Austin [PV Hay]

« Je veux retrouver mes pouvoirs ».

Kerry regardais son double. Cette fois-ci elle ne s’était pas réveillée en sursaut comme pratiquement toutes les nuits depuis des semaines. Non, elle était toujours entrain de dormir.

« C’est juste un rêve, rien n’est réel. »

Le double grimaça.

« Je suis pas tout à fait d’accord. Nous sommes bien dans un rêve mais je suis aussi réelle que toi. »

« Non, rien de ceci n’est vrai. Je…je vais bientôt me réveiller et… »

« Et je serai là la nuit prochaine. »

Le double rit.

« Tant que je n’aurais pas ce que je veux, je serais là… »

Kerry se réveilla dans un sursaut. Elle mit un instant à reprendre sa respiration. Soudain la sonnerie de son réveil s’enclencha. Elle la désactiva et se dirigea vers la salle de bain. Elle se regarda dans la glace. Elle avait l’air complètement épuisée, comme si elle n’avait pas dormi durant plusieurs nuits. Kerry n’en pouvait plus. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle faisait ce cauchemar qui la hantait depuis trop longtemps. Elle commençait à redouter le moment où elle devait dormir. Elle pensait qu’heureusement qu’Alex n’était pas là pour la voir comme ça. Le français était partit depuis plusieurs jours en France. Qu’est-ce qu’il penserait de ce problème ?

Elle prépara, prit son petit déjeuner et partit, destination l’aéroport. On lui avait demandé d’aller à l’université d’Austin pour remplacer un professeur de journalisme pour quelques temps. Son taxi la déposa devant l’aéroport. Dans son état et avec sa grossesse, il était profitable qu’elle se fasse conduire. Après avoir fait enregistrer ses baguages, elle embarqua dans l’appareil, le vol 716.

Après quatre heures de voyages, l’avion se posa enfin sur la piste d’atterrissage de l’aéroport d’Austin. Une demi-heure plus tard, elle était devant l’université. Elle était aussi grande que celle de New-York.

« Allons-y »

Elle se dirigea vers l’amphithéâtre où elle allait donner son cours dans cette nouvelle université.

‘‘_Et surtout n’hésitez pas. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, un renseignement ou autre, je reste à votre…
_A notre disposition, oui, elle a comprit ne vous en faites pas. Mais si on ne part pas maintenant je vais encore arriver en retard en journalisme.’’

Avant même qu’Hayden n’ait eut le temps de réaliser ce qu’il lui arrivait, quelqu’un l’entrainait déjà à sa suite le long des interminables couloirs de cette mini-ville qu’était l’Université d’Austin. Devant elle, Helena Carter, blondinette de vingt-deux ans mesurant une tête de plus que l’asiatique et élève de la faculté la guidait jusqu’au dit cours de journalisme dans le dédale de la fac. Ce n’était pourtant pas la raison de la présence de la jeune Adurna dans cette partie du Texas. Si elle était ici, à Austin, c’était d’abord pour se rendre à cet entretien qu’elle avait tant attendu et tant redouté à la foi. Cette fac était la seule où elle souhaitait être acceptée. Ses parents s’étaient mis en tête de l’envoyer à New York pour continuer ses études, mais il était hors de question pour la japonaise de retourner dans cette ville. Jamais.

Voilà pourquoi ce vendredi-là elle était ici. Ici au lieu de se rendre sur le lieu de camping improvisé la semaine précédente par ses camarades de classe pour leur voyage de fin d’année. Elle avait réussi avec succès à se fondre dans la masse en devenant l’adolescente que tout le monde, amis et famille, voulaient voir. Une jeune femme riant de toute et n’importe quoi, pas très intelligente, juste assez pour continuer ses études mais trop peu pour penser par elle-même. Insipide. Elle écoutait la même musique que les autres, regardait les mêmes films et mangeait dans les mêmes fast-foods. Banale. Hayden avait cherché à disparaître dans la foule, et jouait maintenant le rôle de toutes ces lycéennes à merveille.

Stupide.

Tout cela pour ne plus avoir à craindre ses souvenirs de New York. Elle n’était pas ce qu’elle prétendait être, mais elle ne devait plus être ce qu’elle était. Coincée entre deux personnes. Mais une chose était pourtant sûre : même si, tout au fond d’elle Hayden restait la jeune asiatique cynique, méprisante et supérieure qu’elle était, elle n’en restait pas moins différente. Son pouvoir. Ce que certains avaient l’audace, le culot d’appeler un don. Sa pire crainte, son pire ennemi : ses illusions. Cette capacité extraordinaire qu’elle avait eut tant de mal à contrôler était à présent rien de plus qu’un vague souvenir. Jamais plus elle ne l’avait utilisé depuis son retour, tant et si bien qu’elle ignorait si elle était encore capable de s’en servir malgré tout ce temps.

Tout cela pour ne pas sortir du rang. C’était aussi la raison pour laquelle elle suivait Helena à cet instant. Ayant copiné comme elle avait si bien apprit à le faire avec l’étudiante, celle-ci s’était mis en tête de la faire assister à tous ces cours. Hayden essayait de ne pas s’emporter à pester ouvertement contre la blonde tout en la suivant à la trace. Elle avait bien essayé de prétexter une chose à faire mais rien n’y faisait. Alors elle suivait son guide. Lucky…

Amphithéâtre Albert Londres

Kerry Tomas.

