appartement. Quelle incompétence ! Ces Américains n'avaient vraiment aucun professionnalisme.

Coupant court à la conversation, Angela s'éclipsa de manière assez rapide. Conservant sa froideur habituelle, elle prit congé d'eux, laissant Chris poser au détective toutes les questions qu'il souhaitait. Il ne fit même plus attention à son manque de courtoisie, mais son dernier commentaire l'interpella... qu'allait-il arriver à Peter pour qu'elle tienne de tels propos ? De toute façon, il n'avait pas besoin de son aide. Il s'était très bien débrouillé tout seul et en était fier. La mère Petrelli paya alors l'addition et s'apprêta à partir. D'une manière presque automatique, Chris s'apprêtait à la remercier. Mais il se ravisa, estimant que c'était la moindre des choses pour réparer ses fautes, même si elle prétendait ne pas avoir été en tort. Qui était-elle pour décider de la vie et la mort d'autres personnes ? S'il y avait une justice, c'était pour qu'elle tranche, et pas pour que chacun fasse à sa manière, agissant dans l'ombre. Non, il ne l'avait toujours pas pardonnée, et c'était normal. Une grande partie de sa vie n'avait été qu'une mise en scène à cause de cette femme. Elle n'avait pas le droit de choisir pour lui si oui ou non il devait connaître la vérité.

A présent seul avec Roy, Chris put enfin parler en toute tranquillité.

- Ne vous inquiétez pas, m'sieur le détective, je ne vais pas monopoliser tout votre temps.

Tout en parlant, il repassa les différentes photos en revue. Même si elle semblait être restée la même, quelque chose semblait avoir changé en Asami. Cela ne tenait bien sûr pas qu'à sa couleur de cheveux, mais il y avait également quelque chose de différent dans son regard. Elle n'était ni malheureuse, ni heureuse. Il était difficile de savoir ce qu'elle pouvait bien éprouver, comme si elle ne le savait pas elle-même. Oui, elle semblait... égarée. En cela, elle avait quelque chose en commun avec Galadriel.

- Je ne crains pas ce mec... elle a dû avoir pitié de lui, généreuse et altruiste comme elle est.

D'un geste brusque, il posa tous les documents sur la table et fixa Larys du regard.

- Bon, je vais aller droit au but et poser la question qui me taraude le plus... Pourquoi, bordel de merde, est-ce qu'elle n'a prévenu personne à New-York ? On dirait une fugitive, elle a agi comme si elle ne se préoccupait plus de ce qui se passait ici, comme si ça n'avait jamais existé.

Il s'emballait beaucoup trop. Il devait se reprendre. Ce pauvre homme avait déjà fait beaucoup pour lui, mais c'était à Chris de découvrir ce qui pouvait bien se tramer dans la tête d'Asami. Il ne voulait plus dépendre des autres, il devait à présent mener son enquête tout seul, comme un grand. Après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Le passé de l'Anglais lui avait peu à peu appris à se méfier des gens, à ce qu'il disait, et il faut avouer que c'était une attitude plus que justifiée, étant donné tout ce qu'il avait traversé récemment.

- Je suis désolé, vous ne savez probablement pas ce qui a bien pu se passer, sinon vous l'auriez précisé... Vous avez fait un excellent travail, vous êtes un vrai pro ! Pour ce qui est du reste, je pense que je vais me rendre par moi-même au Japon pour savoir ce qui lui a pris...

Imitant Angela d'un air quelque peu moqueur, il tendit une main vers lui.

- Monsieur Larys, je vous remercie. Ce qu’on dit au sujet de vos compétences exceptionnelles est bien en dessous de la réalité !