Hayden qui était perdue dans ses pensées n’avait pas prit le temps de regarder le professeur qui avait déjà commencé à parler. Vraisemblablement, elle se présentait, et le nom de la jeune femme résonnait encore et encore, interminable écho dans sa tête. C’était une punition, un calvaire qu’on lui faisait subir pour avoir osé croire qu’elle pourrait un jour vivre en paix. Devant elle, Kerry Tomas, la femme qu’elle avait tour à tour haïe, prise en pitié puis appréciée se trouvait face aux étudiants de l’Université d’Austin, son ventre rebondit bien en avant, annonciateur d’une heureuse nouvelle dans les mois à venir. La japonaise ignorait qu’elle était enceinte tout comme elle ignorait qu’elle la trouverait ici. Que faisait-elle à Austin ? Aspirait-elle aussi à une vie meilleure pour elle et sa famille sur le point de s’agrandir, ou bien était-ce pour tourmenter l’adolescente une nouvelle fois comme elle l’avait souvent fait ?

‘‘_Désolée professeur, je suis en retard, j’ai dû la trainer jusqu’ici. Je vous présente Hayden Adurna, élève de première année l’année prochaine. Je me disais que ce serait enrichissant pour elle d’assister aux cours donnés ici. Avec votre permission bien sûr.’’

Helena avait dit tout cela d’une traite et pendant qu’elle reprenait son souffle, Hayden ne quittait pas Kerry des yeux qui en faisait de même. Tous les élèves regardaient à présent la scène en attendant le début de leur cours.

Les élèves entraient dans l’amphithéâtre et s’installaient pendant que Kerry déposa son ordinateur portable qu’elle connecta au vidéoprojecteur de la salle. Comme il y a quelques temps, elle allait devoir se présenter aux élèves qui lui faisaient face. Lorsque tout le monde fut assis, elle se décida à prendre la parole.

« Je me présente, je suis Kerry Tomas, je vais remplacer votre professeur pendant les deux prochaines semaines. Ne vous en faites pas, on m’a fait part de l’avancement du cours, je sais donc où vous vous en êtes. Et je… »

Un bruit de porte la coupa dans son élan. Elle tourna la tête et vit deux jeunes filles, l’une blonde qui semblait trainer la brune, cette brune…Kerry la reconnu tout de suite. Hayden ! La première question qui lui vint à l’esprit c’est comment se fait-il qu’elle soit ici, dans cette université alors qu’elle-même y était. Ca pour un hasard…La dernière qu’elle l’avait vu, elle était à New-York et la jeune asiatique voulait retourner chez elle au Texas, dans sa famille. Elle l’avait fait alors. Elle ne la quitta pas des yeux tandis que la blonde s’approcha d’elle.

‘‘_Désolée professeur, je suis en retard, j’ai dû la trainer jusqu’ici. Je vous présente Hayden Adurna, élève de première année l’année prochaine. Je me disais que ce serait enrichissant pour elle d’assister aux cours donnés ici. Avec votre permission bien sûr.’’

Kerry mit quelques secondes à détacher son regard de Hayden et observa la jeune blonde.

« Euh oui bien sûr, pas de problème. C’est une bonne idée. »

Ainsi, la jeune Hayden voulait suivre ses études ici l’année prochaine. Du temps qu’elle travaillait pour la Compagny, pour une mission elle avait du aller à Odessa et de surveiller Hayden. Elle s’était faite passé pour un professeur de journalisme du lycée Union Wells. Elle se souvenait qu’Hayden avait de réelles dispositions dans le journalisme. Ce n’était guère étonnant de la trouver à un cours de journalisme de la fac. Kerry regarda une nouvelle fois Hayden. Elle semblait très surprise de la voir ici. Kerry sourit.

« Tout va bien mademoiselle Adurna ? on dirait que vous avez vu un fantôme. Allez vous assoir, c’est votre jour de chance, il y a de place juste devant. »

Les étudiantes partirent s’installer.

« Oh et la prochaine fois, éviter d’arriver en retard. Bon nous allons pouvoir commencer. Aujourd’hui nous allons voir ce qu’est un journaliste scientifique. Le journaliste scientifique rivalise avec toutes sortes d'autres sujets et il doit maîtriser les règles du journalisme au même titre qu’un journaliste généraliste. Vous pourrez écrire des articles scientifiques intéressants si vous faites bien votre recherche, comprenez votre sujet, avez de bonnes compétences en écriture et appliquez toutes les règles normales du journalisme. Un journaliste scientifique, tout comme un journaliste ordinaire doit savoir qui seront ses critiques : redacteur en chef, public et vous-même ! Avoir une bonne communication son rédacteur en chef est primordial si vous voulez faire quoique se soit.»

Le cours continua pendant prêt de deux heures. Les étudiants étaient attentifs et prenaient des notes.

« Bon, ca sera tout. Merci de votre attention. A dans deux jours. »

Kerry éteignit le vidéoprojecteur et fit de même avec son ordinateur qu’elle rangea dans sa sacoche. La jeune fille blonde vint la voir et lui posa deux trois questions sur le cours, questions auquelles Kerry répondit. Puis la jeune fille se dirigea vers la sortie de l'amphi et semblait attendre Hayden. Kerry regarda la jeune asiatique.

"Elle semble être une bonne tutrice. Un peu trop non ?"

Mais déjà Tomas répondait. Elle pouvait rester pour assister au cours ? Super ! Elle avait une tête à faire pâlir un mort ? Génial ! Elles pouvaient s’asseoir toutes les deux au premier rang ? Magnifique.

‘‘_Merci professeur.’’

Baisser les yeux, baisser la tête. La rouquine ne semblait pas jubiler, mais sans aucun doute trouvait-elle la situation peu ordinaire, et peut-être étrange. Hayden elle, trouvait tout cela grotesque. Elle savait qu’elle aurait dû se débarrasser d’Helena plus tôt, et voilà où cela l’avait menée de faire durer. Deux heures de journalisme avec son ancien professeur, son ancienne patronne et son ancienne victime. Hayden n’avait rien contre elle, les deux jeunes femmes avaient su mettre leurs rancœurs de côté et avait finalement décidé d’en finir avec leur petite guerre stupide. Mais revoir Kerry Tomas faisait remonter tellement de souvenirs, des horreurs, des choses que jamais elle n’aurait dû voir ou faire. Des cris, des coups de feu, du sang.

Pendant les deux heures que dura le cours, Hayden tenta de sa calmer, de ne pas perdre pied. Elle ignorait si le fait de lâcher prise et de se laisser aller à ses souvenirs pouvait causer un quelconque accident avec ses pouvoirs, et elle ne voulait franchement pas le découvrir. La japonaise ne prêta pas vraiment attention à ce que disait la future maman alors que les minutes, les secondes même s’éternisaient. Le temps semblait prendre un malin plaisir, un plaisir pervers même à couler le plus lentement possible afin de laisser la jeune asiatique plus longtemps encore dans cet amphithéâtre suffocant, au milieu de tous ces jeunes et de leur professeur.

Elle avait peur. Peur de perdre le peu de contrôle qu’elle pensait encore avoir sur elle-même. Peur que tout recommence aussi peut-être, comme au gymnase. Cette horrible, terrible nuit où elle avait tuée Tomas et beaucoup d’autre. Hayden restait une adolescente de dix-sept ans malgré tout, et elle-même avait tendance à l’oublier.

Une enfant…

‘‘_Bon, ça sera tout. Merci de votre attention. A dans deux jours.’’

Hayden sursauta. Alors que les minutes avait parues prendre tout leur temps pour s’écouler, elles étaient passées à une vitesse folle lorsque la brunette s’était perdue dans son propre monde. Deux heures s’étaient écoulées. Merci, au revoir. Helena avait des questions pour l’enseignante, comme de nombreux autres étudiants. Mais là aussi, les minutes passèrent telles des secondes. Hayden était à présent seule avec Tomas, l’étudiante blonde l’attendant à l’entrée de l’amphithéâtre. La texane ne savait pas bien quoi dire, ni même quoi penser. Alors qu’elle allait prendre congé, la journaliste prit la parole.

‘‘_Elle semble être une bonne tutrice. Un peu trop non ?’’

Autorisant un léger sourire se dessiner sur le coin des lèvres, Hayden leva les yeux qu’elle avait baissés sans s’en rendre compte devant la rouquine.

‘‘_Elle n’est pas méchante, juste un peu trop enthousiaste pour moi.’’

Sa blonde accompagnatrice s’impatientait, pourtant Hayden ne semblait plus vraiment pressée de partir. Elle se souvenait pourquoi Kerry et elle avaient enfin fait la paix. Dieu qu’elles étaient les mêmes. Elles auraient put être sœurs. Pas physiquement non, leur ressemblance étaient bien au-delà de ça. Et c’était apaisant de se retrouver avec quelqu’un qui avait de tels points communs avec vous. Reposant.

‘‘_Je vous croyais restée à New York professeur. Pour aider à reconstruire le monde meilleur dont vous rêviez tous à l’époque. Où sont passées vos ambitions utopiques ?’’

Le ton n’était pas doucereux, la question était polie. Hayden ne cherchait pas à provoquer la rousse, juste à comprendre.

‘‘_Elle n’est pas méchante, juste un peu trop enthousiaste pour moi.’’

La jeune rousse sourit. Hayden ne semblait pas se rendre compte que sa camarade lui apportait une aide significative. S’intégrer dans un nouvel établissement n’est pas une chose aisée. Avoir quelqu’un sur qui on pouvait compter était un atout de taille.

"Je te comprends mais ne porte pas un jugement si précipité. Tu la remercieras plus tard, tu verras. »

Hayden continua la question en lui demandant la raison de sa venue à Austin, au lieu d’être à New-York à tenter de reconstruire ce qui avait été si brutalement détruit. Peut-être qu’Hayden avait raison. Leur quête était peut-être qu’une utopie, impossible à réaliser. Rien ne serait plus jamais comme avant. Même si la ville se reconstruit, les habitants n’oublieront jamais, le monde ne pardonnera pas. Un jour, tous les responsables devront en payer le prix.

« Je remplace juste un collègue, pour deux semaines. Ensuite je retournerai chez moi, à essayer de faire une utopie comme tu dis une réalité. Mais je ne suis pas naïve. Ce que nous essayons de faire pour réparer nos erreurs ne suffiront surement jamais. Mais je préfère tenter le coup que de ne rien faire. Alors bien sûr, j’agis à mon niveau, même si…les obstacles se font de plus en plus présents. »

Kerry repensait à ses nombreux cauchemars qui lui empoisonnaient la vie. Tout ca parce qu’on lui avait dérobé ses pouvoirs et que son subconscient, une partie d’elle voulait les récupérer. Outre le problème de trouver un moyen de les récupérer, que se passerait-il si elle avait de nouveau des pouvoirs ? Redeviendrait-elle une chasseuse de pouvoirs comme Sylar, à tuer des personnes innocentes, avoir cette faim que ressentait le serial killer et qui lui avait prédit qu’elle la ressentirait tôt ou tard. Kerry sortit de ses pensées et regarda Hayden.

« Et toi, comment vas-tu ? Tu t’es remise de ce qui…s’est passé à New-York ? Ce n’était pas une période facile. Crois moi tu as eu raison de quitter cette ville. »

‘‘_Je te comprends mais ne porte pas un jugement si précipité. Tu la remercieras plus tard, tu verras.’’

Evidemment. Tout le monde semblait savoir tout avant et mieux qu’Hayden. Elle n’était qu’une adolescente un peu paumée au milieu d’un établissement scolaire aussi grand que sa ville natale ! Bien sûr, elle ne pouvait pas savoir ce qu’elle faisait, elle ne pouvait en aucun cas faire les choses bien, et surtout pas comme elle devrait pour ne rien regretter. Non, les enfants ont toujours besoin d’être guidés, aidés par les plus grands. A dix-sept ans elle en avait fait, des erreurs.

Et alors quoi ?

Tout le monde en faisait non ? Etait-elle à ce point maladroite pour que même Kerry se mette à la conseiller ainsi ? Non, Hayden préférait penser que c’était leur respect mutuel et peut-être aussi l’instinct maternel naissant chez la future maman qui faisait parler la rouquine ainsi. En fin de compte, la fatalité avait voulue que chacune de ces deux ennemies se retrouve dans l’autre. Au départ de camps diamétralement opposés, puis unies dans le camp qui était à présent leur ennemi. Toutes deux mortes un certain soir de fête à Odessa. Perdues dans une guerre qui peut-être, finalement, n’était pas la leur mais celle d’hommes et de femmes trop inhumains pour ressortir meurtris de ces affrontements. Voilà pourquoi il était rassurant pour Hayden de savoir que, quelque part dans le monde, Kerry était là. Les deux jeunes femmes se ressemblaient plus qu’elles n’avaient longtemps voulu le reconnaître. Voilà pourquoi, au lieu de s’offusquer, Hayden répondit tranquillement :

‘‘_Sans doute, si je m’inscris ici l’année prochaine, serai-je… Ravie de retrouver Carter. Mais pour cela faudrait-il que je vienne à Austin. J’hésite toujours entre ici et ailleurs.’’

C’était à moitié vrai, Hayden hésitait encore un peu à quitter son Odessa natal et surtout tranquille depuis l’épisode du gymnase pour partir tenter sa chance dans une ville qui n’avait pas encore fait ses preuves à ses yeux. Mais c’était toujours que New-York, ville merveilleuse, endeuillée par leur faute. La jeune enseignante avait répondu à l’asiatique qui s’était étonnée qu’elle ne fut pas en train de faire d’un rêve une réalité. De part sa tirade, la rousse donna l’impression à la japonaise qu’elle lui reprochait de ne pas être restée pour aider tant bien que mal, à son niveau. Hayden ne savait pas si c’était l’effet recherché par son ancienne ennemie mais déjà la future maman avait repris la parole. Elle demandait des nouvelles de la texane depuis que leurs routes s’étaient séparées, peu de temps après le drame. Arborant son plus beau mais aussi son plus faux sourire, la lycéenne répondit d’une voix douce :

‘‘_Vous ne me reprochez donc pas d’être de ces personnes qui ne font rien pour changer le monde ? Cela ne vous ressemble pas professeur Tomas. Mais peut-être n’est-ce plus Tomas ? Au vu de l’heureux évènement qui vous guette, peut-être que vous gardez pour vous un autre nom de famille ? A ce propos, toute mes félicitations, la naissance est pour quand ?’’

Pour la première fois depuis bien longtemps, Hayden était sincère dans ses félicitations. La naissance d’un nouvel enfant était une chose qui avait toujours apporté une grande joie à la jeune fille. Abandonnée très jeune par ses parents qui la laissèrent à l’orphelinat dans lequel elle vécut jusqu’à son adoption, elle ne pouvait qu’être infiniment touchée par ses femmes qui portait fièrement leur grossesse, promettant silencieusement plus d’amour qu’il n’en demande à leur enfant. Ce tableau, tellement doux et merveilleux, ne pouvait qu’être complété par la présence d’un père aussi aimant que la mère.

‘‘_Pour ma part, je vais aussi bien que possible. J’ai dû changer quelque peu mais il ne faut pas s’en formaliser : question de survie. Autant vous dire que mes parents n’étaient pas très ravis lorsque j’ai disparu, et ne sont pas encore assez tranquille pour me laisser vivre sans demander à mes camarades de me surveiller. Et puis rien de tel que de se fondre dans la masse pour oublier, n’est-ce pas ?’’

Kerry écoutait la jeune asiatique. Cette dernière n’avait pas prévue de revenir à New-York, préférant le sud du pays. Mais elle hésitait entre Odessa, là où elle avait vécu tant de choses horribles et Austin, nouvelle ville qui était pleine de belles promesses, lui offrant certainement un nouveau départ, une nouvelle vie loin du malheur causé par la catastrophe.

« Cette université est bien classée, les enseignants bien notés et les cours de qualité. De quoi réussir ses études et avoir un diplôme de valeur. »

Hayden avait un vrai potentiel journalistique. Kerry était certaine qu’elle serait admise ici sans problèmes et qu’elle obtiendrait son diplôme. Mais pour cela, il allait lui falloir quitter Odessa. Sa famille y était mais il ferait mieux qu’elle quitte cette ville et ses mauvais souvenirs.

‘‘_Vous ne me reprochez donc pas d’être de ces personnes qui ne font rien pour changer le monde ? Cela ne vous ressemble pas professeur Tomas. Mais peut-être n’est-ce plus Tomas ? Au vu de l’heureux évènement qui vous guette, peut-être que vous gardez pour vous un autre nom de famille ? A ce propos, toute mes félicitations, la naissance est pour quand ?’’

Kerry afficha un sourire. Elle fût touchée par les félicitations de l’adolescente surtout qu’elle voyait qu’elle était franche. Elle était vraiment heureuse pour l’enseignante.

« Merci. Pour dans moins de 4 mois. Ca va être vite là. J’avoue que j’ai hâte que le bébé arrive. »

Mais Kerry avait un peu d’appréhension. Une fois qu’elle aurai accouché, que se passerait-il ? Elle avait lu que certaines jeunes mamans ne développaient l’instinct maternel que tardivement, voir dans quelques cas extrême pas du tout. Et si ca lui arrivait ? Toutes les futures mères devaient se poser ce genre de questions, une angoisse légitime. Tous les jours elle espérait fortement que tout se passerait bien.

Elle enleva la main qu’elle avait posé sur son ventre et regarda Hayden.

« Eh non c’est toujours Tomas, mais peut-être un jour qui sait. »

Oui, qui sait ? Peut-être plus tard mais pour le moment elle était trop préoccupée par ses cauchemars et sa grossesse pour y avoir songé sérieusement. Elle leva les yeux vers Hayden.

« Tant mieux si tu arrives à oublier, moi je n’ai pas ce luxe. Et même si je le voulais…je ne peux pas oublier. Tu dis que tu as changé, tout le monde change. Ce qui s’est passé nous a tous changé. J’ai changé. Bon d’accord je suis enceinte mais il n’y a pas que ça. Pour faire court on m’a prit mes pouvoirs. Me revoilà comme avant, avant que tout commence. Le monde change et par conséquent nous nous acclimatons à ces changements. »

Kerry prit la peine de déclamer le palmarès certes impressionnant mais pompeux de l’université d’Austin. Ce n’était pas la côté de l’institution ou bien les notes de ses enseignants qui avait fait qu’Hayden avait porté son choix sur la faculté. La seule et unique présence de la jeune asiatique dans ses bâtiments n’était due qu’à la praticité de la proximité de sa ville et de la grande école. Ni trop proche, ni trop éloigné, l’exact emplacement, et des possibilités de transfert à travers tout le pays au moyen de stage et autre sortie culturelle. Avant son entretien, elle avait longuement hésité entre le département de droit et le département de journalisme.

Mais finalement, le second avait occulté le premier, et l’adolescente avait voulu revenir à ses premières amours malgré sa détermination à rattraper tout le mal qu’elle avait pu faire par le biais du droit. Elle ne pouvait se résoudre à devenir l’une des nombreuses voix de la Justice elle-même, aussi préférait-elle devenir celle de la Vérité. Et peut-être qu’un jour, qui sait, peut-être aura-t-elle le courage de dénoncer la vérité ultime : les noms et implications de ceux qui étaient à New-York ce triste jour. Elle se dénoncerait elle-même en premier, s’abandonnant ainsi à la justice humaine puisqu’il n’y avait aucun Dieu, elle en était persuadée, pour exercer une quelconque justice divine.

Hayden ne prit pas la peine de répondre à Kerry, préférant détourner la conversation et parler de l’heureux évènement qui guettait son ancien professeur. La future mère ne se fit pas prier pour parler de l’enfant à venir. Dans les quatre mois prochains, son ventre s’arrondirait encore pour finalement faire place à un bambin, un nouveau-né qui représenterait sans aucun doute tellement aux yeux de sa mère. Kerry serait une femme heureuse, comblée. Une idée ridicule vint s’insinuer dans l’esprit de la japonaise. Et si l’enseignante, à partir de ce moment-là, l’oubliait peu à peu ? L’illusionniste ne serait un jour plus qu’un souvenir dans un coin de sa mémoire que Tomas ne revisiterait pour rien au monde. Tous, depuis la guerre, avait refait leur vie, restant ou non à New-York. La rouquine était enceinte, Ethan avait, d’après les bruits qui courent, acceptée la proposition d’Arthur Petrelli de le rejoindre et jouissait sans doute de l’autorité après laquelle il avait toujours couru et Claire semblait avoir oubliée toute cette histoire pour redevenir une fille certes mystérieuse mais toujours aussi midinette. Hiro lui-même n’avait plus jamais donné signe de vie alors qu’Hayden avait accepté de suivre ses conseils de rentrer chez elle malgré les réticences de la brune.

Mais l’idée stupide s’en fut aussi rapidement qu’elle s’était imposée : jamais, même si elle l’avait voulu, Kerry ne pourrait l’oublier. Hayden aimait même penser qu’elle garderait quelques bons souvenirs d’elle au milieu de tous les mauvais. Leur premier cours de journalisme, leurs joutes verbales loyales, leur paix déclarée pour Shawn, le cousin de l’aînée… Et enfin, leur discussion dans Central Park, peu avant que la texane rentre chez elle, ainsi que leur discussion actuelle. La rouquine parlait toujours. Elle avait semblé inquiète quelques secondes auparavant, et la lycéenne sourit, pensant qu’il serait amusant de voir une Kerry paniquée à quelques jours de la naissance. Toujours Tomas ? La jeune fille ne pu s’empêcher de taquiner la future mère :

‘‘_Comment ? Il ne vous a toujours pas passée la bague au doigt ? Il devrait le faire avant que ceux-ci n’enflent trop à cause de la grossesse ! Puis-je au moins savoir si je connais le père, ou est-ce un peu trop personnel pour deux étrangères d’en parler ?’’

Mais à peine sa tirade finie, Hayden se tendit. Kerry avait prit un air sérieux, grave, presque dur. Comme celui qu’elle affichait pendant les temps douloureux de l’affrontement. Revoir cette expression qui avait dû en faire fuir plus d’un ramena l’asiatique à l’époque cauchemardesque. Mais elle n’eut pas le temps de s’esquiver que déjà l’enseignante déclara, trop sérieuse :

‘‘_ Tant mieux si tu arrives à oublier, moi je n’ai pas ce luxe. Et même si je le voulais…je ne peux pas oublier. Tu dis que tu as changé, tout le monde change. Ce qui s’est passé nous a tous changé. J’ai changé. Bon d’accord je suis enceinte mais il n’y a pas que ça. Pour faire court on m’a prit mes pouvoirs. Me revoilà comme avant, avant que tout commence. Le monde change et par conséquent nous nous acclimatons à ces changements.’’

Dire qu’Hayden était surprise n’était qu’un doux euphémisme. Kerry Tomas, sans pouvoir ? C’était aussi irrationnel et impossible qu’un Sylar altruiste. Et pourtant, la japonaise était intimement convaincue que la rouquine ne lui jouait pas un tour de très mauvais goût. Jamais l’enseignant ne plaisantait sur ses dons, encore moins de cette manière.

‘‘_Oublier totalement m’est impossible, mais je fais de mon mieux et vous devriez y songer. Il fait bon être heureux, mais ce n’est pas une option qui nous est proposé, alors pour ma part, je fais comme si je pouvais l’être. Un jour peut-être j’affronterai ce que nous avons fait, mais pour l’instant je me fais oublier. Pour le bien de votre enfant, pourquoi ne pas faire de même ?’’

L’adolescente avait tenté de reprendre ses esprits face à la révélation de son ancien professeur, et sa phrase l’aida à faire le point. Lentement, comme hésitante elle ajouta :

‘‘_Surtout si, comme vous le dîtes, vous n’avez plus vos pouvoirs. N’est-ce pas une merveilleuse occasion de tout recommencer ? Repartir de zéro, loin et sans particularité ? Même s’il m’est difficile de comprendre comment l’on a pu vous les voler, je le conçois comme une chance, et non comme une perte.’’

Hayden se moqua de Kerry et surtout de ses doigts qui allaient gonflés à cause du poids qu’elle avait prit au cours de sa grossesse. Kerry ne put s’empêcher de rire de bon cœur. Ces joutes verbales entre les deux jeunes femmes l’amusait énormément et depuis le départ de la brunette lui avait manqué. A New-York elle n’avait pas eu l’occasion de converser de cette manière, en lançant de petits pics de temps en temps.

« Oui tu le connais. Il s’agit d’Alex. Oui ça ma surprit aussi. Qui aurait cru qu’on se rapproche autant ? Il a toujours vu mon bon côté même quand j’étais dans le clan de Sylar. Je lui dois beaucoup, c’est grâce à lui que j’ai décidé de changer, faire taire mes démons. »

*Même si certains refont surfaces…*

« Il m’a fait confiance. Il m’a offert une deuxième chance et quelle deuxième chance, devenir maman. »

Son visage semblait s’illuminer de bonheur. Maman. Ce simple mot fit envahir de bonheur la jeune rousse et ce à chaque fois qu’elle s’imaginait dans quelques mois, un bébé dans les bras.

Hayden continua la conversation. Contrairement à elle, Hayden semblait capable d’oublier les atrocités commises au nom d’une soif de domination d’un homme, d’un clan. Elle s’efforçait d’être heureuse, comme si c’était une obligation de paraître heureux dans la société. Mais la réalité était toute autre. Elle lui conseilla également de se faire oublier, pour le bien de l’enfant à naître.

« C’est ce que je m’efforce de faire. Je tente désespérément de ne pas regarder en arrière et d’avancer, de ne plus avoir de contact avec la Compagny, enfin ce qui y en reste. Passé un temps j’ai même voulu quitter New-York et aller m’installer au Nouveau-Mexique. Mais pour le moment New-York est assez calme alors on y reste. »

« Même s’il m’est difficile de comprendre comment l’on a pu vous les voler, je le conçois comme une chance, et non comme une perte.’’

Kerry acquiesça. Elle pensait exactement la même chose. Elle avait pété les plombs à cause de ses pouvoirs, ne plus les avoir lui assurait de ne plus commettre les même erreurs. Et pourtant…son subconscient ne semblait pas du tout en accords avec cette idée. Mais elle faisait face à ce problème. Elle trouverait bien une solution.

« Tu as raison. L’important c’est qui nous sommes réellement, peu importe nos pouvoirs. »

‘‘_ Oui tu le connais. Il s’agit d’Alex. Oui ça ma surprit aussi. Qui aurait cru qu’on se rapproche autant ? Il a toujours vu mon bon côté même quand j’étais dans le clan de Sylar. Je lui dois beaucoup, c’est grâce à lui que j’ai décidé de changer, faire taire mes démons. Il m’a fait confiance. Il m’a offert une deuxième chance et quelle deuxième chance, devenir maman.’’

Alex ? Alex Dumont, le français qui avait rendue la vie à Hayden et Kerry ? Jamais la japonaise n’aurait imaginé que les deux puissent un jour finir ensembles ! C’était une excellente nouvelle bien sûr, cela faisait plaisir à la jeune texane, mais n’étaient-ils pas tout deux suffisamment instables pour permettre à leurs pouvoirs de prendre le contrôle ? Plus, n’étaient-ils pas détenteurs que grandes capacités ? L’enfant à naître, avec une telle ascendance, ne pourrait qu’être extrêmement puissant, et par conséquent, particulièrement dangereux pour ses ennemis. Bien sûr, l’adolescente ne doutait pas que ses parents ne manqueraient pas de lui donner une solide éducation, mais si comme elle auparavant, il se retrouvait manipulé ? L’asiatique préférait ne pas imaginer une telle éventualité. Au contraire, elle fit un grand sourire à la rouquine et répondit :

‘‘_Vraiment ? De nouvelles félicitations s’imposent dans ce cas, Alex est quelqu’un que tout le monde rêverait d’avoir pour compagnon ! Il a l’air de quelqu’un de bien, et oh mon Dieu écoutez-moi parler, on dirait une mère inquiète !’’

Hayden se tut. Elle n’avait pas l’habitude de la bienveillance, que ce soit pour elle où venant d’elle. Le seul qui lui en avait démontré était Hiro, aujourd’hui absent. Mais Kerry était heureuse, et cela bizarrement faisait plaisir à la lycéenne. Peut-être dans une autre vie, une autre histoire auraient-elles été les meilleures amies du monde. Au lieu de cela elles s’étaient presque continuellement fait la guerre depuis qu’elles se connaissaient. Hayden se prit à imaginer un instant son ancien professeur l’appeler un vendredi soir pour faire du baby-sitting pendant qu’elle et son cher Alex sortirait au cinéma ou au restaurant ou bien même les deux. L’illusionniste sourit avec amusement à cette pensée idyllique mais à la fois tellement drôle à concevoir. Un jour, qui sait ?

La journaliste déclara également avoir pensé quitter New York, essayer de plus repenser au passé et continuer à tracer sa route. L’adolescente se contenta d’hocher la tête.

Faire profil bas était sans doute la meilleure solution pour eux. Tous ceux qui étaient présents lors de cette nuit tragique à New York ne pouvaient qu’espérer oublier un jour les atrocités dont ils avaient été les témoins et, pour certains, les auteurs. Kerry, Alex et Hayden étaient de ceux-là.

Mais quand les deux premiers avaient déjà trouvé un peu de bonheur dans ces horreurs, la dernière en cherchait toujours. Depuis cette funeste nuit, la japonaise n’avait plus revu son cher ami Hiro, avait perdu Ethan et était même morte. Tout ce qu’elle avait fait depuis se résumait à mentir aux autres et se faire passer pour ce qu’elle n’était pas.

‘‘_Tu as raison. L’important c’est qui nous sommes réellement, peu importe nos pouvoirs.’’

Mais qui était-elle ? Cette fille ordinaire, semblable à des millions d’autres et peu intéressante qu’elle était depuis quelques temps ? Ou bien la jeune fille cynique, têtue et inamicale du début ? L’illusionniste répondit, pensive :

‘‘Oui, vous avez sans doute raison professeur…’’

« Je l’espère. Je l’espère vraiment… »

Kerry faisait tout pour ne pas redevenir la tueuse qu’elle était. Ne fait de ne plus avoir de pouvoirs l’aidait énormément et Alex bien sûr. Elle ne voulait pas décevoir le français. Elle se remémora des paroles de Sylar. Le tueur lui avait dit qu’elle était comme lui-même si elle voulait changer et qu’elle finirait par ressentir cette faim qui l’habitait et qui avait fait de lui un assassin alors qu’il n’était qu’un horloger. Au début elle n’avait pas fait cas de cette remarque, la prenant pour une tentative du tueur de la déstabiliser. Mais désormais elle avait peur qu’il ai raison. Elle espérait de tout cœur ne pas l’être. Que cette période de bonheur ne soit que temporaire.

Pendant qu’elle était dans pensées, elle ne vit pas une silhouette qui s’approchait d’Hayden et s’arrêter à la hauteur de la jeune asiatique.

« Créer des illusions, ca doit être marrant… »

Kerry revint immédiatement à la réalité en attendant cette voix…sa voix. Elle leva les yeux vers Hayden et vit son double visible seulement à ses yeux aux côtés de la lycéenne.

Son double la regarda et lui sourit.

« Quoi ? Surprise de me voir ont dirait, je me trompe ? Allons tu ne croyais pas que j’allais rester dans tes rêves… »

Kerry blêmit d’un seul coup. Elle se croyait être en plein de cauchemars sauf que là, elle était bien dans la réalité. Comment était-ce possible ? Qu’importait la réponse à cette question, la situation dans laquelle était le rousse venait d’empirer, elle avait évolué d’une façon qu’elle n’aurait imaginé.

Le double continuait de scruter Hayden.

« Etre capable de créer un monde complètement fictif…c’est fascinant. Hum…je me demande pourquoi tu n’as pas pris son pouvoir surtout qu’elle t’as tué. »

« La ferme ! »

Kerry double se retourna.

« Un juste retour des choses. Ah mais c’est vrai tu n’es plus comme ça, désolée j’avais oublié. Une vraie Sainte.»

Elle s’avança vers Kerry qui n’avait pas bougé.

« Mais dis moi, cette vie là te plait ? Donner des cours à des ados boutonneux et écrire des articles pour une feuille de choux. Si ? Oh pitié…Il y a plus excitant.

Le double se mit à rire.

Un long silence s’était installée entre les deux jeunes femmes pendant lequel Hayden avait eu l’occasion de remarquer que sa très chère et grande amie Helena Carter avait finalement décidé de laisser l’asiatique derrière elle afin de ne pas arriver en retard, comme à son habitude d’après ce qu’avait compris l’illusionniste, à son prochain cours. Quel qu’il fut, la texane savait par avance qu’il serait bien moins intéressant que la discussion qu’elle avait en ce moment avec la rouquine face à elle aussi n’était-elle pas déçue de l’abandon de son guide de la journée.

Cependant qu’elle avait remarqué cela, Hayden n’avait pu que constater également que Kerry semblait en pleine réflexion. A propos de quoi, l’adolescente n’aurait su dire, mais la rouquine ne semblait pas être très contente de ce qu’il se passait dans sa tête (au moins il s’y passe un truc pour une fois :p ). La jeune femme aurait voulu savoir quoi dire, quoi faire pour lui faire oublier ses pensées, lui parler de quelque chose qui aurait pu la distraire le temps que ses idées sombres disparaissent, quelles qu’elles fussent. L’adulte semblait regarder quelque chose aux côtés de la jeune fille, ou peut-être derrière ? Dans tous les cas, ce qu’elle voyait ne lui plaisait pas, la mettait mal à l’aise – semblait l’effrayer même.

Le fait qu’une chose puisse effrayer Kerry Tomas était étrange. La rousse avait longtemps été crainte, mais voilà que c’était son tour d’être la proie. Cela se lisait dans ses yeux, et la texane aurait vraiment voulu voir ce qu’elle voyait. Elle avait hésité un instant à se retourner, mais si la personne ne s’était pas encore manifestée aux yeux de la lycéenne, peut-être vaudrait-il mieux attendre de voir la suite. Kerry non plus ne semblait pas prête à attaquer. Mais alors que la lycéenne ouvrait la bouche pour parler, son ancien professeur parla alors, d’une voix dure que l’asiatique ne lui avait connue que les fois où elles s’étaient trouvées ensemble à New York.

‘‘_La ferme !’’

Hayden stoppa net. Elle n’avait encore rien cela n’avait aucun sens. L’illusionniste se demanda alors si l’enseignante s’adressait vraiment à elle ou à la chose qui semblait la mettre dans cet état. La jeune fille finit par jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, s’attendant à être attaquée. Mais rien ne se trouvait dans l’encadrement de la porte, tout était resté exactement comme c’était quelques minutes auparavant.

‘‘_Tomas, est-ce que ça va ?’’

La jeune texane s’approchai doucement de son ancien professeur en la fixant, inquiète.

‘‘_Professeur Tomas ?’’

Kerry continuait de fixer son double qui riait. Elle n’en revenait toujours pas de voir ce double venant tout droit de son esprit tourmenté, en face d’elle. Elle devait se ressaisir. Elle ferma les yeux un instant puis quand elle les réouvrit, elle ne vit que la porte de l’amphithéatre et Hayden qui la regardait, avec de l’inquiétude dans le regard.

Cette dernière lui demanda si elle allait bien.

« Ca va aller….je crois. »

Elle s’efforça d’afficher un sourire pour tenter de rassurer la jeune asiatique.

« Je suis juste un peu fatiguée, avec la grossesse et le travail ça commence à m’épuiser. Un peu de repos et ça ira mieux. »

Elle esperait vraiment qu’avec un peu de repos, son état s’arrangerait mais il ne fallait pas oublier ses cauchemars qu’elle faisait toutes les nuits.

Elle reporta son attention sur Hayden.

« Ca ma fait vraiment plaisir de te revoir. Je suis là encore pendant quelques jours, si tu veux, on pourrait se revoir un de ces jours. »

Elle lui sourit une nouvelle fois et termina de ranger ses affaires afin de libérer l’amphithéatre qui allait accueillir d’autres élèves pour un autre cours. Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers l’extérieur, Kerry s’apprêta à fermer les portes quand elle vit son double dans l’amphi la regardant. Kerry la fixa un moment et ferma les portes.